Le 27 juin, le Conseil d'Etat a rendu un arrêt dont le Monde a, justement, souligné l'importance et que Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a fortement approuvé. François Hollande n'a pas été en reste pour le compte du parti socialiste (selon 20 minutes).
De fait, il s'agit d'une affaire qui conduit la société à s'interroger, à définir ses rapports avec les pratiques religieuses extrêmes et, plus généralement, à réfléchir sur la compatibilité ou non certaines croyances rigides avec certaines valeurs humaines fondamentales. Malgré le consensus politique, ce n'est pas un sujet qui appelle une analyse péremptoire et des conclusions sommaires. Si le rédacteur de ce billet va émettre une opinion conforme à celle de notre plus haute juridiction administrative, il sera infiniment attentif, encore plus que sur d'autres thèmes, à la teneur des réactions.
Faiza M., Marocaine mariée à un Français et mère de trois enfants nés en France, avait saisi le Conseil d'Etat pour demander l'annulation d'un décret de 2005 lui refusant l'octroi de la nationalité française pour "défaut d'assimilation". Le Conseil d'Etat, par son arrêt de juin, a rejeté sa requête.
Il a en substance considéré que la pratique radicale de la religion musulmane, dans sa conception salafiste, entraînait un comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française, notamment avec le principe d'égalité des sexes, dont, ailleurs, Valérie Pécresse rappelait qu'il n'était pas "négociable dans la République française" (selon le JDD).
Le Conseil d'Etat a fondé son argumentation au regard de la tenue vestimentaire et de la vie privée de la requérante. Celle-ci, selon le site du Nouvel Observateur, était recouverte, lors de trois contacts avec les services sociaux, du vêtement des femmes de la péninsule arabique. Sa longue robe lui tombait jusqu'aux pieds. Un voile lui masquait les cheveux, le front et le menton et une pièce de tissu le visage. La burqa.
De cette apparence et de la soumission de la femme à l'homme, de l'épouse à l'époux qu'elle paraissait manifester, le Conseil d'Etat a tiré les conclusions qu'on sait. Faiza M. avait répliqué en invoquant le principe de la liberté religieuse, garanti par la Constitution, et en soulignant que depuis son arrivée en France en 2000, elle n'avait jamais cherché à remettre en cause les valeurs de la République.
Se satisfaire d'une dénonciation de la pratique extrême d'une religion pour justifier le refus de la nationalité française serait prendre le risque de mettre le feu à des poudres infiniment sensibles. Ce n'est pas la manifestation publique d'une croyance religieuse qui est susceptible d'attirer la foudre administrative. Chaque confession, ostensiblement ou non, est identifiable à des signes et à des objets de piété qui s'inscrivent parfaitement dans l'espace civil et dans les relations avec autrui. Il ne faut pas oublier non plus la masse des citoyens étrangers à toute foi, que ce débat pourrait lasser.
Aussi, l'exercice d'une prescription religieuse, salafiste ou autre, ne devient problématique pour la vie sociale et la morale publique que s'il porte atteinte à des valeurs qui dépassent le domaine limité de la croyance. Cette distinction n'est pas facile à opérer et souvent, on la néglige en acceptant de fausses similitudes. A ce titre, je me souviens d'une audience de cour d'assises où une femme, citée comme témoin, est arrivée voilée. Malgré ma réticence, le président a laissé faire, au prétexte que les "bonnes soeurs" étaient également couvertes. Alors qu'aucun rapport ne pouvait être établi entre l'obligation religieuse qui représente une norme à accepter et la tenue civile qui se trouve en rupture.
Faiza M., recouverte de la tête aux pieds, le visage occulté sauf pour la fente des yeux, exprimait, par tout ce qu'elle cachait d'elle, par sa volonté de dissimuler la femme qu'elle était pour complaire à l'homme, l'inégalité des sexes. Mais, pourrait-on rétorquer, si l'un et l'autre avaient envie, poussant le salafisme au plus austère, d'offrir dans l'espace public cette image d'eux-mêmes, qui aurait le droit de se plaindre et pour quel préjudice ?
Ce n'est pas seulement par rapport à une conception occidentale de la femme qu'une épouse ainsi murée crée un infini dommage. C'est par rapport à l'humain tout court. Il convient d'affronter clairement que l'humanité véritable, quelle que soit l'infinie diversité de ce qui la compose, se définit d'abord par ce qu'on pourrait nommer l'offrande d'un visage à son prochain. Haineux ou amical, il vient, dans sa nudité et sa pureté, porter l'emblème de ce qu'il y a là un homme ou une femme, un homme et une femme et que le lien le plus éclatant entre les sexes est précisément cette existence à visage découvert, au sens propre.
