J'ai lu que notre collègue Lesigne allait être nommé à la cour d'appel de Caen.
Cette nouvelle, à elle seule, ne mériterait pas un autre billet si elle ne me fournissait pas un bienheureux prétexte pour répondre collectivement aux nombreux commentateurs de mon dernier post même si j'ai essayé de fournir des explications à beaucoup par des messages personnels.
Dans l'ensemble, quelle volée de bois vert !
Sans doute suis-je responsable de ce malentendu à cause de l'excessive concision de mon petit texte et du tour polémique que j'ai voulu lui donner. J'ai ainsi été amené à opposer, d'une manière trop manichéenne, l'avis du Conseil supérieur de la magistrature et la décision du garde des Sceaux. J'ai surtout donné l'impression, par le titre choisi et la fin de mon billet, que je n'étais pas loin de mépriser le "peuple" alors que la satisfaction de ses attentes m'est toujours apparue fondamentale pour une bonne justice.
Si je plaide coupable, j'invoque aussi, à ma décharge, un certain nombre de circonstances.
D'abord, mon droit à l'humeur et au trait. Il est facile d'accepter que quelques lignes caustiques ne puissent pas prétendre à la densité et à la profondeur d'un texte plus long.
Ensuite, à partir du moment où un blog offre nécessairement l'opportunité d'écrire des posts sur un même thème, la moindre des précautions est d'apprécier le dernier billet à l'aune des précédents. "Lesigne jeté au peuple", en ce sens, est indissociable du texte ayant pour titre "Un bon Conseil". Cela ne signifie pas, dans mon esprit, qu'on doive être forcément en accord avec mes positions mais qu'au moins, on ne les dénature pas en les estimant variables et conjoncturelles. J'ai toujours écrit qu'avec ce régime actuel de responsabilité, celle de Gérald Lesigne ne pourrait pas être mise en cause, d'autant plus qu'on s'était bien gardé d'embarquer dans le vaisseau disciplinaire tous ceux qui auraient du s'y trouver.
Sur le plan de la forme, je me suis toujours efforcé de constituer ce blog comme un lieu où la liberté d'expression serait pleine et entière. A cette double exception près : les insultes et grossièretés sur des tiers et des commentaires totalement hors sujet.
Certains des commentaires sur mon dernier post dépassaient très largement le combat intellectuel et l'intensité polémique. La vulgarité doit demeurer exclue de cet espace et je l'affirme d'autant plus volontiers que je n'hésite pas à m'en prendre directement à ceux qui dégradent la qualité de leur pensée par la médiocrité de leurs invectives. Ils se reconnaîtront. Cet avertissement n'est pas destiné à me protéger mais il cherche à prévenir un risque de dérive. Je crains qu'à force, pour répliquer à la violence et à la vulgarité, on se sente obligé d'adopter le même ton. J'aime beaucoup cette phrase du girondin Brissot, citée par Christophe Donner dans son formidable dernier roman : "la licence de l'expression ne pourra être combattue que par la liberté de l'expression". Il est très pertinent d'analyser la première comme l'ennemie de la seconde. Il est clair qu'abuser et insulter constituent le meilleur moyen pour créer la tentation d'étouffer et de brimer.
A propos de Gérald Lesigne, et pour finir, je persiste. Le Conseil supérieur de la magistrature a été lucide dans l'avis qu'il a donné. Le garde des Sceaux a bien joué en respectant sa recommandation mais en nommant, avec l'accord de Gérald Lesigne qui a su être intelligent, celui-ci dans une autre cour d'appel que celle de Douai. De la sorte, Rachida Dati, à la fois, ne s'oppose pas au CSM et tient compte du sentiment populaire.
Parfois, j'en ai conscience, l'elliptique est une facilité. Et un danger. Et savoir encaisser est une ascèse !
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En surfant sur le net (comme dirait l'autre), j'ai découvert avec grand intérêt les commentaires de Catherine Jacob. Je n'ai que trois remarques à en faire. 1/ Impossible de se lancer dans une exégèse du mot japonais "ao" pour une légende de photo calibrée au signe prêt. 2/ Concernant le repas japonais, le compte-rendu n'étant pas de moi, il comporte fatalement des erreurs ou des approximations. 3/ La vie d'Augustin Berque (qui ne nous regarde pas… comme dirait l'autre) (bis) a changé, et les informations à ce sujet sont obsolètes. Quant à le citer, cela me paraît incontournable à propos du Japon sans y voir sournoisement des politesses institutionnelles ! Sô desu yo. Philippe Pelletier.
Rédigé par : philippe pelletier | 20 octobre 2008 à 22:04
Pourquoi censurez-vous les commentaires qui mettent en cause les vrais responsables du fiasco d'Outreau, c'est-à-dire les magistrats qui ont formé M.BURGAUD et qui ne sont pas inquiétés par les procédures disciplinaires en cours ? Quand on a le souci de la vérité, il faut savoir accepter le débat démocratique avant de donner des leçons de civisme ou de savoir-faire aux autres....
Rédigé par : grbkknkx | 07 août 2008 à 13:48
On n'a pas dégagé les vraies responsabilités de l'affaire d'Outreau. Les premiers responsables sont avant tout les magistrats qui ont formé M.BURGAUD. On ne peut pas reprocher à ce dernier d'avoir choisi un poste pour lequel il n'était pas compétent. Entre être juge d'instruction et chômeur il n'avait pas vraiment le choix et ne pouvait que choisir la première solution. En revanche, les magistrats qui l'ont formé avaient le devoir de refuser sa titularisation. Or on relève avec étonnement que dans la commission d'enquête parlementaire figure le député Jean-Paul GARRAUD, qui a été le directeur de l'ENM au temps où M.BURGAUD accomplissait sa scolarité, et qui a donc supervisé toute sa période de formation qui a abouti à sa titularisation. Etonnant non ?
Rédigé par : grbkknkx | 05 août 2008 à 11:14
@Marie
«Philippe Pelletier est cité dans « cafés géographiques », dans un article sur le « Repas japonais » ci-après :
http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=250»
J'ai appris en effet l'existence des cafés géographiques en consultant le site du département de géographie de LyonII et j'ai vu qu'il y avait même un café géographique à Metz dont certains thèmes m'auraient bien intéressée si je l'avais su avant.
J'ai lu le contre-rendu signé Olivier Milhaud sur ce repas japonais organisé par le café géographique qui a bénéficié des explications de Phillipe Pelletier. Il y a pas mal de choses à dire mais j'ai sélectionné les quelques passages ci-après de façon à ne pas trop monopoliser en effet la conversation dans ce billet.
1-«Philippe Pelletier, grand spécialiste du Japon (voir à la fin de ce compte-rendu), nous accueille par un préambule sur la cuisine japonaise. La cuisine comme gastronomie, c’est-à-dire ryori, à ne pas confondre avec la cuisine comme lieu, daidokolo.»
Les sons notés par les lettres alphabétiques 'l' et 'r' n'existent ni l'un ni l'autre tel quel en japonais. Il fait donc choisir. C'est 'l' ou c'est 'r' qui va servir à la transcription de la palatale japonaise mais pas les deux.
Donc c'est 'Ryôri' (le plat objet d'une préparation culinaire) et 'Daïdokoro' (l'endroit - Tokoro- où se prépare le repas de riz (Meshi) sur des fourneaux et autres tables -Daï- = endroit surélevé) ou c'est Lyôli et Daïdokolo.
N'oublions non plus la 'cuisine' de 'faire la cuisine' qui se dit Chôri (ou bien Chôli donc); Personnellement mon oreille a une préférence pour le 'l', mais la transcription classique (système américain) c'est 'r'.
2- «Le mot 'Itadakimasu' signifie littéralement 'je reçois', c’est-à-dire je reçois des dieux les plats que je vous offre.»
Hum! N'exagérons rien. De fait, il existe en japonais différents types de langage dont le langage humble (Kenson-Go) et le langage respectueux (Sonkei-Go). Le langage respectueux place votre interlocuteur sur un piédestal et le langage humble place le locuteur lui-même dans une attitude d'humilité. Dans le mot cité 'Itadaki-masu', vous avez un verbe appartenant au langage humble qui signifie effectivement selon le contexte et le point de vue :'recevoir'/'prendre'/'accepter' (dans le langage ordinaire il correspond à cet autre verbe de sens lus restreint et précis qu'est 'mora-u') mais aussi : 'manger'/'boire' qui en langage ordinaire se dit notamment 'Ku-u' pour 'manger' et 'No-mu' pour 'boire'.
Ce verbe humble donc c'est en effet 'Itada-ku' dont le sens initial est 'placer sur la tête'. Par exemple quand on se saisissait à deux mains d'une jarre que l'on plaçait ensuite sur sa tête pour la transporter, d'où cette image de recevoir quelque chose en plaçant ses mains au-dessus de sa tête (style élévation).
Par extension 'manger' et 'boire' après avoir reçu/pris quelque chose de cette façon qui n'est pratiquement plus qu'une métaphore de nos jours. A ce verbe du langage humble est annexé une forme de conjugaison appartenant au langage dit 'poli' ( Teinei-Go).
