Les grands espaces du monde peuvent retenir un temps mais notre "douce" France ne se laisse pas oublier aussi facilement.
Barack Obama va revenir aux Etats-Unis et j'ai l'impression qu'on va revivre avec lui ce qui est advenu avec George Bush. Les élites françaises votent avec enthousiasme pour lui, comme hier pour Kerry, mais les Américains éliront peut-être John McCain. Si seulement les Français avaient un droit de regard international !
Je lis une remarquable biographie de William Faulkner, et son comté mythique dans le Mississippi - minuscule fragment d'un immense univers - me renvoie à cet article du Journal du Dimanche sur un coin de France, Vezet, petite commune de Haute-Saône où la victime d'un meurtier est honnie et le criminel célébré.
Ce village de 180 habitants n'en pouvait plus, littéralement, devant les agissements répétés, d'inégale gravité, de Frédéric Badet, surnommé "Fil de fer", qui revenait inlassablement, après chaque sortie de prison, sur le lieu de ses "exploits" : saccages de jardins, vols avec violence et agressions recommençaient.
Loin de ces mondes clos où la malfaisance d'un seul a des effets dévastateurs et rend la vie collective quasiment impossible, il est facile de jouer à l'élégant éthique en soulignant le caractère parfois dérisoire de chacune de ces atteintes à l'ordre et à la tranquillité de cette commune. D'autant plus que Badet, reconnu invalide à 80%, a sans doute bénéficié d'une compréhension forcée à cause d'un retard "psychologique et mental" relevé par expertise.
Mais, soudain, ce qui était accepté devient insupportable. Les décisions de la justice saisie de chaque affaire, tout à coup, apparaissent scandaleuses parce qu'elles ne parviennent pas à avoir la moindre effectivité sur l'existence des habitants de Vezet. L'institution perd le peu de crédit dont elle jouissait encore parce que Badet, à chacun de ses retours, est apparu plus fort qu'elle.
A monté alors, probablement, de manière sourde et diffuse, la tentation de répondre à cette certitude angoissante de l'impunité par la radicalité d'une attitude. Celle-ci ne pouvait s'inventer une légitimité discutable qu'à cause de l'impuissance des instances officielles
Frédéric Bardet a été frappé de trois coups de couteau par Charles Beau, alors qu'il cambriolait le voisin de celui-ci. Charles Beau, estimable citoyen, soutenu par tous, a commis l'inqualifiable et ce n'est pas le sentiment de satisfaction résignée qui doit flotter sur Vezet qui changera cette donne inéluctable, ce constat criminel. Il est coupable mais, pour le devenir dans ces conditions, on a le devoir de s'interroger.
En effet, pour que des personnes ni pires ni meilleures que d'autres puissent se féliciter d'être débarrassées d'un humain infiniment perturbateur, il faut que dans le mécanisme social, dans l'harmonie collective, un dysfonctionnement grave se soit produit ! Celui-ci ne tient-il pas au fait que la justice ne prend en charge que des actes tandis que le problème, rarement mais indiscutablement, se rapporte à la nature de certaines personnalités ? Il me semble que si on avait accepté d'affronter la réalité de cette commune sans se voiler les yeux et l'esprit, on aurait pu, du pressentir l'escalade de l'exaspération collective et l'acuité de la menace pesant sur Badet. Ne conviendrait-il pas un jour d'amplifier la réflexion sur le concept de dangerosité sociale pour inventer des protections à la mesure de quelques pratiques humaines nous assurant d'un pire inéluctable ? Pour ces dernières, la justice n'est plus suffisante. En tout cas, au-delà d'elle, il y a comme la nécessité de fuir le fragmentaire multiplié d'une délinquance jamais abolie pour mettre en oeuvre, au nom d'une nuisance sociale incontestable, des dispositifs civiques de protection.
Badet libre à chaque fois, c'était, à force et à la longue, l'annonce de ce qui a été perpétré.
Douce France, vraiment ?
@ Catherine Jacob : "Enfin, il m'est également arrivé d'entendre critiquer la façon de vivre d'anciens déportés pensionnés, mais lequel des critiqueurs aurait accepté de prendre leur place, d'être enfermé, torturé, réduit à l'état de squelette pour pouvoir éventuellement toucher ultérieurement une petite pension. Donc un peu de décence SVP !!!"
On ne voit décidément pas le rapport.
Rédigé par : Erig le Brun de La Bouëxière | 30 juillet 2008 à 18:32
@Ptilou
"- tous les handicapés à 80% sont-ils des délinquants ? ou bien la carte imparable pour éviter des condamnations lourdes ?"
Evidemment non. Il y a par exemple cette cavalière émérite qui, devenue paraplégique à l'âge de dix-huit ans suite à une chute de cheval, a néanmoins terminé championne aux Jeux paralympiques.
Mais bon, tous les cavaliers entiers ne finissent pas champions non plus et un handicap, comme ce nom l'indique, est un handicap. Sans même mentionner ceux qui le sont de naissance (ex. un bébé réanimé au-delà d'un certain laps de temps, ou l'enfant d'une mère diabétique qu'on oubliera de ré alimenter en sucre parce qu'on aura omis de consulter le dossier médical), je doute fort que certains choisissent délibérément et de gaieté de cœur de se mutiler eux-mêmes à concurrence de 80% de leurs capacités physiques initiales, simplement pour échapper au bras de la Justice et continuer à porter préjudice à leur prochain en toute mansuétude. Allons, allons ! un peu de sérieux !
Un véritable handicapé dont le handicap a fait l'objet d'une expertise et d'une estimation à 80%, n'est pas un faux manchot qui attire la pitié du passant sur le trottoir pendant que sa progéniture soulage ce dernier de sa bourse !
Enfin, il m'est également arrivé d'entendre critiquer la façon de vivre d'anciens déportés pensionnés, mais lequel des critiqueurs aurait accepté de prendre leur place, d'être enfermé, torturé, réduit à l'état de squelette pour pouvoir éventuellement toucher ultérieurement une petite pension. Donc un peu de décence SVP !!!
Rédigé par : Catherine JACOB | 29 juillet 2008 à 10:21
@Jean-Dominique Reffait
Le couteau dit à pain n'est pas pointu mais en forme de bec crochu. Il n'est pas non plus tranchant mais très dentelé, y compris les Laguiole à manche de corne clouté qui valent une fortune !
