On parle beaucoup de Christophe depuis une semaine, à l'occasion de la promotion de son dernier CD "Aimer ce que nous sommes".
On a tous crié "Aline" avec Christophe, pour qu'elle revienne.
Il n'empêche que Christophe, cultivé médiatiquement pour ses pensées au-delà du raisonnable, peut aussi proférer des absurdités d'autant plus choquantes qu'elles ne sont même pas relevées.
Exemple dans Paris Match. Une interview de Christophe par Florian Zeller. On est sûr au moins qu'on n'ira pas à l'affrontement !
Christophe, au milieu de propos à la fois intéressants et biscornus, trouve le moyen de se vanter ainsi : "J'ai 63 ans, je n'ai jamais voté une seule fois et j'en suis fier". Certes, il a précisé qu'il est "plus anar qu'autre chose" mais tout de même, une telle bêtise assenée avec tant d'assurance aurait pu au moins faire sursauter l'interlocuteur.
Christophe d'un côté, avec un désinvestissement civique assumé. De l'autre, Fred Vargas avec une conscience civique aiguisée. Le rapprochement semble incongru mais j'ai eu envie de relier naturellement ces deux tempéraments, dont les modalités d'appréhension du monde sont pourtant radicalement différentes.
Fred Vargas, on a aussi beaucoup parlé d'elle pour la sortie de son dernier livre. Je me promets de le lire durant les vacances. Ce sera ma première expérience. Les portraits qui ont été faits d'elle et qui s'ajoutent à un échange très courtois sur mon blog au sujet de l'affaire Battisti font apparaître une personnalité riche, singulière, passionnée, impliquée - elle a soutenu François Bayrou lors de la campagne présidentielle - et pugnace. Elle choisit des combats et s'y tient. Celui qui la mobilise contre les effets de la grippe aviaire est moins connu que son soutien à l'ancien criminel italien. Soutien éminemment discutable mais généreusement cautionné par des médias qui confondent Battisti avec Dreyfus.
Mon interrogation porte sur les ressorts qui conduisent un être à se glorifier d'une abstention politique et un autre à se confronter au feu du réel en sélectionnant étrangement ses luttes. Certes, pas une seconde, je n'ai envie de donner raison à Christophe qui manifeste, derrière son refus systématique de voter, une indifférence à l'égard de la communauté, voire même un léger mépris d'autrui... On peut légitimement argumenter sur les limites et les faiblesses du politique mais dès lors que, même imparfait, il constitue le seul moyen pour réduire la misère du monde, le monde de la misère, on n'a pas vraiment le choix, "anar" ou pas. Il y a probablement chez Christophe moins d'anarchisme que de "j'm'en foutisme", cette désinvolture de l'artiste qui lui laisse croire que seul ce qu'il fait est important, alors qu'inversement d'autres s'estiment fondés, grâce à leur art, à donner leur avis sur tout et n'importe quoi.
Fred Vargas, sans aucun doute, ne fuyant pas le coeur de la mêlée et plongée dans les débats de la Cité, a emprunté le bon chemin. Mais pourquoi Battisti ? Pourquoi une intellectuelle est-elle fascinée, dans le champ de l'humain à sauvegarder, par la part la plus médiocre et la plus contestable ? Faut-il considérer que le comportement coupable, teinté de politique, parfumé de littérature, mérite par principe des suffrages qui devraient être refusés à la souffrance et à l'injustice ordinaires ? Convient-il d'accepter cette idée fausse que venir au secours de l'indignation commune serait déchoir alors que militer pour une dissidence autrefois malfaisante serait forcément honorable ?
Quand une personne comme Fred Vargas, au talent et à l'intégrité évidents, éprouve le besoin obstiné de se camper aux côtés de l'indéfendable, on ne peut manquer de s'étonner. La clé n'est-elle pas dans cette certitude absurde que le bien consensuel, l'éthique partagée ne nécessitent rien d'autre, pour les faire exister, que l'affirmation de leur force ? Fred Vargas n'est-elle pas détournée de mettre sa personnalité au service de combats plus universels par l'impression que ceux-ci feraient déjà l'objet d'une adhésion de principe ? Alors que l'impact considérable des médias parvient, au contraire, à donner à une parole de provocation au soutien d'une cause douteuse l'apparence et la légitimité d'un discours de rassemblement et d'humanisme. " L'art aristocratique de déplaire " est très largement atténué, à supposer qu'il soit une volupté, par la banalisation de ce qui hier aurait fait dissidence et rupture. Au regard de l'évolution de notre classe médiatico-intellectuelle, l'étonnant aurait été de voir Bernard-Henri Lévy ne pas applaudir Battisti. Pour rien au monde, on ne voudrait manquer une chance d'imiter les grands ancêtres qui tout de même avaient une autre allure.
Christophe ne s'en mêle pas. Fred s'en mêle.
Si celle-ci changeait de registre, elle deviendrait originale et serait formidable.
Monsieur Bilger,
je suis sidéré par les réactions de vos lecteurs. Tout y est prévisible, convenu, calibré, estampillé. A lire ces échanges, que dis-je ? ces tirs de barrage, on se croirait niaisement assis devant sa télé en train de regarder un énième interminable débat électoral.
Et pourtant vos articles me rassurent et me calment.
Allez savoir pourquoi...
Rédigé par : Arno Birgoleski | 08 juillet 2008 à 20:41
"On a tous crié "Aline" avec Christophe, pour qu'elle revienne."
haaa bon ?
certains se contentaient de laisser les gondoles à Denise ou d'aller à Capri, non ?
sinon :
_"J'ai 63 ans, je n'ai jamais voté une seule fois et j'en suis fier". Certes, il a précisé qu'il est "plus anar qu'autre chose" mais tout de même, une telle bêtise assenée avec tant d'assurance aurait pu au moins faire sursauter l'interlocuteur._
Veuillez lui pardonner, ne serait-ce que parce que dans CHRISTOPHE, il y a CHRIST :
ne le clouez donc point ainsi au pilori !
