Daniel Cohn-Bendit, qui vient d'être reçu à l'Elysée, ne veut plus entendre parler de mai 68 dont il a été l'allumeur de mèche, le trublion étincelant. Pourtant, les commémorations de l'événement se sont multipliées et ce n'est sans doute pas terminé. Des débats sont organisés qui montrent qu'il y a quelque chose de pire que le militantisme : c'est le militantisme qui se souvient et se rengorge. Sur ce plan, l'émission de Frédéric Taddéï, au demeurant toujours remarquable, nous a offert il y a quelques jours un florilège dont André Gluksmann a été un pitoyable et intarissable fleuron. Pas une seconde le doute ne l'a assailli, alors qu'il se trouvait en compagnie de Wolinski et de quelques autres, sur le caractère ridicule de sa prestation et de sa tentative échevelée de laisser croire qu'aujourd'hui était hier et qu'hier avait été seulement épique. Pierre Marcelle dans Libération - et avec le sens de la nuance qui le définit... - a évoqué de manière acerbe "ces salauds de soixante-huitards" en moquant les discours et les attitudes imputant à mai 68 la responsabilité de tous les maux présents.
Questionné il y a quelque temps sur cette révolution ratée, je me suis aperçu qu'il n'était pas facile, si on désirait éviter l'alternative d'un mai 68 encensé ou détesté, d'appréhender, derrière la spontanéité et la violence brute de ces péripéties qui n'ont pas été loin de déstabiliser de Gaulle et l'Etat avec lui, leur nature véritable et leurs conséquences complexes.
A l'évidence, des signes avant-coureurs étaient apparus qui auraient pu, du être perçus par un Pouvoir trop soucieux de ménager son rôle en surplomb de la société pour s'en préoccuper. La France s'ennuie, avait prévenu Pierre Viansson-Ponté et le rapport Narbonne sur l'Education Nationale avait fourni des clés angoissantes pour l'avenir. Au-delà, par une lucidité rétrospective facile, j'en conviens, une société corsetée, serrée jusqu'à étouffer, ordonnée et rassurante dans la certitude des positions, des compétences et des statuts indiscutés pour l'éternité, dans l'affirmation des vérités consacrées, laissait passer, si on tendait l'esprit, comme un soupir de lassitude, des manifestations d'impatience, voire d'exaspération. Habillée d'une manière qui la gênait aux entournures, elle était prête à accepter les forces qui auraient le culot de la mettre à l'aise. En ce sens, il n'est pas faux de soutenir qu'une société cravatée a choisi le col ouvert. Je n'étais pas encore magistrat mais, très rapidement après, dans la justice, un vent de liberté s'est diffusé qui a touché les apparences plus que le fond. Le Syndicat de la magistrature s'est construit sur cette ambition de décontracter une institution figée et il a fait longtemps de cette volonté son obsession fondamentale, sa passion pour la gauche politique n'étant que l'une des manières d'agiter et d'éveiller notre monde professionnel.
De multiples explications, dont aucune n'est absurde, ont cherché à déchiffrer cet immense et remuant kaléidoscope dont on peut se demander si son échec politique ne lui a pas permis une victoire infiniment plus profonde sur le plan sociétal. Comme si le regret des uns et le soulagement des autres avaient fait cause commune pour tirer de cette fête ou de cette chienlit le meilleur possible pour tous. Comment ne pas admettre qu'on a rué dans les brancards étatiques et qu'on a envoyé "paître" une autorité paternelle symbolique qui fatiguait à force de sollicitude distante et de condescendance technique ? Le jeune citoyen a prétendu, soudain, vouloir s'occuper de ses affaires et cette envie somme toute légitime était trop perturbante alors pour ne pas susciter les reproches, la sévérité des instances régulatrices, du "père" de Gaulle. Elle était d'ailleurs tellement étrangère aux revendications classiques qu'elle a laissé de marbre le syndicalisme dit sérieux.
L'analyse autorise qu'on mette en évidence notamment deux évolutions fondamentales. La première a été très justement évoquée par Pascal Bruckner, soutenant que "depuis mai 68, le plaisir est devenu son propre juge". Une seconde, clairement raccrochée à la première, me semble caractériser l'irruption des personnalités, des individualités dans l'espace politique sorti de ses gonds. Le paradoxe est que ce qui apparaît de prime abord comme le triomphe du collectif portait en son sein le triomphe du singulier, l'éclosion de singularités tentant de se fondre dans la masse mais, malgré elles, éclatantes dans un paysage qu'elles auraient souhaité uniforme. Le plaisir, l'individualité : une appétence de vie, une frénésie de liberté, la volupté d'être soi et de se dicter ses propres règles, la certitude vite déçue que le désordre seul était créatif, le sentiment mélangé que l'idéologie nous contraignait à penser que rien ne pourrait s'accomplir sans les autres, les frères, les camarades, que sais-je encore, mais que le feu d'artifice naissait et brillait en chacun. Il y avait plus de magie dans l'inconnu intime que dans l'inconnu social.
