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22 août 2008

Commentaires

Erig le Brun de La Bouëxière

Ah. On ne pourrait pas comparer le breton à l'arabe ? Mais au gallois (quatre millions de locuteurs quotidiens en Grande Bretagne). Au gaëlique d'Irlande et d'Ecosse, 2,5 millions, au catalan, protégé par la loi espagnole et qui se parle au siège d'IBM... Toujours cette fameuse "hiérarchie des langues"...
Merci cependant d'illustrer la brutalité avec laquelle on arrache la langue de la bouche de nos enfants.

Laurent Dingli

Je ne veux pas alimenter la polémique (cordiale) qui oppose Erig le Brun de La Bouëxière et Aïssa Lacheb-Boukachache, je vous livre seulement un témoignage personnel. Les grands-parents de mon épouse ne parlaient que le breton à la maison, leur fille le parlait encore couramment quand elle était enfant, mais l'école de la République l'a tellement punie, harassée, découragée, qu'elle a rapidement tout oublié (à part quelques expressions), et ma femme ne l'a jamais appris. Il est vrai, par ailleurs, que sur le plan historique, il y a souvent eu un grand mépris pour les Bretons, ces gueux, ces mangeurs de racines, cette chair à canon pour sergents recruteurs, ces dévots dont on présentait l’orthodoxie comme étant toujours gangrenée par de grotesques superstitions druidiques. J'ai horreur de ce mépris doublé d'ignorance, quels que soient le peuple et la culture qui en sont les victimes. Il y a encore cinquante ans, les missionnaires protestants, entre autres, par leur intolérance, leur arrogance, leur fanatisme, ont réussi à détruire le peu qui restait des cultures amérindiennes : enfants séparés de leur famille, châtiments corporels, interdiction de parler leur langue, changement de nom imposé...
Ceci dit, je ne crois pas que l'on puisse comparer la défense de la langue arabe à celle de la langue bretonne ; le breton n'est pas le véhicule d'un livre saint et n'est pas parlé par des millions de personnes à travers le monde. Bien sûr, il y a des écoles Diwan, le journal régional de FR3, le folklore celtique, quelques radios, un grand nombre de publications, mais cette culture - comme des milliers d'autres - meurt lentement et inexorablement. On ne peut lutter, ni contre le rouleau compresseur national ni contre celui de la mondialisation. C'est triste mais c'est ainsi. Connaîtra-t-on l'émergence de nouvelles cultures ? Pour l'heure, Pékin ressemble de plus en plus à New-York, la "dance" hindoue, mâtinée de rapp, à celle de Paris ou de Djerba. Et, en guise de néo-culture, il s'agit souvent d'un flot de médiocrité.

Jean-Dominique Reffait

Je salue, Erig, la citation de Morvan Lebesque qui fut un ami proche de mon père et que j'ai rencontré fort souvent à la maison étant enfant.

Le français est une langue merveilleuse, qui s'est imposée dans l'Hexagone par la force, et en Europe par le charme. La Bretagne est historiquement bilingue, la Basse-Bretagne parlant breton, la Haute-Bretagne parlant le français ou, dans les campagnes, un patois franco-breton appelé Gallo. Les grandes villes universitaires et intellectuelles de Bretagne ont toujours parlé le français, la cour de la Bretagne indépendante parlait français. Ainsi, pour les hauts-bretons, qui furent toujours en pointe dans les combats de l'indépendance ou de l'autonomie bretonne, les bas-bretons bretonnants étaient à la fois des arriérés et des mollassons politiques.

Le breton est d'une infinie richesse, avec une grande littérature. La langue est syntaxiquement poétique, imagée et philosophique, sans doute plus que le français. Par voie de conséquence, le breton s'accorde mal à la démonstration scientifique, à la rationalité du monde issu de la Renaissance. Si vous joignez à cela le déficit universitaire historique des bretonnants - déjà du temps de la Bretagne indépendante - et l'on comprend vite que le breton est resté une langue de paysans et de quelques poètes anciens, jusqu'à l'époque du renouveau, signifiée par le Barzaz Breiz de Hersart de la Villemarqué, considéré comme une oeuvre majeure par les grands esprits du 19 ème siècle.