Pour trancher du lard, surtout fumé dans une bonne cheminée où il aura pris tout son temps, il faut des couteaux spécialisés. Notamment en ce qui concerne le jambon proprement dit. Le bout en est rond ou ovale et la lame fort large et relativement souple. Vous ne pouvez donc trancher, qui plus est horizontalement, qu'en assurant fermement la prise d'une main et en tenant le couteau de l'autre, ce qui exclut l'attaque à moins d'être un spécialiste du maniement de l'épée et savoir attaquer de biais !
Pour rompre une vraie miche il faut les fortes mains du père qui la partagera entre ses enfants !
Donc effectivement mes "petits doigts de fée" n'y parviendraient pas. Mais là encore, il convient d'assurer fermement la prise de l'autre main sous peine de risquer de se blesser soi-même.
Ce qui m'est par ailleurs déjà arrivé. Je me suis en effet non pas simplement entamé mais carrément coupé un bout de l'index que fort heureusement j'ai pu immédiatement recoller. Rassurez-vous, je ne suis pas une femme bionique, simplement je cicatrise bien !
Le vieux paysan va pour sa part plaquer la miche contre sa poitrine et entamer de l'extérieur vers l'intérieur, ce qui impliquerait qu'on lui saisisse le poignet et qu'on accentue le mouvement initial en pesant dessus et en le considérant lui-même comme une miche ! Et encore, selon le type de couteau et le degré d'immobilité du 'patient', je ne suis pas sûre que cela fonctionne selon vos vœux à moins d'avoir l'aorte du premier coup ! Ce qui implique de savoir où elle est !
"rien n'indique que saloper le bétail du grand-père Badet ne l'ait pas réjoui."
Le paysan respecte la terre et il a encore fortement ancré en lui le respect millénaire du 'mort tombé en chemin' qui risquerait de venir le tirer par les pieds la nuit s'il n'a pas reçu de sépulture décente !
Rédigé par : Catherine JACOB | 29 juillet 2008 à 10:00
Plusieurs choses me gênent :
- tous les 80% d'handicapés sont-ils des délinquants ? ou bien la carte imparable pour éviter des condamnations lourdes ?
- les séjours en prison n'étaient-ils pas la réponse à chaque acte de vandalisme de ce gars ? Nos lois sur la récidives sont blindées et ont été consolidées 8 fois.
Rédigé par : Ptilou | 29 juillet 2008 à 09:15
Il y a quelques années, il y a eu plusieurs cas de faits divers semblables qui firent la "une" des journaux. Des victimes de cambriolages, commerçants, entre autres, qui, lassées d'être cambriolées, avaient piégé leur bien.
Les cambrioleurs blessés portèrent plainte ! (non handicapés mentaux)
La justice leur donna raison et condamna les piégeurs pour d'une part avoir blessé les cambrioleurs devenus "victimes" et d'autre part pour n'avoir pas indiqué à l'entrée de leur commerce ou propriété : "attention maison piégée"...
Rédigé par : Marie | 29 juillet 2008 à 09:02
@M.Patoulatchi
Je comprends ce que vous voulez dire mais je n'y adhère pas et nul ne peut y adhérer sauf à être un bizarre dans sa tête. Car, en l'espèce, il s'agissait d'un enfant de 10 ou 12 ans, je ne sais plus, mais très jeune et qui, non, ne faisait pas du rodéo la nuit dans le quartier avec des voitures volées ni ne jouait aux billes mais au foot, tout simplement, avec ses copains... J'ai la certitude aujourd'hui et de par mon expérience carcérale et des hommes qui sont dans ces prisons, que si ce type avait tué, dans les mêmes conditions, de la sorte, non un enfant et de cet âge surtout mais un homme quelconque, il n'aurait jamais subi ce qu'il a subi ce jour dans cette cour de prison... On ne tire pas dans le tas, sur des enfants, pour protéger son sommeil... Si votre enfant rentrant un soir d'une activité quelconque et passant par là avait reçu cette balle perdue dans la tête... C'est tellement évident que je me demande pourquoi je dois l'écrire.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 29 juillet 2008 à 01:03
Sir,
In reply to Jean-Marie , I read with attention your contribution to this complex subject ,
Assuming that in a “democracy” the elected government is a valid voice and reflection of a population, then the actions and non actions of that government are revealing of the ambient
preoccupations, and affronting mental disorders as an integral part of humanity which should be respected and treated with dignity does not seem to be a major preoccupation to say the least.
It seems that each time there is a tragedy of this nature, all the old devils of fear and intolerance are woken anew , the ministers make empty promises , the doctors and magistrates are solicited by the media to express their respected opinions, and no real progress is made ,
Mental disorders are as common and varied as any other inner organ dysfunction,
The prisons are full of persons who are suffering from mental disorders, this in itself is a tragedy , and as other contributors pointed out , the halfway houses of incarceration and appropriate treatment are evidently a solution for the future.
And may I dare say that it is our collective moral duty to care for and treat with dignity every individual who is socially inadapted and mentally ill in the way we care for any other person who has a physical disorder.
This subject has made me infinitely sad, as there is such a long hard road to follow before true humanity and compassion is reached.
Yours sincerely T.
« Traduction avec un dictionnaire d'internet. Je n'écris pas le français" mes excuses !!
Monsieur,
En réponse à Jean-Marie, j'ai lu avec attention votre contribution à ce sujet complexe,
En supposant que, dans une "démocratie" le gouvernement élu est une voix valable et la réflexion d'une population, puis les actions et non des actions de ce gouvernement sont révélatrices de les ambiante préoccupations, de faire face a les troubles mentaux comme une partie intégrante de l'humanité qui doivent être respectés et traités avec dignité ne semble pas être une préoccupation majeure pour le moins.
Il semble que chaque fois qu'il ya une tragédie de cette nature, tous les vieux démons de la peur et l'intolérance sont à nouveau réveillé, les ministres font des promesses en l'air, les médecins et les magistrats sont sollicitées par les médias pour exprimer leurs opinions respectés, et aucun progrès réel est faite,
Les troubles mentaux sont aussi communes et variées que n'importe quel autre dysfonctionnement d’un organe interne
Les prisons sont remplis de personnes qui souffrent de troubles mentaux, cela est en soi une tragédie, et come d'autres contributeurs a fait remarquer, les d maisons spécialisés d'incarcération et le traitement approprié sont de toute évidence une solution pour l'avenir.
