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06 juin 2008

Commentaires

halloween

Quelle étrangeté que lorsque des lieux de repos musulmans ou juifs sont profanés on voit le cortège des ministres officiels, officieux et officiant avec la plus grande des solennités la grand-messe de l'anti racisme et de la tolérance. Où sont Aubry, Sarkozy, Royal, Hortefeux, Le Pen et les autres groupes religieux ?? pourquoi ce silence ?? y aurait-il en France des groupes plus importants que d'autres ? J'ai honte de ce pays, j'ai honte des Français qui ne s'indignent pas, j'ai honte de ces politiques qui font tant de mal à toutes les composantes de la société.

Patricia

@ Monsieur Bilger

Bravo pour votre commentaire. Ce qui m'a toujours profondément choqué en ce monde c'est bien de voir comment la cruauté d'autrui peut être perverse. Certains individus ne reculent jamais devant rien et profitent de la fragilité des autres pour commettre des actes de bassesse. J'espère que ces gens là vont un peu payer et même un peu plus.

Têtuniçois

Moi ce qui me choque aussi c'est le COMMUNAUTARISME des religions : un carré chrétien, un carré musulman, un carré juif. Même dans la mort les religions se communautarisent.
Quant au respect du aux morts, les religions ne se sont pas épargnées. Exemple les cathares déterrés des cimetières chrétiens parce que jugés hérétiques. Même chose pour un pape dont la tombe a été profanée par un autre pape car jugé hérétique. Alors les profanations de tombes ce n'est pas nouveau et les religions n'ont pas toujours montré l'exemple...

Catherine JACOB

Bien que très reconnaissante à S.D. d’avoir pris ma défense en signalant à l’attention de certains détracteurs l’intérêt que peut éventuellement emporter ma prose quand elle se limite à commenter le billet du jour dans une économie de japo-niaiseries, je vais sans doute à nouveau devoir en passer par là, ce qui cependant s’explique et se justifie par le fait que le traitement extrême-oriental de ces questions appartient également à l’actualité de ma réflexion sur ces sujets. Or donc, dûment prévenus s’abstenir !

J’ai déjà évoqué le fait que notre tradition philosophique
[ voir notamment : http://www.philippebilger.com/blog/2008/01/saint-badinter.html#comment-96282998 ] s’applique à inscrire et réinscrire, toujours et encore, la mort comme le terme inévitable de notre vie et insiste sans relâche sur le fait qu’il convient de faire de cet acquis conceptuel un tremplin pour un nouvel essor et une libération ; ce tremplin porte encore le nom de ‘renoncement’.

Il existe une image très forte du Da-sein, l’être là, et c'est cet être en tant que ‘planté là’ tel Yáng « le petit saule à la croisée des chemins », qui est aussi un habitant des bords de l’eau, le domaine de l’Ondine de l’étang.

La croisée des chemins représentant également le lieu où, (par ex. l’histoire des accouchements en Lorraine nous apprend que) l’on déposait/exposait les nouveaux-nés, à savoir l’autre côté du territoire encordé qui dessine l’espace dévolu à la communauté des vivants, elle se recoupe nécessairement avec celle des « habitants des tertres », autrement dit les « draugr » tridimensionnels scandinaves, ces morts qui ne connaissent pas la paix. (On voit dans « draugr » un thème indo-européen *dreugh qui voudrait dire « leurrer ; faire du tort.)
En un mot, les revenants, ceux dont on craint le retour, les morts redoutables, les fameux mânes des latins, les puissances souterraines du monde invisible des Japonais etc. .. , c’est-à-dire aussi ces habitants de l’entre-deux mondes dont le regard, tout particulièrement, est des plus redoutable, à l’image de celui, pétrifiant, de Méduse - celle des Gorgones qui était mortelle et que son vainqueur n’a pu affronter que par l’intermédiaire de son reflet dans son bouclier – Méduse partage en effet avec le « draugr » scandinave l’un des rituels de désactivation de la puissance qui lui est particulière, il s’agit de la décapitation (on pouvait aussi briser l’épine dorsale etc. ..). Une fois le cadavre décapité on place la tête à un endroit susceptible de former obstacle à un éventuel recollage, nous apprend Régis Boyer in ‘La mort chez les anciens scandinaves’.

