Une banderole exposée durant quatre minutes par une part infime du public, lors d'une finale de coupe de football, et gravement insultante à l'égard des gens et de la région du Nord, c'est inadmissible et grossier. C'est sans doute passible de la loi pénale. Ce sont forcément des imbéciles qui ont monté ce coup infiniment blessant pour nos compatriotes nordistes. On est tous d'accord là-dessus. Mais tout de même une telle mobilisation sportive, politique, policière, judiciaire et médiatique pour des slogans et des mots, odieux certes, mais des mots, une telle indignation durable à la suite de la confection et de l'exhibition, si peu de temps, d'un minable brûlot dans le chaudron d'un stade, vous ne trouvez pas que cela fait beaucoup, dépasse la mesure ? Juste avant, tout le monde plaisantait dans la tribune officielle et, la banderole remisée à la demande du PSG, c'est alors la stupeur, la colère, on va voir ce qu'on va voir, on nous annonce des interdictions, des sanctions lourdes. On en fait trop. Il n'y a pas eu viol ni mort d'homme, ce n'est pas Fourniret et ses crimes. Ce n'est jamais qu'une démarche scandaleuse du pourcentage de malfaisants - à l'écrit, ne l'oublions pas - qui existe dans toute société, grande ou petite. On a donc tellement à se faire pardonner pour se précipiter avec une telle frénésie vindicative contre un épisode qui, bien pesé, est une sale goutte de vulgarité et d'offense dans l'océan de nos maux ?
Pourquoi cette effervescence qui n'est pas loin de ressembler à une posture obligée ?
Parce que proclamer la morale pour de tels agissements est facile et confortable alors que dans d'autres circonstances nationales et internationales, c'est plus dur, plus exigeant, il faut agir, on risque quelque chose, on n'a pas forcément tout le monde avec soi. Cette banderole permet une éthique consensuelle, portative et vite dégainée consolant des grands défis moraux plus difficiles voire impossibles à affronter. Parce qu'aussi notre impuissance relative en face de la vraie délinquance et de l'implacable criminalité a besoin de trouver un exutoire commode dans ces élans collectifs de réprobation, dont l'intensité est inversement proportionnelle à la gravité des atteintes causées. Je suis persuadé que notre société va de plus en plus sécréter de telles incandescences, non à cause d'une morale collective plus affirmée mais au contraire par pulsion, par compensation. Nos défaites multiples effacées une seconde par ces protestations unanimes de vertu, pour des épisodes de moins en moins dévastateurs. La condamnation des expressions dévoyées prend la relève de notre faiblesse devant les transgressions réelles. Le langage devient beaucoup plus coupable que les actes. A la violence triste de la réalité, on ne sait substituer que la violence de nos émotions.
Ils sont épuisants, à la longue, ces justiciers d'un quotidien qui leur a échappé et qu'ils rattrapent en surestimant sa nocivité.
Je croyais pouvoir me reposer mais c'était sans compter sur la lecture du Monde. J'y trouve à nouveau une tribune libre comminatoire de Bernard-Henri Lévy et d'André Gluksmann. Une page entière par laquelle ils nous ordonnent d'accueillir l'Ukraine et la Géorgie.
Qu'ils soient seul, comme souvent, ou qu'ils nous secouent de concert, l'un et l'autre sont fatigants. A force d'emplir l'espace médiatique avec leur intimidation quasi quotidienne, on finira, si ce n'est déjà fait, par ne plus les entendre. S'ils nous lâchaient un peu l'esprit, s'ils respectaient notre droit à la désinvolture qui n'est jamais que la conscience de n'être pas nécessaire à tout et à tout coup ?
Ils sont épuisants en nous prenant pour de la chair à pensée.
De plus en plus, je songe à Raymond Radiguet qui disait qu'il avait mal à la tête depuis 1789, à force de penser.
Un peu de rémission, je vous prie. Tout n'est pas infiniment grave, partout, toujours. On voudrait pouvoir respirer entre les véritables catastrophes que la vie, le monde, malheureusement, engendre.
Chers amis parisiens,
Depuis k'ta mi eut'banderole,
tout ch'pays i s'affole
Chez nouzote té viendro,
pour un gloglo té passero
Mi j'su fier d'être ch'ti,
ti te l'importra nin au paradis
Té croyo nous mette à plat
mais Jeudi ché tin club qui braira
El'commission d'discipline va trincher,
et t'gif elle va dégringoler
Chez nouzote y'a pt'ête des chomeurs,
mais chez ti keskia comme branleurs !
Eune fo d'pluque el' psg s'est fait r'marquer,
mais l'fos chi vous aller in chier ....
Et pi quand té s'ra din l'brin,
In ligue 2 in brayant té pourras compter tes points !!
Ni ch'public lensois, ni l'région ne mérito çha
Voila les boubourses ont parlé,
Not' coeur n' peut po vous pardonner.
J'voulo juste réponte à l'imbécilité par un tchio poème.
Au début j' l'avo écrit in français mais
Chés concernés n'ayant po d'cerveau,
n'lauro d'toute façon po compris,
donc j'ai gardé m'langue régionale.
Eune t'chiote citation pour finir :
"Vous puez tellemint fort la honte,
qu'note maroilles à côté, y sint l'déodorant !!!"
