Cela va sans doute finir par se calmer. Ingrid Betancourt va demeurer, pour beaucoup, une icône mais on parlera moins d'elle. Il est vrai que, depuis mercredi dernier, nul n'a pu oublier qu'elle avait été libérée.
Et c'est normal. Moi qui suis pourtant très sensible à l'hypertrophie médiatique et au décalage qui existe souvent entre l'importance intrinsèque d'un événement et sa représentation, je dois reconnaître que pour cette délivrance il valait la peine de prendre même le risque "d'en faire trop".
Dans cet enfermement odieux de six ans et ce retour à la lumière, tout, en effet, était de nature à solliciter sans cesse l'attention, la compassion et l'espérance publiques. L'éthique, la politique, la cruauté des terroristes, la puissante réalité presque mythologique de la forêt amazonienne et de cet étouffant plafond vert qu'a évoqué Ingrid Betancourt, les tractations internationales, les tentatives de secours manquées, tout se mêlait pour constituer cette aventure déplorable, illuminée médiatiquement par et pour une seule, comme une tragédie où Indiana Jones serait venu donner la main à Machiavel.
Je n'ai pas à commenter les inéluctables polémiques qui suivent, à chaque fois, un épisode national ou international créateur de consensus durant un trait de temps (Le Monde, le Parisien et le Figaro). On pourra le vérifier. C'est une habitude, comme si l'excès de bonheur devenait tout à coup suspect et qu'il convenait vite de le rendre ambigu, de le juger fabriqué. Mon seul étonnement porte sur les propos de Ségolène Royal qui, à force de vouloir faire preuve de pugnacité dans son opposition, déçoit ceux que son élégance de comportement et son allure personnelle avaient pu sinon convaincre du moins séduire.
Je voudrais mettre l'accent sur un aspect fondamental de la personnalité d'Ingrid Betancourt depuis son arrivée à Bogota, son accueil à Paris par le président de la République et l'ensemble de ses attitudes et interventions publiques. Il me semble qu'elle donne la clé de sa formidable aura aujourd'hui et de celle qu'on lui prêtait hier, sans la connaître mais avec une divination qui anticipait avec justesse.
Combien de personnes, dans tous les domaines de la vie, sur les registres les plus divers, du ludique au dramatique, de l'intellectuel au politique, sont souvent très inférieures à la conclusion de ce qu'elles pouvaient laisser apparaître dans les prémices ! Ce n'est pas faire injure à Patrick Modiano de dire que, s'il ressemble à ses livres à l'oral, il les défigure quand il parle d'eux. Bernard-Henri Lévy, en revanche, est aussi talentueux et insupportable à l'écrit qu'à l'oral. J'ai le bonheur d'avoir pu rencontrer à plusieurs reprises Michel Déon sans que le charme romanesque et tendre de ses écrits se dissipe. Tout de même, la plupart du temps, comme Marcel Proust l'avait si brillamment souligné, il vaut mieux ne jamais mettre son admiration littéraire, intellectuelle ou politique à l'épreuve de la vie car la déception nous accable presque à coup sûr. Rares sont ceux qui ont la capacité de se tenir à hauteur de leurs oeuvres, quelles qu'elles soient.
Alors, que penser de ceux qui ont suscité durant des années la pitié et la sollicitude de tous, l'énergie des politiques et la solidarité inlassable des comités de soutien ! Comment pourraient-ils espérer, revenus à l'existence, dans une allégresse que leur réalité nourrit mais sans la part de douleur rêveuse et de nostalgie imaginative que la crainte de les perdre rendait sensible, ne pas décourager les attentes et maintenir l'intensité de leur mythologie ? On l'a bien constaté avec la plupart des otages dont l'absence nous a été proche et chère. La joie les a accueillis mais aucun n'a même cherché, par ses paroles et son comportement, à offrir, présent, l'incandescence liée à son exil.