Je vous implore sa grâce et accepte même de me "flageller publiquement sur n'importe quel - banc bon public - choisi par VOUS " à sa place, tant j'aime et l'homme et son oeuvre (z'avez déjà vu quelqu'un d'aussi beau à cet âge en plus ?)
Sissi !!!!!!!!!!!
(Hugues Aufray, c'est vrai, mais lui a dépassé la date limite alors total respect)
Rédigé par : cactus aime le maudit | 07 juillet 2008 à 14:48
13 ans. N’est-ce pas cet âge que l’on appelait « l’âge bête » ?
Période de puberté et de transformation physique, de changement cérébral…
Dans l’adolescence, il y a un pic difficile qui se situe entre 13 et 15 ans, qui peut-être aussi une période de dépression pour certains ados, vécue douloureusement.
Etre contraint de « marquer » des enfants. C’est quand même triste. Mais il faut malheureusement reconnaître que certains enfants font peur ! J’ai connu une dame qui devait se rendre régulièrement à Paris en empruntant la fameuse ligne Orry la ville – Paris et qui reconnaissait qu’elle redoutait les jeunes de 13 ans dans le RER…
A une certaine époque, des adultes n’utilisaient-ils pas des enfants mineurs pour des cambriolages, entre autres délits ? Utilisant leur impunité. Ou encore, n’y a-t-il pas eu des maires qui interdisaient les sorties aux ados à partir d’une certaine heure dans leurs villes… se substituant déjà aux parents laxistes ou dépassés…
Aussi, ce « fichage », le sera-t-il pour tous les jeunes délinquants ? De tous horizons ? Suivra t-il l’individu dans le temps ? Se verra t-il effacé à sa majorité ? S’élargira t-il « sournoisement » à sa famille ? Sera t-il "imperméable" à la corruption ?
En Angleterre, un enfant qui est délinquant peut voir sa condamnation affichée sur « sa » porte et donc, les voisins être au courant de tout ce qui se passe… !
Ne revenons-nous pas à l’époque délicate qui a vu l'émergence et l'existence des « Cours des Miracles » ?
N’y a-t-il pas aussi un certain cynisme, une certaine amoralité de vouloir proposer d'accorder un asile politique à des FARC criminels contre l’humanité, alors que l’on cherche à ficher des enfants « susceptibles » de troubler l’ordre public !
Rédigé par : Marie | 05 juillet 2008 à 11:05
@Catherine J
Je ne vais voter ni pour obtenir une reconnaissance sociale ni pour me défouler mais pour choisir quelqu'un que je pense capable de diriger une région, une commune ou un pays. Je dois avoir le droit d'exprimer par un non-choix que personne ne me convient dans le panel proposé ; c'est un signal aux partis qui présentent ces candidats-là ; si nous sommes nombreux à le faire peut-être les partis finiront-ils pas ne pas faire du recasage de bras cassés, de branches pourries, d'incompétents qui ont rendu des services. A qui ? Aux partis. Pas au pays.
Cela dit, vous faites ce que vous voulez et si ça vous amuse de faire un topo sur le bulletin de vote à l'usage des candidats, pourquoi pas. Ce n'est pas ma conception de l'exercice de ce droit démocratique arraché de haute lutte. Catherine A.
Rédigé par : catherine A. | 04 juillet 2008 à 14:21
Marcel Patoulatchi
«Que je sache, la parole d'un président n'est pas source de droit.
La parole présidentielle n'est pas loi.»
Je laisse le droit à la fin de non-recevoir opposée dans un premier temps par le procureur général du parquet de Paris et qu'on a tenue pour une simple cacahuète, pour m'attacher à ce qui me paraît l'un des grands fléaux de notre temps, la perte de la crédibilité, pour ne pas dire du sacré, de la parole qui a souvent à l'international de lourdes conséquences, et insoupçonnées de qui ne voit jamais plus loin que le bout de son petit nez ou de la botte de son voisin !
«Or, je ne connais pas de loi d'amnistie pour les criminels condamnés par la Justice d'un pays européen et ami.»
Que faites-vous du droit d'asile? La promesse dont il s'agit n'a pas été faite à la république italienne qui serait bien inspirée de permettre à ses alliés de ne pas passer pour le cochon qui se dédit.
Rédigé par : Catherine JACOB | 04 juillet 2008 à 11:16
catherine A.
«Ce qui m'amène à dire qu'il faut être vertueux pour se déplacer pour aller voter puisque finalement votre bulletin est considéré comme rien.»
Erig le Brun de La Bouëxière
«celui qui aura fait l'effort de venir exprimer que les candidats qu'on lui propose ne font pas l'affaire, celui-là, donc, est traité juste comme s'il n'était pas venu.»
Moi «ce qui me tue» c'est que les gens s'accordent, ou accordent, de la valeur en fonction d'une utilité patente ou présumée. Idem quant à la reconnaissance à laquelle ils s'imaginent pouvoir prétendre, ou qu'ils s'imaginent qu'on leur témoigne ou non, pour avoir accompli leur devoir civique.
Pourquoi l'utilité ou encore l'extériorisation de la reconnaissance publique représenteraient-elles les seuls critères valables de la valeur d'un suffrage ?
L'accomplissement de son devoir contient en lui-même sa propre récompense qui est le sentiment du devoir accompli. Et le devoir ce n'est pas uniquement de contribuer à faire peser la balance en faveur de tel(le) ou tel(le), c'est tout autant de répondre présent et de dire : «J'existe au sein de cette communauté. Mais je regrette beaucoup qu'aucun des candidats en lice ne me paraisse cependant apte à assumer la fonction en vue de laquelle ils aspirent tous à nos votes. J'estime qu'il est important de le leur faire savoir même si le fast food électoral méconnaît, hélas, le nombre des votes blancs ou nuls dans le calcul du pourcentage des suffrages exprimés dont ils pourront se targuer par la suite, puisque de toute façon ce n'est pas ce calcul qui leur permet de l'emporter ou qui les fait perdre, mais le nombre exact de bulletins en leur faveur ou en faveur de leur adversaire. Et s'ils ont le sens de réalités - ce qui est à souhaiter de quelque bord qu'ils soient - c'est cela seul que leur conscience politique doit prendre en compte.»
