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04 juillet 2008

Commentaires

Benjamin

Ce projet mérite la poubelle, ne serait-ce que par l'absence de garde-fous concernant la communicabilité (n'importe quel policier ou gendarme peut en faire la demande), ou par l'indication de l'orientation sexuelle ou l'appartenance à un syndicat. Ces informations sont dignes d'une police politique et morale, et vont bien au-delà du simple maintien de l'ordre.

Catherine JACOB

@Christiane

"Et quand je me pose ces questions, ce mineur me touche profondément. J'ai alors envie de m'asseoir près de lui et de l'écouter parler de sa vie, aussi longtemps que ce sera nécessaire, pour qu'ensemble, on puisse faire surgir un face à face où il sera un partenaire du dialogue, un à qui je pourrai dire : - Alors qu'est-ce que tu proposes pour la suite ? Pour que la suite soit belle..."

Attention cependant à garder la distance, sinon vous pourriez bien figurer dans Edvige avec photo et commentaire à l'appui : "S'assied à moins de cinq centimètres des mineurs de treize ans !"!!

val

BRAVO pour cette minutieuse analyse. Pourriez-vous nous faire la même en y associant l'idée de la Démocratie ? Et définir en passant quels seront très précisément les critères OBJECTIFS qui seront retenus pour ne pas être fichés ? Enfin, si me répondre ne vous fait pas perdre votre temps, que penseriez-vous de son annulation immédiate par le CONSEIL D'ETAT ?
Merci mille fois par avance.

Christiane

C'est la première fois que je viens sur ce blog et c'est le premier article (suivi de ces commentaires) que j'y lis.
Ce qui m'a accrochée ? Qu'on y évoque cette "Edvige" et ces mineurs de 13 ans et plus qui, en bandes aux identités... provisoires, perturbent la vie des cités.
Ma première réaction est de singulariser le mineur en question. Qui est-il ? Où vit-il ? Dans quelles conditions ? Va-t-il encore à l'école ? Comment ça se passe pour lui ? S'il n'y va plus, pourquoi et de quoi est emplie sa vie ? Quel acte répréhensible a-t-il commis ? Envers qui ? S'il est "récidiviste", quel accompagnement a été mis en place depuis son premier passage devant la justice ? Quel est son histoire familiale ? Scolaire ? Dans la cité ?
Puisque la société l'a généré autant que sa famille, que lui a apporté cette société depuis qu'il est né ? Qui l'a écouté ? Où ? Et combien de temps ? Qu'est-ce qu'il aime dans la vie ? Quelles sont ses valeurs ? Ce qu'il respecte ou ne respecte pas ?

Et quand je me pose ces questions, ce mineur me touche profondément. J'ai alors envie de m'asseoir près de lui et de l'écouter parler de sa vie, aussi longtemps que ce sera nécessaire, pour qu'ensemble, on puisse faire surgir un face à face où il sera un partenaire du dialogue, un à qui je pourrai dire : - Alors qu'est-ce que tu proposes pour la suite ? Pour que la suite soit belle...

Marie

http://www.liberation.fr/actualite/societe/282613.FR.php

« Le syndicat dénonce une demande du ministère de la justice : la transmission de certains jugements concernant des étrangers, adultes et enfants. Des jugements où sont inscrits les noms des justiciables et des magistrats.

« Deux notes émanant de la Chancellerie les 14 mai et 20 septembre sont en cause, selon le syndicat. La première concerne les décisions rendues par les juges des libertés et de la détention (JLD), qui statuent sur les cas d'étrangers placés en centre de rétention en vue de leur expulsion. Ces juges peuvent refuser de prolonger la rétention et prononcer une remise en liberté lorsqu'ils estiment que la procédure est irrégulière. La seconde traite des procédures d'adoptions d'enfants. »


Flicage des enfants de CM2 : Des enfants soumis « à la question » à l’insu de leurs parents !


Rien que de très normal direz-vous. Sauf que les dits documents, une fois complétés par les élèves devaient être retournés directement au ministère SANS QUE LES INSTITUTEURS LES AIENT CORRIGÉS. En outre, contrairement aux autres évaluations les parents n’avaient pas à prendre connaissance des évaluations de leur enfant....et pour cause !

….

« PARTIE 4 QUESTIONNAIRE. On précise bien au bambin, qui a déjà fait auparavant 3 séries d’évaluations que « ici toutes tes réponses sont bonnes, il n’y a pas de mauvaises réponses ».
Et ça commence très fort avec des questions du type : « Es-tu né en France ? » « Ta mère est née en France ? » « Ton père est né en France » « Quelle langue parles-tu à la maison ? » « D’habitude qui vit avec toi à la maison ?
a) ta mère b) une autre femme tenant le rôle de ta mère a) ton père b) un autre homme tenant le rôle de ton père" ….»

http://www.everyoneweb.fr/lec/

(4ème questionnaire)

Aïssa Lacheb-Boukachache

@CJ

Vous en faites tout un pataquès pour si peu. J'ai demandé plus tard, bien sûr, mais ça ne m'a pas avancé ; elle vendait ça ce jour, me dit-elle, comme l'autre vendait des allumettes toujours... Ca m'a paru court comme retour. Peut-être aurais-je du le prendre pour... petite table comptant.

Salutations.

Aïssa.

Catherine JACOB

@Aïssa Lacheb-Boukachache
"je n'ai pas EDVIGE à ma disposition pour tout savoir de cette personne et ses étranges manières... Mais il y a vous ; c'est plus sain."

Me répondez-vous lorsque je vous dis :
"posez-lui donc carrément les questions qui vous préoccupent et vous verrez bien ce qu'il en est."

Il n'y a rien de plus sain ni de plus 'sanctifiable' autrement dit de plus respectueux de la personne que de poser aux gens les questions qui les concernent, plutôt que de toujours tout vouloir savoir par la bande. Surtout quand on joue au billard comme un pied !

Commencer par supposer qu'on ne pourra que vous mentir et qu'il faut donc commencer par se prémunir contre un tel mensonge présumé à venir ainsi qu'empêcher la vérité que vous recherchez de se préoccuper de se cacher dès lors qu'on saura que vous la recherchez, ce n'est pas postuler de devenir un ami, mais se comporter d'emblée en flic. Autrement dit considérer tout un chacun comme un suspect potentiel. A partir de là il ne faut pas se plaindre de ne pas avoir de véritable ami(e), à savoir de ne jamais pouvoir avoir affaire qu'à des miroirs reflétant votre propre comportement.
Comme le dit très justement Ingrid Betancourt, "lorsqu'on vous traite comme un chien, vous vous comportez comme un chien", pourtant vous n'êtes pas un chien, ajoutant qu'elle ne souhaitait ce qu'elle a subi à aucun animal.
Ce qui signifie encore : dès lors qu'on vous traite comme un suspect, que vous le vouliez ou non vous ne pouvez vous comporter autrement que comme un suspect.
Conclusion : si au final, vous vous faites prendre à votre propre piège, vous ne pourrez vous attendre à aucune indulgence !

Ceci étant, la non-réponse n'est pas seulement un principe de pédagogie Zen, mais aussi le signe auquel qui n'est pas un maître zen se laisse immanquablement repérer comme un pervers polymorphe. Personnellement, je ne fais pas de différence entre les gens pervers et les méthodes perverses.

Ceci étant encore, vous aurez beau disposer des meilleurs services de renseignements au monde, vous vous ferez toujours manipuler comme un bleu par le premier publicitaire venu dont c'est précisément le métier !
Or donc ! Soyez-vous même. Si vous voulez savoir quelque chose, demandez le, si on ne vous répond pas, passez à autre chose ou engagez-vous dans la police pour apprendre à obtenir les bonnes réponses sans vous retrouver impliqué dans des nœuds psychologiques très compliqués !

Ni belle, ni potiche...

GRAINDORGE MAURICE
"On attend la puce électronique dès la naissance,"

Mais déjà dans les années 80, certains d'entre nous étaient - et sont restés, malheureusement - identifiables par transpondeur... migrant, c'est là tout le problème, le leur et le nôtre, mon cher monsieur !

Patrick Marguillier

Pratique Edvige pour faire des affaires, je sens que je vais m'abonner...

Je vais savoir ce que vous avez dans le ventre, chaque fois que vous écrivez, vous êtes une mine d'informations le saviez-vous ?

Votre IP ne peut tromper sur l'identité de l'écrivain bloggeur, d'ailleurs, progressivement, mes amis de la CIA et moi-même installons des enregistreurs de frappe de vos claviers, et tout les x pixels selon la résolution d'écran, saut à la ligne.
Le mail c'est bien pratique, il suffit d'entrer dans le bon répertoire puis dans les fichiers sql et autres.

Vous êtes tous abonnés à EDVIGE et nous vous remercions de votre coopération insoupçonnée.

A partir de vos écrits je peux former vos traits de caractères, je ne vous apprends rien...
On peut même aller beaucoup plus loin.

Le tactile permet de photographier vos empreintes et de plus en plus on s'oriente vers la localisation des ADN.

Vous aller tourner fou, folle, cher et chère !

J'ai réussi il y a quelques mois à immiscer une caméra microscopique avec un simple logiciel devenu un cheval de Troie occasionnellement, chaque pixel devient un miroir de votre réflexion intense.

Le tout est de remonter votre IP hébergée, puis à travers transpac, jusqu'à votre ordinateur, quand la transmission se fera uniquement par électricité ce sera plus facile.

Tout le monde va être enfiché, ah... Heureusement que j'habite loin dans le désert, dans les grottes. Toute les parois sont comprimées à partir d'un carbure de tungstène qui peut résister à une température de 12 000 degrés, quelle tranquillité! j'ai toujours été contre l'asservissement que voulez-vous, à un certain age on ne se refait pas.

Loin des fous, et à l'abri de cette monstrueuse nature qui a crée la folie et milliard de sbires sans cesse à l'affût, je revis.
Eau fraîche, air sans scories, sable fin, je vis presque toujours en pagne, voire nu... un vrai bonheur. Le must de la civilisation. Travailler moins, pas du tout, se cultiver, voyager, lire, discuter, comprendre, dire que c'était de la science-fiction.

Mes générateurs s'alimentent avec le soleil, j'ai 50 générateurs au sixième sous-sol, de l'électricité en réserve pour 7 ans, cela en permanence. Un délai de 7 ans pour s'eteindre en cas de conflit nucléaire généralisé, ça laisse le temps d'accepter son extinction et de l'envisager dans la sérénité, de s'y préparer.