Mai 68 a inventé, en tout cas magnifié un personnage mythique dont on ne finit pas de subir les foudres et de tresser les lauriers. Vous avez compris que cet être, c'est le "jeune". Pour la première fois, et à ce point, on a prétendu donner au provisoire, au précaire et au virtuel le statut de l'immuable, du nécessairement pertinent et du respectable par principe. On a changé d'idoles et aux autorités établies d'avant mai 68, aux gloires illustres, aux personnalités enrichies de savoir, pétries de culture et riches d'un parcours de vie, aux officiels en quelque sorte, on a substitué, par un coup de force jamais remis en cause, au contraire amplifié, un jeunisme dévastateur, la révérence de l'improvisé et de l'officieux, l'adoration de ce qui n'est qu'un passage dont la fraîcheur viendrait faire oublier l'inévitable ignorance, les obligatoires limites. Depuis mai 68, le "jeune" est devenu le dieu d'une société qui perd toute dignité en hyperbolisant ce devant quoi elle n'a plus su demeurer exemplaire. L'idolâtrie du jeune, c'est tout ce qu'a trouvé la maturité ou la vieillesse pour se décharger du souci d'éclairer et du devoir d'enseigner. C'est l'âge qui impose sa loi. Rien de plus grotesque, à cet égard, que ces manifestations de lycéens qui perdent leur temps au prétexte de réclamer plus de professeurs. Parfois, ils sont critiqués mais pas un politique responsable n'ose porter atteinte au sacro-saint principe du "jeunisme" immaculé. Même quand il est dépourvu de toute crédibilité.
Nous sommes tous les héritiers de mai 68 mais rien ne me semblerait plus erroné que de formuler une conception mécaniste de l'Histoire qui placerait aujourd'hui sur les épaules d'hier, notre société sur celles de mai 68.
D'une part, je persiste dans cette intuition que confusément mai 68 a rempli une mission espérée par presque tous, mise en oeuvre par une minorité. Les manifestants, certes, n'ont pas été l'avant-garde des autres citoyens mais quelque chose s'est dénoué qui, peut-être, nouait collectivement. L'air libre était sans doute l'aspiration de beaucoup mais là où les uns voulaient une adaptation, une rénovation, les autres désiraient un bouleversement.
D'autre part, depuis cinquante ans, mai 68 est devenu l'alibi commode, le prétexte rêvé pour une communauté nationale qui, par ses élites politiques, intellectuelles et médiatiques, a largement fait la preuve de son incurie. Par exemple, les enseignants. Certes, mai 68 a mis à mal l'autorité bête et méchante mais si l'intelligente et la compréhensive ne sont que trop rarement revenues, c'est que tout simplement l'exigence même d'autorité s'est vu niée par ceux qui avaient le devoir éthique et technique de la sauvegarder. On laisse tout faire, on a peur d'intervenir, on tremble devant la terrible puissance des imbéciles, mais, bien sûr, c'est à cause de mai 68. La politesse, le respect, l'élégance, le dialogue authentique, l'humanisme vrai, la culture, la volonté de concilier plus que la rage de diviser, autant de trésors que notre faiblesse a dilapidés et que mai 68, faussement, nous aurait pris. Tout au plus, ce cataclysme festif et qui, sans le préfet Grimaud, serait devenu tragique a ouvert des brèches que nos compromis faciles avec l'air du temps ont sans cesse élargies.
A supposer même que pour certains aspects de la vie sociale et familiale, ces événements aient marqué durablement et profondément notre tissu existentiel, notre manière de penser, d'agir ou de nous trouver en relation avec autrui, ces tendances ne doivent pas faire oublier la leçon fondamentale et triste de mai 68, dans la suite implacable de ce que je viens de développer. Les adultes, globalement, ont laissé se déliter leur courage, leur capacité d'affrontement. Ils ont théorisé leur lâcheté. Ils ont prétendu en faire une force. Ce n'est pas seulement le culte du "jeune" rappelé plus haut, c'est aussi un poison qui a pris possession de la dignité d'être homme, de la fierté de résister, de l'orgueil de parler librement, de l'aptitude à gouverner sans démagogie ni mépris. Cette décadence, cette déchéance, même si je ne méconnais pas le caractère trop général de ce billet, sont dévastatrices car de quelque côté qu'on se tourne, plus personne pour représenter un exemple indiscutable, plus rien pour constituer un repère certain.
Nous sommes confrontés aujourd'hui, non plus seulement à un pays se cherchant désespérément un destin mais à une solitude où l'être cherche quelqu'un et où il ne trouve plus personne. Des illusionnistes peut-être, mais des lumières ?
Mai 68 serait-il à ce point notre obsession, aujourd'hui, si notre attente était comblée, notre bonheur assouvi, notre désir de justice compris et notre être collectif accueilli ? Alors, mai 68 comme succédané de nos chagrins, pour paraphraser Marcel Proust ?
GAI 68
Comme ils sont jeunes les billets de Monsieur Philippe Bilger !
Ils n’ont vraiment pas besoin de congélateur !
"Certes, mai 68 a mis à mal l'autorité bête et méchante mais si l'intelligente et la compréhensive ne sont que trop rarement revenues, c'est que tout simplement l'exigence même d'autorité s'est vu niée par ceux qui avaient le devoir éthique et technique de la sauvegarder. On laisse tout faire, on a peur d'intervenir, on tremble devant la terrible puissance des imbéciles, mais, bien sûr, c'est à cause de mai 68. La politesse, le respect, l'élégance, le dialogue authentique, l'humanisme vrai, la culture, la volonté de concilier plus que la rage de diviser, autant de trésors que notre faiblesse a dilapidés et que mai 68, faussement, nous aurait pris. Tout au plus, ce cataclysme festif et qui, sans le préfet Grimaud, serait devenu tragique a ouvert des brèches que nos compromis faciles avec l'air du temps ont sans cesse élargies." (citation tirée du billet)
Rédigé par : duval uzan | 07 juin 2013 à 17:02
@Gérard Lenne
"Mai 68 forever, comme les champs de fraises !"
Erreur ! ai-je pourtant envie de dire quant à ces champs de fraises qui m'évoquent les coteaux de la Moselle où mes cinq ans se barbouillaient avec délice de fraises juteuses dans la foulée du panier maternel fleurant déjà bon tartes et confitures, mais qui ne s'ornent plus désormais que de quelques pommiers délaissés et véreux ! Ah la concurrence des coûts de main d'œuvre pour le repiquage et le ramassage ainsi que les frontières flottantes qui dès lors que le statut de la Sarre a changé ont progressivement perdu leur clientèle.
