Ce dessinateur de presse, décédé en 1968, a été mis à l'honneur par le Musée des beaux-arts de Bordeaux qui a présenté 120 de ses dessins. Cette manifestation connaît un grand succès.
Deux historiens, Pascal Ory et Michel Bergès, contestent, pour le second sur le site internet de la Ligue de défense juive, le fait qu'a été occultée la participation d'Yvan Le Louarn devenu Chaval à un hebdomadaire municipal, Le Progrès, dont "la ligne collaborationniste, antisémite et proallemande" aurait été évidente, si on en croit nos protestataires.
Michel Bergès parle de "faute morale et politique: la forme ne peut être séparée du contenu, sinon il n'y a plus de logique intellectuelle sur le sens profond de l'art".
Le commissaire général de l'exposition, Olivier Le Bihan, répond à cette critique qu'on "rend hommage au talent de Chaval, pas à l'homme", ce qui ne me semble pas une distinction dénuée de pertinence et pourrait s'appliquer à de plus grands que Chaval, comme Céline par exemple.
Mais là n'est pas l'essentiel. Ce qui porte à son comble le ridicule d'un système en permanence obsédé par un passé lointain - les taches singulières et collectives ne s'effaceraient jamais et avec une persévérance à la longue sadique il faudrait toujours les rappeler ! -, c'est que, d'une part, des historiens enjoignent de tout dire et de tout afficher sur Chaval, en particulier ses dessins antisémites mais que d'autre part, Olivier Le Bihan, doutant qu'il existe encore des originaux, souligne à juste titre sa crainte, s'il les avait présentés, d'être accusé "d'exposer des dessins antisémites".
L'étau dans lequel sont pris les organisateurs de bonne foi n'a jamais été plus éclatant que dans cette argumentation contradictoire.
On passe sous silence une séquence contestable, on est mis en cause parce qu'on n'offre pas la "globalité" d'une carrière et le seul remède proposé par Michel Bergès aurait consisté à alourdir cette exposition avec de la "pédagogie" sur cette période trouble de l'artiste ou à supprimer l'exposition. Bref, une censure subtile ou brutale. Et un déni clair de la liberté de créer et de programmer d'autant plus paradoxal qu'il prétend se fonder sur une exigence de transparence qui n'aurait pas été respectée.
Olivier Le Bihan, confronté à l'alternative de tout montrer et d'être poursuivi ou d'occulter une séquence guère fondamentale, a choisi la seconde branche.
Qu'on ne s'imagine pas que le commissaire général serait la proie d'un fantasme ! Il est évident qu'aujourd'hui, l'exposition se serait vue traînée sous les fourches caudines de la Justice par telle ou telle association si elle avait suivi le conseil des historiens. Qu'à cela ne tienne, à rebours, on lui impute de n'avoir pas placé en pleine lumière ce qu'on n'aurait pas hésité à faire censurer judiciairement, si elle l'avait fait !
Une supposition. L'exposition est complète et exhaustive. Olivier Le Bihan a pris tous les risques dans une période où la liberté d'expression se réduit comme peau de chagrin sous les applaudissements suicidaires de ceux qui croient ainsi sauver la démocratie quand ils l'étouffent. Je suis persuadé que, dans ce cas, nous aurions eu droit à un article du Monde qui nous annoncerait la volonté de Michel Bergès de poursuivre cette scandaleuse exposition !
De quoi devenir Chaval fou, fou tout court !
Si on laissait les citoyens, les artistes, les intellectuels libres de penser, d'écrire, de parler, d'exposer, de choisir ou d'exclure, comme ils veulent ! Ce serait un vrai défi.
@surcouf et Jean-Marie
Bonjour,
Je ne me souviens pas où j'ai lu que Marie avait accouché dans une étable pour se cacher des persécutions contre les juifs. Je chercherai mais ce n'est peut-être qu'un fantasme.
Jean-Dominique Reffait disait et je suis d'accord avec lui que les persécutions existaient bien avant le christianisme.
Jean-Marie Lustiger, lui, pensait que que c'est le christianisme que l'on persécute à travers le judaïsme. Il ne faut pas oublier que la première église était juive. (V.Lustiger Le choix de Dieu)
Au sujet de la bible moi aussi je m'interrogeais sur ce qu'avait ce LIVRE de si intéressant pour être ainsi convoité, par tous.