Et j'ose a dire que c'est notre devoir moral de prendre en charge et traiter avec dignité toute personne qui est socialement et inadapté malade mentaux dans la manière dont nous prenons soin de toute autre personne qui a un trouble physique.
Ce sujet a me fait infiniment triste, car il existe une longue route difficile à suivre avant de la véritable humanité et compassion est atteint.
Yours sincerely T.
Rédigé par : thalia | 28 juillet 2008 à 23:58
Catherine Jacob, Catherine Jacob ! Le pain se rompt ! Rompez donc une miche de quatre livres avec vos petits doigts ! Le couteau, le bon vrai laguiole de chez Calmels, qu'on sort pour couper le pain, après l'avoir signé au dos, pour découper la tranche de Laguiole (le fromage ce coup-là), et qu'après la messe on va planter dans le lard du sale abruti qui a engrossé votre femme. Votre paysan de Maupassant inquiet de la pollution de la nappe phréatique engendré par le cadavre planqué, éventuellement sur le lieu de l'adultère, n'est-il pas un brin anachronique ? Et s'il était si soucieux de protéger la santé de son il, rien n'indique que saloper le bétail du grand-père Badet ne l'ait pas réjoui.
Marcel Patoulatchi, vous êtes dans la théorie. Badet n'a pas été tué de sang-froid, il est mort dans la grange de sa mère sans que son meurtrier le sache gravement blessé puisque Badet s'est enfui. Badet était du coin, connu de tous et il n'est pas aberrant de penser qu'il s'est tissé au cours des années des sentiments mêlés de pitié, de haine entre Badet et ceux qu'il a sans doute connu dès l'enfance. Badet et son meurtrier avaient exactement le même âge : 35 ans.
On ne peut tout réduire à des opinions de politique judiciaire. La dialectique de la violence est autrement complexe.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 28 juillet 2008 à 23:11
Tout comme Marcel Patoulachi, certains commentaires me laisse pantois.
Comme il est facile, confortablement assis dans son fauteuil, de critiquer les victimes des méfaits à répétition de cet homme ; victimes qui se réjouissent probablement plus d'avoir retrouvé la paix dans leur village plutôt que de la mort du fauteur de trouble.
Mon impression c'est que Badet est mort de la situation qu'il a grandement contribué à créer. C'est un terrible aveu d'échec pour la justice : les villageois de Vezet ont eu 15 ans pour constater l'impuissance de cette dernière à les protéger de Badet.
Certes, il ne méritait pas de mourir pour autant, et une société démocratique ne peut tolérer un tel meurtre, ni le laisser impuni. Mais je comprends que les gens soutiennent l'auteur des coups de couteau : alors qu'ils ont vu une justice totalement inefficace envers Badet, Beau, lui est assuré de prendre cher. Pourtant, je ne suis pas certain qu'il n'eut pas mille fois préféré ne jamais rencontrer Badet.
Alors de grâce, évitons les jugements à l'emporte pièce envers les gens ordinaires, qui travaillent, payent leurs impôts, respectent leurs voisins, et subissent les Badet.
Quant à Obama, j'espère moi aussi de tout cœur qu'il sera le prochain président américain.
Rédigé par : nicolas | 28 juillet 2008 à 21:49
Philippe, votre description parfaite montre l’impasse du système judiciaire, et rend évidente l’exaspération des habitants de la commune, mais cela on le sait. Par contre elle n’ouvre aucune solution parce qu’elle assimile faussement des situations d’origine très différente :
Les désordres dus à la variété des fonctionnements sociaux (jeunes, mais aussi estivants et foule des centre ville le samedi soir, etc..) dont la solution est dans la politique comme art du compromis du vivre ensemble, et la justice alors comme instrument de mise en oeuvre effective de ce compromis, ne peuvent être assimilées aux désordres dus à l’inadaptation psychique.
La France est dans la négation de ce problème, notamment sous l’influence de la psychanalyse qui fait trop partie de notre culture commune pour que nous acceptions la réalité de la maladie : cette négation se voit dans la volonté de faire procès au cas les plus lourds et Le Figaro nous a rapporté l'étrangeté d'un tel procès, mais elle se voit aussi dans le refus de détecter le plus tôt possible la difficulté, alors que comme pour toute maladie plus le soin commence tôt plus la vie quotidienne du malade approche sur la durée de la normalité.
Il va de soi que dans ce cas la répression n’a de sens, ou du moins ne peut être efficace, que si elle prend sa place dans un protocole de soins, à l’inverse de la situation actuelle où la sanction est antérieure à la définition du protocole.
Sans doute plus de connaissance par le public de l’existence courante et « normale » de ces comportements « étranges » et donc de leur légitimité à être, et à être autant que faire se peut avec nous atténuerait les tensions en faisant appel au sens du bien commun qui est plus répandu qu’on ne veut le croire.
Rédigé par : Jean-Marie | 28 juillet 2008 à 19:56
QUI TRICOTERA CE MOHAIR POUR UNE JUSTICE FRILEUSE
Qui tricotera ce mohair à jeter sur une justice frileuse qui se drape des pages du papier bible de ses codes et s’abrite derrière le Droit.
Dire le Droit !
La Justice que demande le citoyen va au-delà. Les situations ne relèvent pas toutes d’un regard cantonné à l’espèce ; un peu de hauteur, d’intelligence des situations et des êtres humains ne nuiraient pas. Un peu de cet esprit de Salomon dont Saint Paul nous relate le songe du tout jeune roi qui demandait à Dieu, plus que la puissance et la richesse, l’esprit de discernement.
Je rencontrais il y a peu, un magistrat de la Chambre de la Famille pour évoquer avec elle l’issue que proposait la Justice à un harcèlement procédurier dans le cadre d’un divorce qui relève du Libre Des Records : 41 actions et assignations en une petite dizaine d’année, de cet ex-mari contre la femme qu’il a au demeurant abandonnée et dont il est divorcé depuis belle lurette, mais contre laquelle il continue d’exercer ses crocs procéduriers.
L’homme est préfet et depuis peu avocat, ce qui est sans doute de peu de poids. Du moins le dit-on !