Il n'y a donc pas lieu d'opposer le breton et le français, qui sont les deux langues historiques de la Bretagne.

En revanche, Aïssa, la troisième république fut d'une grande cruauté à l'égard de la Bretagne en général, soupçonnée d'être un ramassis de "ploucs" (expression désignant les bretons, dérivé du mot "plou", paroisse) nostalgiques de la féodalité, hostiles à la République. Ce n'était d'ailleurs pas faux et la Bretagne reste encore aujourd'hui la région de France où les écoles catholiques remplacent encore les écoles publiques dans les communes. Ces ploucs étaient ridiculisés. "Interdit de cracher par terre et de parler breton" était l'inscription qui figurait dans les administrations. Les écoliers surpris à parler breton étaient punis par un sabot attaché au cou, signifiant le caractère cul-terreux de la langue. Lors des guerres de 1870 et de 1914, les bretons furent envoyés en première ligne, comme chair à canon, d'où les statistiques exactes citées par Erig qui font que la proportion de bretons morts en 14-18 est exactement le double de la moyenne nationale.

Le réveil de langue bretonne est cependant en marche. Les écoles Diwan en sont un exemple vivant avec, cette année, l'ouverture du lycée Diwan.

Cependant, je ne voudrais pas qu'on oublie que la littérature bretonne, c'est aussi Chateaubriand. Et, reprenant la conviction de Morvan Lebesque, être breton, ou celte par extension, c'est appartenir à une civilisation singulièrement ouverte aux autres, où le racisme n'existe pas, où Le Pen, cette verrue, fait ses plus bas scores de l'Hexagone. Je suis fier d'être breton pour cela, parce qu'un village de 380 habitants paumé du fin fond de la Basse-Bretagne, Saint-Coulitz, choisit un immigré togolais inconnu, Kofi Yamgnane, pour en faire son maire, première en France.

Erig le Brun de La Bouëxière

Aïssa, permettez-moi de vous appeler par votre prénom, et appelez-moi par le mien, qu'on se dispute cordialement.

Vous me donnez un Dieudonné. Bien. J'ai les soeurs Goadec, Alan Stivell, Gilles Servat, Per Jakes Helias (je vous passe nos poêtes en langue bretonne, des milliers d'écrivains de philologues d'historiens). Rien n'y fait. Nous ne sommes pas crédibles, pas assez exotiques.
Que voulez-vous de plus, nous dit-on, puisque vous êtes français ! Comme s'il n'y avait rien sur terre de plus enviable...

Relisez donc quelques passages de "Comment Peut-on Etre Breton?" de Morvan Lebesque. Il y explique très exactement notre problème. Notre différence n'est pas assez visible pour que nous ayons le droit d'être ce que nous sommes.
En outre son propos va bien au-delà de notre péninsule, chaque Français devrait lire ça pour mieux se connaître.

Ah comme j'aurais aimé, comme les Ecossais être colonisé par les Anglais. Ils auraient été plus brutaux, plus méprisants, plus ouvertement racistes, mais il n'auraient jamais essayé de nous vendre l'égalité et de mettre pour ce leurre notre identité et nos droits dans la balance...

