J'ai envie de parler de Bertrand Delanoë et de l'exposition de photos consacrée à la vie des "Parisiens sous l'Occupation", dont le Parisien et le Figaro traitent dans de courts articles.
Avant, un petit mot sur cette tendance actuelle regrettable de certains hommes politiques de parler de manière familière ou pire, vulgaire. Ainsi, Jean-Christophe Lagarde, maire de Drancy, avec Nicolas Demorand sur France Inter. Rien de plus faux que de croire qu'un tel langage vous rapproche de l'auditeur. Bien au contraire, il conduit celui-ci à suspecter la démagogie et la fausse proximité de l'intéressé. Rester naturel est encore la meilleure manière de ne pas s'aliéner le peuple.
Bertrand Delanoë, qui dégaine trop vite avec "ses" citoyens d'honneur - c'est au tour, maintenant, du dalaï-lama - a eu, en revanche, totalement raison dans sa gestion de l'affaire liée à l'exposition de photos. Il a refusé de l'interdire contrairement à certains qui, comme Christophe Girard son adjoint (PS) à la culture, militaient pour son annulation.
De quoi s'agit-il ?
Cette exposition, organisée à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP), permet de voir 250 clichés en couleurs d'André Zucca, un photographe qui collabora au journal proallemand Signal. Ils montrent, sous l'Occupation, des Parisiens en pleine douceur de vivre.
La polémique est née de l'absence d'avertissement et du risque de voir des visiteurs se méprendre sur la nature réelle du climat parisien à l'époque. Dans une société cultivée, consciente de son passé et de son Histoire, cette manifestation aurait pu être organisée et se dérouler sans l'ombre d'une précaution préalable. Force est de considérer qu'aujourd'hui, celle-ci est devenue nécessaire. Le Conservateur en chef de la BHVP, Jean Dérens, à d'ailleurs admis que les panneaux d'information installés à l'inauguration n'étaient pas assez "informatifs". Ce qui justifie la démarche du Maire de Paris s'engageant à favoriser des débats sur le contexte de l'exposition et l'Occupation à Paris.
Il n'empêche que Bertrand Delanoë a répliqué intelligemment à ses contradicteurs en soulignant qu'il n'était pas indifférent de révéler, alors, la joie de vivre et l'égoïsme de certains quand d'autres éprouvaient le pire. Jean Dérens n'a pas tort non plus quand il souligne que le rôle de la BHVP n'est pas de se muer en "institution pédagogique".
Alors ?
Le scandale ne réside pas dans la tenue d'une telle exposition qu'on aurait pu annoncer en la sous-titrant : Une vision de l'Occupation parisienne, par exemple, mais dans le fait que d'aucuns aient pu suggérer de l'interdire. Dans quelle époque vit-on où apparemment il faut tout mâcher pour le confort du citoyen : la pensée, l'opinion, la mémoire et l'indignation ? Si Bertrand Delanoë n'avait pas tenu ferme et si on avait poussé l'indécence et le mépris du Parisien jusqu'à annuler la présentation de ces photographies au prétexte qu'elles auraient pu nuire à sa santé mentale et civique, on n'aurait fait qu'amplifier ce mouvement qui tend à nous considérer comme des simples d'esprit. En effet, on prend tellement de précautions, pour notre bénéfice paraît-il, qu'on a vraiment l'impression que notre communauté n'est composée que d'imbéciles et de pervers. Par peur de nous voir tomber dans tous les pièges possibles, on serait prêt à nous dispenser de tout.
Je n'ose imaginer l'interdiction de cette exposition parce qu'elle aurait été trop dangereuse pour nos esprits faibles ou incultes. Si on n'avait dû compter que sur le sens du ridicule, rien n'était gagné. Les enseignants ne sont plus respectés comme ils le mériteraient mais qu'ils se rassurent : beaucoup de citoyens sont pris pour des élèves et les leçons n'ont même pas à être apprises.
Bertrand Delanoë, citoyen d'honneur en l'occurrence. Incontestablement. Heureusement.
Comme à l'accoutumée, je réserve la lecture de ce blog après le dessert... pour continuer le plaisir peut-être de trouver ça et là des idées originales, agréables, rassérénantes, bref un moment inédit que j'apprécie.
Merci de ce divertissement.
