Je l'attendais, je l'espérais, cet article dans le Monde.
Alain Finkielkraut a été fidèle au rendez-vous. Il a publié un court texte sur le film qui a remporté la Palme d'Or du Festival de Cannes.
Je suis d'autant plus sensible à ses réflexions que depuis la fin du festival, je retenais mon envie d'écrire un billet sur Sean Penn, sur François Bégaudeau et, plus généralement, sur l'atmosphère qui a semblé régner dans ce haut lieu du cinéma, qui chaque année réunit producteurs, cinéastes, vedettes, journalistes et parasites, l'or et le strass, l'écume et la profondeur. Si j'ai tardé, c'est que je ne voulais pas soupçonner sans connaître. J'avais besoin, d'abord, de voir le film de Laurent Cantet. Mais je me sens le droit de m'accrocher à la pensée royale d'AF.
Dès que Sean Penn, en sa qualité de président du jury, a osé offrir à tous, qui ne lui demandaient rien, sa méthode, ses critères de choix et, au fond, ses parti pris, le festival était fichu sur le plan de l'équité. Quelle étrange idée, en effet, que de prétendre, avec un rien d'intelligence pompeuse, que seul le film politique méritait d'être sauvé, avec une vision du monde, un regard social, des ambitions universelles ! C'était écarter d'emblée du palmarès les grandes oeuvres de la vie intime, les plongées au coeur de l'humain, la représentation des sentiments et des émotions d'autant plus puissants qu'ils touchaient une forme d'éternité, quand le partisan et l'idéologique ne duraient que le temps de l'idée. Le comble, c'est que Sean Penn, par le snobisme environnant, a été applaudi avec gravité et componction. On allait avoir un festival sérieux, qui n'allait pas seulement divertir mais donner des maux de tête.
Sur le film lui-même, rien donc à dire sinon que j'avais déjà pu m'abreuver à d'autres sources pour apprécier la conception de l'enseignement de François Bégaudeau et sa volonté affichée de se situer au ras des élèves. Au point, par exemple, de banaliser délibérément le langage. Condamné comme moyen de domination, celui-ci n'était supporté que comme outil de popularité et de fraternisation. Je me souviens aussi d'un entretien entre Alain Finkielkraut, précisément, et François Bégaudeau où ce dernier n'avait cessé d'opposer à son contradicteur l'optimisme de son spontanéisme et son émerveillement devant les errements d'une jeunesse si élégamment indisciplinée. Tout se résume, pour Bégaudeau, à échapper autant que possible à la réalité de la loi pour s'abandonner à la loi de la réalité. Cette dernière constitue ce à partir de quoi tout est possible. Il ne faut surtout pas la contrarier et tenter si peu que ce soit de guider les élèves vers autre chose que le culte de ce qui est. Ce qui advient est forcément nécessaire et le maître a pour seule exigence de déguiser son impuissance en politique et en progressisme.
Il est un domaine, cependant, où AF pourrait être lui-même qualifié de naïf. Lorsqu'il prêche qu'au nom de la civilisation, un langage de qualité et de culture doit être sauvegardé, ne tient-il pas pour acquis ce qui aujourd'hui ne fait plus sens ? La civilisation constitue-t-elle encore une valeur susceptible de convaincre, un idéal à atteindre, une argumentation suprême et décisive ou bien n'est-elle pas déjà disqualifiée comme toutes ces instances supérieures, ces transcendances invoquées, régulations indiscutables qui, surplombant le réel, semblent commettre à son encontre le crime de lèse-majesté ? Est insupportable tout ce qui croit nous démontrer le meilleur par le recours à un ciel des principes. Celui-ci, profane ou sacré, ne pèse plus guère. Aussi, plaider au nom de la civilisation, c'est soutenir une cause difficile avec un avocat qui n'est plus légitime.
C'est sans doute cela l'impasse où nous nous trouvons. Dans la crise, inventer des remèdes à la crise.
On pourra toujours compter sur AF.
@ erig le brun de la bouëxière
Oui, je suis d'accord.
Rédigé par : Noblesse Oblige | 13 juin 2008 à 14:13
Cette palme rappelle celle qui avait été décernée à Michael Moore. Il ne s'agit pas de récompenser un film mais de saluer un geste politique. Cela étant, le film est peut-être un chef d'oeuvre. De plus, Cantet est un cinéaste de talent. Mais faire passer ses idées politiques avant tout jugement esthétique peut sembler discutable. AF vise toujours juste, et vous le savez bien, cher Philippe.
Rédigé par : Noblesse Oblige | 13 juin 2008 à 09:00
Utiliser 30 gamins plus ou moins partiellement illettrés pour leur faire chanter un hymne à la fin de toute forme de culture et en tirer un grand bénéfice narcissique et financier, ce n'est pas un "geste politique", c'est de la perversité.
Rédigé par : erig le brun de la bouëxière | 12 juin 2008 à 21:39
On pourrait ajouter que le film en question sous des airs de documentaire est - évidemment - une fiction absolue. La méthode, (immonde d'un simple point de vue moral) qui consiste à habiller d'une forme "réelle" la propagande la plus honteuse devrait d'emblée disqualifier cet objet (je peine à qualifier ça de film).
Evidemment ces Messieurs souhaitent nous dresser un tableau idyllique d'une France "multiculturelle" c'est-à-dire sans la moindre trace de culture, et d'un monde où le "métissage" (ah le métissage !) est une voie formidable d'épanouissement. Ce ne serait pas grave si ça n'était pas le pire des racismes que de croire qu'il faut TOUTE forme de diversité culturelle pour EGALISER les différences. Cette merveilleuse classe dont ils appellent le modèle à se généraliser (sous texte idéologique évident) n'est que la réalisation inconsciente de leur haine de la différence. Soyons tous de bons petits français marxistes léninistes. Oui tous ! Plus de noirs de blancs de jaunes, ni bretons ni mandingues, pas de mongols ni de tatares de Crimée. Tous gris et gavés par de gentils profs bobos qui écrivent des livres !
Et si tous ceux qui n'en peuvent plus d'avoir à éponger les dégâts de 60 ans de politique migratoire débile et raciste, tous ceux qui se font agresser par leurs gentils élèves illettrés, tous ceux qui résistent encore au rap et au slam en cours de français écrivaient au "scénariste" et au metteur en scène de ce "film" pour leur dire leur désarroi ?
Ils se feraient probablement traiter - eux aussi - de "critiques rances", issus de la "France rassie"...
Rédigé par : erig le brun de la bouëxière | 12 juin 2008 à 10:33
J'ajoute que le grand lettré Pierre Perret ne compte plus les écoles, collèges et lycées qui portent son nom. C'est encore mieux que d'entrer de son vivant dans la Pléiade. Dieu nous garde qu'un jour les "élèves" de Perret se retrouvent, une fois grands, à étudier la "philosophie" à l'université Finkielkraut. Quel gâchis ..! Même pas une maternelle, il ne mérite, ce gag contemporain ; surtout pas une maternelle...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 07 juin 2008 à 18:38
Elle a belle gueule notre philosophie contemporaine si donc c'est lui le "philosophe contemporain". Heureusement que vous êtes un comique (ne le prenez pas mal), Laurent Dingli, j'en ris encore... Quant on en vient, par son discours et sa propagande, à condamner et jeter l'anathème, comme il l'a fait publiquement - le ridicule ne tuant pas, certes -, ce "philosophe" contemporain, quant à la malheureuse petite chansonnette "Lili" du non moins sympathique Pierre Perret, on est pire que les censeurs de Sade qui, eux, au moins, avaient l'excuse d'être à peine sortis de l'Inquisition et donc d'en puer encore les relents... On est en dessous.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 07 juin 2008 à 18:32
@Véronique
Et n'oubliez pas surtout : "Dans ma télé !"
Rédigé par : Catherine JACOB | 07 juin 2008 à 15:25
Aïssa Lacheb-Boukachache,
L'animadversation obsédante que vous semblez porter à Alain Finkielkraut vous conduit à tout mélanger et à caricaturer sa pensée. Vous confondez la condamnation de l'innovation, qui serait bien entendu condamnable, si tel était le propos du philosophe, avec les dénonciations opportunes qu'il fait d'un appauvrissement de l'outil essentiel qu'est le langage. En d'autres termes, il ne s'agit pas d'empêcher qui que ce soit de s'exprimer à sa guise et d'inventer les mots ou le style qu'il entend, mais de ne pas faire passer un sabir atrophié pour une nouvelle culture. Que cela vous plaise ou non, quand un jeune n'a plus que 150 ou 200 mots à son vocabulaire (et encore !), quand il rédige sa copie du bac en style SMS, il ne s'agit plus de diversité culturelle, d'une différence d'expression, mais d'un pur et simple appauvrissement du langage et donc de la pensée. Tout cela n'a d'ailleurs rien de social. L'argot, d'hier et d'aujourd'hui, est un mode d'expression très imagé et très riche. Les parler populaires des dix-huitième et dix-neuvième siècles, que je connais un peu, ont d'ailleurs considérablement fertilisé la langue commune. Votre catalogue littéraire et historique intervient donc bien mal à propos. Et je crains que le grand écart qui vous fait amalgamer le philosophe contemporain aux censeurs du marquis de Sade ne soit pas convaincant.