Le hasard a voulu que je tombasse sur un livre de Claude Allègre "Dieu face à la science" et je vous cite un passage :
"d'autres religions ont posé le problème du monde avant la Bible... et le contenu de la Bible est dans une large mesure une somme de toutes les approches antérieures. Mais aucune précisément n'avait rassemblé en un même texte une telle vision globale du monde conférant à l'homme une place centrale et lui attribuant une responsabilité exceptionnelle.
Avant la BIBLE il y a les dieux et les hommes ; avec la BIBLE il y a Dieu et l'homme, l'un est tout-puissant l'autre responsable et maître de son destin"
En ce qui concerne Abraham, je ne peux rien affirmer c'est reconnu par les trois religions.
Voilà le tout c'est de bien poser les questions, les réponses viennent d'elles-mêmes.Mais il faut les poser. Socratiquement, nous aboutirons à la conclusion qu'il y a un rapport entre un sophiste et un pêcheur à la ligne.
Au sujet des juifs je crois qu'il faut savoir poser simplement la question:
Pourquoi les hait-on ??
Daniel Sibony a écrit beaucoup là-dessus.
Je pense que dans cette demande travestie en demande de liberté d'expression, on retrouve une demande d'autorisation de haïr les juifs.
Pourquoi pas ? A condition de savoir ce que
l'on HAIT.
Bonne soirée.
P.S. excusez-moi je commence à faire de "l'hypertrophie textuelle" comme dit Jean-Dominique Reffait.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 30 août 2008 à 12:23
La question qui m'intéresse dans votre note est celle-ci :
Les visiteurs peuvent-ils voir l'exposition sans que leur soient obligatoirement montrés et désignés les dessins qu'a réalisé Chaval pendant l'Occupation ?
Je pense que certains ne connaissent pas l'existence de ces dessins. Ceux qui les connaissent, probablement, les ont déjà vus.
Pour les premiers, si l'exposition les a intéressés, ils chercheront par eux-mêmes à approfondir et à compléter leur connaissance du dessinateur.
Pour les seconds, dessins exposés ou non exposés, je pense que cela est indifférent.
Le Conservateur fait pleinement son travail qui est celui de montrer une collection qui appartient à son musée.
Le visiteur intéressé par l'exposition poursuivra par lui-même sa connaissance du dessinateur. Inévitablement, il rencontrera un moment ou à un autre la biographie artistique de Chaval.
Quand j'ai lu Voyage au bout de la nuit, j'ignorais à ce moment-là l'existence des pamphlets de Céline.
A la suite, j'ai lu Mort à crédit. Puis je me suis beaucoup intéressée à Céline. J'ai lu ce qu'il avait écrit pendant l'Occupation, cité ici ou là dans des articles, des livres ou des films documentaires le concernant lui, et concernant l'Occupation et la Collaboration.
Je n'ai jamais été tentée de poursuivre la lecture de ses pamphlets. Parce que, très simplement, l'ignominie de ses mots me tombait des yeux.
"Michel Bergès parle de "faute morale et politique : la forme ne peut être séparée du contenu, sinon il n'y a plus de logique intellectuelle sur le sens profond de l'art". "
Pour qui s’intéresse à une personnalité intellectuelle, artistique ou littéraire qui a traversé l’époque de l’Occupation, quel que soit le chemin de connaissance emprunté, nous nous trouvons un jour ou un autre, en présence de l'artiste confronté à cette période.
Je pense que c’est de cette manière, par découvertes, par étapes successives et solitaires, et qui seront liées les unes avec les autres, que se construit le plus solidement une connaissance et une mémoire.
Rédigé par : Véronique | 28 août 2008 à 08:05
L'asepsie voulue morale d'intellectuels engagés comme l'Inquisition d'antan étrangle l'univers culturel et sa liberté. Avoir été peu ou prou antisémite voue l'auteur et son oeuvre aux gémonies quelle que que fut sa valeur, ainsi Céline ou Brasillach ; j'exclue ainsi Drumont, Henriot, ceux qui poussèrent à la haine. Glapir sur le passé n'apporte rien, ce d'autant que l'antisémitisme antérieur à la Shoah, basé sur le racisme, le religieux, n'est plus. Il a changé d'expression. Aujourd'hui sévit l'antisionisme, matiné d'anticapitalisme, d'antilibéralisme, émanant de l'islamisme radical, adoubé de surcroît par des nostalgiques de ce qui fut. Il est encore plus dangereux, car planétaire maintenant.