Aïssa Lacheb-Boukachache

Erig le Brun de La Bouëxière, si je vous ai compris, il n'y a rien à faire ... Résignation et fatalité ... Non, vous ne m'avez pas bien compris mais cela n'a pas d'importance ... Votre argumentaire convainc. Je vais vous en donner un autre exemple, cependant, plus pertinent et surtout efficace. Durant ces cinquante dernières années, les Noirs (Antillais, Réunionnais ou Africains) de France, les Noirs français pour être plus précis, n'ont, comme on dit, eu de cesse de "toquer" poliment à la porte de la République afin qu'ils soient reconnus et dans leur histoire commune à la France (esclavagisme) et dans leur singularité ethnique et dans leur existence actuelle au sein de la République. En vain. On ouvrait prudemment la porte, on les écoutait puis on les renvoyait gentiment, leur promettant qu'on s'en occuperait bientôt de cet état de fait et de cette exigence de démocratie ... Dans les faits, on les renvoyait à leur inexistence sociale et historique. Puis, las, vint un jour un de ceux-là, un Noir, non pas Aimé Césaire, non pas Senghor, non, un presque anonyme, un pitre, un rigolo, un humoriste ... Il écarta tous les autres gentiment qui continuait pieusement et inutilement de toquer -toc toc- doucement à cette porte pour qu'on les reconnaisse enfin en tout ce qui les déniait et blessait, pour qu'on leur fit une place légitime au sein de cette République qui est aussi la leur, il prit son élan et d'un grand coup de savate sur cette porte la défonça ... Elle éclata en pleine gueule de ceux-là, les "démocrates", les "républicains" qui se tenaient derrière, l'esprit tranquille et sans scrupule et qui n'avaient de cesse que de la refermer au nez de ceux-là qui ne désiraient rien d'autre qu'une autre et digne considération ... Et il entra, invitant les autres à le suivre et s'asseoir avec lui à la table de la République et exigeant: "Maintenant, pas demain ..." ... Depuis, il y a des Noirs pour présenter les grands journaux télévisés de 20 heures, de grandes émissions, ils eurent leur place partout, même en politique ... Ce Noir qui défonça cette foutue porte de la ségrégation qui ne dit pas son nom au pays de Voltaire, son nom: Dieudonné. Alors, on pourra gloser sur la tournure qu'ont pris depuis son discours et ses options politiques, etc, je ne le suivrai jamais sur ce triste chemin. Cependant, le fait est et restera: c'est lui qui trouva la solution pour sortir enfin de cette situation indigne. Et il ne posa aucune bombe pour cela ni ne tua personne ...

Aïssa.

francis

"La maîtrise d'une langue, nuances comprises, devrait s'imposer dans nos rapports" entre francophones. Oui, mais ! Qu'est le langage écrit ou oral ? Enfin Malherbe vint, écrivait Boileau. Pour lui, il avait fixé la langue classique, faite de mesure et de bienséance. Les siècles ont passé, le français demeure, mais dans quel état, à désespérer ses tenants. Il faut être réaliste. En son temps Sacha Guitry soutenait qu'un Français moyen utilisait 150 mots, un bachelier de l'époque, 1500, un lettré plusieurs milliers et aujourd'hui ! J'apprécie F. Luchini pour la maîtrise de notre langue mais la langue évolue, comme celle des crocheteurs du port aux foin, Malherbe le disait. Ainsi on se souhaite un bon week end, naguère c'était une bonne fin de semaine, un Leclerc est un marché géant. Pour sourire, Malherbe soutenait qu'un poète n'est pas plus utile à l'Etat qu'un joueur de quilles. Alors pourquoi pas Y. Noah pour faire évoluer notre idiome ; il est mieux compris qu'un énarque ou un nouveau philosophe.

Pierre-Antoine

Je rentre de vacances...
(j'espère que c'est comme ça que l'on doit dire en français correct)
et je tombe (sans me faire mal) sur le billet consacré (bien qu'il ne traite pas du religieux) à la langue française.

J'ai rigolé (jaune, bien qu'allergique aux JO) à la formule qui fit se murer (sans pierre ni ciment) dans le silence (invisible, incolore et inodore) notre ami (bien que je ne l'ai jamais rencontré) Cyril : «stylo A François ».
Ben quoi ? qu'est-ce qu'il a le stylo à François ? c'est le sien non ? il a bien le droit d'en avoir un, même s'il n'est pas l'intello de service...
L'important dans cette formule ce n'est pas la "faute de Français (faute = manquement au devoir à la morale ou à la loi) mais la reconnaissance de la propriété accordée à François.
Le grave qui déchire, c'est que ce stylo puisse lui être volé parce qu'il plaît à un autre que son propriétaire.

Oui il faut respecter la langue française. Encore plus respecter le sens des mots. Peut-être (incertitude) qu'au lieu de faire le rappel des règles grammaticales, on devrait aussi faire le rappel des règles morales.
Comme ne pas brûler le bien d'autrui.

Ben moi ce que j'en dis... faut pas se formaliser Cyril, c'est juste pour occuper ma place laissée vacante pendant mes vacances...