'Itadaki-masu' représente donc la formule rituelle que l'on prononce au début du repas, même si c'est vous-même qui l'avez préparé! Ou encore quand on vous propose quelque chose et correspond alors à "Oui, merci".
3- «La cuisine japonaise n’est pas une cuisine isolée, n’ayant subi aucune influence. La «première influence est celle de la Chine : La cuisine japonaise est une cuisine fondée sur le riz.»
Hum! Il faut le dire vite. La cuisine japonaise est une cuisine fondée sur le poisson, les crustacés quand il y en avait et leur garniture de légumes accompagnée de riz. Ce qui la distingue essentiellement de la cuisine chinoise et des cuisines occidentales classiques c'est le goût pour le cru. Il y a beaucoup de sortes de légumes au Japon que nous ne consommons pas ou plus et divers modes de préparation et de conservation. La table n'obéit pas non plus aux mêmes règles que nous ou que les chinois, notamment en ce qui concerne la vaisselle. Ils ne vous sortiront donc pas un service, mais un assortiment de pièces différentes en harmonie (maître mot) avec le plat servi à la fois du point de vue de la forme et du point de vue des couleurs! Autre différence: Ils ne font pas de déchets et la cuisine est donc faite en fonction. Il n'est pas correct de laisser ne serait-ce qu'un grain de riz dans le bol bien qu'on utilise des baguettes. Tout ce qui se trouve servi se mange, y compris la tête et les arêtes de certains poissons et ils disent que c'est cela qui explique leur longévité.
4- «On ne touche pas à sa soupe aussitôt qu’elle est servie, puisque dans un repas japonais tous les plats se mangent ensemble une fois qu’ils ont été servis sur la table et que l’hôtesse nous invite à commencer en disant « dozo » (allez-y).»
En effet, les plats ne sont pas servis l'un après l'autre comme dans la France de l'intérieur, mais, comme en Lorraine, sont disposés tous ensemble sur la table et chacun se sert et se ressert un peu de ceci, un peu de cela, du plat dans une petite coupelle individuelle et avec ses propres baguettes. La soupe qui sert à aider à digérer, comme pour nous le café, se consomme en dernier. Il n'y a pas de dessert à l'occidentale vu que le sucre est utilisé couramment dans la préparation des plats.
'Dôzo' dans ce contexte exprime l'accord de la personne qui a préparé le repas et/ou vous accueille et/ou vous sert, à ce que vous vous serviez ou attaquiez le plat: "Vous pouvez vous servir/commencer à manger etc..." Donc effectivement, de ce point de vue, "Allez-y".
5- «Philippe Pelletier mentionne les banlieusards arrivant à la gare le matin et qui mangent sur le pouce un bol de nouilles chaud en faisant poliment du bruit.»
Font-ils poliment du bruit ou essaient-ils simplement de ne pas se brûler en consommant une soupe qu'ils aiment ultra-chaude, tout comme le thé infusé d'ailleurs. Le bruit qu'on fait pour refroidir ainsi les nouilles en les aspirant, bruyamment donc, n'est pas considéré comme impoli. Tout simplement on n'y prête pas attention à moins qu'un français dans les parages ne s'en étonne de façon visible, vu qu'il connaît, lui, les usages...!!
En revanche, le bol de thé battu se boit en trois gorgées rituellement bruyantes en effet, bien qu'il ne soit pas servi à la température de la soupe, loin de là!
6- «les Américains citent Augustin Berque à partir de ses livres traduits en Japonais, parce que les Japonais en parlent dans les articles qu’ils rédigent en anglais ! ! ! !»
Je constate en reliant ce § à cet extrait de la bibliographie indiquée que l'on aime se faire et se rendre des politesses entre chercheurs de l'EHESS!
7- «Philippe Pelletier, La Japonésie. Géopolitique et géographie historique de la surinsularité au Japon. préface de Augustin Berque, (CNRS EDITIONS, décembre 1997 (Espaces &Milieux). 386 p. - (Prix Shibusawa-Claudel 1998, Grand Prix de l’Académie de Marine 1999). »
Augustin Berque, géographe orientaliste, est l'époux de l'artiste Testuko Berque (potier) beaucoup plus fréquentable que lui sur le plan du snobisme, mais bon ça fait longtemps et les gens changent!
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 août 2008 à 21:33
@ Catherine Jacob,
« J’ai jeté un œil en effet sur le panel d’auteurs et leurs articles… », me dites-vous.
Comme le relèverait très sûrement notre « Voyageur Cactus », conservez-le je vous prie, il serait dommage de vous en départir, cela nuirait très certainement à votre éloquence future
D’autre part, je suis confuse pour cette monopolisation du site de Monsieur Bilger, mais merci, Madame, pour avoir pris le temps d’agrémenter d’autant de références ces magistrales explications.
Sur Philippe Pelletier par Google :
http://www.bibliomonde.net/auteur/philippe-pelletier-573.html
Philippe Pelletier est cité dans « cafés géographiques », dans un article sur le « Repas japonais » ci-après :
http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=250
A la référence que vous indiquez, selon le moteur de recherche, les renseignements sont différents :
http://www.ceri-sciences-po.org/bouissou/quandlessumos.htm
Google ou Yahoo ??
Notez que monsieur Chirac serait sûrement amateur du second !
Par ailleurs, pour information, peut-être, selon JM Bouisson, à voir :
L’exposition « Mondes et merveilles du dessin animé. Grimault, Takahata, Mityazaki » se tient jusqu’au 16 novembre 2008 à l’abbaye de Fontevraud (Anjou).
Extraits de films, dessins, entretiens font découvrir la filiation artistique entre le cinéma de Paul Grimault et celui des Japonais.
Renseignements : www.abbayedefontevraud.com
J’ai visité dernièrement un Moulin à papier où on peut regarder tout à loisir un ouvreur exercer son art. Les Japonais seraient très friands de « ce » papier artisanal, utilisé par les calligraphes, peintres, éditeurs, aquarellistes, etc… différent de l’industriel, qui aurait une « durée de vie » jusqu’à 600 ans, alors que le papier industriel en aurait une de « 100 ans » à peine !
Magnifique à observer : toutes les étapes de la fabrication et la feuille par elle-même…
Encore merci.
Rédigé par : Marie @ Catherine Jacob | 03 août 2008 à 12:38
Parmi les quinze autres spécialistes qui ont apporté leur contribution à ce numéro, on note bien sûr, l’épouse japonaise de F. MACÉ, Miéko MACÉ (voir : http://www.lesbelleslettres.com/auteur/?fa=ShowAuthor&Person_ID
=1577 ) sur l’époque de Edo qui fait l’objet de l’ouvrage vers la présentation duquel ouvre ce lien, ainsi que sur le poisson et le riz autrement dit les fameux Sushi dont il a déjà été question sur ce blog en mai dernier à cet endroit : http://www.philippebilger.com/blog/2008/05/je-requiers-le-silence/
comments/page/2#comment-116906 de façon plus détaillée et précise.
- J’abandonne là mon tour d’horizon pour vous remercier néanmoins d’avoir attiré mon attention sur ce numéro qui à sa page 52 reproduit dans un encart de Pierre-François SOUYRI, Directeur de la Maison Franco-Japonaise, une estampe de Hiroshigé des collections du Brooklyn Museum de New-York qui m’a beaucoup intéressée mais que cet auteur qui l’a manifestement convoquée à titre de simple illustration des débuts de la grande distribution, ne commente malheureusement pas sur le plan iconographique.
- Pierre-François SOUYRI, collègue donc de Laurent Nespoulos, est co-auteur avec Philippe Pons, le correspondant du Monde à Tôkyô, de « Le Japon des Japonais» (ISBN 978-2-86746-441-6. mars 2007 ), et qui s’auto complimente ainsi : « Ce subtil décodage constitue la meilleure des initiations au pays du Soleil-Levant. » Le Monde .
- Le dit encart s’intègre dans l’article de Guillaume CARRÉ sur les deux siècles de « fermeture du Japon » à l’étranger, la fameuse SA-KOKU : 鎖国 qui s’est installée dans le but de renforcer le système féodal et qui sous prétexte de proscrire le christianisme a purement et simplement interdit aux japonais de sortir et aux étrangers de rentrer. Cet auteur est Maître de conférences, EHESS où il a pour thème de recherches : « L’intégration des élites citadines par le pouvoir des guerriers » ainsi que « La monnaie, le pouvoir et les financiers à l’époque d’Edo » ( 17ème ~ 19ème ). Il a participé avec François MACÉ, Pierre-François SOUYRI et deux autres spécialistes qui ne figurent néanmoins pas dans ce numéro – mais dont l’un occupait précédemment son fauteuil à l’ EHESS où on a vu également passer Philippe Pelletier et d’autres encore parmi les auteurs de ce numéro spécial qui apparaît donc quelque part comme une histoire de famille et une parution promotionnelle–, à une « Histoire du Japon » à paraître chez Hermann.