"Une vieille tradition, au fond : celle du carnaval."
Le carnaval me paraît de tous les temps et de toutes les économies qui montre au grand jour ce qui reste caché toute l'année et est censé assurer le renouvellement d'énergie du potentiel de fécondité, ce qui ne me semble pas avoir été le but non plus que la conséquence de 68, en particulier concernant le potentiel de croissance des années 60.
Rédigé par : Catherine JACOB | 02 mai 2008 à 09:02
Mai 68 de l’intérieur
Ce qui est bien avec Mai 68, c’est que le sujet est inépuisable. Mai 68 forever, comme les champs de fraises ! Dans l’ensemble, je suis plutôt d’accord avec ce texte, et je ne vais pas théoriser mais apporter mon témoignage, en situant au besoin dans un contexte parfois bien oublié.
On a la mémoire courte, et les Français l’ont particulièrement. On parle de société bloquée ou
« cravatée », d’autoritarisme gaulliste, mais il est difficile de se représenter aujourd'hui ce qu’était cette France des années 60, le formidable hiatus entre une ébullition artistique, cinématographique (dans la foulée de la Nouvelle Vague), musicale (le rock et la swinging London), entre la fermentation de toutes aspirations et un pouvoir politique qui donnait toutes les apparences d’être aveugle et sourd. Se souvient-on que le monopole d’Etat sur l’audiovisuel (radio et télévision) se traduisait pour l’opposition politique par une interdiction de s’y exprimer, alors qu’on y voyait quotidiennement les ministres. Si bien qu’en 1965, ce n’est que pendant la campagne électorale officielle que ses leaders ont pu y apparaître pendant quelques heures. C’est aujourd'hui inimaginable.
A propos de politique, on a oublié aussi à quel point les législatives de 1967 s’étaient jouées d’un cheveu. La gauche avait failli l’emporter et vivait sur cette frustration, mais dans l’idée que ce serait pour la prochaine fois. Mais la prochaine fois, ce devait être en 1972. Les militants sont impatients.
Un Mitterrand, lui, jouait sur la durée. On avait bien remarqué que l’année 1972 devait marquer une double échéance : la fin du deuxième mandat présidentiel de de Gaulle et la fin de la législature. De Gaulle aurait alors 82 ans, Mitterrand 56 et Pompidou 62. Ils allaient probablement s’opposer, et Mitterrand aurait toutes ses chances. Pour lui, Mai 68 (pendant lequel il sera pris à parti dans la rue par des étudiants) c’est un peu l’effondrement d’un château de cartes. Rien d’étonnant s’il en voudra toujours à cette « deuxième gauche » qui s’est reconnue en Mai 68, celle de Michel Rocard, d’Edmond Maire et de leurs amis.
1967, c’est une époque où les étudiants se politisent. Ils sont sensibles en particulier aux formes que prend dans leur domaine le caractère autoritaire et volontiers policier du régime. La censure encadre durement la liberté d’expression artistique. Pour les cinéphiles (et qui ne l’est pas, à l’époque !), l’affaire de « La Religieuse » en 1966 marque une première cristallisation de révolte. Godard stigmatise Malraux qui, à nos yeux, est désormais déconsidéré. Début 1968, c’est l’affaire Langlois avec, déjà, ses manifs, ses affrontements avec une police vite brutale, et l’émergence de Cohn-Bendit.
Entre ces deux événements, on ne saisit pas d’emblée un déroulement parallèle mais on le perçoit : dans un cas comme dans l’autre, une mesure gouvernementale est prise à la légère, le pouvoir se laisse surprendre par la rapidité et l’ampleur de la mobilisation et par les soutiens de prestige dont elle bénéficie, au-delà des générations. Dans un cas comme dans l’autre, surtout, le pouvoir gaulliste en vient à reculer, dans les pires conditions possibles pour lui, au moment où on ne lui sait plus gré de cette reculade. La leçon sera retenue.
L’histoire de Mai 68 dans sa première partie (jusqu'au 13 mai) est un enchaînement de maladresses et d’imbécillités gouvernementales. Un chahut qui dégénère.
L’arrestation d’une demi-douzaine de manifestants et leur jugement en plein week-end selon une procédure de flagrant délit sans doute courante, mais inadaptée à la situation, est le détonateur du mouvement qui va s’amplifier de jour en jour, du 3 au 10 mai, galvanisé par un mot d’ordre :
« Libérez nos camarades ! », et par l’indignation croissante que provoque une brutalité policière qu’on découvre alors. A cet égard, il faut préciser par exemple que le slogan « CRS = SS », qui a scandalisé a posteriori, s’est imposé tout naturellement pour une génération jusque-là protégée. La police de la Ve République, longtemps sous l’autorité de Maurice Papon, s’était montrée particulièrement féroce du temps de la guerre d’Algérie, mais nous ne le savions guère. La répression meurtrière du 10 octobre 1961, les médias en avaient à peine parlé. La seule référence qui venait donc à l’esprit, devant l’acharnement des policiers matraquant les manifestants à terre ou les simples passants, était pour nous les films se déroulant sous l’Occupation. Le SS était l’achétype du méchant. Le CRS (qui souvent était un garde mobile) prenait la suite.
Il est donc probable que si l’engrenage n’avait pas été enclenché, si la Sorbonne n’avait pas été fermée et si nos camarades avaient été libérés, il n’y aurait pas eu de Mai 68. Après la nuit des barricades, retour d’Afghanistan, Pompidou a pris la décision la plus habile en cédant sur ces deux points, en rouvrant la Sorbonne et en libérant les étudiants incarcérés. Mais c’était trop tard.