Ingrid Betancourt est exceptionnelle parce qu'elle réussit ce tour de force. Pas une seconde, elle n'a permis au doute, à l'aigreur, à la déception d'autrui de venir altérer la pureté idéale de ses propos et de ses remerciements. Non seulement sa parfaite langue a flatté nos oreilles mais la profondeur psychologique de ses analyses et de sa reconnaissance a rassemblé bien au-delà du cercle déjà étendu de ses inconditionnels. J'ai apprécié qu'au moins aujourd'hui, alors qu'à l'évidence le combat politique va bientôt à nouveau l'empoigner, elle ait su chasser le partisan et le polémique, qu'elle ait naturellement mêlé, dans les grâces qu'elle rendait, le président Uribe, le président Sarkozy, Jacques Chirac, Dominique de Villepin, l'armée colombienne, le président Chavez, sans se soucier de fabriquer a posteriori une quelconque cohérence.
Pas besoin de lui arracher les mots, les émotions et les explications. Elle n'a pas cherché refuge dans les saillies et l'ironie, elle n'a pas joué à se composer le visage de la malheureuse qu'on attendait avec le sadisme de la bonne conscience, elle a explosé de santé apparente et d'énergie, d'exaltation et d'envie parce que la liberté retrouvée lui insufflait le bonheur d'être, tout simplement. Cette tragédie de six années, elle nous l'a paradoxalement beaucoup mieux signifiée par cette expansion chaleureuse que par des silences entendus, elle l'a beaucoup mieux incarnée par cette joie volubile et pénétrante que par un chagrin composé, dernière concession qu'elle aurait ainsi faite à ses bourreaux, aux FARC dont j'espère bien que la France n'aura à en accueillir aucun. Ingrid Betancourt, depuis qu'elle est revenue parmi nous, étonne. Je ne sais ce qu'elle deviendra par la suite. Il est probable que la quotidienneté jouera contre elle et son image mais, en attendant, il y a là quelqu'un !
Elle prend bien la liberté comme d'autres prennent bien la lumière.
Elle est libertégénique !
Je vous félicite pour votre regard. Privé de connexion, je n'ai pu écrire ni lire quoi que ce soit sur ce sujet, qui pourtant me tenait à coeur, jusqu'à ce jour.
Vous avez infiniment raison en évoquant la dimension "inaltérable" de Mme Ingrid Betancourt.
C'est ce que l'on conclut de son humanité. Rien n'a eu raison d'elle. Au contraire.
Cette femme est et a été inaltérable, de sorte que ni les vicissitudes et l'ignominie de sa captivité, ni les humiliations dont elle a pu être victime, n'ont altéré jusque là sa magnifique personnalité.
Au contraire, elle s'est sublimée dans cette épreuve.
Le miracle, c'est sans doute cela : qu'elle sorte de cette épreuve avec tant d'éclat.
De ce point de vue, elle est icône, mais elle n'est pas une icône médiatique car le halo, autour d'elle, est celui de la grâce physique, orale, affective.
Elle a offert quelque chose de très rare et de très improbable dans ce début du XXIe siècle et cela est du niveau de l'image pieuse.
Cette grâce-là, j'en ai bien peur, lui sera disputée car il suffit d'entendre déjà les commentaires qu'inspire sa beauté et sa foi inhabituelles pour se convaincre que pour un certain nombre de personnes cela est insupportable...
Les gens n'aiment pas ça. Certains, dans les médias, ailleurs, à gauche où sa dévotion en a déconcerté plus d'un, tenteront de la souiller.
Que cela ne fasse pas diversion des vrais sujets importants : le pouvoir d'achat des Français.
Rédigé par : Sept ans en 1968 | 15 juillet 2008 à 18:59
Sans méchanceté aucune ni arrière-pensée de ma part : Quelqu'un ici (un juriste ?) peut-il m'expliquer pourquoi l'Etat vient de refuser la nationalité française à une marocaine voilée musulmane quand dans le même temps il encense Ingrid Betancourt la naturalisée française qui s'affiche ostensiblement, ostentatoirement, priant catholique hier dans une église à Paris, aujourd'hui à Lourdes, demain s'en allant s'agenouiller au Pape...? Qu'est-ce qui se passe dans la République...? C'est quoi ce merdier ? Pour être clair...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 12 juillet 2008 à 22:39
@Jean-Dominique Reffait
Ah ! Cro Mignon et sa massue !! Pin pon pin pon !