S’agissant de Méduse, sa tête une fois accrochée à la peau de chèvre de l’égide, pas de risque de restauration de l’intégrité corporelle prélude à une éventuelle manifestation dans notre monde. Non seulement elle est devenue inoffensive, mais même protectrice car exposée ou tournée vers l’ennemi potentiel. Cet asservissement de l’esprit d’un ennemi à la défense de sa propre cause s’observe dans d’autres cas de figure encore, notamment à l’occasion de longs déplacements qui s’effectuaient sous l’égide précisément d’une tête ennemie brandie au bout d’une pique – et c’est même là précisément l’origine de la composition qui sert de lettre idéographique pour cette fameuse Voie ou Tao ou Dô des arts martiaux –, ou encore lors des rituels sacrificiels préludant à l’établissement d’un camp ou d’un campement chez certains peuples antiques.

Qu’était-il donc censé se passer si les potentiels revenants, réputés vindicatifs et malfaisants, n’avaient pas soigneusement été rendus inoffensifs ? Et bien tout simplement, ils pourraient toujours revenir vers notre monde en une fantastique ‘chevauchée’, ce qui signifie qu’ils en passeraient la limite, celle qui se situe entre précisément, ‘le sacré’ qui représente également cet espace maudit (autre sens de ‘sacer’ d’où vient ‘sacré) qui est le leur, et ‘le profane’, autrement dit ce qui est situé ‘pro’= ‘en avant de’, et de quoi ? mais du ‘fanum’ à savoir le ‘lieu consacré’ : temple, sépulture etc. .. délimité notamment autrefois une haie ! Et que reviendraient-ils faire ? Mais comme leur nom nordique l’indique, ‘faire du tort’. Et faire du tort comment ? Mais par ex. « en essayant d’entraîner des vivants à les suivre. » ce qui implique, maladie, folie, impuissance, et s’exprime encore en disant : « en leur prêtant leurs yeux » . Voir la réalité par les yeux du mort, c’est en être tout simplement « possédé » ou encore « chevauché », et halluciner.
Qu’est-ce encore que ce ‘chevaucher’ (que par exc. les japonais nomment ‘TSUKU’= ‘venir en quelque sorte se scotcher/super-poser à ; donc en effet poser dessus, d’où encore dominer et effectivement aussi ‘chevaucher’) ?

On retrouve ce lien cheval/draugr avec Pégase, cheval ailé né du sang de Méduse ( au nom proche du verbe ‘médô’ : méditer, songer, souhaiter - et souvent de façon funeste - ) ; Régis Boyer rappelle que « le ‘draugr’ a une conduite violente et ‘chevauche’ les maisons en faisant un fracas épouvantable » et souligne pour sa part que « la liaison entre le cheval et la mort ne date pas d’hier et tient », pour lui, « au caractère psychopompe du cheval et aux rapports entre cet animal et l’autre monde, comme se le rappelle si bien le « balai » de nos sorcières. »
Ces ‘sorcières’ qui vont nous ramener au ‘chevauchement’ par l’autre ‘côté’, autrement dit dans le sens non pas « espace sacré » vers « espace profane », mais « espace profane » vers « espace sacré » qui est celui qui motive précisément ce billet intitulé « Le profane et le sacré », billet qui déplore avec raison et oh combien, les comportements iconoclastes qui se font de plus en plus fréquents.

J’ai abordé pour ma part la transgression qui les sous-tend par le biais du comportement inverse qui représente aussi une façon de désigner indirectement ce à quoi s’attaque en réalité dans l’univers mental et religieux tel celui qui s’exprime par les figures du ‘draugr’ etc.., et c’est « la sacralité, l’inviolabilité qui s’attachent à un être humain ». En effet, lorsqu’un vivant « voit par les yeux d’un mort », cela signifie a contrario que le mort a fait irruption en quelque sorte, et a donc méconnu le caractère inviolable de quelque chose comme par ex. la conscience, l’âme etc..

