Le don du silence mais aussi le silence sur le don.
Il ne faut jamais reporter l'annonce d'un très beau geste, surtout quand il a voulu rester discret. Alice Taglioni a offert une somme considérable gagnée au poker - environ 90 000 euros - à l'association dont elle s'occupe. Le jeu mène à tout, même au meilleur !
Je ne vais pas quitter le sujet de l'argent en évoquant le "sage des Bleus", comme le nomme le Parisien, le penseur du football, le grand et excellent Lilian Thuram. Reçu le 21 mai par la rédaction de ce quotidien, il s'est livré sur une double page avec beaucoup de gentillesse. Il est vrai qu'il n'a guère été poussé dans ses retranchements mais, après tout, pourquoi l'aurait-il été ? Tout de même, il me semble qu'un sportif, qui n'hésite pas parfois à "tacler" politiquement, aurait mérité un questionnement plus rude et plus direct qui d'ailleurs aurait représenté un hommage à son intelligence.
Il est vrai que les développements de Lilian Thuram, sur le plan social, m'ont semblé très en retrait par rapport à ses dénonciations antérieures, toujours moins grotesques, certes, que celles d'un Noah mais vigoureuses et critiques à l'égard du pouvoir en place et du président de la République. Dans cet entretien, pour parler net, il déverse de l'eau tiède, des considérations généreuses et générales qu'il serait difficile de ne pas approuver. Sans doute qu'avant le Championnat d'Europe, la concentration du footballeur ne laisse plus beaucoup de place au donneur de leçons ! On ne peut même pas soutenir que cette modération assez ennuyeuse serait la conséquence de la visite de Nicolas Sarkozy à l'équipe de France puisque cette dernière est intervenue après l'interview. Peut-être que son âge - 36 ans -, sans effet sur ses aptitudes sportives, a eu une heureuse incidence sur son caractère et son sens civique ?
Il y a cependant une réponse ou plutôt une absence de réponse qui a tout de suite attiré mon attention dans cette enfilade de lieux communs et d'honorables banalités. On lui demande "quelle prime il a négocié pour l'Euro". Il s'en sort par une pirouette qui, bien sûr, ne satisfait pas la curiosité du journaliste. Sur le même registre, mais plus sérieusement à mon sens, il répond à l'interrogation "Combien gagnez-vous ?" par le trait suivant : "Moins que ce que vous pensez ou peut-être plus !". Il accompagne cette boutade d'un rire, selon la rédaction.
Pourquoi ce silence, soudain, sur le même sujet de l'argent ? Etonnant de la part d'un esprit et d'une conscience affichés qui prêchent vérité, égalité, transparence et justice. Je ne vois pas ce que la révélation de son salaire et de sa prime aurait pu avoir de scandaleux, surtout que les lecteurs passionnés par le foot se doutent bien que les chiffres auraient à l'évidence un niveau substantiel compte tenu du traitement des vedettes sportives.
Alors, pourquoi se tait-il, lui qui se pique de tout dire en abordant notamment des problèmes qui ne relèvent pas directement de ses compétences immédiates ? Craint-il que l'amas d'argent que son talent et sa longévité méritent fassent tout de même mauvais genre dans un monde dont il dénonce, certes de manière feutrée, les injustices ? Serait-il sensible au reproche qui lui a déjà été fait de pleurer sur les banlieues, les poches largement, excessivement remplies - le scandale ne concernerait pas que lui - et en ne s'y rendant plus jamais ?
L'image du "sage des Bleus "aurait-elle été altérée si Thuram avait répondu simplement à ces questions simples ? Je n'ose penser qu'un être aussi moral et se proclamant tel aurait pu être détourné, pour le montant de ses gains, de la sincérité par cette peur bien française des conséquences éventuellement fâcheuses sur le plan fiscal ? Non seulement notre perception de lui n'aurait pas été dégradée mais enrichie, en tout cas au sens figuré. Il y aurait eu une cohérence entre ses appels, ses pensées et ses actes. Il n'aurait pas donné l'impression de fuir un débat qu'il cuiltive volontiers pour les autres.
Quelle tristesse que Lilian Thuram, vanté pour son aisance éthique à parler de tout, sache aussi avoir le don du silence !
Quand il s'agit de lui seul.
Je suis bluffé par cet article, merci à vous !
Rédigé par : Jouer au poker | 25 juillet 2009 à 23:50
Bravo !
Votre article est vraiment excellent !
Rédigé par : poker gratuit | 14 juillet 2009 à 07:32
Bonjour !