Car deux ou trois jours auparavant s’était passé l’inconcevable, qui donne à Mai 68 sa dimension exceptionnelle. J’ai le souvenir très clair d’une Assemblée générale, à la fac de Lettres de Lille, où furent soudain annoncée les premières grèves ouvrières (à Nantes, je crois), déclenchées en solidarité avec les étudiants. Une clameur d’enthousiasme s’est élevée alors, même si on ne comprenait pas encore très bien ce qui était en train de se passer.
Bien sûr, avec le recul, nous savons que ce fut aussi la grande illusion de Mai 68. La CGT en particulier allait mettre tout son poids pour tenter d’empêcher un front uni étudiants/ouvriers. Elle finirait par y parvenir, mais l’illusion fut vivace pendant une quinzaine de jours, du 13 au 30 mai…
Je voudrais quand même m’élever contre un terme trop souvent employé : la « révolution ratée ». Mai 68 ne fut pas une révolution ratée dans ce sens qu’il n’avait pas de but politique précis. Il avait un souhait : le renversement du régime gaulliste. Mais sinon, la voie Mendès France étant exclue par l’intéressé lui-même, le
« mouvement » n’avait pas de but déclaré, et de Gaulle a su habilement en profiter.
Révolution ratée non, dirais-je, mais aggiornamento réussi. Je reprends ce terme au vocabulaire catholique des années 60, celui du Concile : une mise à jour de la société, ce terme aujourd'hui courant en informatique (on dit aussi « rafraîchissement »). Mai 68 n’a pas inventé, mais magnifié, en effet.
Le « jeune », ce n’était pas une nouveauté. Il s’était forgé petit à petit depuis 1960/61, à travers l’émission quotidienne de Daniel Filipacchi « Salut les copains », et son journal.
Révolution non, grande fête oui. La violence était du côté des « forces de l’ordre », et quand celles-ci se retirèrent, sur décision de Pompidou et malgré de Gaulle, la fête a commencé, symbolisée par ce piano dans la cour de la Sorbonne. J’ai un autre souvenir de Lille, lorsque nous investissions les rues, la chaussée, en installant les tables et les chaises des cafés. Cette autre illusion que tout est permis, soudain. Une vieille tradition, au fond : celle du carnaval. Quand le pouvoir perd toute autorité, pour quelques heures, pour quelques jours.
Rédigé par : Gérard Lenne | 01 mai 2008 à 19:02
Il y aurait dix fois plus de raisons objectives de voir un tel soulèvement générationnel en France aujourd'hui qu'à l'époque...
http://bboeton.wordpress.com/2008/04/26/mai-68-chacun-son-couplet/
Bien cordialement.
Rédigé par : L'Abrincate | 30 avril 2008 à 06:05
@Laurent Bourdelas
"J’étais effrayé d’entendre le nom de cette spécialité : les poussins à la Wantzenau"
Il ne s'agit pas d'une recette mais d'un label tout comme en ce qui concerne la poularde de Bresse (Plumage entièrement blanc, y compris le camail - pattes bleues fines, entièrement lisses - crête rouge, simple, à grandes dentelures - barbillons rouges - oreillons blancs ou sablés de rouge - peau et chair blanches - bague d'identification apposée à la patte gauche - scellé tricolore apposé à la base du cou)
ou encore le boeuf de Salers réputé pour la saveur, la couleur et le persillé de sa viande (http://www.salers.org/), par exemple. Pour les poussins voir également au besoin : http://www.sdv.fr/pages/alainh/lawantz.htm
"Nous sommes partis en vacances à Bidart, il y avait de l’essence pour les réservoirs. Mon père me raconta que c’était un ancien port de chasseurs de baleine. La seule dont je me souvienne, c’est celle échappée d’un parapluie qui me fit mal à l’oeil."
A toute fins utiles, sachez que "tous les parapluies peuvent être remis en état, anciens comme récents avec changement de baleines, de mât et de poignée."
Voir éventuellement : http://www.peps-paris.com/
Il me semble cependant qu'il y a comme un manque dans votre listing pourtant déjà bien fourni, celui de Casimir. Vous ne vous rappelez pas le Dinosaure orange à pois jaunes et rouges de la famille des Casimirus ?
"Voici venu le temps, des rires et des chants..." : http://www.casimirland.com/ile_aux_enfants/index.php
Rédigé par : Catherine JACOB | 29 avril 2008 à 10:14
J’avais 6 ans et j’étais beau, blond aux cheveux presque blancs, yeux bleus, clairs, et j’étais maigre, aux côtes saillantes – enfant qui ne voulait pas beaucoup manger, qui stockait la viande dans sa bouche, avant de la recracher en cachette dans la poubelle. C’était à Limoges, dans le quartier de la cathédrale sans flèche, dans un appartement où j’habitais avec maman, qui ne travaillait pas pour s’occuper de moi, et papa, qui conduisait des locomotives à vapeur et peut-être déjà à diesel. Chaque matin, au moment d’aller à l’école du boulevard Saint-Maurice, mon ventre se tordait étrangement, et je vomissais presque immanquablement devant une boucherie peinte en rouge à l’angle d’une rue ouvrant vers la place Jourdan. La bouchère (ou la charcutière ?) m’apportait alors sur le trottoir un verre d’eau, peut-être sucrée, pour faire passer le goût âcre et me redonner du courage ; puis, je repartais vers l’école, tenant la main de maman, un manteau sur ma blouse à carreaux, une casquette anglaise sur mes cheveux courts, en pantalon ou en culotte courte.
A la maison, un midi, mon grand-père Marcel, qui n’avait plus son magasin de vin place des Bancs, était venu manger, sans mamie Rose, et il avait coupé en deux l’assiette en porcelaine à carreaux bleus et blancs en même temps que son beefsteak.
