Rachida Dati était l'invitée de Nicolas Demorand sur France Inter.
Après sa victoire facile dans le 7ème arrondissement de Paris, elle deviendrait, dit-on, responsable de la droite à Paris à la place de Françoise de Panafieu.
Je l'ai entendue. Le citoyen Bilger doit se taire.
La ministre de la Justice a répondu comme elle pouvait à plusieurs questions. Elle devait notamment donner son point de vue sur l'éprouvante condition de Chantal Sébire, qui fait à juste titre la "Une" du Parisien.
Je l'ai entendue. Le magistrat Bilger doit faire silence.
Pourtant, quelle terrible épreuve qui nous oblige tous à chercher, au plus profond de nous-mêmes, ce que nous enseignent l'intelligence et l'humanité. On ne peut pas se contenter de la surface de soi, on n'a pas le droit de se réfugier dans les poncifs.
Je me souviens de ce reportage au journal de TF1, un soir, où on a vu apparaître soudain le visage de Chantal Sébire. Atteinte d'une maladie rarissime, un esthésioneuroblastome, cette femme, cette mère, souffre quotidiennement parce qu'une tumeur lui a rongé le nerf olfactif et déformé la figure. Ses propos étaient déchirants d'élégance et de pudeur, de tendresse pour ses enfants, qui l'entouraient et l'embrassaient sans affectation ni outrance. Ils ne cherchaient pas à faire croire à une affection et à des gestes, ceux-ci, d'une sincérité totale, n'étaient que la manifestation d'un amour filial d'autant plus intense que leur mère, quand on l'entendait parler d'elle, de son existence, de son calvaire, demeurait d'une tenue et d'une lucidité exceptionnelles. Elle murmurait doucement sa difficulté à continuer à vivre de la sorte, elle communiquait sa détresse avec d'autant plus d'intensité et de conviction que fascinés par ce visage d'une grâce à pleurer, tous les téléspectateurs, j'en suis sûr, se taisaient, admiratifs devant cette classe et pétrifiés devant une infortune physique incurable, irréversible, qui ne dissimulait rien de la belle enveloppe humaine. A la fin, lorsque la télévision nous a replongés dans les infortunes internationales, on n'a pas pu oublier Chantal Sébire. Je pressentais qu'elle viendrait à nouveau nous hanter, nous sortir du confort d'instants trop commodément passés alors qu'elle endurait le pire.
On ne peut pas s'empêcher, au risque de frôler l'indécent, de comparer la manière dont les tragédies intimes, personnelles ou familiales sont assumées par chacun. Il y a eu, à la suite de la mort de Vincent Humbert et de la campagne largement médiatisée par sa mère, l'instauration d'un climat qui mêlait au chagrin une revendication sociétale et une contestation judiciaire, quelque chose qui, à mon sens, dans le surabondant, venait jeter une ombre sur le malheur, qui gagne à être discrètement supporté. Pour la famille Sébire, il me semble que c'est sinon l'inverse, du moins une attitude qui se contente de solliciter, pour Chantal seule et au nom de sa propre dignité, sans idéologie mortifère ni groupe de pression, le droit de s'effacer d'une existence qui ne lui offre plus rien que la certitude d'une quotidienneté infiniment désespérante et sans recours.
Même la requête exceptionnelle déposée auprès du président du tribunal de grande instance de Dijon pour que son médecin soit autorisé à lui fournir une substance létale marque une conception de la vie en société que je trouve admirable. Certains pourraient se moquer de cette irruption du droit au sein de l'extrême souffrance, de cette volonté manifestée à toute force pour demeurer dans l'univers de la légalité civilisée, de ce désir de ne rien accomplir qui ne soit pas légitimé par les autorités judiciaires, par l'Etat sous l'égide duquel elles statuent. J'y vois, au contraire, un hommage rendu à ce qui fait le prix de notre monde et qui le sauvegarde dans son essence : maintenir dans des limites démocratiques les folies compréhensibles que suscite la perte absolue de l'espoir, pour qu'elles ne scandalisent personne mais permettent, qui sait, l'adhésion de tous. Perception d'autant plus fondée que Chantal Sébire a annoncé qu'elle n'interjeterait pas appel, quelle que soit la teneur de la décision rendue le 17 mars.
Quant à soutenir comme le professeur de droit qui donne son avis dans une page du quotidien "qu'elle confère aux juges un rôle qui n'est pas le leur", c'est aller trop loin. Je ne sais évidemment pas quelle sera la décision. Mais, alors qu'on judiciarise tout à outrance, alors qu'on demande à la justice de se prononcer dans des domaines qui devraient échapper à sa sagesse ou à son emprise, il serait paradoxal de méconnaître la validité d'une démarche qui ne se sert pas du droit pour le nier mais pour le consacrer.
Chantal Sébire a souhaité être reçue par le président Sarkozy. Celui-ci a manifesté qu'il n'est pas indifférent à son sort. S'il est une personne qui mérite d'être accueillie à l'Elysée, c'est bien elle, une tragédie avec laquelle le sentiment collectif doit se trouver en empathie, c'est bien la sienne.
Comme dans le film Elephant Man, ce visage ravagé par la maladie nous renvoie à la fraternité et à la mélancolie. On voudrait garder cette femme, cette mère dans cette vie qu'elle veut quitter.
Rétrospectivement, je relis ce billet avec une infinie émotion. Tout est dit. Chapeau bas.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 22 mars 2008 à 16:52
Le débat sur l'euthanasie active me semble un symptôme alarmant pour la civilisation, telle qu'on peut encore, dans le brouhaha médiatique et culturel, l'entendre, au niveau intellectuel.
Il y a sans cesse des sortes de rouleau compresseur qui sillonnent, dans un sens comme dans l'autre, scrupuleusement attentifs à l'égalité des temps de parole, le champ public de la réflexion.
Tout est égal et, en vertu de nos croyances démocratiques, la vérité déclinable en unités de bruit médiatique, sort des urnes, du référendum.
C'est vrai, il y a longtemps que des Cassandre annoncent le déclin de la civilisation comme garante et animatrice d'une aptitude à considérer sa vie personnelle dans un ensemble plus vaste, qui comprend les autres, contemporains, et l'héritage des autres, la tradition.
Un débat comme celui sur l'euthanasie, tel qu'il se révèle être orienté, met en cause profondément cette fondation.
Mon sentiment par rapport à ce débat, c'est celui d'une tentative d'effondrement d'un ensemble de valeurs fondamentales et, parmi elles, l'idée de transcendance, qui n'est pas l'apanage des religions.
Bien sûr, on peut considérer que le débat sur l'euthanasie est un dialogue constructif, presque comme un autre, thèse antithèse synthèse, participant au progrès de la civilisation réduite à une fonction de production de droits.
Cela caractériserait le progrès. Hors de ce déterminisme juridique, c'est la conservation et le rétrograde.
On peut être effrayé, il me semble, par cette tendance intellectuelle et philosophique.
J'ai parcouru des forums et lu ce qui se disait dans des fils de discussion. Même dans le contexte passionnel consécutif à l'emballement médiatique, il y a des discours et comparaisons qui ressortent qui mettent mal à l'aise.
Il n'est pas rare de lire que le droit qui a été dénié à Chantal Sébire est celui que l'on accorde à un animal.
Il n'est pas rare de lire une revendication de propriété : mon corps m'appartient pleinement et j'ai le droit de décider de ma mort.
Tout ce qui y contrevient est un abus du droit, un abus d'autrui, un abus culturel.
Je ne sais pas à partir de quel moment une civilisation est en danger et la nature que peut prendre une menace.
On peut imaginer une menace extérieure physique - un astéroïde fondant sur nous - une peur millénariste, un choc des civilisations se traduisant par l'avancée de barbares à nos portes.
Mais plus certainement, ce qui a détruit certaines civilisations ce sont des facteurs entropiques, une détérioration de la conscience qu'elles se font d'elles-mêmes et une perte de mémoire sur qui les a constitué.
Au risque de choquer, il y a une tradition du droit en France et une tradition de l'humanisme qui est largement reconnue et qui a inspiré de très grandes nations.
C'est la contribution de ce pays à la civilisation humaine.
Je ne pense pas, sauf le respect que j'ai pour eux, qu'il puisse venir à l'idée de parler de civilisation belge ou helvète.
Ce n'est pas leur faire injure que de le constater. Alors quand j'entends, répété à tort et à travers, que le progrès juridique, moral et social est dans ces pays et que nous sommes arriérés, parce que nous nous attacherions à un concept insignifiant et dépassé, cela froisse quelque chose qui n'est pas que de la susceptibilité.
J'avoue avoir bien du mal à exprimer correctement ma pensée. Mais j'essaie.
Rédigé par : daniel ciccia | 21 mars 2008 à 14:21
Personne ne peut être insensible à une telle souffrance et pourtant il y en a tant d'autres aussi émouvantes et qui ne se règleront pas par une euthanasie, passive ou active !
Quelle boîte de pandore s'apprête-t-on à ouvrir ?