Juste deux remarques :
1 . Thuram a été bien puni lors du dernier match !
Juste au bon moment, au moment ou le PSG (Partir Sans Gagner) allait lui faire signer un contrat en toile de juteux à 36 ans (son avenir pourtant derrière lui).
2. Mais SURTOUT, ce jour est le seul jour ou les papas, poules ou pas, jouent à
"qui père gagne" !
(avis à Alice)
Sissi !
Rédigé par : cactus aime le mot dit | 15 juin 2008 à 09:37
@ Polochon
Je ne fais pas de jugement sur les personnes et il n'y a donc pas de bons ou mauvais riches pour moi. J'apprécie des comportements et des conditions, extérieurs aux personnes.
Qu'un footballeur s'inscrive dans un système générateur d'argent n'empêche pas que ce footballeur ne gagnera son argent que sur la démonstration de son talent ou ce qui est considéré comme tel par le public. C'est une relation directe : je paye pour voir Thierry Henry et Thierry Henry empoche mon argent, du moins ce qu'il en reste après que le système se fut servi.
Si vous voulez, je concède qu'un patron qui a démontré son talent de créateur et de manager ne vole pas l'argent qu'il gagne : un Afflelou, un Bouygues Père, un Dassault Père, oui. Toutefois l'échelle des salaires est, en France, particulièrement excessive. Les parachutes dorés se négocient avant même que le gugusse ait fait la moindre démonstration de ses capacités, sous le prétexte fallacieux que, si on ne le fait pas, les grands patrons partiront à l'étranger (où personne ne les appelle d'ailleurs et personne au USA ne s'est précipité pour recruter MM. Forgeard ou Zacharias). Pendant ce temps, on pleure misère dès qu'un ouvrier demande du fric, on harcèle les ingénieurs jusqu'au suicide. C'est indéfendable. Je précise qu'étant chef de petite entreprise, je n'envisage pas un écart de salaire supérieur à 1 pour 3. Si je me situais au-delà, j'aurais très franchement le sentiment de piquer l'argent aux autres. J'avoue aussi qu'il ne faut pas trop me chauffer les oreilles avec les 35 heures...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 12 juin 2008 à 09:48
Par un heureux hasard, la competition actuelle de football s'appelle Euro, comme le symbole monetaire europeen.
Tout est dit des enjeux veritables de ce rendez-vous publicitaire dont le sport n est qu un mauvais alibi...
Allez-y, fiere equipe de France, faites votre noble metier : mettez votre beau maillot bleu pour vanter yaourts, desserts chocolatés, forfaits de telephones portables, serie speciale de voitures ou tv ecran plat...
Montrez en augmentant significativement le CA de ces divers produits que vous etes dignes de l admiration que beaucoup vous portent !
Rédigé par : francois F. | 11 juin 2008 à 22:05
@ Jean-Dominique Reffait
L'opposition que vous faites entre les "bons riches" les sportifs ou acteurs et les "mauvais riches" en l'occurrence les patrons me choque.
Les sportifs doivent leurs gains extravagants à un système économique et au rôle des télévisions et non pas à leur talent. Sinon, cela voudrait dire qu'un artiste qui ne gagne pas beaucoup d'argent, n'a pas de talent.
Les patrons m'énervent fortement quand ils s'octroient de tels revenus. Mais dire qu'ils profitent du travail de toute une équipe, c'est aller vite en besogne. Chacun sait qu'un bon manager est capable de dynamiser une entreprise et de la rendre très performante. Un bon manager est rare et il faut beaucoup de talent pour donner de la performance à moyen et long terme à une entreprise. La France a beaucoup plus besoin de très bons managers que de footeux même (rarement) géniaux ( 0-0 contre une modeste Roumanie !)
Rédigé par : Polochon | 11 juin 2008 à 15:12
@ Ktrin
Ce que j'exprime sur l'égalité dans le dialogue n'est pas un rêve, je le pratique avec plein d'amis, les uns très riches, les autres très pauvres. Et le métal sonnant et trébuchant n'entre pas le moins du monde dans les hiérarchies morales et intellectuelles, si ce n'est pour rigoler en comparant les bagnoles sur le parking. Ca existe, loin de TF1 mais ça existe.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 11 juin 2008 à 10:00
Je veux pas être méchant mais si c'est pour faire ça, ces milliardaires du foot, contre la modeste Roumanie, ils peuvent aller se rhabiller... Bande de nuls, va ! Ils feraient mieux de jouer le ballon au lieu de faire les cakes à la télé et dans les journaux et la publicité... Sont trop embourgeoisés, le gras, le foie, le pinard, n'avancent plus, trop lourd, c'est la kermesse, dix ans qu'ils galopent, veulent travailler plus encore pour gagner plus, c'est plus un soigneur qui les traîne, c'est un gériatre, il y a que Ribéry et encore, ça fourche, faut grossir le ballon peut-être...