A la radio, on entendait souvent une chanson des Moody Blues qui parlait, je crois, de draps blancs en satin. Je ne me souviens pas de Salut les copains ! sur Europe 1. Je n’avais pas entendu le nom de Saïgon, ni de Martin Luther King, je ne savais rien du Sinaï. Mais déjà, pendant l’hiver, il était question de grèves de cheminots. Est-ce que je savais ce qu’étaient les cheminots, que mon père en était un ? Il prenait ses affaires, m’embrassait, me disait : « Je vais faire un petit tour de persil », il sortait, et puis il ne revenait que le soir ou le lendemain, sentant le savon de la douche du dépôt. Moi, je lisais Le Journal de Nounours grand format, que maman m’avait acheté à la maison de la presse le samedi en fin de matinée. 1,50 francs, tout en couleurs, les histoires de Philippine, de Nounours, Nicolas et Pimprenelle, les coloriages, l’abécédaire, les jeux, les aventures de Poudre de riz et celles de Couic le caneton... en attendant Pif gadget un peu plus tard. Dans la rue, nous étions plusieurs à crier, sur les trottoirs en rentrant de l’école : « Pompidou, des sous ! » sans savoir qui était Pompidou. Mon père m’apprenait à siffler devant la bibliothèque, chez nous, peut-être même qu’il me parla de la fusée Véronique que l’on venait de lancer depuis la base spatiale de Kourou.
Lorsque j’étais sage, nous descendions le mercredi soir chez nos voisins, Madame et Monsieur Lereclus, qui avaient un poste de télévision, pour regarder La Piste aux étoiles, de Gilles Margaritis, sur la première chaîne de l’O.R.T.F. : Roger Lanzac était un Monsieur Loyal qui me faisait rêver, avec son chapeau haut-de-forme, comme tous les artistes réunis au Cirque d’hiver de Paris, comme la musique de l’orchestre de Bernard Hilda. Parfois aussi, j’allais voir le clown Kiri et sa petite troupe de cirque : Laura l'écuyère, Ratibus le chat, Pip'lett la perruche et Bianca la jument. Le lendemain, c’était jeudi, il n’y avait pas école ! Monsieur Lereclus, un ancien facteur, m’amenait parfois avec lui au grenier, soulevait des couvertures, faisant apparaître ses canaris dans leur cage, qui se mettaient à piailler. Sa femme était grosse ; je l’aimais beaucoup.
La radio chantait de plus belle, et les vinyles tournaient sur l’électrophone gris. Je mimais des play-back en tenant un manche à balai. Mes parents m’achetèrent un harmonica jaune. Je me souviens de : « Elle m’a dit d’aller siffler sur la colline... » par Joe Dassin, « Comme un garçon j’ai les cheveux longs » par Sylvie Vartan, de la flûte de « Paris s’éveille » et aussi de l’ « Alouette alouette » par Gilles Dreu, un grand type moustachu, et de « La Cavalerie » par Julien Clerc. Et puis il y avait ces chansons que j’aimais vraiment beaucoup, mais dans une langue que je ne comprenais pas : « Hello Goodbye » chanté par quatre jeunes hommes un peu étranges, habillés en longues tuniques roses, bleues ou jaunes, et « Rain and tears » par les Aphrodite’s Childs. Et puis un jour, ma fiancée, Patricia, qui avait douze ans, m’offrit mon premier 33 tours, celui de Johnny Hallyday, et je devins un rocker du cours préparatoire. Patricia avait de longs cheveux, s’habillait en robe blanche et me jouais du piano chez elle – j’en étais éperdument amoureux. « Kili kili kili kili watch watch watch watch/Keom ken ken aba/Depuis deux jours je ne fais que répéter/Ce petit air qui commence à m'énerver/Oui! Kili kili kili kili watch watch watch watch/
Keom ken ken aba....”
L’hiver, nous étions allés chez nos cousins à Strasbourg où les gens parlaient une drôle de langue. Noël dans la neige, dans les illuminations, sur la luge de bois. J’étais effrayé d’entendre le nom de cette spécialité : les poussins à la Wantzenau. Le soir, lorsque nos parents nous laissaient à la baby sitter pour aller dîner en ville, je les imaginais dévorant les pauvres petits volatiles, sans doute aussi jaunes et mignons que les canaris de Monsieur Lereclus. Je triais tous les ingrédients du riz cantonais dans mon assiette pour en manger le moins possible, ce qui énervait la femme de mon parrain. Bruno, mon cousin, était vietnamien ; je ne savais pas pourquoi mais, visiblement, il ne ressemblait pas à ses parents, avec sa peau brune et ses yeux bridés. Ils ont tous eu la varicelle, mais pas moi.
Il y a une photo où je fais des crêpes dans une petite poêle, dans la cuisine, avec maman et son amie Andrée, ma marraine, pour la Chandeleur. Je suis tiré à quatre épingles, comme toujours.
J’étais dans une école que j’allais bientôt quitter mais je ne le savais pas. J’apprenais à lire, à écrire, à compter, avec un instituteur barbu en blouse. Nous étions entre garçons. J’en ai peu de souvenirs ; seulement, je crois, celui du maître prévenant mes camarades que j’allais subir une opération chirurgicale : une hernie, ou quelque chose d’approchant. Je ne me souviens que de la salle d’opération, de la grande lampe au-dessus de moi, tout petit, et de l’horrible masque pour m’endormir. Je me souviens de papa venant m’offrir Le Pied-Tendre, une aventure de Lucky Luke auparavant parue dans Spirou. Et puis de ma convalescence à La Gaillardie, chez un colonel, le père de Patricia et de sa soeur Liliane, et son épouse allemande – qui essayait, en vain, de me faire manger en tenant mon couteau à droite. La propriété était une pisciculture en pleine campagne limousine. Est-ce cette année-là que nous sommes descendus, une nuit, par une échelle accolée au balcon, avons pris la barque et sommes allés jusqu’au milieu du grand étang ? Les truites venaient manger les morceaux de pain jusque dans mes mains.