Plus besoin de supporter les fous, les notes EFD GDF et autres... le progrès, le vrai progrès ne vaut-il pas que si il est accessible à tous, non ? Un des meilleurs moyens d'éviter la jalousie, l'avidité, etc, à mon humble avis.

Mes arbustes alimentés par l'ultra violet ont bien pris et on donné leurs premières pousses, un véritable apport d'oxygène.
Une petite forêt.

Pour internet je m'alimente par les satellites et émet de la même manière.

Plus besoin de supporter les fous.

Mais je peux encore essayer de les convaincre de renoncer à cette vie de châtrés ou plus rien n'est nature, naturel.

Je vais aller boire un bol de lait de chèvre, ça va me détendre, puis je vais lire un bon livre, j'en ai fait transbahuter plus de 20 000.

Plus besoin de supporter les fous.

Je viens de regarder un DVD qui date de 2010 ou on voit Edvige vêtue de cuir, rayban et rollex promener des petits garçons en laisse
et collier étrangleur dans un camp militaire, elle ressemble un peu à Ségolène, il n'y a rien de naturel dans son visage pommadé, maquillé, c'est assez dégoûtant.

Ce dvd était épouvantablement médiocre, on aurait dit un mélange de juge dred et de robocop en plus sécuritaire et sans le moindre humour évidemment, on n'y voit plus le moindre homme. Ils sont censés être enfermés dans de vastes hôpitaux psychiatriques, une utopie ce DVD.

Ah ce qu'on est bien loin des fous, des malades, des psychosés(ées) de tout poil.

Cette société était vraiment malade à ces époques.

Sacrée Edvige, ils en ont bavé !

Si les citoyens se réunissaient pour fabriquer leur propre Edvige pour évaluer leurs élus, leurs mensonges, leurs engagements non tenus, leurs trafics ?

Certains avaient fait ça vers les années 2007/2008 avec les profs, une caste de fonctionnaire classée non privilégiée, les citoyens pourraient étendre avec les juges, les avocats généraux ? Et pourquoi pas tout les fonctionnaires ?

Ce sont mes congénères et moi-même qui les payons, on peut savoir ce que pensent nos employés tout de même, ce ne serait pas un luxe, les ministres, les présidents, les députés, les maires, tous sont nos employés.

Se comportent-ils bien ? Cela nous permettrait d'avoir des comptes rendus sur leurs tendances, leurs manières, leurs goûts, leurs pensées, leurs degré de subversion potentielle à notre égard, les degrés de dangerosité...

On l'étendrait à tous et toutes ?

Qu'en pensez-vous Monsieur Bilger ?
Et vous chers concitoyens ?

Une vaste base de données permettrait de savoir immédiatement à qui on a faire, la couleur de sa peau, ses tendances sexuelles, sa religion etc.

GRAINDORGE MAURICE

Caméras de surveillance ! ADN ! Biométrie ! Maintenant EDVIGE ?
On peut se demander aujourd’hui si l’Etat fait encore une quelconque différence entre « suspect » et « délinquant », entre « capable du fait » et « condamné ». Et si l’atteinte hypothétique à la « sûreté de l’État » – incluant des actes tels que aider les enfants de sans-papiers, se rebeller contre une autorité policière excessive, ou ne pas vouloir d’OGM dans son assiette – peut, dans une démocratie, servir de prétexte à la constitution d’un tel fichier. Il n’est pas sans rappeler les fiches du ministre Fouché qui comportaient renseignements, dénonciations et calomnies sur tout individu suspecté de ne pas être un bon sujet de l’Empire Sarko !
Et où s'arrêteront-ils ? On attend la puce électronique dès la naissance, avec les hérédités de race, de classe sociale ? Qui sait ?

Poncet

EDVIGE n'a pas de quoi faire peur ?

En effet. Ce n'est qu'une toute petite mesure d'accoutumance à l'inacceptable. Une petite dose acceptable d'inacceptable, si j'ose dire.

A force de s'adapter au réel, la droite ne le voit pas évoluer. Elle bouge avec lui, le nez collé dessus.
Elle ne voit pas que la démocratie, petit à petit, cesse d'être une réalité pour n'être plus qu'un mot. Arrive alors un jour où est démocratique ce qui émane du Grand-Démocrate-en-Chef.

Quand faudra-t-il réagir ? Crier avant d'avoir mal ne sert généralement à rien. Mais attendre d'avoir la certitude que la France ne soit plus une démocratie, c'est attendre le moment où il ne sera plus possible de réagir.

A moins qu'on ne prête "aux institutions" des vertus telles que la chose soit impossible ?
Ces vertus ne résident pas dans la finesse des écrits constitutionnels ou juridiques de toute sorte -un étudiant en 1ère année de droit peut y croire...- mais dans les intérêts contradictoires des individus ou des groupes qui composent ces institutions.

Mais tant que ces groupes ou individus restent apathiques, voire trouvent un intérêt à la dérive...

P.S. ne pas oublier que faire partie de l'élite cesse d'être une protection à partir d'un certain moment. Il faut d'abord ne pas déplaire, et rien n'est jamais certain en la matière.

Aïssa Lacheb-Boukachache

Merci, Catherine Jacob, pour tout ce temps consacré. Je voudrais faire un peu d'humour, écrivant que je n'ai pas EDVIGE à ma disposition pour tout savoir de cette personne et ses étranges manières... Mais il y a vous ; c'est plus sain.

Aïssa.

Catherine JACOB

@Aïssa Lacheb-Boukachache

Si c'est important pour vous je peux difficilement ne pas répondre.
Je ne suis pas spécialiste des civilisations asiatiques mais seulement de ce qui ouvre et ferme la différence et qui s'enrichit chaque jour de nouvelles pistes.

Je ne connais pas les coutumes spécifiques du Vietnam, je ne peux donc réagir à ce que vous me dites qu'a priori et sur la base d'éléments épars de votre petite anecdote.
Ce que m'évoque votre petite table dans un premier temps, allez donc savoir pourquoi c'est une réclamation que je suis allée faire auprès d'une société du Ban St Martin, dans la banlieue de Metz, spécialisée dans les portes et fenêtres et leurs fermetures au motif d'une double facturation s'apparentant d'assez près à une escroquerie aux assurances.
Me précédait devant le guichet du secrétariat une personne âgée qui leur avait apporté une sorte de chinoiserie du genre de celle que vous décrivez pour en faire refaire le verre de protection des ciselures du dessus. Je ne me remémore pas exactement ce qui était en cause, mais je me suis permis de faire observer à la vieille dame qu'elle me paraissait assez imprudente et le secrétariat a confirmé.

Les Japonais n'ont pas de ce genre de table si ce n'est sans doute dans les magasins de curiosités asiatiques implantés chez eux.
Je n'ai pas mon portable avec moi aujourd'hui donc je ne peux pas utiliser les caractères propres à opérer une recherche sur le web japonais pour vous montrer à quoi ressemble une TSUKUE (table japonaise), mais j'ai trouvé quelque chose d'assez approchant à cette adresse : http://www.thierrygerber.com/table_basse_61.html

Le problème que rencontrent les résidents japonais en occident avec les tables basses c'est la hauteur qui présente une différence de quelques centimètres avec les nôtres ce qui les gênent beaucoup. D'une façon générale, je n'ai jamais vu de japonaises faire ainsi du porte à porte si ce n'est dans les MUKASHI-BANASHI, autrement dit les contes et légendes. Il existe ainsi deux contes présentant un certain nombre de similitudes ; l'un est le conte de l'épouse palourde que les Chinois semblent connaître également, en ayant tiré l'argument d'une danse de nouvel an, ce qui permet de présumer l'histoire également connue au Vietnam, et l'autre le conte de l'épouse grue.

Dans ce dernier conte, un oiseau sauvé d'un piège par un pauvre charbonnier lui témoigne sa reconnaissance en venant frapper ultérieurement à sa porte sous l'apparence d'une très belle femme. Cet oiseau était un oiseau migrateur symbole de bon augure, autrement dit une grue (communément représentée bien sûr par la TANCHÔ ou Red-crowned Crane.)

Contrairement à votre vietnamienne, la grue venue frapper à la porte de Yokichi le charbonnier sous l'apparence d'une belle inconnue, ne lui propose pas de table basse, mais tout simplement de devenir son épouse. Après un certain temps d'étonnement, il finit par accepter une fois qu'elle lui certifie qu'il pouvait se reposer sur elle pour assurer le financement du ménage, ce qui arrive en effet. Ensuite on observe des circonstances qui ne sont pas sans rappeler d'un certain point de vue et pour partie, la clé fée de l'histoire de la Barbe Bleue.

Ceci étant, 30€ pour une table authentique cela me paraît vraiment bon marché, du moins s'il s'agissait d'un meuble japonais. Peut-être le prix de la table a-t-il été fixé en fonction d'un montant nécessaire et donc salvateur et dans ce cas vous auriez fait une bonne affaire.

Je ne sais pas ce qui vous entendez exactement par "est-ce que j'ai raté quelque chose ?", mais sur la base de la façon dont vous avouez dans un autre post traiter les étudiantes en master d'économie, je crois que je peux m'en faire une idée.

Que vous répondre à cet égard si ce n'est que pour traiter une table de 30 x 15cm sur 08cm de hauteur vendue quelques euros par une apprentie boulangère, comme la table qu'on imagine dans la cuisine de Claude Nougaro sur la base de ce passage :"Rien n'est plus doux que les mains d'une femme dans la farine
Oh ! c'est pas de la tarte, la pâtisserie ! Non, c'est pas du tout cuit
Faut l'ver la pâte et cela exige beaucoup d'énergie", il faut sans doute beaucoup d'agilité.

Mais puisque que vous me précisez apercevoir la dite personne de temps à autre dans votre quartier, posez-lui donc carrément les questions qui vous préoccupent et vous verrez bien ce qu'il en est.

Pour terminer, j'ajouterai encore que trois réveils paraissent vraiment beaucoup à quelqu'un qui se réveille en règle générale pile quelques secondes avant que son réveil ne sonne !


Pierre-Antoine

"Edvige n'a pas de quoi faire peur."

