Je n'aurais pas lu dans le Journal du Dimanche la belle page consacrée par Patrice Trapier à la parole des enfants confrontés à l'époque de Mai-68 à l'ultra-militantisme de leurs parents, je n'aurais pas eu envie d'écrire sur cet étrange et terrifiant numéro de "Ripostes", où Serge Moati avait réuni des invités pour débattre de la "double rupture" du président de la République.
Ce qui se dégage du texte de Patrice Trapier - qui se fonde sur le compte rendu du livre écrit par Virginie Linhardt, la fille du créateur du mouvement maoïste en France Robert Linhardt -, c'est l'amour critique et lucide que la jeune génération porte à ses aînés. Une affection forte et intense mais aussi une volonté claire de refuser, dans leur quotidienneté, l'absence d'éducation, la haine de l'autorité et, plus généralement, la destructuration amoureuse, familiale et sociale. En même temps, et c'est ce qui explique la nostalgie tendre, c'est la reconnaissance à l'égard de personnalités leur ayant appris le rôle capital de l'intelligence, de la culture, des idées, du langage. Au fond, la relégation du futile au bénéfice de l'essentiel.
Au sein des propos passionnants tenus par quelques descendants d'aînés illustres et militants en mai 68, est nichée la faiblesse fondamentale des pensées et des pratiques, à la fois personnelles et collectives, de ceux-ci. C'est la perversion qui les a conduits à placer la politique, l'idéologie, l'exclusion de l'autre, les antagonismes et les fractures liés à la conception révolutionnaire, au centre de tout, au coeur de la vie dans toutes ses facettes, même les plus éloignées de la revendication citoyenne. On devine bien qu'une telle vision ne pouvait qu'entraîner la détestation des opinions adverses mais aussi l'hostilité, voire plus, à l'encontre des personnes qui les faisaient valoir.
On avait le droit d'être optimiste et de supposer qu'une aussi choquante politisation de l'existence appartenait à un passé important dans notre histoire mais dénué de nocivité sur notre présent.
Et, pourtant, à Ripostes, on a dû supporter Emmanuel Todd. Connu pour ses livres souvent éclairants et paradoxaux, tombé depuis quelque temps dans un anti-américanisme délirant, il était attendu avec une certaine impatience auprès d'invités contrastés mais tous de très bonne compagnie intellectuelle : Bernard Guetta, Alain Madelin, le ministre de la Défense Hervé Morin et Pierre Moscovici.
J'avoue avoir eu peur en considérant le visage fermé d'Emmanuel Todd, le regard fixé devant lui, jamais l'ombre d'un sourire, une concentration absolue sur la seule chose qui apparemment lui importait : montrer que l'autre, le voisin, celui qui parlait avant ou après lui n'était rien, que ses idées étaient nulles et que l'émission n'avait de sens que si la parole lui était dévolue. Plus grave, son enfermement dans une prison intime sûre de sa vérité, portant avec arrogance la certitude de ses pétitions de principe s'accompagnait de ce que je n'hésite pas à qualifier d'un mépris, voire d'une haine à l'encontre de son entourage sauf, évidemment, Serge Moati. Il y avait là comme une surprenante familiarité avec des intégristes musulmans conviés parfois, qui écrasaient tout et tous sous leur intolérance dogmatique et interminablement raisonneuse. Je ne méconnais pas que ma subjectivité pouvait m'égarer et que d'autres téléspectateurs éprouvaient peut-être une autre impression. En tout cas pas celle de l'urbanité intellectuelle et de la correction humaine chez Emmanuel Todd. Mais qui faut-il penser être pour qu'on n'hésite pas à allier, dans son regard et son attitude, la contestation des dires et la néantisation de la personne. Un sentiment d'effroi devant cette glaciation, ce clivage, cette rupture, ce Mur de Ripostes, exceptionnels dans une émission qui a toujours voulu être le lieu de controverses intellectuelles intenses mais civilisées, où les intelligences se combattaient mais les visages se respectaient.
Faut-il même évoquer le fond des interventions d'Emmanuel Todd ? On ne peut pas passer sous silence la phrase condescendante et, croyait-il, décisive par laquelle il était persuadé de clore tout débat sur les talibans. Ne se tournant pas vers Hervé Morin - c'aurait été lui faire trop d'honneur -, Emmanuel Todd a seulement lâché d'un air las et dégoûté, comme s'il devait dialoguer avec des primates, "Les talibans sont des êtres humains". Grande, formidable nouvelle. Comme si qui que ce soit sur le plateau de Ripostes ignorait l'humanité des talibans ! Le problème résidait précisément dans cette indéniable qualité d'êtres humains, qui ne les avait pas empêchés d'élaborer et de mettre en oeuvre une politique indigne, véritablement inhumaine, notamment à l'encontre du sexe féminin. On avait donc le droit de s'interroger sur le principe et en tout cas les limites d'un dialogue avec ces êtres-là, ces fanatiques. Pour Emmanuel Todd, c'était un péché mortel. N'être pas d'accord avec lui relevait d'une insoutenable transgression. C'était pitoyable à force de pompe intime et de vanité impérieuse.
Ce qui autorise une comparaison avec le regard des enfants des protagonistes de mai 68, c'est qu'il semble qu'on retrouve hier comme aujourd'hui, même si le registre passe du collectif à l'individuel, une même hypertrophie du politique, une même assurance d'avoir forcément raison, une détestation identique des malotrus qui pensent autrement et qui osent contredire. Emmanuel Todd est une incarnation exemplaire du terrorisme intellectuel qui n'est pas loin, symboliquement, de vouloir couper les têtes et les dissidences par rapport à la seule dissidence qui vaille : la sienne. Il a réussi à plomber Ripostes, à cause de son être qui mêlait la fierté ostensible d'être soi à un côté Fouquier-Tinville glacé, pire qu'éructant.
Rien ne fera mieux comprendre le sentiment d'avoir été replongé dans ces temps où il ne faisait pas bon contredire qu'un parallèle, pour finir, entre Emmanuel Todd et Alain Finkielkraut. La concentration autiste du second et sa parole introvertie ne sont destinées qu'à l'élaboration de sa réplique vigoureuse à autrui et à l'affinement de sa propre pensée. L'autarcie intimidante du premier ne renvoie qu'à une conception monolithique du dialogue et à l'expression d'une opinion qui fait froid dans l'esprit.
Emmanuel Todd ou glaciation à Ripostes.
Rédigé par Monsieur Savonarole le 13 mai 2013 à 19:20
C'est donc sa fete a deux jours de son anniversaire... si je comprends bien !