Si je vous le dis on va désormais savoir qui est finalement 'la coupable', mais il m'est arrivé d'expliquer au dos d'un bulletin en principe en faveur d'un candidat local donné que, si en telle et telle circonstance il ne s'était pas comporté avec une insigne lâcheté, son parti aurait eu mon suffrage que cependant je ne souhaitais pas accorder à l'un ou autre de ses adversaires, vu qu'il me paraissait plus important de lui faire savoir pourquoi il avait perdu au moins une voix acquise, et que les élections me paraissaient donc la circonstance rêvée pour lui sonner les cloches !
Je peux vous dire que cela fait un bien fou, ce qui est déjà en soi d'une insigne utilité, même si le texte est allé ensuite arbitrairement et connement à la poubelle sans lui avoir été communiqué !
Rédigé par : Catherine JACOB | 04 juillet 2008 à 10:42
@M.Patoulatchi
Et la comparaison avec les Harkis trahis et livrés, etc., vous ne la faites pas, ils ne vous émeuvent pas ? Vous auriez pu les citer aussi... Je comprends votre émoi "sélectif", rassurez-vous, j'en ricane. Soyez-en sûr, il est encore plus grossier que ce que vous supposez de mon propos.
Ceci dit, moi je n'en ai pas terminé avec vous. Trop facile de se débiner comme ça quand on est à court d'arguments sensés. Ce que je dénonce est le principe violé de la parole populaire souveraine et républicaine donnée et maintenue par ses représentants élus. Contre ça, vous n'irez pas, que vous en rêviez ou non. Car à vous efforcer, comme vous le faites désespérément, d'y aller, vous vous inscrivez précisément dans la même logique que ceux-là que je dénonce qui raflèrent ces personnes juives pour les livrer à l'assassin car ils agissaient, oui, précisément, exactement, sous l'égide alors d'un droit positif (les lois et statuts portants sur les Juifs), c'est-à-dire légalement mais au mépris des principes fondamentaux républicains. Vous transigez, moi non. S'il est légitime de livrer Battisti à la justice de son pays, le principe en vertu duquel il fut accueilli et protégé chez nous est supérieur à la légitimité de toutes les lois et autres qui justifieraient qu'on extrade cet homme et de ce fait cela devient une forfaiture que de s'y livrer, comme ce fut une forfaiture d'appliquer les lois légitimes vichystes concernant une catégorie de personnes en ignorance de ce principe irréfragable et fondamental qui leur sera toujours supérieur. Du Vel d'Hiv' à Battisti en passant par les Harkis, on se crache à la gueule. De ce crachat, moi je n'en veux pas. Maintenant j'ai terminé.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 04 juillet 2008 à 00:58
Catherine,
Vous écrivez « C'est le même cas que celui du principe de non rétroactivité lors de la modification d'une loi. D'autre part, la parole d'un président n'engage pas que lui ou son parti d'origine mais engage la France, ce qui n'est pas le cas de la parole électorale d'un candidat !! »
Que je sache, la parole d'un président n'est pas source de droit.
La parole présidentielle n'est pas loi.
La loi est votée par le Parlement - et il fait partie des attributions du président de faire respecter ce principe.
Or, je ne connais pas de loi d'amnistie pour les criminels condamnés par la Justice d'un pays européen et ami.
Or, je ne connais pas non plus de référendum qui aurait eu lieu à ce sujet.
En conséquence, je vous prierai de bien vouloir ne pas dire la République tenue par la politique initiée par un homme. Quant au statu quo, on peut tout lui faire dire. Il est parfois conviction. Il est tout aussi souvent veulerie.
Aïssa,
Lorsque vous comparez l'extradition d'un individu jugé criminel par la justice d'une démocratie amie avec l'entassement dans des trains en partance vers une destination d'où nul ne revient, d'hommes, femmes et enfants qui n'ont jamais été jugés, auxquels on ne reproche aucun acte précis mais l'appartenance supposée à une ethnie ou un groupe culturel, je pense que ressort de manière manifeste la grossièreté de votre propos.
Je n'ajouterai rien, il y a une limite.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 04 juillet 2008 à 00:03
Cher Philippe,
Serait-ce la lune noire qui assombrit
quelques esprits de notre petite galaxie !!
D. nous entoure et nous élève.
Notre démocratie est si fragile qu'il faut
la protéger partout.
Il faut que jaillissent des liens, des idées, des doutes, des espoirs.
Regardez. Il y a des gens géniaux, des créatifs, des gens de bon sens, des livres, de la musique,
des émotions, des pulsions de vie à éclairer
tout l'univers. Il y a aussi de grandes détresses que la seule culpabilité qui devient évidente est celle de notre infinie impuissance à ne pouvoir agir qu'un tout petit peu. Voter c'est déjà ça oh oh devrait chanter Christophe. Aimer, aider c'est aussi ça. ah ah. Sourire. Bonne soirée à vous.
françoise et karell Semtob.
Rédigé par : semtob françoise et karell | 03 juillet 2008 à 23:35
@ Catherine Jacob
Il y a "foutage de g..." à partir du moment ou celui qui sera venu, j'entends aura fait l'effort de quitter son nid douillet ou la perspective d'un dimanche au bord de l'eau, celui qui aura fait l'effort de venir exprimer que les candidats qu'on lui propose ne font pas l'affaire, celui-là, donc, est traité juste comme s'il n'était pas venu. Bulletin blanc = bulletin raturé = crotte de nez dans l'enveloppe = abstention = suffrage non exprimé. Par un bout ou par l'autre, ne pas venir, ou mettre un bulletin blanc, c'est pareil.
On se fout de ma g... comme le dit votre homonyme, si on n'entend pas que mon éventuel bulletin blanc exprime autre chose qu'un désintérêt pour la chose publique, une insatisfaction, une désapprobation, la demande, l'espoir d'autres propositions politiques.