- On exceptera cependant la sociologue Ueno Chizuko (p.86) un professeur de la Faculté des Sciences humaines de l’université de Tokyo où elle figure effectivement sur la liste, mais dont le propos a été retranscris par Philippe Pons du Monde donc, et qui épluche les idées reçues sur la femme japonaise autour du portrait d’un ancien ministre de l’environnement (2003-06) puis de la défense (2007), dont il existe une meilleure photo sur son site personnel : http://www.yuriko.or.jp que celle que publie l’Histoire...
- Le rédacteur de l’article sur le Manga était au Japon à l’époque où j’y étais moi-même, mais je ne me souviens pas de lui, ce qui s’explique sans doute par le fait que mon mari occupait un poste d’agrégé à Kyôto alors que cet « ancien normalien et maoïste bon teint » était lui-même en poste au lycée franco-japonais de Tokyo. Nous avons néanmoins je pense quelques connaissances communes. De nos jours il est directeur de recherches au CERI (sciences po.) et dispose d’un site personnel : http://www.ceri-sciences-po.org/bouissou/quandlessumos.htm Contrairement à ce que laissait craindre le sommaire du numéro que j’avais primitivement consulté il n’ignore pas les rouleaux peints du VIIIème siècle, les fameux GIGA si en revanche il ne mentionne pas cette dénomination ni dans une lecture, ni dans l'autre (Zare-E)...
Rédigé par : Catherine JACOB - IV | 02 août 2008 à 18:57
- François MACÉ : Professeur à l’INALCO – Citation remarquable: « Pour être civilisé, il faut des Barbares » in le cas japonais dans l’Antiquité. – Il a assuré l’article de présentation de l’écriture où j’ai noté qu’il conteste la théorie classique de l’appartenance de la langue japonaise aux langues Ouralo-altaïques et avance une appartenance aux langues austronésiennes ( à savoir à ensemble malayo-polynésien baptisé pour l’occasion : « malaisien-polynésien » ?), ainsi qu’un article traitant du modèle chinois dans la culture japonaise.
L’aire géographique des langues austronésiennes : http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Langues-autronesiennes.png on voit un espèce de Shadock rose à trompe qui dessine cette zone sans inclure le Japon. Voir les langues classiquement agrégées à l’ensemble malayo-polynésien http://fr.wikipedia.org/wiki/Langues_malayo-polyn%C3%A9siennes
François MACÉ est connu pour ses conférences sur le Shintô et il ne prend pas la peine de justifier ce rapprochement. Le reste de la présentation contient beaucoup d’approximations mais quelque part c’est normal pour un article de vulgarisation ?!
En revanche, il continue pour le surplus de véhiculer des idées reçues. Ex. « Le japonais ne connaît pas de ton, si bien que beaucoup de termes chinois deviennent, pour les japonais, homophones (les mots se prononcent de la même manière). »
De fait il eu fallu commencer par expliquer la différence entre le Yamato-kotoba ( corpus primitif de la langue et qui de réfère en effet à l’un ou l’autre des ensemble ci-dessus mentionnés ) et le sino-japonais.
Ce Langage (Kotoba) du Yamato (façon dont le Japon se désigne lui-même dans sa nipponité) est en effet considéré comme « polysyllabique » même s’il s’y trouve des mots ne comportant qu’une syllabe comme l’actuel « O » - ancien WO - , la « queue », par ex. dans l’expression « Ajouter une queue » pour signifier, « ne pas savoir dire les choses comme elles sont et en rajouter », d’où ‘enflure’, ‘ampoulé’ etc. ou encore « U », l’ancien nom du « lièvre » en... Yamato-kotoba – Chinois « Tù » – , et le nom actuel du « Cormoran » – Chinois « Tí » – qu’on trouvera par ex. dans les expressions « Se prendre pour un cormoran », pour dire « outrepasser ses capacités » vu l’excellence de la technique de pêche de ce dernier, et «Traversé par un poil de lapin » pour évoquer quelque chose d’extrêmement ténu et fragile ! « U » le lièvre/lapin et « U » le Cormoran ne se prononcent pas de la même manière. Le cormoran est accentué ce qui va nécessiter l’application d’une règle phonologique en vertu de laquelle la syllabe suivante, par ex. celle d’une particule post-posée va changer de ligne sur la « portée musicale » de la ligne mélodique de la phrase pour s’installer sur une ligne inférieure comme on passe d’une note à la note inférieure, tandis que le lièvre n’étant pas accentué, soit atone, cela va nécessiter l’application d’une règle phonologique différente, celle en vertu de laquelle la syllabe qui suit un mot monosyllabique non accentué monte d’un cran. Si vous ne le faites pas, on entendra – si le contexte est insuffisant à discriminer mais ce qui reste toutefois fonction des parlers régionaux– « Se prendre pour un lièvre » au lieu de « Se prendre pour un cormoran » et « rajouter un sommet » au lieu de « rajouter une queue », autrement dit du parfait sabir... !
S’agissant du sino-japonais autrement dit de la terminologie chinoise incorporée au japonais dans la foulée notamment de la technique à laquelle elle correspondait, puis de façon plus ritualisée, il répond aux besoins d’une curiosité intellectuelle boulimique par un phénomène d’incorporation qui continue de s’observer de nos jours. Ex. : « space-capsule » qui se dit « Uchû » (sino-japonais) pour « space » + KAPUSERU pour « capsule ». Si on prononce mentalement l’anglais « capsule » et qu’on tente de déchiffrer ensuite le japonais KAPUSERU, on comprend tout de suite ce qu’il en est.
Il existe un synonyme homophone de « Uchû » / l’Espace – Chinois « Yǔzhòu», et c’est « Uchû » / « Pleuvoir à verses » – Chinois « Yǔzhù » et qui en japonais sont tous les deux accentués sur la 1ère syllabe – laquelle en chinois se prononce identiquement dans les deux mots selon le 3ème ton –, mais se distinguent à l’écrit par l’orthographe idéographique ainsi qu’ à l’oral par le fait que l’un se conjugue et l’autre non. (site de traduction automatique japonais ► chinois écrit et inversement : http://www.excite.co.jp/world/chinese ; site de traduction français – chinois incluant la phonétique : http://www.lexilogos.com/chinois_langue_dictionnaires.htm lequel, pour sa part, et contrairement au précédent, ne trouve pas de traduction pour l’écriture japonaise de « pleuvoir à verses » : 雨注 et qui à partir du français donnera donc un autre mot : 雨诗 en chinois simplifié et 雨詩 en chinois traditionnel qui remoulu en japonais va nous donner 雨の詩 autrement dit « le chant de la pluie » ! )
Ceci étant, tout comme le japonais, le chinois connaît également des variations phonétiques, et elles touchent bien évidemment ses quatre tons. Par ex. « Un 3ème ton suivi immédiatement d'un autre 3ème ton se prononce comme un 2ème ton ». D’où il conviendrait tout de même de cesser d'affirmer abruptement,même dans un cadre de vulgarisation, que le japonais transforme le chinois en sabir du fait que l’un serait à quatre tons – «selon une classification établie entre 483 et 493, et basée sur la théorie védique des trois intonations » (Voir Wiki), tandis que l’autre, qui cependant n’est pas dépourvu de variations phonétiques faisant appel à des hauteurs de la voix différentes, n’en aurait pas !
F. MACÉ évoque ensuite sans surprises, la question du « Kan-bun » – à savoir du chinois de l’époque de l’utilisation du chinois en japonais dans certains domaines et par différence avec le chinois langue étrangère actuel – et l’invention des systèmes de transcription et d’écriture phonétique appelé Kana dont l’un fut réservé à l’écriture du japonais élégant du haut Moyen-âge et l’autre affecté au démêlage du chinois dans ses divers emplois, avant d’être réduits, simplifiés et consacrés à l’écriture du japonais tout court simultanément avec d’autres systèmes ( idéographique – alphabétique – numération arabe – formalisme mathématique = lettres grecques etc. ...).
Rédigé par : Catherine JACOB - III | 02 août 2008 à 18:57
- Laurent NESPOULOS: On le trouve comme collaborateur d’une publication de la Maison Franco-japonaise de Tokyo : « Ebisu-Etudes japonaises » : http://www.mfj.gr.jp/publications/ebisu/2008/03/no_30/ Il est donné comme chercheur post doctoral en archéologie en poste l’Université d’Osaka mais il ne figure pas sur cette liste (anglais) : http://www.let.osaka-u.ac.jp/letters/english/heritage.html ni sur celle ci (japonais) : http://www.let.osaka-u.ac.jp/kouko/gaikyou.html qui ont trait au « Laboratoire d’archéologie de cette université » : 大阪大学考古学研究室 .