Rédigé par : Laurent Dingli | 07 juin 2008 à 15:24
Que Finkielkraut se rassure et tout les autres avec lui : les belles Lettres sont plus vivantes que jamais. Les FNAC, supermarchés et toutes les librairies en regorgent chaque année, des Classiques si bien nommés. Si donc ils étaient en danger voire disparus, en serions-nous à les citer encore ? Depuis des siècles voire des millénaires, leurs oeuvres littéraires sont bien présentes parmi nous ; personne ne les a oubliées. Mais quoi ?! Devons-nous désormais ne nous en tenir qu'à cela ? Toute langue est vivante, change, évolue et progresse, c'est sa logique et sa richesse. Quand entre les deux guerres, la littérature se morfondait et s'ennuyait dans une sorte de gangue atone, un Céline vint, surgissant de nulle école si ce n'était médecine, qui lui redonna soudainement la vie qui commençait de la fuir. Quelqu'un, ici, a écrit qu'un Houellebecq, par exemple, a rompu avec cette longue et unique continuité littéraire qui, des Classiques jusqu'au "nouveau roman" aurait forgé entre autres notre civilisation, pour aller, seul, vers un n'importe quoi qui se dirait littéraire lui aussi. Houellebecq, criminel de lèse civilisation ?! Alors qu'il n'y en a pas un aujourd'hui qui s'inscrive davantage que lui au long de cet héritage commun. Cependant, si d'autres préfèrent s'ancrer au feu regretté Robbe-Grillet, par exemple, lui a préféré s'attacher à l'immense Balzac, en amont d'un siècle, lui passant à rebours par-dessus la tête. Il ne faut rien connaître de la littérature pour affirmer que Houellebecq n'en est pas authentiquement. Et si Balzac n'écrivait pas comme Racine, pourquoi Houellebecq serait-il tenu d'employer jusqu'à sa lettre une langue que la relation à son siècle a naturellement dépassée ? Le marquis de Sade fut une des plus belles littératures de son temps, une des plus belles langue écrite ; on l'a honni, emprisonné puis interné au nom des mêmes principes sordides que défend Finkielkraut. Qu'en lieu de Bérénice, l'enseignant de Polytechnique nous cite Justine, plutôt, ou, pourquoi pas, mon amie Virginie Despentes et son "Baise-moi" fabuleusement littéraire, il y gagnera un peu plus en crédibilité...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 07 juin 2008 à 12:16
@ Serge Dormeuil
Alors comme ça, le sbriglia serait un mufle ?
Et moi qui fus si vexée et jalouse, à mourir, de sa correspondance qu’il entretint avec la Catherine !
Parfaitement.
Sa lettre écrite avec style, classicisme, façon belles lettres démontre à Aïssa comment une écriture, quand elle s’amarre à des formes et à des héritages, et quand elle se contraint à des règles, peut attendrir et toucher, mais aussi dire toutes les gammes d’agacements et de colères qui étouffent. Une parole maîtrisée qui s'enrichit par les nuanciers des mots et des grammaires libère les humeurs noires.
Allez, pour ce très cher sbriglia
Dans mes bras, Saint-Simon !
Dans mes bras, de Staël !
...Dans mes bras,... Bilger !
Et pour ce très cher Jean-Dominique
Dans mes bras, Céline !
Dans mes bras, Molière !
...Dans mes bras,...Bilger !
Rédigé par : Véronique | 07 juin 2008 à 11:07
"on ne peut pas en dire autant de vous qui nous avez précisé à peu près deux cents fois que vous étiez avocat."
Dormeuil ; où l'avez-vous lu ? sbriglia a au contraire précisé, dans un poste récent sur la langue "et quoique je ne sois pas avocat" ?...
Sur le reste, nous admirons beaucoup le style de Catherine Jacob et son extraordinaire culture. Moi aussi elle me fait beaucoup rire.
Rédigé par : bridget | 07 juin 2008 à 06:09
@ Tous, merci pour vos propos et vos commentaires.
Comme le faisait remarquer Jean-Dominique Reffait, la qualité des intervenants de ce blog pousse à l’exigence, et, pour ma part, me donne beaucoup de plaisir à vous lire.
@ Aïssa
Je n’ai pas voulu dans mon texte faire polémique à Alain Finkielkraut, je ne crois pas néanmoins être tombé « dans le panneau ». Je pourrais dire combien certains de ses propos m’agacent, et que le retour qu’il semble souhaiter pour une École qui serait alors anachronique m’est incompréhensible.
Mais qu’ « un Marc » anonyme soit agacé n’a pas grand intérêt et ne sert absolument pas d’argument pour proposer à ce débat la vision que j’ai de mon travail.
Il est vrai aussi que le support de notre échange me fait adopter un langage mesuré en évitant de céder à l’émotion première que peut susciter en moi telle intervention, et préférer la deuxième ou troisième mouture d’une réponse avant de la « poster ». C’est sans doute mon côté mathématicien, j’élague ce qui n’est pas nécessaire à la démonstration ;-)
Un dernier point, je partage votre vue concernant les « belles lettres », et pour ma part, ce ne sont pas les grossièretés que peuvent employer mes élèves qui m’alarment le plus.
Un élève muet, ne parvenant pas à exprimer une idée, dont je sais pourtant qu’elle est présente en lui, le regard un peu gêné et surpris de sa propre incapacité à parler, cela est pour moi un vrai problème dont il faut délivrer nos adolescents. Et, pourquoi pas ?, en utilisant de « belles lettres ».
@ Catherine Jacob
Sur mon cas personnel, vous avez sans doute raison. J’ai moi-même pris l’initiative d’évoquer mon passé d’élève pour argumenter mon texte, et je me retrouve un peu pris au piège par les limites de cette démarche.
Il est vrai qu’aujourd’hui je ne regrette absolument pas ce parcours (bien qu’à certains moments, ça a été un peu « chaud »).
Il me donne un regard sur l’enseignement que je n’aurais sans doute pas eu si j’avais suivi le fameux cursus Henri IV, Ulm, Labo.
C’est ce regard que j’essaie de faire partager, notamment à des gens comme Alain Finkielkraut, au parcours scolaire que j’imagine (peut être à tort ?) sans faute, qui n’ont pas eu la « chance » de connaître une expérience comme la mienne.
Il est sans doute plus difficile, quand, comme les petits-enfants de Grain de Poivre, on a été bercé par les « belles lettres » très tôt, d’imaginer qu’il puisse en être autrement.
Si « ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort », alors autant utiliser cette force utilement.
C’est ce que je crois faire actuellement au Collège. Je ne regrette pas la recherche, j’y ai pris beaucoup de plaisir, et je doute y retourner un jour, en mathématiques en tout cas.
Juste un mot, peut-être un malentendu ( ?). Je ne crois pas me servir de mes élèves pour aller mieux, car je me sens bien. C’est en faisant la paix avec moi-même que j’ai eu envie, plus tard, d’explorer l’enseignement.
Je crois que mes élèves sont suffisamment entourés de névroses et de drames pour ne pas en rajouter avec les miennes ;-)
Et merci pour votre délicieux commentaire sur la douleur du rapport au livre.
Rédigé par : Marc | 07 juin 2008 à 01:00
Ca commence à suffir, vous tous, avec votre Catherine Jacob tête de turc. Vous vous trouvez si brillant, sbriglia, vous apportez tellement à ce blog ? A part distribuer les bons et les mauvais points, je n’avais jamais remarqué. Et puis oser reprocher à CJ de s’étaler alors que personne ne connaît EXACTEMENT son métier, on ne peut pas en dire autant de vous qui nous avez précisé à peu près deux cents fois que vous étiez avocat. Le problème avec CJ, c’est que comme toutes les personnes à forte personnalité, il y a des scories et vous ne voyez qu’elles. Au milieu de toutes ses japonaiseries, quel talent de plume, quel humour, quelle finesse quand elle analyse les billets. Il n’y en a pas trois sur le blog capables de telles fulgurances, alors arrêtez de juger de manière grossière, à tous points de vue. Vous êtes un mufle, et un mufle injuste. CJ nous fait beaucoup rire, car sur un blog qui d’après le Figaro recevait 750 visites par jour, dont on peut donc imaginer facilement 1000 visites aujourd’hui, vous pensez bien que largement autant de personnes taisantes, comme moi, apprécient CJ autant que vous la détestez (hate CJ est plus qu’inconvenant, extrêmement choquant sur ce blog). Et vous, Jean-Dominique, tant pis pour vous si vous ne la lisez pas, sachez que beaucoup le font et en sont heureux. Vous perdez quelque chose. En plus, c’est dommage car vous ne pouvez même pas remarquer que depuis quelques semaines, ses billets ont raccourci, elle a changé, eh oui mais pour voir ça, il faudrait arrêter les idées préconçues. On a l’impression d’une cour de récréation avec les jaloux qui font une fixation sur le premier de la classe, parfois exaspérant mais tout de même si brillant et si drôle la plupart du temps.
Rédigé par : Serge Dormeuil | 06 juin 2008 à 23:48
Langage de qualité. Je suis à la tête d'un nombre certain de petits-fils et je ne me gêne pas pour leur bourrer le crâne. Avec des fables de La Fontaine, des contes de Grimm, des romans de Jules Verne, des poèmes de Victor Hugo, etc. Ils adorent. Et contrairement à ce qu'on objecte généralement, absorbent sans difficulté un niveau de langue élevé et cela dès l'âge de quatre ans. C'est mépriser les enfants que de ne pas leur donner le meilleur.
Rédigé par : Grain de poivre | 06 juin 2008 à 23:03
@ Eve TerresVermeilles
Délicieux, la plèbe appréciera...
@ Aïssa
Audaçons audaçons!
Délicieux, repetitas. Si toute la plèbe du monde se donnait la main, on ne ferait sans doute qu'un cornu sans tricorne ni casquette. Tous pour un disaient-ils dans le séculaire "Gendarme de Saint-Tropez" ou la gendarmette suivante. La femme est un homme comme les autres.