Rédigé par : nana | 25 avril 2008 à 23:02
« La radio anglaise m’accuse de collaborer » écrit Jean Cocteau le 1er octobre 1943. « La presse franco-allemande m’accuse d’être gaulliste. Voilà ce qu’il arrive aux esprits libres qui refusent de se mêler de politique et n’y comprennent rien ». Cocteau s’est adonné sous l’Occupation aux fréquentations les plus équivoques, continuant son œuvre dans un « Paris de rêve » comme si de rien n’était.
« Ne se laisser distraire à aucun prix des choses sérieuses par la frivolité dramatique de la guerre » se recommande t-il à lui-même.
La défaite a besoin de boucs émissaires. Plutôt que de faire le procès des militaires – et pour cause… - le gouvernement de Vichy entreprend très vite de vitupérer la corruption morale, incarnée par quelques écrivains à la mode, dont Gide et lui, Cocteau.
« Ces messieurs ont décidé que Gide et moi étions les responsables – on rêve. On va jusqu’à dire que « les Parents terribles » sont responsables de la défaite ».
« Beauté prodigieuse de Paris en 1942. Les sirènes, la foule qui profite des alertes pour déambuler dans les ténèbres. Les Allemands qui découvrent des France les unes sous les autres et déchiffrent des énigmes (…) les restaurants où se vend tout ce qui ne doit pas se vendre (…) Les danses clandestines, les orchestres dans les caves, les insultes de la Presse, les théâtres qui regorgent de morale (…)
« Qu’ai-je récolté dans cette France ? Des insultes et une incompréhension inimaginables » note t-il, abasourdi par un tel flot de haine.
Comment oublier que ce Paris de mystère et de clandestinité où il aimait vivre malgré la guerre, était aussi une ville de souffrance, d’atrocités et de mort ?
Cocteau y perdra, sans pouvoir tendre la main, son ami Jean Desbordes, qui travaillait pour la Résistance polonaise sous le nom de Duroc. Arrêté et torturé par les Allemands au 180 rue de la Pompe – la Gestapo y avait établi une permanence spéciale où l’on jouait du Mozart en « interrogeant » les prisonniers – il est battu à mort en juillet 1944. Longtemps, les circonstances de sa disparition demeurèrent floues pour Cocteau. Des versions terrifiantes circulaient. L’une d’elles affirmait qu’on était allé jusqu’à arracher les yeux du malheureux.
En août 1944, très attaqué par les nouveaux maîtres de l’heure, mais protégé par Eluard et Sartre, il rend visite à Picasso dans son atelier. « Il termine une tête de femme sur le livre que les écrivains de la Résistance offrent au Général de Gaulle. Il me cligne de l’œil : Les choses ne changent jamais, me murmure-t-il, notre royaume n’est pas sur la terre ».
Le 28 novembre 1944, Cocteau est convoqué devant le Comité de Libération du cinématographe, avec Anouilh, Marcel Aymé, Henri Jeanson. « J’entre dans une petite chambre. Derrière une table, siège le tribunal composé de camarades : Lestinguez, Mathot, Arnoux. On m’épure en cinq minutes et je repasse devant les autres, très digne, un lys à la main »….
« Journal sous l’occupation 1942-1945 » Cocteau.
Gallimard
Rédigé par : Marie | 24 avril 2008 à 23:53
http://www.lemonde.fr/culture/article/2008/04/24/comment-a-echoue-une-exposition-critique-des-photos-de-paris-occupe_1038025_3246.html#ens_id=1033629
Rédigé par : Damien | 24 avril 2008 à 15:41
Ces photos révèlent un pan de la réalité. A ce titre elles doivent être traitées globalement comme un document d'une histoire qui nous appartient à tous, elles nous appartiennent donc et ne peuvent nous être dissimulées. Certes ce sont des documents bruts, il faut donc les soumettre à la critique, les expliquer, les mettre en regard d'autres documents qui les contredisent, etc. Mais les cacher révèle juste le manque de recul et la gêne de certains par rapport aux événements du passé dès qu'ils se sentent concernés, quelque chose qui ressemble à la gêne éprouvée devant un secret de famille.