Il y a donc plus qu'une intolérable soumission dont au demeurant Faiza M. serait victime. Il y a cette donnée qu'un tel couple imposant à la vue de tous une femme ainsi dissimulée transgresse ce qui constitue le fondement d'une société civilisée : que la liberté n'a pas de sens si elle enterre physiquement l'un, de son vivant, quand l'autre bénéficie de la lumière. J'ajoute que la preuve la plus significative de ce que j'avance résulte du malaise qu'autrui éprouve devant une telle dénaturation de l'humain. Qui n'a ressenti, non seulement de l'étrangeté mais de la répulsion devant une négation aussi construite et consentie de la transparence du visage, devant la prison que le corps s'était constitué lui-même au milieu de la liberté, belle ou laide, de tous les autres ? Puis-je dire que plus d'une fois, rêvant de remplacer la nuit par le jour, j'ai eu envie d'arracher et de montrer ? Pour faire connaître mais, surtout, reconnaître. Pour que mille liens invisibles ou implicites puissent s'extérioriser.
C'est un cas d'école que cette burqa. Rien ne mérite plus d'être expliqué et justifié que ce qui nous semble aller de soi. Il faut s'acharner à montrer que le particulier des croyances ne nous importe que dans la mesure où l'universel est trahi, où il dénature l'universel. Le Conseil d'Etat a rendu l'arrêt qui convenait.
Au fond, contre toutes les burqas du monde, d'abord la beauté et l'humanité de visages nus.
.
Une femme se promenant derrière un barbu (à bonne distance derrière, je ne sais pas combien) et sous une bâche et le visage derrière un masque de cuir, j'en ai vu une il n'y a pas si longtemps dans un centre commercial à Toulon. On aurait dit Belphégor, c'est un peu angoissant. Mais je me suis dit également que les réactions surprises, désapprobatrices, curieuses, pouvaient aussi être angoissantes pour cette personne et peut-être la décourager de sortir un peu hors de chez elle. De ces barbus, il y en a de plus en plus qui se promènent dans notre pays ou bien ils se cachent de moins en moins. Problème ? Ils sont très actifs et très prosélytes, leur mission : recruter.
Rédigé par : Nathalie | 25 janvier 2009 à 22:01
@Catherine Jacob
Merci. je croyais que vous étiez anthropologue.
J'ai parlé de chaud, c'est une métaphore.
Qu'en est-il du cache-sexe ??? C'est universel ??
@pepe
Aucune religion n'est en droit d'enfreindre les lois de la République.
C'est à l'Etat de dire s'il est permis de circuler masqué ou pas.
La carte d'identité est obligatoire dans notre pays. Comment font ces femmes pour la photo ??
Rédigé par : Duval Uzan | 26 juillet 2008 à 13:04
J'arrive un peu tard.
Mon attachement aux valeurs de référence du Conseil d'Etat m'empêchent définitivement d'être en désaccord avec vous.
Je souhaiterais simplement avoir votre avis sur le point suivant :
Mme Faiza est sanctionnée (refus de naturalisation) alors qu'elle subit (j'ose le subodorer) l'atteinte aux valeurs dont son mari (au demeurant français) se rend coupable.
Si le raisonnement juridique ne me semble pas attaquable, n'est-on pas dans l'obligation de constater avec amertume que c'est la victime qui est sanctionnée (une deuxième fois !) et que le fautif, lui ,demeure considéré par notre société comme respectueux des valeurs de notre pays.
Que faire ?
Rédigé par : pepe | 25 juillet 2008 à 14:17
@Duval Uzan (suite)
On parle dans les îles du Sud et notamment à l'extrémité ouest qui n'est séparée de Taïwan que de 125km des langues vernaculaires qui ne sont que apparentées au japonais à savoir celles de l'ancien royaume indépendant de Ryûkyû qui a entretenu des relations tributaires avec la Chine du début du 14ème à la fin du 19ème siècle, quelques rebellions ayant été très cruellement réprimées. C'est aussi cependant un haut lieu de l'art du Nunchaku et c'est en particulier dans les eaux de l'île de Yonaguni - encore rattachée au continent à l'époque de la dernière glaciation et rattachée au Japon en 1879 - , que, en 1986, on a découvert la fameuse chaussée des géants dont il se dit cependant qu'elle ne serait pas un vestige d'une Atlantide japonaise mais une formation naturelle - http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d5/Yonaguni_Ruin
s_Scuba.jpg Il me semble qu'on a dû en parler assez récemment sur Arte mais je laisse prudemment ce débat aux spécialistes.