Rédigé par : Patrick Marguillier | 06 juin 2008 à 15:17
@ Catherine JACOB
"Personnellement j'avais souhaité me marier en rouge orangé mais on ne me l'a pas permis!"
Ma femme était entièrement habillée et maquillée en Cléopâtre, et moi j'étais en Charlie Chaplin, fausse moustache et canne y compris. La totale. Un mariage plein de vrais rires, une imagination où chacun devait découvrir à la dernière seconde le costume de l'autre.
Monsieur le maire a eu un beau sourire et a pris une photo, le curé a trouvé nos "déguisements très réalistes et fort originaux mais néanmoins sympathiques", je cite ses mots.
Pas d'annulation. beaucoup de sourire dans nos regards. Quand on aime on ne compte pas.
Dix ans de mariage. Un divorce amiable parce que l'un comme l'autre nous n'avions plus grand-chose à nous dire, plus la moindre découverte...
Le mariage engendre la monotonie, la paresse... l'envie de retrouver sa jeunesse et des ailleurs plus prometteurs d'une suite...
Plus intimement, je n'aurais pas aimé rencontrer une personne vierge, quel ennui !
Jouer les papa gâteaux voire gâteux brr... parce que l'autre se réclamerait d'une pureté virginale intransigeante ? La petite fille et le brutus ? Brr...Que nenni, je suis
pour l'égalité entre les sexes. Ne serait-ce que dans l'esprit.
Vouloir une femme en blanc, voire vierge parce que la tradition... re-brrr.
Beaucoup trop de copier coller, de conformisme. Exécrable pour l'imagination, la mienne du moins.
Il y a quelques jours, j'observais un mariage musulman, un véritable copier coller ! Les invités étaient tous en costumes smoking, pas un ne se distinguait par
une quelconque personnalité, par ses origines. ils semblaient figés par des costumes qu'ils n'étaient visiblement pas habitués à porter. Les mariés avaient loué pour la circonstance une vaste limousine blanche.
Les mariés précédents qui venaient poser pour la photo dans ce beau parc proche de mon domicile avaient eux aussi les mêmes costumes et avaient eux aussi la même
limousine, je ne compte plus le nombre de limousines qui se sont garées devant ce parc, toujours la même ? Etrange façon d'étaler son amour. Son aimé.
Je n'ose penser à la suite. Le divorce se fait-il aussi en limousine ?
Que d'astreintes pitoyables ! Que de films répétés ! Le remake du remake pour le meilleur et pour le pire. Il semble qu'il y ait plus de pires que de meilleurs de
nos jours dans le mariage.
Un ballet usé et hypocrite. Que doit-on passer devant ces individus (maires, curés etc) pour dire que l'on aime ? Faut-il le clamer ? La limousine ne klaxonne que pour dire :
Regardez, je prouve, regardez je l'aime ?
Enchaîner parce qu'avant l'amour, l'intérêt...? La virginité est un leurre viandard ? De la viande, de la chair, du sang. Etalons, étalons, il en restera toujours quelque chose : des photos qu'on regarde tous les 10 ans.
Ma foi c'est très ragoûtant. O pureté.
La frustration est plus enrichissante que la
virginité à domicile. Elle permet de rêver à l'inaccessible. L'olympe de la luxure.
Rédigé par : Patrick Marguillier | 06 juin 2008 à 15:05
Catherine Jacob, je vous propose un jeu : comptez le total de vos lignes de commentaires et celui des autres. Pendant ce temps, nous aurons un répit.
Catherine, vous êtes sans doute quelqu'un de charmant que l'on a nulle envie, a priori, de blesser. Mais vos textes sont une purge. Vous ne partagez pas, vous prenez tout l'espace disponible sans égard pour les autres qui essaient de placer trois lignes entre vos pavés.
Il est possible que vous exprimiez des choses intelligentes, je l'ignore, je suis repoussé par cette incontinence verbale. Loin de vous excuser d'avoir pété dans un ascenseur bondé, vous répondez à la critique par une autre bordée, comme s'il s'agissait de noyer l'adversaire sous des flots de megaoctets.
Ne tendez pas au ridicule de Philaminte, vous indisposez. Si cette hostilité était le fruit de vos fulgurances intellectuelles, mais non, on ne vous lit pas, vous ne fatiguez pas notre cerveau mais notre index qui n'en finit pas de faire défiler vos lignes pour trouver autre chose.
Faites une pause et essayez-vous à cet exercice merveilleux de la concision. Dites-vous qu'au delà de 20 lignes, vous êtes déjà redondante plus d'une fois.
Alors on vous lira.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 06 juin 2008 à 10:52
Avec le souffle des mots
Je demande votre indulgence pour cette petite digression à la frontière du sujet de votre billet.
Vous évoquez la mise sur orbite de l’une des dentelles qui borde le jupon de notre civilisation : l’usage du beau langage.
Je viens de dessous le nuage où le périscope des jolis penseurs fait rarement un détour ; de cette belle plèbe irascible et ratiocineuse : les « gens », comme se plaisent à nous décrire ceux qui ne veulent pas nous connaître et ne pas nous qualifier.
Le beau langage est une arme redoutable ; il n’est de porte qu’il n’ouvre. J’en atteste et, je l’avoue, quand il s’agit des portes les plus bardées de fers et de serrures, de gardes et de chicanes, j’en suis chaque fois la première étonnée.
Ajoutez-lui une pincée d’insolite, d’images décalées qui suscitent l’envol de l’imagination et l’opération de séduction est en marche qui permet de placer le pied pour ouvrir la porte à toutes les audaces. J’officie en banlieue, dans cette belle agence qui se dit « de l’emploi », dans vos Cours et Chambres et dans les allées de l’édition, de la publicité la plus racoleuse où la plus éthérée, aux côtés de quelques beaux esprits de la recherche, et dans maints lieux encore ; c’est merveille que de peler les armures avec quelques mots qui font mouche pour regarder, oh délice ! mes contemporains comme ils sont, « Tous parents, tous différents », et les déshabiller de leurs paravents avec le souffle des mots.
Rédigé par : Eve TerresVermeilles | 06 juin 2008 à 09:29
Au train où vont les choses et l'occupation du domaine réservé aux commentaires par certains, je vais désormais m'abstenir.
Bien à vous tous.
Rédigé par : mike | 06 juin 2008 à 07:31
J'ajouterai au contempteur Finkielkraut de ce cinéma à contre-courant, anti pensée unique, anti démagogie, libre et réaliste, cet étroit enseignant de Lettres qui jeta même l'anathème sur la petite chansonnette "Lili" de Pierre Perret, le vouant aux gémonies tel un nuisible à la civilisation blanche, qu'une plume au cul d'une jolie punkette beurette en banlieue ou un rappeur à la casquette à l'envers sur la tête ne sont certainement pas plus ridicules ni moins civilisés que le bicorne singulier de ses élèves et leur marche au pas de l'oie qu'il tient pour l'unique quintessence courtoise et nuancée et précise et blablabla...
J'aimerais l'entendre s'exprimer sur ces désormais grands classiques du cinéma français et que chérissent toujours de millions de Français. "La grande vadrouille", par exemple, ou "Le mur de l'Atlantique" qui, au moment où j'écris cela, est diffusé sur la 3. Sont-ce parce qu'ils sont joués en langage "civilisé" et par des acteur(es) civilisés, qu'il ne les tient pas pour répugnants telle cette récente Palme d'or qu'il vomit ? Car enfin, de deux choses l'une : ou bien l'Occupation fut abjecte et source de souffrance pour les Français et alors ces films comiques où l'on montre l'Occupant de la manière la plus sympathique qui soit n'ont pas lieu d'être et doivent être dénoncés avec la même virulence qu'il en met à dénoncer ces élèves, ce professeur et ce lycée de banlieue contemporains, ou bien l'Occupation fut une douce période de vacances, de gags et de gentillesses pour les Français et alors -qu'il le dise donc, qu'on l'entende- ces films seraient justes et légitimes. Mais c'est vrai aussi qu'en cet exemple, l'occupé comme l'occupant sont de la même civilisation occidentale, n'est-ce pas ? Sa piètre dialectique ne mordrait pas là-dessus.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 05 juin 2008 à 21:52
On relève, dans le texte de Finkielkraut, la récurrence du mot "civilisation". On trouve également une invocation positive à cette civilisation, par sa langue civilisatrice, qui, selon ses critères et schémas de pensée, ne peut être que "nuancée, précise, pleine de scrupule et courtoisie", a contrario d'une langue "efficace, directe, qui permettrait à chacun de dire sans détour ce qu'il a sur le coeur et dans les tripes", preuve, selon cet auteur, d'une nature non-civilisée, je le suppose puisque les deux termes sont opposés de la sorte. Pour résumer: le collège Dolto de banlieue, des préhistoriques au mieux, des scories de civilisation au pire ; Louis-le-Grand et Henri IV, Polytechnique également, bien sûr, des gens bien comme il faut, des civilisés. C'est l'essence même de ce texte qui, encore une fois, l'auteur cédant à sa paranoïa chronique et son dégoût de l'autre, l'"étranger", distille, sous le couvert d'une banale critique de film, sa propagande nauséabonde. Et c'est fait, ou plutôt écrit, avec tellement d'hypocrisie, c'est-à-dire de "nuance, de précision, de scrupule et de courtoisie", c'est-à-dire encore de façon très civilisée, que même un Marc, dont le texte juste émeut, tombe dans le panneau et, également mais sans aucune circonstance atténuante quant à lui, un PB dont on ne peut pas dire qu'il se laisserait aussi facilement leurrer par une prose plus que douteuse s'il n'y adhérait. Cette adhésion me laisse perplexe, je le reconnais. Mais puisqu'il en est ainsi, je préfère croire, quant à notre hôte, que c'est uniquement l'amour des belles Lettres qui l'aveugle ainsi.