Rédigé par : Isa | 24 avril 2008 à 01:34
Parallèle : mardi soir était diffusée une soirée consacrée à Mitterrand à Vichy, remarquablement traitée par Serge Moati. Où l'on découvre, notamment pour les non historiens, que l'on pouvait être résistant et vichyste, ou du moins que l'on pouvait espérer dans la capacité de rebond résistant de Vichy avant que Laval n'ancre définitivement le régime dans la collaboration en éliminant Darlan. La soirée a bien montré le manichéisme révisionniste de l'historiographie officielle : à Vichy les méchants, à Londres les gentils. L'histoire est, hélas ou tant mieux, toujours plus complexe.
Les Parisiens insouciants photographiés dans cette exposition étaient peut-être juifs, recevaient peut-être leur convocation au STO le lendemain, certains sont peut-être morts héroïquement dans d'obscurs fossés. L'oubli d'une minute n'est pas l'amnésie. Une photo d'hier soir nous montrait Morland, le Mitterrand résistant avec moustache, nageant dans le bonheur bucolique avec sa fiancée Danielle, au milieu d'un pré printanier. L'instant d'avant, l'instant d'après, que se passe-t-il ?
Ce qui entre en résonance avec votre billet, ce sont les conclusions des différents intervenants du documentaire : au cours de l'année 1994, l'accusation de vichysme, voire de collaboration, qui a visé Mitterrand reposait sur une conception radicalement faussée et monolithique de l'histoire de Vichy.
Et c'est au nom, à nouveau, de cette autisme historique, que l'on prétendrait interdire une exposition, quelle sottise. Pour complaire à qui ? A force de craindre les foudres des fantômes, on en vient à anticiper sur une exigence qui n'arrive pas. C'est la pétrification des esprits.
Ce qui m'intéresserait dans cette exposition, ce serait de lire, en légende de chaque photo, le destin de celles et ceux qui y sont représentés dans leur insouciance.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 24 avril 2008 à 00:16
Je ne sais pas si vous avez pu voir l'affiche de l'exposition, mais elle est saisissante. Avec ces couleurs et le cadrage, on a l'impression que le cliché a été pris hier. Cela glace un peu et, en tout cas, donne à réfléchir.
Rédigé par : Aude | 23 avril 2008 à 15:37
Je vous ai copié l'extrait du site Wikipedia en allemand (avec les omissions d'origine). A noter que celui-ci n'évoque pas le passage sur les juifs....
"Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes
Je me suis tu, je n'étais pas communiste.
Lorsqu'ils ont emmené les sociaux-démocrates
Je me suis tu, je n'étais pas social-démocrate.
Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes
Je me suis tu, je n'étais pas syndicaliste".
(Et dans la version française ou d'autres versions allemandes :)
"Lorsqu'ils sont venus chercher les juifs
Je me suis tu, je n'étais pas juif.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester".
Mon commentaire n'était qu'une précision car l'essentiel est bien sûr le beau message que vous a transmis votre "pépé".
Rédigé par : Laurent Dingli | 23 avril 2008 à 14:22
Le "risque de voir des visiteurs se méprendre"
"Je n'ose imaginer l'interdiction de cette exposition parce qu'elle aurait été trop dangereuse pour nos esprits faibles ou incultes."
Le risque de la méprise par insuffisance d'information ou par information inadaptée à tout type de public est un problème d'ordre général.
Il est clair qu'il convient souvent "d'aider à voir", donc d'éclairer, et que, d'une façon générale, le public d'une exposition autre que strictement artistique et encore, doit être mis à même de restituer les oeuvres/documents exposés dans un contexte qui ne soit pas tronqué, et il est clair également qu'on ne doit pas abuser de la naïveté de certains pour les manipuler ou les désinformer ou encore induire une opinion erronée ; mais c'est là une question qui dépasse très largement le cadre de l'exposition concernée.
Ce qui donc est au fond en question me semble-t-il, c'est 'le boulot' du commissaire d'exposition. On peut apprécier s'il est bien ou mal fait, dans ce dernier cas de figure par négligence, ignorance ou même malice, en fonction des informations dont nous pouvons disposer nous-mêmes au préalable, bien évidemment.
Il est tout aussi peu évident en effet de voir que d’entendre, et ça ne date pas d’hier : « ils ont des yeux et ils ne voient pas, des oreilles et ils n’entendent pas ! »
Concernant une éventuelle interdiction, je pense pour ma part que, sous réserves que la ‘monstration’ en soit accompagnée, tout peut être dit ou montré qui ne choque pas d'entrée de jeu sans avoir prévenu.