En mai, je sentis mes parents plus fébriles. Il faisait beau. Une certaine agitation était perceptible, un frémissement de l’air, peut-être. Des paroles étranges entendues à la radio. Par exemple que Pépée, la femelle chimpanzé de Léo Ferré, était morte. Ou bien qu’il y avait des barricades à Paris. Mais je ne savais pas qui était Léo Ferré, ni ce qu’était une barricade. La ville semblait en vacances. Mon père rentrait plus souvent – je finis par comprendre qu’il ne travaillait plus. Il faisait des « piquets de grève » ; ça, je comprenais ce que cela voulait dire : là où il travaillait, près des voies de chemin de fer, il enfonçait des poteaux de bois dans le sol. A quoi cela pouvait-il bien servir ? Avec ses copains, il avait accroché un grand drapeau rouge après le paratonnerre de la gare des Bénédictins. C’était joli. Il y avait beaucoup de monde dans les rues. Les trains étaient arrêtés. Nous allions préparer nos vacances à Bidart, chez un ami de la même promotion que mon père, qui vivait à la campagne. Mais je ne savais pas non plus ce qu’était une promotion. Ce que je savais, c’est qu’ils avaient commencé à travailler à 14 ans. Michel avait une femme, Marie-Thérèse, que nous appelions Tété, et trois enfants : Marc, Christian et surtout Claire, alors adolescente qui s’occupait de moi. Leur belle maison était au-dessous des voies de la ligne Limoges-Ussel, mais il n’y passait plus de trains. On parlait de partir en vacances mais on disait aussi qu’il n’y aurait plus d’essence pour mettre dans les réservoirs des voitures ; nous, nous passions de la deux-chevaux à l’ami 6. Moi, j’apprenais à faire du vélo et Yves Montand chantait : « A bicyclette ». C’était un temps de bonheur inquiet.
Je ne comprenais rien aux conversations et aux mots entendus, je crois : « ...Accords de Grenelle, C.G.T., C.R.S., Baden-Baden, gouvernement populaire, Charles de Gaulle, Chienlit, Champs-Elysées, Sorbonne, Odéon, baccalauréat, bombe à hydrogène... »
Nous sommes partis en vacances à Bidart, il y avait de l’essence pour les réservoirs. Mon père me raconta que c’était un ancien port de chasseurs de baleine. La seule dont je me souvienne, c’est celle échappée d’un parapluie qui me fit mal à l’oeil. Les vagues étaient immenses, je les observais les pieds dans l’océan, le corps malingre et bronzé. Elles me faisaient perdre mon maillot de bain. Dans le lointain, des surfeurs se souvenaient du film « Le Soleil se lève aussi ». Je m’inquiétais que l’on veuille me faire déguster du saucisson d’âne. J’entendais vaguement parler de militaires de l’autre côté de la montagne, en Espagne. Mes parents parlaient de leurs amis républicains exilés. Les macareux moines et les pingouins torda semblaient bien étrangers à l’effervescence du monde. Des hommes vêtus de blanc, une chistera attachée à la main, envoyaient des pelotes rebondir sur les frontons des villages. Nous mangeâmes du ttoro : rougets grondins, queue de lotte, congre et langoustines, moules de bouchot, légumes, vin blanc sec et huile d’olive. Plus tard, viendraient les cures à La Bourboule, pour tenter de soigner mes rhinopharyngites, mes pauvres maladies d’enfant fragile. Je commençais à écrire des poèmes dans des cahiers à grands carreaux. Face à la garde civile, mon père prenait des airs de contrebandier.
Il fallut rentrer, déménager, changer d’école.
Mon père et tous les autres reprirent le travail. Mais le drapeau rouge est demeuré fiché quelque part dans leurs coeurs. Sheila chantait : « Long sera l’hiver ». C’était prémonitoire : il dure encore. Ma tête est en flocons.
Rédigé par : Laurent Bourdelas | 28 avril 2008 à 22:00
Bonsoir,
Au sujet de mai 68, n'étant pas née étant (d'autant plus) intéressée, je vais regarder le documentaire sur ARTE, documentaire intitulé " Faites l'amour et recommencez !". Début de la séance dans quelques minutes, à tout' !
Douce nuit !
Rédigé par : Ktrin qui revient après le documentaire sur Arte ! | 23 avril 2008 à 21:00
L’interdit d’interdire aboutit aujourd’hui à une multitude de lois répressives. Reviendrions-nous d'une certaine façon dans le passé ?
A un moment où l’on reparle du gène de la criminalité, où l’on revient sur l’excuse de minorité, etc… je tiens à signaler un film réalisé par Christian Faure qui va sortir le 30 avril prochain qui s’intitule : « Les Hauts murs », adapté du roman autobiographique d'Auguste Le Breton. Tourné à Rochefort, St Jean d'Angely et Tonnay Charentes.
La France des années 30, des maisons de correction pour mineurs, des maisons d’éducation surveillée qui sévirent jusque dans les années 70, il me semble… ?
Reconstitution de la vie de mineurs dans un des centres quasi carcéral pour les pupilles de la nation, des orphelins indigents que la société considérait comme de la mauvaise graine, indésirable…
Lieux de déshumanisation, d’humiliation, « d’instillation » du Mal qui était considéré comme inné, par ailleurs, « prisons » pour enfants à forte vocation destructrice… dont toute évasion faisait l'objet de dures représailles...
Comment enseigner dans ces conditions à un jeune des valeurs morales dans un environnement qui gangrène sa jeunesse ? ....