L'auteur de cette défense acharnée de la civilisation selon lui, va même loin dans sa diatribe, jusqu'en terrain judiciaire quoique cela ne soit pas sa spécialité (entre les Lettres et le crime, il y a souvent un gouffre nommé illettrisme), en évoquant ce "à gerber" de cet avocat général non civilisé puisqu'en digne et civilisé avocat du peuple, il aurait dû beugler : C'est à vomir !, ou plutôt : C'est à régurgiter ! On le voit, sous le moindre prétexte à critique légitime, c'est toujours la même antienne qui sourd et revient chez cet enseignant à Polytechnique : la civilisation et, en l'espèce, la civilisation française et, par extension, la civilisation blanche, principalement américano-européenne ou l'inverse. Cela lui répugne que notre pays, dans le meilleur comme dans le pire (et je ne m'attacherai ici qu'au meilleur ; le pire n'étant spécifique à aucune nation), soit imprégné à chaque instant des cultures, des mentalités, des habitudes, etc., extérieures (extérieures, ici, s'entendra comme non-blanc). Les métissages le font vomir, pour employer l'expression qu'il exige de nous sauf à être des sauvages. Mais sur quoi fonde-t-il cette théorie de sa civilisation ? Il ne va pas pas très loin ; il cite "La recherche du temps perdu", "Bérénice" puis "Le lys dans la vallée". Il aurait pu ajouter Aimé Césaire, tout de même ; cette négligence n'est point courtoise. Il eût été certes moins nuancé mais plus précis d'aller plus loin, les Grecs, par exemple. Mais certes, s'il l'eut fait, cela l'eût obligé à passer aussi par les Arabes et les musulmans, ces mêmes qu'il honnit. Car enfin, qui vise-t-il encore à travers ce film et ces jeunes acteurs de la banlieue ? Certainement pas le petit blanc égaré là lui aussi par la misère. Non. Il vise, par exemple, ces jeunes filles qui se plaignent, comme il l'écrit, d'être "insultées de pétasses" et qui sont incapables jamais -Dieu des belles Lettre, à mon secours !- de se plaindre autrement, comme, par exemple : "On nous considère comme des filles de mauvaise vie". Ainsi, "pétasse" serait la loi de la réalité et "filles de mauvaise vie" la réalité de la loi, pour reprendre la belle expression de PB. Etrange conception, en effet, d'une souffrance unique. Ce qui me gêne le plus en tout ceci, ce n'est pas tant la énième élucubration de l'enseignant de Polytechnique, ce socle universitaire - et militaire - de la civilisation, sic, (il eut été pertinent pour lui de citer également à l'appui de son propos les grands auteurs civilisés et civilisateurs - lui dont la seule qualité est de les citer (si souvent mal à propos, hélas) - issus de cette école d'élite, dit-on. A ma connaissance, ni Proust ni Racine ni Corneille ni Balzac n'ont fréquenté celle-ci), ce qui me gêne le plus donc c'est qu'un homme tel PB puisse abonder en son sens, lui dont toute la carrière professionnelle a prouvé à chaque fois que le lettré, donc le civilisé selon cette rhétorique, blanc de surcroît, n'était pas pour autant et de ce fait le meilleur et/ou meilleur et inversement. Car si la réalité de la loi et la loi de la réalité sont deux idées bien distinctes (mais pas systématiquement en conflit, il faut le souligner), la loi qui ignorerait la réalité ne serait qu'un rêve tronqué comme tous les rêves, peut-être même un cauchemar. Cette réalité -sociale, c'est d'elle dont il s'agit essentiellement - actuellement porte un nom : détresse. Cette dernière, même en son essence pénible, n'en conserve pas moins l'envie de s'exprimer comme elle l'entend, de penser et croire ce qu'elle veut, de danser et chanter comme elle veut, d'imaginer le monde comme elle veut, de créer la littérature qu'elle veut, le cinéma qu'elle veut... C'est ce qui lui reste de liberté.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 05 juin 2008 à 19:43
@sbriglia - suite et fin
"Depuis de longs mois, vous nous assénez, comme à des adolescents illettrés, des romans indigestes toujours, impudiques souvent, hors de propos parfois..."
Je vois que vous êtes dans l'ignorance du genre littéraire dont vous trouverez la description ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Watakushi_sh%C5%8Dsetsu
"Que me chaut de connaître [...] votre ressemblance avec telle ou telle actrice, les raisons du départ de votre conjoint"
Comme je l'ai précisé tantôt, mon mari n'est pas parti, de fait il était comme vous un adepte de Sacha Guitry et a donc suivi celui de ses conseils qui disait ceci :
"Nous ne devons épouser que de très jolies femmes... si nous voulons qu'un jour on nous en délivre !"
Comme vous pouvez le constater écrivant ceci :
"l'humour n'étant pas à l'évidence votre qualité première."
Vous aviez tort !
Rédigé par : Catherine JACOB | 05 juin 2008 à 19:35
@sbriglia
"Il semblerait que vous vous soyez reconnue"
Je ne me suis pas reconnue, j'ai simplement identifié une manœuvre allusive transparente qui vous est assez habituelle.
"Certains, qui ne vous cèdent en rien sur la culture mais qui ont l'intelligence et la modestie de ne pas l'afficher, ont essayé de vous faire comprendre combien nombre de vos interventions"
Qui ne me le cède ne rien, reconnaît ses pairs dont vous n'êtes manifestement pas, s'abstient de tout commentaire simplement désobligeant mais sait argumenter correctement.
"ce que vous enseignez sans doute à vos élèves (les pauvres !)"
Mes élèves sont contents d'être reçus à leurs examens et concours, ce qui est tout ce qui leur importe en définitive et d'une façon générale ils apprennent en effet à raisonner ( ce qui est le premier sens de 'ratiociner' avec d'en faire un synonyme d' 'ergoter') correctement.
"ces diplômes dont vous semblez être si éperdue..."
Je ne suis pas éperdue de diplômes, mais je ne cherche pas à ignorer, pour ma part, que le diplôme et surtout la valeur qui lui est socialement reconnue et qui permet de valoriser les années passées à son obtention représentent l'un des problèmes majeurs de l'école contemporaine.
Je ne suis pas pour monter en épingle, afin de mieux dissimuler ledit problème, ceux qui réussissent sans diplôme à la façon d'Aristote Onassis, lequel, comme chacun sait, a commencé sa carrière comme cireur de chaussures.
En revanche je suis tout à fait prête à leurs reconnaître tous leurs mérites quand bien même je ne partagerais pas leurs valeurs, en particulier celles qui leur font épouser une veuve de président pour être certain d'avoir bien été reconnu, laissant choir aux oubliettes à cet effet, l'incantation sublime, le tragique et la grâce de l'une des voix les plus magiques de ce temps !
"Que me chaut de connaître les idéogrammes japonais, votre ressemblance avec telle ou telle actrice, les raisons du départ de votre conjoint, le nom du lycée de votre fils, la prestance de votre nièce ou les opérations intimes de vos partenaires de bridge, tous détails distillés par vous ces derniers mois ?"
1- Mon mari n'est pas parti, donc il y a peu de chances que je l'ai prétendu.
2- Je respecte la vie privée de mon fils, donc il y a peu de chances que j'ai permis de l'identifier ne serait-ce que par le nom de son établissement.
3- Je n'ai en rien évoqué la prestance de mes nièces, surtout la petite qui est bien trop jeune pour avoir quelque chose comme une prestance quelconque. Je l'ai simplement citée à titre de critère de sélection de France2 un soir où j'étais trop fatiguée pour rester éveillée jusqu'à l'heure où PB serait 'dans ma télé' !
4- Je n'ai plus le loisir de bridger sinon épisodiquement et je ne me souviens pas avoir évoqué ce jeu ici.
"Que me chaut de connaître les idéogrammes japonais"
Personne ne vous contraint à prendre connaissance de la façon dont l'esprit dont vous prétendez jouir s'est développé sur quelques millénaires, ce dont les idéogrammes gardent la trace pour qui sait la pister.
Mais puisque vous évoquiez Esope, nul besoin en effet de solliciter Wikipéda à son propos pour de toute façon ne pas y trouver ceci :
Lorsque l'on dit que la langue est à la fois la meilleure et la pire des choses on ne fait que citer un cas particulier de la pensée binaire qui veut que toute chose soit elle-même et son double inversé et dont la figure majeure n'est pas le bon ou le mauvais usage que l'on peut faire de la langue de vipère dont vous êtes abondamment pourvu, mais le bon et le mauvais usage que l'on peut faire du 'pharmakon', autrement dit de 'toute substance au moyen de laquelle on altère la nature d'un corps' de façon salutaire (remède) ou malfaisante (poison) et qui renvoie encore plus profondément au bon et au mauvais usage de toute opération magique qui pouvait toujours bien ou mal tourner. En particulier les sacrifices destinés à assurer la fécondité pour la communauté, ce qui avait pour conséquence la coutume du bouc émissaire dont le roi-pharmakon est l'une des mises en pratiques.
Ceci ayant été dit à votre intention, donc extrêmement brièvement vu que vous n'avez pas de temps à perdre à vous appesantir sur ce qui a occupé les sociétés humaines si longtemps et que probablement vous saviez déjà parfaitement.
Pour finir, je vous dirai que vous ne vous trompez pas en pensant que Sacha Guitry ne figure pas parmi mes auteurs favoris, je n'apprécie pas spécialement en effet sa façon vulgaire de parler des femmes, mais il y a une citation que je lui emprunterais toutefois bien volontiers et c'est celle-ci :
"Si vous qui dites du mal de moi saviez exactement ce que je pense de vous, vous en diriez bien davantage ."