"Il était poète à ses heures
Disant à sa femme en émoi
Tu es bell' comme un dinosaure"
[voir ( et entendre ) le reste sur http://bmarcore.club.fr/Tine/E309.html ]
Rédigé par : Catherine JACOB | 11 juillet 2008 à 10:22
Mais quel régal, quel délice sans cesse renouvelé de vous lire, tous ! Magie de l'esprit, magie d'un profond désaltérant quand le désert gagne, magie d'une touche d'ironie douce comme une caresse, merci, merci, merci.
Rédigé par : Un esprit profond alors ! | 10 juillet 2008 à 19:21
...plaisir, sans cesse renouvelé, de vous lire, Jean-Dominique !
Rédigé par : sbriglia | 08 juillet 2008 à 22:22
@ Catherine Jacob
Je me suis contenté de situer l'origine des inégalités dans les principes d'utilité sociale sans tenter de justifier les étranges évolutions de ces principes au travers des millénaires. Disons que dans un groupe de Cro-Magnon, ces principes devaient établir les hiérarchies sociales.
Si vous me demandez maintenant de préciser quel rôle essentiel aurait pu tenir Hervé Morin dans un groupe de Cro-Magnon, je serais bien en peine de vous le dire. Le général Cuche sans doute, à la condition qu'il ne confonde pas un silex avec un os de mammouth.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 08 juillet 2008 à 19:11
@Jean-Dominique Reffait
"C'est ici le point de vue d'un franc-maçon qui considère que les inégalités entre les hommes proviennent de principes d'utilité sociale et non de la nature de chaque individu."
Pensez-vous que dans la conduite d'un conflit, le plus utile soit le militaire ou son ministre ?
Rédigé par : Catherine JACOB | 08 juillet 2008 à 15:32
@ Polochon
Je ne prétends appartenir à aucune élite, la franc-maçonnerie n'en constituant une que dans les fantasmes de certains, et je ne méprise évidemment personne pour ses croyances puisque j'ai pris la peine d'écrire justement le contraire.
Si je précise que je suis franc-maçon, ça n'est que pour situer mon contexte au regard du religieux et de la laïcité, ce qui m'autorise particulièrement à m'opposer aux propos qui avaient été tenus par SR au sujet des prières d'Ingrid Betancourt.
Il n'y aucune contradiction à constater que les intellectuels croyants n'ont jamais administré la preuve de l'existence du dieu auquel ils croyaient puisque de leur propre aveu, la preuve n'existe pas et que la foi s'y substitue. Ceux qui l'ont tenté ont finalement renoncé (Descartes, Pascal). A l'inverse, depuis l'invention de l'écriture, les preuves d'inexistence des dieux adorés (c'est-à-dire conçus comme tels par l'homme en dehors de tout principe métaphysique inatteignable pour l'entendement humain) n'ont cessé d'affluer dans toute civilisation et en tous temps.
Les esprits simples dont vous parlez, je ne les méprise point puisque je n'en connais pas : il n'existe, selon moi, que des esprits riches, complexes, différemment développés sans qu'aucune hiérarchie ne puisse être établie entre eux. Un esprit peut n'être pas brillant et cependant d'une grande profondeur.
C'est ici le point de vue d'un franc-maçon qui considère que les inégalités entre les hommes proviennent de principes d'utilité sociale et non de la nature de chaque individu. Absolument égalitaire en somme et bien plus que vos préjugés ne le conçoivent.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 08 juillet 2008 à 13:04
Entre Eve et la Madone, il y a "L'érotisme des Sarkozy : le père de Nicolas expose en Espagne".
http://www.latinreporters.com/espagnesoc26062008.html
Portrait où NS porte une légion d'honneur en boucle d'oreille !!
Comique non !!