« La Justice a regardé mon histoire comme une vache regarde passer un train ; un wagon, puis un autre et un autre, et un autre encore, sans jamais déplacer son regard sur la motrice infernale qui tractait ce terrible équipage et sans regarder plus loin qu’une assignation après une assignation, une autre et une autre encore, et sans s’émouvoir de la longueur de ce train de l’enfer… L’histoire, pour qui n’a l’a pas vécue au jour le jour n’est que quelques mots mis bout à bout ; l’Enfer a pris néanmoins pour moi une saveur quotidienne ordinaire dont la Justice gênée a détourné le regard, faute de moyens. »
Faute de moyens ? Juridiques peut-être… Mais que ne convoque-t-on parfois dans les prétoires un brin de hauteur et cet esprit de discernement de Salomon auquel le courage et la force tranquille de l’inventivité juridique n’a pas manqué.
En fait qui est le vrai coupable ? Celui qui porte le fer dans la plaie ou bien celui qui n’a voulu voir ni le fer qui s’aiguise ni le flanc mis à nu, et après avoir jeté ses vapeurs d’eau bénite, s’en est allé ?
Rédigé par : Eve TerresVermeilles | 28 juillet 2008 à 19:55
@ Catherine Jacob
La peur pour soi, les siens, ceux qu'on aime, fussent-ils des voisins, ou même pour de parfaits inconnus dans leur droit, me paraît une raison légitime pour s'interposer entre leur agresseur et eux. C'est à mon sens ce qui différencie un homme de bien d'une crapule, et à vrai dire un homme tout court.
Qu'il ne soit pas INDISPENSABLE, lorsqu'on peut faire autrement de larder le malfaisant de coups de couteau, j'en suis d'accord, je le répète, mais on n'en sait rien sur le moment.
Il fut une époque (tout au moins chez moi, en Bretagne) où la solidarité des braves gens, des gens "honorables", faisait que le fils de Yann était le fils de tous. S'il était vu se mal conduire par quelqu'un du village ou du quartier, il prenait la taloche que son père lui aurait donné s'il avait été là. Puis le père était prévenu, et le garnement prenait une taloche derechef. Nous étions les enfants d'une communauté. Dans cette communauté, nous dormions la porte ouverte, car nous savions que celui qui entrerait chez nous n'était pas né ici. Et que s'il était vu, il valait mieux pour lui prendre ses jambes à son cou.
Je regrette cette époque, mais je m'efforce d'y être fidèle. Si on entrait sans être invité chez mon voisin Nikolas, 87 ans, et que je m'en aperçoive, je traverserais la rue.
Sans doute aurais-je auparavant suivi votre conseil et composé le 17 sans illusion. Je ne sais pas chez vous, mais ici, on voit plus de gendarmes embusqués le radar à la main que la nuit protégeant le bien des honnêtes gens. La nuit d'ailleurs, ils sont huit pour couvrir la moitié du département, alors...
Quant à la fuite... Pardonnez-moi, mais sans remonter aux croisades, il y a tout de même un moment que ce n'est plus le genre de la maison.
Il ne manquerait plus que ça.
Rédigé par : Erig le Brun de La Bouëxière | 28 juillet 2008 à 18:48
@Polochon
Je n'ai pas participé à cette curée ; j'étais présent et j'y ai assisté, impuissant, lamentablement impuissant. Je pense que cet homme n'en est pas mort ; nous l'aurions su par la presse et autres et, de plus, la justice s'y serait intéressée davantage. Mais je suis sûr qu'il en garde aujourd'hui encore les séquelles graves tant ce fut d'une violence qu'on ne peut croire que lorsqu'on la voit...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 28 juillet 2008 à 18:02
Le souvenir du tabassage à mort raconté par Aïssa et auquel il a participé, fait froid dans le dos.
On a vraiment l'impression que la justice est coupée en deux avec des magistrats qui instruisent et condamnent et une administration pénitentiaire qui exécute, sans trop de contrôles extérieurs et il faut bien le dire, sans trop de moyens.
S'il fallait classer les problèmes par ordre de priorité et donc les solutions à apporter, je suis certain que la priorité absolue serait d'améliorer le monde pénitentiaire car tant que le monde est monde, il faudra toujours des prisons.
J'ai beaucoup apprécié toutes les contributions de ce jour, on est loin du BHLement correct !
Rédigé par : Polochon | 28 juillet 2008 à 12:17
La prévention psychiatrique devrait devenir un chantier national, doté de moyens conséquents. Malheureusement, ce n'est pas encore à l'ordre du jour. Je mesure bien sûr la difficulté de l'entreprise, notamment à l'heure de la désertification des campagnes et à une époque où, pour des raisons budgétaires, des unités de soins doivent fermer. Il manque en effet une structure entre la prise en charge psychiatrique et la justice, et cette institution reste à inventer. Celle-ci devrait être suffisamment souple pour orienter les personnes en difficultés, assurer un suivi et, peut-être, un début de prise en charge. Je ne connais pas suffisamment la question, mais j'imagine qu'il existe en Europe, et ailleurs dans le monde, des tentatives novatrices dont nous pourrions nous inspirer. Je suis convaincu qu'il s'agit d'une voie d'avenir.
Rédigé par : Laurent Dingli | 28 juillet 2008 à 12:00
Dear Sir,
It is evident that prison was no place for this mentally disturbed person. On reading your article, many similar cases came to mind where a population is exasperated or held in terror by a mentally ill or disturbed person, in the best of cases no tragedy occurs, in the worst mass murder is the outcome, one only has to refer to certain political leaders of past or present. My compassion is for all parties, the sick or disturbed person, once diagnosed needs appropriate care and treatment, and if necessary a restriction of movement, it is a reflection of society in Europe in general that short term financial cost seems to govern political decision taking, cuts in health, social services and the law system, the emotional costs in all their aspects seem to be ill considered. This once again is part of the eternal paradox of human nature. The unfortunate Mr. Badet was sent to prison a number of times in punishment for his disturbed behaviour and in protection of the village population , but who protected Mr. Badet from himself and his own unsupportable behaviour ? Surely somewhere along the line after those multiple prison sentences some one could have made a closer analysis of the situation?
Déjà vu I’m afraid , and I fear for the future with all the “economies” foreseen and programmed in Europe .
Yours sincerely T.