Allez, dodo.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 11 juin 2008 à 01:34
J’oubliais :
@Jean-Dominique Reffait
"D'autre part, il ne me semble pas utile de rapporter les relations humaines aux décalages de fortune. Une personne, riche ou non, doit avoir le droit d'être libre de discuter avec d'autres sans que son compte bancaire n'interfère dans l'égalité indispensable au dialogue. L'expression politique, accessible à tout citoyen en démocratie, ne saurait être appréciée à l'aune de l'expression de la singularité de chacun."
Je trouve que vos écrits sont pleins de bon sens et de bons sentiments. Je suis d'accord avec vous mais entre l'idéal, les rêves et la réalité, il y encore un fossé, non ?
Je dis cela sans être aucunement militante.
Et je l’écris sans ciller.
Bien à vous, toutes et tous !
Bonne nuit.
Rédigé par : Ktrin | 10 juin 2008 à 23:51
Bonsoir tout le monde
Tiens, je viens d'entendre qu'il y a un documentaire sur Yannick Noah demain soir sur la chaîne publique numéro 2... clin d'oeil à Philippe...
(grand sourire)
@Philippe Antonio
Vous avez raison : aux USA, par exemple, on publie régulièrement les fortunes des stars de la musique par exemple. Et d'autres, d'ailleurs.
En France, tout le monde se plaint, tout le monde manifeste (je ne remets pas en cause ce droit), donc avoir de l'argent ou non, tout est dilué si je puis dire.
Grosso modo, on sait que le pouvoir d'achat baisse. Ca, on l'a dit et répété. Par contre, que ce pouvoir d'achat ne baisse pas pour tout le monde, c'est beaucoup moins dit...
Je crois qu'une des raisons est la suivante : "si tu n'as pas assez d'argent, c'est que dans ta vie, tu n'as pas assez travaillé, alors tais-toi, fais-toi oublier."
Donc, je ne vois pas pourquoi ceux qui gagnent énormément d'argent rechignent à reconnaître leur fortune puisque cela signifie tout simplement qu'ils ont beaucoup travaillé ? Par pudeur ?
Je n'en sais rien.
Pourtant, grâce aux médias, ces dernières années, on sait qui a de l'argent.
Peut-être que le fait d'avoir de l'argent suscite de la jalousie ? Amour, gloire et beauté ! tralalalalaaa...
En fait, il y a des pauvres géniaux et il y a des riches géniaux! Je ne suis pas pour la ségrégation entre pauvres et riches mais contre le snobisme, le mépris, pire, l'indifférence des nantis contre ceux qui, par leurs origines sociales, n'ont pas eu l'opportunité de faire de longues études.
Mais il ne faut pas détester les riches. Les bobos l'ont bien compris : ils piochent un peu ici et là : commerce équitable pour se donner bonne conscience, look faussement bohème, etc.
Regardez le phénomène Sex and the City : cet univers regorge d'argent mais les dialogues sont compréhensibles par toutes les couches de la société. On a de l'argent mais on le vit si bien, avec les préoccupations féminines basiques, on se noie dans la masse. Le luxe est à portée de la ménagère dite "middle -class" qui mate la série.
Où allons-nous si les fortunés se mettent à se vêtir comme des prolétaires, s'ils souhaitent investir notre quotidien mine de rien, par la magie de quelques images et d'un générique ? Bigre !
Bah, à l'époque, on avait Dallas et ils étaient méchants, na ! Maintenant, ils ou elles sont tous gentil(le)s.
Ils nous font les yeux doux : alors, plus de clivage, la vie est belle, où est le problème ?
Bien entendu, j'écris cela sur un ton léger.
On jalouse les riches qui en deviennent frileux. Par contre, on reste fasciné par leur train de vie et leurs frasques. Vive le people ! La contradiction est belle.
En France, les cartes sont brouillées mais je ne m'inquiète pas pour les riches.
Je m'inquiète davantage pour ceux qui n'ont même pas de quoi se nourrir.
Bonne semaine à toutes et à tous !