Mais pour ce qui nous occupe, on dira qu'il y fait très très froid au nord et très très chaud au sud, le climat d'une ville telle Kyôto, l'ancienne capitale, étant sensiblement celui de Strasbourg, la cinquième saison (pluies diluviennes) en sus.
Pour en revenir à la question du voile, il me semble avoir vu une miniature ancienne représentant le prophète et sa famille dans un jardin clos de murs où ce sont les personnages masculins qui tous sont voilés, mais je n'ai pu retrouver que celle-ci où seul le prophète est voilé ainsi que nimbé de feu dans un style qui n'est pas sans rappeler les représentations bouddhistes : http://fr.encarta.msn.com/encnet/refpages/RefMedia.aspx?refid=94
1564028&vv=550
Pour la comparaison avec l'iconographie bouddhiste voir notamment ce bronze de l'un des Quatre rois célestes ( 四天王 ), le Jikoku-Ten (= Guardian of the Nation ) de Kamakura, le préposé à la garde de l'Est et qui correspond au sanscrit Dhrtarasta ou encore, Dhritarashtra : http://www.onmarkproductions.com/shitenno-jikokuten-hase-dera-ka
makura.jpg
Comme on peut l'observer, l'expression du céleste Gardien de l'iconographie japonaise du Bouddhisme est assez effrayante.
Le visage voilé de Mahomet ne permet en revanche de donner à voir ni bonté, ni colère mais représente en quelque sorte un degré zéro, ou un néant, mais qui est vraisemblablement également conçu comme un ab-solu dépassant l'expressivité de la statuaire.
A partir de là, il me vient à l'esprit un conte populaire dans lequel un valeureux jeune homme doit, sous peine de mort/dévoration, découvrir laquelle parmi trois silhouettes voilées est celle qui masque la princesse, les deux autres masquant deux dragons, ses terribles gardiens destinés à dévorer le jeune téméraire qui les identifierait à tort. Il se trouve fort heureusement, qu'ayant rendu précédemment service à la reine des abeilles, un essaim vient à son secours en butinant autour de la silhouette centrale et permet ainsi l'identification de la bonne silhouette.
A partir de là, j'ai bien encore quelques idées mais fort peu orthodoxes et que donc je me garderai bien d'exposer...!
On peut toutefois avancer sans trop de risques je pense, le Gunaikônitis grec qui désigne certes le gynécée, donc l'appartement des femmes dans la maison, mais qui a été transposé à la désignation de la place des femmes dans le Temple (judaïsme) ainsi qu'à l'ensemble des femmes d'un prince oriental. Donc quelque chose de séparé ainsi que de tabou puisque le même mot de Gunaikeios désigne pour sa part lui aussi le Gynécée - à savoir un espace- ainsi que le corps lui-même dans ce qu'il a des spécifiquement féminin et en particulier les menstrues. Il y avait à Athènes un personnage nommé le Gunaiko-Nomos, de Gunê (femme) et Nomos (à la fois 'pacage' comme 'appartement', 'partition', 'division', et 'attribué en partage', 'attribution', 'règlement', 'qui fait loi ou qui a force de loi'), un personnage chargé de surveiller les mœurs et la tenue des femmes. Il n'est donc pas sans intérêt de constater qu'on établissait un lien entre les mœurs, la tenue et un espace défini, assigné, assimilé au corps dans ce qu'il a aussi de tabou et s'il ne s'agissait là de culture grecque peut-être pourrait-on envisager un glissement de sens vers le vêtement en tant que 'à l'image d'un tel lieu', donc et par ricochet, son signifiant!
@Pierre-Antoine
"Juste deux questions :
La première : comment savoir que c'est une femme sous la burqa (avec toutes les implications sur le plan juridique et judiciaire) ? "
Connaissez-vous la problématique de la biscotte développée par Michel Serrault & Jean Poiret ?
Rédigé par : Catherine JACOB - II | 20 juillet 2008 à 12:06
@Duval Uzan
"Je crois que cette pratique avait été instituée dans des temps très anciens où les hommes ne pouvaient pas se contrôler et que les femmes n'avaient que ce moyen pour se protéger.