Et si la souffrance est la clé de tout, pourquoi réserver seulement à ceux qui peuvent s'exprimer le droit éventuel de recourir au suicide assisté : et ceux qui souffrent autant et qui voudraient probablement aussi être délivrés, que fait-on ? Qui choisira pour eux ? Comment ? Ou alors on crée deux sortes d'individus, ceux qui conscients pourraient décider d'en finir avec leurs souffrances et les autres qui souffrent autant et qui devraient continuer à souffrir ? Et qui garantira devant la montée des frais occasionnés par des maladies comme celle d'Alzheimer , que la solution ne sera de réduire drastiquement le nombre de personnes à bénéficier de soins : pas maintenant mais dans 5, 10 ou 15 ans ?
Et les sommes investies dans les maisons de retraite ne seraient-elles pas mieux utilisées dans la lutte pour l'emploi et le pouvoir d'achat ? Quelle autorité tranchera et avec quelles références morales - qui ne soient pas à géométrie variable - à partir du moment où la vie n'est plus respectée et où on ne donne pas les moyens d'un vrai choix. De plus quand des médecins seront autorisés "à donner la mort" de quelle manière seront-ils regardés par leurs patients ?
Pourquoi enfin ne donne-t-on quasiment jamais la parole à ceux qui se dévouent dans les centres de soins palliatifs et pourquoi reste-t-on si en retard en France dans ce domaine ?
Rédigé par : Henri de la Motte de Broöns | 20 mars 2008 à 17:38
Le débat sur le droit à mourir dignement personnifié par Chantal Sébire ne s'est pas éteint avec le suicide de l'intéressée. La décision personnelle de Mme Sébire de mettre fin à ses jours, hier, a au contraire remis cette question, si délicate et controversée, au premier plan.
L'annonce, hier soir, de la mort de cette dame a ému grand nombre de personnes et relancé, au yeux de beaucoup, la nécessité de légiférer sur ce sujet, de s'aligner sur les législations ou pratiques belges ou suisses.
Le progrès serait là. L'autisme juridique dans le statu quo français, forcément rétrograde.
Au delà de l'affaire Sébire succédant à l'affaire Humbert, il est frappant de constater qu'aux deux extrémités de la vie, désormais, une démarche consistant à reconnaître un droit de mourir ou à ne pas être né se développe.
Qui a souvenir, aujourd'hui, de l'arrêt Perruche.
C'était il y a huit ans. Considérable à l'échelle du temps médiatique, insignifiant à l'échelle d'une société.
La question qui se posait alors devant la cour de Cassation était celle-ci : la naissance d’un handicapé constitue-t-elle pour lui un préjudice ? Les arguments étaient ceux-ci : un médecin ne signale pas un risque de malformation d'un enfant qui vient au monde lourdement handicapé. L'enfant né est lourdement diminué. Il a grandi. Ses parents se retournent alors contre le praticien, exigeant réparation au nom de leur enfant pour "le préjudice de vie" subi.
Le 17 novembre 2000, l’Assemblée Plénière de la Cour de Cassation a répondu par l’affirmative à cette question, concluant ainsi à l’existence possible d’un "préjudice de vie".
Cette décision a suscité une immense émotion dans le pays, notamment auprès des parents confrontés au handicap parfois très lourd de leur enfant, car elle ouvrait la porte à des dérives.
Et la brèche ouverte par l'arrêt dit Perruche a été, il me semble, refermée aussi vite qu'elle a été ouverte.
Les situations ne sont pas de même nature, mais il y a tout de même quelque chose d'identique dans les deux démarches, la volonté délibérée et militante, parfois, de briser un tabou.
Le droit n'est-il que l'émanation et la traduction de l'expression de la volonté générale, édifiée de manière empirique? Ou a-t-il une fonction supérieure, une portée et une valeur anthropologique, qui consiste à conserver des principes, des fondements et une coordination? Est-il possible de le dénuer de cette dimension?
Les polémiques en matière juridique ne diffèrent pas de celles qui animent la société.
Mais il faut se garder d'un simplisme dont on déduirait qu'il y a un droit conservateur, hiératique, et un droit de progrès, celui de l'empathie généralisée.
Le droit conservateur protège et consacre la conception philologique et morale de la société tandis que le droit de progrès interroge et éprouve sans cesse, ce qui est légitime, la solidité et la cohérence d'un corpus juridique.
Le débat a donc parfaitement lieu d'être.
L'intangibilité des préceptes fondamentaux de l'un et la mobilité de l'autre ne s'opposent pas.
Ils permettent de revérifier, si la réflexion est conduite par la raison, l'état du droit, sa pertinence et aussi, sa limite.
Rédigé par : daniel ciccia | 20 mars 2008 à 14:03
@ mais non Marie, personne ne peut le faire soi-même, les cocktails lithiques ne sont pas en vente libre dans les magasins. Je me souviens avoir lu un reportage fantastique sur un Espagnol dont les amis ont fait une chaîne de solidarité et d'amitié pour que personne ne sache en fait quel avait été son rôle réel dans la mort de leur ami et pour qu'il y ait une responsabilité collective dont chacun avait sa part. J'avais entendu cet homme longuement ; je ne l'oublierai jamais. Un film a, me semble-t-il, été tiré de son histoire. Et puisque je parle films, mais cette fois c'est une fiction, peut-être avez-vous vu les Invasions Barbares. Avez-vous été choquée ?
Quant au médecin, la question n'est pas de demander au médecin qui ne veut pas administrer ce produit de le faire - je comprends que certains ne veuillent pas le faire - mais de ne pas poursuivre celui qui le ferait. C'est tout. A chacun sa liberté !
Rédigé par : catherine A. | 18 mars 2008 à 19:23
@ Catherine A.
Voilà ce que vous pouvez lire sur Agoravox à la date du lundi 17 mars de la main d'un médecin sur ce sujet :
"...Néanmoins, est-on pour autant en droit de demander au médecin, dont ce n’est pas le métier, et dont c’est contraire à la déontologie, de vous administrer la potion fatale ?
Il faut rappeler qu’en droit français, le suicide n’est ni un crime ni un délit. Par contre, administrer une substance mortelle à un patient est considéré comme un homicide, et regarder un patient prendre une substance mortelle peut être considéré comme "non-assistance à personne en danger".
En conséquence de quoi, l’argument "on fait bien une piqûre aux animaux, pourquoi pas à moi", n’est pas recevable.
Pourquoi finalement demander au médecin ce qu’on peut parfaitement faire soi-même ? Cette demande de transfert de responsabilité n’est-elle pas un peu abusive de la part du patient ?..."
Rédigé par : Marie @ Catherine A. | 18 mars 2008 à 17:55
Dans le Monde, un article à lire absolument, sans parti-pris, sans dogmatisme et sans compassion :
"Hervé Pierra, six jours pour mourir"
Marie, juste un petit commentaire : il n'est pas question de penser un seul instant qu'un malade aussi gravement atteint doit mourir s'il ne le demande pas. Ce serait un assassinat.
Quant à l'aide au suicide, je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi on la poursuivrait, le suicide n'étant à ma connaissance plus réprimé comme il le fut, il l'est peut-être encore dans certains pays où il entraînait la peine de mort !!! (les juristes qui fréquentent ce blog pourraient le confirmer ou l'infirmer). Pourquoi la complicité de suicide le serait-elle ?
Rédigé par : catherine A. | 18 mars 2008 à 16:36
Personnellement, je suis d'accord avec les commentaires de Florence. Les gens sont dignes, quelles que soient les souffrances qu'ils affrontent, parce que ce sont des personnes humaines. Il n'y a pas des façons de mourir dignes et d'autres qui seraient indignes.
Par contre, si on légalise l'euthanasie, on fera pression sur les malades. On leur rabâchera tellement que leur vie n'est plus digne qu'ils se sentiront obligés de réclamer la mort. Il n'est que de lire les propos d'Attali à ce sujet.
Les propos de Duval Uzan me semblent également intéressants. Il semble bien que plus que la souffrance, Chantal Sébire ne puisse accepter les ravages de la maladie. Elle veut fuir dans la mort. Nous avons beaucoup à faire pour accompagner les malades et les mourants. Il faut bien sûr tout faire pour atténuer les souffrances physiques et morales. Il faut aussi sortir d'un esprit de rentabilité : une personne, même très diminuée, grabataire, peut encore apporter beaucoup à son entourage, ne serait-ce que par son courage dans l'adversité et par toute la communication qui passe dans un geste, un regard...
Et il ne faut pas oublier non plus le personnel soignant. C'est un acte de soin que de donner beaucoup de calmants si nécessaire, même en sachant que cela abrège la vie du patient, c'est un meurtre que de l'empoisonner. Cela va à l'encontre de la vocation du médecin. On ne peut pas lui demander une telle chose.
Rédigé par : Barbara | 18 mars 2008 à 10:09
@ Dame Véronique, Ktrin....
« Il y a Mme Sébire elle-même. Ce qu’elle demande à la société, via la justice. » dit Dame Véronique.
Il n’y a pas d’égalité devant la vie, comme il n’y a pas d’égalité face à la maladie, encore moins devant la mort. Et il n’y en aura jamais.
Il n’y a pas d’égalité également dans les assurances vie puisque les obèses n’y ont pas droit, par exemple, car trop gros…
Pour certains, il serait bon de lire le très bon article d’un médecin sur Agoravox sur ce sujet.