Film tiré d’un roman d’Auguste Le Breton qui, orphelin de guerre, connut lui-même plusieurs maisons de redressement dont il essaya régulièrement de s’évader…
Rédigé par : Marie | 22 avril 2008 à 12:06
@Duval Uzan
"L'humanité a mis du temps avant de s'apercevoir que l'enfant était le résultat de l'acte amoureux,"
L'humanité peut-être, mais mon chien non qui appartient à une race dont les mâles font d'excellents papas !!
Par conséquent peut-être faut-il parler de savoir intuitif délité puis réapproprié au cours d'une résurgence sous forme conceptuelle ?
" Je ne sais pas si vous y étiez. "
J'étais trop jeune. Plus tard cependant j'ai failli finir écrabouillée par la foule telle un vulgaire moustique contre des portes en verre que des autorités imbéciles qui avaient ouvert par un bout l'université à une compagnie de CRS, l'avaient fermée de l'autre à la sortie des étudiants, grévistes et non grévistes confondus, au-dessus de la tête desquels volaient tables et chaises du haut en bas des escaliers de l’aula.
Heureusement pour la mère de mon fils qui, sans être anorexique était du moins suffisamment mince, rapide et aussi maligne pour se faufiler en passant plus ou moins par en dessous jusqu'à une entrée/sortie encore ouverte, n'a été ni assommée, ni réduite à l'état de vulgaire coulée sanguinolente ou encore chair à pâté passée au travers d’un verre pas spécialement sécurit !
Rédigé par : Catherine JACOB | 22 avril 2008 à 09:53
Réponse à Catherine Jacob.
1- L'humanité a mis du temps avant de s'apercevoir que l'enfant était le résultat de l'acte amoureux, et encore plus de temps pour s'apercevoir que le partenaire mâle jouait un rôle quelconque dans dans cette affaire. Votre exemple l'illustre bien.Il ne faut pas confondre le père avec le grain.
2- Mai 68 n'est rien de plus que ce que vous avez écrit sur l'effet de foule et ses ravages. Je ne sais pas si vous y étiez. Je vous donnerai deux images qui sont restées ancrées dans ma tête.1- Dans le hall de la Sorbonne une jeune femme assise sur des couvertures, son bébé dans ses bras, devant elle un petit réchaud à gaz allumé, elle y chauffait le biberon (ce n'était pas une S.D.F loin de là), elle disait vouloir participer ! 2-Comme tout le monde discutait dans les rues, un jeune homme les yeux rougis par les larmes criait "je n'aurais jamais pensé que de telles choses soient possibles". Je ne sais pas s'il en était heureux ou malheureux. Il était tout à fait fasciné... J'ai le sentiment qu'il a bien résumé ce qu'était mai 68.
Ce n'est pas beaucoup dire que mai 68 nous a légué l'échec scolaire. Parce que ces jeunes voulaient aussi que les petits apprennent à lire sans faire aucun effort. Mai 68 nous a légué la dislexie, la disorthographie, la disharmonie d'évolution mais rien pour disfénéantise.
S'ils étaient sortis dans les rues pour demander que le nombre d'élèves dans les classes de maternelles et de c.p. ne dépasse pas les 15 alors là ils nous auraient vraiment légué quelque chose.
Peut-être n'est-il pas trop tard ??
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 21 avril 2008 à 23:38
@Duval Uzan
"Déchaînement de la horde primitive qui n'avait qu'un seul but, châtrer le "père"."
Je crois savoir que la dimension violente précède la dimension libidinale.
Maintenant il existait chez les prêtres loups des romains - auxquels Freud, qui ne semble connaître que les grecs? ne s'est pas intéressé non plus qu'aux autres Œdipe-, un rite de succession à la tête du collège de prêtres qui nécessitait le meurtre du primat par son successeur désigné et ils n'étaient pas père et fils.
S'agissant de mai 68, c'est tout de même beaucoup dire.
Rédigé par : Catherine JACOB | 20 avril 2008 à 12:11
Bonjour,
Je suis étonnée du titre après votre dernier billet. Alors comme pour suivre la mode je dirai "FAR OVER" 68, cette folie collective qui s'était emparée de la France.
Déchaînement de la horde primitive qui n'avait qu'un seul but, châtrer le "père".
Nous devons nous en souvenir comme d'un "plus jamais ça".
Duval Uzan
Rédigé par : duval uzan | 20 avril 2008 à 10:13
Comme Jean-Dominique : remarquable.
Éclats d'anthologie :
"une société corsetée, serrée jusqu'à étouffer, ordonnée et rassurante dans la certitude des positions, des compétences et des statuts indiscutés pour l'éternité, dans l'affirmation des vérités consacrées, laissait passer, si on tendait l'esprit, comme un soupir de lassitude, des manifestations d'impatience, voire d'exaspération."
Philippe, là vous parlez de 1968 ou de 2008 ?... C'est à s'y méprendre.
"On laisse tout faire, on a peur d'intervenir, on tremble devant la terrible puissance des imbéciles, mais, bien sûr, c'est à cause de mai 68. "
"...la terrible puissance des imbéciles..." ça j'adore+++++++++++++++
Je viens de lire "Nos années" d'Annie Ernaux. Dans ce livre apaisé - je suis une fan d'A. Ernaux -, je ressens beaucoup de ce que vous exprimez dans votre note.
Pour finir, suite à une discussion hier dans mon travail, ceci :
"Qu'on le situe au-dessus ou en dessous de notre espèce, en tout cas on l'en exile.(...) la vieillesse est un secret honteux et un sujet interdit. Quand j'ai dit que j'y consacrais un livre, on s'est le plus souvent exclamé : "Quelle idée ! C'est triste ! C'est morbide !" C'est justement pourquoi j'ai écrit ces pages. J'ai voulu décrire en vérité la condition de ces parias et la manière dont ils la vivent, j'ai voulu faire entendre leur voix ; on sera obligé de reconnaître que c'est une voix humaine."