C'est une coutume née dans les pays chauds.
Catherine Jacob pourrait peut-être nous en dire plus."
Je ne suis pas spécialiste des pays chauds.
Le Japon s'étend au Nord au Sud en partant du Cap Soya ( 宗谷岬 ), Hokkaidō (45°31′N 141°56′E / 45.517, 141.933) - http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/26/Hokkaido-wakka
nai-Cape-Soya-1977.jpg
d'où l'on aperçoit l'île russe de Sakhaline, à l'atoll coralien d'Hateruma ( 波照間 = 'Bout du monde' écrit 'Vagues brillantes'), 600 habitants sur 12.7 km², préfecture d'Okinawa (24°3′N 123°47′E / 24.05, 123.783) - http://www.town.taketomi.okinawa.jp/images/island/hate1.jpg d'où l'on peut observer la croix du sud.
Rédigé par : Catherine JACOB - I | 20 juillet 2008 à 12:06
Je connais une tunisquimau, c'est la fille d'une tunisienne et d'un esquimau, pour pas faire de jaloux, elle porte le foulard et le bonnet.
Rédigé par : ambrosi | 17 juillet 2008 à 09:56
Bonjour,
Je maintiens.
Nous devons promouvoir une loi qui interdit de circuler masqué dans les rues.
Tout comme il est interdit de circuler NU.
Pouvons-nous imaginer une autre religion qui elle prônerait par exemple de circuler nu ???
Une loi doit définir les limites de toute religion de l'application de toute croyance.
CROIRE oui c'est permis à tout le monde et il est même permis de croire n'importe quoi.
Mais l'imposer non, le généraliser, non.
Il n'y a pas que la démocratie qui est contre elle même en ce moment.
Vraiment j'ai le sentiment que tout est à revoir, à redéfinir.
Qui peut dire aujourd'hui de façon claire et nette ce que RELIGION veut dire ???
Je crois que cette pratique avait été instituée dans des temps très anciens où les hommes ne pouvaient pas se contrôler et que les femmes n'avaient que ce moyen pour se protéger.
C'est une coutume née dans les pays chauds.
Catherine Jacob pourrait peut-être nous en dire plus.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 16 juillet 2008 à 14:12
Juste deux questions :
La première : comment savoir que c'est une femme sous la bourka (avec toutes les implications sur le plan juridique et judiciaire) ?
La seconde : comment ces femmes connaîtraient-elles la liberté d'autres femmes si elles sont renvoyées dans des pays au port obligatoire de la bourka (à moins que la France soit considérée par certains comme un pays -bientôt- conforme) ?
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 16 juillet 2008 à 11:44
JDR, j'ai ri ! Un bon point pour vous mais pas assez pour me dévoiler...
Rédigé par : Bulle | 16 juillet 2008 à 05:03
Il n'y a pas si longtemps encore les femmes de notre bonne société portaient la voilette, ce tulle noir accroché à leurs chapeaux et masquant, un peu, le visage. Les veuves essentiellement s'en recouvraient afin de marquer leur deuil. Il n'y avait là rien de choquant, participant même d'une sorte de mode dont on reparle actuellement. Un nombre non négligeable de jeunes femmes avouant "aimer énormément la voilette, mais ne pas oser". Sauf quelques jeunes gothiques la portant ostensiblement, ou des modistes essayant de relancer cette mode en l'adaptant de manière plus subtile, le tulle ne couvrant que le front.
Bien sûr ce tulle comme une résille est, et était, moins contraignant que ce masque total dont on se demande comment on peut respirer dessous.
Il y avait aussi ces coiffes régionales dont les femmes se paraient, difficilement d'ailleurs en raison du temps nécessaire pour l'élaborer chaque matin et qui permettaient de marquer son appartenance, sa différence vis-à-vis des autres. Une plus particulièrement, la kichenotte ou quichenotte, portée en Vendée et en Saintonge, améliorée du temps de l'envahisseur anglais pour éviter les baisers de la soldatesque -d'où peut-être son nom qui serait une altération de "kiss me not"- avec des pans amidonnés descendant le long des joues. Sans parler de celle des Alsaciennes que j'imagine mal désormais, comme le dit Aïssa à propos de cette femme, voir dans un supermarché ainsi, sauf ponctuellement pour promouvoir sur un stand la choucroute, ou en servir une dans une brasserie du même nom. On peut se demander d'ailleurs, si tel est le cas -je ne sais- dans quelle mesure cela est admissible et ne fait pas souffrir celles qui subissent un tel déguisement, couleur locale.