"Traduction avec un dictionnaire d'internet. Je n'écris pas le français"
Cher Monsieur ,
Il est évident que la prison n’était pas l’endroit appropriée pour cette personne souffrant de troubles mentaux. À la lecture de votre article, de nombreux cas similaires venaient à l'esprit où une population est exaspérée ou détenus dans la terreur par un malade mental ou personne troublé. , dans le meilleur des cas, aucune tragédie se produit, dans le pire des massacres sont le résultat, il suffit de se référer à certains dirigeants politiques du passé ou présent. Ma compassion est pour toutes les parties, les malades ou troublé personnes troublé, une fois le diagnostic est fait ,besoins des soins appropriés et de traitement, et, si nécessaire, une restriction de la circulation, il est un reflet de la société en Europe en général à court terme le coût financier semble régir la prise de décision politique , Des coupures dans la santé, les services sociaux et le système de droit,les coûts l'émotionnelle dans tous leurs aspects semblent être mal considérés. Une fois de plus l'éternel paradoxe de la nature humaine.
Le malheureux M. Badet a été envoyé en prison un nombre de fois en punition pour ses troubles du comportement et de la protection de la population du village, mais qui protégées M. Badet de lui-même et de son propre comportement insupportable? Sûrement quelque part le long de la ligne, après les multiples peines de prison certains auraient pu faire une analyse plus approfondie de la situation?
Déjà vu J'ai peur, et je crains pour l'avenir avec toutes les "économies" prévues et programmées en Europe.
Yours sincerely T.
Rédigé par : Thalia | 28 juillet 2008 à 11:00
Si le sujet est intéressant, certains commentaires me laissent pantois.
Pour Ktrin, « Il est difficile de prendre sur soi mais là est la force d'un être humain ». Il faudrait donc « surmonter ses penchants, lisser ses défauts, pour espérer ne pas se rendre malade face aux injustices et aux tourments de ce monde... et espérer aussi trouver le courage et la motivation pour le rendre, à son échelle, meilleur ».
Je vois mal comment des citoyens pourraient ne pas se rendre malade, si on devait les inviter à prendre sur eux systématiquement les actes perpétré par autrui. Je ne vois pas en quoi le monde serait meilleur si les innocents persistaient à prendre sur eux les méfaits des coupables.
Catherine JACOB, elle, aimerait requérir « d'envoyer l'ensemble de ses supporteurs tenir compagnie derrière les barreaux à leur, en vérité si peu 'honorable', concitoyen ». Un prix de gros, en somme. Ces villageois ont subi, la Justice s'est montrée incompétente (reste à savoir si c'est le fruit de la loi ou autre chose), mais ces habitants n'avaient pas le droit d'être excédés. Objets de cambriolages, ils n'avaient pas à se défendre, car cela est déshonorable. Finalement, le malade a tous les droits, les autres uniquement le devoir de subir.
Il me semble pourtant que si la légitime défense des biens ne peut justifier l'homicide, la légitime défense des biens reste un droit acquis, et que l'état d'esprit de celui qui dérape à ce sujet doit être mis dans le contexte des atteintes aux biens dont il fait régulièrement ou pas l'objet.
Je sais gré à Aïssa Lacheb-Boukachache de parler de ce cas du type qui avait « tiré sur un groupe d'enfants qui jouaient bruyamment sous ses fenêtres et en avait tué un d'une balle dans la tête, un petit Momo, un petit rebeu ». Car il s'agit tout à fait du même schéma. Et ce genre de faits sont appelés à se reproduire. Tout simplement parce la bonne société se moque de savoir si les habitants de certains endroits ne peuvent jamais dormir. Lorsqu'après un mois de rodéo de véhicules volées au pied de chez eux, y compris à des heures très tardives, une foultitude d'appel au 17 sans le moindre effet, un de ces pauvres types habitant là devient dément et tente de provoquer un changement, la presse se dépêche de nous dresser le portrait d'une cité riante où un furieux aurait tué un gamin qui jouait innocemment aux billes.
Pour Jean-Dominique, « entre Badet et ceux qui l'ont tué (car la main du tueur était armée par tous), la relation fut si complexe, si hors du champ rationnel, si disproportionnée qu'elle rend dérisoire toutes les tentatives de prévention du drame ». Une telle affirmation m'amuserait, si elle ne me désolait pas au premier chef. Combien de fois faudra-t-il encore souffrir l'idée que les personnes qui subissent la délinquance régulière de malades mentaux ou pas ont noué une relation avec leurs perturbateurs, autre qu'une relation d'auteur/victime ? Que s'étonne t-on que la victime habituelle (perpétuelle ?) se rebiffe, lorsqu'au fil du temps elle devient persuadée, au regard des faits et de leurs conséquences, que nul ne se soucie de son sort ?
Pour ma part, je dirais que je ne sais pas si ces malades se soignent - c'est une question que je laisse aux experts psychiatres. Tout ce que j'observe, c'est qu'il arrive que des individus soient interpellés pour harcèlement, placés en hôpital psychiatrique parce qu'ils annoncent que le pire est à venir. Et peu de temps après, sans concertation, ces individus sont remis en liberté, et le soir même ils sont interpellés pour agression sexuelle, sur la victime du harcèlement précédent. Nul ne doute que leur libération se fera à nouveau en catimini. Et au jour du procès pour viol et homicide volontaire, procès qui n'aura pas lieu au motif de l'irresponsabilité pénale de l'auteur des faits, nul ne se demandera quelle était la responsabilité de l'établissement psychiatrique l'ayant remis en liberté, et, au-delà, la responsabilité de la société qui tolère qu'on laisse libre après un traitement partiel des gens qui ont commis des faits qui auraient du durablement les écarter de la société.
Il me semble que lorsqu'un individu est considéré irresponsable pour un fait qui lui aurait fait encourir 3 ans d'emprisonnement, par exemple, la Justice devrait s'arroger le droit de suivre pendant ces 3 ans les mouvements de cet individu : savoir s'il est encore interné, s'il n'est plus interné, imposer qu'il fasse l'objet d'un contrôle judiciaire, dans tous les cas être informé du suivi psychiatrique effectué (et imposer le retour en privation de liberté si ce suivi est défectueux).
Bien sur, ça coûte. Tout comme un procès criminel.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 28 juillet 2008 à 10:53
@Erig le Brun de La Bouëxière
"Mais je suis en revanche tout à fait pour accorder le bénéfice de la présomption d'honorabilité à un type qui n'a peut-être commis comme crime que d'avoir eu peur, pour lui ou pour les siens."
La peur est-elle une circonstance légitime et permet-elle une juste appréciation de la situation telle que la riposte (le meurtre) apparaisse effectivement proportionnée au danger que peut présenter pour soi-même la tentative de cambriolage perpétrée chez... le voisin ?!!