Rédigé par : Catherine JACOB | 05 juin 2008 à 19:04
Pas du tout d'accord avec la diatribe de R. Dati à l'Assemblée. Elle a usé d'un artifice en jouant sur la corde affective (retour à ses origines modestes) car elle était à court d'arguments sérieux et dignes de sa fonction. Pendant les émeutes de banlieue de 2006, c'est sous le gouvernement Villepin, où N. Sarkozy était ministre de l'Intérieur, que les fameux Grands frères ont été appelés à la rescousse. Souvenez-vous des grands gaillards place Beauvau casquette vissée sur la tête, à l'allure chevronnée qui déclamaient face caméra leur capacité à ramener le calme dans les cités avec l'aide des imans. C'était une parodie digne d'un sitcom avec Jamel Debbouze, mais à cette époque le charisme de N. Sarkozy empêchait tout recul ou pragmatisme devant ces scènes ridicules. Cette semaine Rachida Dati est dans Paris Match avec toute sa famille pour ramener le débat autour de la morale, de la famille et du mérite. Il sera difficile de juger et de critiquer une si brave fille qui vient d'un milieu modeste et qui a bravé les Grands frères, alors qu'elle n'a jamais vécu dans une cité, mais dans une maison à Châlon-sur-Saône !!!
Rédigé par : SR | 05 juin 2008 à 18:34
Madame,
Il semblerait que vous vous soyez reconnue dans les auteurs de digressions oiseuses et narcissiques que j'évoquais...
Vous ne vous êtes pas trompée...
Depuis de longs mois,vous nous assénez, comme à des adolescents illettrés, des romans indigestes toujours, impudiques souvent, hors de propos parfois...
Certains, qui ne vous cèdent en rien sur la culture mais qui ont l'intelligence et la modestie de ne pas l'afficher, ont essayé de vous faire comprendre combien nombre de vos interventions, longues et confuses comme un jour sans pain, leur ôtaient le bonheur de se retrouver ensemble sur cette oasis qu'est le blog de notre hôte...
D'aucuns ont insisté, votre serviteur notamment : peine perdue,vous avez continué de ratiociner et d'étaler sans retenue ni pudeur, avec un manque total d'humilité, ce que vous enseignez sans doute à vos élèves (les pauvres !) oubliant que parmi les commentateurs certains pouvaient avoir l'âge de raison, vous rendre quelques décennies voire même, sans nul doute, quelques parchemins, ces diplômes dont vous semblez être si éperdue...
Que me chaut de connaître les idéogrammes japonais, votre ressemblance avec telle ou telle actrice, les raisons du départ de votre conjoint, le nom du lycée de votre fils, la prestance de votre nièce ou les opérations intimes de vos partenaires de bridge, tous détails distillés par vous ces derniers mois ?
Que me chaut de savoir que la comtesse de Ségur était née Rostopchine, alors même que les lectures de mon enfance me l'ont appris et que si je l'ignorais, ma vie n'en serait pas moins aussi divertissante...
Vous parlez, Madame, vous parlez jusqu'à ce que vous trouviez quelque chose à dire comme disait un auteur qui ne doit certes pas figurer au panthéon de vos auteurs favoris, l'humour n'étant pas à l'évidence votre qualité première.
Alors oui, Madame, vous échapperez "aux secrétions excessives de ma bile noire", comme vous l'écrivez avec élégance lorsque les torrents de vos élucubrations nippo-truc-machin cesseront de nous asphyxier... ou lorsqu'un seul commentateur(trice) de ce blog m'aura reproché ces "secrétions".
En attendant, Madame, laissez-nous écouter PB et les talentueux commentateurs de ses articles... Comme disait Jean-Dominique : taisez-vous un peu !
Rédigé par : sbriglia | 05 juin 2008 à 15:24
"Dans la crise, inventer des remèdes à la crise."
Je rebondis, façon de parler puisqu'à nouveau immobilisé, sur vos conseils :
J'en invente depuis des années, des remèdes mais malheureusement mon dos ne me supporte plus ; nous en avons tous deux plein le dos, lui et moi qui ne faisons qu'un cas dos en fait :
crises après crises, médecins après médecins, opérations après opérations, nuits sans sommeil après nuits sans sommeil, nous ne savons plus que faire !
Je profite donc de votre blog qui s'est beaucoup diversifié dernièrement pour lancer un message en forme de SOS voire SMS dans cette bouteille virtuelle, avec l'espoir de viser juste, moi aussi !
J'ai pourtant déjà tout essayé des médecines parallèles aux longitudinales voire verticales mais nous ne désespérons point, mon moral et moi ! Nous attendons un miracle !
Sissi !
(même si je ne suis pas du tout genre voyage à Lourdes)
Rédigé par : Cactus fort las là | 05 juin 2008 à 15:22
@sbriglia
« les digressions oiseuses et narcissiques de certaine(s) ! »
Au moins pendant que certaines parlent d’elles-mêmes ou témoignent de ce qui constitue leur intérêt, elles n’agressent pas verbalement certains en les giflant par les biais d’affirmations péremptoires dont elles seraient bien incapables de démontrer le bien-fondé.
Elles ne les tourmentent pas non plus mesquinement par le biais de ce qu’elles croiraient avoir appris à leur propos en leur signifiant entre les lignes qu’elles les réduiraient purement et simplement à cela point barre ; la vérité apparaissant totalement accessoire du moment qu’elle ne permettrait pas de continuer à faire du mal mais contraindrait bizarrement à saluer et admirer ! Autrement dit, offrant certains éclairages sur elles-mêmes, elles signifient par ricochet que pour leur part, elles ne se veulent pas nécessairement prisonnières de leur ignorance à leur sujet !
Bref, ajoutant que pour mon fils, je ne suis ni Mme Deneuve, ni Melle Ardant, ni l’héroïne d’Out of Africa, mais selon les bons ou les mauvais jours, tantôt la veuve Mac'Miche, la mégère écossaise avare et tyrannique du roman de la Comtesse de Ségur (née Sophie Rostopchine), tantôt Mireille Mathieu que je vous laisse affecter à votre guise, l’une et l’autre, au jour adéquat, pourrais-je enfin échapper aux effets de la sécrétion excessive de votre bile noire, cette humeur froide qui s’échappant des rates sous influence du vieux Saturne, libère et développe les facultés peu contrôlables de l'imagination ?
Rédigé par : Catherine JACOB | 05 juin 2008 à 11:25
Je n'ai pas vu le film, je n'ai pas lu l'article de A. Finkelkraut et je n'ai donc aucun commentaire ad hoc à faire pour l'instant sinon que je partage votre opinion et celle de la plupart de vos commentateurs.
Le texte de Marc est remarquable et montre que rien n'est jamais inéluctable ; les difficultés d'aujourd'hui proviennent sans doute du fait que la chaîne de transmission de la culture a été rompue : les parents et les enseignants ne guident les enfants qu'un temps infime laissant le champ libre aux copains, à la télévision appuyée par Internet et au sport spectacle.
C'est ce que constate AF ; à partir de là les remèdes, s'il en est, diffèrent.
Marc a choisi la voie de l'action ; beaucoup plus modestement je le fais par l'aide aux devoirs dans un quartier difficile avec une efficacité très relative.
AF combat les outils modernes de déculturation et c'est sans doute pourquoi Jean-Dominique Reffait a raison de le dire orphelin. Orphelin mais pas silencieux !
S'il est naïf, c'est par provocation à la prise de conscience.
Chacun, à sa place et muni de ses dons et faiblesses, peut aider .
J'ose croire que le pire est derrière nous.
Rédigé par : mike | 05 juin 2008 à 11:08
Ce blog n'a pas d'équivalent connu de moi. Le témoignage de Marc est remarquable en tous point et je rejoins, l'ayant par ailleurs exprimée, sa conclusion sur les ambitions réelles des profs. Il y a aussi Aïssa, qui a pu un temps céder à l'agressivité, mais qui, s'en défaisant, a un vrai style, une vision des choses. Je parle des petits nouveaux.
Merci, Philippe, de savoir attirer cet échantillon hétérogène et de qualité. La barre a peut-être été placée haut par les plus anciens de vos commentateurs (allez, on va pas se gêner !), dissuadant les commentateurs compulsifs d'autres blogs, mais il vous revient évidemment de savoir, par une forme très spécifique d'écriture, provoquer l'adhésion sans facilité et l'opposition sans hystérie.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 05 juin 2008 à 10:52
@Marc
« la vision d'un livre m'était pénible. Cette suite de petits caractères qui forment des mots, mots qui forment à leur tour des phrases qui, écrites par nos illustres, usent d'images et de tournures de styles, m'était totalement sibylline. »
« Mais j'appris tout cela tardivement, à 17 ans, une fois exclu de cette École qui n'eut de cesse de me traiter d'imbécile (merci aux bibliothèques municipales et au CNED). »
N’est-il pas possible que vous ayez été simplement réfractaire à l’apprentissage en commun sous une férule trop directive car méconnaissant votre propre façon de progresser slalomant entre lacunes et savoirs acquis différents de ceux du voisin ?
Je constate néanmoins que, ermite du savoir, c’est pourtant grâce à l’existence du « texte sibyllin » que par l’intermédiaire d’un apprivoisement mutuel, vous avez pu pallier les manquements de l’école à votre égard !