Comme je l’ai récemment évoqué par le biais d’un conte, les rites de naissance évoquent la dotation par « les Puissances/ les Fées », de ce que les scandinaves conçoivent, nous dit toujours Régis Boyer, comme « Une part de sacré qui fonde la dignité de l’individu et qu’il se devra de faire valoir par ses actes, fondateurs de sa réputation. ».
On a vu comment l’irruption d’une perturbation dans ces rites pouvaient avoir de funestes conséquences. Régis Boyer rappelle encore que l’individu « n’est rien sans la communauté à laquelle il appartient et que cette communauté est sacrée dans la mesure où elle obéit aux pratiques du culte. Qui ‘est dans la paix de cette communauté’ est ipso facto ‘sacré’ car ce sont les dieux – ou leur intermédiaire/intercesseur/prêtre/sacrificateur lequel est pour le clan, le roi et pour le culte des ancêtres/privé, le chef de famille – qui protègent la paix, laquelle assure la continuité de la communauté qu’ils patronnent/protègent », sous l’égide de laquelle, en somme, ils se tiennent. Cette sacralité est donnée comme assurant « à l’homme libre, à sa personne, ses biens, son honneur, une protection qui garantit sa paix, sa sécurité est fonde son inviolabilité. » Régis Boyer rapproche cette sacralité de l’idée chrétienne de ‘temple vivant’ représenté en chaque individu, et précise que « sont des atteintes déclarées au sacré : le crime, les blessures, les mutilations, » toutes chose invasives et portant atteinte à l’intégrité corporelle, ainsi que « le vol, et encore les menaces graves, insultes grossières et calomnies » toutes choses donc portant atteinte à l’intégrité morale, et enfin « toutes profanations inimaginables » autrement dit toutes choses portant atteinte à l’intégrité rituelle. Toute atteinte au sacré d’un individu étant nécessairement atteinte au sacré collectif dont ce sacré singulier est conçu comme une part. Par conséquent, lorsque vous écrivez :
« Aujourd'hui, parce que nos destinées se vivent indépendantes les unes des autres et que notre autarcie, devant un lien social délité, serait la preuve de notre puissance, cette perception de notre mort à venir comme partage et union s'est probablement dissipée au point de nous rendre infiniment moins sensibles à la disparition de l'autre, à l'effacement de tous les autres. » il semble que vous soyez tout à fait et absolument dans le juste, malheureusement.

A ceci on peut rajouter que nous n’avons parlé jusqu’à présent que de transgression matériellement tangible et manifeste, mais on a pu voir que cette transgression concrète était en quelque sorte aussi à l’image d’une sorte de confusion mentale où à « la prise de possession du terrain » en quelque sorte par l’apposition de quelque marque propre tendant à l’effacement du nom de « l’habitant du tertre », autrement dit du défunt, répond un tout autre genre de possession en effet et tout à fait inquiétante de divers points de vue étant donné ce rapport qui s’établit entre l’intégrité et la violation du lieu sacré et l’intégrité et la violation du sacré en l’homme, car dès lors que l’humain se désacralise lui-même et les autres par son comportement on peut tout craindre !

Le condensé qui précède aurait exigé pour bien faire de plus amples développements, explications et justifications sans doute, mais j’ai essayé de faire aussi court... que possible, en tout cas et parce que, tout de même, il faut que la démonstration/analyse tienne un minimum debout.

Marie

Profane et sacrée !


La châtellenie Bilger en son fumoir
Nous a gracieusement ouvert son grimoire
Des émotions sont exprimées pour certains
Sur les quelques réflexions du châtelain
En ces lieux la courtoisie est de rigueur
Comme cela le serait entre grands seigneurs
Ainsi s’expriment Catherine Jacob,
Jean-Dominique Reffait, Véronique,
Notre enseigneur Cactus, le sieur Sbriglia,
Laurent Dingli, Fleuryval et Aïssa….
Simples orateurs de la République
Ou tel notre hôte porteurs de robe…
Comme dans toute famille désunie
Certains agacent et d’autres séduisent
Serge Dormeuil faisant parti de ceux-ci
Fit son apparition Ô noble cause
« Catherine Jacob il faut sauver ! »
Oubliant la bienséance ici-bas
Invectivant ici notre Sbriglia
Sachez monsieur qu’en d’autres temps ce serait
Sur le pré que ce discours se réglerait
Toute contradiction est autorisée
Certainement pas l’insulte que nenni
Ayez pitié de notre seigneur Bilger
Qui sous son chêne tel le grand roi saint Louis
Tente de faire régner la justice
Même sur son blog : « profane et sacrée » !