Tout d’abord, lorsque l’on veut mourir, il me semble que l’on n’a pas besoin d’un avocat et d’une association. Combien de malades en fin de vie sont encore en manque de soins palliatifs ? Tellement importants !
Il manque des bénévoles !
Selon l’avocat de Mme Sébire, elle s’appuierait sur l’article de la Convention européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme : « atteinte à la vie privée » !
Selon son interview d’il y a plus d’une semaine :
« …Je ne veux pas que la société m'oblige à passer par cette étape.… C'est moi la seule souffrante, c'est à moi de décider…. »
Cette dame veut que son cas serve à d'autres, mais en même tant, refuse la loi Leonetti : la possibilité d’être hospitalisée pour bénéficier d’une assistance médicale comme la reçoit toute personne atteinte d’une maladie, parfois plus importante que la sienne. Par ailleurs, la structure médicale permet de contrôler qu’il n’y a pas, en dehors des soins, atteinte à la vie de la personne malade !!!
Que fait-on de l’éthique médicale, de la déontologie ?
Serment d’Hippocrate :
«… « Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j'exercerai mon art dans l'innocence et la pureté…. »
Mme Sébire refuse la Loi française imposée à tous et veut mourir chez elle. C’est son droit. Elle se reconnaît le droit de décider l’heure de sa mort, mais, néanmoins, elle veut imposer à un médecin d’aller à l’encontre de son éthique et de son serment, en lui donnant la mort.
Elle veut engager la responsabilité d’un médecin qui tomberait sous le coup de « non assistance à personne en danger », voire plus !
Alors, ce qui me dérange, grandement, c’est cette façon de considérer qu’après tout, toute personne, donc « un médecin, qui fournit un moyen à une autre qui veut mourir « par assistance » sans prendre elle-même cette responsabilité, bénéficiera immanquablement d’un non-lieu. Alors autant la relever de sa responsabilité pénale !
Que fait-on de ceux qui ne veulent pas mourir, qui veulent vivre jusqu'au bout, qui espèrent toujours ???
Cette façon de penser dénature l’esprit de la Justice et tout son symbolisme.
Il y a même danger.
Il faut savoir protéger l'ensemble d'une population des abus éventuels, particulièrement lorsqu'il s'agit de personnes en état de vulnérabilité, du fait d'une grave maladie. Influençables.
A la longue, on finira un jour par avoir une législation qui exigera que toute personne atteinte d'une maladie incurable, quelle qu'elle soit, et décédée, devra faire l'objet d'une enquête de la part d'un Procureur...
Ce médecin estime que la loi même imparfaite serait suffisante.
Rédigé par : Marie @ Dame Véronique, Katrin et autres | 18 mars 2008 à 10:05
Droit à la mort pour ceux qui souffrent au point de l’appeler de toute leur âme !
Bonsoir à toutes et à tous,
Je reviens vers vous tous après avoir lu les commentaires.
A Catherine A,
Il me semble que vous et moi, Catherine A., nous soyons plutôt isolées dans notre tendance à penser que la souffrance puisse être si lourde à porter qu'elle en arrive à faire germer le souhait de suicide et que ce droit d’y avoir recours ne regarde ni le médecin ni la loi.
Si la loi est là pour éviter le chaos dans une société, en quoi le choix délibéré et profondément souhaité de mettre un terme à sa propre vie lorsqu'on n'en peut plus pourrait mettre le chaos dans la société ?
Aux autres,
Je pense qu'une personne qui se suicide aime son entourage et, pour moi, parler de l'aspect " assurance vie", bien qu'il faille de l'argent pour vivre, n'était pas le sujet de ce post ! Les conditions matérielles ne regardent là aussi que les personnes concernées. Est-ce que les personnes valides souscrivent automatiquement et toutes à une assurance vie pour leurs proches? On n'en sait rien et cela ne nous regarde pas. Dans ce cas-là, c'est idem. Par mort accidentelle, on peut laisser ses proches sans assurance vie... aussi !
J'entends bien les propos de ceux qui parlent de l'assurance vie ; je comprends les impératifs existentiels comme celui de mettre ses proches à l’abri du besoin.
A mes yeux, le sujet ne se posait pas en ces termes. La dimension était autre. J’imaginais plutôt l’amour et le désespoir mais aussi le courage et la solidarité des proches de cette Dame. Plutôt que leur intérêt à savoir s’ils bénéficieraient ou non d’assurance vie après le décès de leur maman, sœur ou épouse…
Pour parler de l'avortement, oui, il a été adopté et il est légal. Pour certains, bien qu'il soit légal, l'avortement reste le geste d'ôter la vie à un être humain. Les avis restent encore partagés.
Il en est donc de même pour l'euthanasie.
La souffrance physique et la douleur morale qu'elle entraîne, c'est un sujet que seul(e)s les concerné(e)s peuvent mesurer et mettre dans la balance pour décider si la Vie vaut tout de même le "coup" (je m'excuse pour l'expression) ou si ces maux sont si insupportables qu'ils (les maux) n'admettent aucune intrusion d'autrui.
Ceci reste mon humble avis et que Dieu (ou la Vie pour les athées) nous préserve tous d'un jour avoir à nous poser la question pour nous-mêmes ou pour un de nos chers proches !
Il ne s'agit pas de pitié mais de respecter le choix d'un être humain qui n'en peut plus.
Bonne semaine à tous !
Rédigé par : Ktrin à Catherine A et à tous les autres. | 17 mars 2008 à 22:35
"Les réformes s'imposent ou s'arrachent ; surtout les importantes car à "attendre que la société se sente mûre, prête" on peut attendre longtemps, surtout dans une société très fortement judéo-chrétienne, pour qui certaines remises en cause sont définitivement taboues."
Oui, dans une société de culture judéo-chrétienne, des tabous existent. Le tabou et les héritages font partie de toute société civilisée. La loi exprime les valeurs de référence d’une société.
Une société peut estimer qu’elle n’est pas prête pour faire exploser des verrous qu’elle juge indispensables à la sauvegarde de ce qui constitue son identité.
Comme pour un être humain, il y a dans une communauté humaine une part d’inviolable et de secret.
Pour une question comme celle de l’euthanasie active, la société peut permette au plus près, par la loi, des réponses à des détresses et à des souffrances humaines. Mais une société ne peut pas prétendre, par la loi, apporter TOUTES les réponses.
Vous me dites que les réformes s’imposent ou s’arrachent.
Si nous considérons que dans le débat sur l’abolition de la peine de mort, le verdict du procès de Patrick Henry a marqué une étape déterminante vers l’abolition.
Il y a eu, bien évidemment, la plaidoirie admirable de Robert Badinter. Il y a eu également et, peut-être surtout, en élément décisif, la position des parents de l’enfant assassiné qui ne demandait pas un verdict de mort.
Dans cette étape essentielle pour l’abolition, nous étions loin, Catherine, d’une abolition obtenue par la pression et par la force médiatique.
Le jury populaire compris comme une société miniature a fait preuve là, à mon sens, de ce que j’appelle une maturité démocratique. Il a formalisé par sa décision ce qu'il était prêt à assumer.
Rédigé par : Véronique | 17 mars 2008 à 17:21
Accordons au Président de la République un nouveau droit de grâce, qu'il pourrait accorder à ceux qui, arrivés à la dernière extrémité, l'implorent de gracier "leur peine de vie" !
Rédigé par : Francois F. | 17 mars 2008 à 15:46
@véronique
Désolée mais je ne comprends pas le concept de maturité politique ; je crois qu'il est une pure utopie.
Les réformes s'imposent ou s'arrachent ; surtout les importantes car à "attendre que la société se sente mûre, prête" on peut attendre longtemps, surtout dans une société très fortement judéo-chrétienne, pour qui certaines remises en cause sont définitivement taboues.
Rédigé par : catherine A. | 17 mars 2008 à 14:35
@ Marie
Je ne partage pas votre position qui consiste à dire que Mme Sébire aurait le recours du suicide.
Il y a là dans cette position quelque chose qui me glace.
La difficulté du sujet de la note se situe au moins à quatre niveaux.
Il y a Mme Sébire elle-même. Ce qu’elle demande à la société, via la justice.
Il y a le Droit. Ce qu’il peut et ce qu’il ne peut pas.
Il y a plus généralement une question de société qui, en raison de sa médiatisation répétée, se repose actuellement.
Il y a la position de chacun de nous face à une question comme celle de l’euthanasie active.
A titre personnel j’ai exprimé ce que pense. Je suis consciente de l’imperfection de ma position. Mais pour la résumer: au fond, je choisis de faire avec l’imperfection.
Dans sa note, Philippe écrit que la requête de Mme Sébire aux autorités judiciaires est exemplaire d’une sorte de maturité démocratique.
Dans un système démocratique, je pense, en rapide, que le rôle de la Justice est de contrôler les pouvoirs.
La démocratie s’exprime d’abord par des élections en donnant des mandats à des élus pour faire les lois. L’autorité judiciaire ne peut pas se substituer à cela.
@ Catherine A
J’admets que des médiatisations ont été nécessaires pour transformer des lois. Mais j’admets très difficilement que des pressions associatives ou médiatiques puissent s’exercer en direct sur des décisions de justice.