Autrement dit, comme lorsqu'on se saisit d'un objet dont on évalue mentalement le poids à l'avance, il faut que l'esprit se prépare. Ou encore, il ne convient pas qu'on pense au moment d'entrer dans un train fantôme ou un labyrinthe de glaces, qu'on va entrer dans un banal salon de thé !
A tout le moins, il ne faut s’attendre à rien, mais sans s’acharner à rechercher à la loupe des poils de tortue laisser les choses se dévoiler telles quelles, par ex. et métaphoriquement, selon le mode des dix étapes permettant d’accéder à la conscience tel que défini par le moine Kûkai (8~9ème siècle) dans l’expression : « révélations avec étonnement étape par étape », et dont les étapes 2 et 3 sont notamment :
2°) L'esprit de l'enfant ignorant. (L'enfant symbolise la semence de l'esprit qui doit se développer. Il est représenté par le confucianisme.)
3°) L'esprit de l'enfant sans peur. (Il est symbolisé par un enfant cherchant sa mère. Il est représenté par le taoïsme. )
Mais il ne faut pas s’attendre à voir des images d’un pays occupé sans savoir qui, et comment, pourquoi, dans quel but a pris, publié, collecté, exposé de telles images, et ça vaut pour n’importe quel pays, à n’importe quelle époque.
D'une façon plus large il me paraît donc en aller de même que pour le film ou le récit d'horreur qui ne sont susceptibles de causer de véritables dommages que si la charge émotive qu'ils déclenchent n'est pas l'objet d'une sorte de 'debriefing' plus ou moins immédiat, par ex. entre parents et enfants.
Il convient donc de tenir compte du fait que certains nécessitent d'être davantage informés que d'autres mais ne pas non plus imposer à qui n'en n'a, ou n'en ressent nul besoin, une information pléthorique. Autrement dit, mettre l'information à disposition et faire ensuite confiance aux gens pour gérer eux-mêmes leurs besoins à cet égard.
Rédigé par : Catherine JACOB | 23 avril 2008 à 13:31
M. Dingli, vous venez de détruire le rêve d'une petite fille qui pensait que Pépé avait toujours raison. Non je blague. Merci en tout cas, je me coucherai plus instruite ce soir (et pépé aussi !).
Est-ce que vous pouvez traduire car je ne parle pas l'allemand et j'aimerais bien connaître exactement les lignes de ce poème. Merci d'avance !
Rédigé par : Audrey | 23 avril 2008 à 13:11
Audrey,
Ce mot célèbre n'est pas de Bertolt Brecht, il est extrait d'un poème célèbre attribué au pasteur et résistant allemand Martin Niemöller, arrêté en 1937, interné à Sachsenhausen puis à Dachau :
„Als die Nazis die Kommunisten holten, habe ich geschwiegen, ich war ja kein Kommunist.
Als sie die Sozialdemokraten einsperrten, habe ich geschwiegen, ich war ja kein Sozialdemokrat.
Als sie die Gewerkschafter holten, habe ich geschwiegen, ich war ja kein Gewerkschafter.
Als sie mich holten, gab es keinen mehr, der protestieren konnte.“"
Rédigé par : Laurent Dingli | 23 avril 2008 à 12:22
Cela fait du bien, par les temps qui courent, de lire un billet comme celui-ci !
Merci.
Rédigé par : gabbriele | 23 avril 2008 à 11:04
"Par peur de nous voir tomber dans tous les pièges possibles, on serait prêt à nous dispenser de tout.(...) beaucoup de citoyens sont pris pour des élèves et les leçons n'ont même pas à être apprises."
Philippe, là, je me repose dans vos mots.
Tant votre note exprime au plus près ce que je ressens si souvent quand je suis en butte à ceux qui ne sont que des faiseurs et que des donneurs de leçons.
Merci pour cette liberté, la sérénité et la confiance en soi qu'apporte une note comme celle-là.
Et puis, c'est tellement bien de pouvoir dire à des interlocuteurs façon Christophe Girard :
...je suis fatiguée pour parler aujourd'hui avec vous... lisez la note de PB. L'essentiel de ce que je pense, dans la confusion et dans la désordre, y est dit et... ENSEIGNE.