Je me rappelle incidemment avoir inclus dans la liste des textes et documents iconographiques de l’option de japonais du baccalauréat d’une session de juin de la fin des années 90 une émission de la télévision japonaise qui présentait les recherches archéologiques de l’un de sites cités par cet article qui est SAN-NAI MARUYAMA ISEKI: à travers une interview de l’un de mes anciens enseignants (http://en.wikipedia.org/wiki/Umehara_Takeshi ) à l’Université d’état de Kyôto, un philosophe citoyen d’honneur de la ville de Kyôto et actuellement professeur honoraire de l’ « International Research Center for Japanese Studies » dont il a assumé la direction de 1987 à 1992, ainsi que divers autres endroits et personnalité décorée de plusieurs ordres japonais dont la bibliographie est impressionnante et auquel, en France, les gens qui ne l’ont pas lu ont fait néanmoins une réputation de ‘nationaliste’. Je m’étais préoccupée auparavant de savoir si, comme le règlement par ailleurs le prévoyait, les salles d’examen étaient effectivement équipées pour les documents sonores avant de joindre un extrait de l’émission accompagné de la transcription des dialogues, lesquels se référaient bien évidemment aux images. Il ne fut répondu que « pas de problèmes ! » « Pas de problèmes », donc l’élève qui le souhaitait mentionne la cassette et sa transcription sur la liste qu’elle me donne à signer, se rend avec sa convocation à Strasbourg mais pour sa part ne figure sur aucune des listes affichées sur jour-là. Elle est donc rajoutée en catastrophe par l’administration sur la liste d’une salle qui n’était pas équipée pour les cassettes vidéo et manque de bol supplémentaire, le jury de cette salle choisit précisément ce document ! Que faire sinon tenter de se débrouiller avec des dialogues sans contexte mais faisant état d’un vocabulaire spécialisé s’expliquant par l’image ?!! Cette élève n’ayant pas eu la moyenne, j’ai appelé par la suite, à sa demande d’ailleurs, et pour obtenir quelques explications, le membre du Jury en question qui éventuellement se reconnaîtra, lequel membre a reconnu qu’aucun des autres candidats n’avait pris le risque de présenter des textes de ce niveau de difficulté, mais qu’elle employait trop de « GA » - indice du sujet grammatical en japonais - , au lieu de « HA », indice du sujet thématique ( = ce dont on parle) ce qui justifie que le commentaire de l’élève qui avait néanmoins prouvé qu’elle comprenait le document, s’était vu affublé du charmant qualificatif de « charabia » !
Je me suis permis de photocopier quelques pages d’une grammaire japonaise en japonais sur les libertés et contraintes de l’emploi discriminatif de « GA » et de « HA », et de les faire parvenir à ce membre du Jury qui a de surcroît voulu ignorer que les instructions parues au BO demandent également d’apprécier favorablement « la prise de risques ». Bref, une vieille histoire !
Rédigé par : Catherine JACOB - II | 02 août 2008 à 18:56
@Marie
J’ai jeté un œil en effet sur le panel d’auteurs et leurs articles, en particulier pour l’instant sur :
- Philippe Pelletier, Géographe spécialiste du Japon. Il a travaillé sept ans au Japon. Contrairement à ce qui est noté en marge de ses articles dans l’Histoire, pas de Philippe Pelletier dans la liste des enseignants de géographie où l’on trouve néanmoins un homonyme de l’un de mes grands-pères mais pas de celui des deux qui était passionné d’histoire : http://ghhat.univ-lyon2.fr/rubrique-38-ENSEIGNANTS.html
-
Bref, il nous présente l’archipel en sept images dont l’une est « Ao », « Le Bleu » présenté comme désignant aussi « le vert », soigneusement illustré par un cliché de rizières sur fond boisé où les bleus se distinguent très bien des verts à certains endroits, tout en fusionnant à d’autres. De fait, « Ao », l’une des sept couleurs de l’arc-en-ciel ou, au choix, des trois couleurs fondamentales, se donne en effet dans une tonalité un peu différente de la notre dans les feux tricolores qui rythment la circulation au Japon : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b2/Ampel.gif
Ceci étant, ce qui eût été en vérité intéressant d’expliquer à propos de cette couleur qui nommait primitivement en japonais un « blanc cendré », celui du héron bleu - http://olivier.paris2.free.fr/galapagos/Pages/07-Grand_Heron.html , et dont le versant sombre est « Aï » : 藍, l’indigo, c’est qu’elle véhicule exactement la même métaphore de la jeunesse que le français lorsqu’il dit « un bleu » pour « un novice, une bleusaille, un nouveau, un jeune enfin », vu qu’il a pour sens également « d’un âge tendre », « pas mûr », ce qui n’est pas sans rappeler aussi ce titre d’un roman de Colette qu’est « Le blé en herbe » une métaphore de la jeunesse. Il nomme également tout comme le français qui dit « bleu » pour la cuisson d’un steak, ce qui est « frais, cru ». Le plus simple des idéogramme affecté à « Ao » : 青, écrit quelque chose d’un peu différent, puisqu’il se réfère effectivement davantage concrètement à la couleur des jeunes pousses qui tire tantôt sur le bleu, tantôt sur le vert comme sur la photo publiée –mais aussi comme les meules de foin de Claude Monet–, et l’associe à l’idée d’un « puits » donc à l’idée d’une « eau pure », cristalline. Il y a plus compliqué mais bon. Bien évidement ils ont également une écriture d’ « Ao » qui tout comme notre « bleu » d’ailleurs, donne l’image de quelque chose d’exsangue et de livide comme l’herbe qui ne synthétise plus la chlorophylle, c’est 蒼 , ainsi que du vert complètement vert : 緑 etc. !
Rédigé par : Catherine JACOB - I | 02 août 2008 à 18:54
@que la justice soit forte et que la force soit juste
"Tout à fait d'accord, il faut expliquer aux non juristes que, dans l'affaire d'Outreau ou dans toute autre affaire, (...)"
Non, non et non !
(décidément je me répète...)
C'est aux juristes qu'il faut expliquer que le justiciable se trouve devant une machine à broyer et que lorsqu'elle rend justice à un innocent injustement accusé, elle la rend avec une forte odeur d'injustice...
Aucune justice humaine n'est fiable... certes, mais laissons quand même l'humanité prévaloir. Car la loi est faites pour l'homme et non l'homme pour la loi...
et tant que les décisions "de justice" (parquet ou siège - le mis en examen qui clame son innocence n'en a rien à faire de cette dichotomie) seront prises sans que l'on se soit assuré que l'instruction a bien été faite à charge ET à décharge, les non juristes auront l'impression de ne rien comprendre. Pourquoi ne pas faire du JDD un contrôleur du dossier mais en audience publique et contradictoirement en présence des parties concernées ?
Cordialement (et "non juriste")
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 01 août 2008 à 16:58
Non, non et non !
Les cas "Lesigne & Burgaud"" n'intéressent pas le peuple (je ne parle du microcosme d'initiés aux méandres de la procédure). Eux ou d'autres, Outreau aurait été traité de la même manière !
Ou alors il faut reconnaître que d'autres que "Lesigne & Burgaud", auraient eu une intelligence du dossier différente à défaut d'une compétence différente.
Car tout dossier n'a pas la chance d'avoir l'oeil et l'intelligence exercée d'un "schmitt" pour demander un "non lieu".
Monsieur l'Avocat Général, pas besoin de plaider coupable pour un article que vous jugez vous-même un peu trop concis. Interrogez-vous sur les dérives et leur conséquences, d'un corps qui se réclame de "LA" Justice.
Combien d'Outreau ont encore eu lieu après ?
Je n'en veux pour preuve que les co-accusés de "Pierrot le fou" qui ont tous été incarcérés et acquittés aux assises. Sans battage médiatique cette fois-ci.
Et les autres ? Comme si Outreau servait d'arbre pour cacher la forêt.
C'est tout le système qui nécessite une mutation... pour quand ?
Cordialement (mais interrogatif)
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 01 août 2008 à 16:41
@Marie,
On n'est plus abonnés, donc je n'ai pu que consulter le sommaire du n°333 consacré au Japon, celui que donc vous évoquez et dont la première page montre un acteur de Kabuki dans un rôle de samouraï.
Rien de nouveau sous le soleil nippon a priori, mais j'ai cependant noté cet article à l'intitulé surprenant :
"Le manga, enfant de la Bombe?"
Pourquoi surprenant? Mais parce que le Manga est en vérité le fils naturel du Giga (dont l'écriture idéographique se lit encore: encore lu 'Zare-E' ). Lequel Giga n'est pas une cotation informatique mais le nom donné à un genre d'images satiriques, amusantes, caricaturales, grotesques où les personnages sont ridiculisés, notamment sous l'aspect d'animaux tout comme dans nos fables.
Voir cette sorte de Gi-ga que sont les Chôjûjinbutsu-GiGa = 鳥 ( Oiseaux ) 獣 ( Bêtes )人物 ( Humains ) 戯画 (Inanité en images ) donnés comme à l'origine du Manga et qui datent de la période Héian (794-1185): Ex Sumo de grenouilles sur http://ja.wikipedia.org/wiki/%E7%94%BB%E5%83%8F:Chouju_sumou
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Vous trouverez également ici une liste des mangas par titre français. Liste A: http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_mangas%2C_par_titre_francais%
2C_A
Si vous y cliquez sur Osamu TEZUKA considéré comme le père du Manga moderne
vous découvrirez ceci :
«Il est né le 3 novembre 1928 à Toyonaka, dans la préfecture d'Ōsaka, et décédé le 9 février 1989 à Tōkyō. Très jeune, il est marqué par les dessins animés de Walt Disney (il aurait vu Bambi plus de 80 fois), qui lui font découvrir sa vocation.