Rédigé par : Poème pour les parisiens | 09 avril 2008 à 13:42
@Marie
J'ai suivi le 'bête conseil' d'aller sur Wikipédia sans complexes (Merci Marie !), et je me réjouis d’avoir pu lire grâce à vous sous la plume de Jean-Louis Borloo en tant que maire de Valenciennes :
« Les langues sont mortelles, il faut humblement l’admettre, et, devant un tel constat souligner l’importance du travail des archéologues de la langue. »
et aussi :
« Si l’on sait que la cantilène est le plus ancien texte connu, il reste que l’un de ses vers refuse de nous donner tout son sens. C’est notre langue et pourtant elle nous échappe.»
Et enfin, tout ce qui concerne « les voix libres venues de si loin et si voisines pourtant par les mots » qui rappellent le temps où la langue des droits de l’homme était la langue européenne.
Donc, ce qu’il convient de rechercher, et quelque part le nouveau badge proposé aux sportifs qui vont accompagner le trajet, marche continue, de la flamme olympique sur notre sol et qui se contente de se présenter, sur notre sol, comme un libre écho de l’enchaînement d’anneaux du symbole sans le dénaturer mais au contraire en le donnant à réentendre, en est un bon exemple, c’est une sorte de nouvelle traductibilité ( de traho, « tirer hors de, filer, prolonger ») du souffle qui l’anime, ce traho dont les juristes pour leur part ont extrait ‘attraire’ et qui donc sonne aussi, à nos oreilles, comme une ‘convocation’ dans l’espace des jeux, qui est aussi un prolongement, d’un temps de respiration …!
L'étymologie obscure de 'traho' le laisse cependant rapprocher encore du vieil islandais 'draga', germ. trahho, irl. drac, britt. draig qui nous 'tire', vous avez deviné je pense, jusqu'à :dragon!
Que le souffle du Dragon porte donc la flamme sans encombre jusqu'à destination!!
S'agissant des vers allitérants de la Ludwigslied qui m'ont rappelé un travail, apprécié en son temps par Ph.L-L, ils nous mèneraient un peu loin, donc ne monopolisions pas l'espace et laissons de la place pour une... respiration !
Rédigé par : Catherine JACOB | 05 avril 2008 à 12:52
J'ai entendu dire qu'hier lors d'un match de seconde division (je ne connais pas les noms des clubs) une banderole aurait été déployée, sur laquelle on pouvait paraît-il lire :
"nos enfants sont à la maison, les vôtres dans les congélateurs" !!
Rédigé par : Marie | 05 avril 2008 à 07:11
@ Catherine Jacob,
Il vous faut impérativement passer par google, soit vous allez sur :
Anneau citoyen valenciennois: Accueil
puis, culture
puis, bibliothèque
puis, cantilène marge de gauche
puis présentation
cliquez sur "Rithmus Teutonicus" qui est le "Ludwigslied"
laissez descendre le curseur, vous avez les images du manuscrit, que l'on peut agrandir en cliquant sur chaque image tout simplement. Certes, pas très lisible.
Le "Ludwigslied" se trouve transcrit à la suite du "Cantilène de Sainte-Eulalie"
Par ailleurs, lorsque vous avez cliqué sur "cantilène" et que vous avez le document qui représente la "cantilène de Sainte Eulalie" si vous cliquez sur "image", là aussi, vous avez le "Ludwigslied".
Toujours par google,
si vous tapez : cantilène de Sainte-Eulalie
il faut chercher les références sous lesquelles sont indiqués en vert :
zoom 40/57 (vous pouvez remonter à la page 1) et
bookline-03.valenciennes.fr/bib/decouverte/histoire
le document qui est présenté page 40/57 vous permet de remonter jusqu'à la page 1 donc jusqu'au début du livret :
Les plus anciens monuments de la Langue Française
DIE ÄLTESTEN FRANZÖSISCHEN SPRACHDENKMÄLER
Eduard Koschwitz
Die Strassburger Eide
Eulalaliasequenz
Jonasfragment
Die Passion Christi
Der heilige Leodegar
Sponsus
Fragment de Valenciennes
Si vous copiez collez, en entier :
" Elnonensia. Monuments des langues romane et tudesque dans le ixe ... - Résultats Google Recherche de Livres "
vous avez des pages du livre de Heinrich Hoffmann de Fallersleben
Pareillement pour :
" Les enjeux de la nomination des langues "
Ce sont des extraits de livres numérisés par Google.
Toujours par google si vous tapez, uniquement :
" la cantilène d'Eulalie "
vous cherchez ensuite la référence :
" la Cantilène de Sainte Eulalie "
avec dessous
1858, Emile Littré; "Etude du chant d'Eulalie et du fragment de...
vous arrivez sur la bibliographie de la bibliothèque de Valenciennes, vous avez en rouge :
August Heinrich Hoffmann von Fallersleben, Elnonensia. Monuments de la langue romane et tudesque dans le IXe siècle...