PS : Merci à vous enseigneur Cactus. Bonne santé, enfin !

Surcouf

@Isa
Je me permets de reprendre le prétexte de votre réflexion, l'exposition de Lyon.
Je n'ai pas vu cette exposition mais elle est moins choquante à mon sens qu'une visite dans un institut médico-légal et certainement plus éducative sur la temporalité de l'être.

La mort est banale, elle fait partie de la vie mais ce n'est pas une raison pour sombrer dans le voyeurisme et l'exagération.

Ce n'est pas tant la vision d'un corps, fut-il mis en exposition, qui pose problème mais peut-être le manque d'explication qui va avec.

On n'expose pas des corps ou on ne devrait pas montrer la mort sans accompagnement, non pas psychologique mais éducatif.

Je ne suis pas croyant et je ne crois pas au sacré du corps mais ce n'est pas pour autant un bout de barbaque pourrissant. Il fut le support d'une intelligence et c'est à cette intelligence qu'il faut se référer et respecter lorsqu'on en voit la dépouille.

Ce n'est pas tant la momie de Ramsès II qu'on nous a montrée qui m'a intéressé, mais le fait de ressentir, de penser la vie d'un homme autrement que par une page d'un livre d'histoire. Quelque part il y avait du concret, du palpable, du vivant dans ce corps, et la vie m'intéresse tellement plus que la mort.

Isa

Notre époque invente aussi d'autres formes de profanation, licites semble-t-il, qui en disent tout aussi long sur le "tout est permis" pour banaliser la mort, plus exactement le "tous les prétextes sont bons". Quand par exemple ce sont des milliers de personnes qui se précipitent, à Lyon en ce moment même, pour voir des corps réifiés et tout ce qu'il y a à l'intérieur, sous d'excellents prétextes mais en réalité parce qu'ils ont été naguère bien vivants. Les enfants qui les accompagnent, qu'en garderont-ils dans l'avenir quant au sens du sacré ?

Surcouf

Je ne sais ce qu'il en est pour monsieur Yves Saint Laurent car personne adulée, le "tout Paris" vint à ses obsèques.

Il y a peu je faisais lors d'un repas en famille la réflexion suivante :
"On ne voit plus la mort au quotidien".

Certes, elle est omniprésente à la télévision mais c'est celle de là-bas, bien souvent celle du bout de la terre ou presque.
On ne voit plus la mort au bout de sa rue.
Où sont les funérailles d'antan chantait le regretté Brassens.
Je me souviens enfant, avoir vu que l'on drapait de noir le seuil de la maison en deuil. Non pas dans les campagnes profondes mais dans les villes de province.

On voyait par les rues, aller le corbillard noir, suivi de la famille éplorée et des amis qui accompagnaient le défunt à sa dernière demeure.
Maintenant que nenni ! Les corbillards sont de couleur bordeaux pour passer inaperçus. La mort est transparente alors même que la camarde fauche toujours.
Le mort était parmi nous, bien vivant aux tables familiales. Maintenant il est évincé de notre vie et se retrouve seul dans son coin.
Je me souviens, il y a quelques années, la famille du défunt offrait le repas à la compagnie au retour du cimetière et l'on parlait du défunt. Il était présent, en quelque sorte intronisé par les vivants comme immortel

Maintenant nos jeunes sont gavés de jeux où l'on meurt 25 fois et renaît tout autant. La mort n'est qu'un état passager, transitoire pour certains d'entre eux.
Same player shoot again, j'ai une bille gratuite. Ceci pour ceux qui ont connu les flippers

Je ne m'étonne plus, même si cela m'irrite que des jeunes, ou des moins jeunes, aillent casser des tombes pour s'amuser. Le satanisme n'étant à mon avis qu'une excuse misérable. Il n'y a pas plus de respect de la vie d'autrui, pourquoi y aurait-il encore un respect de la mort de son prochain.