Quant a "...ce célèbre philosophe communiste français, qui adulé de tout Saint-Germain-des-Prés a fini en cabane ?.."
Non, non selon Wikipedia : "La justice le déclare dément au moment des faits en février 1981 en vertu de l'article 64 du code pénal de l'époque :«il n’y a ni crime ni délit lorsque l’accusé était en état de démence au moment des faits »."
Ces victimes sont quand meme difficilement supportables !!!
Rédigé par : Valerie | 14 mai 2013 à 15:58
Rédigé par : anne-marie marson | 14 mai 2013 à 12:00
Certes il a le charme des aristocrates anglais de la série TV "Downton Abbey", et ses études à Cambridge lui ont donné cet air arrogant qui ne manque pas de classe ; les Français confondent souvent les deux, arrogance et classe, dès qu'il s'agit des Brits.
Toutefois, lors de son débat avec Marine Le Pen, il s'est cru oblige en fin d'émission de hurler "vous me salissez !"... Il était tout d'un coup redevenu... français ! Devant les sornettes de MLP il aurait dû savoir se tenir.
Rédigé par : Savonarole | 14 mai 2013 à 14:31
@Savonarole
Je ne comprends pas votre jugement sur E.Todd. Je l'ai entendu récemment sur le plateau de "Ce soir (ou jamais !)". Je trouve que son discours est plutôt cohérent. C'est vrai qu'il a tendance à considérer que ce que disent les autres est nul, mais il dit aussi qu'il n'est pas là pour être sympathique et il le sait.
Rédigé par : anne-marie marson | 14 mai 2013 à 12:00
Les dernières déclarations d'Emmanuel Todd glacent le sang.
Nous sommes devant un cas psychiatrique de type Docteur Folamour ; son visage émacié, ses lèvres incontrôlées, le teint blême, la variation des décibels dans sa voix, les regards obliques, tout indique que cet hyper-cérébral a les câbles qui se touchent. Finira-t-il par étrangler son épouse, comme ce célèbre philosophe communiste français, qui adulé de tout Saint-Germain-des-Prés a fini en cabane ?
Rédigé par : Savonarole | 13 mai 2013 à 19:20
Quelques mots sur E. Todd, dont j'ai découvert il y a quelques années la stupéfiante clarté de vue de "Après l'empire". Je suis allée voir sur le site de la 5 le "Ripostes" en question et là je m'interroge : quelle mouche vous pique à son propos ? D'accord il n'est pas télévisuellement "sexy" comme peut l'être Moscovici (très en progrès ces temps-ci). Il a à peine pu s'exprimer, ses théories sont toujours novatrices, intéressantes, il ne cherche pas, contrairement à vos dires, à tout imposer mais plutôt à faire comprendre la très grande gravité des enjeux au milieu d'une compagnie satisfaite d'elle-même et qui, contrairement à lui, court d'une émission à l'autre. J'aimerais comprendre la véritable nature de cette détestation...
Rédigé par : Marie Lucas | 18 avril 2008 à 20:49
@Véronique
"Tant son commentaire a bien saisi le fond du sujet de la note."
J'ai passé l'âge de faire mon explication de texte pour Jeudi en huit et il me suffit largement d'expliquer à mes élèves comment lire un texte d'auteur et rendre compte de leur lecture pour ne pas encore recommencer dans la blogosphère, vu que à raison des douze pages réglementaires format A4 réclamées par ce style d'exercice, le G7 qui encombre déjà le chemin de votre chou-chou risquerait de se transformer en convoi exceptionnel. Aussi je me limite à souligner un point ou l'autre qui m'interpelle tout en tressant mes mots en forme de petit manteau de pluie pour mini boule de poils craquante. Vous ne voudriez tout de même pas que le pauvre chi hua hua ne soit qu'à demi couvert. Ceci étant, c'est vrai que parfois, je l'agrémente de quelques broderies ou encore je rajoute un petit bonnet et son écharpe ou même une petite doublure ou des petits galons... Mais bon je vais faire un effort pour me limiter à croiser quelques fils d'Ariane.
Rédigé par : Catherine JACOB | 10 avril 2008 à 16:13
@ Catherine
En réalité Marcel aurait pu être l'ex-aequo.
Tant son commentaire a bien saisi le fond du sujet de la note. Son post est un bon exemple du format court maîtrisé.
Reconnaissons-le, des longueurs peuvent être plombantes...
Je ne note personne, ni les billets, ni les commentaires.
Il y a juste des commentaires que je trouve plus agréables que d'autres à lire. Car ils expriment un respect et une générosité pour ce qu'écrit Philippe Bilger.
Rédigé par : Véronique | 10 avril 2008 à 12:46
@Véronique et Catherine Jacob
Merci Véronique. Je rebondis sur votre remarque et sur celle de Catherine Jacob pour préciser ce qu'est pour moi le commentaire de blog.
Les nombreux visiteurs du Blog de Philippe lisent Philippe. Une petite fraction lit les premiers commentaires puis une infinitésimale portion (en vérité nous-mêmes) essaie de parcourir l'ensemble, sans souvent y parvenir.
Ainsi le commentaire s'adresse d'abord à l'auteur et non aux lecteurs. Le blog de Philippe ne saurait devenir la tribune de ses commentateurs. Il m'importe même assez peu que le commentaire soit publié pourvu qu'il soit lu par l'auteur, à l'exception de quelques-uns volontairement amusants ou polémiques rédigés pour amuser la galerie.
Commençant à percevoir la complexité du bonhomme, je sais qu'un texte construit de Philippe est écrit sur plusieurs couches, lesquelles se croisent par endroits, dans des coïncidences apparentes. Il faut lire, relire, et laisser mariner. La pensée de Philippe est bien souvent écartelée entre un conservatisme bourgeois et une fascination pour la transgression intellectuelle : un hybride du genre conservateur anticonformiste ! Là-dessus, se greffent les espoirs personnels, les ambitions, les doutes et les angoisses : il faut un peu plus de 3 secondes pour cerner cela.
Aussi, le commentaire idéal se doit de suivre ces cheminements tels que le lecteur les comprend, en préciser un point, en contester un autre, enrichir et jamais, jamais, détruire. Il est idéalement bref : c'est la correction que l'on doit à l'auteur mais aussi aux autres commentateurs. Songez Catherine, que la longueur excessive d'un commentaire, dissuade non seulement de le lire, mais aussi de lire les suivants dont on ne sait pas s'ils vont arriver un jour ! Ce n'est pas très courtois d'obstruer la rue avec un gros camion, interdisant jusqu'au passage d'une poussette.