La peur, me semble-t-il, doit commander, selon les circonstances et dès lors que le danger n'est pas immédiat pour soi-même :
1- la fuite
2- l'appel au secours (= le 17)
et non pas la colère qui fait perdre le sens de la mesure !
Rédigé par : Catherine JACOB | 28 juillet 2008 à 10:02
Vous semblez perplexe à propos de cette horrible affaire.
La France reste douce mais pas pour tout le monde.
Ce que raconte Aïssa est représentatif de ce que les hommes aiment "compenser" les lenteurs ou les procédures ou les "faillites supposées" de la Justice.
Notre société n'est pas très policée et se faire justice soi-même est un réflexe fréquent et irréfléchi.
JDR me paraît être dans le raisonnable.
Mais demandez donc une solution à "Saint Badinter"...
Rédigé par : mike | 28 juillet 2008 à 09:49
@JD Reffait
"Les longues haies et les chemins creux regorgent de cadavres obscurs, de secrets éventés et de vengeances froides. Nous y cueillons des mûres pour les confitures, nous avons passé un beau dimanche dans ce qui fut le théâtre de querelles de pierres de bornage (opération), de cocuage (état) ou de bâtardise (état) réglées avec la lame du couteau que l'on tire ordinairement pour partager le pain."
Pour le cas où vous l'ignoreriez, en principe le pain se rompt !
En ce qui concerne les confitures, je vous conseille si possible les mûres du mûrier noir, plus faciles à cueillir, plus sucrées ou moins acides que le fruit noir de la ronce de haies abusivement dénommée elle aussi 'mûrier', mais dont le piquant (celui du goût) est très agréable. Concernant l'écologie des talus, on doit sans doute y trouver de tout mais ça m'étonnerait qu'un bon paysan y laisse se décomposer un cadavre qui risquerait de polluer l'eau qui y ruisselle et, à terme, d'empoisonner son bétail. Peut-être vouliez-vous parler plutôt de l'ombre propice à diverses activités qui ne sont pas toutes nécessairement agricoles et qui est celle du bocage?
Accessoirement, je pense qu'un bon criminologue, outre les études adéquates, doit se préoccuper de connaître et d'employer les mots dans leur sens exact, idem en ce qui concerne les coutumes, ce qui évite à son imagination de vagabonder en perdant du temps !
Rédigé par : Catherine JACOB | 28 juillet 2008 à 09:48
"peu importe le passé de la victime, nous avons quelqu’un qui est mort" a déclaré, selon France-Soir, le procureur de la République de Besançon.
Philippe, est-ce possible de sensibiliser votre profession au goût de la lecture, à celle de W. Faulkner et/ou à celle de S. Portelli par exemple ?
Non pas parce que la phrase du procureur manque de vérité.
Un homme est mort parce qu'un autre l'a tué. Mais le meurtrier était également et lourdement armé par l'exaspération de tous les autres.
"peu importe le passé de la victime..."
Tout importe, au contraire.
Car le passé de la victime est le récit en creux de l'échec du travail de prévention normalement mis en place et validé par l'Institution judiciaire.
Le passé délinquant de la victime ne justifie pas une seconde le geste meurtrier, et encore moins le soulagement d'un village. Mais l'assentiment à une transgression collective que les réactions à ce meurtre suggèrent ne peut pas, selon moi, se traduire dans les mots d'un procureur, qu'avec un "peu importe".
Il y a une profondeur du champ, des arrière-plans, des éclairages que seule une proximité avec la littérature et un usage de celle-ci, au sens noble, peut apporter.
Le "peu importe" se lit aussi comme une traduction spontanée du manque d'intérêt qui a été porté à la victime tout au long de son parcours judiciaire.
La phrase du procureur me fait penser à un livre de Serge Portelli :
" Récidivistes: chroniques de l'humanité ordinaire " (Grasset - 2008)
Dans ce livre, SP met en évidence des biographies de récidivistes qui sont dans le profil de celle de la victime cette affaire.
Votre idée de dangerosité sociale ne peut pas, selon moi, faire l'économie d'une prise de conscience de l'indifférence et du désintérêt de la Justice pour les parcours de vie des récidivistes. Un casier judiciaire seul ne renseigne pas sur les vifs, les bruts, les béances, les chaos de certains parcours.
Allez, à l'attention de vos confrères.
A défaut de lire W. Faulkner, ils peuvent lire S. Portelli.
Je sais. La mention de la vision de S. Portelli pour le sujet de votre billet va vous surprendre.
Mais bon. Le "peu importe" du procureur, d'entrée, m'y a fait penser.
Mon paradoxe, c'est que, question philosophie judiciaire, je suis d'accord A LA FOIS avec vous et avec S. Portelli.
Pas simple. Mais c'est comme ça.
Rédigé par : Véronique | 28 juillet 2008 à 09:09
@Erig le Brun...
Personne ne vous reprochera d'avoir, pour vous défendre et protéger votre famille, tué un homme qui s'introduit chez vous ou tente de le faire, qu'il soit sain d'esprit ou complètement dérangé. Personne. C'est vous uniquement qui interprétez de cette façon ce que nul ici ou ailleurs n'a écrit ou dit, et qui vous agitez vainement... Cependant, oui, vous seriez authentiquement une de ces crapules "honorables" si, comme ceux-là, vous vous en gaussiez et félicitez et réjouissez.
Transition.