Sauf si vous habitez une cité de renom, parce que vos revenus ne vous permettent pas d'habiter ailleurs, parce que vous ne pouvez pas empêcher vos enfants de fréquenter la même école que les autres enfants, qui eux, c'est bien connu sont susceptibles de...
Vous ne pouvez pas les empêcher de prendre le même bus à la même heure, pour aller au même lieu de divertissement, et surtout de se faire prendre sur la même photo d'un Nikon numérique au zoom super puissant avec stabilisateur d'image.
Ce qui m'inquiète, ce n'est pas tant le fichier, c'est le "susceptible de..."

A ce jeu-là, même vous cher PB, vous êtes susceptible de... un jour... qui sait ce que la vie vous réserve...

Reste à savoir si la photo de groupe sur laquelle vous serez permettra de vous identifier.

Cordialement (avec pas trop d'humour)

Pierre-Antoine

Patrick Marguillier

@ Laurent Dingli

Bien d'accord avec vous, l'uniforme n'est plus le même, les connaissances non plus, aujourd'hui ils préfèrent la laisse et le costume qui l'entoure, ils ont même le droit de ne pas mettre la même laisse autour du cou.
Mais vaut mieux en mettre une au cas z'où...

Patrick Marguillier

Le quid de la dangerosité ? Je suis RMISTE, il m'est impossible de vivre avec la somme allouée par l'Etat, mon instinct me dit : va voler ou crève, j'attends de faire inculper l'Etat pour non assistance à personne en danger ou je vole et (ouf) je mange ?
L'Etat est donc coupable de dangerosité puisqu'il demeure incapable de traiter ce problème de l'emploi ou de la répartition de l'argent pour son cheptel un moment défavorisé.

Comment un Etat composé de dangereux individus dont certains ont bel et bien un casier judiciaire largement plus fourni que certains mineurs délinquants, peut-il composer le quid de la dangerosité ?

D'ailleurs pourquoi les hauts fonctionnaires ne sont-ils pas astreints à une visite chez un psychiatre avant d'exercer des fonctions qui vont concerner des millions d'individus ?

Les fonctionnaires de l'Etat ont-ils consultés des psy ? Je vous pose une question directe Monsieur Bilger, a-t-on pris les ADN de Charles Pasqua condamné à plusieurs reprises et donc multirécidiviste selon la loi Dati sur le multi-récidivisme ?

Les ventes d'armes c'est autre chose que les vols de scooters non ? On pourrait étendre...
Les lois valent bien pour tous?

Quand Sarkozy menaçait de frapper, "de casser la gueule" à Azouz Begag, ex ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances sous le gouvernement Villepin, est-il à considérer comme présumé dangereux ?
C'est bien une présomption de dangerosité les menaces, non ?

Le fait d'écrire ici et de dire une vérité sur un haut fonctionnaire me vaut-il d'être considéré comme potentiellement en état de dangerosité ?

Si je dis que j'ai les larmes aux yeux quand je vois une fillette palestinienne voire irakienne abattue par les amis US (par erreur le plus souvent, américains envoyés par l'illuminé Bush considéré par la moitié de la planète comme un terroriste (d'Etat) et ami de Sarkozy), SERAI-JE FICHE ? SUIS-JE EN ETAT DE DANGEROSITÉ ?

Quand est-ce que vous allez regarder où se situe la véritable dangerosité à propos des "enfants" ou des "mineurs" ? Elle se situe bel et bien dans l'incompétence des politiques à gérer notre société, le besoin des enfants pas roi, loin d'être rois, car la grande majorité des mineurs délinquants sont loin d'être des petits bourgeois "rois" gavés de play station et autre "luxes" agréables et fort confortables qui occupent et n'incitent guère à aller traîner faute de sérénité à domicile.


Je lis encore que des enfants de 13 ans ne sont plus des enfants mais des "mineurs",
Le terme mineur prend une connotation pénale, un peu comme on vous marque "individu" dans les procès-verbaux, au moment de payer les impôts, par contre chers congénères, vous êtes des citoyens, et on vous pond du monsieur à tout va...
C'est vrai que ça change de la bonne époque ou ils vous envoyait le prévôt et ses sbires briser les jambes de vos ancêtres et des miens à coup de gourdin et brûler les récoltes...

Puis au lieu de dire ces "marxistes", on dit des nostalgiques (forcément à gauche, parce qu'à droite on considère que les fillettes de 13 ans ou les gamins de 13 ans n'en sont plus, ne sont plus des enfants mais des "mineurs(es)") mais si au square à côté de chez moi, ces morveuses jouent encore à la balançoire avec les plus petits et des fois les monopolisent (les balançoires), ça ne reste pour moi homme de 50 ans, que des gamines et des gamins, qu'est-ce qui détermine la nuance entre mineur et enfant.. mystère... MAM est pédiatre ? Psy ?

Vous devriez consulter un pédiatre car paradoxalement on dit "enfant" dans le carnet de santé pour un garçon de 13 ans, on ne dit pas vous devez présenter votre "mineur" pour le vaccin bidule et truc, ce carnet de santé est fourni par l'Etat, la mairie etc, vos congénères fonctionnaires donc..

Le livret de famille parle d'enfant(s) également... il va jusqu'à 18 ans..

Evidemment on n'a pas la même vision de cette appréhension de dangerosité.

Evidemment la prévention, l'éducation, on n'en parle pas une seconde...

On ne peut plus mettre une tarte à ses gosses, c'est vicieux ou trop violent, mais on a trouvé encore plus vicieux, les ficher pendant dix ans... GENIAL l'astuce, c'est d'une infinie délicatesse, d'une intelligence... On sent le progrès chez les adultes, comment se débarrasser en deux coup de cuillère a pot des problèmes que l'on crée (et qu'on se garde bien de soulever dans un débat national), hop un fichier, et on a résolu de le problème de la petite délinquance, ah on se sent mieux, et vlan, demain une personne mourra quand même, agressée par deux "mineurs"... si possible une femme (très jeune, le mâle montre un courage hors pair...)

Fichage DIX ANS ? Pratique pour celui veut se réinsérer, ouvrir une société par exemple. Il n'aura pas toujours 13 ans, 9 ans après il en a 22 (revoilà les flics, même s'il a n'a commis qu'un petit délit).

Je commence à comprendre pourquoi nombre de femmes sur Meetic refusent de rencontrer des fonctionnaires et osent le mettre dans leurs cv... et dire que je trouvais ça cruel, péjoratif, mesquin..

Le plus triste c'est que le petit personnel des fonctionnaires subit lui aussi les remarques désobligeantes, dans les mairies et ailleurs, de la part des usagers qui sont sans cesse traqués pour des papiers, des demandes de tout poil, etc etc et j'en passe des vertes et des pas mûres.
Tenez-vous bien, UN mois pour faire une carte d'identité en France, heureusement qu'on leur paie des ordinateurs à nos bons fonctionnaires..
Sans cela ça mettrait deux ans?

Cela de plus en plus, et partout, la débâcle, c'est vrai qu'en haut, ils s'en foutent totalement.. Fichons fichons, ça va être mieux qu'en Chine côté fichage, non c'est pas une mesure de droite, ce n'est pas une mesure républicaine la présomption de dangerosité, on se croirait chez les soviets en Sarkozie..

Après cela, ne vous étonnez pas que les "enfants" initiés par la colère des parents perdent vite leur enfance. Il y a si peu d'enfance.

Puis ils s'initient avec la grand-messe du 20 heures, ce bon ex ppda et Chazal sourires mièvres qui vous passent de la plus monstrueuse des tueries à la page sport sans changer de masque, les enfants n'ont qu'à prendre les adultes comme modèles si ils veulent vite devenir "virils", "mineurs", des "individus"... bref ne plus être humains à part entière comme les hauts fonctionnaires (juste des politiques, dit il avec mépris) de ce pays en somme ! Travailler plus pour être encore plus abject ! C'est ça le progrès.


Aïssa Lacheb-Boukachache

@Catherine Jacob

Je vais encore digresser un peu mais c'est important pour moi car cela me tracasse vraiment. Vous êtes spécialiste des civilisations asiatiques ; c'est pourquoi je m'adresse à vous. Il y a quelques jours, une femme que je ne connaissais absolument pas a sonné à ma porte. C'est une Vietnamienne (elle me l'a dit) d'environ une trentaine d'années, assez jolie ma foi et elle tenait dans ses mains une minuscule table (environ 30cm X 15 et 4 pieds de 8 centimètres de long) de bois très bien faite et vernie. Elle voulait me la vendre, 30 euros. J'ai été très surpris ; on sonne et on veut me vendre cette minuscule table. Sur le coup, j'ai dit que non, je n'en avais pas l'utilité, etc., mais devant son air naïf mais plus que surpris, ahuri, sidéré de mon refus, je me suis trouvé franchement bête. Elle ne partait pas, elle attendait soit que j'achète soit que je lui ferme ma porte au nez. C'est son étonnement presque désespéré qui fit que je ne refermais pas la porte et, comme cette situation commençait de durer au ridicule, je suis finalement allé chercher mon porte-monnaie et lui ai acheté cette table. Aujourd'hui, elle se trouve à mon chevet, toute petite mais très solide, et j'y ai posé mes trois réveils. Elle n'est plus jamais revenue. De loin en loin je la croise dans le quartier ; on se salue simplement. Je sais qu'elle travaille parfois comme vendeuse dans tel ou telle magasin ou boulangerie, qu'elle ne fait pas de démarchage chez les gens ni pour leur vendre de petites tables ou autres objets. Alors, qu'est-ce que cela signifie ? Est-ce que cela aurait un rapport avec une coutume à eux ? Je me fais peut-être des films mais, je vous jure, c'était vraiment étrange, d'où mon interrogation. En un mot : est-ce que j'ai raté quelque chose ? Merci de me répondre.

Aïssa.

Catherine JACOB

@Alexandra
"Cela n'empêche en rien que quand mes enfants ou mes élèves sont susceptibles de faire une bêtise, ils savent qu'ils sont aussi susceptibles de se prendre un bon coup de pied aux fesses (physiquement ou moralement)."

Vous n'avez pas de parent d'élèves gendarme je présume ?!

Erig le Brun de La Bouëxière

@ Aïssa.

Je renonce, évidemment un peu tard, (comment ai-je cru vous convaincre ?) à vous persuader de ce qu'il existe une autre espèce nuisible que le bourgeois bien blanc de peau.
Que le chacal qui s'enrichit en dormant soit nuisible à tous, c'est certain, que cela ne dispense pas de se prémunir contre celui qui suit son exemple à ras du bitume, est tout aussi évident. Mais le tiers-mondisme mondain, la culculterie gauchisante, les idiots utiles du capitalisme veillent. Ils ont d'ailleurs cela de commun qu'ils ont pour objectif de détruire l'Etat de droit pour lui substituer la loi du marché totale absolue et planétaire. Je doute que vous l'ignoriez.