C'est pourquoi, me laissant le temps de comprendre le propos de Philippe plutôt que d'y réagir, je me contente facilement des dernières places comme je me contenterais d'aucune pourvu que mon éclairage soit reçu de l'auteur.
Quant à celles et ceux qui parviennent à se frayer un chemin jusqu'à mes quelques lignes, ma foi, ils ont bien mérité de lire quelques propos bien sentis et si formidablement écrits !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 10 avril 2008 à 12:18
Vous devriez lire, si ce n'est fait, Jonathan Livingstone, publié par Richard Bach, arrière-petit-fils de Johann-Sebastian Bach.
J'aime le livre, comme j'aime le film, comme j'aime la musique... Je ne sais qui avait dit "Son agonie de la lumière, lumière agonie de je ne sais qui, etc". En trois stances, me semble-t-il.
J'ai rencontré, un jour Pierre Clostermann, aviateur, qui a traduit le livre original. Et je l'ai interrogé sans savoir qu'il avait commis cela.
Quelques années après, tombant sur ce livre, j'ai lu son nom.
J'ai été un peu attristé, lorsque Pierre Clostermann est mort, qu'en quelques lignes, y compris en Languedoc-Roussillon où je crois qu'il avait une maison, on se soit cru obligé de dire si peu de lui en parlant d'un "Gaulliste historique", je crois.
Rédigé par : daniel ciccia | 10 avril 2008 à 12:06
@Véronique
« Pour la seconde manière, illustrée par A. Finkielkraut, la pensée est sans cesse dans un mouvement d’élaboration et de sophistication. Elle est dynamisée et se vivifie au fur et à mesure que des crêtes sont à franchir ou que des plaines sont à traverser »
⇒
« Fais comme l'oiseau
Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau, d'aller plus haut
Mais je suis seul dans l'univers
J'ai peur du ciel et de l'hiver
J'ai peur des fous et de la guerre
J'ai peur du temps qui passe, dis
Comment peut on vivre aujourd'hui
Dans la fureur et dans le bruit
Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu » etc…
⇒ ??
« Pour la façon Finkielkraut, il reste que ce qui compte est de tracer la route. Mais seul et en autarcie. »
Concernant :
« Pour cette note, au vu des commentaires qui précèdent, the winner is… Jean-Dominique ! Je pense que c’est lui qui a le mieux lu votre note. Il s’est d’abord intéressé à vos mots. Avant de s’intéresser aux siens. »
Personnellement, je me garderais de donner des notes à PB ou à ses commentateurs. Je pars du postulat que le billet du jour se laisse noter 20/20, puis à chaque commentaire je lève mon petit panneau 10/10, enfin au fil de la lecture des uns ou des autres, j’entends ou non quelque chose qui appelle mes propres mots. C’est tout.
Rédigé par : Catherine JACOB | 10 avril 2008 à 10:04
Philippe, êtes-vous bien sûr que pendant Ripostes, Emmanuel (Todd) ne s'appelait pas tantôt Raymond, tantôt Robert (Marchenoir) ?
Car à lire ces deux totalitaires dans leurs obsessions théoriques, intellectuelles, idéologiques à tout va, abrités et emmurés dans leurs logiques de mots, eh bien, nous avons là deux bonnes illustrations du propos de votre note.
Je n'ai pas vu Ripostes.
Mais ce qui m'intéresse beaucoup dans votre note, ce sont les deux manières (E. Todd, A.Finkielkraut) de construire sa pensée et ses positions que vous décrivez.
Nous avons le sentiment que pour la première manière, illustrée par E. Todd, le postulat de départ commande à tout le reste. Les éléments apportés par des interlocuteurs, pertinents ou impertinents, exacts ou inexacts, différenciés ou siamois, qui pourraient aérer, contredire ou appuyer sa démonstration, ne comptent pas et ne comptent plus. Au fond, peu importe d'être contesté ou même d'être approuvé. La théorie de départ se suffit à elle-même. Elle choisit le mécanisme de la roue libre.
Pour la seconde manière, illustrée par A. Finkielkraut, la pensée est sans cesse dans un mouvement d’élaboration et de sophistication. Elle est dynamisée et se vivifie au fur et à mesure que des crêtes sont à franchir ou que des plaines sont à traverser. L’intellectuel est toujours en contrôle de sa machine intellectuelle. La mise en roue libre de sa démonstration serait un choix qui compromettrait l’autonomie, le contrôle en simultané de sa liberté et de son désordre nécessaires.
De là à dire que la façon Finkielkraut adopterait aisément de se mettre dans la roue d’autrui pour faire équipe et se reposer avec confiance dans la pertinence et la compétence d‘un autre, je ne le pense pas.
La roue libre, façon E. Todd, rend sourd, grincheux et agressif quand des cailloux ou des pierres encombrent le chemin. Ils ne sont pas prévus au programme de la promenade.
Pour la façon Finkielkraut, il reste que ce qui compte est de tracer la route. Mais seul et en autarcie.
Enfin, si j’essaie d’adapter mon raisonnement aux commentaires de vos notes. Bien souvent, nous ne vous commentons qu’en fonction de nos positions. Rares sont ceux qui essaient d’aller au-delà de la première lecture pour tenter de trouver la bonne articulation de vos mots.
Pour cette note, au vu des commentaires qui précèdent, the winner is… Jean-Dominique ! Je pense que c’est lui qui a le mieux lu votre note. Il s’est d’abord intéressé à vos mots. Avant de s’intéresser aux siens.
Rédigé par : Véronique | 10 avril 2008 à 07:58
"Il y a eu plusieurs Mai 68 en un seul mois"
Oui, plusieurs mai 68 qui ont coexisté pas toujours pacifiquement, qui se sont mélangés, avec du grave et du festif : révolte de la jeunesse, grève ouvrière classique, mouvement anarchiste et libertaire… On ne peut pas réduire mai 68 à l'un de ces mai 68 dont peu ou prou chacun de nous est héritier. Ce qui me paraît important c'est que malgré les contradictions il y a eu cette foi dans la possibilité d'une autre société fondée sur d'autres rapports. Et si Todd a pu snober un ministre à la télévision, même si c'était agaçant parce qu'on préfère l'urbanité, c'est quand même bien qu'il ait pu le faire, et qu'il ait pu le faire effrontément est aussi une manifestation de mai 68.
Rédigé par : isa | 10 avril 2008 à 00:44
Il y a effectivement une parenté entre les gauchistes et les islamistes. Leur alliance n'est pas uniquement stratégique.