Recevoir les FARC n'est-ce pas une incitation au crime ? Qui peut dire qu'il n'y aura pas de tentatives d'assassinat sur la personne d'IB en représailles ?
Les FARC avaient plus intérêt à la voir disparaître à l'occasion d'une mission militaire de libération.
Quelle image donne-t-on de la France ?
Elle refoule des travailleurs clandestins et elle propose à des criminels de les accueillir !
La magistrature française manque t-elle à ce point d'activité ?
Rédigé par : Marie | 08 juillet 2008 à 09:08
En guise de préalable, je tiens à féliciter M. Bilger pour la qualité de sa note. Elève avocat, j'attends avec impatience (appréhension) l'occasion de le rencontrer (pourvu que cela se fasse).
Coïncidence avec la libération d'Ingrid Betancourt, j'ai entamé la lecture d'Une Vie de S. Veil. Les épisodes vécus et les raisons historiques ne sont pas comparables. Il reste à conseiller aux polémistes en tout genre les pages de S. Veil sur son retour à Paris après la déportation. Elle se souvient, explique-t-elle, des blessures que lui causèrent les remarques des donneurs de leçons en tout genre du type : "regardez-là, elle est en bonne santé, cela ne devait pas être si difficile"! C'est un peu cela que disent certains journalistes ou super commentateurs sur le web à IB aujourd'hui ! On ne peut que les féliciter pour tant de réflexion...
Les pseudos polémiques que certains veulent allumer sont écœurantes !
Rédigé par : Jean | 07 juillet 2008 à 23:50
Bonjour
@ à Polochon,
Oui et alors ?
Mais RIEN.
J'ai voulu rendre hommage à quelqu'un qui aimait bien libérer les otages.
Les médias disaient qu'ils s'agissait d'une opération unique en son genre.
J'en ai donc rappelé d'autres.
A chacun sa façon de catégoriser la réalité.
J'ai un ami que fait fête tous les 3 juillet. Il a donc fait doublement fête.
"la voix est celle de jacob et les mains sont celles d'eissav;" Il n'y a pas que le 11 il y a aussi le 3. C'est tout.
Bonne soirée.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 07 juillet 2008 à 19:33
à propos de :
"Elle est libertéhygiénique !
QUEL BEAU PAPIER ........MONSIEUR BILGER ... UNE FOIS DE PLUS !
Sissi !
Rédigé par : Cactus ni amer ni photohygiénique | 07 juillet 2008 à 14:36
@SR
Vous prétendez être parmi les rares personnes en France à avoir encore un cerveau. Je suis persuadé que vous n'avez que la moitié d'un cerveau en activité et que vous occultez complètement l'autre moitié.
@Jean-Dominique Reffait
Vous affirmez que la quasi totalité des intellectuels ont démontré l'inexistence de Dieu et en même temps vous constatez que beaucoup d'esprit brillants sont croyants. N'avez vous pas l'impression d'une légère contradiction ?
Que faites-vous également de tous ces esprits simples qui croient en Dieu ? Je constate que l'élite à laquelle vous prétendez appartenir (francs-maçons etc..) est toujours aussi méprisante avec le petit peuple.
Rédigé par : Polochon | 07 juillet 2008 à 14:23
@SR
Je suis franc-maçon, athée, républicain farouche, laïcard, irréductible, autant dire que je ne suis pas hyper-sensible aux manifestations des crédulités préhistoriques de mes contemporains.
Mais force est de reconnaître que, même si depuis plus de 2000 ans, la quasi-totalité des intellectuels du monde entier a démontré l'inexistence d'un dieu quelconque sous la forme adorée communément par les hommes au point qu'il n'est, à mon sens, pas plus besoin d'en discuter que de la rotondité de la terre, il n'en demeure pas moins que beaucoup d'esprits fort brillants sont croyants.
Si Ingrid Betancourt a trouvé dans sa foi chrétienne la force de tenir 6 années de captivité dans les pires conditions, vive la foi ! Ne soyons pas bégueules devant les ressorts de l'esprit humain pour résister aux pires sévices.