Pour les autres... On vous l'a déjà dit : il n'y a pas d'équivoque la majorité pénale, c'est 13 ans ! C'est clair non ? Ca fait 20 ans que je fréquente les tribunaux pour enfants, et M.Bilger peut-être un peu plus qu'il fréquente les tribunaux tout court, faites-lui confiance nom de nom, c'est assommant cette ignorance mêlée d'un refus de la réalité...

Surcouf

Ce qui est étonnant, c'est que vous émettiez une réserve sur la philosophie initiale d'Edvige qui ne consiste qu'en une informatisation d'un système déjà existant (RG) indispensable à un Etat pour disposer de renseignements tenant à la sécurité et la stabilité du pays ! Comme si vous n'appréciiez Edvige que comme un outil visant à la délinquance ordinaire. C'est exactement le contraire : Edvige est un outil de renseignement de prévention de la subversion politique, du terrorisme ou du grand banditisme auquel on a rajouté des éléments qui sortent de ce cadre.
Rédigé par: Jean-Dominique Reffait

Effectivement ce répertoire, car Edvige n'est qu'un répertoire, recense des fiches ex RG (maintenant SDIJ) et permet aux enquêteurs de savoir où sont situés les renseignements désirés. Cela ne veut même pas dire qu'ils auront le droit de les consulter.

Véronique

@ alexandra

J'ignore comment vous enseignez l'Histoire à vos élèves.

Mais.

"Il y eut une société qui a été mise en place dans l'histoire pas si lointaine où les gens susceptibles de étaient fichés, une petite étoile jaune, un petit triangle rose, et où le travail rendait libre. Et ce n'est pas de cette sorte de société dont je veux pour mes enfants."

J'ose fortement espérer que vous fournissez également à vos élèves, en plus de vos comparaisons abusives entre cette société d'hier au sujet de laquelle, tous comptes faits, vous semblez ignorer beaucoup, et celle d'aujourd'hui, des outils solides et fiables pour savoir trouver et lire des ouvrages écrits par... des Historiens.

Pour permettre, à titre d'exemple simple, à vos élèves de savoir faire la différence entre un régime où les pouvoirs sont clairement séparés, et une forme de gouvernement où TOUS les pouvoirs sont dans la main d'un seul.

Par ailleurs, j'ose espérer qu'il vous arrive également d'évoquer avec vos élèves des fichiers, type ADN ou empreintes digitales, qui peuvent faire beaucoup et être décisifs pour prouver l'innocence d'un suspect.

Aïssa Lacheb-Boukachache

@Erig

L'avenir dure longtemps, a écrit si bien Althusser. Les modèles pareillement, ajouterais-je. S'il fut un miséreux qui gagnait en une semaine votre salaire mensuel en vendant "son" shit, il en est d'autres de "meilleure" éducation et "honnête" milieu social qui gagnent en quelques minutes plus que toute votre vie de salaire, en spéculant boursier sur quelque misère d'ici ou du bout du monde... On ne peut pas reprocher au jeune exclu de faire avec les exemples qu'il a, ce serait injuste. D'ailleurs, il fait plus d'effort ; vendre du shit à la petite ou moyenne semaine (c'est votre exemple), c'est tout de même se lever assez tôt, veiller tard, être vigilant, faire du marketing, de la promotion, toute une logistique à tenir de bout en bout et à faire fonctionner comme un beau moteur neuf de BMW ; tout un travail qui demande bien des qualités de management et fait prendre bien des risques pour un gain somme toute moyen. Les autres font leurs milliards en dormant, cliquent sur un clavier d'ordinateur et l'affaire est entendue, ils rajustent leur cravate, se passent la main dans les cheveux, sortent de leurs bureaux et se demandent en soupirant ce qu'ils vont bien pouvoir faire aujourd'hui pour ne pas s'ennuyer... Ceux-là, monsieur, n'iront jamais commettre des incivilités, brûler votre voiture ni même cracher à votre passage ni encore moins vous agresser. Ce sont des exemples ; on les voit tout le temps à la télé. J'ignore leur opinion quant à ces fameux fichiers ...

Aïssa.

Laurent Dingli

@ Alexandra
Encore la citation de Niemöller sur ce blog ! Décidément.
Arrêtez donc de mettre la résistance au nazisme à toutes les sauces. Alexandra, vous n'êtes pas une grande résistante et le gouvernement une réincarnation du troisième Reich. Un peu de mesure tout de même ! Et plutôt que de vous indigner sans vraiment argumenter, essayez de ne pas entretenir vos élèves dans ce genre de confusion absurde.

Raramel

"l'âge de 13 ans est fixé par la loi pour la responsabilité pénale" : permettez-moi d'être surpris par cette affirmation, surtout lorsqu'elle émane d'un juriste renommé tel que vous. Une telle erreur, je l'espère, ne peut être qu'une malencontreuse approximation.

En effet, s'il est exact que seul un mineur de plus de 13 ans peut être condamné à une peine, la responsabilité pénale ne commence pas à l'âge de 13 ans. Reprenant la jurisprudence Laboube de 1956, la loi Perben I du 9 septembre 2002 est venue préciser que sont responsables les mineurs "capables de discernement". Aucun âge minimum n'est donc envisagé pour la responsabilité pénale. Ainsi, il se peut parfaitement qu'un mineur de (moins de) 13 ans soit reconnu responsable, quand bien même on ne pourrait lui infliger une peine. De même pour un mineur de (moins de) 10 ans, à l'encontre duquel seules des mesures éducatives, et non des sanctions éducatives, peuvent être prises.


Marcel Patoulatchi

Alexandra,

Vous écrivez « cela n'empêche en rien que quand mes enfants ou mes élèves sont susceptibles de faire une bêtise, ils savent qu'ils sont aussi susceptibles de se prendre un bon coup de pied aux fesses (physiquement ou moralement). Alors surveiller OUI, punir OUI mais ficher NON ».

Est-ce à dire que vous militez pour un retour des châtiments corporels ?

Blague à part, comment croyez-vous que la police travaille ? Pensez-vous qu'il est bon que chaque policier ne connaisse que ce qu'il a lui-même vu, ne communique rien de ce qu'il sait à ses pairs ? Qu'est-ce qu'un fichier sinon la mise en commun de connaissances ?
Sommes-nous dans un pays si sécuritaire que la délinquance y a été abolie ?

Erig le Brun de La Bouëxière

Détrompez vous Aïssa. Les gouapes en question ne sont en rien des "bourgeois" au sens ou vous l'entendriez. Je n'ignore pas qu'il y a sans doute des mineurs détestables dans les "beaux quartiers", mais moi je vous parle de jeunes gens qu'on présente habituellement comme "défavorisés" et qui sont mon public quotidien. Défavorisés? L'un d'entre eux me disait il y a 15 ans déjà qu'il gagnait, en dealant du shit, mon salaire mensuel en une semaine.
Mais vous trouverez ci-dessous une analyse que je partage en tous points et qui dit mieux que moi ce que j'en pense.

"La Caillera est infiniment mieux intégrée au système capitaliste que ne le sont les populations, indigènes et immigrées, dont elle assure le contrôle et l'exploitation à l'intérieur de ces quartiers expérimentaux que l'Etat lui a laissé en gérance. En assignant à toute activité humaine un objectif unique (la thune), un modèle unique (la transaction violente ou bizness) et un modèle anthropologique unique (être un vrai chacal), la Caillera se contente, en effet de recycler, à l'usage des périphéries du système, la pratique et l'imaginaire qui en définissent le centre et le sommet. L'ambition de ses membres n'a certes jamais été d'être la négation en acte de l'Economie régnante. Ils n'aspirent tout au contraire qu'à devenir les golden boys des bas-fonds. (...)

Si la Caillera est visiblement très peu disposée à s'intégrer à la société, c'est dans la mesure exacte où elle est déjà parfaitement intégrée au système qui détruit cette société. C'est évidemment à ce titre qu'elle ne manque pas de fasciner les intellectuels et les cinéastes de la classe dominante, dont la mauvaise conscience constitutive les dispose toujours à espérer qu'il existe une façon romantique d'extorquer la plus-value. Une telle fascination intellectuelle pour « la fièvre généreuse du délinquant » (Foucault) serait cependant difficile à légitimer sans le concours bienveillant de la sociologie d'Etat. Cette étrange sociologie, en effet, afin de conférer aux pratiques, légales et illégales, du système qui l'emploie, cette couleur rebelle qui les rend à la fois politiquement correctes et économiquement rentables, recourt à deux procédés principaux qui, quand on y réfléchit, sont assez peu compatibles.

Tout d'abord, elle s'efforce d'inscrire ce qu'Orwell nommait « le crime moderne » dans la continuité des délits et des crimes d'autrefois. Or ce sont là deux univers très différents. Le bandit d'honneur des sociétés traditionnelles puisait sa force et sa légitimité historique dans son appartenance à une communauté locale déterminée; et, en général, il s'en prenait d'abord à l'Etat et aux divers possédants. Le délinquant moderne, au contraire, revendique avec cohérence la froide logique de l'économie pour « dépouiller » et achever de détruire les communautés et les quartiers dont il est issu. Définir sa pratique comme « rebelle », ou encore comme une révolte morale » (Harlem Désir), revient par conséquent, à parer du prestige de Robin des Bois les exactions commises par les hommes du Sheriff de Nottingham. Cette activité peu honorable définit, en somme, assez bien le champ d'opérations de la sociologie politiquement correcte.

Quant au second procédé, il consiste à présenter l'apparition du paradigme délinquant moderne comme l'effet mécanique de la misère et du chômage et donc, à ce titre, comme une réponse légitime des exclus à leur situation. Or s'il est évident que la misère et le chômage ne peuvent qu'accélérer en retour la généralisation du modèle délinquant moderne, aucun observateur sérieux – ou simplement honnête - ne peut ignorer que ce modèle a d'abord été célébré dans l'ordre culturel, en même temps qu'il trouvait ses bases pratiques dans la prospérité économique des « Trente Glorieuses ». En France, par exemple, toutes les statistiques établissent que le décollage des pratiques délinquantes modernes a lieu vers 1970, tandis qu'en Allemagne, au Pays-Bas ou au Danemark, il est perceptible dès 1964-1965. Expliquer le développement de la délinquance moderne comme un effet conjoncturel du chômage est évidement une procédure gagnante pour le système capitaliste. D'une part, elle conduit à présenter la « reprise économique »comme la clé principale du problème ; de l'autre, elle dispense d'interroger ce qui, dans la logique même du capitalisme de consommation, et la culture libérale-libertaire qui lui correspond, détermine les conditions symboliques et imaginaire d'un nouveau rapport des sujets à la loi."