Il y a une affinité caractérielle : dévoiement de l'intelligence, raisonnement ratiocineur, projection de ses propres vices sur l'adversaire, haine fondamentale de la démocratie, mensonge en vue de la victoire, totalitarisme, absence de contenu...
Il est frappant de constater à quel point, dans l'islam comme dans le gauchisme, le culte est tout entier dans ses formes et dans l'objectif de prise du pouvoir.
Etre musulman, c'est proclamer sa dévotion à Allah, affirmer son identification à la communauté des croyants, dénoncer les juifs et les chrétiens, prier cinq fois par jour, ne pas manger de porc, etc.
Etre gauchiste, c'est se dire De Gauche, échanger des signes de reconnaissance avec les autres De Gauche, dénoncer les fachos et l'ultra-libéralisme, être pour l'immigration, contre le gouvernement et les riches, etc.
Mais l'islam n'a pas de contenu. Son seul objectif est de mettre les musulmans au pouvoir. De même, la gauche serait bien en peine d'esquisser une politique au-delà des mots creux du dogme (citoyenneté, solidarité, anti-racisme...). Son seul objectif est d'accroître son pouvoir.
Cela ne fait que rendre plus dangereux l'esprit munichois des gauchistes, qui ouvrent grand la porte de l'occident à l'islam.
Ce qui signifie la mort de la démocratie libérale et celle de la civilisation occidentale.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 09 avril 2008 à 22:04
Vous me sciez. J'ai même du me plonger dans mon Robert (et non "mes", question de genre) pour voir ce que signifiait "scotomiser".
J'ai beaucoup ri et beaucoup appris en vous lisant.
J'aurais aimé avoir un prof tel que vous au lycée. J'espère que vos élèves sont conscients de la chance qu'ils ont.
Donc, à vous entendre, la tour de Babel, c'est simplement un problème de modulation de fréquences.
Il faut dépêcher des acousticiens et des ingénieurs pour recaler tout ça. Il en est grand besoin, pas nécessairement entre personnes ou peuples qui parlent des langues différentes.
Que l'on soit du berceau d'une civilisation liée à l'idée et aux mots, ou à une autre plus acoustique ne change rien à la réalité du monde qui nous entoure, à son rébus.
Il doit être, je crois, le même partout sur terre.
J'écoute assez souvent du classique (en fait je passe volontiers des Rolling Stones à Bach, sans problème) et c'est vrai que se forment, parfois, des images mentales, non figuratives, mais plutôt consistantes comme des unités de sens un peu étranges qu'on a envie de déchiffrer et qui sont là à vous dire :
-Alors ???
-Ben attends !
L'humanité "traversera" sa frontière jusqu'à ce temps. Dire je le sais serait incompréhensible.
Vous savez - chaque fois que j'utilise une telle entame je trouve qu'elle est sympathique et fausse en postulat - puisque m'apprêtant à dire quelque chose que je ne vous ai jamais dit, je sais que vous ne le savez pas, mais c'est tellement humain si on admet que ce n'est pas qu'un procédé de pure forme, le plus étrange pour moi, c'est le mystère du "saisissement".
Comment un individu va passer devant quelque chose sans le voir pendant x fois. Et puis le voir et l'ayant vu, x fois, le comprendre.
Nous disons comprendre, à un moment, j'ai intérieurement traduit ce mot par "prendre avec ou par soi", et ce jour-là, j'ai claqué des doigts. Les Anglo-Saxons disent understand, "se tenir derrière", si je ne me trompe pas.
Les Japonais, les Aborigènes, les Chinois, les Masaïs, je ne sais pas. Chacun a développé une "posture" d'appréhension. Mais j'aime bien qui fait référence à la main (piètre bricoleur, mais quand même pas réticent au manuel).
Quand je vois, parfois, sur un livre les mains rupestres sur les parois des grottes préhistoriques, je n'y vois pas un signe de la main, un signe chamanique, mais un signe de l'esprit qui, par miracle, nous est parvenu. Une main "écarquillée" ou en éclosion, pourrait-on presque dire à leur propos.
Je me répète, mais ça a été un plaisir de vous lire. Mon propos est beaucoup plus décousu que le vôtre.
Rédigé par : daniel ciccia | 09 avril 2008 à 21:11
@daniel ciccia
La question des bébés japonais est double. D’une part c’est une question d’hémisphères cérébraux et d’autre part c’est une question de bébés tout court.
D’une façon générale, tous les bébés, japonais et non japonais, garçons et filles paraissent rassurés par les aigus qui au contraire paraissent stresser certains adultes qui leur préfèrent de loin les sons graves à connotation réputée plus sexy !! En suite c’est une question de différence sexuelle, l’éventail des sons perçus est beaucoup plus large chez les femmes qui, dit-on, chantent juste six fois plus souvent que les hommes ; l’ouïe de la ‘femelle’ serait donc plus développée, à l’image, paraît-il, de son olfaction dont la capacité s’accroît considérablement à certaines périodes de son cycle ou encore de la gestation, ce qui me paraît tout à fait exact si je me fonde sur mon expérience personnelle.
De même les jeunes enfants qui sentent, au sens tout à fait propre du terme, l’arrivée d’un concurrent (frère ou sœur) et peuvent déclarer tout de go à la mère, qu’elle « pue » ! L’organe voméro-nasal qui perçoit les phéromones serait également plus sensible chez les femmes, l’analyse des sensations se traduisant en images, (j’en ai personnellement fait l’expérience encore ce matin même), qui induisent tant une répulsion qu’une attraction d’autant plus manifeste qu’il n’y aura pas discordance entre l’OVN et les autres sens. L’adaptation du mâle à la vie terrestre et sociale ayant développé au contraire d’autres qualités. Néanmoins à les voir parfois tellement sensibles à la vulgarité de certains accoutrements, il y a de quoi se poser beaucoup de questions !
Les japonais appellent une voix féminine qui passe facilement des aigus au graves, se fait corneille criarde ou doux ronronnement, une « voix de chatte », et sont d'avis qu’il convient de s’en méfier.
Je suis plus sceptique en revanche en ce qui concerne « l’attrait pour un mâle dominant, fort et expérimenté, socialement reconnu », vu qu’un sentiment maternel hyper développé chez une fille peut la conduire à sélectionner plutôt l’exact contraire, et aussi que ce qui peut passer pour un mâle alpha n’est souvent purement et simplement qu’une grande gueule. Et quand je lis « Les femmes parlent sans réfléchir ! Les hommes agissent sans réfléchir ! » je m’interroge sérieusement sur la validité de ces neuro-sciences qui scotomisent cette part pourtant non négligeable du psychisme humain qui se réfère au vécu ainsi qu’à la capacité d’expérimenter et d’en tirer des conclusions.