Alors la burqa, qu'est-ce au juste sinon ce port d'un voile poussé à l'extrême ? Nous réagissons avec notre vision d'occidentaux, et acceptons mal ce qui n'est pas conforme à notre pensée, du moins à ce qu'est devenue cette pensée tendant vers l'uniformisation, ce qui est un bien en soi, même au détriment du folklore local, mais surtout pour la disparition de cette souffrance subie.
Je ne sais pas si cette femme porte la burqa volontairement ou non. S'il s'agit véritablement d'un souhait de sa part, pourquoi pas. Après tout ce n'est pas nous qui souffrons sous le voile, et libre à elle de faire ce qu'elle souhaite, même si nous sommes choqués de croiser un magasin de tissu ambulant. En revanche si cela lui est imposé, son martyr devient le mien, et je ne l'accepte pas. Mais comment savoir ?
Par conséquent, dans le doute et la désormais standardisation des sociétés, le Conseil d'Etat a eu raison de rendre cet arrêt. Mais ce n'est qu'un pis-aller, car en définitive la contrainte renforce la volonté de s'y opposer. Seule l'éducation peut venir à bout de ces pratiques, religieuses ou autres. L'éducation, ou le désir soudain de vivre enfin cheveux au vent.
Rédigé par : Patrick PIKE | 16 juillet 2008 à 01:17
Bonjour,
La loi Mosaïque interdit l’esclavage au-delà de huit ans.
Après huit ans le Maître a obligation de libérer son esclave ainsi que ses enfants en lui donnant tout ce dont il a besoin pour poursuivre sa route et s’installer libre.
Mais cette Loi a également prévu des cas où l’esclave souhaite rester esclave, par amour pour son maître.
La loi a prévu dans ces cas de percer l’oreille droite de cet esclave, afin qu’il se souvienne toujours que Dieu lui avait rendu sa liberté et qu’il a refusé de la prendre.
Ne peut-on pas laisser un tout petit trou dans cette Burqa qui laisserait juste entrevoir ce petit bout d’oreille percée ?
Car qu’est-ce qu’un consentement aujourd’hui ?
Pour les violeurs, les femmes sont toujours consentantes !
Ce n’est pas une question d’égalité homme femme, ou une question de consentement éclairé ou pas. Il y a là comme dit Philippe Bilger une dénaturation totale de l’humain.
Et la question de Prudhomme Marie est tout à fait pertinente : est-il permis dans notre République de circuler masqué, en dehors des fêtes de carnaval ?
Je n’aimerais pas rencontrer ce genre d’OMBRE sur mon chemin un soir en rentrant chez moi et j’en aurais peur.
Ce n’est pas là « MA FRANCE ». (Merci Véronique de nous avoir rappelé cette belle chanson)
Bonne soirée.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 15 juillet 2008 à 22:51
Qu'est-ce au juste que cette "pratique religieuse extrême" qui justifierait qu'on exclue une musulmane pratiquante de notre Cité ? Est-ce la même chose qu'une pratique religieuse "extrémiste" ? A moins que la République n'interdise d'être "extrêmement" religieux et que la laïcité à la française n'oblige ses ressortissants à être catholiques mais sceptiques, musulmans et agnostiques ou juifs et incrédules ?
Je chercherai une autre explication au fait que cette décision nous semble évidente, à "Nous autres Français". Tant pis, pour les âmes sensibles, aujourd'hui, le serai bernanosien mais aussi barrésien. Il paraît évident que nous ne pouvons (en l'état) partager notre nationalité française avec la Dame M., simplement parce que ses habitudes culturelles la rattachent à un monde qui n'est pas européen... Comment penser qu'elle pourrait s'intégrer dans notre société occidentale sans renoncer un peu à ce qu'elle est pour devenir autre. La Dame M. affirme que sa liberté consiste à vivre à la séoudienne sa foi musulmane. Fort bien, je ne la lui conteste pas ; le "droit à la différence", tel que je l'entends, consiste à accepter que l'on puisse être différents, mais sans fusion ni confusion dans le grand caravansérail du métissage culturel obligatoire, - qui n'est souvent que la négation de l'originalité des cultures et dont les fauteurs ne sont généralement que d'inanes crétins. "Si vous me demandez ce qui nous sépare, je vous répondrai... la Méditerranée ! J'accepte volontiers qu'une Union politique en rapproche les deux rives, je n'accepterai pas qu'on me dise que cette frontière qui a forgé des identités diverses ne doive plus exister. Je passerai encore pour un réac' d'extrême-droite ! N'importe !