Mais moi, par exemple, je m'en moque. Il y a longtemps que j'ai compris que tout cela n'est que mascarade. Depuis qu'on a éliminé le sacré de la sphère du pouvoir, tout cela est sans espoir. Dieu est mort, et la démocratie est une poupée de son, sans le moindre souffle d'esprit.
Rédigé par : Erig le Brun de La Bouëxière | 03 juillet 2008 à 17:29
Vous avez raté quelque chose ! Les 3 premiers Vargas étaient époustouflants... Après, un peu moins, me semble-t-il.
Rédigé par : Yves Duel | 03 juillet 2008 à 15:15
@Catherine J.
C'est tout simple, les bulletins blancs ne sont pas pris en compte dans les suffrages exprimés. Ce qui change tout. Par exemple, un vainqueur à une présidentielle avec 53% des suffrages exprimés, dans l'hypothèse où il y aurait 10% de votes blancs (hypothèse tout à fait réaliste car je pense que de nombreux abstentionnistes feraient le déplacement) ne pourrait plus se targuer que de 47,7% des suffrages exprimés ce qui est moins valorisant. (1 million de votants, 100 000 votes blancs, 477 000 votes pour A. A est vainqueur avec 53% des suffrages exprimés si on ne prend pas en compte les votes blancs mais ce pourcentage tombe à 47,7 si on prend 1 million comme base ; c'est pas sexy comme démonstration mais c'est au moins parlant). D'où l'unanimité touchante des partis politiques à refuser ce vote blanc reconnu dans d'autres pays où, c'est vrai, la plupart du temps le vote est en même temps obligatoire.
Ce qui m'amène à dire qu'il faut être vertueux pour se déplacer pour aller voter puisque finalement votre bulletin est considéré comme rien. Je comprends que certains préfèrent aller à la pêche quand il fait beau ou au cinéma, dans l'hypothèse inverse.
Rédigé par : catherine A. | 03 juillet 2008 à 15:02
@M.Patoulatchi
La parole donnée par Mitterrand, comme vous écrivez, a été respectée successivement et constamment par 9 gouvernements de droite comme de gauche sur une période de plus de 15 ans. Ainsi on ne peut pas écrire qu'il ne s'agissait là que du caprice d'un prince. C'est bel et bien la France et la République qui se sont engagées à travers cette parole donnée à Cesare Battisti de lui accorder asile et protection. La souveraineté populaire, comme vous l'écrivez encore, est passée, je vous y réponds, par 9 gouvernements successifs et trois législatures qui tous ont validé explicitement cette décision et cet état de fait. La realpolitik et la justice, c'est vous qui les confondez. Car, en l'espèce, la realpolitik est ce à quoi nous assistons actuellement qui consiste pour un gouvernement à renier la parole républicaine pour complaire idéologiquement à un autre gouvernement étranger même d'un pays ami. On écrase le principe sacré pour un quelconque pragmatisme. Maintenant, je vous le demande, puisque vous semblez si féru de justice : ce gouvernement actuel qui livre ainsi Battisti va accueillir prochainement (Sarkozy l'a clairement exprimé publiquement hier soir) ceux des FARC qui souhaiteront asile chez nous. Soit. Si cela peut ramener la paix dans leur pays, ce sera une bonne chose. Mais en quoi Battisti leur aurait été pire dans la lutte armée voire le crime, qui justifiât qu'on trahisse celui-ci et le livre ainsi, au mépris de nos propres valeurs de la parole républicaine donnée, et qu'on accueille en lieu et place ceux-là en vertu de cette même parole républicaine donnée ? Les livrera-t-on demain aussi ceux-là s'ils acceptent ce refuge chez nous ? Dans quelques années, un autre président, un autre gouvernement les trahiront-ils pareillement ? En notre nom, au nom de la souveraineté populaire, notre souveraineté.
Voyez-vous, monsieur, que vous le vouliez ou non, la France revient à ses vieux démons. Ainsi quand elle livra les siens Juifs de France et les Français juifs sous l'Occupation, y compris les enfants car elle y mit du zèle naturellement ; ainsi quand elle livra, les désarmant lâchement auparavant, les Harkis et tous ceux qui lui demeurèrent fidèles à ce moment... Aujourd'hui, Battisti. Demain qui encore ?
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 03 juillet 2008 à 11:52
@Marcel Patoulatchi
"Le fait qu'un président de la République soit partisan d'une approche d'un problème condamne t-il tous les futurs présidents à la suivre ? Si tel est le cas, ce pouvoir est exorbitant. Où est passée la souveraineté populaire ?"
C'est le même cas que celui du principe de non rétroactivité lors de la modification d'une loi. D'autre part, la parole d'un président n'engage pas que lui ou son parti d'origine mais engage la France, ce qui n'est pas le cas de la parole électorale d'un candidat !!
Enfin, on peut changer d'attitude à l'égard d'une nation étrangère dès lors que les relations à l'international évoluent en sorte que le changement d'attitude évoqué paraît requis, on ne peut pas renier les engagements pris à l'égard de particuliers tant que la situation qui les a motivés n'est pas l'objet d'une modification de leur fait ou qu'il n'y a pas eu de manquement de leur part aux conditions de l'engagement si condition(s) il y avait !
Ex: Les emprunts russes ! Lesquels ont à la longue été remboursés à hauteur de 0,8% du montant total, mais à l'Etat français et non aux malheureux épargnants particuliers ou à leurs ayant-droits.
S'il est devenu totalement inutile de critiquer quoi que ce soit dans ce cas particulier à moins d'avoir envie de perdre son temps, c'est tout de même notre droit d'exprimer un éventuel ressentiment ou ou notre désapprobation ou simplement notre ironie à cet égard !
Tant que les gens accepteront que le droit du plus fort modifie arbitrairement et unilatéralement un contrat (et un engagement ou une promesse est un contrat) dont la conclusion n'a pas été entachée de quelque vice de forme, ou viciée par quelque clause illicite au moment de sa conclusion, et en dehors de toute force majeure, il n'y aura pas de vivre ensemble harmonieux possible !