En cliquant vous arrivez sur :
ELNONENSIA
Monuments de la langue romane et de la langue tudesque du IXè siècle
par Hoffmann von Fallersleben
il faut impérativement avoir les références en rouge, vous pouvez accéder à d'autres documents :
Johannes Schilter, Rhythmus Teutonicus,
Jules Mangeart, [Notice du manuscrit 150]
Paul Meyer, "Note sur la métrique du chant de sainte Eulalie", Bibliothèque de l'Ecole des Chartes
Eduard Koschwitz, Les plus anciens monuments de la langue française = Die Ältesten Französischen Sprachdenkmäler zum Gebrauch bei Vorlesungen
Auguste Molinier, [Notice du manuscrit 150]
M. Ennecerus, Zur lateinischen und französischen Eulalie,
[Jean-Louis Borloo, "Avant-propos", p. 7-8 ; Marie-Pierre Dion, "Introduction", p. 9-12 ; Henri Platelle, "L'Abbaye de Saint-Amand au IXe siècle", p. 18-34 ; Marie-Pierre Dion, "Le Scriptorium et la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Amand au IXe siècle"
Si tout bêtement vous allez sur wikipédia à "Séquence de Sainte-Eulalie", vous avez sous l'image : "numérisation du parchemin". Vous cliquez sur la phrase et vous recliquez sur le document, ce qui l'agrandit encore.
J'ai en effet vu l'émission dont vous faites référence. Que de beautés, il y a dans ce monde.
Rédigé par : Marie @ Catherine Jacob | 04 avril 2008 à 15:40
@Marie
Excellent en effet l'exergue de la page de la bibliothèque du FachhochsculeAugsburg sur laquelle j'ai tout de même fini par aboutir:
"Wer etwas will, sucht Wege,
wer etwas nicht will, sucht Gründe"
Malheureusement je n'ai pas de passwort pour la consultation du catalogue et votre page de la Ludwigslied paraît manifestement intranet.
Rédigé par : Catherine JACOB | 04 avril 2008 à 11:17
@Marie
J’ai trouvé très subtile la présentation informatique du manuscrit, de sa transcription dactylographique ainsi que de la traduction en français contemporain de la cantilène de Ste Eulalie sur le site de la bibliothèque de Valenciennes que vous m’avez indiqué.
Il est toutefois un peu dommage que le grossissement des lignes du manuscrit soit insuffisant et qu’on ne bénéficie de sa production que comme support décoratif du texte.
Personnellement je suis plutôt plongée dans l’épigraphie sur support os gravé, mais j’aime bien l’objet représenté par le manuscrit lui-même comme ceux de l’exposition sur l’art carolingien présentée par la Bnf dont vous m’avez également indiqué l’adresse du site, mais dont nous avons ici avec « Les très riches Heures de Metz » un très bel exemple de psautier gothique acquis pour une somme pharaonique. Voir : http://www.mairie-metz.fr/METZ/MED/EXPOS/MED_Psautier.html L’art de l’enluminure à Metz étant également connue par le fameux le Sacramentaire de Drogon de Metz, un bâtard de Charlemagne encore connu lui-même sous l’orthographe ‘Dreux’ ou ‘Drogo’, et qui date du 8ème siècle (http://fr.wikipedia.org/wiki/Sacramentaire_de_Drogon ), et j’ai actuellement sur les genoux une bible du cercle du bibliophile dont la couverture est en argent sculpté, orné de turquoises et doré sur tranches que j’ai sorti des rayonnages après la lecture de votre post, de facture en revanche moderne donc fort grossière en comparaison des ouvrages évoqués ci-dessus mais que les japonais sont toujours émerveillés de voir chez un particulier (ou alors ils font comme si, ce qui est toujours gratifiant pour l’ego… !) .
Si vous vous intéressez aux cantilènes, vous avez sans doute entendu parlé de la cantilena metensis de l’époque où le chant grégorien s’appelait le chant messin et où Metz était capitale du royaume d’Austrasie. Il existe encore quai Paul Wilzer, du nom d’un ancien bâtonnier, un centre d’études grégoriennes (http://site.voila.fr/gregorien57/index.jhtml )
Je ne sais pas si vous avez regardé l’émission de présentation de l’art de l’époque de la construction du Taj Mahal visité par NS, mais on a pu voir à cette occasion un portrait du souverain de l’époque inspiré des lettrines des manuscrits européens et qui le fait figurer lui-même en miroir avec une vierge d’inspiration carolingienne ce qui est, comme le faisait remarquer le conservateur indien, effectivement extrêmement intéressant et extrêmement rare.
Enfin, vous avez tout à fait raison d’évoquer les enjeux de la nomination des langues qui, tout autant que les métamorphoses dont les arts se font le témoin, restent en effet énormes !
En ce qui concerne le fond de ma pensée quand à l’évocation du sacrifice d’Iphigénie à propos de la cantilène d’Eulalie, il avait rapport à la transformation animale à l’occasion du sacrifice, par exemple la biche donnée comme substituée à Iphigénie par Artémis à l’insu du sacrificateur lui-même, le père, et la colombe qui s’envole, telle une âme, du lieu sacrificiel dans la cantilène d’Eu-lalie, le beau langage ou le parler bien ou peut-être simplement vrai… qui nous ferait de notre colombe, une possible métonymie de « l’esprit de la lettre ».
Rédigé par : Catherine JACOB | 04 avril 2008 à 11:06
A Mike, Surcouf, Pierre- Antoine, Catherine A et Stellar
Je suis d’accord avec vous 5.
Dire qu’on en fait trop est peut-être un peu léger.
Subir les insultes dans la vie quotidienne n’est agréable pour personne.
Que cela porte sur l’identité sexuelle, les origines et j’en passe.
D'ailleurs, heureusement qu'il n'y avait pas d'insultes à caractère racial ou religieux : cela aurait été pire !