Pour en revenir au langage et aux hémisphères cérébraux, il se dit que l’hémisphère gauche serait plus développé chez les femmes tandis que l’hémisphère droit serait plus développé chez les hommes. Or, le langage est dit-on essentiellement distribué dans l’hémisphère gauche ( d’où le bavardage majoritairement inepte de la femelle d’homo erectus ???), sauf chez les japonais où les fonctionnalités des hémisphères seraient inversées ( est-ce à dire que chez eux ce sont les mâles qui papotent ? J’éviterai diplomatiquement d’avoir une opinion tranchée à cet égard.) La raison tiendrait au fait que la langue japonaise est plus proche des sons naturels, donc de la musique et en particulier de la capacité du son à moduler ou encore modeler des images sonores du réel par le truchement de l’harmonie imitative style « Pierre et le Loup » de Sergueï Prokofiev, où les différents protagonistes sont personnifiés par des instruments , que nos langages occidentaux. Ceci étant, j’ai presque envie de dire que l’apprentissage du japonais m’a permis de redécouvrir ma propre langue, d’y entendre et de me réapproprier des harmonies oubliées… ; ce qui me porterait à dire que le problème n’est peut-être pas tant une question d’hémisphères qu’une question de familiarité avec ‘les esprits de la nature’. En ce qui concerne notre cerveau musical qui se réfère à des formes musicales qui interpellent peut-être davantage les rapports entre la musique et les mathématiques que les formes musicales japonaises, il paraît qu’il se distribue de ce fait sur les deux hémisphères, celui de l’émotion et celui de l’élaboration conceptuelle. Ce qui inviterait à se pencher également sur la prosodie du langage ou encore sa rythmique qui se donne davantage à entendre de l’émotionnel que du rationnel, ainsi que sur l’écriture, purement utilitaire dans les langues alphabétiques alors qu’elle intègre dans les langues à idéogrammes, davantage de paramètres qui participent également de la formation de l’image ou du tableau et qui font qu’alors que pour nous, la traduction du son en image et vice et versa se produit surtout chez les usagers de certaines substances illicites, elle s’y produit de façon naturelle sans rapport avec un fonctionnement déficient ou débridé des connexions neuronales, et vraisemblablement d’une manière toute autre, la confusion résultant probablement d’une question de mots pour le dire.
Maintenant, quand j’ai parlé de « fréquences », j’évoquais un tout autre phénomène auquel j’ai commencé à m’intéresser suite à l’incident suivant:
J’ai passé un jour à mes élèves sur le matériel du lycée, un magnétoscope enchaîné au fond d’une armoire cadenassée en dehors des cours– ce qui ne l’a pas empêché de nous quitter malgré tout, lui et quelques uns de ses successeurs – ainsi que ses haut-parleurs, une cassette vidéo d’une méthode intitulée en japonais : « Yan et les japonais », Yan étant le rôle du Gaïjin (étranger) beubeu qui débarque au Japon croyant avoir appris du japonais dans sa lointaine contrée natale et qui est joué par un canadien donnant l’impression au premier abord de parler un japonais sans accent. J’ignore de quelle manière le matériel avait été disons un peu bousculé, mais les dialogues de notre cassette habituelle nous sont apparus, aux élèves et à moi-même, assez peu distincts excepté en ce qui concernait les répliques de Yan, précisément. Ce qui a priori, d’où que provienne le dysfonctionnement, de la cassette ou de l’appareil lui-même, était plutôt bizarre. Pourquoi seulement lui. Ayant rencontré à l’interclasse un professeur de physique dans les escaliers, je me suis empressée de lui poser la question : « Comment est-ce possible que etc.. » et il m’a répondu, « Ils ne parlent sans doute pas sur la même fréquence et il doit être survenu un problème avec la restitution de l’une d’entre elles. » D’où nouvelle interrogation qui m’a portée à m’intéresser d’un peu plus près à la question.
Rédigé par : Catherine JACOB | 09 avril 2008 à 17:40
J'ai bien ri au commentaire de Raymond ! Ca m'épate toujours cette facilité de certains atrabilaires de se ruer sur leurs claviers anonymes pour agonir d'injures quelqu'un qui exprime, fort civilement par ailleurs, une opinion contraire à la leur.
Foutre, Raymond ! On n'entre pas chez les gens pour y péter à la figure du maître des lieux !
Moi j'aime bien Emmanuel Todd, que je lis plus que je ne l'écoute. C'est une sacrée intelligence, fulminante mais, je le concède, un brin misanthrope. Le parallèle avec l'autre fou furieux Finkielkraut est justifié. J'adhère moins au fond de Finkielkraut (croirait-on que je parle d'une poêle Téfal !) mais la mécanique intellectuelle est éblouissante et séductrice. Cependant je crois Finkielkraut plus convenu que Todd, moins à l'affût des paradoxes éclairants de nos sociétés.
Le fil rouge de votre billet, malgré tout, ce sont les fondements de l'expression idéologique après 68, dont vous chargez Todd et exonérez Finkielkraut. Là je ne vous suis pas : si Mai 68 a correspondu pour certains en France à une vraie libération du dialogue, pour d'autres qui regardaient vers Pékin (déjà), c'était la Révolution Culturelle. Rien de plus antagoniste. Il y a eu plusieurs Mai 68 en un seul mois, celui du Petit Livre Rouge coïncida avec celui des hippies. Ce qui se résolvait en politique pour les uns, induisant une dictature intellectuelle, se résolvait en culture pour les autres qui ont initié le lent mais encore actuel mouvement de compréhension des cultures d'ailleurs.
C'est d'ailleurs un raccourci historique saisissant mais très signifiant que d'avoir vu, hier, les nostalgiques de Katmandou se heurter aux héritiers de Mao...
J'admets cependant que vous signez là un billet à lectures variées, sur plusieurs couches non linéaires, c'est subtil.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 09 avril 2008 à 15:28
E. Todd est convaincu de savoir le vrai, trait courant de l’intellectuel : rares sont ceux qui admettent la possibilité de leur erreur, car autant que la vérité dans le monde des idées ils cherchent à affirmer la réalité de leur existence : sans la reconnaissance publique ils ne sont pas et donc l’enjeu est vital.