La raison d'Etat ne saurait de même être invoquée pour rompre unilatéralement un engagement à l'égard d'un particulier en dehors d'une clarté suffisante sur les motifs qui font qu'on l'invoque et d'un consensus citoyen à peine de faire courir un grave danger aux libertés publiques d'une façon générale !
Le citoyen français n'est pas une blonde à laquelle on peut se contenter de dire grossièrement: "Sois belle et tais-toi !"
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 juillet 2008 à 11:46
@catherine A.
"Aujourd'hui lorsque vous vous déplacez pour voter, si vous mettez un bulletin blanc dans l'urne, votre bulletin va direct à la poubelle et vous êtes considéré comme étant resté chez vous."
Pour pouvoir glisser son bulletin dans une urne il faut être inscrit sur une liste électorale, justifier de son identité et comme vous le faites également remarquer, signer sur la liste en regard de ses nom et prénom(s).
Comme personne ne connaît en principe le contenu de l'enveloppe bleue ou marron selon les cas - (à moins de piéger l'isoloir, mais cela ferait un tel scandale que les responsables de l'administration coupable ne s'en remettraient pas) - quand bien même votre bulletin serait blanc ou nul pour une raison quelconque, vous êtes dans l'exacte situation de quiconque s'est déplacé pour voter, vu que le scrutateur aura déclaré : "A voté"!! à votre passage comme à tous les autres !
Ensuite on apprendra M.X tant de voix, M.Y tant de voix, sur tant de suffrages exprimés tel pourcentage de bulletins blancs ou nuls, tant d'abstentions, puis c'est l'ensemble des bulletins qui une fois décomptés, ira à la poubelle !!
Je ne vois pas où est le "le foutage de gueule" en dehors de celui des électeurs qui estiment qu'il fait trop beau ou au contraire trop mauvais pour distraire un petit quart d'heure de leur dimanche pour se rendre aux urnes et préfèrent le passer à crier sur leurs gosses ou envoyer une tarte à bobonne, puis ensuite critiquerons le candidat sortant et le candidat battu, tout en profitant du bénéfice d'élections libres avec plusieurs candidats en lice.
Puisque Christophe se targue de n'avoir jamais exercé son droit de vote - ce qui participe en effet de ce droit - , je vote pour ma part pour qu'il respecte aussi le droit des auteurs littéraires à ce que l'hommage qu'il leur rend s'exerce entre des guillemets en bonne et due forme !!
Je vote aussi pour que le preneur de son de France2 restitue un son correct à son vieux piano ! C'est possible !
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 juillet 2008 à 10:02
Aïssa Lacheb-Boukachache et Catherine,
Qui est détenteur de la « parole de la République » ?
Le fait qu'un président de la République soit partisan d'une approche d'un problème condamne t-il tous les futurs présidents à la suivre ? Si tel est le cas, ce pouvoir est exorbitant. Où est passée la souveraineté populaire ?
Aussi, le motif légitime de la défense des anciens terroristes d'extrême gauche italiens serait la parole donnée par Mitterrand ?
Quant à l'Italie, le motif de la cessation des poursuites et de l'effacement des condamnation devrait être la sympathie pour la France ?
Et les crimes commis, vous en faites quoi dans tout ce fatras ? Vous confondez Justice et Realpolitik de mauvais aloi.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 03 juillet 2008 à 09:36
Omar et Fred : « Service après-vente des élections… ! » Christophe ne vote pas…. ?
« Il me semble que face à la vacuité de notre démocratie contemporaine la seule attitude cohérente consisterait à remplir les urnes d'un vide cette fois bien réel… » nous dit Julien.
Lors des dernières élections présidentielles, du « vide a voté » (des non-inscrits… ou des électeurs à la mode Corse… !). En effet, il fut découvert grâce aux machines à voter, notamment à Reims et à Issy-les-Moulineaux, un écart de 48 voix… en trop… de votes exprimés ! Ce qui ne chagrina pas le Conseil Constitutionnel !!
C’est peut-être l’avenir !! Des machines à voter qui votent, sans l’électeur, « correctement », bien sûr ! Les Français pourront ainsi partir en week-end… :-)
Donner un sens au vote blanc.
Imaginez Chirac-Le Pen : 80 % de votes blancs !!!
Mais, est-il normal d’avoir comme candidat, un individu poursuivi par la Justice ? Ou encore deux candidats poursuivis par la Justice ?
Je connais le refrain : « Présomption d’innocence »…
Si ce vote blanc était reconnu, il faudrait alors que les candidats soient un peu plus humbles et un peu plus modestes… Il faudrait encore donner davantage de chances aux candidats qui ne représentent pas les partis politiques dominants…. Il y a trop d’ambitions à satisfaire pour l’accepter.
Peut-être sommes-nous des amateurs de leurres ?
Les Etats-Unis auraient, paraît-il, une participation inférieure à la France lors de leurs élections !
Rédigé par : Marie | 03 juillet 2008 à 08:18
@marcel
Mettre un bulletin blanc dans une urne signifie que l'on prend au sérieux une élection, que l'on a envie d'être partie prenante de cet exercice démocratique, que l'on est attaché à cette liberté de choisir ceux qui nous dirigent et pour laquelle certains sont morts et meurent encore mais cela veut dire aussi qu'aucun des candidats proposés ne convient. Si les partis sont d'accord pour refuser cette prise en compte c'est qu'il faudrait bien afficher que le candidat élu ne l'a été qu'avec un pourcentage réduit des votants voire ridicule et évidemment cela la fiche mal. C'est dommage car je pense que cela amènerait ces partis à plus d'exigences dans le choix de leurs représentants ; quelle que soit l'élection.
Aujourd'hui lorsque vous vous déplacez pour voter, si vous mettez un bulletin blanc dans l'urne, votre bulletin va direct à la poubelle et vous êtes considéré comme étant resté chez vous. C'est un pousse à l'abstention. Non, il y a tout de même une petite différence, vous émargez sur la liste des votants et vous avez un petit tampon sur votre carte d'électeur. Le comble de l'hypocrisie et du "foutage de gueule" (désolée Philippe pour cette vulgarité).