Aude

@Aïssa
Je vous rejoins lorsque vous dites que les profanateurs sont des gens qui ont basculé de la vie à la mort, une mort psychique.
Seulement cette folie destructrice est empreinte d'un tel cynisme et d'une telle provocation que le terme de violation prend tout son sens. (Tags de croix gammées...)
Il y a au fond une volonté de tuer en retour.


Patrick Marguillier

Le texte de PB est plein de sensibilité,
superbe, il ne peut qu'émouvoir, on en revient à la classe, c'est-à-dire au respect... Respectons les vivants pour comprendre pourquoi on peut respecter les morts qui ne sont que leurs prolongations...
La mort n'existe pas, ce n'est qu'un enchaînement de suites.

@ SR
il n'y a pas que des "p'tits cons" désoeuvrés qui profanent, si on s'en prend aux cimetières juifs, c'est que l'on a une dent contre les juifs, idem avec les musulmans, quand on n'a pas le courage de parler aux vivants, on s'en prend aux morts, c'est facile, ça choque, c'est à dessein de blesser... d'écorcher l'âme des vivants ou leurs coeurs considérés comme vides par ces profanateurs, une façon de dire "puisque vous ne nous voyez pas vivants, nous allons nous en prendre à votre sacré, vos morts..", d'autres disent que quand on s'en prend au portefeuille ça fait plus mal...
Je serais tenté de reprendre la phrase de Michel Serrault : la société a les assassins qu'elle mérite.

Je reprendrai aussi le petit passage intelligement cité par Aïssa

"Je vous ai rarement compris.
Vous m'avez rarement compris.
Ce n'est que quand ensemble nous roulâmes dans la boue, que nous nous comprimes aussitôt"./ de Heinrich Heine.

Est-ce que ceci excuse cela ? A mon sens: NON ! Bien évidemment ; je trouve ces actes obscènes, odieux, inutiles et douloureux pour les familles...

Mais sans "sacré" pas de "profanes", les asticots aussi profanent les morts, la vie elle-même détériore les restes, lui en tient-on rigueur ?
Quel est le pire ? Ceux qui déterminent le sacré en déclarant que ces morts sont leurs possessions ? Leur sacré unique ? L'éducation ? La religion...
L'autorité de quelques-uns acquise par la massue, la tradition, une tradition jugée obsolète par certains profanateurs qui ne feront cela que pour emmerder les autorités, les autoritarismes "moralisateurs", quoi qu'il en soit, il y a presque toujours d'autres raisons que le simple amusement de gens avinés...

Comme le disait justement alexandra, on ne respecte plus les personnes âgées, alors les morts, ce sont les très âgés... Société de consommation, d'égoïsme, pourquoi respecter quelque chose d'ailleurs ? Pas vu pas pris.
Il y a un message social à travers ces profanations que nos politiques quels qu'ils soient semblent incapables d'entendre.
Et si il n'y avait qu'eux...
Mais néanmoins malgré tout, je n'approuve pas de telles réponses même si l'on se trouve dans un délabrement social extrême, ces profanations sont l'oeuvre de lâches.

Le mort redevient innocence comme l'enfant à naître, rien ne se perd dans le bocal terre, vivants, morts, nous ne sommes qu'un.
Réjouissons-nous d'être là bien vivants ! De pouvoir regarder nos doigts sur le clavier, la souris...

La débâcle des idées :

Une profanation du vivant, l'euthanasie, autre débat, le crime... La mort profane les vivants, pourquoi pas l'inverse ?