Il faut, depuis des années, faire très attention à ne pas donner son avis sur une religion sinon, oulala, c'est la fin du monde ! On en encense certaines et on en piétine d'autres.
Il y a eu, ces derniers mois et années, des injures raciales lancées via le terrain de foot, à l'égard de joueurs. Donc, le caractère racial ou religieux, c'est au même niveau que les injures qui utilisent une identité sexuelle (ce cas présent).
Pourquoi minimiser la banderole contre les gens du Nord et s'indigner des autres faits passés ? Une attaque reste une attaque.
Je trouve cela très bien que l’on rappelle aux citoyens que la diffamation ou l’injure sont punies par la loi.
A Philippe et aux autres,
Je suis étonnée, Philippe, par votre prise de position.
Gens de l’Est, du Nord ou du Sud, mais c’est quoi, de mettre des étiquettes non pas pour lancer un débat mais par indigence de l'esprit et/ou par pure méchanceté (et j’appuie sur ce mot) ?
Il est clair que les tests ADN c’est un peu fort en chocolat (et on n’a pas fini d’en faire, des tests !) car il ne s’agit pas d’une personne précise harcelée pendant toute une période de son existence par des railleries ou autres calomnies.
Pourtant, mon humble avis (je suis minoritaire sur ce site à penser ainsi, alors j’y vais doucement…hm…) est que toute attaque doit être sanctionnée.
En prenant du recul, cette affaire n’engendrera pas de traumatismes chez un individu précis donc, l’attaque, diluée dans la masse, est moins nuisible pour le mental. Pourtant, elle n’en reste pas moins préjudiciable dans ce qu’elle véhicule comme intention(s). Et ne me parlez pas de joyeuse complicité virile ! Trop facile !
L’aspect grégaire n’a jamais engendré que du bon. Il est clair qu’un seul individu n’aurait pas pu porter une telle banderole à lui tout seul (humour). Et aurait sûrement moins assumé son geste. Une personne seule ne l’aurait sûrement jamais fait, par ailleurs.
« Emportés par la foule (…) » Edith Piaf.
Mais nous sommes loin de la Révolution, y’a encore du chemin à parcourir ! Pour l’instant, les régions se déchirent entre elles, alors le pouvoir, il n’a pas de souci à se faire ! (humour, toujours.)
Allez, cette affaire va vite être ensevelie par d’autres !
Bon, ben, voilà, bon we à toutes et à tous !
Rédigé par : Ktrin à Mike, Surcouf, Pierre-Antoine , Catherine A et Stellar | 04 avril 2008 à 00:23
Cher Philippe, j'aime vraiment beaucoup votre commentaire sur ce fait divers, sur cette vulgaire grossièreté somme toute très dérisoire. Votre billet est simple, clair, apaisant et particulièrement juste. Oui, je suis bien d'accord : tout n'est pas infiniment grave, partout, toujours. En fait, je trouve cette "Grosse fatigue"… très reposante. Merci.
Rédigé par : Christophe Jung | 03 avril 2008 à 22:25
Moi aussi je trouve que cette affaire de banderole atteint des proportions étonnantes allant jusqu'au ridicule. Ce bombardement politico-médiatique, de déclarations en déclarations, d’interviews en interviews, traduit un véritable malaise du système en place, si heureux de trouver un sujet « consensuel ».
Rédigé par : Fabrice Trochet | 03 avril 2008 à 19:16
J'offre en pâture à l'hilarité universelle le fondement juridique de l'enquête de flagrance diligentée suite à cette provocation sans égal depuis le dépêche d'Ems : selon les gazettes il s'agit rien moins que d'"incitation à la haine..." (raciale ?) "Injures publiques" aurait peut-être été une incrimination proportionnée. Surtout quand on songe que nos délicats parisiens se contentaient de répondre aux interpellations raffinées dont, à quelque temps de là, les avaient gratifiés des lensois atteints depuis en leur honneur (vouant les soeurs des dessus-dits parisiens à toutes sortes de tourments que la pudeur me retient de préciser plus avant). Depuis l'Antiquité, on sait que le juge est appelé à départager toutes sortes de personnages, fussent-ils des sots ; je ne sache pas que les quaestores parricidii aient jamais engagé leur autorité dans une comédie aussi médiocre. Le XIXe siècle nous révèlera sans doute l'urgente nécessité d'instituer, à défaut de tribunal du point d'honneur, une haute cour des jurons contre l'humanité. Ce qui manquait sans doute encore à notre Etat de droit.
Rédigé par : Irnerius | 03 avril 2008 à 18:56
Il paraît qu'il y a près d'un mois, lors du match "Lens - Lille" une banderole aurait été déployée par les lillois sur laquelle on pouvait y lire : "A 30 kms de Lille, ici c'est le tiers-monde"
Alors, au diable la, les banderole(s), au diable les insultes… et leurs auteurs…
@ Catherine JACOB,
« J’ai été très intéressée par ce passage où les langues lorraines figurent sous deux de leurs aspects, le lorrain (gaumais) dont mon aïeul maternel originaire de la Vôge, parlait la variante spinalienne, ainsi que le francique parlé par mon aïeul paternel dans sa variante luxembourgeoise. » avez-vous écrit.