Rédigé par : catherine A. | 02 juillet 2008 à 18:44
Lisez les romans de Marc Dugain, il est le frère de Vargas et écrit super-bien.
Rédigé par : bruno | 02 juillet 2008 à 17:55
Pourquoi Fred Vargas a-t-elle soutenu Battisti ?
J'ose une hypothèse farfelue : et si le corporatisme n'était pas l'apanage des seuls magistrats ?
;)
Rédigé par : Mussipont | 02 juillet 2008 à 14:50
"Bernard-Henri Lévy", encore ?
C'est vrai que les grands ancêtres avaient une autre allure !
Même ma fille de 15 ans et 32 dents fredonne parfois du "ChriChri", jamais du "jojo" et encore moins du "BHL", surtout pas du BHL roi de l'indignation sélective visible, lisible ou télévisuelle.
Un artiste ne saurait être comme le tout venant. Pink cadillac and black stocking, yeah !
Rédigé par : Patrick Marguillier | 02 juillet 2008 à 12:54
Tout d'abord je n'ai lu que vous, ensuite j'ai eu la curiosité malgré tout d'aller un peu plus loin et j'ai lu le texte de Fred Vargas que vous incriminez et qui se trouve à cette adresse où il porte le titre "L'arbre qui cache la forêt" : http://cesarebattisti.free.fr/articles/foret.html
Si vous lisez bien, et je sais que c'est parfaitement le cas même si parfois vous me donnez l'impression de ne pas retrouver vos lunettes, il ne s'agit pas tant de la défense de cet activiste italien d'extrême-gauche - qui pour ajouter à son malheur est l'homonyme d'un révolutionnaire irrédentiste ('doctrine politique énoncée en 1870 par des nationalistes italiens qui revendiquaient l'annexion de l'ensemble des territoires de langue italienne ou supposés tels'; ce qui peut donc avoir des relents d' annexion des Sudètes de Tchécoslovaquie pour les mêmes motifs les 29 et 30 septembre 1938!) -, que du procès de son procès et de ce que pourrait bien cacher l'absence de respect par la France des engagements formels de l'un de ses présidents !
Et donc à la limite, ce n'est pas réellement le cas Battisti qui semble l'intéresser en lui-même que ce dont les marges de ce cas peuvent être symptomatiques !
Personnellement, cette question du respect des engagements m'intéresse beaucoup.
Par exemple dans le cas du vol de plusieurs Gallé au Musée d'Art Nouveau de Nancy, pièces qui ont été retrouvées au Japon dans la collection d'un amateur japonais les ayant acquis légalement aux yeux de la loi japonaise qui, à l'époque - j'ignore ce qu'il en est aujourd'hui - ne considérait pas le cas comme du recel.
Le magistrat chargé de l'instruction a sollicité d'un homologue japonais non pas la restitution qui, telle quelle, ne se pouvait, mais le simple prêt momentané au titre de pièces à conviction et pour la bonne marche de son instruction, des objets concernés que des membres de la brigade spéciale de lutte contre le trafic illicite des biens culturels et des œuvres d’art ont, il me semble, été chargés de convoyer ; puis il les a purement et simplement fait restituer au Musée nancéen.
J'avais, à l'époque, émis publiquement une critique de l'absence de respect de sa parole par le magistrat vu que pour qui est amené à travailler régulièrement avec le Japon, ce sont des choses qu'on se voit tout aussi régulièrement renvoyer dans les gencives alors que personnellement on n'y est pour rien et qu'on s'efforce, qui plus est, d'expliquer les subtilités du droit - du moins telles qu'on y a accès soi-même - à l'interlocuteur dont quelque part on partage malgré tout aussi le point de vue.
Ce dernier est en particulier que, vu l'importance du japonisme dans l'art de Gallé - point que j'avais fait notamment valoir à une époque où personne n'avait encore eu l'idée d'en faire un argument touristique, autrement dit du temps où l'art nouveau était considéré comme éminemment KITSCH et tout juste digne d'intéresser 'le goût germanique'...! - on pouvait être heureux que les amateurs japonais s'y étant reconnus, leur intérêt n'ait pas peu contribué à remettre cet art au goût du jour en lui donnant une plus-value très considérable, laquelle faisait que, accessoirement, il avait finit pas intéresser aussi le milieu du banditisme.
Il existe au Japon un magnifique musée consacré à la verrerie de Gallé et les collectionneurs privés japonais sont de même prêts à dépenser des sommes très considérables pour l'acquisition d'une pièce.
Site du Musée : http://www.emile-galle-museum.co.jp/
Plan: http://www.tochinavi.net/shop/map.shtml?s=1197
Ceci étant, il est bien clair que le vol est du vol et le banditisme du banditisme mais il est tout aussi clair que pour lutter contre le trafic illicite des œuvres d'art, en particulier celles-là, la coopération des institutions judiciaires étrangères, et en l'occurrence de la justice japonaise, ne peut qu'être d'une aide précieuse, et que si l'on fait perdre la face à l'un de ses magistrats en s'asseyant purement et simplement, qui plus est, sur la législation de son pays, ce n'est pas la meilleure idée que l'on pouvait avoir, et il serait sans doute intéressant de savoir qui l'a inspirée !!
Personnellement, et vu l'entrain mis à les retrouver, je ne suis pas absolument persuadée que ma propre collection d'objets précieux - notamment une céramique du 17ème siècle et plus récemment d'autres objets encore - n'aient pas fait, eux aussi et accessoirement, les frais de cette histoire, sans compter d'autres 'petits soucis'...
Néanmoins, je maintiens fermement cette position difficile qui est que si les législations doivent faire l'objet d'un respect mutuel, de même la parole donnée parce qu'il y va de l'honneur de la France, il convient également de ne pas être trop, disons, et naïf et rigide, et sans doute aurait-il fallu plutôt négocier quelque chose comme un dédommagement quelconque du collectionneur japonais, ou encore obtenir qu'il en fasse tout simplement don au Musée par exemple, ce qui connaissant leur disons fierté, n'aurait peut-être pas été impossible.