La peine de mort a été abolie en France parce qu’une majorité de nos concitoyens ont porté au pouvoir un président de la République qui avait inscrit dans son programme l’abolition.
Le droit à l’avortement a été voté par un Parlement élu après un débat à l’Assemblée nationale.
Et pour reprendre l’idée de maturité démocratique de Philippe, je crois que notre société légifèrera clairement en faveur de l’euthanasie active quand elle se sentira prête pour le faire et pour l’assumer.
Rédigé par : Véronique | 17 mars 2008 à 11:01
Je suis d'accord avec Véronique, et je l'exprimerais ainsi :
- dans un pays libre, l'émotion collective et l'empathie doivent être encadrées au plus près par la règle ; le contraire de cela, c'est l'Arche de Zoé et le débordement ;
- l'exigence de vérité et de sincérité, nécessite paradoxalement une réserve privée, des accords tacites, une discrétion ; la lumière qui ne laisse pas de coin d'ombre est aveuglante ;
la conscience, la claire conscience, demande AUSSI le secret de la conscience.
Rédigé par : olivier-p | 17 mars 2008 à 09:45
@ Dame Véronique,
« Expliquez-moi, Catherine, en quoi cette médiatisation à laquelle nous assistons n'est pas une épreuve de force imposée à la justice et à la société ? »
Selon Rachida Dati, le juge, qui doit statuer mardi prochain, ne pourra que rejeter sa demande. "Ce n'est pas notre droit. Nous avons fondé notre droit, et aussi bien la Convention européenne des droits de l'homme, sur le droit à la vie", a-t-elle dit au journal le Monde.
François Fillon et Rachida Dati jugent suffisante la loi Leonetti, adoptée en avril 2005, qui permet l'arrêt des traitements et l'administration massive de médicaments anti-douleur, même s'ils présentent un risque mortel, mais pas la mise à mort de patients agonisants.
Interviewée il y a une semaine, Mme Sébire rejette la loi Leonetti et veut une loi adaptée à son cas personnel.
« Pourquoi ne pas accepter d'être hospitalisée, ce qui pourrait soulager votre douleur ?
…Je ne veux pas que la société m'oblige à passer par cette étape.
…C'est moi la seule souffrante, c'est à moi de décider….
Jean Leonetti : "Le suicide est une liberté, non un droit"
« L'appel de Chantal Sébire ne me paraît pas recevable en l'état actuel, car il s'apparente à une revendication d'un droit au suicide, alors que le suicide ne peut-être qu'une liberté, a-t-il déclaré au même journal. Le choix de porter atteinte à sa vie doit rester du ressort de l'individuel. »
Rédigé par : Marie @ Dame Véronique | 17 mars 2008 à 08:37
@Véronique
Cette médiatisation est l'occasion de s'interroger à nouveau sur ce sujet, de réfléchir sans tabou et sans arrière-pensée. S'il n'y avait pas eu de médiatisation nous aurions peut-être sans doute toujours la peine de mort ; s'il n'y avait pas eu Gisèle Halimi pour défendre Marie-Claire devant le tribunal de Bobigny les femmes auraient attendu sans doute des années avant d'avoir le droit d'avorter sans danger quand elles ne voulaient pas d'une grossesse (je m'empresse de dire à tous ceux qui me prendraient pour une militante de l'avortement que mon plus grand désir serait qu'il n'y en ait quasiment plus tant je pense qu'il est toujours un drame et en tout cas un échec de la politique de contraception) ; s'il n'y avait pas la médiatisation les Tibétains se feraient massacrer dans le silence le plus absolu.
Je ne pense pas un seul instant que le médecin qui acceptera de venir en aide à Madame Sébire le fera sous le coup de cette médiatisation, il le fera comme le dit Francis dans le secret de sa conscience, comme ils sont un certain nombre à le faire. Quant à Chantal Sébire, sa sérénité me stupéfie. Vivant ce qu'elle vit je crois que j'en voudrais à la terre entière, que je ne serais qu'un cri de douleur et de haine. Loin d'être instrumentalisée, puisque c'est me semble-t-il ce que vous craignez, je crois qu'elle a décidé elle-même cette médiatisation, avec tout ce que cela demande de courage, pour que son cas (qu'elle me pardonne de parler ainsi d'elle) puisse aider d'autres personnes. Elle a choisi de se battre avec un panache extraordinaire pendant des mois, des années. Aujourd'hui elle n'en peut plus, ne veut plus. Je n'ai rien à dire si ce n'est "chapeau bas".
Rédigé par : catherine A. | 16 mars 2008 à 21:48
@ Catherine A
"La différence entre ces personnes qui sont pour l'euthanasie active et qui demandent juste à mourir quand elles le décideront, car c'est de leur vie qu'il s'agit, c'est que jamais elles n'imposeront à qui ne le souhaite pas ce choix de fin de vie alors que vous et tant d'autres veulent imposer leurs convictions morales, philosophiques et religieuses à la terre entière." dites-vous à Pierre-Antoine.
Expliquez-moi, Catherine, en quoi cette médiatisation à laquelle nous assistons n'est pas une épreuve de force imposée à la justice et à la société ?
Quels peuvent être, aujourd'hui, l'espace de la sérénité nécessaire et la nature du choix en âme et conscience du médecin qui acceptera d'accompagner Madame Sébire dans sa volonté de mourir ?
Qu'en sera t-il de l'espace de sérénité nécessaire à Madame Sébire elle-même ?
Le sujet de cette note est très difficile à commenter. Aussi je tiens à dire que je suis désolée vis-à-vis des personnes qui ont pu être mises mal à l’aise par ce que j’ai exprimé.
Rédigé par : Véronique | 16 mars 2008 à 20:17
Je vous ai tous lus avec intérêt, les avis divergent. François Fillon, dont le frère est médecin, exprime ce que pensent la plupart d'entre vous : "La difficulté pour moi, c'est qu'on est aux limites de ce peut dire la société et de ce que peut faire la loi." Nous restons désarmés et incertains comme Aragon cité par Véronique. Je suis médecin, légiste de surcroît, et interniste. J'ai suivi des années un pauvre homme qui présentait une affection proche de celle de Madame Sébire, c'est incurable. Patrick Pike l'a fort bien décrite. La vision a de quoi horrifier un légiste ou un médecin après le combat.
A NB. Là le médecin a la triste tâche de faire le tri des blessés, évacuer ceux qui peuvent s'en sortir, user larga manu les opiacés pour ceux qui vont mourir, c'est dur, très dur. Or mon patient ne voulait pas mourir, il espérait le miracle. La dernière fois que je le vis, il avait une septicémie. J'ai entendu ce que pudiquement disaient ses proches. Je n'ai pas traité celle-ci, peut-être une abstention fautive mais il est mort tranquillement. Pour conclure, ce serait ouvrir la boîte de Pandore que de légaliser l'euthanasie pour faire autoriser par le magistrat le pouvoir du médecin. Je vois déjà les pressions que j'ai connues et légalisées alors ! La vie du malade conscient lui appartient. Pour le médecin qui se doit d'écouter l'entourage et son patient (étymologiquement, celui qui souffre physiquement ou moralement), seul compte le dialogue singulier qu'il entretient avec lui, s'il est conscient ou la situation médicale s'il ne l'est plus. Il décidera dans le secret de sa conscience.
Rédigé par : francis | 16 mars 2008 à 18:54
@Pierre-Antoine
Quelle belle expression faux-cul que ce "que je respecte dans sa souffrance". Vous avez remarqué que la plupart des personnes, avant d'en injurier une autre et de dire sur elle les pires horreurs, lancent cette formule liminaire "oui bien sûr Tartempion - que je respecte..."
La différence entre ces personnes qui sont pour l'euthanasie active et qui demandent juste à mourir quand elles le décideront, car c'est de leur vie qu'il s'agit, c'est que jamais elles n'imposeront à qui ne le souhaite pas ce choix de fin de vie alors que vous et tant d'autres veulent imposer leurs convictions morales, philosophiques et religieuses à la terre entière. Une morale dont tous les jours qui passent nous apportent des preuves qu'à la confrontation du quotidien, elle se révèle d'ailleurs souvent très élastique.
Madame Sébire n'a que faire de la compassion, de la vôtre comme de la mienne. Ce n'est pas cette compassion qui ne coûte rien, ces bons sentiments, qui vont rendre sa douleur de vivre moins violente. Mettez-vous un instant honnêtement à sa place bien que ce soit me semble-t-il quasiment impossible tant je suis persuadée que cela dépasse l'indicible, l'imaginable et l'impensable. Voudriez-vous vivre ce qu'elle vit ? Si vous répondez oui c'est que vous avez sans doute la trempe d'un martyr ou d'un saint, d'un héros. Elle non, elle n'est qu'une femme, une femme qui revendique une dernière liberté pour laquelle elle a, hélas, besoin d'aide.
Rédigé par : catherine A. | 16 mars 2008 à 17:38
Enfin Patrick PIKE vint clore de façon admirable une discussion parfois assez insupportable.
Rédigé par : Claire FINES | 16 mars 2008 à 16:34
Je n'ai rien à ajouter au très beau texte de Patrick Pike.