Je vous avais signalé le poème lyrique de l’époque carolingienne, premier texte poétique de langue française – en dialecte picard-wallon – inspiré d'un hymne du poète latin Prudence qu'on peut lire dans le Peristephanon, dont le sujet est la vie, le martyre et la mort, à Merida en 304, ou Barcelone ? D’Eulalie, la plus populaire parmi les saints espagnols…
Il semble ne plus avoir trace de la mélodie, celle-ci aurait été écrite par le moine Hucbald de Saint-Amand (v850-930), hagiographe, poète et musicien, célèbre pour un « Eloge de la calvitie » dédié à Charles le Chauve, dont les 136 hexamètres débutent tous par la lettre « C ».
« Carmina clarisona calvis cantate, camenae… »
Au Moyen Âge, seule la littérature latine fait allusion à des cantilènes.
À l’époque carolingienne, le terme « cantilène » désigne des poèmes en langue vulgaire qui, au demeurant, n’ont pas laissé de traces écrites. Il est surtout connu pour avoir désigné le poème « Séquence ou Cantilène de Sainte Eulalie », que j’ai déjà cité.
…..
Au XXe siècle, Proust, dans « À la recherche du temps perdu » et plus précisément dans « La prisonnière », évoque la « cantilène indéfinie » d’un marchand d’escargots : « On les vend six sous la douzaine », qu’il rapproche des « notes » douces d’Arkel, vieux roi d’Allemonde, dans « Pelléas et Mélisande » de Maeterlinck….
Avez-vous, Madame, observé le manuscrit ? L’original de la bibliothèque de Valenciennes ?
La "Cantilène de sainte Eulalie" peut être localisée et datée avec une précision exceptionnelle pour l’époque : elle provient de l’abbaye d’Elnone (Saint-Amand-les-Eaux), où elle paraît avoir été composée entre 879 et 882, peu après l’introduction des reliques de la petite sainte à cette abbaye.
Cette séquence est incluse dans une compilation de 8 sermons en latin de saint Grégoire de Nazianze. Parmi ceux-ci, quatre autres poèmes, trois chants liturgiques latins et, aux côtés de la Cantilène (folio 141 verso), transcrit par la même main, le Rithmus Teutonicus, en langue tudesque : « le Ludwigslied », l’un des premiers monuments de la langue germanique, célébrant la victoire de Louis III sur les Normands à Saucourt-en-Vimeu le 3 août 881. (près de Saint-Amand)
Sur le site de : « Valenciennes.fr »,
Aller sur « culture » puis « bibliothèque » puis « cantilène »
par google :
La cantilène de Sainte Eulalie
Zoom, document 40/57
Zoom, document 55/57
Les plus anciens monuments de la Langue Française
DIE ÄLTESTEN FRANZÖSISCHEN SPRACHDENKMÄLER
Eduard Koschwitz
En 1837, Hoffman von Fallersleben découvre le poème « Sainte Eulalie », conservé à la Bibliothèque de Valenciennes, ce premier texte littéraire connu à avoir été rédigé dans une langue romane préfigurant le français moderne.
sites également à consulter :
August Heinrich Hoffmann von Fallersleben, Elnonensia. Monuments des langues romane et tudesque dans le IXe siècle...,
Trésors carolingiens ; écriture caroline…
http://expositions.bnf.fr/carolingiens/index.htm
http://www.hs-augsburg.de/~harsch/germanica/Chronologie/
09Jh/Ludwigslied/lud_intr.html
La langue romane française a été écrite et nommée pour la première fois dans la Chronique de Nithard, petit-fils de Charlemagne, qui a relaté la cérémonie des « Serments de Strasbourg » l’année même de l’événement. Le 14 février 842, deux rois petits-fils héritiers de Charlemagne se sont jurés alliance contre les ambitions sans limite de leur frère aîné : la formule du serment d’alliance a été prononcée par chacun des rois dans la langue de chaque royaume, futures langues française et allemande.
La 1ère phrase écrite en français a été enregistrée à l’intérieur de l’histoire des querelles de succession entre les héritiers de Charlemagne composée en langue latine par Nithard
Conseiller de Charles II le Chauve.
Le serment des rois rédigé en langue romane :
« Pro deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament, d'ist di in avant, in quant deus savir et podir me dunat, si salvarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra salvar dist, in o quid il mi altresi fazet, et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai, qui meon vol cist meon fradre Karle in damno sit. »
« Pour l’amour de Dieu et le salut commun du peuple chrétien et le nôtre, à parti de ce jour autant que Dieu m’en donne le savoir et le pouvoir, je soutiendrai mon frère Charles, [Louis], de mon aide en toute chose, comme on doit justement soutenir son frère, à condition qu’il m’en fasse autant, et je ne prendrai jamais, aucun arrangement avec Lothaire, qui, à ma volonté, soit au détriment de mon frère Charles [Louis]
En tudesque :
« In Godes minna ind in thes christianes folches ind unser bedhero gealtnissi, fon thesemo dage frammordes, so fram so mir Got geuuizci indi mahd furgibit, so haldih tesan minan bruodher, soso man mit rehtu sinan bruodher scal, in thiu, thaz er mig sosoma duo ; indi mit Ludheren in nohheiniu thing ne gegango, zhe minan uuillon imo ce scadhen uuerhen. »
Et le serment de fidélité des princes prononcé par ceux du royaume de Charles en langue romane :
« Si Lodhuvigs sagrament, que son fradre Karlo iurat, conservat, et Karlus meos sendra de suo part non lo tanit, si io returnar non l'int pois : ne io ne neuls, cui eo returnar int pois, in nulla aiudha contra Lodhuvig nun li iu er. »
« Si Louis respecte le serment que son frère Charles a juré mais que Charles, mon seigneur, pour sa part ne le respecte pas, et que je ne peux l’y ramener, si ni moi ni personne ne peut l’y ramener, je ne lui apporterai aucune aide contre Louis.