Certes Ingrid Betancourt fut d'abord une icône médiatique avant d'exister réellement pour beaucoup d'entre nous qui ignoraient son existence avant son enlèvement. Admettons cependant que la personne réelle, telle qu'elle s'est exprimée jusque-là, ne déçoit pas l'icône, que ses propos sont justes et doux, que sa joie fait plaisir à imaginer.
Doit-on lui reprocher de ne pas être revenue siphonnée de la jungle où, vous le dites vous-même, elle n'a pas perdu le nord, ce qui en soi constitue un exploit ? Doit-on lui reprocher d'avoir, dans une situation éminemment politique, conservé sa tête politique ?
Vous semblez lui reprocher d'avoir résisté comme vous ne vous sentez pas capable de le faire. Vous semblez lui reprocher d'avoir usé d'une force singulière, celle de sa foi, comme d'un super-pouvoir que vous ne détenez pas. Soyez fair play : cette femme est extraordinaire, sans doute promise à un destin extraordinaire, quoique vous en ayez.
Ingrid Betancourt n'est ni musulmane, ni noire, ni palestinienne, excusez-là de ces menues tares et réjouissez-vous, avec la simplicité d'esprit que suggèrent les circonstances, de ce que son calvaire, dont elle veut taire les horreurs, ait pris fin.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 07 juillet 2008 à 12:04
Après les supplices voilà le temps de Saint-Sulpice. Je ne participerai jamais à une entreprise de crétinisation des esprits. En trois jours la France est sommée de s'engager dans une liesse populaire dont l'origine est habilement orchestrée par une femme qui n'a pas perdu le nord chapelet vissé au poignet.
Je m'interroge si cette même femme était revenue musulmane : les propos auraient été autres, les commentateurs auraient consacré des analyses sur la folie des Farc, sur les errements mentaux des captifs, sur la nécessité de combattre le fléau intégriste religieux. Saint-Anne aurait été évoqué sans détour par les psychiatres bizarrement absents des débats télévisés. Et le Président de la république aurait tenu une conférence de presse pour rappeler la nationalité colombienne d'Ingrid Betancourt, et que les efforts déployés par la France étaient arrivés à leur terme.
Au lieu de cela, on entend des louanges parlant de canonisation, de prix Nobel de la Paix (pour quel motif ?), de Légion d'honneur (art 1er: services rendus à la Nation et vertus civiles), de ministère, de 14 juillet, de livres, de pièces de théâtre, de conquête de la présidence colombienne.
Evidemment, depuis quelques jours il est demandé aux cerveaux disponibles de taire leurs critiques et d'approuver des choix douteux, des comportements surréalistes. Assister le regard tourné vers Dieu au défilé militaire du 14 juillet va devenir un moment dans l'histoire de France.
Rédigé par : SR | 07 juillet 2008 à 11:19
@ SR
La bassesse de votre commentaire se passe de tout... commentaire.
Rédigé par : sbriglia | 07 juillet 2008 à 01:58
Merci de votre hommage !
La libération d'Ingrid a été pour moi et de façon un peu inattendue, une joie immense. La voir maintenant éblouissante de courage et de foi est un véritable cadeau. Pour une fois que les médias nous montrent le genre humain dans ce qu'il a de meilleur, c'est le bonheur !
Rédigé par : Florence | 06 juillet 2008 à 23:03
@Aïssa
Votre texte commence bien mais quelle chute !
Que vient faire cet assassin de Battisti dans la démonstration ?
@SR
Les gens de Neuilly quand ils sont prisonniers de fous furieux, ont aussi droit à notre aide.
@Duval Uzan
Oui et alors !
@Bulle
Bécassine a encore frappé !
@ M.Bilger
Il y a sûrement parmi les membres des Farc de nombreux paysans, enrôlés de force et ceux-là, pourquoi ne pas les accueillir en France ?