Rédigé par : francis | 27 août 2008 à 22:05
Tony Duvert est mort. Dans des conditions lamentables. Qui se souvient de lui? Qui le connaît? Une des plus belles langues de la littérature française vient de partir sans que personne ou presque ne s'en aperçoive ... Aujourd'hui, aucune de ces carpettes asservies et honteuses qu'on nomme encore éditeurs ne publierait aucun de ses livres ... Aucun critique n'en ferait publiquement l'éloge ... Aucun média ne l'inviterait ... Victime aussi des mêmes que Chaval, de cette aseptisation des esprits et des corps que, nous le rappelle Libération dans un article, Foucault identifiait déjà comme le "biopouvoir", le pouvoir de l'Etat inscrit dans le corps et la pensée de l'individu ... Il n'insultait personne, Duvert, personne, il créait simplement ... Mais cela effraie! Tiens, je vais commander une étudiante en droit ce soir, par Internet, via escort et compagnie, une future juge, je vais bien insister, questions et tout, exiger de voir sa carte d'inscription aux cours de droit à la fac, va me coûter un peu de sous pour cette soirée sex facturée mais pas grave, Duvert mérite bien ça, je penserai à lui toute la soirée et à tous ces hypocrites et ces salauds censeurs et pseudo-moralistes, on jouira cette future magistrate et moi pour la mémoire de cet homme libre ... Vous souhaite une mauvaise nuit, les foireux bétadinés de la culture ... Moi ça ira même si Duvert est mort comme un chien.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 27 août 2008 à 21:38
@Duval Uzan
Les juifs ne se moquent pas d'eux-mêmes, ils transforment en humour les offenses. Il y a une différence entre l'offensé et l'offensant.
Mais bien sûr que les juifs savent se moquer d'eux-mêmes, comme l'écossais ou le corse ou encore le belge sait faire de l'humour sur ses petits travers. Encore heureux qu'il reste des hommes ne se sentant pas stigmatisés parce qu'on montre leurs travers. L'autodérision est pour moi une forme d'intelligence réelle.
Vous nous donnez une explication religieuse et un fatras remontant à un nommé Abraham dont on n'a aucune trace historique si ce n'est dans la Bible. Livre ô combien tendancieux à mon sens.
Vos explications me semblent d'un autre temps, je suis désolé de vous le faire remarquer. L'argument religieux est au final fallacieux.
Je ne peux que vous renvoyer à une livre que je trouve très bien, signé d'André Paul et intitulé "Et l'homme créa la bible", sous-titré "d'Hérodote à Flavius Joseph".
Rédigé par : Surcouf | 27 août 2008 à 12:06
@Duval Uzan
Prétendre que c'est pour fuir le massacre d'Hérode que Jésus est né à Bethléem ne correspond en rien au texte de l'Evangile, puisque la fuite en question est celle hors de Bethléem, dite fuite en Egypte. Lier ce massacre à l'antisémitisme ne fait pas partie de la tradition chrétienne car naïvement nous pensons qu'Hérode est juif, mais peut-être est-il grec descendant des généraux d'Alexandre.
En faire un acte antisémite provient donc d'une autre tradition, avoir des références sur cet autre point de vue m'intéresse beaucoup, pouvez-vous me les donner ?
Rédigé par : Jean-Marie | 27 août 2008 à 11:00
Bonjour
"LE CENSEUR CRIE CE QU'IL PROSCRIT" nous dit Camus (dans La Chute) à propos du dernier cri du Christ : Eli Eli lama chévaktani" (mon Dieu mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné ?).
Combien connaissent aujourd'hui la signification des 4 lettres inscrites sur la croix devant laquelle ils se prosternent ?
I.N.R.I
@Catherine Jacob
Les juifs ne se moquent pas d'eux-mêmes, ils transforment en humour les offenses. Il y a une différence entre l'offensé et l'offensant.
Je ne crois pas en l'opinion "pure". Elle se forge et se façonne. Il n'y a qu'à voir la pub !