« je crois plus important qu'ils aient une chance que je n'ai jamais eue. »
Mais vous l’avez eue cette chance, puisque vous déclarez vous-même que vous avez fini par être titulaire de « tous les diplômes qui existent en mathématiques » et pouvoir valoriser ce «don particulier pour les mathématiques » que vous déclarez « avoir eu depuis ‘votre’ plus jeune âge. »
Personnellement je ne pense pas qu’il soit très sain que les élèves soient amenés en réalité à devoir soigner le maître, comme les enfants sont parfois amenés à devoir soigner leurs parents de leurs blessures secrètes, en ce qui vous concerne en vous permettant d’être le maître que vous n’avez jamais eu. Ne serait-il pas possible qu’en renvoyant aux bibliothèques et au CNED (dont soit dit en passant, toutes les disciplines sont loin d'être parfaitement représentées !!) ce surdoué en mathématiques qui ne trouvait pas sa place dans leur classe, vos professeurs vous auraient en réalité indiqué quelle était la voie qui allait vous permettre de vous en sortir, faisant en cela réelle œuvre de pédagogue qui est de permettre à l’arbre de porter les fruits qui sont en lui, ce qui n’eut manifestement pas été possible, en ce qui vous concerne, dans l’environnement scolaire où vous vous étioliez davantage que vous ne vous affirmiez. Qu’est-ce que vous leur reprochez finalement, de ne pas vous avoir conduit jusqu’au prix Nobel, ou de n’avoir pas étouffé votre originalité foncière et vous avoir transformé en Monsieur tout le monde ?!
Plus simplement, votre cas particulier n’est pas nécessairement représentatif du cas de tout un chacun et peut-être que votre retour au sein de l’institution universitaire pourrait être bénéfique à tout le monde, à la recherche, à vous-même, à vos élèves enfin ainsi qu’à de futurs étudiants ?!
Quand vous dites que la vision du livre vous était pénible, on peut vous répliquer que toute vision de ce par quoi on va devoir en passer mais qui n’ira vraisemblablement pas sans mal, est pénible, en particulier celle de cette ignorance partielle dont, cependant, vous aviez vous-même conscience au contraire de nombre de cretinus cretinissumus qui pensent que le soleil ne brille que pour eux.
Sans parler d'éventuels problèmes de vue. Quand, pour ma part, j’ai du accommoder ma vue (j’ai souffert d’une légère paralysie oculaire), à la lecture flottante de Novalis dans le train Strasbourg-Metz et retour le temps d’un week-end, soit à l’époque presque cinq heures de trajet sur un jour et demi toutes les semaines, je peux vous certifier que rien que la vue de l’œuvre à avoir lue pour la semaine suivante était devenue extrêmement pénible. Néanmoins, cet effort consenti m’a permis plus tard de ne pas caler avec l’écriture idéographique dont j’ai eu maintes et maintes fois l’envie de balancer les textes par la fenêtre !
Aussi, avec votre permission, je vais ajouter à ma petite notice sur les diverses écritures fonction des diverses conceptions de l’école de l’aube des temps historiques, ceci :
Il convient sans doute de ne pas négliger le plan métaphorique quant au captif évoqué et le comprendre en fait comme le captif de son ignorance (ne disons-nous pas nous mêmes, « ‘maintenir’ – ‘tenir’ dans l’ignorance »), et que donc le savoir doive être conçu comme ce qui délie, ce qui libère. Il existe en effet un autre caractère qui pour signifier « changer » signifie par le bais d’une silhouette humaine accolée à son double inversé pour dire que le savoir change l’homme, mais aussi le révèle à lui-même. C’est pourquoi on retrouvera cet en miroir couronné par une clé « herbes » pour désigner « la fleur », celle qui transforme l’arbre en fleurs et dont la vérité est le fruit, ce qui représente une dialectique très hégélienne quelque part même si elle fait sourire qui pense connaître le grand et le vrai Hegel, ce penseur pour qui cependant la langue de la philosophie se devait d’être le langage quotidien, le langage de tous, mais manié par la pensée en explorant toutes les pistes, toutes les fleurs et toutes les ambiguïtés.
Est-il besoin de préciser pour terminer que l'ignorance n'est pas nécessairement à concevoir comme la simple ignorance des savoirs de l'école, ou dont est censée se charger l'école !
Rédigé par : Catherine JACOB | 05 juin 2008 à 10:43
L'engouement pour le livre et le film "Entre les murs" me rappelle celui des "enfants de Summerhill", expérience anglaise de libération totale de l'école. L'élève était libre d'aller au cours quand bon lui semblait. La lecture et le film de cette expérience étaient captivants, l'école classique était considérée comme ringarde.
Mais les Anglais ont ensuite étudié ce qu'était devenu dans la vie réelle ces enfants. Et là, de constater que beaucoup étaient restés illettrés et menaient une vie misérable.
Rédigé par : GED | 05 juin 2008 à 10:33
Comme dit le proverbe : "Ne jetons point le bébé avec l'eau du bain"... C'est moins l'enseignement des "grands" textes qui est en débat ici, que la façon de l'aborder.
C'est du moins ce que j'ai essayé d'expliquer ici : http://reprisesvh.wordpress.com/2008/06/05/my-diigo-reponse-a-alain-finkielkraut/
Rédigé par : cjacomino | 05 juin 2008 à 07:46
@ Aude et d'autres... et @ Marc
J'apprécie vos commentaires et en partage volontiers l'essence.
Oui les plus jeunes ne demandent qu'à se hisser (et certains nettement plus âgés - moi par exemple), mais les modèles manquent furieusement et ne vont que très rarement au "charbon" ou se cantonnent à leurs blogs.
C'est bien dommage. J'admire le courage des profs, pas celui des avocats car le courage ne leur sert pas à grand-chose.
Quant à AF très peu pour moi, je préfère les chants de l'âme aux joutes de circonstances, les cris du coeur et de la sincérité à l'incontinence verbale.
Mais la encore, les modèles...
Beaucoup de beaux parleurs qui forment leurs petits communautarismes mais que l'on ne voit jamais dans les cités.
La classe ne s'y pointe pas. Alors on se forme à la source que l'on a, à défaut de.
Les livres devraient être gratuits, l'humanité et l'humanisme feraient un grand pas, la culture aussi. Ça serait un vrai progrès.
Le langage des jeunes me plaît quant à moi, mais je ne l'emploie pas, chacun sa génération. Nous ne sommes pas l'avenir.
Rédigé par : Patrick Marguillier | 05 juin 2008 à 00:49
Marc, j'aimerais, à mon âge, être assis au banc de votre classe.
Merci pour ce témoignage qui, par sa sincérité et sa modestie, renvoie aux oubliettes toutes les digressions oiseuses et narcissiques de certaine(s) !
Le maniement de la langue, je le constate tous les jours dans mon activité, et quoique je ne sois pas avocat, est une épée redoutable qui peut désespérer et humilier le pauvre en vocabulaire mais aussi et surtout, lui apporter le réconfort et la dignité...
Le texte de Fink est magnifique en ce qu'il réhabilite l'effort de lecture... Qui a écouté le regretté Devos face à Claude Hagège, une plaidoirie de Jean-Denis Bredin, les phrases de Malraux au Panthéon sait combien le maniement de la langue peut déverser du bonheur et de l'espoir...
...Oui, je sais, elle peut être aussi la pire des choses (par pitié, CJ, pas de wikipédia sur Esope !)
@Thierry S. : entièrement d'accord avec votre "hors sujet". Madame Dati m'a bluffé ce jour-là, et carton rouge pour ceux qui ont eu la bassesse de clamer que l'hémicycle n'était pas le défouloir de nos névroses personnelles.
Rédigé par : sbriglia | 04 juin 2008 à 23:20
@Marc
"Aujourd'hui que je sais lire, et que j'aime ça, que je sais écrire même si ça reste pénible pour mes lecteurs..."
Je suis désolée de vous contredire, mais comme l'a souligné Laurent Dingli, votre texte est très beau et très sensible.
Rédigé par : Aude | 04 juin 2008 à 22:25
Marc,
C'est un très beau texte que vous nous confiez là.
Rédigé par : Laurent Dingli | 04 juin 2008 à 21:22
Cher Monsieur Bilger, j'ai pris connaissance de votre texte un peu plus tôt dans la journée, et je viens de lire celui d'Alain Finkielkraut il y a quelques instants.
Ce débat me concerne sur tous les plans, par mon histoire personnelle façonnée par la violence que j'ai subie comme élève dans les années 80, par ma vocation de chercheur un temps puis d'enseignant aujourd'hui.
Mon parcours atypique m'a donné une vision du système d'enseignement, qui tout en restant pragmatique me montre les errements de certains illustres penseurs.
J'ai eu tous les diplômes qui existent en mathématiques, chercheur durant quelques années j'ai pu travailler avec les personnes les plus remarquables de mon temps. J'ai connu les Euclides du XXIème siècle, construire mon savoir dans leur ombre et même parfois me faire entendre d'eux.
Si je tiens ces propos narcissiques en apparence, c'est pour préciser tout de suite que ma situation ne tient qu'à un don particulier pour les mathématiques que j'avais depuis mon plus jeune âge.
Sans ce don qui m'a toujours laissé imaginer une voie de sortie de l'enfer que je vivais alors, je n'aurais sans doute pas eu un destin très brillant et peut-être me serais-je retrouvé en face de vous, dans un box.
Mes professeurs de collège et de lycée ne voyaient en moi qu'un analphabète, rêveur (terme qui revient dans tout mes bulletins), peu éveillé voire débile (terme employé par certains d'entre eux...) L'étrange note en mathématique qui ne descendait jamais en-dessous de 17 ou 18 ne faisait pas le poids.
Et je peux les comprendre ; issu d'un milieu inculte, la télévision étant la principale et unique activité familiale, je peux affirmer qu'en effet la vision d'un livre m'était pénible. Cette suite de petits caractères qui forment des mots, mots qui forment à leur tour des phrases qui, écrites par nos illustres, usent d'images et de tournures de styles, m'était totalement sibylline.