Rédigé par : Polochon | 06 juillet 2008 à 19:28
Elle est en bonne santé et c'est le principal. D'aucuns parlent de dépression post-traumatique et c'est une réalité dangereuse. Florence Aubenas donne l'exemple : il faut plonger dans le travail... en attendant que le temps fasse son oeuvre d'effacement tout en sachant que certains matins on se lèvera en ne croyant plus en rien. Elle est entourée d'une famille ; c'est très important.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 06 juillet 2008 à 18:49
Merci pour votre si beau et si juste hommage à cette femme solaire, remarquable de courage et de foi en la vie malgré l'enfer qu'elle a traversé. Et pardonnons à ceux dont les commentaires odieusement tendancieux, sceptiques, voire insultants n'attestent que de leur étroitesse d'esprit et de leur incapacité à reconnaître l'excellence, la sincérité et le charisme d'un être d'exception, plus le mérite de ceux qui de près ou de loin - et au premier rang desquels figurent les membres de sa famille - ont su mener durant 6 ans et demi et sans jamais céder au désespoir un dur et patient combat sur tous les fronts.
Rédigé par : Preud'homme Marie, Paule | 06 juillet 2008 à 18:21
@mike
Ah bon ? Et demain pour faire suite aux idées saugrenues du président de la République qui capitalise la moindre émotion, les petits enfants des écoles auront pour obligation de commencer les cours par la récitation d'un sermon d'Ingrid Betancourt. Il avait été demandé aux enfants d'endosser le souvenir de la Shoah, ensuite de lire la lettre de Guy Môquet. Après la remise de la Légion d'honneur à une femme La politique farfelue qui vivote entre Paris et Bogota il faudra supporter les innombrables versions de son calvaire, qui varie d'intensité d'un plateau de télévision à un autre. Effectivement une pièce de théâtre à la rentrée de septembre en avant-première en Colombie est une excellente idée. La politique est une vaste comédie.
Rédigé par : SR | 06 juillet 2008 à 15:13
J'étais scotché devant mon écran, qu'est-ce qu'elle était belle ! Une intelligence, une acuité, une élégance pour enlever ou remettre son chapeau militaire. Une renaissance avec la certitude que cette femme va compter demain dans le monde.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 06 juillet 2008 à 12:58
Effectivement, la personne d'Ingrid Betancourt semble supérieure à la "fabrication" médiatique dont son personnage a fait l'objet et qui pouvait irriter... Le petit monde médiatique ne s'y est pas trompé et la réaction n'a d'ailleurs pas tardé, avec la diffusion universelle et immédiate du propos d'un obscur journaliste de Suisse romande, promu illico, et sans autre vérification, référence incontournable pour comprendre la libération d'IB.
Rédigé par : guzet | 06 juillet 2008 à 12:38
Au-delà des images, du rayonnement et de l'élégance morale d'Ingrid Betancourt, ce qui m'intéresse beaucoup dans cette libération, c'est la très grande qualité professionnelle de l'opération de sauvetage qui a permis cela.
Ce qui me semble très important, c'est la prise de décision du président Uribe et la maîtrise sans failles dans la mise au point de l'opération.
@ Aïssa
"Car vous espérez, PB, qu'aucun de ces FARC ne sera accueilli sur notre sol. Parce que, sans doute, je l'imagine, vous les méprisez de ce qu'ils ont commis de crimes."
Philippe Bilger ne méprise pas les FARC.
Il nous dit simplement qu'un pays comme le nôtre a le devoir et l'obligation d'affirmer que les prises d'otages et les terrorismes de toutes sortes sont définitivement incompatibles avec ce qui fonde nos valeurs fondamentales.
Rédigé par : Véronique | 06 juillet 2008 à 11:27
@ SR : Mais, selon vous, Ingrid Betancourt a-t-elle seulement été six ans dans la jungle ? Si c'est le cas, elle y aurait été particulièrement choyée, non?