Rédigé par : Laurent Dingli | 16 mars 2008 à 13:30
Le texte de Patrick Pike est exemplaire, il n'y a pas un iota à y changer, il n'y a pas d'autre commentaire possible après celui-là. Je le remercie pour la justesse de ses idées, la force et l'humanité de ses sentiments et la précision de son écriture.
Rédigé par : Gérard Lenne | 16 mars 2008 à 12:22
J’approuve totalement Dame Véronique et Pierre-Antoine.
Au nom de quelle humanité doit-on imposer à un magistrat de décider qu’il est pour lui l’heure de donner la mort ?
Est-ce qu'on ne tape pas encore suffisamment sur les magistrats pour leur imposer ce calvaire ?
A quoi aurait servi l'abolition de la peine de mort ?? S’il fallait de nouveau légiférer pour supprimer des vies ! Pendant qu’on y est pourquoi ne pas supprimer tous ceux qui gênent ? Les pédophiles récidivistes présumés dangereux (donc plus de soucis avec la rétroactivité de la rétention de sûreté), les fous, les débiles, les handicapés…
J’ajouterai aux commentaires d’Hermione qu’avant le nazisme, au début du XXème siècle, les Américains supprimaient les tarés, les fous, les handicapés... Mais sans doute Monsieur Dingli trouvera, là encore, que ce ne sont que des ragots à colporter !
Le suicide est une éventualité pour cette dame. C’est à elle de choisir sa mort.
Rédigé par : Marie | 16 mars 2008 à 12:13
@ M. Patrick Pike
Mais qui vous dit que ceux qui, comme moi, sont opposés à aller plus que ce que dit la loi Leonetti, si nous étions médecins, que dans le secret de notre conscience, nous n'accèderions pas à la demande de Madame Sébire ?
Ce que nous ferions, nous sommes seuls à le savoir. Cette part de secret est aussi digne et respectable.
Rédigé par : Véronique | 16 mars 2008 à 11:02
Sur le plan strictement médical l'esthésio-neuroblastome (terme qui regroupe 2 variétés de tumeur selon leur caractère histologique) est une tumeur maligne très rare développée aux dépens des éléments nerveux olfactifs de la muqueuse nasale restée ou redevenue à l'état embryonnaire : c'est vers la cinquième semaine que se produit une invagination induisant la formation de la placode olfactive qui deviendra vésicule cristallinienne. Ce sont ces cellules qui sont en cause. Il semblerait qu'un facteur génétique soit déclenchant.
Son pronostic est sévère, l'évolution étant en effet péjorative, tendant à récidiver et à métastaser.
Ces informations sont disponibles dans toute bonne encyclopédie médicale et notamment sur internet.
Sur le plan humain tout le monde a pu voir cette femme à l'exophtalmie inimaginable et à l'hématome tumoral gigantesque au niveau du nez, défigurant jusqu'à l'horreur un beau visage féminin. Ces symptômes ne sont qu'un des aspects de sa souffrance morale et physique et s'accompagnent de fortes douleurs diffuses, d'affaiblissement, de paraplégie dans certains cas, de diarrhée (excès de sécrétion des catécholamines) ou encore d'incontinence urinaire selon la localisation du sympathome, mais encore pour elle d'ataxie, de myoclonies et d'une perte totale de la vision. A terme son exophtalmie est telle que ses globes oculaires tomberont provoquant vraisemblablement une hémorragie qui risque d'être fatale.
Et vous croyez vraiment, vous les tenants de la vie, qu'on peut vivre ainsi dans l'attente incertaine du moment où ces pans fondamentaux de votre intégrité tombent à terre comme de vulgaires balles de ping-pong ?
Et vous croyez vraiment, vous les partisans du suicide, qu'on peut se préparer la décoction qui mettra fin à vos douleurs quand on ne voit plus ? Ou qu'on prendra une lame de rasoir, suspendra une corde, enjambera un parapet ou encore choisira l'arme idoine quand il faut chercher à tâtons le moindre objet usuel ?
Et vous croyez vraiment, vous les Machiavel de village, qu'une femme qui souffre le martyre puisse un instant imaginer demander qu'on l'aide à mourir afin que ses proches puissent bénéficier d'une assurance ?
Et croyez-vous vraiment, vous les fervents doctrinaires de la loi, de la morale, de la religion, qu'au nom de vos principes une société, soucieuse du respect d'une volonté déclarée face à l'inéluctable, ne puisse accéder à ce désir de ne plus souffrir autrement que par le pis-aller de la morphine, ce succédané hypocrite qui plonge de longs jours durant dans une espèce de torpeur comateuse, mais fausse car certains entendent et comprennent ce qu'on dit autour d'eux, un être qui tôt ou tard, et on le sait, inexorablement exhalera son dernier souffle ?
Tous vos prétextes, vos discours, vos bonnes pensées ne sont que l'image de vos mains que vous souhaitez propres devant vos yeux afin que votre bonne conscience puisse dormir en paix.
Je préfère un homme qui s'interroge et compatit à la douleur, que vous n'imaginez même pas, de cette femme et décide de l'aider dans cette quête de l'absolu, que vos certitudes qui sont plus indignes encore que cette indignité que vous prêtez aux uns et aux autres.
Et cette femme, dont on sait qu'aucune thérapeutique autre que palliative n'est désormais envisageable, n'est pas seule dans son tourment. Celle ou celui qui lui injectera la substance létale vivra aussi un autre tourment et ce tourment, tout autant que celui de Chantal Sébire, doit lui être épargné, en partie, par la volonté d'une société d'accéder au désir de tout être qui le décide en toute lucidité, d'abréger d'incommensurables souffrances, grâce à une législation digne et courageuse donnant aux juges la prééminence d'accorder cette grâce. Car il ne s'agit plus d'envoyer un être vers le bourreau, mais de l'accompagner en lui tendant une main secourable en union avec lui, dans une écoute respectueuse et communautaire de son cri de douleur, de son appel au secours.
Chantal Sébire ne veut plus de cette vie. C'est son droit le plus absolu, quand bien même aimerions-nous la garder égoïstement près de nous, par amour ou compassion, mais sans doute plus par hantise de la mort. Mais la mort est partie intégrante de la vie, et cette femme le sait, par ce qu'elle endure, plus qu'aucun d'entre nous.
Il est du devoir de la société de l'aider et d'aider le médecin qui l'accompagnera vers cet inconnu que, quoi que vous puissiez dire, nous découvrirons un jour d'une façon ou d'une autre.
Rédigé par : Patrick PIKE | 16 mars 2008 à 02:04
Attention citoyen Bilger de ne pas tomber dans le piège du sentimentalisme, instrument favori de ceux qui veulent officialiser l'euthanasie.
Cette femme (que je respecte dans sa souffrance) est membre du collectif pour l'euthanasie active et il est bon de se poser la question de savoir où commence l'instrumentalisation de sa situation pour servir d'autres projets.
Il me semble que la législation permet à cette personne de ne plus souffrir, elle peut demander à être plongée dans un coma artificiel et à mourir dans la dignité puisque l'acharnement thérapeutique n'est plus possible quand on ne le veut pas...
Elle veut une mort "couperet de guillotine" qui lui serait autorisée par la loi...
De grâce que la loi et surtout les magistrats restent en dehors de tout ça... Il n'est pas permis à la loi d'autoriser à tuer, hormis deux cas, la légitime défense et l'acte de guerre.
Puisque cette femme veut mourir, elle peut demander à entrer dans un coma artificiel qui abrègera ses souffrances et la conduira doucement dans la mort.
Rédigé par : Pierre-Antoine | 16 mars 2008 à 00:37
@ Bonne réponse,
Il n'y a malheureusement rien de totalement innocent dans la vie.
Je suis tout à fait de l'avis de Ktrin, lorsqu'elle écrit :
"...Ouvrons les yeux et comprenons que le Destin d'une personne qui souffre ne regarde qu'elle dans son choix d'en finir..."
Chaque individu a sa croix à porter sur cette terre.
C'est donc à lui de décider au mieux de sa vie ou de son trépas, mais sûrement pas autrui.
Rédigé par : Marie | 15 mars 2008 à 23:42
@ Laurent Dingli,
« Marie, Catherine Jacob, Thierry Sagardoytho, je ne peux m'empêcher de vous dédier ce petit passage de Romain Gary que j'affectionne particulièrement et que, chaque jour, vos délicieux propos m‘inspirent :
« J’émets une sorte de ricanement haineux. Les grenades qui explosent au loin prennent soudain un sens lumineux. J’essaie de me calmer, je me dis que la Bêtise c’est grand, c’est sacré, c’est notre mère à tous, il faut savoir s’incliner devant Dieu ». »
@ Catherine Jacob, Thierry Sagardoytho
« Vivons donc heureusement, sans haïr ceux qui nous haïssent. Parmi ceux qui nous haïssent, passons dépourvu de haine. » Bouddha
Monsieur Dingli,
Vos insultes et votre haine ne m’atteignent pas. Bravo pour votre agressivité.
Mais, rassurez-vous, Monsieur, ma famille n’a pas été épargnée. Elle a assumé et fait face. Sans ameuter le monde entier.