@Jean-Dominique Reffait
Oui l'antisémitisme existait avant le christianisme, on lui doit le lieu de naissance du Christ. C'est pour fuir les persécutions que Marie alla enfanter dans une étable à Beit Lehem. Le roi Herode avait ordonné de liquider tous les nouveaux-nés juifs, tout comme l'avaient fait les pharaons. Je crois que cet antisémitisme débute avec Abraham, l'ancêtre de l'identité et de la Loi. Mais qui dit Loi dit péché, et on connaît la suite.
Il me semble qu'il y plusieurs type d'antisémitisme en fonction de chaque époque. Je dirai qu'il y a l'antisémitisme d'avant la Shoah et celui d'après la Shoah.
Une repentance a été faite pour ce qui fut fait lors de la shoah, mais elle concernait les exterminations, les camps de concentration, les chambres à gaz...
Cela n'a guéri personne de l'antisémitisme qui correspond presque à un besoin (j'y reviendrai). Il n'y a pas que les juifs qui ont été traumatisés par la shoah mais le monde entier. Mais le monde entier en veut aux juifs justement pour cela, pour cette culpabilité.
Comprendre la shoah devient chercher s'il n'y a a pas quand même quelque chose qui pourrait la justifier : eh bien oui regardez donc comment ils réagissent ! ils sont hypersensibles, hyper parano etc...
"Le projet nazi d'exterminer le juifs, tous s'accordent à le dire innommable, même s'ils y ont collaboré : Unanimité : les camps de la morts, lieux de l'horreur indicible...
"avec le plan nazi, il est arrivé au MONDE, aux juifs, à l'occident, aux autres, quelque chose d'unique, qui s'en prend aux limites du dire. A cet innommable s'ajoute l'incompréhensible.
On peut dire qu'aujourd'hui le monde est devenu anti- shohatiste et c'est au nom de cet anti-shoatisme qu'il veut se permettre d'être antisémite. C'est ce que semble crier l'antisémitisme actuel : comment osez-vous dire que nous sommes antisémites ? mais nous n'envoyons personne en camps de concentration ! aux chambres a à gaz ! c'est bien finit tout cela.
....oui mais l'antisémitisme actuel a un arrière-goût de MADELEINE, et il me semble que la Shoah ne fait que le légitimer en le rendant bénin, par esprit de COMPARAISON .
Mais il ne faut jamais oublier que c'est lui qui a engendré la Shoah.
Bonne soirée, je poursuivrai demain.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 27 août 2008 à 00:44
Catherine Jacob, "le bon bédite gommerce" est une expression qu'employait souvent Sartre pour moquer certaines personnes "avisées" et "intéressées", quelles qu'elles soient ... Je l'utilise parce qu'elle est marrante et dit beaucoup en peu de mots; rien à voir donc avec une quelconque allusion à quelque population ou même corporation ... Le "héros" français et franchouillard on ne peu plus franchouillard de Jean Dutourd dans "Au bon beurre" faisait du "bon bédite gommerce", vous comprenez?... Il n'y a que vous pour rapprocher cela d'un quelconque antisémitisme ou que sais-je ... Soyez plus perspicace à l'avenir et ne me citez pas -encore moins Sartre à qui revient la paternité de ce mot- à l'emporte-pièce, je vous prie ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 26 août 2008 à 18:49
J'ai lu votre intéressant billet et pense devoir m'autoriser à digresser. "Rendre hommage au talent, pas à l'homme", foutaise. Il n'y a pas de génie dévoyé dans de mauvaises causes. Le collaborationnisme de Céline, sa sympathie pour le nazisme, son antisémitisme virulent, ne sont pas détachables du lyrisme du voyage au bout de la nuit. La profusion toute rabelaisienne de ses récits pléiadisés ont jailli de la même source que les imprécations homicides de ses pamphlets. On ne fait pas "la part des choses" avec le génie. Céline a délivré la quintessence de son être, exprimé le firmament de sa subjectivité, donné à ressentir par ses oeuvres la réalité telle qu'il la ressentait lui-même dans sa propre chair aussi bien dans Bagatelles que dans Mort à Crédit. Trier, c'est ici trahir. Séparer la part sans tache de la part obscure, comme en pâtisserie on sépare le blanc du jaune d'oeuf, est une aberration. Honorer le génie, selon moi, c'est le donner à voir dans son entier.
Rédigé par : Julien | 26 août 2008 à 18:12
Va y avoir un sacré boulot !
Si chaque fois que l'on évoque l'oeuvre d'un artiste, d'un écrivain ou d'un philosophe, il faut la remettre en perspective à l'aune exclusive de l'antisémitisme, ça va être du sport !