Rédigé par : mike | 06 juillet 2008 à 11:25
Ingrid Betancourt est exceptionnelle mais doit-on ressembler à des tortionnaires en l'obligeant à tant d'obligations médiatico-politiques en si peu de temps ? Ingrid Betancourt a été prise en otage une seconde fois. On a le sentiment que puisqu'on l'a soutenue (et pas libérée, Ségolène Royal a raison de le rappeler), elle doit être immédiatement présente pour donner des points aux hommes politiques dans le prochain sondage (de gauche comme de droite, du président de la République au maire de Paris). Les premiers remerciements d'Ingrid Betencourt ont été tout autant pour Nicolas Sarkozy que pour Dominique de Villepin et pour Jacques Chirac, ce dernier, a-t-elle ajouté, "à l'époque où il n'était pas politiquement convenant" de me soutenir. Je pensais les voir à l'Elysée mais c'est Carla et Kouchner qui semblent les avoir remplacés sur la photo.
La "petitesse" de Ségolène Royal est d'avoir juste dit qu'Ingrid Betancourt n'a pas été libérée par la France, reprenons la phrase originale et non ce qui en a été dit ensuite. Préfère-t-on l'hagiographie écrite par quelques journalistes aidés par quelques politiques qui de glissement sémantique en glissement sémantique nous font presque croire qu'Ingrid Betancourt a été sauvée par la France.
Quand Ingrid Betancourt est entrée dans l'avion pour embrasser ses enfants, on aurait pu penser que ces quelques secondes-là d'intimité leur seraient accordées. Mais une caméra était encore là...
Rédigé par : Bulle | 06 juillet 2008 à 05:54
Comme vous dites, il y a là quelqu’un.
Pas disponible au moment de son retour prévu, j’avais enregistré l’événement pour me faire une idée sur la séquence intégrale afin de ne pas subir les montages. Eh bien, je n’ai pas été déçu, la touche avance rapide n’a que peu servi.
Je craignais l’excès, il n’y en eut pas, j’avais peur d’une récupération politique éhontée, ce ne fut pas le cas. Tout m’a paru étonnamment juste. Surtout qu’il n’y avait eu ni scénario ni répétition.
Plus surprenant encore, plus tard, aux inévitables questions imbéciles de certains journalistes elle servait des réponses ciselées avec calme et précision. Un témoignage d’une grande douceur, sincère, profond, sans haine ni gémissement. Un ton juste, rare.
(Je ne peux m’empêcher de repenser à la logorrhée presque indécente de Florence Aubenas qui, pour beaucoup moins en fit beaucoup plus.)
Si son écriture est de cette qualité, le récit de son « aventure » devrait être captivant.
C’est de l’acier trempé cette femme-là, c’est clair. Mais il ne faut pas oublier sa foi qui paraît intense et profonde parmi les choses importantes qui l’ont aidée à traverser cette épreuve.
Quant à Ségolène Royal dans sa pitoyable sérénitude, elle est contre tout et tous, à contretemps. Rien à voir avec Ingrid Betancourt qui dans une même phrase a réuni tout le monde dans ses remerciements même si, c’est certain, au fond de son cœur, tous n’ont pas la même valeur.
Rédigé par : LAZARE | 06 juillet 2008 à 01:15
Le Général Dan Shomron zl , l'ancien chef d'état-major de l'armée de défense israélienne s'est éteint en toute discrétion sans fleurs ni couronnes, le 26 févier 2008.
Il était le maître d'oeuvre du raid militaire sur l'aéroport d'Entebbe en Ouganda le 3 juillet 1976 !
Rédigé par : Duval Uzan | 06 juillet 2008 à 00:30
Cette affaire Betancourt est la quintessence de la culture de l'entre soi, où des Neuilliens aident d'autres Neulliens dans la difficulté. Une famille bien née avec des connexions politiques, médiatiques, financières et diplomatiques a tenu les médias en alerte pendant six années. On peut légitimement s'interroger sur cette énergie excessive et cette soif de soumettre sa parole à tous les micros et exhiber son visage sur tous les plateaux télévisés. Y a-t-il urgence ou péril pour circuler en voiture avec chauffeurs de la République et tout le vacarme et aller de télé en télé, de réception en intronisation ? Sa famille véritable est-elle composée de journalistes ? Et la jungle décrite comme inhumaine a préservé Ingrid Betancourt des ravages du temps : pas de cheveux blancs, des mains impeccables, des jambes de gazelle qui lui font gravir quatre à quatre les marches d'escalier, un sourire éclatant. Alors qu'à l'entendre, le confort était spartiate, les mains entravées par des liens, pieds nus, peu d'eau. Bref, en trois jours une nouvelle téléréalité s'est inscrite dans les médias, avec Dieu comme chef spirituel et Nicolas Sarkozy comme parrain de cette mascarade.