Il publie ses premiers mangas en 1946, pendant ses études de médecine à l'Université d'Ōsaka. On retrouve des traces de cette formation dans son œuvre, particulièrement dans la série Blackjack, mettant en scène un chirurgien à gages, qui exerce dans l'illégalité.
Tezuka rencontre le succès dès 1947, grâce à un manga appelé "La Nouvelle Île au Trésor" = "Shin takarajima". Par la suite il écrivit de très nombreuses œuvres (plus de 700 œuvres originales) qu'il serait impossible d'énumérer de manière exhaustive.» etc...
Or qui dit «Manga moderne» pour le Manga apparu en 1946 dit nécessairement que le Manga n'est pas né en 1946.
De fait on confond je pense, Comics et Manga.
On trouve sur Wikipedia une histoire du MANGA en japonais et en anglais mais pas en français.
Sur l'article en anglais ceux qui lisent l'anglais et s'intéressent à la question verront qu'il y a un chapitre intitulé «Le manga avant la 2de guerre mondiale» suivi d'un chapitre intitulé «Le manga après la 2de guerre mondiale». Voir:
http://en.wikipedia.org/wiki/History_of_manga
Le Manga de l'époque de Proust et du japonisme est celui de Katsushika HOKUSAI dit 'HOKUSAI-MANGA' = 『北斎漫画』 Ex. : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b3/Hokusai-Manga
BathingPeople.jpg
On est donc assez loin de Hiroshima-Nagasaki autrement dit de 'la bombe', à savoir encore de l'influence de l''american comics' sur les divers courants du Manga japonais original qui s'est exercée suite à l'occupation du Japon par l'armée américaine.
D'une façon générale j'évite de lire des articles sur le Japon qui véhiculent des contenus de seconde main sous la plume de non spécialistes car neuf fois sur dix je m'étrangle ! J'ai également renoncé à faire des réclamations vu qu'en règle générale le seul effet que je leur connais est qu'on prend la mouche, qu'on en rajoute une petite couche quand on ne se montre pas carrément désagréable en prime.
Mais bon, je jetterai un coup d'œil à ce numéro.
Rédigé par : Catherine JACOB | 01 août 2008 à 15:14
Dommage que Ludovic Lefebvre, ancien intervenant, ne nous donne pas son avis sur ce blog, lui qui fut une victime oubliée d'Outreau !
Vous pouvez l'aider, chacun d'entre vous, en achetant son livre : "L'oublié d'Outreau". Les fonds récoltés lui permettent de financer son action engagée en justice.
@ Duval Uzan
"Les accusés ont-ils eu le droit de consulter leur dossier ?"
Cela dépend de qui est poursuivi !
En principe l'avocat y a accès avant lui !
(Je pense au jeune d'Outreau emprisonné qui est resté 18 mois sans avocat)
Quant à l'égalité des armes, permettez-moi d'en rire. Il y a toujours possibilité d'entraver le cours de la justice en interdisant à la partie civile d'avoir accès au dossier, par exemple !!!
Tout dépend, là encore, qui est l'accusé et quelle(s) intervention(s) se trouve(nt) impliquée(s).
La Justice équitable n'est qu'un "leurre" !
@ Catherine Jacob,
Vous avez peut-être vu, Madame, que la revue "L'Histoire" consacre son numéro spécial de Juillet-Août à : "Le Japon des samouraïs aux mangas".
PS : Je ne parle pas pour vous Monsieur Bilger. A vous lire, je suppose que pour vous le sens de l'Honneur est important, tout particulièrement lorsqu'il y a une prestation de serment effectuée par chaque magistrat, alors qu'il embrasse cette profession !
Rédigé par : Marie | 01 août 2008 à 11:01
"on s'était bien gardé d'embarquer dans le vaisseau disciplinaire tous ceux qui auraient du s'y trouver."
Le vaisseau disciplinaire doit embarquer aussi le sommet de la hiérarchie qui est informée à chaque instant.
J'ai demandé à M.Nallet de confirmer M.Warsmann
http://forums.nouvelobs.com/1182/Henri_Nallet.html
http://www.assemblee-nationale.fr/11/cri/html/19990287.asp
Question de : Internaute
Relativement au suivi des affaires sensibles par la Chancellerie, confirmez vous les propos de M.Warsmann ASSEMBLÉE NATIONALE - 3e SÉANCE DU 23 JUIN 1999 - page 06418 - << Il faut que vous sachiez, mes chers collègues, qu'à chaque affaire un peu sensible dans un parquet, par exemple une affaire vous mettant en cause, vous, élus, elle devient affaire signalée. Cela veut dire que les actes de procédure vont systématiquement être transmis au procureur général, puis à la Chancellerie. Cela veut dire aussi qu'à la Chancellerie il y a plusieurs fonctionnaires dont le seul travail est de recueillir tous les procès-verbaux, tous les actes de ces procédures et d´en informer le ministre.
Réponse : Evidemment et pour la bonne raison que le Garde des Sceaux est constitutionnellement le responsable de l´action publique et qu´il a autorité sur tous les membres du Parquet. Ces derniers signalent dons à leur hiérarchie toutes les affaires qui peuvent avoir un retentissemnt politique ou médiatique (il n´y à pas que les élus qui font l´objet d´une attention particulière!) et la chancellerie en fait le tri avant d´en informer le Garde des Sceaux qui, chaque matin, découvre sur son bureau la liste des affaires signalées...
Rédigé par : Mm | 01 août 2008 à 10:57
@Aïssa Lacheb-Boukachache
"Dans le monde médical, qui accepterait d'être opéré par un chirurgien incompétent et/ou malade mental connu ?"
De fait dans ce milieu, il ne s'agit pas tant d'incompétence ou de maladie mentale que de problèmes d'alcoolisme. Mais que l'on se rassure, dès que le praticien a bu son p'tit verre, sa main ne tremble plus et son jugement est remis d'aplomb !!!
Rédigé par : Catherine JACOB | 01 août 2008 à 09:52
@ Jean-Dominique
"Philippe nous a expliqué en quoi le CSM, dans le contexte actuel d'irresponsabilité des juges, avait rendu le seul avis possible en droit."
Je ne suis pas totalement d'accord.
Philippe a surtout exprimé que la forme de la communication de la mutation du procureur Lesigne par la Chancellerie répondait, selon lui, à l'attente du sentiment populaire. Elle ne répondait qu'à cela.
Je ne pense pas que la position du CSM corresponde à un souci de corporatisme ou de préserver à tout prix une forme d'impunité des magistrats.
Le CSM a considéré que les contre-pouvoirs prévus pour contrôler le juge d'instruction et le procureur Lesigne n'ont pas joué leur rôle. Le président du CSM s’est attaché, par ses questions, à mettre en évidence que l'encadrement hiérarchique de M. Lesigne a tout au long de la procédure, y compris à l'issue du premier procès, reproduit l'analyse du juge d'instruction et du procureur, lesquelles dès l'origine, se confondaient déjà.
" “Après de longues semaines de débats âpres et difficiles, la cour d’assises [de Douai] vient de rendre son verdict. Vos réquisitions ont été suivies par le jury ; vous avez été entendu et écouté, grâce à votre compétence, votre engagement sans faille, votre lucidité et votre humanité. L’ensemble des magistrats du ministère public saluent votre courage” ".
(extrait d'une lettre adressée au procureur Lesigne au lendemain de la clôture du procès d'assises de 2004 par le procureur général de Douai, supérieur hiérarchique du procureur de Boulogne.)
Cet extrait est cité par Pascale Robert-Diard dans son blog (le monde.fr). La lecture des billets de PRD est très intéressante pour qui veut mieux saisir la position du CSM.