Mais pour cela, il faut aussi écouter les spécialistes de préférence aux étudiants, ou aux gens qui ne considèrent en toute chose que leur propre intérêt ou encore aux journalistes et... assimilés !
En lieu et place, les uns passent ensuite pour des voleurs et des protecteurs de voleurs et les autres pour des hypocrites menteurs jusque dans les milieux où la chose est a priori difficilement concevable et il se décrète que, décidément on ne peut pas leur faire confiance, ce qui n'est pas sans générer quelques autres problèmes sans aucun rapport avec l'incident initial ! Mais bon quand on voit le consulat général préférer par la suite l'exposition d'affiches à celle d'œuvres originales, on n'est pas sans se poser quelques petites questions !
Rédigé par : Catherine JACOB | 02 juillet 2008 à 12:34
La démocratie aurait un sens s'il était possible pour le peuple de démettre quand il le voudrait ceux qu'il a élus. Pour cela, le référendum d'initiative populaire serait la meilleures des choses. Le définir et l'organiser selon des règles constitutionnelles ne devrait pas poser problème insoluble à nos grands constitutionnalistes et autres législateurs. Cependant, on se gardera bien de le faire tant on considère que le peuple n'est pas "mature" intellectuellement. Si ce référendum existait ou si seulement des élections législatives avaient lieu demain, ce Parlement et ce gouvernement ne resteraient pas un mois de plus en place tant ils déçoivent les attentes populaires. Notre démocratie aujourd'hui, c'est, hélas: "mets ton bulletin dans l'urne et casse-toi, pauvre con". De Mitterrand à Sarkozy, c'est toujours l'impression pénible de les entendre en sourdine comme en cette phrase de ce Borgia qui devint Pape : "Dieu nous a donné la papauté, vite, dépêchons-nous d'en jouir..." Ne pas voter est un acte de résistance, une contestation politique quant à ce que l'on considère à tort ou à raison comme une parodie de gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Cette attitude est plus que respectable et il conviendrait, sauf à en rajouter dans l'hypocrisie politique et institutionnelle, de la prendre constitutionnellement en compte.
Fred Vargas est une femme admirable. Je ne la connais pas personnellement et je le regrette. Elle a bien raison de soutenir et plus que cela Cesare Battisti car s'il est son ami, c'est aussi la défense d'un principe qu'elle met en avant dans ce combat : celui de la parole donnée de la République. Cette parole qui accueillit en notre sol cet homme et lui donna asile en toute connaissance de son passé et de ses luttes. C'est une honte pour notre gouvernement de salir ainsi le jugement de la République et de la faire parjurer ainsi comme une vulgaire catin. L'Italie, qui est un pays ami, devrait comprendre cela et renoncer pour notre honneur puisque nos gouvernants en viennent ainsi à traîner dans la boue et l'ignominie nos principes fondamentaux qui sont les leurs aussi, puisque nos gouvernants n'ont plus d'honneur. Qu'ils s'expliquent : ils (nos gouvernants) ont décidé d'accueillir chez nous et ainsi de leur donner asile les militants et combattants des Farc colombiens en échange de leur reddition et de la libération de leurs otages. Sont-ils moins pires que Battisti ? Leur combat est-il différent ? Ont-ils tué moins ?...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 02 juillet 2008 à 12:14
Julien, vous écrivez que « l'abstention, en tant que dénonciation de la faiblesse de l'offre politique, peut l'être beaucoup plus ». Catherine, vous revendiquez la reconnaissance du vote blanc.
Mais comment déduisons-nous ce qu'un silence veut dire ? L'abstention peut être interprétée de mille manière. Et il est possible de faire dire tout ce que l'on veut à ceux qui se taisent. Les absents n'ont-ils pas toujours tort ?
Même si je n'ai rien contre, je me demande quelle peut être la traduction du vote blanc ; sachant que le blanc, pur, sans compromis, pouvant être interprété par chacun comme il le désire, sera toujours plus séduisant que n'importe quel candidat.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 02 juillet 2008 à 11:34
Cher PB,
Vous vous promettez de lire un rompol de Fred Vargas ? Est-ce à dire que la lecture des dossiers qui font le quotidien d'un Avocat Général ne nourrissent pas votre intellect que vous en soyez réduit à combler ce manque par les enquêtes sans méthode d'un flic philosophe aux relations alambiquées avec sa petite chérie mélomane ?
A moins que ce soit au contraire le côté intuitif et anachronique du personnage qui vous soulage en vous évadant sur quelques lignes des contraintes carcérales de vos fonctions ?
Pour ma part j'ai savouré l'entretien (terme qui convient mieux qu'interview) de FV à rue89. J'apprécie cette sensibilité qu'elle habille de désinvolture.
Pas vous ?
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 02 juillet 2008 à 11:01
Philippe, peut-être, si le vote blanc était reconnu en France, y aurait-il plus d'électeurs. Ne pouvez-vous pas comprendre que certains, juste pour revenir à l'élection la plus récente, n'aient eu aucune envie de choisir entre les deux candidats ? Ceux-là n'ont d'autre choix que de s'abstenir car s'ils votent blanc, leur vote n'est pas comptabilisé ; autant donc aller à la pêche ou rester les orteils en éventail sous un arbre à regarder voler les petits oiseaux. Quant à Fred Vargas, peut-être y a t-il au départ de sa mobilisation l'admiration pour l'écrivain que Battisti est devenu. J'ai lu il n'y a pas si longtemps plusieurs de ses romans parus au Masque dont l'Eau du Diamant et j'avoue avoir été plutôt agréablement surprise. Puis l'amitié et la fidélité qui lui font prendre de vrais risques alors qu'elle pourrait se contenter du confort de son succès. En cela, quoi que l'on pense du bien-fondé de sa démarche, Vargas, archéozoologue et historienne, est formidable et originale.