Qui, en Europe et jusqu'à la première moitié du XXème siècle, aimait les juifs ? Personne, c'est pas compliqué, personne. Les raisons en étaient multiples, fantasmatiques, grotesques, lourdes d'ignorance, mais l'Europe non-juive était antisémite depuis l'apparition du judaïsme dans la sphère internationale, singulièrement sous la domination romaine et bien avant le christianisme.
Si l'on devait afficher un avertissement sur la couverture de tous les ouvrages dont les auteurs ont exprimé leur hostilité relative aux juifs, on n'en finirait pas, à commencer par Sénèque, Cicéron, Marc-Aurèle, en continuant avec Shakespeare, Voltaire et tant d'autres.
L'exposition Chaval est créée pour divertir, pour amuser avec des dessins souvent absurdes. Qu'y aurait-il eu de divertissant dans la présentation de dessins odieux ? Ne peut-on s'amuser sans avoir honte de le faire ? Oui, la France de cette époque était majoritairement antisémite, oui, et maintenant que fait-on une fois qu'on a inlassablement répété cette vérité ? On la répète pour la répéter, comme un slogan publicitaire. Ca fait avancer quoi ?
Perversité de ce catéchisme que vous décrivez, Philippe. Mais une autre perversité aussi : et si les dessins antisémites de Chaval étaient drôles ? Et si, loin de choquer le public, ils l'amusaient. Avec quel feu joue-t-on ?
PS : Je viens de terminer la relecture très survolée d'un immense best-seller des années 60 : "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe... sans oser le demander". Dans le genre décalage historique, c'est pas mal. Ce qui y est écrit, par un médecin américain, sur les homosexuels est à hurler de rire : un cours magistral d'homophobie ! Sans doute ce livre qui s'est vendu à des millions d'exemplaires dans le monde il n'y a pas quarante ans vaudrait de la prison à son auteur aujourd'hui.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 26 août 2008 à 13:39
Le problème se poserait aussi et certainement de façon plus virulente si les pamphlets antisémites de Céline étaient re-publiés de nos jours. J'imagine la guérilla dans les médias voire la rue, les librairies "complices" incendiées ... Mais Céline a voulu que ces pamphlets ne soient pas re-édités; sa veuve (toujours en vie et demeurant encore dans leur maison à Meudon), Lucette, tient à ce que ce désir soit respecté. Le débat ne se pose donc pas actuellement ... Quoique ces pamphlets ne soient pas -loin s'en faut- ce qu'il a fait de mieux sur le plan strictement littéraire (la forme, pas le fond), personnellement je pense qu'il faut les proposer (certes actualisés) au public, en poche même ... Céline c'est tout ou rien. Chaval pareil ... Tous pareils ... Ce qui ressort de votre billet, cher PB, c'est l'aseptie morale dans laquelle on nous trempe comme dans une quelconque Bétadine désinfectante ... La Bétadine est ce qui se fait de mieux dans le domaine médical pour aseptiser les tissus humains; cependant, sur le long terme, son revers est qu'elle tuera aussi les bactéries innombrables et utiles, celles dont le corps a un besoin vital pour subsister ... Elle laissera alors la porte ouverte à tous les agents gravement pathogènes qui ne trouveront plus aucune défense naturelle pour les interdire. Ou comme ces médicaments anti-cancers (et non anti-cancéreux, comme on le dit souvent) qui, détruisant certes la tumeur, détruisent à la longue pareillement les tissus et organes sains alentours ... Ce genre de censure et d'autocensure ressemble à cela. Je ne peux m'empêcher de songer à Victor Hugo qui, avec sa lampe, voulait éclairer tous les coins et recoins sombres de l'Humanité, mettre de la lumière là-dedans, illuminer, montrer pour ne pas laisser dans l'inconnu, l'ignorance, la suspicion, la peur, démythifier, démystifier ... Donner à l'Homme sa liberté. N'y a-t-il pas eu ces semaines dernières, à Paris, une exposition photographique consacrée à Paris sous l'Occupation? On y voyait sur la plupart des clichés une vie parisienne insouciante voire heureuse, les fameux zazous en goguette, les jeunes filles en chapeau sur les Champs-Elysées ... C'était, si l'on puis l'écrire, l'Occupation selon Le Pen: quelque chose de pas si violent qu'on l'a voulu dire. Ne fut-elle pas censurée ces jours-ci et sur décision du maire, Delanoë, un socialiste, un progressiste dit-on, un homme ouvert et pour qui toute censure serait une horreur?... Ou à tout le moins, restreinte dans sa médiatisation, confidentialisée, cachée, chargée d'anathèmes sourds et de honte?... Voltaire, réveille-toi; ils sont devenus ignobles!