Rédigé par : Irnerius | 15 juillet 2008 à 15:26
PB nous écrit qu'il s'en va à Montpellier aux Entretiens de Pétrarque. J'ai vécu des années dans cette superbe ville de Montpellier et, lisant son au revoir, je n'ai pu m'empêcher de sourire. Ces Entretiens ont lieu au... cloître des Ursulines. Bonne route, PB, et visitez l'endroit. Vous verrez, c'est magnifique, notamment ce cloître où, naturellement, vous n'y trouverez plus ni bonnes soeurs ni burqa, cela va de soi...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 15 juillet 2008 à 12:08
@ Bulle
Les femmes cachées ne sont pas moins regardées par les hommes, curiosité oblige. Et que faites-vous du fantasme de la bonne soeur ou de l'écolière japonaise : derrière la rigidité de l'uniforme se cache peut-être une bombe sacrément coquine...
Et puis plaignez-vous : si vous êtes regardées par les hommes, c'est que vous êtes ou très laide (et vous ne craignez rien), ou plus vraisemblablement très jolie. (Envoyez-moi donc votre photo, je vous donnerai un avis gratuit et une consultation non moins offerte dans un bar latino)
@Mike
Cette femme a son intimité avec son enfant lorsqu'elle est chez elle et les femmes arabes sont bien souvent des mères très aimantes. Et si, par malheur, ce bébé était une fille : pas de quoi pavoiser d'avoir mis au monde une future condamnée.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 15 juillet 2008 à 11:08
Qu'elle soit homme ou femme toute personne doit pouvoir être reconnue, en premier lieu pour d'élémentaires raisons de sécurité... Imaginez en effet une personne sommée par un policier ou un gendarme de justifier de son identité, lequel devrait faire appel à une collègue féminine afin d'examiner le visage "dissimulé" sous la burka.
Autre question, est-il permis oui ou non en France de circuler masqué sur la voie publique en dehors des périodes de carnaval ou de certaines manifestations dûment autorisées par les autorités ?
Rédigé par : Preud'homme Marie, Paule | 15 juillet 2008 à 10:57
Il y a quelques années, attendant dans la salle d'embarquement d'Al Khobar (est de l'Arabie Saoudite), j'observais étonné, admiratif malgré tout, inquiet tout de même, une femme élégamment habillée tout de noir et dont on apercevait juste les yeux, assise, son bébé sur les genoux face à elle.
Absence totale d'échange de regards entre son enfant et elle. J'ai gardé cette vision et ne puis m'expliquer quelle contrainte absurde pouvait ainsi réguler l'amour entre deux êtres naturellement si proches.
Rédigé par : mike | 15 juillet 2008 à 10:26
Note légère : au vu de l'actualité, poser nue assure plus facilement la nationalité française que de poser en burqa, c'est sûr !
Note noire : un clin d'oeil à tous ces messieurs qui sont tristes au bout du compte de ne rien voir... Il y a des jours où on aimerait aussi voiler certains regards d'hommes !
Rédigé par : Bulle | 15 juillet 2008 à 05:23
Tout est sens dessus dessous. Les médias se sont émerveillés devant Ingrid Betancourt agenouillée sur l'aéroport parisien priant Dieu invitant les autres figurants à la rejoindre pour communier avec le Seigneur. Les petites nanas de banlieue pour faire bonne figure et impressionner leur entourage s'attifent comme des Iraniennes, ces dernières ne demandent qu'à copier Jennifer Lopez en tenue sexy 365 jours par an. Il suffit de se balader dans le 93 pour être pris de gêne devant ce défilé de femmes en noir, voilées, gantées, et chaussées de Nike, avec un homme parfois pour ouvrir la marche tête baissée et le pas décidé. Car il faut faire vite, se hâter pour faire les courses. Ne pas tenter le diable aux multiples visages, et l'épouse incertaine qu'il faut garder un maximum à la maison à l'abri du péché. Et le rire peut nous prendre, lorsque chez Tati, ces mêmes hommes disputent les promotions de soutiens-gorge ou de slips aux femmes africaines ou polonaises. Bizarrement ils ont un oeil très sûr dans le choix des sous-vêtements féminins. Le genre humain est si complexe.