Et je n’ai pas à en dire plus.
Croyez vous que Marie Humbert ou Madame Sébire soient les seules personnes en France à souffrir ?
http://www.sosfindevie.org/eutha/Humbert-Messager.htm
Il y a des parents dont les enfants sont gravement malades et qui cherchent à profiter le plus longtemps possible de « leur trésor » !
Il y a de nombreuses familles en France qui cherchent à profiter le plus longtemps possible des êtres qui leur sont chers.
Et qui les entourent avec beaucoup d’amour et de pudeur. Avec même toujours de l'espoir, non pas celui de leur départ, mais celui de leur guérison.
Ce n’est ni à un magistrat ni à un médecin d’avoir à décider de la fin de vie d’une personne.
Rédigé par : Marie | 15 mars 2008 à 23:25
J'étais absent et je n'ai pas pu vous féliciter en temps utile de votre beau billet où vous déclarez que vous êtes là pour nous parler des principes du droit.
Madame Sébire est une personne qui est seule à pouvoir apprécier de sa dignité, de sa souffrance physique ou morale.
Et en effet seule la loi ou le juge peut dire où notre société se situe dans ce débat que l'on a malheureusement trop tendance à vouloir enfermer dans une succession de cas douloureux et insolubles.
Lorsque l'on prend la décision de demander à un médecin hospitalier de mettre fin à une agonie terrible, il est répondu (du moins fut-ce la réponse qui me fut faite) "que cela n'est pas une pratique de l'hôpital". Cependant moins de vingt-quatre heures après la personne est morte.
Alors, que s'est-il passé ?
Cette solution ou non solution a le mérite d'exonérer d'une lourde part de culpabilité que l'on ressent, quoi qu'il arrive.
Et cependant, j'espère qu'un jour notre société sera capable de légiférer comme la Suisse, les pays du Bénélux et d'autres encore.
Mais, me direz-vous, si d'autres pays commettent une ignominie, est-ce une raison suffisante pour la pratiquer soi-même ?
Je n'ai aucune certitude et mes réticences sont encore là alors que je souhaite cette législation.
Ce que je peux dire, c'est que ce qui m'a fait former malgré tout un choix, celui de la loi, fut lorsque j'appris qu'un ouvrage de Madame Alice Ricciardi von Platen montrait que le 3° Reich n'avait jamais osé légiférer sur sa politique d'eugénisme et d'euthanasie.
Bien évidemment on pourrait citer les exemples de certains états des Etats-Unis et d'Europe du Nord ayant pratiqué des politiques inspirées de Galton jusque dans les années soixante en ayant pris des dispositions législatives.
Voilà je penche d'un côté et je ne suis pas sûr de ma solution.
Mais oui, indéniablement oui, le juge et la loi sont seuls garants en cette affaire.
Rédigé par : Hermione | 15 mars 2008 à 23:06
@ Laurent
Au sujet de votre réaction violente et à mon avis empreinte d'indignation pas vraiment maîtrisée, à ce qu'a écrit Marie.
Je peux comprendre des positions comme celle de Mme Humbert et de Mme Sébire.
Ce que je comprends moins c'est cette médiatisation à outrance au service d'une cause qui, quoi qu'en dise Philippe, dans les deux cas adoptent une stratégie similaire.
On me répondra que la médiatisation forcenée à laquelle nous assistons avec la demande de Mme Sébire, comme avec celle de Vincent Humbert, est nécessaire pour faire avancer leur cause.
On reproche sans cesse à notre société de ne penser les choses qu'en termes d'émotionnel.
Ce à quoi nous assistons appartient de toute évidence à ce registre.
Philippe voit dans la démarche de Mme Sébire un hommage rendu au Droit.
Selon moi, restituer au Droit son droit fil c’est d’abord accepter, reconnaître et assumer que le Droit, lui aussi, est limité et qu'il ne peut pas tout. Que pour certaines questions nous ne pouvons être, pour reprendre L. Aragon, que "désarmés et incertains".
"volonté manifestée à toute force pour demeurer dans l'univers de la légalité civilisée, de ce désir de ne rien accomplir qui ne soit pas légitimé par les autorités judiciaires, par l'Etat" écrit Philippe.
Je pense, au contraire, que dans la démarche de ceux qui soutiennent Mme Sébire, il y a la volonté manifestée à toute force de contraindre la légalité à accepter ce qu'elle ne peut pas accorder : donner de la sérénité, de la tranquillité à la conscience.
Je rejoins Julien dans son commentaire d’hier :
"on pourrait écrire que les hommes d'aujourd'hui se servent de l'Etat pour éviter d'avoir à interroger leur conscience."
Rédigé par : Véronique | 15 mars 2008 à 21:15
Marie,
«une assurance vie qui ne serait plus valable si la personne qui l'a souscrite se donne la mort !!»
Oh ! Shocking ! Ne me dites pas que dans un domaine aussi grave que l’euthanasie et qui engage des choix de société aussi radicalement opposés vous ayez pu imaginer trente secondes que quelqu’un puisse envisager faire légiférer en sorte de pouvoir prendre là encore la justice pour une succursale de la Française des jeux !
De toute façon il existe bizarrement des assurances qui prennent en compte le décès par maladie. Je le sais parce que six mois avant que mon père ne décède j'ai eu son chargé de clientèle au téléphone qui tout d’un coup voulait lui faire associer une telle assurance à son compte courant. Quand je lui en ai parlé il a répondu «Ach Qwatsch! » tant il avait confiance dans «le grand spécialiste de renommée mondiale» qui le suivait et qui l'a cependant abandonné entre les mains d’un jeune assistant encore relativement inexpérimenté, pour aller donner des conférences dans une université étrangère sur le traitement qu'il lui faisait suivre [enfin à lui et à d'autres bien sûr]. Mais un bon joueur d'échecs n'étant pas un bon miseur sur le hasard, il n'a pas fait modifier sa vieille police d’assurance décès accidentel.
Je changerai peut-être d’avis, mais pour le moment j'ai donc interdit que soit communiqué au graâând spécialiste tout élément supplémentaire du dossier médical lui permettant de compléter son prochain cycle de conférences, car je pense que les patients sont d'abord des êtres humains avant d'être du matériau pour thésards !
Pour en revenir à votre remarque concernant la malheureuse qui a motivé le billet de Philippe Bilger, je me demande finalement quelle pourrait être la situation juridique d'une euthanasie eu égard à une police d'assurances qui couvrirait le risque décès par maladie car finalement il s'agirait bien là d'une conséquence de l'évolution de la maladie même si elle consiste à en accélérer plutôt qu'à en retarder le processus conduisant à l'issue fatale.
Rédigé par : Bonne réponse | 15 mars 2008 à 14:45
Notre époque semble ignorer la pudeur et souvent la pitié.
Madame Sébire nous ramène à ces véritables valeurs quelles que soient les suppositions de certains.
Rédigé par : mike | 15 mars 2008 à 12:12
Marie vous osez écrire :
"Voyez l'affaire Humbert. Il y a eu beaucoup de bruits. Egalement.
Des tiers eurent leurs responsabilités engagées. Ils passèrent même en justice. Ce qui n'est pas rien.
Pour entendre maintenant de la bouche d'un kiné que ce jeune ne désirait pas mourir !
Alors, qui croire ???
J’ai ma petite idée, là encore".
Vos insinuations, les ragots que vous colportez, sont particulièrement abjects. Vous pouvez être pour ou contre l'euthanasie, sans faire preuve d'autant de bassesse. Vous battez même à plate couture Catherine Jacob qui, en janvier dernier, avait osé demander au père d'un schizophrène s'il passait ses vacances dans l'ex-URSS, uniquement parce que cet homme avait préconisé d'étendre la détection précoce des psychoses !!!! Marie, avez-vous imaginé ce que c’est de perdre un enfant et surtout de le voir souffrir mille morts pendant des années, avez-vous songé à la douleur indicible de Marie Humbert ? Je ne m’étendrai pas sur la réaction navrante de Thierry Sagardoytho. On parle d’une femme qui est train de mourir, Chantal Sébire, de son calvaire, et le brave homme nous ressert son habituelle Sarkophobie ! A se demander s’il pense à Nicolas Sarozy en lapant son petit-déjeuner ou dans des situations plus intimes. Tout cela est bien misérable. Et comment ne pas rester misanthrope quand on entend beugler un tel troupeau ? Marie, Catherine Jacob, Thierry Sagardoyto, je ne peux m'empêcher de vous dédier ce petit passage de Romain Gary que j'affectionne particulièrement et que, chaque jour, vos délicieux propos m‘inspirent :
« J’émets une sorte de ricanement haineux. Les grenades qui explosent au loin prennent soudain un sens lumineux. J’essaie de me calmer, je me dis que la Bêtise c’est grand, c’est sacré, c’est notre mère à tous, il faut savoir s’incliner devant Dieu ».