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 26 août 2008 à 12:39
Vu ceci, il semblerait que tout le monde en prenne pour son grade : http://www.aquitaineonline.com/images/stories/Culture/Chaval_05.jpg
Et ici quel trait de plume, et tracé dans la concision si chère à certains blogueurs!:
http://www.aquitaineonline.com/images/stories/Culture/Chaval_06.jpg
Mais si l'on en croit en effet le site de la ligue de défense juive, de tels dessins en occulteraient d'autres qui seraient antisémites : http://www.liguededefensejuive.net/spip.php?article342
D'où:
1ère question : Quelle a été la position de cette ligue à l'occasion de la parution et de la reprise des caricatures de Mahomet? A-t-elle privilégié leur côté caricatural ou a-t-elle souligné et critiqué un côté à son sens, islamophobe , ou ne s'est-elle tout simplement pas exprimée sur le sujet?
2ème question: Est-ce que seuls les artistes d'origine juive sont admis à 'faire de l'humour juif', toute œuvre dans le même registre qui serait produite par un artiste de toute autre origine étant nécessairement antisémite?
3ème question: Est-ce que l'antisémitisme est avéré dès lors qu'on discernera la moindre référence à cette culture dans une œuvre quelconque qui n'en serait pas originaire ou est-ce qu'il consiste seulement en une présentation désobligeante et caricaturale du seul fait de l'identité culturelle de référence, ce dans une intention calomnieuse, diffamatoire et/ou blessante? Est-ce que par ex. comme l'a fait Aïssa à l'occasion de l'un de ses posts, parler de "betit' gommerce" est faire preuve d'antisémitisme?
4ème question: Est-ce que tout défenseur du fait juif, est admis à user et abuser du terrorisme intellectuel vu que lui-même ne saurait supporter une telle qualification du seul fait qu'il serait ce pourquoi il se donne: la défense de ces anciens errants dont la diaspora est très bien installée cependant ici ou là et notamment par ici depuis près d'un millénaire, autrement dit, et actuellement, beaucoup mieux que beaucoup d'autres, si en revanche elle a malheureusement souffert à certaine époques plus qu'il n'est possible de l'exprimer!
5ème et dernière question: Est-ce que tout intérêt porté à la culture juive est obligatoirement suspect de cacher quelque part une intention nuisible à plus ou moins brève échéance qui autoriserait de facto tout défenseur auto proclamé à mettre en œuvre toute intervention arbitraire et intempestive destinée à s'en protéger par tout moyen en vertu d'une application qui ne saurait supporter la qualification de paranoïaque dans ce seul cas, du principe de précaution, vu que seuls eux-mêmes seraient habilités à s'intéresser et à se moquer d'eux-mêmes et des autres en tout bien tout honneur?
Personnellement j'aimerais bien voir apporter quelques réponses à ces question lesquelles, par ailleurs, ne se posent pas dans ce cas particulier uniquement, mais dans tous les autres cas susceptibles de générer de façon totalement déraisonnable des comportements désordonnés et de panique, comme celui, notamment et pour ne prendre que celui-là, des défenseures des enfants etc...
Personnellement j'aimerais inviter gentiment les personnes qui pourraient se sentir concernées à réfléchir sérieusement sur ce sujet et à dépassionner le débat, car de tels comportements dans quelque domaine de référence que ce soit, et qui consistent notamment comme vous le mettez en lumière de façon très pertinente, "à imputer à rebours, de n'avoir pas placé en pleine lumière ce qu'on n'aurait pas hésité à faire censurer judiciairement, si [on] l'avait fait!", sont susceptibles de nuire bien davantage à leur propre cause que de la servir!
C'est là quelque chose qu'il faut entendre à peine, en vérité, d'inciter a contrario soi-même à cette violence qu'on prétend combattre.
"Si on laissait les citoyens, les artistes, les intellectuels libres de penser, d'écrire, de parler, d'exposer, de choisir ou d'exclure, comme ils veulent ! Ce serait un vrai défi."