En tudesque :
« Oba Karl then eid, then er sinemo bruodher Ludhuuuige gesuor, geleistit, indi Ludhuuuig min herro, then er imo gesuor, forbrihchit, ob ih inan es iruuenden ne mag, noh ih noh thero nohhein, then ih es iruuenden mag, uuidhar Karle imo ce follusti ne uuirdit. »
.....
A Tabouret-Keller le nom des langues 1
Les enjeux de la nomination des langues
Bibliothèque des cahiers de l’institut de linguistique de Louvain
Rédigé par : Marie @ Catherine Jacob | 03 avril 2008 à 18:06
Je suis d'accord avec vous sur le caractère excessif de la réponse pénale envisagée et des moyens utilisés.
En revanche, cette banderole exprime une bêtise immense. Déployée lors d'une finale de coupe et en présence du Président de la République, elle ne devait pas rester sans réaction. Président de tous les Français, Nicolas Sarkozy a eu raison de s'émouvoir et, selon le récit de la presse, d'exiger sa disparition immédiate.
Pour que les matchs de football soient des moments de confrontation n'excluant pas le respect, il me semble souhaitable que de tels agissement soient prévenus et sanctionnés, mais plutôt sur le terrain disciplinaire, comme une interdiction de stade.
Rédigé par : stellar | 03 avril 2008 à 14:15
@Philippe
Je vous trouve d'une étrange bienveillance à l'égard de cette bande de fachos, racistes, abrutis (désolée mais la connerie n'est pas une circonstance atténuante). J'en ai marre que nos impôts servent à payer des centaines de policiers chargés de surveiller ces bandes de crétins violents, à donner des subventions au PSG et autres clubs, j'en ai marre de voir des dirigeants de foot larmoyer mais surtout ne pas décider des matchs à huis-clos ; pas touche à la caisse bien sûr. Les Britanniques se sont débarrassés de leurs voyous, pourquoi les dirigeants français n'en sont-ils pas capables ? C'est vrai qu'ils sont pitoyables quand ils jouent les vierges effarouchées mais ça ne change rien au fond du problème.
"on en fait trop, il n'y a eu ni viol ni mort d'homme" dites-vous. Et alors ? Faut-il attendre que ces avinés se "fassent" un spectateur dont la tête ne leur reviendrait pas ?
Bien sûr cette banderole à côté des actes de Fourniret parait dérisoire mais cette comparaison me paraît tirée par les cheveux. Faut-il établir un top 10 de l'odieux et absoudre les "mal placés" ? Je ne le crois pas ; un acte est odieux en soi ou ne l'est pas, que l'on puisse trouver pire ne change rien.
Rédigé par : catherine A. | 03 avril 2008 à 11:31
Voilà notre cher Avocat général qui présente quelques signes de lassitude judiciaire ?
Laisser les mots à leur place.... que des mots...
Mais ne sont-ce pas des mots qui résonnent dans les prétoires ? Des mots qui accusent, des mots qui condamnent, des mots qui abaissent, enferment et achèvent ?
Un homme refuse de parler hors d'un huis clos... et là du coup on l'oblige à parler...
à dire l'indicible, l'innommable et le répugnant !
Il y a des mots qui engendrent des maux... et vous voudriez qu'on les laissent passer ? Qu'on les "ouatent" de silence ?
NON NON et NON, il est des mots que l'on devrait toujours condamner, surtout quand ils banalisent, noient sous la fréquence...
qu'ils soient de voyous, ou d'intellectuels...
Comme vous avez des mots contre BHL et AG... (bravo, ils nous inondent de leur suffisance).
Pareillement, il doit y avoir des mots hors et dans les prétoires pour condamner les mots des hooligans, ils banalisent la bêtise humaine...
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 02 avril 2008 à 21:23
"Deux choses sont infinies : l'univers et la bêtise humaine, pour l'univers, je n'en ai pas acquis la certitude absolue."
Einstein
Rédigé par : Marie | 02 avril 2008 à 19:32
Je trouve quant à moi normal que la presse et/ou l'Etat mette la pression sur le monde du football. Depuis bien longtemps déjà on a dépassé le stade du supporter pour celui de l'insupportable.
La maison football doit vider ses latrines afin d'assainir ses gradins d'une pesante puanteur.
Comment peut-on espérer amener des enfants sur les stades pour célébrer la sportivité, l'abnégation, le dépassement de soi et leur montrer de tels comportements.
D'un autre côté, me direz-vous, il suffit d'éviter ce soit-disant sport. Mais je ne peux cependant oublier qu'à la base, il existait un jeu de ballon que nous pratiquions autrefois dans les cours d'école tout insouciant que nous étions.
Non je ne pense pas qu'il s'agisse d'une sale goutte de vulgarité.
Les lois sanctionnant ce genre de comportement existent, alors que la justice, une fois saisie, les applique.
Arrêtons de trouver des excuses à ce genre d'individu. Arrêtons de trouver des excuses à tous et à tout et pour tout.
La sanction n'est rien sans la responsabilité et la conscience de celle-ci.