Rédigé par : Ktrin | 10 juin 2008 à 23:29
L'argent que gagne Thuram ou autres sportifs ou artistes ne tient qu'à leur talent propre et n'a évidemment de compte à rendre à personne. Il en va tout autrement de patrons qui se payent d'autant plus grassement qu'ils foutent du monde à la porte ou qu'ils restreignent les salaires. D'un côté, c'est de l'argent gagné grâce à un public qui librement consent à payer pour le spectacle d'un talent, de l'autre c'est du vol car comment appeler autrement le geste qui consiste à capter pour soi seul la valeur ajoutée produite par tant d'autres.
D'autre part, il ne me semble pas utile de rapporter les relations humaines aux décalages de fortune. Une personne, riche ou non, doit avoir le droit d'être libre de discuter avec d'autres sans que son compte bancaire n'interfère dans l'égalité indispensable au dialogue. L'expression politique, accessible à tout citoyen en démocratie, ne saurait être appréciée à l'aune de l'expression de la singularité de chacun. La sphère politique et citoyenne est collective et l'agora n'est pas l'alcôve.
Rappelons cependant que Thuram consacre beaucoup de temps et d'argent à des projets sportifs populaires en Guadeloupe.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 10 juin 2008 à 15:48
Je ne pense pas que Noah ait jamais avoué ses revenus et pourtant !
Malheureusement ces sportifs ne sont pas les seuls et beaucoup de ceux que l'on pourrait qualifier de "planqués de l'arrière" ne se privent pas pour nous dire ce qui est bien, ce qui est correct et ce qu'il convient donc de penser.
Mais heureusement, chacun reste libre de s'informer correctement (lire ce blog et ses commentaires par exemple ...), de se faire son opinion et donc de s'affranchir de certaines postures convenues, malheureusement trop souvent mises sur le devant de la scène médiatique par quelques journalistes dévots.
Rédigé par : Polochon | 10 juin 2008 à 12:06
Vous serez moins gaga, à mes yeux, cher Boulizu, puisque vous me reprenez sur une phrase, que lorsque vous m'aurez prouvé que Lilian Thuram n'a jamais fait don de quelque argent à quelque association caricative, ici comme en Afrique ou ailleurs. Vous êtes au fait ? Vous le connaissez ? Ah, c'est vrai, pas de publicité, donc rien n'est... Autrement, votre propos est bien maigre, je trouve, poussif, laborieux, han han... Quant aux autres, les Seillière je suppose, les Zacharias - dites-moi non si je me trompe -, puisque je les ai cités comme tels sans aucune méchanceté à leur encontre, croyez-moi, qui ne se poseraient pas en sempiternels donneurs de leçon, écrivez-vous, à expliquer à tous et à chacun la solidarité, hum hum... Plus moralistes et donneurs de leçon qu'eux, tu meurs. Pitié pour mon hernie, monsieur ; de grâce, elle souffre de rire à vous lire... Le faites-vous exprès ?
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 10 juin 2008 à 00:02
«Pourquoi se poser la question quant aux Thuram et pas aux autres ?»
Hmm, peut-être parce que les autres ne se posent pas en sempiternels donneurs de leçon, à expliquer à tous et à chacun ce qu'est la solidarité.
Peut-être aussi parce que dans le petit cercle des très riches, les plus insupportables sont ceux qui se procurent une bonne conscience tout en ne renonçant aucunement à leur richesse (j'attends que Thuram donne proportionnellement autant à l'Afrique que l'a fait Bill Gates – autant d'argent hein, pas autant de discours...).
Rédigé par : Boulizu | 09 juin 2008 à 22:06
A la question "combien gagnez-vous ?", on peut répondre si toutefois celui qui vous la pose accepte lui-même d'indiquer ses revenus ...
Parallèlement, il y a toujours un hic à indiquer de gros revenus associés à des idées "de gauche" vues comme incompatibles.
Quand on accepte de payer ses impôts, il se trouve qu'on peut également être "de gauche".