Rédigé par : SR | 14 juillet 2008 à 22:17
Les commentaires de Bernard Girard et de Nom d'un chien mettent en lumière une question intéressante : on demande aux immigrants d'adhérer aux valeurs de la République mais on ne demande rien aux Français.
Ainsi, la nationalité se mériterait pour les uns et serait cadeau pour les autres. Que fait la HALDE, voici une discrimination ! (enfin, il est vrai que la HALDE n'est pas gênée lorsqu'une grande entreprise déclare publiquement, à compétences égales, préférer embaucher un individu d'origine ethnique étrangère - on est vite passé de la discrimination dite positive économique à la discrimination raciale)
En même temps, il faut bien reconnaître que l'acquisition d'une nationalité a pour effet de modifier la population nationale. Une nation, à mon sens, à le droit de défendre les valeurs qui sont siennes, en considérant comme intrus ceux qui s'y opposent. Bien sûr, il n'empêche que la déréliction desdites valeurs peut venir de l'intérieur. Et ce n'est sans doute pas anodin que la religion musulmane soit en passe de devenir la première religion française, dans un pays historiquement indiscutablement chrétien et athée. A Bruxelles (pas de chiffres connus pour la France), le premier prénom donné est Mohammed : reste à voir quelles en seront les implications pour l'avenir. On connaît des Mohammed, des Boualem, des Rachida, très républicains - d'autres le sont bien moins.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 14 juillet 2008 à 19:36
Monsieur Bilger je ne peux qu'approuver votre analyse et mettre en exergue votre dernière phrase qui est pour moi criante de bon sens et de vérité.
Les religions étant souvent aliénantes dans leurs quotidiens. Les pratiques extrémistes me sont particulièrement insoutenables.
La burqa étant un des plus forts symboles de la négation de l'humanité des femmes. Ces pratiques les abaissent même au-dessous des animaux.
Rédigé par : Surcouf | 14 juillet 2008 à 18:37
Ce que je trouve passionnant dans cet arrêt, c'est l'idée que la nationalité française ait tout à voir avec des valeurs communes.
Se vouloir français c'est accepter de faire sien un et des héritages.
Ici, celui, bien sûr, de l'égalité de l'homme et de la femme. Mais aussi, comme vous le dites justement, l'héritage d'une conception de la liberté individuelle à résonance universelle qui dépasse la seule exigence égalité hommes-femmes.
Ces forteresses d‘étoffes, ces châteaux d'if, ces cachots et ces tombeaux que sont ces habits de soumission et de séquestration sont incompatibles avec ce qui a fondé nos rêves les plus fous d'égalité et de liberté.
Ce sont ces rêves, même fracassés, qui ont porté les valeurs essentielles avec lesquelles notre pays s'est construit, et aux sources desquelles notre histoire et nos institutions puisent et s'accrochent. Dans le bonheur, le malheur, dans nos guerres glorieuses, honteuses ou civiles.
...De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirais pas d'écrire ta chanson
Ma France
Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France
Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France
Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France
Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une...
Philippe, je pense que vous connaissez la suite de cette si belle chanson de Jean Ferrat "Ma France".
Je la rappelle ici car j'y ai pensé en lisant votre billet.
Rédigé par : Véronique | 14 juillet 2008 à 16:06
Et les gens qui se baladent le jour de la Gay Pride avec des piercing dans les seins, un collier autour du cou, menés en laisse par leurs "maîtres", on ne les condamne pas ?
En fait, on qualifie ce genre de chose de "torture", "sexiste" ou "dégradant" seulement quand il s'agit de l'islam.
Rédigé par : Nom d'un chien | 14 juillet 2008 à 14:46
Dieu(x) ne sait pas ce qu'est du tissu, ni la couleur noire, ne fait pas la différence entre un homme et une femme. Dieu ne demande rien : ce sont les humains qui s'obligent.
Ces cas "étendards" visent à radicaliser notre corps social modéré : d'abord en mettant des sujets qui n'en sont pas à l'ordre du jour, ensuite en favorisant l'éclosion du "choisis ton camp parmi les extrémismes".
Nos tables de la loi qui n'agissent pas sur tout, sont maintenant vues comme des vides à combler par les indications d'autres codes politico-religieux.
Pour rester éclairés, faudra-t-il naviguer entre les refus clairs et certaines formes de censure ?
Mais la conservation de la modération passe aussi par l'observation de bonnes mœurs économiques dans la répartition de la prospérité...