Mais je n’ai pas besoin d’avoir assisté à Ripostes pour être choqué de l’envoi de troupes supplémentaires dans une guerre perdue alors que ce qui est important est comment en sortir : certains de ces hommes vont vers la mort, mais plus graves tous ceux qui là-bas les soutiendront sont désormais des condamnés, comme les Harkis, comme les Vietnamiens qui se jetaient à la mer pour rejoindre les navires français quittant Haïphong et que les soldats avaient ordre de rejeter.
J’aimerais que Morin pense d’abord à ces gens-là que là-bas nous allons abandonner comme toujours, mais d’eux personne ne parle, ils ne comptent pas.
Rédigé par : Jean-Marie | 09 avril 2008 à 10:52
Faudra peut-être le dire à tous ces enseignants qui guident les collégiens et les lycéens battre du pavé.
L'an dernier, lorsqu'il y a eu les manifs anti-cpe, des cégétistes encadraient, dans ma ville, des jeunes lycéens. Je passais par là quand j'en vis toute une brochette assis contre le mur d'une banque, attendant d'être mis en route.
Les "tuteurs" étaient satisfaits, apparemment. Je me suis avancé vers l'un d'entre eux. Gentiment. Je lui ai posé ma main sur l'épaule, pour marquer que je n'avais aucune animosité. Et je lui ai demandé s'il ne pensait pas qu'il serait préférable d'apprendre à ces jeunes à marcher vraiment.
Il a vivement ôté ma main et m'a dit : "Ne m'agressez pas !".
Apparemment, je n'ai pas besoin de Mosquito pour être, parfois, "répulsif".
Rédigé par : daniel ciccia | 09 avril 2008 à 09:18
Vous avez raison, Catherine Jacob. J'avais lu, à propos des tessitures (?) liées aux langues, quelque chose à propos des bébés Japonais/aux nôtres.
Le problème de Mosquito, c'est qu'il prétend sèchement, cet appareil, résoudre un phénomène d'errance et de désoeuvrement urbain, par l'"ultra-son" plutôt que par l'ultra-culture.
Mais l'ultra-culture ne se fabrique pas. Elle se génère.
Rédigé par : daniel ciccia | 09 avril 2008 à 09:12
Davantage que le texte de Patrice Trapier qui veut donner la parole aux enfants de mai 68 et qui se voit illustré par un cliché de cinq quadra-trentenaires dont l’un est curieusement le parfait sosie de mon fils, lequel était encore néanmoins bien dans les limbes à cette époque – lequel est-ce de G à D ou de D à G ? mais le plus beau bien sûr ! – , c’est le texte d’Emilie Trevert page 9, rubrique société, intitulé « Bourreau d’ados » et qui traite du fameux Mosquito destiné à empêcher les réunions d’ados ou à les disperser si elles se sont déjà formées dans la proximité d’organismes ou d’établissements (banques, théâtre, fast food etc.) qui ne bénéficient d’aucune autorisation du bureau de la réglementation à l’occupation permanente de l’espace public. Ne payant donc pas de taxes à l’occupation du trottoir aux municipalités, ils sont dès lors eux-mêmes des squatters qui abusent visiblement de la faculté d’émettre des nuisances sonores en agglomération de façon non nécessaire à l’exercice de leur activité professionnelle, nuisibles aux passants dont la loi ne limite pas la faculté de réunion dès lors que l’exercice de ce droit n’entrave pas la circulation ou ne trouble pas spécialement l’ordre public, donc manifestement illicite ainsi que discriminatoire.
En 68 j’étais encore une lycéenne innocente et bien sage qui n’avait de l’agitation parisienne qu’un écho feutré mais à laquelle on n’avait manqué de donner à admirer le « pantalon spécial manifs » à l’occasion d’une visite chez ses cousins parisiens.
Lorsque plus tard j’ai quitté la maison familiale pour vivre ma vie d’étudiante dans la ville du parlement européen, je suis tombée malade du bruit au bout de quelques mois, bien que résidant dans une pension pour jeunes filles aux murs épais !
Mais dira-t-on la sonnerie (conçue sur le modèle de dispositifs ‘écologiques’ préexistants, à destination des insectes et) destinée à empêcher les rassemblements de jeunes n’est pas audible au-delà de 25 ans et représente également de ce fait la sonnerie de portable la plus téléchargée sur internet par les élèves qui peuvent ainsi recevoir des appels ou des SMS au nez et à la barbe de leurs professeurs ! Si tel est le cas, je suis désolée pour son inventeur méritant et gallois dont le génie serait né du désir de protéger sa fille des assiduités des jeunes gens (Ah, les pères !), mais ce serait là une raison supplémentaire de la faire interdire !
Quant à ce qui est audible ou pas selon l’âge qui est le nôtre, je dirais bien que c’est une vaste fumisterie.
Si vous prenez le cas d’un claveciniste qui a donc beaucoup travaillé des sons buissonnants faits pour une oreille effectivement différente de celles de nos contemporains en général laquelle s’est beaucoup dégradée avec l’apparition de la révolution industrielle, vous seriez surpris de ce qu’il entend. Quant au fait d’appeler cet instrument de torture « Beethoven » pour dire que l’objet volant fait du rase-motte à une altitude qui lui permet d’échapper aux radars des adultes, quelle injure pour ce fantastique musicien, qui certes est progressivement devenu sourd, mais dont la musique, comme les sons qui se laissent entendre des sourds, ne limite pas la résonance au tympan, mais s’entend par la peau en quelque sorte, ou par le corps, comme les sons du tambour.
Enfin, les sons numériques dégradent l’audition à long terme et si certaines fréquences sont effectivement douloureuses – il m’est déjà arrivé de devoir écourter de ce fait une conversation téléphonique, ou alors si je ne pouvais me le permettre, de souffrir le martyre jusqu’à la fin, mais m’étant plainte au 1016, je suis tombée sur une ‘pouffe’ qui m’a dit : « Si vous souffrez des oreilles, adressez-vous à l’hôpital, je ne suis pas médecin ! », ayant répliqué « Mais non je ne souffre pas des oreilles et j’entends très bien, justement. » la voici qui rétorque « Mais alors de quoi vous plaignez-vous ? » « Mais de la ligne, chère madame, de la ligne. » « Je vous entends très bien donc la ligne va bien, c’est vous qui n’allez pas bien. »etc. je vous fais grâce de la suite, – il faut savoir que toutes les langues n’utilisent pas les même fréquences et qu’un locuteur d’une langue donnée va continuer à parler dans la fréquence de sa langue, même si vous ne lui reconnaissez pas d’accent étranger à l’oreille, si vous faites un sono gramme vous vous en apercevez. Apprendre une langue étrangère c’est donc aussi apprendre à apprivoiser donc à entendre tous les sons dans sa fréquence, ce qui permettra ensuite de tenter de les reproduire, car vous ne sauriez reproduire ce que vous n’entendez pas.