Rédigé par : Madame de F. | 09 juin 2008 à 21:18
Dans ce genre de situation, les plus grands silences sont tout autant assourdissants que les pires ostentations criardes. Le fait est que je ne comprends pas la question de PB. P.Antonio excelle dans sa réponse mais c'est une réponse à une non interrogation. Combien gagne-t-il, le footeux ? Mais on le sait tous : des millions. 10, 15, 20, 100 ? Qu'importe de préciser le nombre. Des millions ; c'est encore plus parlant pour nous autres fauchés. Qu'il en gagne un ou cent, de toute façon, il est riche. On sait ce que cela veut signifier être riche, on n'est pas bête ; donc point barre. On peut même supputer que Lilian ne veut pas en rajouter... Un caractère, une nature... Seillière, par exemple, le baron, lui n'a aucun scrupule ni honte à afficher ces jours-ci un gain personnel de 79 millions d'euros sur une seule journée de restructuration comptable et boursière. Cela ne gêne personne a priori; et puis, quand bien même cela gênerait, il s'en fiche, on le sait bien... Pourquoi se poser la question quant aux Thuram et pas aux autres ? Il y a là comme les prémices d'une suspicion singulière. Ainsi cela serait-il normal que le footballeur gagnât en plus de dix ans de carrière l'équivalent ou même à peine moins, c'est possible que l'affairiste du CAC 40 en une journée ? Ou la la, monsieur l'avocat général, et si dans votre billet - au demeurant excellent - vous remplaciez Lilian Thuram par, mettons, Antoine Zacharias...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 09 juin 2008 à 18:18
"Ca, c'est ce qu'on appelle un tacle glissé, et j'ajouterai que dans cet exercice, vous atteignez la perfection !"
nous conte un Mussipont fripon !
vous oubliez que notre hôte fut longtemps un très bon ailé gauche (comme moi d'ailleurs) ;
taclé n'était point alors notre priorité mais je vous l'accorde pour la glisse autre sport pratiqué jadis par notre hôte à la relecture de sa biographie !
(perso ce fut très tôt "flipper le dauphin" dès que j'eus jeudi après-midi libre à l'internat lycée puisqu'alors le mercredi tombait un jeudi : mon avenir footballistique se termina ainsi, plus baby-foot avec de belles damoiselles , nous étions alors année du bac 68, le seul le vrai, l'unique)
Sissi !!!
Rédigé par : cactus fripon | 09 juin 2008 à 17:49
Ca, c'est ce qu'on appelle un tacle glissé, et j'ajouterai que dans cet exercice, vous atteignez la perfection !
Rédigé par : Mussipont | 09 juin 2008 à 16:17
Bonjour cher homonyme,
Je crois que vous faites là le procès d'une société, plutôt que celui d'un individu, quelles ques furent les idées qu'il défend plus ou moins adroitement.
Chaque nation, constituée en société, galvanise des peurs, des craintes, des tabous, forte de son histoire, de ses expériences ou du contexte dans lequel elle évolue.
L'héritage judéo-chrétien n'a pas eu les mêmes incidences sur la civilisation française qu'elle n'en a eu sur d'autres nations. Pour cause, chaque histoire est différente.
Les Américains ont nécessairement du mettre en exergue certaines valeurs telles que l'accomplissement individuel ou la réussite économique, absolument indispensable au succès de l'aventure colonialiste, du temps du Mayflower.
Les Français ont quant à eux, développé une certaine aversion contre les privilèges dont le zénith a probablement été atteint en 1789.
A ces valeurs, la plupart des sociétés ont répondu compulsivement par l'exaltation de tabous, destinés peut-être à restaurer un certain équilibre, voire à renforcer l'efficience des valeurs prônées.
Lorsque les Américains consacrent le tabou puritaniste du Sexe, les Français conspuent la réussite matérielle.
D'autres civilisations ont quant à elles pu galvaniser une peur de l'anticonformisme, comme au Portugal où l'héritage de l'Eglise Catholique locale combinée à la dictature salazariste ont abouti à un traumatisme général qu'il n'est encore aujourd'hui pas aisé de surmonter.
D'ailleurs, il est toujours un exercice amusant que de réfléchir à la nature de nos civilisations si l'Histoire avait été autre.
"Si" le peuple français n'avait pas connu une crise alimentaire aiguë, renforçant l'inacceptable privilège des castes dominantes du XVIIIe sicèle, si Louis XVI avait agi autrement, pris d'autres dispositions, si Louis XIV n'avait pas été le Roi-Soleil, posant les jalons d'une société à l'aura sans précédents mais à l'injustice tout aussi criante... aurions-nous connus la Révolution Française ? Aurions-nous inscrit de manière si durable cette phobie collective du privilège de l'autre, et de sa réussite matérielle ?
Je ne m'étendrai pas sur les autres paramètres qui ont certainement conduit à cette situation (notamment la possible influence du jacobinisme, dont l'un des pendants est certainement la crainte d'un État surpuissant).