Aïssa Lacheb-Boukachache

Le billet d'Alexandra est juste et appellerait une longue réflexion que je voudrais bien faire ici, en ma qualité de soignant voyant et connaissant cela chaque jour, mais dont je m'abstiens par une certaine décence et non moins pudeur... Je sais, c'est ringard un peu des fois la pudeur, la décence, mais bon... Souvent, je me dis que mourir chez les Zoulous a quelque chose de l'humain - l'humanité comme une transcendance sublime - qu'on ne trouve plus qu'au goutte à goutte à Pompidou... C'est ainsi et ce n'est pas une fatalité.

Aïssa.

Jean-Dominique Reffait

Qui dit profanation, dit, comme vous le précisez d'ailleurs dans le titre, la destitution du sacré au rang du profane.
Si, dans le cas de ce vandalisme particulier, il s'agissait d'une profanation, c'est-à-dire de rendre profane des tombes qui auraient un caractère sacré contestable, nous pourrions alors comprendre des gestes qui ne prendraient d'ailleurs pas la forme qu'ils ont.
Mais il s'agit moins d'une profanation que d'une humiliation. Il s'agit moins de contester le caractère sacré d'une tombe que de lui dénier son existence. Souvenons-nous de Carpentras et de ce cadavre sodomisé.
Nous profanons tous nos tombes en ce sens que nous ne rendons pas un hommage particulier à nos morts : les cimetières sont couverts de fleurs en plastique abandonnées, les pierres se recouvrent de mousse et de moisissures. Cela n'est pas nouveau. La mort, de par nos cultures religieuses, transpose la vie dans une âme ou nulle part, mais le cadavre lui n'est plus qu'un ancien emballage que le tri sélectif destine au cimetière, poubelles des dépouilles.
Nous sommes donc étonnés de constater qu'il existe encore des gens pour porter de l'intérêt à des lieux délaissés, au point de venir nuitamment casser ou barbouiller les monuments. Alors que nous n'y pensons guère pour les entretenir, nous découvrons que d'autres y songent pour salir les tombes. Ce qui n'est plus sacré pour nous, et donc depuis longtemps profane, se trouve considéré par d'autres comme suffisamment symbolique pour mériter leur déchaînement.
C'est que, sans doute, les auteurs de ces gestes en veulent moins aux morts qu'aux vivants : ils n'ont pas de respect pour les tombes, et alors ? Personne n'en a.

Catherine JACOB

@LABOCA
"La mort est-elle vraiment banalisée de nos jours ?"

J'ai encore un peu de ménage à faire avant d'entrer dans le commentaire du billet, mais juste une remarque préliminaire et au passage. Je pense, pour ma part, qu'il y a à la fois une banalisation de la mort lointaine, et un déni de la mort tout court, c'est-à-dire aussi en tant qu'elle peut ME concerner et non pas un pauv'type ou des populations malchanceuses.
Les deux ensemble font que la mort et sa sépulture ne représentent plus rien, sinon par le biais des profanations une recherche d'ordre purement transgressif qui établit le réel de la mort par le réel de la transgression. Autrement dit, pour autant que 'je' suis dans la transgression la mort existe, car ce qui n'existe pas ne saurait être objet de profanation !

alexandra

La mort dans l'ancien temps était vécue dans la famille, à notre époque on a médicalisé la mort, peu nombreux sont ceux qui meurent chez eux, je pense que cette mise à distance a quelque chose à voir avec la perte du respect dû aux morts. Et puisqu'on ne respecte plus les personnes âgées, puisqu'on ne tire plus d'enseignement d'autrui, tout pousse à vivre, à jouir, à CONsommer...

Aïssa Lacheb-Boukachache

Il y a, j'en suis sûr, comme un désir inconscient de prendre la place des morts lorsque l'on profane ainsi leur demeure. Ou à tout le moins signifier par cet acte qu'on est mort nous aussi. Mort sociale... Ce n'est pas la perversion qui est à l'oeuvre ici, bien que l'apparence, ni même une quelconque idiotie mais la vraie désespérance.

"Je vous ai rarement compris.
Vous m'avez rarement compris.
Ce n'est que quand ensemble nous roulâmes dans la boue, que nous nous comprimes aussitôt"./ Heinrich Heine.

Aïssa.

emachedé

Il faut parfois faire simple : de tout temps il y a eu des tordus pour se venger sur les tombes des morts par haine des vivants.