Extrait de "La vieillesse" - S. de Beauvoir. Ce livre a été publié en... 1970.
Rédigé par : Véronique | 20 avril 2008 à 09:05
«… Les adultes, globalement, ont laissé se déliter leur courage, leur capacité d'affrontement. Ils ont théorisé leur lâcheté. Ils ont prétendu en faire une force…. »
«… Alors, mai 68 comme succédané de nos chagrins, pour paraphraser Marcel Proust ? »
Le mois de mai, historiquement, a toujours été le symbole des revendications et des manifestations.
Certains aimeraient bien voir ressurgir les mêmes événements, aujourd’hui… Pour aller vers quoi ???
Quant à l’affrontement, rassurez-vous, monsieur Bilger, il est bien présent sur votre blog !!!
« Peace and love » disait humoristiquement Ktrin !
«Blanches colombes » jetait notre Cactus national à l’occasion de son retour. Le sieur Cactus qui avait hissé la voile, tout comme le Ponant, qui est revenu, là encore, comme les otages… et qui a pu constater que la mutinerie sur le Bilger’s blog continue…
Combien il est indécent d’observer autant d’intolérance, de discourtoisie, de la part de personnalités diverses dites cultivées, érudites… sur votre blog.
Où est donc la clémence, la générosité, la tolérance sur ce site qui a pour bandeau « justice » ?
Effet 68, vous devriez organiser un voyage à Katmandou… Non, en fait, trop polluée.
En Afghanistan !! Avec votre arme secrète et révolutionnaire : « le Biger’s débat »… Ce serait le sauve qui peut là-bas !!!!
Néanmoins, je ne peux que me ranger à la citation d’Abraham Lincoln : « Le silence devient un péché lorsqu'il prend la place qui revient à la protestation ; et, d'un homme, il fait alors un lâche. »
Par ailleurs, avant de tirer ma révérence, à ceux qui continuent d’utiliser les ch’tis pour se défouler, les ch’tis leur disent « du brun » !! Dany Boon ne s’est pas planqué en Belgique, ou en Suisse, ou au Luxembourg, ou au Etats-Unis… et les 100 millions d’Euros et plus qu’aura rapporté son film, les impôts français seront heureux d’en toucher quelques espèces sonnantes et trébuchantes.
Eune t'chiote citation pour finir :
"Vous puez tellemint fort la honte,
qu'note maroilles à côté, y sint l'déodorant !!! »
J'voulo juste réponte à l'imbécilité.
Au début y l'avo écrit in français mais
Chés concernés n'ayant po d'cerveau,
n'lauro d'toute façon po compris,
donc j'ai gardé m'langue régionale.
Amiteus'mint, a chés fêtes
Rédigé par : Marie | 19 avril 2008 à 19:21
Heu Guzet,
en même temps j'ai entendu Cohn-Bendit se poser de sérieuses questions sur ce qu'a été sa vie.
Qu'a-t-il à son actif ? Il semble qu'il se soit occupé des étrangers quand il avait des fonctions en Allemagne. C'est bien. Est-ce que cela lui suffit ?
Rédigé par : La mouche du coche | 19 avril 2008 à 19:00
Cohn-Bendit était sans doute le plus intelligent des protagonistes de mai 1968 et celui qui a le mieux représenté ce qui est devenu "l'héritage" réel de mai 1968 : sa composante anarcho-libertaire. Une composante qui, chez lui, étendait sa contestation au communisme. En revanche, il ne faut pas oublier que tous les autres "héros" de mai 1968 - tous ceux qui se sont confortablement et richement installés depuis dans la politique, les médias, la pub ou le Sénat...- étaient en 1968 les tenants d'un archéo-marxisme pur et dur, qui ne jurait que par Mao, Castro, Che Guevara et toute la variété des trotskysmes.... Ce sont pourtant ces derniers qui commencent à nous assaillir de leurs souvenirs et de leur célébration sans nuance de l'influence "libératrice" de 1968, qui leur a surtout permis de profiter largement de cette société de consommation qu'ils vouaient aux gémonies, preuve, s'il en était besoin, que si les hommes font l'histoire, ils savent rarement l'histoire qu'ils font... En revanche, le Cohn-Bendit d'aujourd'hui est manifestement conscient du caractère ambivalent que comportaient ces "libérations", dont on commence à peine à prendre la mesure... Preuve qu'effectivement il était le plus intelligent par rapport à ceux qui récitaient stupidement hier l'Evangile marxiste et qui récitent tout aussi stupidement aujourd'hui l'Evangile soixante-huitard...
Rédigé par : Guzet | 19 avril 2008 à 14:48
Remarquable.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 19 avril 2008 à 11:15
Mai 68 est comme la parabole du fils prodigue.
Bien sûr le fils prodigue est revenu après avoir fait plein de bêtises et son frère se réjouit méchamment de n'être pas parti et d'avoir eu raison. Mais le père a bien vu la supériorité de celui qui a quitté sur l'autre : Car l'un a vécu, quand le deuxième non. L'un a essayé quelque chose quand le second rien. Le premier s'est senti "à l'orée d'un merveilleux changement" et l'autre n'a fait que reproduire la vie de son père sans en rêver une autre.
Rédigé par : La mouche du coche | 18 avril 2008 à 22:40
Excellent.
Je me souviens être passé d'un régime éducatif, sévère, à un autre, sympa et de murs qui clamaient "Désaliénez-vous", que je ne comprenais pas.
Rédigé par : neuf ans, en 1968 | 18 avril 2008 à 19:09
Excellent votre blog, je m'en délecte...
Félicitations.
Rédigé par : nana | 18 avril 2008 à 17:59