Aujourd'hui encore, je dois faire des efforts pour écrire, ayant toujours un dictionnaire à mes côtés ("sibylline" n'est pas venu d'un coup...).
Mais ma soif d'apprendre m'a sauvé. J'ai appris à lire, à parler, à écrire. Je savais déjà compter heureusement.
Mais j'appris tout cela tardivement, à 17 ans, une fois exclu de cette École qui n'eut de cesse de me traiter d'imbécile (merci aux bibliothèques municipales et au CNED).
Les textes fondamentaux que cite Alain Finkielkraut, les classiques, sont des trésors qu'il faut livrer à nos jeunes. Toutefois, ce trésor a un prix. Un préalable indispensable. Il faut savoir lire. Il faut acquérir cette capacité qui vous semble si naturelle de vous plonger dans un texte au point de ne plus avoir conscience que vous décryptez des symboles, des lettres, des mots, des phrases.
Lorsque vous n'avez pas reçu cette initiation, vous ressentez la lecture comme une violence, une barrière qui vous renvoie votre différence, votre inculture.
Il me reste le souvenir très vif de ce livre qu'il nous fallait lire en un mois pour un devoir de français : "Crimes et châtiments".
Lorsque je découvris la taille de ce "pavé", j'en ai eu la nausée, je crois que je n'avais pas pu dépasser la 20ème page tant l'ouvrage me paraissait monstrueux.
Un peu le sentiment que vous évoquerait une équation mathématique...
Cela renvoie à mon inculture d'alors, mes limites, et les jugements qui en découlent. Les professeurs qui ne sont même plus surpris que vous ne rendiez pas votre devoir, puisqu'ils vous ont catalogué depuis longtemps.
Cette incapacité réelle à exprimer mes sentiments, mes idées et à pouvoir accéder à la connaissance provoqua une réaction.
Laquelle ?
La même que celle de mes, nos, élèves. La violence dans le verbe, la violence dans le geste, ce qui, je l'ai compris plus tard pour moi, était une façon d'exister, d'appeler mes professeurs, ma famille, à ne pas voir en moi que l'ignorance.
C'est bien sûr contre-productif mais c'est ainsi que l'homme réagit.
Aujourd'hui que je sais lire, et que j'aime ça, que je sais écrire (même si ça reste pénible pour mes lecteurs ;-) ) et que j'ai pu me rassurer en gagnant ma place d'intellectuel scientifique dans cette société, j'ai décidé depuis quelques années de retourner à l'École.
A la grande surprise des enseignants, de mes anciens collègues, des inspecteurs qui m'imaginent plutôt une carrière d'honorable universitaire, j'ai choisi d'être à mon tour enseignant dans des classes dites "difficiles".
Je respecte mes élèves malgré leurs provocations, leur inculture, leur langage, parce qu'à défaut d'en faire des premiers de la classe, je crois plus important qu'ils aient une chance que je n'ai jamais eue. Je leur offre un adulte respectable qui pose son regard sur eux, leur parle normalement dans un (j'espère) bon français, leur expliquant les mots qu'ils ne comprendraient pas, usant de tous les moyens pour leur montrer le monde qui les entoure par le prisme des sciences, les invitant à se libérer par le langage.
Ce but très beau dans la tournure, se réalise au quotidien par des actes concrets qui, pris hors contexte, peuvent choquer des intellectuels habitués au sublime. Il faut aller chercher nos élèves où ils sont, dans le marasme culturel dans lequel notre société les a placés.
Pour aller dans le sens d'Alain Finkielkraut, il est nécessaire que nos enfants aient accès aux oeuvres fondamentales de notre littérature.
Mais pour cela, pour les amener à lire, il faut leur en donner les outils.
En revanche, Messieurs Finkielkraut et Bilger, ne vous laissez pas impressionner par certaines méthodes d'enseignement qui peuvent laisser croire à un renoncement à la Culture au profit d'une sous-culture ordinaire.
Restez convaincus que pour beaucoup d'enseignants, ce sont des enfants, pas nos égaux. Ils ne nous demandent pas de nous mettre à leur niveau, surtout pas, ils souhaitent que nous les portions au nôtre.
Je le sais, parce que j'étais l'un d'entre eux.
Bien à vous
Marc
Rédigé par : Marc | 04 juin 2008 à 19:50
Pardonnez-moi Philippe d'être délibérément hors sujet mais l'intervention parlementaire de R. Dati, hier, ne m'a pas laissé insensible : certains disent qu'elle a dérapé. J'estime au contraire qu'elle a eu le courage de s'affranchir de la coquille sarkozyenne dans laquelle elle s'était enfermée depuis trop longtemps. La vigueur, pour ne pas dire la sincérité, de cette diatribe me fait penser que Mme Dati devrait davantage cultiver sa différence. Pour la première fois depuis 14 mois, nous sommes plusieurs à l'avoir applaudie. Dans ce concert de propos et commentaires totalement ineptes sur une décision de justice à laquelle on prête à peu près l'inverse de ce qu'elle a tranché, il était intéressant d'entendre Mme Dati remettre en place les sempiternels donneurs de leçon généreux du bien d'autrui. Cet exercice d'hier était d'autant plus intéressant que, sur la forme, elle semblait vider "le sac" et exprimer ce que son vécu lui inspirait en de pareilles circonstances. Qu'elle continue ainsi. Elle aussi a visé juste !
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 04 juin 2008 à 19:33
@Sept ans en 1968
« le film «Entre les murs», de Laurent Cantet, à l'intitulé si carcéral. »
Ce titre m’évoque à moi le fait que, si on se réfère à la façon dont les idéogrammes signifient ‘l’école’, cette dernière est un univers carcéral depuis l’origine !
En effet, la lettre utilisée pour nommer « l’endroit où l’on apprend » est une lettre complexe relativement récente (deux millénaires) mais qui conjugue deux pictogrammes anciens (quatre millénaires au moins) dont l’un nomme ce matériau qu'est le bois, et l’autre montre une silhouette humaine les jambes croisées, liées en fait pour le plus ancien état de la lettre et qui désigne quelque chose d’ emmêlé, de croisé, ainsi que l'échange mais aussi le fait de se mesurer à.
Vu qu’un autre sens de la composition évoque la cangue ou les entraves, peut-être des échanges de captifs (?) ; mais comme on trouve aussi l’idée de domestication, apprentissage, peut-être un endroit où des captifs apprenaient la docilité et d’où celui qui était devenu ‘raisonnable’ en quelque sorte, sortait délié, laissant sa place à autrui ?!
Le mot a également été appliqué à la ‘caserne’ et sa partie droite ayant également désigné la fraternisation, la fréquentation, on comprend donc très bien comment il a pu être affecté à la désignation de cet endroit, style grande maison où l'on disait que, du temps des légendaires Xia, les anciens réunissaient les plus jeunes pour leur enseigner – faut-il comprendre de gré ou de force ? – ce qu’il y avait à savoir, endroit donc qu’en ce qui concernait les Yin qui leur ont succédé, on a écrit « moutons dans l’enclos » mais que les Shû pour leur part ont écrit « portique » ou son équivalent qui n’ est pas sans évoquer le portique platonicien.
Au mot employé par/pour les Xia les Japonais ajoutent un très ancien (quatre millénaires au moins) caractère « apprendre » dont l’origine se laisse désigner dans un autre style de main house aux poutres faîtières croisées, sorte de pensionnat où les jeunes discipuli vivaient séparés de leur famille et apprenaient les savoir traditionnels tant profanes qu’occultes.
Rédigé par : Catherine JACOB | 04 juin 2008 à 18:57
Je suis d’accord avec Jean-Dominique Reffait, et je peux me sentir moi aussi comme AF orphelin de la culture classique : le culte des Anciens, introduit comme fondement de la culture européenne par Erasme et les Humanistes, a accompagné notre histoire intellectuelle jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale : sa disparition n’est pas un phénomène français mais occidental.
Que nous apportait cet héritage, sa dilapidation va-t-elle modifier notre façon d’être et notre compétence, et notamment existait-t-il une relation entre la pensée des Anciens et les Lumières ?
Pourquoi cette évolution qui a son origine avant la seconde guerre mondiale, si l’on se rappelle les débats s’inquiétant de la primauté de la technique sur l’homme, notamment en Allemagne.
Est-ce comme le laisse entendre Sloterdijk dans Recherche pour le Parc Humain parce que la promesse de l’école comme porte d’entrée dans l’élite n’étant plus tenue, la culture lettrée ne concerne plus que ceux qui sont clercs par vocation : mais faut-il vraiment regretter que la place des clercs dans la société soit réduite, alors que nous avons fait l’expérience tragique de la barbarie extrême dans nos sociétés extrêmement cultivées : quoi de plus éduquée, de plus auto-contrôlée, de plus civilisée que la société prussienne ?
Rédigé par : Jean-Marie | 04 juin 2008 à 18:26
Bonjour
Tst Tst ; Ils ont dit la politique n’est pas un rêve de poète. Pourquoi supposez-vous que nous avons fait la guerre ? Pour leur vieux Maréchal ? Il ont encore ri : nous ne sommes pas des fous ni des niais ; nous avons l’occasion de détruire la France, elle le sera. Pas seulement sa puissance : son âme aussi. Son âme surtout. Son âme est le plus grand danger. C’est notre travail en ce moment : ne vous y trompez pas mon cher ! Nous la pourrirons par nos sourires et nos MENAGEMENTS. Nous en ferons une chienne rampante… Nous guérirons l’Europe de cette peste nous la purgerons de ce poison… Racine, Ronsard, Rousseau……Péguy, Proust… Et surtout Finkielkraut.