Rédigé par : Véronique | 01 août 2008 à 09:48
Nul n'attend des magistrats ni de quiconque d'ailleurs qu'ils soient professionnellement et même humainement la perfection incarnée. L'erreur est humaine et elle est le lot de tous. De tout ceci, les victimes de ces magistrats et de cette procédure prendront acte et y répondront si elles le souhaitent. La procédure est en cause ? Soit ! Qu'est-ce qui garantira qu'à l'avenir elle le sera de moins en moins ? La probité intellectuelle des magistrats ? Leur connaissance et respect des justiciables et du droit ? Soit ! Mais si ici ou là il n'en est rien ? La responsabilité judiciaire est diluée ? Soit ! Au nom de quoi ? Oui, au nom de quoi un magistrat ne serait-il pas personnellement comptable de l'exercice de ce droit que lui délègue le peuple et au nom duquel il rend toutes ses décisions ? Quel est ce postulat étrange qui dit qu'au sein de la magistrature, puisque la responsabilité est portée par tous, alors nul ne sera tenu responsable de rien ? Il y a actuellement une affaire (un quadruple assassinat de la pire espèce) qui n'en finit plus de traîner en longueur, de mobiliser les uns et les autres, d'interpeller les médias, l'opinion et jusqu'à la garde des Sceaux... Ce crime a eu lieu en 1994 et depuis ce temps un homme est incarcéré et en appelle chaque jour de son innocence. Thorigné-sur-Dué, famille Leprince... Avec les éléments dont dispose aujourd'hui l'opinion (enquête et contre-enquête de Roger-Marc Moreau puis du comité Leprince puis de Roland Agret ; publication d'un livre ces mois derniers (auteurs: R.Agret et N.Poincaré)), on est sidéré de constater les errements de cette enquête puis de cette instruction... Sidéré et le mot est encore faible. Martine Anzani, magistrate, est chargée actuellement, dans le cadre d'une demande en révision, de dénouer ces pires (et mes mots sont pesés) aberrations constatées au sein de cette procédure et cette instruction, pour qu'enfin on puisse tous y voir un peu plus clair. Comment cela a-t-il pu être, encore une fois, et ce depuis 1994 ?! Qui sera tenu pour responsable cette fois de ce qui s'annonce d'ores et déja comme un des pires fiasco judiciaires du siècle dernier ? Personne ? La procédure ? Encore elle ? Il serait temps que les magistrats intègrent véritablement une chose dans leur façon de penser car tout part de là, en vérité. C'est que ce n'est pas tant d'avoir un innocent condamné qui compte comme une faute, si grave soit-elle, que ce fait qui veut que pendant que l'on a condamné cet innocent, on a oublié (pour cause) le coupable réel. Lorsqu'il s'agit d'un simple vol et d'une condamnation à quelques semaines ou mois de prison, cela peut, sauf pour l'innocent condamné, ne pas prêter dramatiquement à conséquence, quoique... Mais lorsqu'il s'agit, comme dans le cas de cette affaire Leprince où une mère, un père et leurs deux fillettes âgées de 4 et 6 ans furent découpés vifs dans leur maison à coups de hachoir de boucher professionnel !... Comment peut-on traiter de cette façon aussi légère une telle instruction, jusqu'à la cour d'assises ? Il faut s'être informé un peu quant à cette affaire terrible pour se rendre compte aussitôt que rien ne tient l'analyse, rien, tout est d'une négligence judiciaire à laisser pantois, à l'emporte-pièce, d'un amateurisme judiciaire qui effraie... Et pourtant... Une famille entière massacrée dans ces conditions ignobles... Voilà ce qui choque, ce qui révolte, cher PB, ce n'est pas le devenir du CSM et de tel ou tel procureur ou d'un autre... C'est : ont-ils un peu de bon sens, les juges ? Sont-ils intelligents ? Georges Kiejman a dit publiquement qu'il s'y trouvait, au sein de la magistrature, de nombreux peu ou prou incompétents et/ou malades mentaux. Je n'invente rien ; il l'a dit sur un plateau de télévision. Dans le monde médical, qui accepterait d'être opéré par un chirurgien incompétent et/ou malade mental connu ? Il s'agit exactement du même principe et nul ne comprend pourquoi la magistrature en serait exempte.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 31 juillet 2008 à 23:02
Bonjour,
Je voudrais vous rappeler le billet de Monsieur Bilger de novembre 2007 :
A armes inégales
Dans les colloques, au fil des audiences, on nous rebat l'esprit avec l'égalité des armes qui, en matière pénale, ne serait pas respectée. L'accusation et la défense ne bénéficieraient pas des mêmes droits et la première serait soumise à moins de devoirs que la seconde.
Encore une de ces pétitions de principe que l'on répète à l'envi et dont on ne vérifie plus le bien-fondé. Pourtant, il faut y regarder de près.
Qui peut soutenir qu'un procès commence véritablement à son ouverture, devant le jury criminel qui vient d'être tiré au sort, et qu'il se termine, une fois l'arrêt rendu ? On sait bien que dans un certain nombre d'affaires, si la magistrature s'applique à sauvegarder la pureté et l'intégrité de l'espace judiciaire, le barreau, lui, n'éprouve qu'une envie, c'est d'avoir recours aux médias pour pouvoir précéder et prolonger le débat de justice proprement dit. Ainsi, là où nous nous acharnons à conserver tout son pouvoir au jury populaire en nous interdisant toute intervention en amont et en aval, les avocats, au contraire, s'évertuent à élargir le pré carré dévolu aux juges pour s'appuyer sur des complicités médiatiques dont on se demande si elles sont innocentes - dans tous les sens du terme - ou malveillantes.
Plus que jamais, il convient de s'interroger sur la nature de l'acte judiciaire. Se rapporte-t-il seulement à l'audience, comme le soutiennent les magistrats inspirés par leur obligation de réserve et leur déontologie, avec la contradiction institutionnalisée et la discussion des preuves devant des professionnels et des jurés ou doit-il être entendu largement au point de s'incorporer des démarches journalistiques unilatérales qui viennent faire peser la balance, systématiquement, en faveur des avocats, en prétendant pourtant faire oeuvre d'information ? Pour résumer, la nudité et la belle solitude de la justice, de ses règles et de ses contraintes ou le bruit médiatico-judiciaire qui sert sinon à masquer la vérité du moins à l'empêcher de survenir par des procédés fiables et de qualité ?
Comment ne pas songer, pour qui connaît la procédure criminelle, à l'avertissement que les présidents dispensent après la lecture de l'ordonnance de mise en accusation qui saisit la cour d'assises ? Ils préviennent que ce document capital ne fait état que de présomptions puisqu'il incombera seulement à la cour et au jury d'examiner et éventuellement de décréter les charges. Cette mise en garde très honnête vise à ne pas désobliger la défense mais elle peut sembler dérisoire lorsqu'en amont la balance a déjà été faussée par une indéniable collusion.
Je trouve que toutes ces questions sont à reposer dans la sérénité.
J'ai une question juridique à poser puisque ce blog est spécialisé. Les accusés ont-ils eu le droit de consulter leur dossier ?
Bonne soirée
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 31 juillet 2008 à 20:54
C'est Raymond Devos qui va être content : Lesigne à Caen...
Plus sérieusement, à la lumière de vos explications, vous voudriez nous dire que RD a fait la même chose avec M. Lesigne que ce qui s'est passé avec la loi relative à la rétention de sûreté... J'espère ne pas avoir compris de travers.
Rédigé par : stéphane augendre | 31 juillet 2008 à 18:19
C'est précisément parce que l'elliptique est un danger que j'attends avec impatience le prochain Philippe Bilger dans les rayons de librairie ! Quant à la vulgarité que vous dénoncez à juste titre, leurs auteurs se condamnent d'eux-mêmes.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 31 juillet 2008 à 18:08
- « Certains des commentaires sur mon dernier post dépassaient très largement le combat intellectuel et l'intensité polémique. »
- « Il est clair qu'abuser et insulter constituent le meilleur moyen pour créer la tentation d'étouffer et de brimer. »
Alors que pour ma part je n’ai jamais eu à souffrir que de persiflage auquel je n’ai jamais été en peine de répliquer, persiflage parfois mêlé de quelques grossièretés et d’un certain nombre d’âneries, mais auquel il a finalement été mis bon ordre, j’ai été surprise de percevoir une sorte de hargne en filigrane des commentaires passés à travers le crible, d’où l’on peut deviner ce qu’ont du être en effet certaines invectives non publiées et je conçois tout à fait que malgré une carapace de rhinocéros on puisse en être blessé !
Je m’explique immédiatement sur le sens que je donne à ‘passer à travers le crible’. Je veux dire que c’est comme quand on corrige une copie agrémentée d’un tombereau de fautes et erreurs diverses, on passe forcément sur les erreurs mineures dans une première lecture, d’où il m’est déjà arrivé de demander à ce qu’on me recopie entièrement certains devoirs en tenant compte de mes premières remarques vu que je ne voyais plus assez clair dans l’enchevêtrement du texte et des corrections, pour être sûre de n’avoir rien oublié ! Il se trouve en effet que je ne suis pas fan du trait rouge en travers la copie et débrouille-toi Alphonse ! mais que je prends toujours la peine de corriger en expliquant le pourquoi du comment, car ce n’est pas parce qu’on ne trouve aucun point à comptabiliser dans une copie, même en regardant sous le tapis et derrière les coussins du confort intellectuel qu’il n’y a pas beaucoup à dire, ou que cela ne soulève pas beaucoup d’interrogations.
Peut-être cela tient-il quelque part à un vieux traumatisme laissé par une note négative (= en dessous de zéro) qui avait été obtenue par une copie qui n’était cependant pas une mauvaise copie relativement à son contenu intrinsèque, puisque les points avaient été dégrevés à partir de 15/20 au motif que je ne mettais pas de point sur les ‘i’.
Si le correcteur soucieux de calligraphie avait été un bon pédagogue il aurait dû être interpellé et en lieu et place de compter les moins 1 pt en marge de chaque ‘i’ sans point, il m’avait simplement dit : « votre devoir n’est pas mauvais, mais pourquoi ne mettez-vous pas de point sur les ‘i’. » Je lui aurais répondu en le regardant droit dans les yeux: « Puisque vous souhaitez que soient mis les points sur les ‘i’, alors je vais vous les mettre. »
Bref, le traitement des responsabilités judiciaires dans l’affaire d’Outreau examiné à l’aune des divers commentaires et relations que j’ai pu en lire jusqu’à présent, m’a fait penser à un article du Sciences et Avenir d’août 2008 intitulé : « La finance dépend de cerveaux guidés par leurs émotions. »
Cet article signé Oliver Hertel se présente comme le compte rendu d’une interview d’Olivier Oullier chercheur et enseignant en neuroéconomie à l’université de Marseille, lequel expose la théorie de Jason Zweig, un journaliste américain spécialiste de la finance.