Jean-Claude MICHEA, L'Enseignement de l'ignorance, Editions Climats, 1999

alexandra

Je ne suis pas versée en droit, à vrai dire je ne sais même pas quel est l'âge de la responsabilité pénale, mais laissez-moi parler de ce que connais, modestement à mon niveau, à savoir le français et l'histoire.
Et dans ces deux domaines et bien oui ce texte me gêne. Prenons d'abord l'adjectif susceptible, si on ouvre le dictionnaire on trouve SUSCEPTIBLE : 1 qui peut présenter (un caractère), recevoir (une impression), subir (une modification)
2 Capable de
Alors dans ce cas tout le monde est susceptible de. Tiens prenons un cas que je connais, moi... Eh bien j'ai été susceptible de, par exemple crever les pneus à un... qui m'avait mis à bout. Et je ne l'ai pas fait ni aucune des délicieuses vengeances que j'avais inventées. Et pourtant s'est passé à un cheveu, et je ne l'ai pas fait non pas parce que j'étais sur un quelconque fichier mais parce que j'ai su réfléchir, peser le pour et contre, relativiser. Tout le monde est susceptible de faire des bêtises, mais si on offrait aux gens la possibilité de réfléchir et bien peut-être que leur susceptibilité diminuerait. Apprendre à réfléchir c'est ce que j'essaie de faire avec mes élèves. Et souvent en recourant à l'histoire. Il y eut une société qui a été mise en place dans l'histoire pas si lointaine où les gens susceptibles de étaient fichés, une petite étoile jaune, un petit triangle rose, et où le travail rendait libre. Et ce n'est pas de cette sorte de société dont je veux pour mes enfants. Cela me fait souvenir de cette citation :
Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n'ai rien dit.
Je n'étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n'ai rien dit.
Je n'étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n'ai rien dit.
Je n'étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n'ai rien dit.
Je n'étais pas catholique.

Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait plus personne pour protester.


Poème écrit à Dachau,
attribué au pasteur Martin Niemüller.

J'espère qu'au pays des droits de l'homme, il restera toujours quelqu'un pour protester. Cela n'empêche en rien que quand mes enfants ou mes élèves sont susceptibles de faire une bêtise, ils savent qu'ils sont aussi susceptibles de se prendre un bon coup de pied aux fesses (physiquement ou moralement). Alors surveiller OUI, punir OUI mais ficher NON.
Cordialement.

Catherine JACOB

«cracher sur la pauvreté, la misère ou la difficulté sociale» - Erig le Brun de La Bouëxière -
«Personne ici ne crache. PB ne serait pas content si on se mettait à cracher les uns les autres en son espace...» -Aïssa Lacheb-Boukachache-

J'aimerais bien parfois cependant pour ma part être un cobra cracheur pour répondre illico presto à tous ces gens qui, alors que la tuberculose a pourtant disparu - mais c'est vrai qu'elle revient dans certains départements - crachent sur mon passage jusqu'à plusieurs fois par semaine, et je suggère qu'on mette à leur disposition, comme dans les pays du Moyen-Orient ou dans les campagnes japonaises ou comme il y en avait autrefois également ici, des crachoirs dont le contenu pourra ensuite faire l'objet de prélèvements et d'analyses qui permettront d'évaluer la progression de cette maladie endémique.

Je suggère qu'on leur apprenne également qu'il n'y a rien de plus antihygiénique d'un point de vue de santé publique, et aussi que cracher en direction d'une personne, même si ce n'est pas à son intention, c'est l'insulter et qu'un jour ou l'autre un gros bras petite cervelle se sentant insulté sans motif risquerait de mal le prendre et cela pourrait donner lieu à un incident.

Il vaut donc mieux en effet attendre pour cracher lorsque la gorge vous gratte, ou que vous avez un mauvais goût, ou que vous avez la bouche sèche et que vous avez rappelé trop de salive pour y remédier, qu'il n'y ait personne en vue en dehors du téléobjectif d'Edvige.
Comme pour leur part ils ne sont pas obligés de vous prévenir que vous êtes en passe d'être fichés même dans le cas de l'art.1, et que vous n'avez qu'un droit d'accès sans rectification, vous pouvez même cracher plutôt deux fois qu'une pour faire bonne mesure avec ce qui de toute façon figurera dans une interprétation nécessairement erronée vu qu'ils ne sont pas médecins et que votre dossier médical leur est, pour l'instant du moins, inaccessible - sauf à le craquer chez votre médecin référent -, dans le fichier.

Quant à ceux de toute origine sociale qui attendent pour cracher leur chewing-gum que vous soyez à proximité, là je regrette beaucoup que la seule réponse possible soit un regard réprobateur. Mais comme vous ne prétendez probablement pas à un poste d'huissier à l'Elysée qui risquerait de cracher de façon impromptue en direction des hôtes qu'il serait amené à introduire, qu'est-ce qu'ils pourraient bien avoir à faire, ou induire, du fait que vous crachiez ou non dans la rue ou... dans votre lavabo ?! Mais bon, comme cela ne figurera pas dans les autres fichiers vous concernant, vu qu'il n'y a pas d'interconnexion autorisée avec Edvige pour le moment, et qu'on ne risque donc pas de vous tailler un costar de zombie cracheur pour Halloween... après tout...!
Si votre maman ne vous a pas appris à ne pas cracher n'importe où, eux leur maman ne leur pas appris à ne pas à gaspiller l'argent public à fouiller vos poubelles, ni à respecter vos affaires alors que nul ne leur à donné d'ordre les concernant, c'est donc un prêté pour un rendu.

Marcel Patoulatchi

Nicolas,

Il ne sert à rien de se contenter de ficher au fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) les seuls criminels et délinquants sexuels.

Cela serait pertinent si cette criminalité-là était absolument sans lien avec toutes les autres. Mais ce n'est pas le cas. Et il y a des précédents malheureux en France (dois-je citer des cas) de violeurs en série qui étaient bien connus pour des actes de petite délinquance, qui ont continué à perpétrer des crimes au sortir de garde à vue pour ces actes de petite délinquance.

La politique actuelle qui consiste à signaliser au FNAEG toute personne placée en garde à vue n'est donc pas aberrante et a déjà apporté une aide significative dans des affaires graves.

Aïssa Lacheb-Boukachache

@Erig

Dans le même propos vous dites une chose et son contraire et, voulant me contredire, vous me confirmez. C'est étonnant. Ces "gouapes haineuses", comme vous dites avec un rien de mépris viennent du XVIème sans doute ou de Neuilly puisqu'elles portent sur le dos, écrivez-vous, un demi mois de votre salaire... Puisque vous entendez une ligne plus loin que ceux des enfants qui manquent de tout ne vont pas pour autant s'en prendre, etc.etc. Ainsi les jeunes délinquants que vous "fréquentez" (je vous cite encore) ne sont en rien miséreux. Des délinquants juvéniles riches à s'ennuyer à mourir dans la ouate et les cuillères en argent... Je n'ai donc rien à vous objecter puisque vous avez compris, au bout de vingt ans, que la misère n'est en rien liée au pouvoir économique (vous vouliez dire pouvoir d'achat, je pense) ; je vous félicite également de tant de dévouement pour ces innombrables enfants miséreux qui refusent envers et contre tout et tous la Ray-ban aviator ou que sais-je encore de ces vains signes extérieurs... Une "bonne" misère, selon vous, je suppose, est une misère soumise, docile, respectueuse, qui accepte sa misère et même, l'entretiendrait... C'est respectable comme point de vue ; après tout, si cela vous fait vivre. Mais, de grâce, ne dites pas que je crache... Personne ici ne crache. PB ne serait pas content si on se mettait à cracher les uns les autres en son espace...

Aïssa.

Erig le Brun de La Bouëxière

@ Aïssa

Voilà donc qu'encore une fois on assimile délinquance et misère, incapacité à se "socialiser" (au tout au moins à ne pas nuire à la société) et CSP-. Assez. Cela fait maintenant plus de vingt ans que je travaille auprès de mineurs délinquants et cela fait vingt ans que je réalise que la délinquance n'est en rien liée au pouvoir économique.
Je fréquente régulièrement des gouapes haineuses qui portent sur le dos un demi mois de mon salaire (tiens, la ray-ban aviator revient à la mode en ce moment), et j'interdis à quiconque de cracher sur la pauvreté, la misère ou la difficulté sociale en prétendant qu'elles sont une voie vers le crime et la haine d'autrui. Ne serait-ce que par respect pour ceux des enfants qui manquent de tout et ne vont par pour autant s'en prendre au bien ou à la personne d'autrui.

Aïssa Lacheb-Boukachache

Si la terreur qu'inspirent au reste de la société même des mômes de 13 ans est telle qu'il faille rapidement créer un fichier pour les recenser un à un qui troublerait l'ordre public, il n'y a plus rien à espérer de bon de celle-ci. Etant entendu que, plus que souvent, hélas, le "trouble à l'ordre public" légal (définition fourre-tout qui permet non moins tous les arbitraires mais soit...) va de pair -ou est induit- par la misère et l'exclusion sociales, ce fichier sera naturellement aussi celui des familles pauvres. On pourrait l'appeler "le fichier de la misère" ou "Germinal", tiens, c'est pas mal ça "Germinal"... Le président NS n'avait-il pas soulevé l'idée de la détectation à la source, c'est-à-dire à la crèche voire en amont, le placenta peut-être, des potentialités anti-sociales (appelons-les ainsi) ? Je ne comprends pas le sens de cette démarche, edvige or not edvige. Le casier judiciaire n'existe-t-il pas également pour les mineurs légaux ? N'est-ce pas déjà un fichier que celui-là ? Lorsqu'un mineur est arrêté pour une infraction, l'anthropométrie ne s'en empare-t-elle pas également ? Puis, le droit à l'oubli n'est-il plus un de ces grands principes dont on peut être fier ? Cette normalisation de toute chose humaine a de quoi inquiéter. On se croirait en temps de guerre. Les passe-droits n'en continueront pas moins de plus belle ; certain(es) fils et filles de... pour qui papa ou maman prendront le téléphone pour que le nom n'apparaisse pas... On n'y échappera pas, de toute façon, débat ou pas. Alors essayons de limiter la chose en l'encadrant autrement. Qu'un juge (le président du tribunal ou de la cour) puisse décider seul en audience de ce fichage ou non. Qu'un autre juge (le juge d'instruction) puisse décider seul de l'extraction ou non de ce fichier à fin d'enquête. Et qu'un troisième juge (le juge de l'application des peines) puisse décider seul de l'effacement ou non de ce fichier. Je pense que je suis raisonnable en proposant cela...