Rédigé par : Véronique | 23 avril 2008 à 08:01
Voulez-vous nous dire: "comme cette exposition programmée pour 2068 où l'on verra des Parisiens en vélib ou aux terrasses des cafés du temps des prisons surpeuplées, des centres de rétentions bondés, des gens à la rue et des gamins sans avenir ?"
Rédigé par : Fleuryval | 22 avril 2008 à 22:57
Cher Philippe, sommes-nous toujours dans "Justice au singulier" ? L'actualité ne manque hélas pas de sujets judiciaires ces derniers temps.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 22 avril 2008 à 20:10
Toute entreprise relative à l'Histoire est devenue grotesque. Il y a trois mois, il était question de faire porter le lourd fardeau de la Shoah à un enfant, et aujourd'hui certains s'émeuvent de la sensibilité des adultes face à l'Histoire. Deux processus : responsabilisation des enfants contre infantilisation des adultes.
Rédigé par : SR | 22 avril 2008 à 18:59
Je suis assez d'accord avec vous. Il est de bon ton de montrer une France résistante, combattante. A cet égard, l'expo sur les Justes au Panthéon était dans le ton (très belle exposition au demeurant).
Mais s'il est digne de rendre hommage à ceux qui se sont dévoués à la Résistance et au sauvetage de Juifs, il est aussi bon de rappeler que la Nation française n'a pas résisté. La Résistance et le mouvement de ce que l'on appelle les Justes représentaient une petite frange de la population. La grande majorité de la population n'était pas collabo non plus mais s'en moquait comme de l'an 40 (si l'on peut dire). Et les affiches que j'ai aperçues de cette expo reflètent bien ça. L'insouciance et l'indifférence à l'Enfer.
Mon grand-père citait souvent Brecht au sujet de la Seconde guerre mondiale et ça disait à peu près ça : "quand ils sont venus pour les Juifs, je n'ai rien dit car je n'étais pas Juif. Quand ils sont venus pour les communistes, je n'ai rien dit car je n'étais pas communiste. Et puis, ils sont venus pour moi...". Mon pépé était résistant, il a été déporté à Matahausen et je suis fière de dire que tous n'ont pas eu ce courage. C'est bien de le rappeler. Et ça permet aussi de s'interroger sur ce que l'on aurait fait à l'époque quand il était si facile de ne rien voir et de ne rien dire.
Rédigé par : Audrey | 22 avril 2008 à 18:52
Eh oui Philippe, combien sont-ils ces politiques à vouloir faire notre bonheur malgré nous. Pas étonnant donc qu'ils veuillent aussi faire notre "instruction". A leur décharge, cette tendance à demander très souvent à la puissance publique de se substituer à nous. Je suis toujours étonnée d'entendre certains parents pousser des cris d'orfraie parce que la télé propose parfois des programmes qui ne sont pas pour leurs mômes, oublieux qu'ils sont que l'éducation de leurs enfants, l'apprentissage de l'interdit et du permis leur appartient ; ni à l'instit ni au politique ni au curé.
Etre adulte c'est être capable de choisir, de refuser, de s'opposer, de contester. C'est dans les pays totalitaires que les dirigeants décident de ce qui est bon ou pas pour leur petit peuple. Je n'ai besoin de personne pour choisir à ma place, tant pis si je me fourvoie ou si j'en prends plein la gueule. C'est le risque du métier pour un(e) homme/femme libre.
Rédigé par : catherine A. | 22 avril 2008 à 18:03
La morale qui ne veut pas dire son nom. Il est de bon aloi d'entretenir encore l'imaginaire d'une France résistante lorsque le travail des historiens a permis de révéler que seul 2% de la population était dans la Résistance. Les expositions sont de plus en plus lisses, je me souviens de l'affiche d'une expo consacrée à Jean-Paul Sartre à la BNF où les censeurs avaient retiré une cigarette indissociable du penseur. Il était comme nu, ce qui était choquant.
Rédigé par : SR | 22 avril 2008 à 17:38
"Il est interdit d'interdire" disait-on il y a quarante ans. Sarkozy devrait se réjouir : l'héritage de mai 68, de ce point de vue, est bel et bien liquidé. Le problème est que la liquidation ne vient pas des ennemis de mai...
Rédigé par : Noblesse Oblige | 22 avril 2008 à 15:04