"L'idiot du village" (un grand malade psychotique, en vérité, porteur d'une réelle souffrance), importun, agaçant, menaçant, fut tué cette fois. En d'autres lieux (Pau), il n'y a pas longtemps, le même, une nuit, s'introduisit dans ce pavillon de l'hôpital psychiatrique où on le connaissait, l'avait diagnostiqué puis refusé de le prendre en charge comme une Psychiatrie digne de ce nom l'eut exigé, tua puis décapita une infirmière et sa collègue aide-soignante... Une des clefs du problème se trouve là et elle est politique au sens le plus noble de ce terme : quel regard portons-nous sur les malades mentaux et que faisons-nous pour soulager leurs souffrances ? On les retrouve dans la rue, en prison, livrés à eux-mêmes, sans traitement, sans soutien, avec leurs hantises et leurs hallucinations, pour des raisons d'économies budgétaires... L'asile d'antan était une horreur. Mais ce à quoi nous assistons depuis plusieurs années n'est quère mieux... Entre les deux, il y a de prometteuses possibilités, les thérapeutiques ont évolué, de nombreux médecins psychiatres et soignants et autres intervenants sont motivés, mais quand l'économique s'en mêle et explique sans cesse le tout et le rien sans jamais citer l'essentiel... Alors même la vie humaine ne compte pas.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 28 juillet 2008 à 00:46
La seule mesure de protection des handicapés mentaux adultes, la tutelle ou la curatelle , peut être confiée à une association dont une qui a pignon sur rue, se contente de gérer leur budget. Elle refuse de reconnaître que la loi comporte un volet "protection de la personne". La loi sur les tutelles devait être modifiée, le gouvernement reporte de mois en mois... Ca coûte, de protéger les personnes vulnérables et de surveiller les malades mentaux, d'autant plus qu'on vit de plus en plus vieux. On a révisé la carte sanitaire et diminué le nombre de lits en psychiatrie... A la campagne, dans les charmants petits villages de moins de 500 habitants, beaucoup sont très âgés. Les gens bienveillants se font rares... Alors les handicapés mentaux n'ont qu'à bien se tenir, ceux qui sont un peu moins idiots qu'eux veillent, et comme il n'y a plus beaucoup de candidats, ils font même parfois partie des élus !
Rédigé par : saperli | 27 juillet 2008 à 23:00
Je crains de n'être pas dans la ligne générale, mais bon.
Notre douce France, bel et bien douce j'en ai la conviction, est la création des héros de Maupassant ou de Marcel Aymé. Les longues haies et les chemins creux regorgent de cadavres obscurs, de secrets éventés et de vengeances froides. Nous y cueillons des mûres pour les confitures, nous avons passé un beau dimanche dans ce qui fut le théâtre de querelles de bornages, de cocufiage ou de bâtardise réglées avec la lame du couteau que l'on tire ordinairement pour partager le pain.
C'est la vie et ses incertitudes. Les experts tenteront de déterminer les motivations du passage à l'acte comme si tuer son prochain n'appartenait pas, dans la continuité de circonstances humaines, à la nature de l'homme. L'homme tue les nuisibles et parfois, c'est un homme qui est un nuisible ou perçu comme tel. Pas de passage à l'acte, pas de basculement, une simple logique humaine de causalité.
C'est pourquoi, Philippe, je ne souscris pas à votre idée de mettre en place des protections supplémentaires en déterminant théoriquement par la loi ce qui fonderait la dangerosité sociale : non, la société s'en charge elle-même, comme on le voit, elle régule elle-même l'intolérable, à la marge de tout un corpus juridique qui est, par nature, trop théorique pour recouvrir la diversité et la puissance des sentiments d'un groupe humain.
Entre Badet et ceux qui l'ont tué (car la main du tueur était armée par tous), la relation fut si complexe, si hors du champ rationnel, si disproportionnée qu'elle rend dérisoire toutes les tentatives de prévention du drame. Il ne revient à personne de juger moralement un tel événement : la loi se chargera uniquement de rappeler qu'en bonne société, certaines limites sont indispensables et infranchissables sans une sanction. Il s'agira d'un jugement politique, au sens grec du terme.
Une loi pour sauver Badet ? On en rit déjà au village.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 27 juillet 2008 à 22:25
Bonjour, je viens de lire cet article, et je suis révoltée, d'une que cet homme ait été envoyé en prison et pourtant reconnu psychotique sans soins adéquats à sa pathologie, deux poignarder un homme quel qu'il soit est inhumain, voici un article de Christiane de Beaurepaire dans ce lien qui date de 2006, rien n'a changé
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/le-cri-d-alarme-d-une-psychiatre_458815.html
Rédigé par : Catherine Gasperini | 27 juillet 2008 à 22:19
Ah l'honorabilité.
C'est décidément très emmerdant d'être honorable dans ce pays, lorsqu'on commet un délit, et a fortiori un crime. Vous avez remarqué qu'on vous renvoie systématiquement votre honorabilité à la gueule quand vous passez, même exceptionnellement du côté du criminel.
Le criminel habituel, lui, a toutes les excuses : il est débile ou immigré et donc c'est pas de sa faute, c'est un "pauvre immigré", c'est un économiquement faible et donc, c'est pas de sa faute, c'est bien connu, tous les pauvres volent leur prochain... Quand il est récidiviste, il a au moins l'excuse de nous avoir habitué à son crime, comme si en quelque sorte ce n'était plus de sa faute : on aurait tout de même du s'y attendre ! (c'est bien ce que je comprends de l'argumentation de M. le Procureur...)
Mais l'"honorable citoyen", même s'il a été (qui sait ?) surpris dans son sommeil par le cambrioleur, même s'il avait (qui sait ?) dans la maison une femme et trois enfants à protéger, l'honorable citoyen, est -forcément- une pénible ordure du fait même de son honorabilité.
Qu'importe si en zone rurale il faut parfois attendre une heure pour qu'une patrouille de gendarmerie vienne à votre secours. Qu'importe si dans ce pays on peut se faire assassiner en plein jour par de gentils-facteurs-de-diversité-qui-sont-une-chance-pour-la-France, pour avoir osé photographier un lampadaire, sans avoir la moindre chance de voir débouler comme dans les films une voiture de police toutes sirènes hurlantes. Tant pis si parfois même on SAIT que la police ne viendra pas parce qu'elle a PEUR.
Les gauchistes ont décidément bien travaillé, de Foucault -Surveiller et punir- à ce tordu dont le nom m'échappe qui nous gratifia de ce chef-d'oeuvre en matière de démagogie : "Dupont-la-joie", qui démontre si bien à quel point le petit blanc "honorable", est forcément une ordure raciste et veule, et surtout coupable.
Ah je ne suis pas pour les milices rurales. Non. Je ne suis pas pour qu'on exécute, tranquille chez soi, les idiots du village, ni même les délinquants sains d'esprit. Mais je suis en revanche tout à fait pour accorder le bénéfice de la présomption d'honorabilité à un type qui n'a peut-être commis comme crime que d'avoir eu peur, pour lui ou pour les siens.
Qu'on entre un peu chez moi la nuit, quand mes enfants dorment, et je vous jure que mon honorabilité ne m'empêchera pas de biser le cou de qui que ce soit, bien avant de lui avoir demandé le rapport de l'expert-psychiatre.