Cette théorie à travers laquelle j’ai découvert l’existence de la neuroéconomie, moi qui ne connaissais que la neurochirurgie ou encore la neurobiologie etc..., veut que « dans le domaine de la finance comme dans toutes autres situations de la vie, la décision soit un savant mélange de raison et d’émotions. » Il se peut en effet que « dans certaines situations le cerveau privilégie l’anticipation du gain, sans vraiment tenir compte des alertes émises sur les risques de pertes. » - Je pense que vous n’aurez aucun mal à rapporter le phénomène au cas qui nous occupe - ; O.O poursuit ainsi : « L’émotion, c’est-à-dire le plaisir que procure cette attente du gain, va pousser l’individu dans une prise de décision rapide qui oublie le risque de perte important. » Ex. : Le comportement de l’investisseur, en particulier celui d’un petit porteur qui « possédant des actions dans sa propre compagnie, ne les gérera pas de façon rationnelle. Il ne vendra donc pas quand il le faudrait et d’une manière générale toutes ses décisions seront biaisées par le rapport affectif qu’il entretient avec le titre. » O.H, l’autre Olivier, le journaliste, pose cette question : « Donc un bon investisseur est un investisseur rationnel, froid, libéré de ses émotions ? »
Non, répond l’expert, vu que le marché lui-même « est sous la dépendance de cerveaux qui ne sont pas comme on l’a longtemps pensé, des sortes d’ordinateurs froids, mais au contraire des organes souvent guidés par leurs émotions. » Et cela paraît inclure « le gourou de la finance, grand donateur de la fondation Bill Gates » et sacré « l’homme le plus riche du monde », donc réputé avoir une connaissance parfaite des entreprises sur lesquelles, comme d’autres requins de ses semblables, il mise.
Puis sur la fin de l’article, O.O en passe lui aussi par la parabole et explique : « Prenons le cas de la gestion des choix moraux : Telle stratégie permet de sauver cinq personnes alors que telle autre n’en sauve qu’une. Normalement le cerveau utilise le cortex préfrontal, pour des décisions très réfléchies, calculées, qui l’amène à maximiser le nombre de personnes sauvées. Mais si l’on ajoute un tout petit peu d’affectif vis-à-vis des personnes à sauver, là il bascule, et ce sont les zones émotionnelles qui prennent le dessus. Le cerveau choisit la stratégie qui sauve une personne plutôt que cinq. En économie, le fait de tenir compte de cette ‘variabilité émotionnelle’ permet d’anticiper. »
Rapporté à l’affaire qui nous occupe, et en particulier au fait que « qu'avec ‘le’ régime actuel de responsabilité, celle de Gérald Lesigne ne pourrait pas être mise en cause, d'autant plus qu'on s'était bien gardé d'embarquer dans le vaisseau disciplinaire tous ceux qui auraient du s'y trouver. » On pourrait à première vue avancer que l’organigramme du dit «vaisseau disciplinaire » a sans doute été concocté par la Chancellerie en suivant des directives émanées du cortex préfrontal du garde des Sceaux. Malgré tout, je ne sais pas pourquoi, j’ai plutôt l’impression que c’est le contraire, à savoir que les brillants cerveaux de la Chancellerie ont fonctionné à l’émotionnel tout comme le petit porteur qui ne vend pas le ou les titre(s) qui vont lui faire perdre de l’argent mais auquel il est affectivement attaché !
Est-il besoin de préciser que la « volée de bois vert » trouverait bien pour sa part sa justification ou du moins son explication dans un renversement de ces logiques !
Rédigé par : Catherine JACOB | 31 juillet 2008 à 17:53
Vous avez écrit :
"Si je plaide coupable, j'invoque aussi, à ma décharge, un certain nombre de circonstances.
D'abord, mon droit à l'humeur et au trait. Il est facile d'accepter que quelques lignes caustiques ne puissent pas prétendre à la densité et à la profondeur d'un texte plus long.
Ensuite, à partir du moment où un blog offre nécessairement l'opportunité d'écrire des posts sur un même thème, la moindre des précautions est d'apprécier le dernier billet à l'aune des précédents."
Très juste et frappé à l'angle du bon sens M Bilger. Mais ce qui est vrai pour vous, M. l'Avocat Général, ne l'est pas moins pour nous, justiciables, qui avons peut-être connu - directement ou indirectement - des expériences douloureuses et très déstabilisantes - qui peuvent les faire (raisonnablement) douter de la justice de leur pays mêms si vous - personnellement - n'êtes pas en cause et faites plutôt partie des magistrats qui font honneur à la France.
Rédigé par : Preud'homme Marie, Paule | 31 juillet 2008 à 17:45
La volée de bois vert ne signifie pas nécessairement que l'on a tort et que la majorité irritée a raison. Vous avez le courage sur ce blog d'affronter le débat avec vos opinions surmontées de la casquette pas toujours seyante du parquetier.
Je le redis à ceux qui sont tentés par l'invective : Philippe Bilger est le seul magistrat à se livrer à cet exercice, rendez-lui cette justice et ne concentrez pas sur lui les aigreurs que nous provoquent la majorité silencieuse et corporatiste des magistrats. Personne ici n'a le rechange. C'est parce qu'il est original, dans un monde de petits pois cuits à l'étouffée, que nous ne devons pas le désespérer !
Sur le fond j'ai été choqué par la formulation lapidaire de Philippe qui renvoyait l'éloignement de M. Lesigne à un gage démagogique. D'autant plus étonné que les précédents billets concernant Outreau et les conséquences ne ménageaient pas l'incurie des magistrats dans cette affaire.
Philippe nous a expliqué en quoi le CSM, dans le contexte actuel d'irresponsabilité des juges, avait rendu le seul avis possible en droit. On peut à la fois le regretter et l'admettre. Toutefois, si le procureur n'a pas failli formellement, l'homme Lesigne a raté sa mission de procureur. C'est donc l'homme qui doit être éloigné parce qu'une bonne administration de la justice ne nécessite pas seulement que les magistrats remplissent bien les formulaires administratifs (capacité dont le CSM a donné acte à M. Lesigne) mais que les personnes qui occupent ces fonctions soient à la hauteur des enjeux complexes de causes difficiles. L'homme Lesigne s'est montré incapable d'appréhender cette complexité, tout en restant dans les clous de la stricte procédure. Il dégage, sans promotion, et c'est le minimum.
64 juges ont plongé dans Outreau et seuls deux sont déférés devant le CSM, est-ce anormal ? Je crois que non. M. Lesigne était le premier du parquet, M. Burgaud était le premier du siège. Ce sont eux deux qui ont entraîné les autres et il n'y a pas égalité de responsabilité entre les pilotes d'un avion qui se crashe et les hôtesses qui paniquent alors qu'elles ne le devraient pas. Les autres magistrats ont certes aggravé la situation des accusés par la passivité coutumière de ce corps, mais ils n'étaient pas à l'origine des mises en examen.
En conclusion, j'estime prioritaire que Philippe puisse s'exprimer, y compris de façon choquante, sans prendre le risque de l'injure. Ceci est détestable. Si l'on manque de vocabulaire pour s'opposer courtoisement à un propos, on s'abstient. Je crédite toujours Philippe d'une parfaite sincérité, même lorsque je suis collé au plafond en le lisant et cette sincérité, si elle mérite la contradiction, mérite aussi le respect.
Je préfèrerai toujours être choqué qu'endormi par des idées.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 31 juillet 2008 à 17:45
J’ai retenu ma plume sur le billet précédent pour éviter d’écrire quelque chose de désagréable.
Après avoir lu et relu, je suis resté en apnée en attendant la suite que je sentais obligatoire et proche.
Pensant, un peu comme Aïssa que si « vous avez le droit de tout dire » certaines idées méritent d’être développées pour ne pas passer pour des bêtises. Votre billet réflexe était pour le moins ambigu.
Alors oui, dans ce foutoir qu’a été Outreau (je me suis infusé toutes les auditions de la commission d’enquête) Gérard Lesigne n’est pas le pire responsable.
L’amnistie aidant, le CSM a rendu un avis certainement cohérent.
R.D. a effectivement pris le parti de rester mesurée bien qu’une large majorité des Français (pas seulement la « populasse ») aurait compris sans difficulté davantage de fermeté et quelque chose de plus contraignant.
Ha, si l’honneur, cette vertu si rare avait conduit l’intéressé à prendre les devants.
Pour reprendre vos mots dans le billet du 7 juillet :
« L'honneur est une vertu trop rare, dans notre société, pour qu'on n'y revienne pas.
Qui n'a pas vanté le beau geste du général Cuche et admiré sa démission, quels que soient ses motifs, et la force de caractère qu'elle révélait ?
…..
…..
C'est laisser croire que l'honneur, c'est toujours pour les autres.
Un peu triste, non, pour les citoyens ? «
Enfin bon, Caen c’est plus à l’Ouest MAIS moins au Sud qu’on aurait pu le craindre.