Il y en a même qui annoncent qu'un être est mort alors qu'il est encore vivant.
Une autre forme d'irrespect et de profanation. Mais ceux-là sont épargnés par la justice et leurs pairs.

cactus pour le plaisir

"Il est des lieux où l'humanité devrait suspendre ses tentations de n'être que ce qu'elle est. La mort, notre inéluctable horizon et aussi, je l'espère, notre enseignante de décence."

juste pour le plaisir !
du grand art !!
merci !!!

Sept ans en 1968

M. Bilger l'a-t-il fait à dessein ? Toujours est-il que ses trois dernières notes – à l'exception de celle consacrée à l'actuel président du PSG – forment une sorte de - modeste - trilogie autour de la civilisation.
Le profane et le sacré coexistent par définition. Et c'est ce qui, historiquement, forme une civilisation, avec ses ordres, ses rites, son art, etc. C'est lorsqu'ils ne parviennent plus à coexister que l'humanité entre dans ces phases de dérèglement dont elle a le secret et qui se terminent bien souvent en barbarie ou, tout simplement, en « profanation ».
On peut remarquer ici qu'il est impossible de parler d'une civilisation laïque en opposition à une civilisation religieuse. On peut qualifier une société de laïque, mais une civilisation, presque par définition, comprend aussi ce qui ne se comprend pas à la seule échelle consumériste du soi profitant de son « capital » de vie, de ses « opportunités » personnelles.
C'est ici qu'interviennent les alertes régulières d'Alain Finkielkraut, dont je comprends qu'elles puissent donner à se gausser, puisque, dans le cas contraire, il n'y aurait en effet pas lieu, objectivement, que cet homme s'alarmât de la déculturation.

Il y a quelques dizaines d'années, un touriste avait ébréché l'avant-bras du christ figuré dans la statue de Michel-Ange La Piétà. Je me suis demandé qu'est ce qui avait été insupportable à cet homme dans cette scène – si paisible et belle - au point de frapper le Christ. Depuis, c'est une copie qui est présentée au public.
Mais l'envie de « souiller » est une force qu'il ne faut pas sous-estimer.
On n'en est plus là quand les profanations se multiplient dans les cimetières, contre des lieux de culte, qu'elles soient motivées par des convictions « politiques », des résurgences satanistes, le désoeuvrement, ou encore quand des réseaux porno-pédophiles apparaissent et se développent.
Tout cela repose, en définitive, la question éternelle du bien et du mal ?
Il semblerait que, dans notre société, cette question ne doive plus se poser dans ces termes là.
Je pense qu'il y a lieu pourtant d'être inquiet et vigilant. Et qu'il convient de ne pas abandonner cette inquiétude à une minorité, tandis que la société médiatique continuerait d'imposer son règne et ses valeurs de célébration ou d'indignation, et son travail quotidien de mise en abîme et de réduction de la « perspective » à son propre temps.

Nous seront bientôt 9 ou 12 milliards sur cette planète, « inter-connectés » comme jamais nous ne l'avons été. Cela offre un potentiel d'humanité prometteur et permettra d'atteindre un seuil critique pour une mondialisation réussie... comme cela peut aussi, en l'absence d'ambition (de politique?) de civilisation, dégénérer.
Cette future civilisation mondiale, dont nous sommes aux prémisses, va devoir s'accorder sur ces transcendances, son sacré. Je ne suis pas sûr que l'Occident, de ce point de vue, n'ait pas un déclin d'avance sur l'Orient.
Le jugement de Lille portant sur l'annulation d'un mariage pour cause de mensonge sur la virginité intervient, finalement, dans cette réflexion parce que lui aussi fait intervenir la notion de profanation. Mais, ici, elle est paradoxale. Beaucoup ont cru pouvoir faire un parallèle entre Fourniret, qui a dit son obsession des vierges, et le mari de l'affaire lilloise, en prétendant que c'était le même ressort qui jouait.
Un tel amalgame, qui est cependant le paroxysme du sentiment général, est tragique et révélateur.
Car Fourniret est, il me semble, dans un désir de profanation ce qui est totalement à l'inverse de ce qui motive l'époux qui se situe, qu'on le déplore ou pas, dans un caractère du sacré. Il y a quand même, je me permets de le relever, quelque chose de tragique quand une société ne distingue plus cette différence fondamentale au motif qu'elle prétexte un égalitarisme « improbable » dans une affaire qui, par sa nature intime et l'implication qu'elle a, relève du privé.
La profanation, ici, vient de la société entière, par une tentative de sur-interprétation légale, sur un couple et ce qu'il juge important, « sacré » même, en fonction de sa culture ou de sa religion, aux fondements de son union.