Il ne s'agit pas ici de mettre ces imbéciles en prison ou de surestimer leur nocivité mais simplement de les empêcher de venir nous gâcher le plaisir d'une rencontre sportive et populaire.
Bonne soirée à tous
Rédigé par : Surcouf | 02 avril 2008 à 19:10
"Je croyais pouvoir me reposer mais c'était sans compter sur la lecture du Monde."
Il y a aussi page12 l'annonce de la confirmation par le Conseil d'état de la mutation du procureur d'Agen. Il n'est cependant pas précisé s'il s'agit d'un arrêt du conseil d'état statuant comme en matière de cassation on s'il existe encore une quelconque voie de recours.
Personnellement, en tant que citoyenne lambda, je trouve cette guéguerre d'autorité entre les parquets et leur garde qui, en tant que ministre de la Justice, paraît en grand décolleté à la table d'Elisabeth II et est de tous les déplacements présidentiels importants, assez désolante. Je pense qu'il faut désormais laisser Carla s'occuper des questions de représentation nationale, et préserver précieusement le loisir de se pencher à tête reposée sur les dossiers de la Chancellerie ainsi que du temps pour un dialogue constructif ayant pour but en premier lieu l'intérêt du justiciable.
Sur la même page, on apprend qu'un détenu obtient 3000€ de préjudice moral du fait que l'administration pénitentaire a failli à lui garantir comme "à tout détenu, le respect des droits fondamentaux inhérents à la personne."
S'agissant de la chute du mur de Berlin page 18, ainsi que de la réunification de l'Allemagne, je pense qu'avant de représenter une faille dans le bloc de l'est, elle a représenté en premier lieu la possibilité pour les allemands de l'est qui se partageait une poire en quatre au dessert, de pouvoir déguster une poire par personne, si je me réfère au récit bouleversant que je tiens de ressortissants français d'origine allemande dont la famille était restée 'murée' à l'Est. Ceci étant la réunification n'a pas constitué un chemin jonché de roses et tout n'est pas paru si évident que cela à l'ensemble des allemands de l'est longtemps encore après la chute du mur, qui ont du apprendre à vivre de façon autonome et ne sont pas devenus milliardaires du jour au lendemain ou encore fonctionnaires en poste dans une grand école vu que le système éducatif est différent de l'autre côté du Rhin. Nonobstant les allemands ont fait l'effort de trouver des solutions aux difficultés surgies d'un nouveau vivre ensemble.
Cette fois-ci il s'agit non pas d'unifier un pays ou encore d'intégrer l'Ukraine et la Géorgie aux 27 + 4 candidats, mais à l'OTAN si j'ai bien compris, de soutenir la candidature de ces « jeunes démocraties » ainsi que de permettre à la France prodigue d'y retrouver son rôle d'avant 1966.
« En Ukraine, être pour ou contre l'OTAN suit la ligne de fracture géographique du pays » dit-on cependant. Est-ce à la France de faire levier pour obtenir une fracture bien nette ??? Quelle incidence cela aura-t-il sur l'Euratom ??? Quel rapport avec le fait que « le 60e anniversaire de l'Alliance soit organisé pour la première fois dans deux villes en même temps, à Strasbourg, dans l'est de la France, et du côté allemand de la frontière, à Kehl. »?
Honnêtement ? „Keine Ahnung!“ = Je n'en sais rien. S'agissant de la Géorgie, je pense à la correspondante que j'avais à Tbilissi quand j'étais en première et qui m'avait fait connaître l’Homère géorgien, le poète Chota Roustavéli ( en géorgien : შოთა რუსთაველი qui n’est donc pas du cyrillique) - auteur notamment du Chevalier à la peau de Tigre. « Les Géorgiens qui se considèrent comme un peuple de poètes se définissent ainsi dit-on encore: « dans tout Géorgien il y a un poète, et dans tout poète Géorgien il y a deux poètes».
Or, la petite française écervelée et futile que j’étais a répondu en envoyant le Figaro Madame ou quelque chose dans ce goût là ainsi qu’une paire de bas qui tenaient tout seuls avec une jolie jarretière. Quelle déception cela a du être pour qui sans doute avait des préoccupations des lycéennes françaises une idée un peu plus élevée !!
Moins frivole aujourd'hui et, mieux vaut tard que jamais, de la transmission culturelle me voici enfin l'humble passeur, avec ces trois strophes extraites du prologue du Chevalier à la peau de Tigre (Panthère, Léopard selon les traducteurs):
1 Celui qui créa l'Univers par Sa puissante volonté,
Insufflant aux êtres, des deux, l'esprit divin et la bonté,
Nous donna le monde aux couleurs multipliées à volonté.
De Lui détient tout souverain son image et sa royauté.
[...]
"11 Que chacun suive son destin, du sort échu qu'il se contente,
Le travailleur en travaillant, le guerrier en quittant la tente,
Le midjnour faisant de l'amour la plus délicieuse attente,
Ni décrié ni décriant, du gai savoir la joie le tente.
12 La poésie depuis toujours est l'occupation du sage,
Divine, à divin entendeur offrant un sublime partage,
Dans son commerce trouvera l'homme de bien son avantage,
Un long propos se dit en bref, du chaïri c'est l'apanage"
Glossaire des deux mots laissés tels quels dans le texte:
midjnour, amant ; mot expliqué à la strophe 22
chaïri, vers géorgien de seize syllabes utilisé dans cette œuvre.