Rédigé par : Madame de F. | 14 juillet 2008 à 13:48
J'entends vos arguments, je les partage, pourtant tout cela me laisse un mauvais goût dans la bouche.
Si cette femme avait été française, lui retirerait-on la nationalité sous prétexte que son vêtement contrevient à nos valeurs ? Je ne crois pas.
Cette femme est semble-t-il complètement soumise à son époux, mais lui aurait-on refusé la nationalité française si elle avait été célibataire ou veuve, si le port de ce voile était le fruit d'un choix volontaire ? Sans doute.
Je crains que dans cette affaire le conseil d'Etat ne se soit égaré et n'ait donné aux administrations chargées de gérer des dossiers de nouveaux outils pour se comporter de manière arbitraire.
Rédigé par : Bernard Girard | 14 juillet 2008 à 13:20
J'avais compris au tout début de cette information qu'il s'agissait d'un voile, mettons, classique, avec la bonne vieille et sympathique djellaba et tout le tralala ; d'où mon interrogation sur un autre topic quant à ce refus de naturalisation. Par la suite, on a précisé qu'il s'agissait de la beurk-a. C'est différent, effectivement, et on ne peut que souscrire à la décision du Conseil d'Etat puis au billet de PB. Il n'empêche, les deux ne résolvent en rien le problème. Cette femme littéralement chosifiée est en France depuis l'an 2000. Ainsi, depuis tout ce temps, elle se balade quasi fantôme dans les rues de la République, elle emmène ainsi ses enfants à l'école, fait tout son administratif dans les administrations, va à Mammouth et Leclerc acheter ses poireaux et les chaussettes de son mari et pattin couffin... Et elle continuera de même à se balader de la sorte, nous soumettant tous et toutes à l'obligation de voir et supporter ces signes extérieurs de son abjection libre et consentie dit-elle. Ce désir esclave volontairement d'exister sans vivre, nous nous le ramassons et ramasserons à chaque fois en pleine gueule, décision du Conseil d'Etat ou pas... Bref, beaucoup de bruit juridique pour rien. Car la logique aurait voulu que cette plus haute instance administrative aille réellement au bout de sa logique. Car en lui refusant la nationalité française, elle dit en substance que cette caricature de femme ou cette femme caricaturée, comme on voudra, n'a rien à faire ni à voir avec les principes (ceux de la République et, plus largement, ceux de l'humain considéré à l'aune d'une certaine dignité que l'on affirme a priori, telle un postulat, universelle) qu'elle soutient. Il aurait fallu dans le même temps que le Conseil d'Etat prononçât son expulsion immédiate du territoire de la République sauf à revenir à une attitude plus raisonnable et "conforme". Dans le cas contraire et actuel, le problème demeure entier et c'est la burqa qui l'emporte de fait sur le Conseil d'Etat. Dire non par arrêt et laisser faire dans les faits, cela porte un nom : avoir une minable autorité de papier.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 14 juillet 2008 à 11:29
Très juste.
Ce costume, outre qu'il n'a strictement rien à voir avec l'Islam qui ne prescrit nulle part cette dissimulation totale, est de plus une authentique torture. Le noir absorbe la chaleur et ces femmes condamnées à le porter ne peuvent que survivre peu de temps à l'extérieur, dans ce véritable sauna. Combien en ai-je vu, à l'entrée de parloirs, contraintes de montrer leur visage aux gardiens, qui ruisselaient de transpiration quand arrivent les beaux jours.
Il ne s'agit donc pas seulement d'une dissimulation inacceptable de l'identité d'une personne, il s'agit surtout de limiter ses déplacements hors de la maison au strict et bref nécessaire en lui rendant la sortie la plus pénible possible. Une femme ainsi vêtue ne peut pas travailler, ne peut pas se promener, ne peut pas prendre l'air, ce costume lui interdit toute vie sociale aussi minime soit-elle.
J'ai envie de donner des baffes mais je me contente parfois d'être odieux en faisant des oeillades salaces à ces fantômes pour leur dire que loin d'apaiser ma concupiscence, leur dissimulation excite ma lubricité.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 14 juillet 2008 à 02:51
Plus encore que la beauté d'un visage nu, lequel masque parfois une humanité pas si belle, il y a l'absolue contre-partie d'apparaître reconnaissable lorsqu'on demande à être "reconnue".
Rédigé par : Denis Ducroz | 14 juillet 2008 à 00:34