Aïssa.

Polochon

Que l'on fiche des jeunes de 13 ans ne me gêne pas, s'ils présentent un danger potentiel élevé. Mais à condition que l'on considère que ces jeunes sont eux-mêmes en danger et qu'en parallèle des mesures d'accompagnement soient prises pour eux et leurs parents.

Erig le Brun de La Bouëxière

@alex
Reprendre un procureur de volée sur un tel sujet mériterait un peu de connaissance du sujet semble-t-il non ? En tous les cas un peu moins de certitude infatuée. La majorité pénale est (ne vous en déplaise) à treize ans dans ce pays depuis 1945. On peut être incarcéré dès treize ans et on est en tous les cas responsable devant le tribunal pour enfants ou la cour d'assises des mineurs. La majorité civile est fixée à 18 ans, ce qui rend les parents responsables des éventuelles réparations civiles fixées par les juridictions pour les dommages commis par leurs rejetons.
Je n'ai pas lu le reste de votre commentaire, atterré devant tant de bêtise suffisante, craignant que le reste ne soit du même tonneau.

Catherine JACOB

Je pense qu'il n'est pas indifférent de donner à lire le texte exact de cet article 2 du Décret n° 2008-632 du 27 juin 2008 portant création d'un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé « EDVIGE »

«Conformément aux dispositions de l'article 6 de la loi du 6 janvier 1978 susvisée, et dans la stricte mesure où elles sont nécessaires à la poursuite des finalités mentionnées à l'article 1er du présent décret, les catégories de données à caractère personnel enregistrées dans le traitement mentionné à l'article 1er et concernant des personnes physiques âgées de treize ans et plus sont les suivantes :
1― informations ayant trait à l'état civil et à la profession ;
2― adresses physiques, numéros de téléphone et adresses électroniques ;
3― signes physiques particuliers et objectifs, photographies et comportement ;
4― titres d'identité ;
5― immatriculation des véhicules ;
6― informations fiscales et patrimoniales ;
7― déplacements et antécédents judiciaires ;
8― motif de l'enregistrement des données ;
9― données relatives à l'environnement de la personne, notamment à celles entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec elle.
Les données collectées au titre du 1 de l'article 1er du présent décret ne peuvent porter ni sur le comportement ni sur le déplacement des personnes.
Le traitement peut enregistrer des données à caractère personnel de la nature de celles mentionnées à l'article 8 de la loi du 6 janvier 1978 susvisée. Celles de ces données autres que celles relatives aux opinions politiques, philosophiques ou religieuses, ou à l'appartenance syndicale ne peuvent être enregistrées au titre de la finalité du 1 de l'article 1er que de manière exceptionnelle. Il est interdit de sélectionner une catégorie particulière de personnes à partir de ces seules informations.
Le traitement ne comporte pas de dispositif de reconnaissance faciale à partir de la photographie.
Les données concernant les mineurs de seize ans ne peuvent être enregistrées que dans la mesure où ceux-ci, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l'ordre public.
Les données collectées pour les seuls besoins d'une enquête administrative peuvent être conservées pour une durée maximale de cinq ans à compter de leur enregistrement ou de la cessation des fonctions ou des missions au titre desquelles l'enquête a été menée.»

J'observe:
A- Que les données 1 à 4 sont demandées à l'occasion de n'importe quelle plainte à l'exception du comportement.

B- Que ce qui est entendu par 'comportement' n'est pas défini et malheureusement laissé à l'appréciation du fonctionnaire appellé à enregistrer les dites données. En application de la loi de Murphy on peut donc raisonnablement prévoir des problèmes de l'ordre de ceux qui se sont posés à l'occasion de l'appréciation de ce qui constitue une qualité essentielle pour la conclusion d'une union matrimoniale dès le moment où le citoyen fiché voudra exercer son droit d'accès à ces données.
Imaginons un peu: Le maire de telle ville demande à avoir accès aux données le concernant. Il découvre à l'article 'comportement' ceci:
Caractériel : enlève ses chaussures sous son bureau ce qui incommode son directeur de cabinet et crée une mauvaise ambiance préjudiciable à terme à l'ordre public.
Ou encore le cas de tel religieux significatif. Par ex. - je n'ose énoncer une religion déterminée mais imaginons que le religieux en question découvre que son comportement est décrit ainsi :
Porte des sous-vêtements roses quand il harangue ses fidèles. Vous imaginez l'impact d'une fuite...
Tel ministrable enfin : Du matin. De ce fait risque d'arriver un peu souvent après le début du conseil des ministres ce qui mettra nécessairement le président de mauvaise humeur et sera préjudiciable à la bonne marche de l'Etat.
Comme en effet il ne s'agit pas là d'«opinions politiques, philosophiques ou religieuses, ou de références à l'appartenance syndicale» ça peut donc parfaitement être un critère de sélection de proposition d'entrer au gouvernement.

B- Que l'enregistrement évoqué concerne les catégories de personnes mentionnées à l'article1. Autrement dit :

«....ayant pour finalités, en vue d'informer le Gouvernement et les représentants de l'Etat dans les départements et collectivités :
1. De centraliser et d'analyser les informations relatives aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif, sous condition que ces informations soient nécessaires au Gouvernement ou à ses représentants pour l'exercice de leurs responsabilités ;
2. De centraliser et d'analyser les informations relatives aux individus, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l'ordre public ;
3. De permettre aux services de police d'exécuter les enquêtes administratives qui leur sont confiées en vertu des lois et règlements, pour déterminer si le comportement des personnes physiques ou morales intéressées est compatible avec l'exercice des fonctions ou des missions envisagées.»

Ça manque un peu d'exemples et de précisions là aussi. Qu'est-ce qui est nécessaire ou non et selon quels critères ?
Ex Je veux réformer la carte électorale. Je vais mettre telle paroisse dans tel lot car tel curé tient tel discours ou perçoit en moyenne tel montant à l'issue de la quête dominicale ce qui limitera les dégâts ?
Est-ce que le rectorat va solliciter les enquêteurs pour savoir si tel candidat à tel poste d'enseignant de philosophie à vie n'aurait pas été vu - ou cru être vu, c'est pareil car honte à celui par qui le scandale arriverait même s'il n'y était pour rien - dans tel cortège de manifestants réclamant des postes ?
Il pourrait de ce fait en effet faire passer ensuite un billet doux au jury de l'oral d'une agrégation : «Attention dangereux emmerdeur en puissance.»
Ce qui donnera lieu au commentaire suivant dans le rapport du concours : «Tous les postes n'ont pas pu être pourvus car le niveau était hélas catastrophique cette année.»
Ou mieux : «Aucun candidat sauf un n'ayant pas participé à une quelconque manifestation que ce soit n'ayant pu être découvert, le concours a du être supprimé pour l'année en cours. Malheureusement l'unique candidat dont on peut augurer qu'il continuerait de bien se comporter ayant fait apparaître des informations fiscales et patrimoniales telles qu'il n'a en vérité aucun besoin de travailler, sa candidature apparaît malgré tout suspecte. De plus les numéros d'immatriculation de ses trois véhicules se terminant par le chiffre 13 ça n'est pas normal. Il a du en avoir un au grattage, l'autre au tirage, et le 3ème dans une pochette surprise. Et s'il possède au moins un véhicule c'est qu'il est amené à se déplacer. CQFD ! Où va-t-il ? Hé hé et avec qui ? Je préconise un prolongement de la garde à téléobjectif. Rassurez-vous néanmoins braves gens on continuera de faire travailler des seniors dans le cadre d'un contrat de 200heures annuelles supplémentaires s'il peut s'en trouver un ou deux que leurs condisciples n'auraient pas cru voir fumer dans les toilettes quand ils avaient l'âge de 13ans et demi, et sous réserves que leur fiche de candidature n'excède pas un nombre réglementaire de caractères !
De toute façon que les parents ne s'inquiètent pas inutilement, si on ne trouve pas d'enseignant de philosophie n'ayant jamais été chômeur ainsi que présentant toutes garanties de non dangerosité depuis l'âge de 12ans et demi, ni d'entraîneur ou de sélectionneur sportif acceptant d'être missionné pour occuper bénévolement leurs postes pendant la mi-temps d'un match, on supprimera la matière au baccalauréat de façon à ce que les élèves qui savent déjà bien suffisamment réfléchir par eux-mêmes et n'ont nul besoin d'être perturbés à en apprendre davantage, ne soient pas pénalisés. Qui plus est moins ils auront appris à se former une opinion, et moins ils encombreront les fichiers plus tard, ce qui permettra de budgétiser encore quelques fonctionnaires de moins en les mettant à la retraite anticipée, et toutes les vaches seront bien gardées.»
MAM MAM YA !

Jean Philippe

A mon sens, il est tout à fait normal de ficher les délinquants et criminels. Dans ces hypothèses, il y a une justification objective. Ces personnes ont commis des infractions donc, il est normal de garder une trace. Je ne suis pas choqué également du fichage des mineurs délinquants. Concernant EDVIGE, la situation est différente. On fiche des gens "susceptible de troubler l'ordre public". Avouez que c'est très large et très subjectif. Toute personne est susceptible de troubler l'ordre public ! Faut-il ficher tout le monde dans ce cas ?

Dan

Nous entrons à grand pas dans "le meilleur des mondes" avec P. Bilger comme porte-drapeau. Peu importe les dérives et la suppression des libertés individuelles, peu importe les bavures que révèlent les fichiers STIC et JUDEX. il en sera de même pour EDVIGE. Exemple : un innocent mis en cause à tort est fiché et le reste. Mieux : certaines victimes se retrouvent fichées comme des mis en cause... L'essentiel, c'est de robotiser l'être humain tout en lui "vendant" toujours plus de violence dans les médias ! Question: STIC et JUDEX doivent fusionner pour donner naissance à ARIANNE, Pourquoi EDVIGE n'est-il pas intégré à ARIANNE ? Ne devient-il pas inutile de multiplier les fichiers alors que l'objectif final, c'est de disposer d'une base de données unique mais complète sur la population totale. Je suis sûr que P. Bilger défend aussi cette idée de connexion libre et sans limite entre tous les fichiers existants ou à venir (sociaux, policiers, médicaux, scolaire etc...) !