Cordialement avec humour

Pierre-Antoine

Erig le Brun de La Bouëxière

J'espère bien vous mettre mal à l'aise, Aïssa. Et j'espère bien que vous n'êtes pas le seul. Prenons point par point.

Tout le monde a eu sa part de souffrance en 14, c'est entendu. Seulement sur les 5 millions de morts de la grande guerre, il y eût environ 500 000 français métropolitains, dont 2500 00 bretons. La moitié. La Bretagne comptait elle donc pour la moitié de la population masculine française? Pardonnez-moi de voir dans cette décimation systématique plus qu'une coïncidence. A cette époque, une loi interdisait qu'on envoie au front tous les hommes d'un même foyer. Elle ne s'est pas appliquée en Bretagne, et les monuments aux morts ou l'on lit le nom du père et celui des trois ou quatre fils et cela pour de nombreuses familles, sont légion en basse cornouaille, singulièrement moins en Bretagne orientale, plus francophone.

Les bretons gueulent et tapent du poing sur la table, avec les armes que leur donne la démocratie française. C'est à dire rien. Pas de média. Voyez ce que les attributions de canaux hertziens ont laissé à Le Lay pour fabriquer une télévision d'expression bretonne: rien, résultat TV Breizh est devenu ce que la France souhaitait, un robinet à clips et à vieilles séries. Pendant ce temps les autorisations de télés locales francophones sont distribuées partout. Il n'y en a en Bretagne qu'une seule, à Rennes, elle ne diffuse pas une minute de langue bretonne.

La justice? Vous souvient-il de l'affaire Berroyer? Souvenez vous:

Couplet 1 :« Ah ! Connaissez-vous bien la Bretagne,[...] leurs enfants sont hydrocéphales, les garçons sont aussi méchants que les filles sont sales.
Refrain : En Bretagne, en Bretagne, on boit du jus d'andouille et du sirop d'artichaut et nus sur la lande, ronds comme des chapeaux, on fait la nuit des rondes à la lueur des fars aux pruneaux.
Couplet 2 : Et de Quimper jusqu'à Concarneau, ON VOIT PASSER DES FEMMES PROMENANT DES PORCS DANS DES LANDAUS, pendant que leurs marins de maris se soulagent dans les flots et refusent de signer le protocole de Kyoto. »
Joli non?

Plainte fut déposée. Classée sans suite. Les bretons ne sont ni une race ni une ethnie nous a dit Madame le Procureur, on peut donc traiter leurs enfants de porcs. A ce moment ma femme venait de mettre au monde notre fille qui a aujourd'hui 17 mois. Une truie, sans doute. J'imagine ce qu'auraient dit en choeur le MRAP, la LICRA, le parquet, le Garde des sceaux, si on avait proféré le quart de ces insultes sur une "minorité visible".

Quelques temps plus tard,on suspendit une banderole dans un stade, odieuse et concernant les ch'tis : plainte, poursuites, condamnation.

Les bretons sont moins que les chtis, moins que des immigrés, moins que des français. Les bretons sont moins. Leur langue ne vaut pas qu'on l'enseigne à leurs enfants. elle a donné au Moyen-Age la première traduction de la bible en langue vulgaire, le premier dictionnaire du monde, trilingue (le Catholicon), la Bretagne abolit le servage avant la Magna Carta anglaise, a donné l'égalité des droits hommes-femmes dès le 11e siècle. Les bretons le savent-ils? Non, car il se trouve des gens comme vous pour trouver normal de renvoyer un peuple à l'émeute pour que ses droits soient respectés. Etes-vous bafoués? Vous a-t-on volé votre langue et jusqu'à la conscience de vous-même? Mais tapez du poing sur la table! vous dit Aïssa, comme on renverserait la charge de la preuve. Vous êtes victimes d'ostracisme? C'est votre faute, salauds de bretons, feignants, que dansez-vous sur les boulevards! posez des bombes!
C'est bien ça? Vous ai-je bien compris?