Merde à la fin.
Rédigé par : Erig le Brun de La Bouëxière | 27 juillet 2008 à 22:04
Vous êtes bien mesuré dans vos propos avec ceux que l'on peut appeler sans risque d'erreur : des crapules "honorables" ; ce, moins du fait meurtrier que de cette réjouissance collective qui le suivit. Quant à votre questionnement sur les "limites" de la justice, celui-ci me fait songer au nôtre chaque jour plus prégnant, médecins et soignants. Du social, jusqu'où cherchera-t-on à nous y impliquer et en attendre -exiger- de nous les réponses et les solutions ? Aux urgences des hôpitaux, c'est impressionnant le nombre de personnes que l'on voit arriver chaque jour en très bonne santé mentale et physiologique mais malades de la société... Nous n'avons pas de protocoles hospitaliers pour prendre en charge cette "pathologie" singulière et c'est dur, très dur de le leur faire entendre. Je songe aussi à autre chose en vous lisant. C'était il y a des années dans cette immense maison d'arrêt de Douai. Dans une de ces nombreuses et minuscules cours de promenade, une vingtaine de gaillards dont un seul "blanc", comme on dit ; tous les autres, des Arabes ou d'origine dont moi. La porte s'ouvre, les matons y poussent un type et referment. Ce type est apeuré, hésitant, la quarantaine peut-être, il n'ose avancer... Les autres, tous les autres sauf le "blanc" qui reste dans un coin couché sieste sur sa serviette torse nu à bronzer et moi, se lèvent et vont vers lui. Il ne peut s'échapper nulle part, la cour fait à peine 10 mètres sur 10. Puis c'est les coups... De toutes parts, avec une violence inouïe. L'homme hurle, tombe, du sang partout, il ne remue plus, il agonise, sa tête n'est plus qu'une plaie d'où sortent par moment des borborygmes et de la mousse ... Depuis le mirador, le maton ignore la scène et finit même par disparaître et laisser les cours sans surveillance. Les types reprennent leur marche dans la cour, à la queue-leu-leu, dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre, comme c'est l'inconsciente habitude carcérale séculaire. A chaque passage devant lui gisant au sol, chacun lui balance un terrible coup de pied au visage et poursuit sa ronde... Cela dure 15, 20 minutes, je ne sais plus... Sa tête vole dans tous les sens, il ne crie plus, il n'est plus là, le sang se répand et éclabousse les murs, ses dents n'existent plus... Puis la porte s'ouvre, les matons pénètrent en nombre. Tout semble calme, ils ne posent aucune question, ramassent l'homme et l'emportent. J'étais sidéré. Je pensais en moi-même : il est mort ; on ne peut pas survivre à ça... Cette histoire n'eut aucune suite ni judiciaire ni autres, on n'en entendit jamais parler. Le lendemain, j'appris que cet homme venait d'être incarcéré pour avoir, de sa fenêtre, tiré sur un groupe d'enfants qui jouaient bruyamment sous ses fenêtres et en avait tué un d'une balle dans la tête, un petit Momo, un petit rebeu... La presse locale avait relaté cette affaire et les détenus étaient informés... Un maton vivait dans ce quartier et avait connu ce garçon que ce type avait tué... C'est ce maton qui le poussa dans cette cour, ce jour-là, et referma tranquillement la porte...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 27 juillet 2008 à 21:58
Le génie français existe et il me fait aimer mon pays.
La place de la justice est une préoccupation moins prégnante que le pouvoir d'achat... ce n'est pas un sujet de communication pour les pouvoirs publics.
En ça les Américains sont enviables, le serment des "Marines" parle de la défense du mode de vie américain.
Mais la vérité vaincra !!!
Bonne fin de journée.
Rédigé par : Mathieu | 27 juillet 2008 à 20:34
"Tout de même, pour que des personnes ni pires ni meilleures que d'autres puissent se féliciter d'être débarrassées d'un humain infiniment perturbateur, il faut que dans le mécanisme social, dans l'harmonie collective, un dysfonctionnement grave se soit produit !"
Que des personnes en tous points semblables à votre prochain comme au nôtre à tous, se félicitent d'être débarrassées d'un handicapé moteur à 80% doublé d'un handicapé mental, ce par le moyen d'un meurtre perpétré par un ci-devant "citoyen honorable et soutenu par tous" est le signe que dans cette mini commune riquiqui de 180 habitants, pas même le maire n'a été foutu d'envisager d'autres solutions pour s'occuper de leur unique handicapé et trouble fête que d'en embarrasser la Justice sachant pertinemment qu'il n'y avait cependant pas de véritable remède judiciaire dans le cas de ce qu'autrefois il était convenu d'appeler "L'idiot du village"!
Une telle absence de solidarité avec l'unique concitoyen sur lequel le malheur s'est concentré et une telle incapacité à prendre sur soi en remerciant le sort de ne pas se trouver, ni les siens, dans la situation du malheureux, doublées d'une telle arrogance à entreprendre de se faire justice soi-même par le rétablissement d'une sorte de peine de mort à usage privé dirigé vers un handicapé à 80% est une honte nationale !
Heureusement que je ne suis pas à votre place, je requerrais d'envoyer l'ensemble de ses supporteurs tenir compagnie derrière les barreaux à leur, en vérité si peu 'honorable', concitoyen !
Rédigé par : Catherine JACOB | 27 juillet 2008 à 20:31
Hello !
Il est dit qu'il ne faut pas faire justice soi-même.
"Nul n'est censé ignorer la loi, etc."
"Douce France" : j'entends au loin les cloches sonner.
Un oiseau ou deux sifflent.
Lorsque le jour se lève, que notre regard se porte sur la nature, que l'on est encore plein d'espoir en songeant à ce qui va nous arriver d'agréable dans la journée, comment peut-on imaginer que quelque part, dans une région peu médiatisée il est vrai, un drame va se produire ?
Il est difficile de prendre sur soi mais là est la force d'un être humain. Surmonter ses penchants, lisser ses défauts, pour espérer ne pas se rendre malade face aux injustices et aux tourments de ce monde... et espérer aussi trouver le courage et la motivation pour le rendre, à son échelle, meilleur.
Mon Dieu, que cela est triste...
Bonne semaine, Philippe et la compagnie !
Rédigé par : Ktrin | 27 juillet 2008 à 19:24