Catherine JACOB

«Peut-être serais-je plus réservé sur l'article 2 de ce décret du 1er juillet, qui, selon le Figaro, trouble également le président de la CNIL. En effet, des personnes pourront être fichées pour leurs opinions politiques, philosophiques ou religieuses, et non pas seulement pour leurs activités. Même si cette disposition ne concerne que des personnalités - et non pas chacun d'entre nous -, je perçois mal l'utilité sociale d'un tel fichage dès lors que ces opinions, diverses, contrastées, voire choquantes ne constituent, au pire, qu'une aberration ou un dévoiement de la pensée sans pouvoir être reliées d'aucune manière à une réalité qui les rendrait pénalement blâmables.»

Si la liberté d'opinion et la liberté de penser sont garanties par le droit constitutionnel cet article 2 est en effet anti-constitutionnel.
D'autant plus que, si le fait est le fait tel qu'il n'est plus possible de le changer si ce n'est dans l'ordre symbolique par la réparation ou la compensation, l'opinion, jusque dans chacun des domaines évoqués, est chose éminemment changeante, et il me paraît en effet extrêmement dangereux de prétendre à s'immiscer dans la conscience d'autrui, fouiller ou autopsier les âmes et plus seulement les corps, ou encore tenir pour vraie une opinion affichée qui ne correspond pas nécessairement à la réalité de «la pensée de derrière» jusque et y compris chez un procureur de la république - cf. le s'avancer masqué de Nietzsche -.
En tout état de cause, des gens dont ce n'est pas le métier de penser, qui la plupart du temps ne savent pas eux-mêmes ce qu'ils pensent en réalité tout au fond d'eux, ni ce qui exactement les motivent, et croient seulement le savoir, ne me paraissent en aucune façon compétents à pronostiquer, ou évaluer quoi que ce soit à cet égard chez autrui, ou encore à faire autre chose qu'à simplement projeter leurs craintes et leurs névroses en utilisant à mauvais escient le domaine public à des fins de thérapie privées, et «cet osbcur objet du désir», ce cannibalisme des âmes, ne saurait être admis aux commandes par le biais de quelque fichier que ce soit. Je lui dis donc tout net dès à présent: «Gnôti sauton, Connais-toi donc toi même» vil instrument du «Big Brother» et ouvre plutôt un blog c'est plus classe !

Pour le surplus je n'ai pas assez d'informations, ou trop c'est selon, et il convient sans doute de faire un tri avant de se forger puis éventuellement d'émettre une opinion. Mais en tout état de cause il est clair que ce n'est pas dans un milieu stérile qu'on se mithridatise bien au contraire, on s'y fragilise et surtout on en devient dépendant.

nicolas

Bonjour.

Je laisse un second commentaire, car certains de vos propos sont loin de me laisser indifférents.

"la crainte sincère, chez quelques-uns, de ne plus reconnaître un monde où à force de sûreté on en viendrait à amputer la liberté de chacun, à inventer un univers irrespirable au prétexte d'abolir tout risque. C'est une question qui a du sens mais dont la réponse pourrait être éclairée par ce que chaque citoyen doit être prêt à concéder pour le bien de la plupart."

Pour moi la réponse doit être éclairée par ce que chaque citoyen est prêt à concéder ainsi que ce qu'il n'est pas prêt à concéder. Il me semble que c'est Benjamin Franklin qui disait: "une société prête à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux."

"Pour peu que les moyens mis en oeuvre émanent d'une démocratie et que leur finalité soit d'assurer la paix publique et la sécurité de chacun, je me demande quelle serait donc l'incommodité fondamentale qui gênerait le citoyen irréprochable en face d'une telle politique préventive pour éviter le fait acquis du délit ou du crime". Ca c'est l'argument des partisans du waterboarding (torture par l'eau) aux Etats-Unis. Certes c'est sans commune mesure avec ce qui nous intéresse ici. Peut-être que je me trompe ou que je suis naïf, mais je croyais que le débat était tranché depuis longtemps en démocratie : la fin ne justifie pas les moyens.

Petite digression sur "l'incommodité fondamentale qui gênerait le citoyen irréprochable". Je sens poindre sous cette formulation l'idée reçue fausse, voire stupide : "Ca ne dérange pas les gens qui n'ont rien à se reprocher". Cette formule est souvent employée par les plus fervents partisans de la vidéosurveillance à tout crin, mais aussi par ceux qui veulent déléguer la surveillance du trafic internet à des sociétés privés.

Parfois, j'ai franchement l'impression que l'on est en train de basculer d'un monde où l'on est innocent jusqu'à preuve du contraire à un monde ou la surveillance permanente de tout un chacun permet d'identifier facilement ceux qui sont coupables. L'incommodité fondamentale, c'est que dans le second modèle, je ne suis pas libre. fin de la digression.

Personnellement, je suis plutôt favorable au fichier edvige. Attention toutefois à :
-ne pas le justifier avec des arguments liberticides comme vous le faites dans votre billet.
- en faire un bon usage, notamment au niveau de la conservation des données (cf mon commentaire précédent).

Laurent Dingli

Encore une fois, vous abordez avec beaucoup de nuances un sujet particulièrement difficile. Je comprends et partage vos réserves en ce qui concerne l'article 2 du décret du 1er juillet. On ne comprend pas très bien en effet son utilité ni même sa pertinence.
D'une manière plus générale, le question pourrait se poser dans les termes suivants : comment la société peut-elle pallier l'éviction de la figure paternelle au niveau familial ? Et jusqu'où doit-elle aller pour se substituer à une présence qui fait défaut ? Des études américaines avaient montré, il y a quelques années, que l'augmentation des crimes suivait celle du nombre de familles monoparentales dans une région donnée. Certes, il faut manier ce genre de concomitance avec beaucoup de prudence. Il n'en reste pas moins que le lien, dans bien des cas, est patent. De multiples facteurs entrent d’ailleurs en ligne de compte pour expliquer qu’un mineur puisse se retrouver à la dérive, et je crois que certains intervenants de ce blog qui ont une longue expérience d’éducateurs ou d’aumôniers, pourraient en parler bien mieux que moi. Parmi ces facteurs, interviennent sans doute l’héritage familial, l’absence ou le débordement d’une mère confrontée seule à l’éducation de ses enfants, et souvent dans des conditions matérielles très difficiles. Dans certains quartiers, il existe aussi l’effet de groupe - la bande venant se substituer à une autorité familiale ou publique inexistante ou trop lointaine. Dans certaines familles, qui comptent plus de dix enfants, le père a disparu ou se trouve totalement dépassé par les événements.
La question transcende largement l’opposition droite-gauche, puisque c’est aussi l’évolution des sociétés contemporaines, dans une certaine mesure, qui contraint le législateur et le politique à compléter l’arsenal des moyens permettant de lutter contre ces dérives et l‘abaissement de l‘âge de la criminalité. Je crois que nous pourrions nous inspirer aussi bien du pragmatisme de la droite que d’une certaine approche de la gauche, une fois celle-ci allégée de son carcan purement idéologique : il faudrait sans doute améliorer la détection des comportements à risque tout en améliorant l’accompagnement de ces jeunes.
J’ai vu récemment ce qui se pratique aux Etats-Unis avec des camps de redressement d’inspiration militaire où les familles dépassées par les événements envoient leurs enfants pour les dresser, le terme n’est pas excessif (on se souvient de la proposition qu’avait faite Madame Royal sur un question similaire). Je trouve cette pratique non seulement abominable, mais aussi totalement inefficace. D’un côté, on forme de bons petits soldats/citoyens qui obéissent au doigt et à l’œil, parce qu’on a tué en eux, non seulement toute dérive (lesquelles sont souvent communes à l’adolescence), mais encore toute forme d’expression individuelle. De l’autre, il y a les « ratés » de l’exercice, c’est-à-dire plusieurs dizaines de morts qui, chaque année, sont rangés dans les pertes et profits de ce système absurde. Nous n’en sommes pas là, fort heureusement, mais il faut rester vigilant.
Encore une fois, la question d’ensemble n’est pas simple. D’une part, l’Etat doit bien remplir son rôle de protection et, pour reprendre votre terme, s’adapter à l’évolution de la société, mais, d’autre part, le transfert de responsabilité de la famille à l’Etat peut constituer lui-même une dérive dans le sens où il touche à la question des libertés individuelles sur lesquelles sont fondées nos sociétés occidentales modernes. La question se pose différemment dans d’autres cultures, comme en Asie, et notamment en Chine ou au Japon où le groupe prime souvent sur l’individu, pour le meilleur comme pour le pire (j‘attends avec impatience les éclaircissements de Catherine Jacob sur le sujet). La question du rapport entre l’individu et l’Etat est sous-jacente dans celle de la délinquance des mineurs. Plus que d‘autres, sans doute, elle nécessite une approche nuancée.

Jean-Dominique Reffait

Non, là, je ne vous suis vraiment pas.
Majeur ou mineur, la question est la même, je vous l'accorde : on instaure un nouveau statut dans la société, celui de suspect. En effet, ce fichier, concernant les mineurs de moins de 16 ans, n'a d'autres buts que de constituer dans la société, dès le plus jeune âge, une liste de suspects préétablie vers laquelle on se tournera prioritairement, une sorte de caste nouvelle.

Il semble bien que le projet initial d'Edvige n'était pas celui-là, mais une centralisation des fiches des renseignements généraux sur les personnalités et individus connus de ceux-ci. C'était, semble-t-il, la suite logique de la création de la direction centrale du renseignement : un outil de travail pour la sécurité du territoire et la défense des intérêts de la France à l'étranger.

La portée en a été étendue en abaissant l'âge des intéressés, contrairement aux prescriptions de la CNIL qui avait indiqué l'âge de 16 ans. Cet élargissement risque d'ailleurs de nuire à l'efficacité première du système en le bourrant de données d'une nature différente et insignifiante au regard de l'objet principal.