Rédigé par : LAZARE | 31 juillet 2008 à 17:43
Deux propositions, une du Cosal et une du Cnb mettent en évidence les possibilités d'autres catastrophes dans lesquelles "le vaisseau disciplinaire" pourrait embarquer beaucoup de monde.
- Celle du Cosal
"Chaque avocat devra pouvoir saisir le Conseil Supérieur de la Magistrature en cas de dysfonctionnement grave de l'institution judiciaire constaté dans le cadre de son activité professionnelle. "
http://www.cosal.net/index.php?page=propositions/index
>>>>Le respect de la procédure et les recours n'empêcheraient donc pas les graves dysfonctionnements ?
- Celle du Cnb
Contribution de la Profession d'Avocat aux travaux de la Commission DARROIS :
Lettre No 57 - juillet 2008
http://www.cnb.avocat.fr/lettre_conseil/LDC_07-2008_2/lettreconseil.htm
"b) La régulation de la profession
Il est nécessaire de renforcer le traitement des réclamations des plaignants et le suivi des poursuites disciplinaires devant les conseils régionaux de discipline.
Plusieurs pistes de réflexion ont été ouvertes pour répondre à cette problématique :
La mise en œuvre d’une procédure préalable de conciliation ou d’une procédure permettant la saisine de l’autorité de poursuite en cas d’inaction du bâtonnier.
L’intervention du plaignant dans le procès disciplinaire. "
>>>>Est-ce à dire que si un avocat plante son client et que le bâtonnier botte en touche, le justiciable est fichu ?
Conséquence - Si les deux cas se cumulent, le justiciable est fichu de chez fichu.
J'ai relaté plusieurs fois ici et ailleurs que ce cas - en cours de traitement - correspondait à une réalité.
Question : va t-on avoir le courage d'"embarquer dans le vaisseau disciplinaire tous ceux qui" doivent "s'y trouver" ?
Rédigé par : Mm | 31 juillet 2008 à 17:09
« J'ai toujours écrit qu'avec ce régime actuel de responsabilité, celle de Gérald Lesigne ne pourrait pas être mise en cause, »
La responsabilité de Gérald Lesigne est pourtant bien mise en cause par le CSM, qui estime qu’il y a eu faute disciplinaire. Amnistiée, mais réelle. Il y a donc bien enfin dans l’avis du CSM un premier pas vers la reconnaissance de la responsabilité des magistrats dans l’affaire d’Outreau.
Vous avez raison de souligner qu’il y a d’autres responsables qui eux ne sont pas poursuivis. Mais quand vous poursuivez un délinquant, vous avez bien conscience de ne pas les poursuivre tous et pourtant cela ne ralentit en rien votre action.
L’image d’un procureur blanchi par le CSM et sanctionné par le garde des Sceaux est donc fausse. De plus, quand bien même le garde des Sceaux déciderait seul de la sanction, cela n’enlèverait rien à sa pertinence. Car un procureur qui dispose de pouvoirs étendus et d’une autonomie importante a des responsabilités qui le rendent comptable de l’activité judiciaire bien au-delà de son action individuelle. Passé un certain point de responsabilité, on est évalué sur les résultats, sauf cas de force majeure avéré.
Si le général commandant l’armée de Terre a démissionné après la fusillade de Carcassonne, ce n’est pas parce qu’il a commis une faute personnelle et encore moins à la suite d’une procédure disciplinaire. C’est parce qu’il est comptable et responsable de l’activité qui lui a été confiée.
Quand on compare le monde judiciaire aux autres organisations, il ne peut venir qu’une interrogation après la mutation de Monsieur Lesigne : comment pouvait-il être encore à sa place après le terrible fiasco d’Outreau ?
Rédigé par : Augustissime | 31 juillet 2008 à 15:18
Soyons positif,
Cherchons comment réparer le système. Posons les vrais questions.
Est-ce le rôle d'un général d'aller vérifier la couleur des étiquettes ?
Ne chercons pas un coupable mais essayons de répondre à la question : Comment cela a-t-il été rendu possible ??? et est-ce un cas de figure ?
Quelqu'un a dit sur ce blog (Polochon je crois,) qu'il n'y a pas d'erreur judiciaire.
Je suis de son avis. La justice tout comme la psychanalyse, n'est pas une science.
Le jour où elles le deviendront, elles ne seront plus ni justice ni psychanalyse.
L'existence même du jury en est la preuve, car qu'est-ce qu'on lui demande si non une OPINION ?
Le justice n'est qu'un simple DUEL.
Réfléchissons tous sur ce que l'on peut faire ???
Je pense qu'il faut créer une Instance de contrôle, ou de travail de "cas", car chaque procès est un cas. Faire une recherche en quelque sorte. Une sorte de rejugement, fictif de la chose jugée.
Beau sujet de thèse... qui oserait ?
Nous verrons tous qu'il n'y a pas qu'Outreau.
Je vais vous faire un aveu : je ne sais pas sur la base de quoi avait été faite l'inculpation, ni sur la base de quoi la relaxe de l'affaire Outreau. Mais si c'est seulement sur la base des dires d'une psychopathe c'est grave.
Paix sur ce blog.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 31 juillet 2008 à 14:38
Lesigne à Caen ?
La présomption d'innocence est tombée dans les pommes.
Voilà un bel hommage à Raymond Devos !
Un ch'tit cidre à la santé des Normands qui devraient sans doute, vu les délais, demander des permis de visite d'avance.
Par précaution, le cabinet de Me Soulez Larivière sera-t-il tranféré au mémorial simultanément ?
Rédigé par : Fleuryval | 31 juillet 2008 à 14:21
Monsieur l’Avocat général, sur le sujet principal tout a été dit, mais un petit problème me retient : celui de la hiérarchie. C’est une habitude de mettre en cause « la hiérarchie » dans toutes les grandes catastrophes. Mais, s’agissant de la Justice je vois une immense contradiction entre l’indépendance revendiquée des magistrats (même du parquet) et l’idée qu’une hiérarchie, censée les contrôler, se trouve responsable de leur faute lourde. Il faut choisir. Bien cordialement.
Rédigé par : Sylvestre | 31 juillet 2008 à 13:54
"on s'était bien gardé d'embarquer dans le vaisseau disciplinaire tous ceux qui auraient du s'y trouver"
Tout à fait d'accord, il faut expliquer aux non juristes que, dans l'affaire d'Outreau ou dans toute autre affaire, les décisions concernant la détention ne sont prises ni par le Juge d'Instruction et ni par le procureur mais bien par le JLD (le juge des libertés et de la détention). Lesigne et Burgaud n'ont été que les boucs émissaires, pointés du doigt par "l'inquisition" (pardon la commission...) parlementaire.
Cette dernière est juste venue insuffler la Pensée Unique sur un fond de populisme...
Où sont les fameuses réformes de Fond de la Justice ?
La collégialité en Instruction soit, mais avec le même effectif je dis que nenni !
PS : Pour les personnes qui se défoulent sur ce blog pour l'inonder de leurs insanités, abstenez-vous svp, il y a les bistrots du coin pour cela !!
PS2 : Votre intervention à Lille2 a été très instructive et débattre sans langue de bois a été un réel plaisir : "la parole est libre mais la plume est..."
Rédigé par : Que la Justice soit Forte et que la Force soit Juste | 31 juillet 2008 à 13:37
Si nous étions dans les années 60, on appellerait votre texte, en langage maoïste de l'époque, une "rectification". Ce n'est pas seulement la forme mais c'est bien le fond que vous rectifiez par ce second billet avec au passage un hommage appuyé à notre garde des Sceaux dont l'incompétence notoirement connue n'égale que l'indélicatesse.
Mieux aurait valu se taire.
Je suis de ceux qui pensent que G. Lesigne a sa part de responsabilité dans le désastre d'O. pas moins, pas plus que son "supérieur" Amédée Lathoud bien plus habile (qui au passage a quitté Douai pour rejoindre Versailles avant d'arranger la petite affaire de Juppé, ce qu'il a fait).
Pas plus pas moins que la soixantaine de magistrats qui a touché à l'affaire sans s'en émouvoir un instant.
Mais si c'était notre procédure et non les magistrats qui obéissent qu'il faudrait "muter" ?
Ca s'appelle la réforme du code de procédure pénale. Attendue jamais venue !
En toute amitié.
Rédigé par : GUILLANEUF | 31 juillet 2008 à 13:00
"on s'était bien gardé d'embarquer dans le vaisseau disciplinaire tous ceux qui auraient du s'y trouver"
Pourquoi n'y a t-il pas eu un mouvement d'ensemble du monde judiciaire pour protester ?
Pourriez-vous aussi répondre sur le blog ?
Rédigé par : Mm | 31 juillet 2008 à 12:31
Après Outreau, les Français ont-ils plus confiance ou moins confiance en leur justice ?
Pourriez-vous répondre ?
Rédigé par : Mm | 31 juillet 2008 à 12:18
Chapeau ! Sans flagornerie et sans ellipse, avec une concision admirative.
Rédigé par : mike | 31 juillet 2008 à 12:11