Rédigé par : catherine A. | 02 juillet 2008 à 10:37
"Il n'empêche que Christophe, cultivé médiatiquement pour ses pensées au-delà du raisonnable, peut aussi proférer des absurdités d'autant plus choquantes qu'elles ne sont même pas relevées."
Sans doute n'est-ce pas facile de faire entendre quelque critique que ce soit à l'encontre des artistes sponsorisés par France2 !
Vous évoquez des absurdités mais on peut aussi évoquer Eluard, il me semble, à propos de ses nouveaux textes qui reprennent parfois cet auteur textuellement !
Mais comme vraisemblablement peu du public, de la mamie à la petite fille, qui supporte Christophe a jamais appris de poésie par cœur, pourquoi pas ! Allons-y gaiement !! Et tant qu'à faire, dans le registre en principe le plus connu !
"Fred Vargas n'est-elle pas détournée de mettre sa personnalité au service de combats plus universels par l'impression que ceux-ci feraient déjà l'objet d'une adhésion de principe ?"
Je crois que le grand psychologue en vous a vu juste!
"Au regard de l'évolution de notre classe médiatico-intellectuelle, l'étonnant aurait été de voir Bernard-Henri Lévy ne pas applaudir Battisti."
Haha haha ! Vous allez bientôt me donner envie à moi aussi de poster une apologie de BHL !!
Rédigé par : Catherine JACOB | 02 juillet 2008 à 10:36
Cher Procureur. Vous soupçonnez Christophe de mépris de la foule parce qu'il ne vote pas. Je ne connais pas ce garçon, je ne m'intéresse pas à son "art", et je ne perdrai pas mon temps à déterminer si cela relève plutôt d'une posture ou d'une autre. Mais il me semble important de vous dire à quel point le mépris des urnes me paraît une attitude non seulement défendable et cohérente (en tout cas tant qu'on ne reconnaîtra pas la valeur du bulletin blanc, actuellement relégué au rang de "suffrage non exprimé"), mais encore la seule qui vaille au regard de la situation politique.
Il m'aurait fallu voter pour une dame qui, postulant au poste de chef des armées ignorait combien nous avions de sous-marins, et louait (vous en souvient-il ?) la célérité et l'efficacité de la justice chinoise (le sort qu'elle aura réservé au responsable, lors de sa campagne, des questions économiques montre bien qu'il y avait là plus qu'un lapsus). Il m'aurait fallu voter pour un épouvantable parvenu égocentrique, inculte fasciné par le toc et tout ce qui contribue à abaisser l'individu, l'insulte à la bouche et le doigt pointé ? Il aura fallu après ce scrutin voir les traîtres se congratuler et s'ajouter aux traîtres ? Je n'ai pas voté, et je m'en fais une gloire et un honneur. Pas un de ceux qui se pensent assez haut pour présider à NOTRE destin ne recevra jamais mon soutien.
La (re) lecture de Tocqueville et du destin qu'il prédit (et qui s'est réalisé) aux "démocraties modernes" suffit à donner raison à ceux qui croient que nos régimes sont des fruits pourris qui ne demandent qu'à tomber.
Rédigé par : Erig Le Brun de La Bouëxière | 02 juillet 2008 à 10:25
Personnellement, je préfère Fred et Omar.
J'avoue avoir eu du mal à comprendre le soutien qu'accordaient à Battisti un certain nombre d'artistes et d'intellectuels et j'avais eu à l'époque un échange d'e-mail avec Pierre Marcelle (de Libération) qui ne m'avait pas convaincu.
Au fait, on parle toujours d'intellectuels mais les manuels, qui en parle ? N'ont-ils pas, eux aussi, le droit de soutenir Battisti ou Rouillan ou Besancenot !
Rédigé par : Polochon | 02 juillet 2008 à 09:09
PS : Florian Zeller est un écrivain surévalué, il est le compagnon de Marine Delterme meilleure amie et témoin de mariage de Carla Bruni. Bon, donc, Paris Match est la succursale de placement des amis des amis des amis du Président, en attendant France 2 et France 3.
Rédigé par : SR | 02 juillet 2008 à 08:31
Christophe est cohérent avec lui-même, il vit la nuit, et pendant des décennies s'est baladé dans Paris à bord d'une Cadillac rose, affirmant ouvertement un fantasme fréquent : le port de bas de soie noire et lunettes sombres, cheveux au vent. On peut se souvenir de lui fréquentant assidûment la Closerie des Lilas à partir de 22 heures. Les bureaux de vote à Paris ferment à 20 heures, trop tôt, ils sont nombreux les décalés, et franchement ils n'ont pas tort, entre Royal et Sarkozy certains ont fait l'effort de se déplacer pour voter blanc sachant que leur vote ne serait pas pris en compte. Alors, Christophe peut prendre une posture de mec un peu anar', au moins sa croyance va à la musique et aux nuits blanches, pas au sens civique. Un rocker crooner comme lui vaut mieux qu'un Johnny Halliday ostentatoire sarkozyste profitant bien du système français comme les aides des municipalités pour ses concerts et hurlant au racket fiscal après avoir été débouté de sa demande de nationalité monégasque.
Rédigé par : SR | 02 juillet 2008 à 08:05
J'ai 25 ans, j'ai souvent voté, et je n'en suis pas fier. Il me semble que face à la vacuité de notre démocratie contemporaine la seule attitude cohérente consisterait à remplir les urnes d'un vide cette fois bien réel. Ah, une bonne grève des électeurs ! Trouvez-vous que la participation soit forcément un signe de vitalité démocratique ? L'abstention, en tant que dénonciation de la faiblesse de l'offre politique, peut l'être beaucoup plus.
Rédigé par : Julien | 02 juillet 2008 à 07:57
"Si celle-ci changeait de registre, elle serait formidable."
...à vos yeux, peut-être...
d'autres écriraient : "...elle serait banale"
"savourer le plaisir aristocratique de déplaire" dit-elle...
Rédigé par : sbriglia | 02 juillet 2008 à 00:38