Donc non seulement l’assimilation d’une tranche de la population à une colonie d’insectes devant être traitée, de façon ‘écologique’ mais ‘traitée’ tout de même, est un scandale, mais encore donner la possibilité aux cancres de voler en rase-motte pour passer l’heure de cours à s’échanger des billets qu’aucun n’enseignant ne sera plus en mesure d’intercepter, vu que même s’il a encore l’ouïe fine, son propre débit de parole fait obligatoirement obstacle, et leur permettre de « se f….e de surcroît de la g….e de ce pauvre ‘Beethoven’ » dans les grandes largeurs en contribuant ainsi à la dégradation du respect dû à l’enseignant c’est ahurissant !
Il semblerait que près de quatre milles boîtiers Mosquito aient déjà été vendus au pays de son concepteur, mais comme ses concitoyens ne sont pas connus pour être des foudres de guerre en langues étrangères, cela ne changera peut-être pas grand-chose pour ce qui les concerne. Lui-même d’ailleurs se propose de se déplacer pour venir exposer les mérites de son invention à Mme Bachelot… si toutefois elle parle anglais ! Mais comme pour mieux entendre la fréquence de l’anglais, il lui faut nécessairement préserver la qualité de son audition… A bon entendeur !
Enfin tout cela ne concerne pas Virginie Linhardt dont le père s’est tu (Le Seuil. 178p. 16€ précise Trapier)
En revanche ça concerne les animaux. A-t-on pensé au toutou au bout de sa laisse, lui qui entend si bien les ultrasons au point qu’il existe des sifflets spéciaux, et qui ne pourrait donc pas s’éloigner de ‘Beethoven’ tant que ‘Beethoven’ discuterait le bout de gras avec la voisine !! Par conséquent, je vote pour que notre brillant inventeur trouve autre chose pour inonder le marché et s’acheter un plus joli cottage !
Rédigé par : Catherine JACOB | 08 avril 2008 à 20:43
La nouvelle présentation de l'auteur de ce blog, je ne sais pas si vous l'avez remarqué, est plus - comment dire ? - ouverte, aérée. Je préfère cette photo à la précédente. Mais ça n'engage que moi.
Je n'ai pas vu "Ripostes", par conséquent il ne serait pas sérieux d'apporter un jugement. Mais je crois volontiers notre hôte dans sa critique, au souvenir d'un E. Todd quelquefois entendu dans des analyses péremptoires, très imbu de lui-même et infatué de ses mérites. Je n'ai jamais apprécié le personnage, plus par sa façon d'être et de s'exprimer que par ce qu'il dit, car après tout nous sommes nombreux à déclamer des poncifs du genre "les talibans sont des êtres humains". Qui peut le nier ? Et c'est bien pour cette raison qu'Hervé Morin, avec qui j'ai eu le plaisir de dialoguer et qui est un homme ouvert et certainement pas hautain et méprisant cherchant à endormir quiconque, tente à la fois de justifier l'envoi de troupes en Afghanistan et l'instauration d'un dialogue ou de négociations.
On ne peut éternellement occuper une nation. Tôt ou tard cette nation se révolte. Mais on ne peut pas non plus laisser un peuple sous l'emprise d'êtres humains qui ne se conduisent pas comme tels. Il faut chercher un compromis.
A moins de laisser faire, comme au Tibet, où la Chine ne se comporte pas comme les Talibans, mais de manière plus subtile, comme une espèce de macrophage phagocytant lentement, par un apport continu et incessant de Chinois, tout un peuple considéré comme une bactérie. Mais même ainsi ce peuple se révolte, d'où la nécessité, là encore, de négocier. Ce que souhaitent les Tibétains, afin que leur culture soit respectée et ne soit pas absorbée, diluée, digérée par l'énorme globule... jaune.
Rédigé par : Patrick PIKE | 08 avril 2008 à 16:03
@S
Il me semble qu'Emmanuel Todd est surtout rétif, par principe, à l'idée que puisse être établi un ordre mondial auquel on pourrait s'attacher. Moi, ce qui m'intéresse, puisqu'à mon sens, il est impératif de l'établir, c'est la qualité de ce sur quoi il doit reposer, sachant qu'il sera bien entendu perfectible à chaque étape de notre histoire désormais mondialisée.
Cette dimension que l'histoire est aussi mondialisée que l'économie constitue un obstacle que beaucoup rechignent à accepter et à franchir peut-être parce que l'écroulement du mur de Berlin comparé à cela est une broutille.
J'aime pas les broutilles.
Rédigé par : daniel ciccia | 08 avril 2008 à 15:20
Cher S,
Si votre postulat: "le ministre en question envoie 700 jeunes hommes risquer de se faire tuer pour rien" est faux, que vaut le reste ?
Il ne m'a jamais semblé que l'usage de la force, d'interposition ou d'établissement de la paix, puisse correspondre à rien.
Maintenant, si face à ce que représente l'idéologie des Talibans, leurs méfaits lorsqu'ils avaient l'Afghanistan sous leur coupe, la responsabilité qu'ils ont décidé d'assumer en refusant de livrer des criminels qu'ils avaient sur le territoire, Ben Laden, Al-Wazahiri, etc, responsables du 11/09/2001, vous ne voyez pas un quelconque danger, je ne sais pas quoi vous dire.
Ecarquillez les yeux, peut-être.
Rédigé par : daniel ciccia | 08 avril 2008 à 15:11
C'est en effet la première fois que je vois E. Todd dans cet état.
Son attitude s'explique par la gravité du choix qui a été fait (l'envoi de nouvelles troupes en Afghanistan, le retour au commandement intégré de l'OTAN). E. Todd a une connaissance historique et même intime de la France et il sait que ces décisions sont d'une importance gravissime pour notre pays dont la prétention à jouer un rôle international repose uniquement sur son indépendance militaire et stratégique.
Son ton est grave, sec, concentré parce que le sujet le demande.
Ce n'est pas un pacifiste, mais pour avoir écrit un bouquin sur la folie qui a précédé en Europe la boucherie de la Première guerre mondiale ("Le Fou et le prolétaire") il a conscience de ce que veut dire la guerre : "Ce sont des vieux qui envoient des jeunes se faire tuer" comme il l'a rappelé dans l'émission. Son emportement envers Morin vient sûrement de là.