La conclusion reste que de nos jours, les Français ne savent toujours pas accepter la réussite d'untel sans systématiquement fantasmer que cette réussite est imméritée. La paroxysme de cette peur collective s'inscrit dans l'impossibilité pour les Français d'admettre leur propre réussite en public, engendrant une frustration pour le moins paradoxale.
Dès lors, ne nous étonnons pas qu'à la question "combien gagnez-vous?", la plupart de nos compatriotes botteront en touche. Le fisc, le regard de la presse, les réflexes collectifs français sont autant de puissants dissuasifs.
Je crois même mon cher Philippe, qu'il est possible que lorsque vous invitez Lilian Thuram à assumer sa réussite financière de manière publique, inconsciemment nous recherchons un exutoire à ce tabou bien français. Finalement, nous souhaiterions tous nous affranchir de ces interdits, et lire qu'un homme public admette urbi et orbi sa fortune personnelle nous apaiserait, confortant l'idée qu'il est possible d'échapper à cette pression sociale.
PS: notez que je parle de société, toute exception individuelle reste possible.
Rédigé par : Philippe Antonio | 09 juin 2008 à 12:26
Philippe, je suis consterné de découvrir hier matin, sur une affichette de presse, que Claire Chazal serait bouleversée au motif que son projet sentimental avec le jeune Arnaud tournerait au fiasco ! Décidément, après l'éviction probable de PPDA, les temps sont durs à TF1. Il est des souffrances qui se vivent intimement : celles-là se partagent, à l'évidence, immensément pour le plus grand bien de la presse people.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 09 juin 2008 à 08:33
"Le don du silence", ok !
mais vous oubliez :
Le silence est : Dors !
Dormez bien braves gens de la France du bahhhh pendant que celle du hooo _ et sévice versa (?) _ s'en met plein les fouilles même pas archéologiques !
logique suprême ?
(au fait , seule certitude : on sait bien que Lilian Thuram n'est pas "ailé gauche")
SINON :
"Alice Taglioni a offert une somme considérable gagnée au poker - environ 90 000 euros - à l'association dont elle s'occupe. Le jeu mène à tout, même au meilleur !"
Nous sommes donc bien là aux antipodes d'un strip-poker menteur puisque la belle d'habiller une association sans ôter le moindre vêtement ! Du grand art !
Le doute ne m'habite même plus !
Sissi !
Rédigé par : Cactus fioul aux as | 08 juin 2008 à 22:20
Dans un entretien télévisé, Yves Saint-Laurent confiait avec une sincérité désarmante qu'une des choses qu'il haïssait le plus était le snobisme de l'argent. A la messe de ses obsèques, ce snobisme triomphait, s'étalant pareille impudique une vieille putain sur le retour jusque sur les trottoirs. Le créateur a peut-être vu cette visquosité humaine et a dû se retourner de dégoût dans son cercueil et ramener sur sa tête son linceul pour ne plus voir et entendre ce mauvais cinéma. Thuram n'y était pas, lui. Il expliquait ailleurs, ses lunettes de circonstances sur le nez, qu'avant il était pauvre et qu'on ne l'aimait pas, il avait à peine des droits, les flics et la justice n'attendaient que ça, qu'il ait volé un ballon et des crampons pour le mettre fissa au trou longtemps, et maintenant il est riche, il est intelligent et surtout il a des droits et les flics et la justice ils le saluent bien bas.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 08 juin 2008 à 20:56
Il y a en effet quelque chose de curieux à critiquer l'injustice sociale alors qu'on en est artisan.
Mais cette curiosité-là affecte le show-business en général.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 08 juin 2008 à 10:51
Oh !!! La comédienne Alice Taglioni a participé comme beaucoup d'autres gens du spectacle à un tournoi de poker sponsorisé par la famille Partouche détenteurs de casinos du même nom durant le festival de Cannes. Comme les publicités pour les salles de jeux sont interdites en France, le seul moyen de faire de la publicité à moindre frais (1 million d'euros offert) est d'avancer derrière une pseudo organisation caritative. Et donc, la somme gagnée sur une table de jeux par Salma Hayek, Woody Harrelson, Alice Taglioni ou Dennis Hopper allait à une fondation de leur choix. On apprenait aussi que les actrices étaient habillées par Christian Dior, Balenciaga, et parées de bijoux Chopard. La belle affaire !
PS : et Lilian Thuram devrait faire son Zidane, parler peu pour conserver son aura.
Rédigé par : SR | 08 juin 2008 à 10:39