Rédigé par : Catherine JACOB | 02 avril 2008 à 16:49
La débilité de l'incident n'a d'égale que la débilité des indignations grotesques qu'il a suscitées. L'éclat de rire qui a accompagné hier au soir chez Taddéï le commentaire ampoulé d'un bref reportage sur "l'affaire" était rafraîchissant et, pour une fois, on ne pouvait qu'approuver les remarques pleines de bon sens de B. Gaccio...
Rédigé par : Guzet | 02 avril 2008 à 12:27
Votre relative mansuétude envers les porteurs de banderoles me surprend.
Peut-être est-ce dû au fait que je suis indifférent au foot (et surtout à ses "danseuses" qui font l'avion quand ils ont envoyé la baballe dans la cage adverse), alors que je vous sais fan de ce sport ?
Tout de même, les mots sont toujours porteurs de sentiments d'affection, d'intérêt ou de mécontentement voire de haine.
C'est pourquoi beaucoup vous lisent avec intérêt et sans doute quelque affection.
Ces trublions nuisibles qui s'en prennent successivement aux noirs, aux juifs, aux pédés, aux marseillais, aux ch'tis etc.., en quoi le football les intéresse-t-il ?
Attention, sans forcer le trait : aujourd'hui les banderoles, demain les fumigènes, un jour les cocktails Molotov.
Il faut empêcher cette engeance malfaisante de nuire ; nous ne devons pas nous joindre au choeur des soi-disant professionnels du foot qui absolvent les voyous en minimisant leurs exploits.
Rédigé par : mike | 02 avril 2008 à 12:17
Cher Philippe,
Une merveille de billet pour une morale que l'on pourrait décliner, à l'envie, dans bien d'autres domaines.
Notre impuissance à lutter contre les véritables scandales nourrit le terreau de la frustration collective. Prête à éclater, elle nécessite des soupapes de sécurité : l'affaire de la banderole joue ce rôle.
On se défoule en lynchant le voleur de pomme... faute de mieux.
***
Un grand merci, cher Philippe, pour ce blog passionnant.
Rédigé par : Charles | 02 avril 2008 à 11:30
@sbriglia,
L'esprit d'offense mérite au pénal ce qu'il mérite si des textes sont prévus pour le réprimer, mais nous, nous citoyens, pour notre part, devrions, tous, quel que puisse être notre sentiment personnel, sympathie, antipathie, ce que vous voulez, donc, pour notre part, nous devrions marquer notre réprobation.
De nos jours, et c'est peut-être ce qui pose un problème moral à la société, la réprobation ne va plus de soi.
Tout n'est pas désinvolture.
Rédigé par : daniel ciccia | 02 avril 2008 à 11:08
Très drôle sbriglia !
Vivement le week-end, qu'on nous redonne Claire Chazal pour nous reposer de cette grosse fatigue.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 02 avril 2008 à 11:06
Vous avez tout à fait raison, M. Bilger. Un souci de mesure n'est jamais superflu.
Rédigé par : daniel ciccia | 02 avril 2008 à 10:26
On en fait beaucoup trop, en effet, avec cette banderole. Tout doit être lisse, propre, net, on doit tous s'aimer les uns les autres, se respecter, et bla, bla, bla... Cette moraline médiatique est un peu pénible. "Il ne faut plus voir ça dans les stades" dit-on. Autant faire jouer les matchs à huis clos. Comme si les combats sportifs pouvaient ressembler à des soirées mondaines de l'Automobile Club.
Sous couvert de tolérance et de respect, on veut interdire l'accès au stade de supporters. C'est un peu le paradoxe des "censeurs". Ils pensent tellement agir pour le Bien qu'ils en oublient que les moyens employés contredisent ce pourquoi ils agissent. Et, bien sûr, ils pensent être dans leur bon droit. "Nous sommes tous des Ch'tis". Cette affirmation est tellement ridicule que j'ai cru que M. Thiriez nous faisait une blague. Mais non... Un peu comme si la finale de la coupe de la Ligue devait être considérée comme le 21 Septembre des gens du Nord.
Rédigé par : Noblesse Oblige | 02 avril 2008 à 10:00
Vous avez tracé le juste milieu (de terrain). Les politiques, eux, surjouent sur ce même terrain, comme d'habitude...
Rédigé par : Bulle | 02 avril 2008 à 09:48
A mon sens, cette triste affaire de banderole ne méritait guère davantage qu'une condamnation médiatique. Seule la bêtise explique pareil débordement. Comment se fait-il que Rachida Dati n'ait pas encore songé à nous annoncer un projet de loi préconisant l'enfermement à vie de tels supporters pour éviter qu'ils ne récidivent ? A l'évidence, la Mairie du VIIème occupe davantage Mme Dati ces derniers jours...
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 02 avril 2008 à 08:36
"AFP-020308/20h- Nouvelle affaire de banderole à Paris, dans le 10ème arrondissement : sur la façade des locaux de "L'Humanité" un calicot vient d'être déployé sur lequel on peut lire "Casse-toi de la lucarne potiche incompétente !"
On soupçonne un fleuriste décorateur, tendance néo Paul Lafargue...
Les policiers sont sur les genoux...
"Cette nouvelle affaire sera traitée sans désinvolture, assure-t-on au ministère."
Rédigé par : sbriglia | 02 avril 2008 à 04:11