Commençons donc par arrêter de faire des procès d'intention à tire-larigot à propos de l'essentiel comme de l'accessoire, et qui vont parfois jusqu'à censurer les œuvres encore à venir sur la seule base de ce qu'on serait capable de faire soi-même avec des notes de travail auxquelles on aura eu accès par l'effraction des tiroirs qui les contiennent, si tant est qu'on y comprenne effectivement quelque chose! Parce que ça, ce n'est pas du renseignement, le maître mot actuel, mais quelque chose de simplement 'fou, fou tout court' en effet!
Rédigé par : Catherine JACOB | 26 août 2008 à 12:39
Rien à ajouter, bravo, et merci.
Rédigé par : Erig le Brun de La Bouëxière | 26 août 2008 à 11:41
Savez-vous que ce billet peut vous valoir d'être appelé antisémite ?
Je ne partage évidemment pas ce point de vue, et suis plutôt d'accord avec votre billet. Mais c'est pourtant un fait : les personnes trouvant que la légitime lutte contre l'antisémitisme va parfois un peu trop loin, ou (ou manque de finesse ou s'avère maladroite), les personnes qui suggèrent qu'on voit parfois de l'antisémitisme là où il n'y en pas nécessairement, ces personnes sont immanquablement taxées à leur tour d'antisémitisme.
Rédigé par : nicolas | 26 août 2008 à 11:26
Que quelques "bien-pensants" dénigrent la faculté de penser et réfléchir par soi-même en voulant régenter ce qui est regardable ou non me débecte au plus au point !
Je conchie cette attitude d'infantilisation de la population.
(je m'excuse de la dureté de mes propos, mais cette attitude m'est insupportable)
Rédigé par : Largentula | 26 août 2008 à 10:44
Dès qu'un soupçon d'un éventuel antisémitisme peut peut-être apparaître, alors se fixe, fier et indigné, l'oeil avisé du pourfendeur moraliste.
Mais c'est un regard torve de borgne sous un front obtus.
Monsieur Le Bihan note justement la séparation qu'il convient de faire du personnage et de son oeuvre.
Monsieur Bilger, vous notez le cas de Céline et je rajouterai qu'en ces temps où le siège du parti communiste est à louer n'a-t-on jamais vu nos bons censeurs hurler sur le fait qu'on enseigne à l'école des poèmes de personnages ayant soutenu le communisme soviétique au pire temps du stalinisme tel qu'Aragon.
Aragon, qui si ma mémoire est bonne appelait publiquement et sans frémir à tuer le bourgeois.
Alors certes oui, il ne faut pas oublier les horreurs du passé et il faut en tirer les enseignements.
Mais faut-il pour autant s'en flageller en permanence ?
Faut-il se parer continuellement du cilice de l'ignominie antisémite ou autre ?
En cette année 2008 cela devient grotesque, pour ne pas dire stupide.
Je suis d'une génération post guerre et je m'attriste qu'aujourd'hui des combats d'arrière-garde tel que celui-ci puissent être menés.
Bien sûr, il faut combattre la haine raciale ou religieuse et le monde d'aujourd'hui nous montre bien toute la difficulté du chemin à gravir mais ce n'est pas en bêlant perpétuellement sur le passé qu'on fait avancer le sujet.
Le défi monsieur Bilger, c'est de redonner au citoyen la liberté de penser et de réfléchir par lui-même. Qu'on arrête cette sale manie qui consiste à dire :
"Ecoutez-moi je vous dis ce qui est bien ou mal et vous devez me suivre, je suis la référence."
Depuis les années 70 et la soit-disant rupture, révolution intellectuelle, nous avons des censeurs qui, si nous les écoutons, savent mieux que nous ce qui est bon pour nous.
Ils affirment péremptoirement leurs opinions et nous les lancent à la figure comme des paroles d'un soit-disant évangile moderne mais en fait ô combien sclérosé et racorni.
Mais qu'ils nous laissent en paix. On ne leur demande rien.
Si la liberté d'expression est une des libertés fondamentales, la liberté d'écouter ce que l'on veut et d'entendre ce qui nous intéresse est elle aussi primordiale.
Messieurs les censeurs messieurs les moralistes je ne vous salue point !
Rédigé par : Surcouf | 26 août 2008 à 09:46