Ce qui est étonnant, c'est que vous émettiez une réserve sur la philosophie initiale d'Edvige qui ne consiste qu'en une informatisation d'un système déjà existant (RG) indispensable à un Etat pour disposer de renseignements tenant à la sécurité et la stabilité du pays ! Comme si vous n'appréciiez Edvige que comme un outil visant à la délinquance ordinaire. C'est exactement le contraire : Edvige est un outil de renseignement de prévention de la subversion politique, du terrorisme ou du grand banditisme auquel on a rajouté des éléments qui sortent de ce cadre.

Amusant : lorsqu'on tape "Edvige" sur le moteur de recherche du ministère de l'Intérieur, le système informatique vous affiche une page d'erreur qui contient plein d'informations sur le serveur du ministère de l'Intérieur, une vraie aubaine pour les pirates ! On apprend que le serveur Web du ministère s'appelle Clotilde, qu'il fonctionne sur le port 8081, que le répertoire de base est"misill". Edvige n'est pas née qu'elle se trahit elle-même !

PS : J'ai été très amoureux d'une Edwige africaine, splendide créature de la brousse gabonaise, pour qui j'ai accepté de vivre dans les conditions difficiles de la jungle, tout en maintenant, malgré mon unique pagne pour me vêtir, les exigences d'éducation et de savoir-vivre inculqués par mon éducation versaillaise. Elle était belle et drôle, analphabète et torride, elle doit être morte aujourd'hui, ou syphilitique au dernier degré.

Denis Ducroz

Il a neigé sur yesterday et Edvige aujourd'hui est grand-maman !
Lors d'une manifestation écologiste autorisée, dans les Alpes en 1999, un ami travailleur social s'est vu menacé dans sa situation par les services des renseignements généraux qui lui ont brandi une photo de l'Est Républicain où on le voyait défiler pacifiquement pour protester contre le nucléaire à Fessenheim. C'était dans les années 70, il avait à l'époque 14 ans.
C'est à se ronger de désespoir que d'entendre des juristes intelligents et probes nous expliquer que le fichage électronique de la délinquance juvénile ne présente aucun danger "pour peu que les moyens mis en oeuvre émanent d'une démocratie et que leur finalité est d'assurer la paix publique et la sécurité de chacun" (dixit P. Bilger)
Mais, Monsieur Bilger, Edvige existe depuis toujours. Ce qui aggrave la situation c'est, à la fois, la formidable puissance de l'informatique et la paranoïa qu'on entretient chez le citoyen apeuré.
Parce que lorsque la démocratie s'étiole, les fichiers, eux, demeurent et se renforcent. Si, il y a trente ans, on pouvait déjà stocker l'image d'un gamin qui ne comprenait pas forcément la portée de son geste - pourtant démocratique et sans danger -, que nous apporte Edvige sinon la preuve que ce qui se faisait alors en catimini opère aujourd'hui en pleine lumière.
Puisqu'on suspecte un jeune dès ses premières conneries, que ne suspecte-t-on pas le fichage comme une manie précoce de tous les régimes totalitaires ?
Aujourd'hui ce n'est pas Edvige que l'on baptise, c'est Baba Yaga qui sort du bois.
Denis Ducroz

SR

Aucun rapport avec le sentimentalisme de la gauche. Il s'agit de cohérence, un bon flic n'a pas besoin d'un énième recensement informatisé des délinquants potentiels qui sont connus de services de police. Il faut augmenter les moyens de la justice pour les comparutions immédiates. J'imagine aisément la satisfaction ridicule de ceux qui ont inventé le nom d'Edvige un soir après une réunion ministérielle, en bras de chemise pour faire viril. "Ouah, Edvige, trop fort, percutant !". Et ficher les individus en raison de leur appartenance politique, religieuse renvoie au régime totalitaire. Et on ose se moquer de Robert Mugabe qui élimine ses concurrents ? Les écoutes téléphoniques de François Mitterrand ne sont pas si loin. Big brother is watching you.

Julien

La notion de dangerosité, que voulez-vous, j'ai du mal à m'y faire. D'abord, je trouve fort préoccupant qu'elle s'acclimate dans notre ordre juridique, fondé sur les idées de responsabilité et de présomption d'innocence. Ensuite, je ne sais pas ce que c'est qu'un individu dangereux. Disons plutôt qu'en l'occurrence il s'agit de personnes dont la société a peur.

nicolas

Bonjour.

Ce qui est gênant dans ces mesures de fichage, c'est l'absence totale de transparence sur la durée de vie des données.

Historiquement, en France, le stockage centralisé des profils ADN est apparu pour identifier les délinquants "sexuels".

Puis, petit à petit, les crimes puis délits susceptibles d'entraîner un fichage ont augmenté, pour arriver à un niveau totalement aberrant. Aujourd'hui, les témoins d'un crime ayant subi une expertise ADN les disculpant (comme dans l'affaire Caroline Dickinson) voient leur profil enregistré pour 25 ans, tandis que les coupables pour 40 ans.

Personnellement je pense qu'il est normal de conserver les données permettant d'identifier les fauteurs de troubles. Mais la durée de conservation doit être proportionnelle à la faute commise. Imaginons qu'un voleur de voiture soit condamné. Il est utile et nécessaire de conserver ses empreintes digitales et profil ADN pour une certaine durée (5 ans par exemple) à dater de sa condamnation. S'il récidive, il doit voir la période de 5 ans reconduite. Après il faut trouver une durée adaptée pour chaque crime et délit. Les personnes jugées en correctionnelle ou en cour d'assises doivent (ou devraient) systématiquement être fichées pour une période clairement définie adaptée.

Par contre au terme de cette période, il doivent avoir la garantie de ne plus être recensés, fichés ou quelque terme que soit. Les données permettant de l'identifier doivent être effacées.

C'est comme pour l'histoire des tests ADN pour le regroupement familial. indépendamment du débat qui a eu lieu autour de cette mesure, je n'ai jamais entendu personne dire ce qu'il adviendrait de ces profils ADN une fois établis. Destruction ou enregistrement dans la liste des violeurs, assassins... et témoins disculpés d'affaires criminelles ?

La même remarque s'applique ici. Le fichage dès 13 ans pourquoi pas ? Mais quid de la conservation des données ?

Alex

Bonjour,

Edvige a-t-il de quoi faire peur ? Je ne reviendrai, pour ma part, que sur quelques points de votre message qui, eux, m'ont fait peur sous votre plume :

1) "D'une part, l'âge de 13 ans est fixé par la loi pour la majorité pénale".
==> Excusez-moi de relever cette erreur grossière, à plus forte raison de la part d'un magistrat, mais nous n'en sommes pas encore là, heureusement : la majorité pénale est encore fixée à 18 ans !

2) "la dérive dénoncée notamment par Delphine Batho, pour le parti socialiste, ne tient pas spécifiquement à la précocité mais à un phénomène plus général qui conduit de plus en plus à focaliser non plus seulement sur l'infraction commise mais sur celle susceptible d'être commise"
==> En effet, mais en quoi cela en fait-il un argument non pertinent ?
Edvige est problématique parce qu'il traduit un pas de plus dans cette direction de la prévision de dangerosité et il l'est a fortiori parce qu'on ne considère même plus que les enfants (excusez-moi de parler d'enfants pour des "mineurs" qui ont atteint l'âge de 13 ans...)
devraient être hors de ce champ (ce qui est en parfaite cohérence avec le projet en question).
Cette décence qu'on avait, cette retenue, on ne l'a même plus, heureusement, on a l'efficacité en échange... Y a-t-on gagné en humanité ? Sommes-nous plus dignes à être sans vergogne ?

Cette évolution était prévisible, et prévue : ces mécanismes de sûreté ont tendance à voir leur champ se développer avec le temps, cela a été vérifié avec l'ensemble des fichiers créés ces dernières années.

3) "un recensement des personnalités soupçonnables est d'autant plus utile, sur le plan des violences urbaines de groupe, qu'on retrouve peu ou prou toujours le même noyau dur de durs et que l'administration de la preuve en aval ne pourra que gagner à se voir facilitée en amont."
==> Utilité et efficacité font-elles légitimité ?

4) "Ce ne sont pas les "enfants" qui sont visés mais des mineurs d'au moins 13 ans que leurs habitudes, leur participation à des bandes et leur implication dans la délinquance rendent sinon majeurs du moins passibles de mesures de précaution."
==> En quoi la gravité des actes commis par un mineur pénal, ou leur répétition, a-t-il quoi que ce soit à voir avec sa majorité ?
Si on est mineur que tant qu'on ne commet pas de délit ou de crime, il ne sert pas à grand-chose de définir une minorité et une majorité pénale !
C'est bien parce que le critère de minorité est étranger à la nature des actes commis qu'il a du sens.

5) "Cette mythologie de l'enfant-roi, insoupçonnable et protégé quoi qu'il fasse, en dépit d'une modernité qui le propulse parfois au coeur des pires actions, serait à la longue grotesque si elle ne révélait pas surtout l'attendrissement d'adultes sur ce qu'ils ne sont plus."
==> Croyez-vous vraiment que "le mineur de 45" ne commettait pas d'acte terrible, horrible, cruel ? Ne seriez-vous pas en train de témoigner d'un "idéalisme dépassé" à ce sujet ?
L'étape suivante de votre idéologie, c'est de considérer qu'à partir de 13 ans (et pourquoi pas plus tôt d'ailleurs, si c'est efficace), l'acte délinquant est le résultat d'un choix délibéré.

Je relève également la puissance du dernier argument sur les nostalgiques de l'enfance...

6) "je me demande quelle serait donc l'incommodité fondamentale qui gênerait le citoyen irréprochable en face d'une telle politique préventive pour éviter le fait acquis du délit ou du crime."
==> Je ne sais pas si j'entre dans votre catégorie de "citoyen irréprochable", je ne sais pas si elle a un sens. Je suis certain, en revanche, d'être un citoyen, et à ce titre, je vous répondrai que cette "incommodité fondamentale" est le fait de me pousser à diminuer ma liberté et celle de mes semblables (peut-être plus encore celle de mes semblables d'ailleurs : j'ai la chance d'être peu susceptible qu'on diminue effectivement mes libertés), à accepter cette limitation de liberté et même à l'applaudir sans quoi je ne serais justement pas un "citoyen irréprochable".
Si je suis opposé à des dispositifs tels que celui d'Edvige, c'est bien en pensant à ce que je crois pouvoir être "le bien pour la plupart", une vision manifestement différente de la vôtre !

Alexis

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