Rédigé par : Laurent Dingli | 15 mars 2008 à 10:05
@surcouf
A propos de l'avortement je "rebondissais" sur un commentaire. Le lien entre les deux est que, pour l'un comme pour l'autre, en l'absence d'une loi qui tienne la route, il y a toujours ceux qui peuvent se "débrouiller" correctement parce qu'ils ont les moyens, les connaissances... et les autres obligés de "bricoler", avec tous les risques que cela comporte. En fac j'ai connu une copine qui s'était ainsi "bricolée" seule dans sa chambre de résidence universitaire et que nous avons récupérée vraiment par la pointe des cheveux grâce à un ami qui préparait son internat, comme j'ai connu par la suite des personnes que l'on a aidées à mourir sereinement. Bien sûr les cyniques diront que Mme Sébire peut se pendre, un moyen assez inratable de ne pas se louper mais je ne veux pas d'une société barbare qui obligerait les personnes comme elles à cette extrémité.
Rédigé par : catherine A. | 15 mars 2008 à 09:27
@ Catherine A.
Au commentaire de Surcouf :
"Tout un chacun sait que les barbituriques à hautes doses sont mortels, les sédatifs aussi."
Selon les séries policières, il suffit d'y ajouter de l'alcool.
N'est-ce pas ainsi que serait partie Marilyn Monroe ?
Officiellement.
Je crois que c'est un sujet périlleux, qui désacralise beaucoup de choses.
Toute personne atteinte d'un "mal de vivre" pourrait alors demander à ce qu'on l'aide à trépasser.
Il me paraît inconcevable d'aider une personne saine d'esprit et surtout valide, quand tant d'autres souffrent plus que cette dame, sont parfois incapables de s'exprimer, sont grabataires, sont paralysées, etc... qui attendent dans d’extrêmes douleurs que l'heure sonne pour elles.
A l’occasion d'une hospitalisation, j'ai eu dans ma chambre une vieille dame grabataire qui souffrait le martyre. Cette station allongée lui avait provoqué d'autres maux et des plaies. Certains soins ne pouvaient lui être prodigués parce que lors d’un précédent séjour cette dame avait attrapé le fameux « staphylocoque doré » qui la rongeait !
D’autres symptômes s’ajoutèrent encore aux précédents.
Cette pauvre femme, octogénaire voire plus, me faisait pitié lorsque je l’entendais râler « j’ai mal ». Je la comprenais alors !!!
Qu'est-ce qu'on est "bête" et impuissant devant la souffrance !!
Systématiquement j’appelais le personnel soignant. La personne qui se présentait lui disait : « Vous avez mal où, Madame ? ». Et comme cette malade ne s’exprimait pratiquement pas, le personnel repartait en disant : « elle ne parle pas », « elle ne parle plus » et la laissait ainsi souffrir et gémir. Pouvait-on y remédier ???
Ses enfants vinrent bien sûr la voir, ils m'expliquèrent toutes ses douleurs, tout ce que leur mère endurait. L’un d’eux était médecin. Et il m’avoua sa détresse de ne pouvoir soulager sa maman, tout en sachant et constatant combien elle souffrait. Ce monsieur ajouta même : « j’aspire à son départ, pour qu’elle soit enfin soulagée » !
Alors ???
Il faut faire attention aux dérives.
Il y en a des gens qui souffrent, plus qu'on ne le pense, et de toutes sortes : personnes âgées, paralytiques, enfants, etc...
S'il fallait légiférer alors qui serait concerné ?
Rédigé par : Marie à Catherine A. | 15 mars 2008 à 07:43
@Catherine A.
"Juste une précision : sur ce blog il y a 3 Catherine (avouées), Ktrin, Catherine Jacob et Catherine A. Trois Catherine qui vous sont également chères je n'en doute pas un instant, raison de plus pour ne pas les fâcher en prenant l'une pour l'autre..."
:-)
Mes chères Catherine je vous aime bien toutes les trois et mêmes les autres les inavouées s'il s'en trouve ici.
Je vous l'assure votre ton me plaît beaucoup.
@CatherineA
"Et puisque je vous tiens - façon d'écrire - vous savez, vous, quels produits il faut avaler - et à quelle dose - pour s'endormir définitivement ? Moi pas et Mme Sébire sans doute non plus."
Tout un chacun sait que les barbituriques à hautes doses sont mortels, les sédatifs aussi.
Pour en revenir au cas qui nous intéresse, permettre le suicide d'une personne valide, même gravement malade, est autrement plus perturbant pour moi que d'aider une personne qui est arrivée aux dernières extrémités.
Il est vrai, je pense, que le législateur devra faire son office et légiférer. Je suis néanmoins assez contre le fait que cela se passe sous une pression médiatique forte.
Mais il est temps que notre société prenne le sujet à bras le corps.
Dernier point, comparer le droit à l'avortement et la possibilité légale de se suicider en obtenant une aide dépénalisée n'est, il me semble, pas du même niveau.
Rédigé par : Surcouf à sa chère Ktrin | 14 mars 2008 à 23:02
@Ktrin
C'est juste que chacun(e) aime se croire unique.
Rédigé par : catherine A. | 14 mars 2008 à 22:55
Concernant l'hypothèse de Marie, l'assurance décès qui ne couvre pas les suicides, je remarque juste que ceux qui ont les moyens de s'en offusquer ont bien de la chance. Ce qui n'est pas mon cas. Je suis, comme Chantal Sébire, mère d'une fille de 13 ans, et d'un autre enfant plus jeune. J'ai une assurance décès qui devrait pouvoir couvrir les besoins financiers pour leur assurer un minimum pour leur éducation si par malheur je venais à mourir. J'imagine juste le drame supplémentaire si cette assurance décès ne "marchait" pas ! Des enfants orphelins et de plus dans la misère ! Le comble pour une mère (ou pour un père). Si c'est cette motivation qui anime Madame Sébire, le respect que j'ai pour elle ne fait que redoubler. Je dirais même que c'est là seulement que je la rejoins.
Rédigé par : Florence | 14 mars 2008 à 22:34
@Catherine A
Je suis d'accord avec vous. Personnellement, je pense que sourire ou rire sur la souffrance ou sur la mort, c'est nier la Vie, nier l'Autre dans ce qu'il est, un être humain. Même un condamné à mort mérite d'être traité en être humain. Je pense que c'est pour cela que j'ai tellement aimé le film "La Ligne verte". D'une puissance psychologique et sans misérabilisme facile.
Lorsqu'on a un problème, il peut être passager. Lorsqu'on est malade ou défiguré ou son corps meurtri toute sa vie ou une bonne partie de sa vie, je peux vous garantir que l'impact n'est pas que physiologique. L'impact sur son regard porté sur la Vie, les autres, tout... est chamboulé. Ce serait comme regarder à travers un prisme.
Il faut beaucoup d'amour pour en être consolé mais il faut aussi dire que rien, même pas cet amour et l'amitié, ne peut effacer la douleur physique et la "désespérance" de son infirmité ou de sa pathologie.
La nuit ne change rien. Aucune n'est réparatrice. Il n’y a jamais eu, n’y a pas et n’aura jamais de solution. Et les psys ou autres thérapies ne peuvent rien y faire.
Ouvrons les yeux et comprenons que le Destin d'une personne qui souffre ne regarde qu'elle dans son choix d'en finir. Un ami m’a dit un jour : « Ils ne peuvent pas comprendre. Ils n’ont jamais souffert. » Cela m’a réconciliée avec « ceux » et « celles » qui ne comprennent pas.
La Justice, sur ce coup-là, Philippe, je pense n'a pas son mot à dire.
Bonne nuit à tous et bon we.
P.S : Je garde mes P.S pour plus de légèreté : Oh, j'estime Catherine Jacob et vous, Catherine A. :) Cela ne me ferait rien d'être prise pour elle ou vous !
Rédigé par : Ktrin à Catherine A et à tous les autres | 14 mars 2008 à 21:36
@ Jean–Dominique Reffait
En fond sonore, la fiction TV qui présente la Juge d’instruction séquestrée par la mère d’un détenu condamné à vie puis suicidé dans sa cellule.
On n’est pas dans la réalité. Il s’agit d’une fiction. La vie est pourtant terrible en surprises, plus mauvaises que bonnes. Je suis d’accord avec vous (pour une première fois). La douleur physique peut être si douloureuse, si insupportable qu’il faudrait peut-être envisager d’autoriser l’euthanasie. On a bien milité pour l’avortement : des gens pensent qu’il s’agit aussi de tuer des vies.
L’euthanasie est un choix personnel et je crois qu’il faut le respecter. On ne choisit pas de venir au Monde. On ne choisit pas ses souffrances morales et physiques.
On pourrait choisir l’issue de sa vie.
Bons votes à tous.
Rédigé par : Ktrin | 14 mars 2008 à 21:13
@Marie
Vous êtes plus pessimiste que moi sur le genre humain... Bien sûr que toucher à la vie est dangereux mais je crois que si nous n'avons pas choisi de naître nous avons au moins le droit de choisir notre mort ; quand c'est possible. Je ne voudrais pas que comme autrefois pour l'avortement, il y aient d'un côté ceux qui peuvent accéder à ce choix et les autres. C'est pour ça que je pense qu'une loi bien faite serait la solution et non pas une loi bricolée, une fois encore sous l'effet de l'actualité et qui a montré tout de suite ses limites.