LABOCA

J'espère qu'Yves-Saint Laurent s'en est allé le coeur plein de joie : les nombreuses célébrités présentes à ses obsèques lui ont-elles témoigné, dans les moments les plus difficiles pour lui relativement à sa santé, beaucoup de solidarité ?
Je suis solidaire de monsieur l'Avocat général Bilger : il a eu raison de proposer une réflexion sur un sujet très fort.
La mort est-elle vraiment banalisée de nos jours ?
Oui, si l'on considère l'ordinaire des comportements des vivants, en ville, devant le passage d'un corbillard.
Non, si l'on considère l'ivresse manifestée par certains devant la vie et le développement de l'instinct de survie magnifié par d'autres.
Il est, pourtant, certain que la mort est un moment dont la conscience occidentale contemporaine ne semble pas bien mesurer la puissance de charge. En ce sens, monsieur l'Avocat général Bilger dit des choses fortes.
Peu avant sa mort, François Mitterrand, dans la belle préface donnée au livre de Marie de Hennezel sur "La mort intime", regretta la propension de ses contemporains à se détourner de la réflexion fatalement suggérée par la mort en tant que moment irrésistiblement prochain. Mitterrand sembla voir dans cette situation la conséquence de l'accaparement des hommes par le travail de recherche de solution aux problèmes bassement matériels.
Je crains que nos sociétés capitalistes, dominées par le consumérisme, n'aient définitivement décidé de renoncer à la méditation.

SR

Les profanations sont souvent l'oeuvre de p'tits cons désoeuvrés qui trouvent la un moyen d'épater leurs copains. Ce qui est très ennuyeux depuis quelques années c'est l'émotion artificielle autour d'un décès fortement médiatisé. Des inconnus s'agglutinent autour du cortège pour en être, le coeur n'y est pas mais il faut en être de cette agitation filmée. Hier on pouvait ressentir un malaise lors de la retransmission télévisée du sermon à l'église Saint Roch, on pouvait entendre les commentaires malsains des curieux qui dévisageaient les personnalités venues se recueillir devant le cercueil de Monsieur Saint Laurent. Cet homme si discret ne méritait pas ce grotesque show télévisé où le Président de la République avait tenté de décaler l'enterrement pour être vu à celui des sept enfants tués lors d'une collision en Haute-Savoie (!!!).

Alors qu'au quotidien, les relations amicales, de voisinage sont globalement désastreuses et distantes. La canicule de l'été 2003 avait révélé qu'un salut à la voisine âgée, une attention au papy seul dans son pavillon aurait pu sauver des vies. Mais ces marques d'attention discrètes ne sont pas filmées, donc sans intérêt.

Thierry SAGARDOYTHO

M.Nachbar qualifierait ces profanateurs de "monstrueux", sans doute. Quel sanctuaire résiste encore sur cette terre à l'inhumanité ?

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  • Formation à l'Institut de la parole
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  • L'Institut de la Parole propose des formations dans tous les domaines de l'expression et pour tous, au profane comme au professionnel de la parole publique. L'apprentissage et le perfectionnement s'attachent à l'appréhension psychologique de la personnalité et aux aptitudes techniques à développer. L’Institut de la Parole dispense des formations sur mesure et aussi, dans l’urgence, des formations liées à des interventions ponctuelles, notamment médiatiques. Magistrat honoraire, Philippe Bilger propose également des consultations judiciaires : conseils en stratégie et psychologie judiciaires.

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