Rédigé par : SR | 05 juillet 2008 à 22:49
Quand la France est prise à témoin et/ou citée (je le fais souvent moi aussi par habitude, négligence, et je le regrette car c'est une faute) de la sorte, c'est toujours injuste car c'est d'un pays et donc d'un peuple qu'il s'agit et qu'on implique alors de cette façon. La France ne trahit pas, les Français ne sont pas cela. D'hier à aujourd'hui, il y eut toujours des Français innombrables pour dire non à ces trahisons récurrentes (presque une habitude) de leurs politiques, législateurs et/ou autres gouvernants. Le contraire aurait fait que je ne serais pas là pour en écrire quelque chose ; mon père ayant été Harki et sauvé in extremis ainsi que ma mère qui pourtant n'avait rien à voir avec tout cela, par son officier français de groupe qui, au péril de sa carrière et au mépris de cette infâme législation de ce non moins infâme exécutif et gouvernement avec à sa tête un pseudo résistant étoilé, ersatz d'officier général sans honneur ce jour-là, les rapatria avec lui. Ils furent nombreux ainsi ceux-là qui refusèrent de voir souillées l'honneur et la parole d'un pays par ces misérables gouvernants. Il en fut de même des Juifs Français et même étrangers sur notre sol dont Israël honore encore aujourd'hui ces Justes qui les ont sauvés au mépris là encore des lois et décrets de ces gouvernants censés représenter la nation. Pourquoi y reviens-je ? Car vous espérez, PB, qu'aucun de ces FARC ne sera accueilli sur notre sol. Parce que, sans doute, je l'imagine, vous les méprisez de ce qu'ils ont commis de crimes. Je me garderai bien, pour ma part, de porter un tel jugement a priori concernant des hommes et des femmes par milliers, paysans pour la plupart, qui ont tout sacrifié et perdu pour vivre ainsi depuis des décennies dans les pires conditions. On ne lutte pas durant 40 ans dans la jungle si la cause que l'on défend n'a pas aussi sa part, même un peu, de justification et légitimité. Cela ne justifie pas les pires crimes mais cela en élargit la responsabilité. Tout n'est pas forcément blanc d'un côté et obscur et sombre de l'autre. Les choses ne sont pas aussi simples et tranchées. Ceci étant, si nul ne les accueille, ils resteront là-bas et la lutte désespérée continuera avec son cortège terrible d'enlèvements et autres crimes. Sauf l'amnistie générale et définitive de leur gouvernement, il n'y aura pas d'autre solution que la fuite mortelle en avant. Cependant, je vous rassure, quand bien même ils sont dans la jungle, ils savent tout du reste du monde. Ils savent que Battisti que le gouvernement français a, dans les mêmes termes et plus, accueilli jadis, croupi désormais dans une cellule collective de Brasilia en attendant que les juges brésiliens fassent de leur mieux pour dénouer, sans heurter les susceptibilités des uns et des autres, cet enième infamie de nos représentants élus. Ils ne viendront pas. La parole du gouvernement français ne vaut pas un clou et ils le savent bien. Mais qu'ils sachent, puisqu'ils lisent Internet et ce qui s'y écrit, que le peuple français n'est en rien complice de cela ni engagé par cette attitude de circonstance, ces promesses sans vergogne et ces paroles sans panache qui n'ont de cesse de nous humilier à la face du monde.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 05 juillet 2008 à 19:35