Alors oui, Todd est un mal élevé qui demande à un ministre de se taire pour le laisser parler (ce passage est très drôle d'ailleurs) mais quand le ministre en question envoie 700 jeunes hommes risquer de se faire tuer pour rien, il faut bien quelqu'un pour lui taper sur les doigts.
Rédigé par : S | 08 avril 2008 à 13:42
« Alors ayez un peu de pudeur avant de critiquer l'un des rares intellectuels clairvoyants de notre pays » nous dit Raymond.
Raymond se rend-il compte qu'une telle réplique est l'incarnation même de ce qui pourrait être reproché à Emmanuel Todd ?
Propos impératif, postulats en pagailles (rare, clairvoyant), mépris (oser critiquer serait de l'ordre de l'impudique ?). Tout ceci est laid.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 08 avril 2008 à 13:17
Il est toujours amusant de constater combien des perceptions peuvent être radicalement différentes. Cela devient gênant, quand une perception s'érige en analyse au point de basculer dans l'attaque personnelle. Je ne suis pas fan d'Emmanuel Todd, pour la bonne raison que je le connais mal, lui et son oeuvre. Je ne suis donc pas suspect d'adoration irrationnelle, et je n'ai aucun intérêt à le défendre. Je voudrais juste témoigner d'une perception radicalement différente. J'ai regardé l'émission Ripostes en même temps que vous. Pour ma part, j'ai été écoeuré par la légèreté, la connivence, et disons-le, la bonne ambiance régnant entre Madelin, Morin et Moscovici. Ce qui vous a paru "civilisé" m'a semblé vide de sens. J'ai eu l'impression de me trouver dans un salon mondain, où de charmants hommes politiques faisaient assaut de rhétorique pour mieux se pousser du col, pour le plus grand plaisir de leurs contradicteurs. Je ne les mets pas tous dans le même sac, disons que je n'ai pas le temps de rendre à chacun ce qui lui appartient. En tout cas, de l'ensemble du débat, le seul qui m'a paru pénétré de son discours, austère et engagé, c'est Todd. Mais bon, il doit me manquer encore quelques notions de civilisation, pour comprendre qu'un dimanche après-midi à la télé doit forcément être détendu et relâché, et que toute personne qui se prend au sérieux est forcément suspecte. En tous les cas, je n'aurais pas la prétention à propos de cet écart de registre entre les intervenants, de chercher à discréditer définitivement l'un d'entre eux. Pas sur ce débat.
Rédigé par : 2 & 2 | 08 avril 2008 à 13:08
Il ne serait pas, au fond, impossible que la démocratie médiatique, boursouflée comme elle est, soit un peu comme la catoblépas.
Je tenterai, les heures et les jours prochain, de l'établir.
Je ne m'assigne que des choses impossibles... Aïe Aïe aïe...
Rédigé par : daniel ciccia | 08 avril 2008 à 11:56
Ce qui m'a surpris dans cette émission, c'est la contradiction soulevée dans le discours d'Hervé Morin.
Il justifie d'une part l'envoi de troupes supplémentaires afin d'éviter aux Talibans de reprendre le pouvoir, et d'infliger à l'Afghanistan un nouveau régime de terreur selon la rhétorique bien huilée des va-t-en-guerre, mais d'autre part, quelques minutes plus tard, il convient qu'un dialogue (je n'ose pas dire des négociations, car je n'ai pas pris de notes en suivant l'émission) a actuellement lieu avec ces mêmes Talibans.
Je suis d'accord pour dire que le comportement de Todd était nul, mais personnellement, je n'ai jamais aimé les berceuses, et je me demande si une réaction moins fermée est possible lorsque l'on parle à un Ministre qui a vraiment du mal à trouver le bon air pour endormir ses interlocuteurs.
Que conseilleriez-vous comme type de dialogue dans ce cas de désinformation flagrante ?
Rédigé par : Frastealb | 08 avril 2008 à 10:26
Pardon de revenir sur cela, mais au sujet du Catoblépas, il me semblait bien qu'il y avait une question de queue. J'en ai trouvé la confirmation.
"La lenteur des réactions de leur système nerveux faisait qu'ils ne se rendaient compte que trop tard quand ils mordaient leur propre queue. On pense que cela a provoqué l'extinction de l'espèce."
Je n'en finis pas de me dire comme c'est étrange la mémoire, la mienne a réduit cet animal mythique à un serpent qui se mord la queue.
Rédigé par : daniel ciccia | 08 avril 2008 à 09:29
Vous avez parfaitement raison au sujet de M. Finkielkraut. On le dirait le siège, constamment, d'une intense élaboration psychique. J'ai remarqué, mais il est probable qu'on me dise que je me trompe, qu'il a la tête sur les épaules.
D'autres l'ont ailleurs.
Rédigé par : daniel ciccia | 08 avril 2008 à 09:26
Votre écriture est tout aussi impeccable que votre raisonnement. J'ai cessé de regarder Ripostes. En fait, à l'exception de quelques blogs, dont le vôtre parfois, je ne m'ouvre que sur ma conversation personnelle, dont j'essaie d'entretenir, quelle vanité !, la richesse.
Le reste me fait penser à cet animal de légende : la catoblépas, qui regarde vers le bas, en grec. Sa figure m'est revenue là, parce que j'ai lu un jour ce mot, mais je pensais que l'animal en question était le serpent qui se mord la queue.
Ils ne sont peut-être pas si lointains.
Ce fut un rafraîchissement, surtout après la journée d'hier, de vous lire.
Rédigé par : daniel ciccia | 08 avril 2008 à 09:24
Votre comparaison entre Todd et Finkielkraut est ridicule. Todd a toujours eu raison, sur l'effondrement de l'URSS, sur la guerre d'Irak, sur la crise des subprimes... Il n'est nullement antiaméricain mais critique de la politique extérieure des USA. Je vous pensais assez subtil pour faire la distinction. Todd n'a jamais tenu de propos racistes, contrairement à votre ami Finkielkraut, qui a soutenu le carnage en Irak et continue de soutenir les massacres que commet quotidiennement Israël.
Alors ayez un peu de pudeur avant de critiquer l'un des rares intellectuels clairvoyants de notre pays.
Il vous faut bien du culot pour donner des leçons d'urbanité intellectuelle à Todd tout en soutenant Finkielkraut qui pense que "la colonisation a apporté la civilisation aux sauvages" !
Rédigé par : Raymond | 08 avril 2008 à 00:07