Très très beau ce "Silence de la mer".
DUVAL UZAN
Rédigé par : Duval Uzan | 04 juin 2008 à 17:44
Etrange procès que vous faites à Sean Penn.
Au moment où Gilles Jacob et Thierry Frémaux lui demandent de présider leur festival, alors précisément, on attend de lui une méthode, qu'il impose sa vision au choix du palmarès. N'a-t-on pas trop vu de jury sans âme, saupoudrant leurs prix pour satisfaire tout le monde ?
N'ayant pas vu le film de L. Cantet, je m'en tiens à la démarche de S. Penn. Dès l'ouverture, il prévient qu'il privilégiera les oeuvres à caractère social et politique, une des raisons pour laquelle les organisateurs l'ont d'ailleurs choisi. Sûr de lui et de son fait, il fait suivre ses paroles par des actes, oubliant malgré tout 'Valse avec Bashir'.
Il est délicat de reprocher à cet homme et à ses partenaires d'avoir eu une ambition et de l'avoir tenue. Par contre, je peux comprendre que l'on ne soit pas d'accord avec les choix ou même avec son discours, mais dans ce cas, il fallait dès le départ freiner des deux pieds lorsque l'annonce de sa présidence a été faite.
Sean Penn a été tel qu'en lui-même et si la machine hollywoodienne n'a pas réussi à le faire plier, il était peu probable que des pressions cannoises y parviennent.
Rédigé par : Cyril | 04 juin 2008 à 15:35
M.Bilger, ne jugez-vous pas vous-même une palme politique avec des yeux politiques ? Et dans ce cas, ne reprochez-vous pas à autrui ce que vous faites vous-même ?
Au-delà de la volonté d'AF ou de vous-même de défendre une haute idée de la culture et de la langue (ce que je partage), on a le droit de reconnaître qu'un enseignant et un pédagogue de collège ou de primaire ne s'adresse pas aux membres du collège de France ou à des étudiants d'université, et qu'il est donc obligé pour atteindre son but qui est de transmettre, d'enseigner et même d'éduquer, de prendre son "public" tel qu'il est.
Et donc de parvenir à franchir un certain nombre de barrières, pour faire sortir son élève de son enfermement. C'est le prof qui va vers l'élève, pour que l'élève aille au prof. Si petit à petit le prof revient vers la qualité et le contenu de qualité il a gagné.
Peut-on dire que dans le film (que je n'ai pas vu) le prof enseigne des textes "nuls" à des élèves "nuls" ou bien utilise-t-il tous les moyens à sa disposition (y compris ceux des élèves) pour les toucher avec quelque chose qui correspond aux critères de qualité que vous défendez ?
Rédigé par : prevalli | 04 juin 2008 à 14:47
J'ai lu, il y a quelques temps, le livre de Bégaudeau, je n'ai pas vu le film. Ce livre n'est en rien un positionnement idéologique, il fait "méthodiquement" la chronique d'une année scolaire dans une école difficile. C'est vu par un prof qui nous offre un regard assez détaché sur les élèves, avec leurs nombreux manques pour réussir et surtout sur des profs qui sont, de mémoire, désabusés, peu motivés et envahis par leurs petits soucis personnels. Le livre ne défend rien du tout, il est une photo dérangeante de ce qu'on offre aux enfants en difficulté sociale : des profs paumés avec des ados qui n'ont pas reçu les "fondamentaux" pour réussir leur vie scolaire comme la vie tout court.
Rédigé par : Bulle | 04 juin 2008 à 14:13
"Si je devais (Dieu m'en garde) repasser aux assises et face à vous" a écrit Aïssa...
... moi j'ai repassé assis, face à PB : sans avocat commis j'ai pris le bon pli...
...et je repensais à cette phrase de Bentolila : "Lorsque les mots manquent aux élèves, c'est le sens qu'ils tentent de donner au monde qui s'obscurcit"
PS : y'a un Japonais dans la salle ?
Rédigé par : sbriglia | 04 juin 2008 à 13:46
Il est évident que tout se tient, et que le comportement subjectiviste contemporain traite de la même façon les codes linguistiques et les codes juridiques (cf l'actualité du week end), en mettant en oeuvre la maxime de Michel Onfray : "Chacun doit être désormais à soi-même sa propre norme"
Rédigé par : Guzet | 04 juin 2008 à 13:18
Aïe aïe aïe mamamia y caramba ! Si moi continué à pa'lé peti nèg', moi pas civilisé car les instances supéyeures du g'and philosophe blanc qui passé souvent dans la boîte à image à la télé exigeasse que je fisse montre d'autant éloquence oratoire que la bou'geoise et a'istocrate la g'ande madame de Stael. Donc moi sauvage car moi pas pa'lé bien la langue qui t'anscende et su'plombe le 'éel, avec des accents pa'tout, des ci'conflexes, des g'aves et des aigus. Pa' les coups de ma'tinet du g'and manitou philosophe blanc, moi devoir app'endre à bien m'e'primer sinon moi devoir retou'né dans ma b'ousse et dans ma civilisation car moi pas digne d'avoi' la palme d'or.
Salutations, PB. Vous étiez pas mal, hier, chez Taddéï. On a dû vous le dire cent fois : comme avocat général, ce qu'il y a de plus redoutable en vous, ce n'est pas tant la force de vos arguments que la tonalité particulière de votre voix, cette espèce d'accent unique qu'on a l'impression tout droit sorti de la terre et qui doit emporter, rien que par sa simplicité originale, bien des convictions. Si je devais (Dieu m'en garde) repasser aux assises et face à vous comme accusateur public, la première chose que je ferais serait de prendre un vieil avocat inconnu tout droit sorti du terroir avec un non moins terrible accent à la Jacques Duclos, par exemple, un truc qui fait tourner les "r" à en donner des frissons. Autrement, on n'a aucune chance, c'est perdu d'avance.
Salutations.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 04 juin 2008 à 11:55
Décidément, vous êtes fidèle à vous-même ! Finkie me semble faire son srogneugneu habituel... Si on n'écrit pas dans la langue de La Princesse de Clèves, mieux vaut se taire !
Bon, bin jsais pas comment se crée et évolue une langue, mais ce n'est certainement pas grâce à des intellectuels debout sur les freins à chaque changement !
(précision : j'ai relu La Princesse récemment, avec un bonheur sans mélange, mais en ayant le sentiment de visiter un musée élégant et fané !)
Au passage : ne craignez-vous point d'en rester, même sans l'aveu, à des critères très très bourgeois ? Si vous excluez les "2ème génération" de la capacité ou du droit à re-créer NOTRE langue chaque semaine, peut-être allez-vous bientôt considérer qu'ils seraient mieux "chez eux" ?
;-)
(c'est une méchanceté gratuite)
Rédigé par : Yves Duel | 04 juin 2008 à 11:46
Si j'ai bien compris, vous vous posez la question: "Que pèse la palme d'or 2008, ce film d'un presque homonyme de B.Cantat à côté de tous ces autres ?" :
Le monde du silence - Orfeu Negro - Une aussi longue absence - Les parapluies de Cherbourg - Un homme et une femme - Sous le soleil de Satan -
Aucune idée a priori, si en revanche j'en ai bien une quant au lauréat du prix qui couronne les ouvrages parus soit en janvier soit en février, cet agrégé de lettres en disponibilité de l'Education nationale pour écriture, qui fut admissible à ENS et qui le fait savoir !
Tant qu'à se pencher sur les anciennes palmes on observe du côté japonais ces chefs d'œuvre qui même à l'examen du plus féroce des jurys, le temps, n'ont pas pris une ride et qui sont:
- (地獄門, Jigokumon : Les portes de l'enfer (qui évoque le Japon de l'époque de l'émergence des Funa-zushi où dans la fureur les luttes de clan entre les Taïra et les Mina-moto - et non pas 'mini motos' comme certains l'écrivent - un Lancelot japonais succombe lui aussi à un amour fatal pour une Guenièvre tout aussi japonaise)
- (影武者, Kagemusha ): L'ombre du guerrier (Japon du 16ème siècle où le rapport au monde du double est absolument fascinant)
- (楢山節考, Narayama bushiko): La balade de Narayama (Pour vous qui aimez "la profondeur, les ressorts de l'intime, les plongées au cœur de l'humain, la représentation des sentiments et des émotions", il y a ce film où la dureté de la culture qui envoie ses vieux dans la montagne est mise en parallèle avec les sentiments qui agitent ce fils portant à contrecœur sa mère sur son dos en direction de la montagne parce que c'est elle qui le veut, et qui le veut afin de le préserver du regard des autres sur elle, sa mère, qui a encore toutes ses dents et une chevelure sans un fil d'argent, mais l'âge cependant, d'attendre la mort, seule, au milieu des ossements épars du vieux cimetière de pierres dans la montagne.
Et il y a aussi le film néo-zélandais si émouvant, La leçon de piano!)
- Enfin, (うなぎ, Unagi): L'anguille, ce poisson délicieux quand il est grillé et dont on fait également d'excellents sushis, mais qui ici continue de recueillir les confidences d'un ex prisonnier, meurtrier de sa femme, adultère, mais qui ayant obtenu une conditionnelle au bout de huit ans, ouvre un salon de coiffure dans lequel l'aidera une femme qu'il vient, par hasard, mais une vie rachetant d'autre, de sauver du suicide.
Rédigé par : Catherine JACOB | 04 juin 2008 à 11:41
"je me sens le droit de m'accrocher à la pensée royale d'AF" est-ce un coming out ?
Rédigé par : Henrihubert | 04 juin 2008 à 11:02