Allez beau week-end à tous, bonne séance de cinéma , belles balades sous le soleil ou sous la pluie, belles lectures. Au passage j'ai lu hier avec beaucoup de plaisir un petit bouquin (je veux dire pas épais) de Habiba Mahany "Kiffer sa race", la chronique d'ados dans une tour d'Argenteuil (bon d'accord ça manque un peu de piscine et de villas... je plaisante Marie !)
Rédigé par : catherine A. | 14 mars 2008 à 20:04
Bonjour,
Je n'ai pas l'impression que cette dame demande l'autorisation de mourir mais bien au contraire l'autorisation de vivre.
J'aurais peut-être dit le contraire si je ne l'avais pas vue à la télé. Ce qui la fait le plus souffrir c'est le regard des autres, toujours détourné. Elle devine leur pensée, elle la répète sans vraiment y adhérer. Elle s'excuse d'être là.
Alors voilà je lui dis : vous savez vous n'êtes pas si monstrueuse. On peut vous regarder. Je vous trouve même très attachante (même Philippe Bilger le dit). Peut-être qu'un jour il vous arrivera quelque chose qui vous fera dire "heureusement que j'étais là !". Essayez de deviner quoi.
Maintenant que l'on vous connaît on a envie que vous restiez. Ne vous croyez pas obligée d'obéir aux désirs des autres.
Même le cas Humbert ne m'avait pas convaincue.
Cela étant merci à tous pour le niveau des débats et je suis tout à fait d'accord, on ne peut pas demander aux autres de vous donner la mort. Il y a un livre qui s'intitule "Suicide mode d'emploi" qui a été interdit je ne sais pour quelle raison.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 14 mars 2008 à 19:34
@ Catherine A.
Vous qui êtes journaliste vous devez savoir ce que les gens osent parfois. Il y en a qui n'ont vraiment pas froid aux yeux. Espérant toujours tomber sur un juge qui ne sera pas trop regardant. Pressé, peut-être ?
Voyez l'affaire Humbert. Il y a eu beaucoup de bruits. Egalement.
Des tiers eurent leurs responsabilités engagées. Ils passèrent même en justice. Ce qui n'est pas rien.
Pour entendre maintenant de la bouche d'un kiné que ce jeune ne désirait pas mourir !
Alors, qui croire ???
J’ai ma petite idée, là encore.
Toucher à la vie est dangereux. Attention aux risques de dérapage.
Les juges sont surchargés de dossiers. Ils vont finir par devenir des robots.
Rédigé par : Marie à Catherine A. | 14 mars 2008 à 19:10
Le cas Chantal Sébire est trop difficile pour autoriser un quelconque avis péremptoire.
Contrairement à ce que semble prétendre l'Avocat général Bilger, il n'est pas certain que le Juge soit la personne la plus indiquée pour donner des directives sur l'euthanasie.
On peut seulement dire que la loi oblige le Juge à, sous réserve du respect des principes de droit consacrés, se déclarer compétent chaque fois qu'une question est proposée à son appréciation.
Ce n'est donc pas parce qu'il posséderait des lumières que le Juge devrait se prononcer sur le cas Sébire : en vérité, le Droit lui demande d'intervenir quand cela est nécessaire.
Seule donc la conscience du droit peut nous amener à accepter le principe d'une intervention judiciaire par rapport au cas ici considéré.
Sinon rien n'institue le Juge, trop humain, pour décider ou non qu'un malade peut être euthanasié.
Je ne pense pas que le médecin, nonobstant sa science du corps, soit davantage autorisé à prendre une décision aussi grave qu'un arrêt voulu de la vie.
La décision de ne plus vivre appartient seule à la personne qui désire s'en aller. Mais le devoir de ses proches et de la société est de s'interdire de la pousser à mettre fin à sa vie.
Je ne comprends pas la critique de l'Avocat général Bilger à l'égard de ceux qui dénient à la Justice toute légitimité pour se prononcer sur le cas Sébire.
L'intimité n'est pas au nombre des questions susceptibles d'être traitées de l'extérieur.
Ce n'est pas pas parce que la loi interdit le déni de justice que le Juge devrait être absolument saisi d'une question d'euthanasie.
Il est trop facile d'invoquer le besoin de justice, prétendument exprimé puissamment par les Français à l'heure actuelle, pour soutenir ici le principe d'un règlement judicaire.
Je souhaite simplement que le cas Chantal Sébire amène les personnes de bonne volonté à reprendre la réflexion sur la question de l'euthanasie à partir du point où elles l'avaient laissée, postérieurement à l'affaire portée par le cas Humbert.
S'il est permis de faire une petite annotation de caractère politique en relation avec le cas Sébire, on remarquera que Nicolas Sarkozy a, une fois de plus, affiché une incohérence de position : non seulement l'apparent défenseur du catholicisme français a manqué incroyablement de relayer la doctrine de l'Eglise dont il a récemment dit tous les mérites devant Benoît XVI, mais encore le Président de la République semble avoir adopté une position moins conforme à la loi française que celle de la ministre de la Justice.
Comment expliquer cet écart de Nicolas Sarkozy ?
Est-ce parce que pour lui, dans le premier cas, le magistère ne traduirait pas parfaitement l'évangile ou que, dans le second cas, la volonté du Parlement serait toujours celle d'un temps ?
Rédigé par : LABOCA | 14 mars 2008 à 18:23
@Marie
Mais oui bien sûr vous avez raison et cette personne ameuterait la France entière... J'aurais presque aimé penser que vous plaisantiez quand vous avez écrit votre post ; ce n'eut pas été d'un goût parfait mais tellement mieux que l'hypothèse que vous émettez. Ce n'est pas macabre c'est obscène.
Rédigé par : catherine A. | 14 mars 2008 à 17:56
Je suis tout à fait de l'avis de Surcouf.
Une personne valide et qui a toute sa tête, n'a pas besoin d'un juge pour se donner la mort !
Mais, pour être macabre jusqu'au bout, n'y a t-il pas, là derrière, une affaire un peu plus délicate qui pourrait être par exemple une assurance vie qui ne serait plus valable si la personne qui l'a souscrite se donne la mort !!
Rédigé par : Marie | 14 mars 2008 à 17:32
@surcouf
Juste une précision : sur ce blog il y a 3 Catherine (avouées), Ktrin, Catherine Jacob et Catherine A. Trois Catherine qui vous sont également chères je n'en doute pas un instant, raison de plus pour ne pas les fâcher en prenant l'une pour l'autre...
:-)
Et puisque je vous tiens - façon d'écrire - vous savez, vous, quels produits il faut avaler - et à quelle dose - pour s'endormir définitivement ? Moi pas et Mme Sébire sans doute non plus. Cela dit je ne pense pas que la décision doive revenir à un magistrat, je pense que la société sans hypocrisie doit apporter une réponse. Vous savez, quand j'étais toute jeune journaliste j'avais fait une longue interview de Simone Veil et elle m'avait dit - propos que j'avais rapportés - que ses petits camarades farouchement opposés à l'avortement trouvaient toujours de bonnes raisons pour le justifier quand il s'agissait de leur fille ou de leur petite amie. C'est pourquoi je pense que c'est à une loi de donner à chacun le droit de mourir dans la dignité et donc de ne pas poursuivre ceux qui l'aideraient.
Comme JDR j'ai demandé que l'on abrège les souffrances de quelqu'un de très proche et je pense, même si je n'en ai jamais eu la certitude, avoir été entendue. Je n'en ai eu aucun remords. Juste une immense peine.
Rédigé par : catherine A. | 14 mars 2008 à 17:09
Sylvestre
«Dans un monde sans Dieu on place le magistrat à la place de Dieu. Je comprends que cela flatte les magistrats, moi j’aurais quand même un peu peur. Et il faudrait modifier les critères d’entrée à l’ENM. »
Et sans doute faire présider le jury par Azraël ?
Rédigé par : Bonne réponse | 14 mars 2008 à 17:04
Votre allusion à NS est intéressante : à mon sens, Mme Sébire ne sera pas reçue à l'Elysée contrairement à la tradition instauré par le Président des Victimes. En effet, et contrairement aux familles dans le deuil qu'il a l'habitude de recevoir et auxquelles il promet à peu près tout et n'importe quoi, parce que promettre des lois ou des commissions de réforme n'engage finalement pas à grand-chose, Mme Sébire est probablement la seule à qui il ne peut pas promettre et raconter ses foutaises habituelles : cette admirable dame est confrontée à un drame réel et ce qui est demandé au Président, ce n'est pas de promettre mais d'agir, pour aussi difficile que ce choix puisse être. Pour une fois, M. Sarkozy, s'il promettait, s'engagerait. Or, habitué à promettre aux frais des autres, NS est, cette fois, dans une posture inhabituelle et c'est sans doute pour cela qu'elle ne sera pas reçue. Quant à Mme Dati, qui pousse le luxe de la bêtise cette semaine à dire que la préoccupation du GDS est de veiller sur les victimes, PRD du MONDE l'a très justement baptisée "Notre Dame des Victimes" pour mieux souligner combien ses prises de position sont grotesques. Un GDS se doit de veiller à l'indépendance de ses Juges, certainement pas de prononcer des fadaises pareilles !
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 14 mars 2008 à 14:44