Depuis 50 ans, le peuple de Bretagne réclame qu'on lui rende la Loire Atlantique que Pétain lui a prise, réclame des droits pour sa langue. Il le réclame poliment, à coups de pétitions, de manifestations pacifiques. Résultat? RIEN. On se repent de tout l'héritage de Vichy, sauf d'avoir dépecé la Bretagne. On s'en va donner des leçons de démocratie au Canada (dont la constitution fédérale GARANTIT les doits linguistiques des québécois, on chante vive le Nunavut (et je suis d'accord) mais dans le même souffle, vous nous rendez coupable de notre propre ethnocide.

J'ai, voyez-vous, une assez grande bibliothèque. Il s'y trouve une majorité d'ouvrages en français. J'aime la langue française. Mes ses défenseurs maniaques, ceux qui parlent de "faute de français" pour une erreur de langue, comme si la morale était en cause, ceux qui trouvent normal qu'il y ait un "ministère de la francophonie" (ou y a-t-il une semblable bizarrerie?), tous ces cuistres qui méprisent la langue des autres, l'anglais trop simple, l'allemand trop compliqué, l'espagnol trop peu subtil, je les emm... Je me souviens d'un professeur de linguistique à la fac qui osait dire que dans la "hiérarchie des langues (sic) le français occupait la première place".

Etonnez-vous que les français soient racistes.

Encore une chose. Il se passe ici, des événements dont les échos n'arrivent jamais jusqu'à Paris. En octobre 87, un ouragan de force 12 (bien pire que la ridicule "tempête du siècle de l'an 2000 qui renversa trois cheminées, mais parisiennes), ravagea la Bretagne. Plusieurs centaines de navires coulèrent sur leurs mouillages, plusieurs MILLIERS de toitures furent arrachées. Il n'y eut ni téléphone ni électricité pendant plusieurs semaines. Les médias français s'en firent l'écho avec trois semaines de retard.
Aussi, quand un militant breton a le malheur de tomber dans le collimateur de la cellule anti-terroriste, ou d'une officine de police, il peut lui arriver d'être placé en garde à vue, après avoir vu sa porte défoncée, être emmené en slip, menotté au petit jour devant ses enfants et ses voisins attroupés, sa maison fouillée, ses livres saisis, son ordinateur. Certains des accusés du procès de Quévert (prouvez moi que des bretons ont mis cette bombe, c'est faux!) sont restés en détention provisoire pendant deux ans, avant d'être relaxés.

Voilà ce qu'il en coûte, ici, de taper du poing sur la table, même pas très fort, même démocratiquement, même sans violence.

Alors s'il vous plaît Aïssa, moins de leçons, et un peu de pudeur.

Aïssa Lacheb-Boukachache

Erig le Brun de la Bouëxière, vous me mettez mal à l'aise ... En 14-18, chacun a eu sa dose et plus que cela; pas seulement les Bretons. Pour le reste, oui, que vous dire ...? Allez-y franco, ne vous contentez pas de jérémiades ... Que font vos représentants locaux et nationaux élus? Ils glandent quoi? J'ai plus entendu un Patrick le Lay et PPDA (TF1 et ex TF1) défendre la langue bretonne que vos députés et autres parlementaires ... C'est significatif, non? Moi, j'aimerais bien venir en Bretagne comme en pays singulier, me paumer et me faire traduire les panneaux et tout le tralala, m'exprimer avec mes mains dans le bistrot du coin parce que le patron ne me comprendrait pas -ou ne voudrait pas me comprendre- (sourire), oui j'aimerais bien, mais je ne peux le faire pour vous, vous comprenez ... Il ne s'agit pas forcément d'employer les manières corses ou basques mais enfin, puisqu'on vous ignore, un bon coup de poing collectif sur la table, une vraie colère publique, gueuler un peu plus fort que ce gouvernement encrotté jacobin, cela paie, vous savez ... Jean Markale, seul, que peut-il malgré toute sa volonté et son génie?... C'est votre droit; défendez-le politiquement et autrement avec détermination qu'avec des flonflons et autres nuits celtiques certes sympathiques mais qui vous relèguent davantage au rang de simple folklore original qu'autre chose ... La langue française est belle; ne lui crachez pas dessus, elle n'y est pour rien, elle ...

Aïssa.

Véronique

Philippe, j'ai oublié de préciser que concernant l'extrait du jugement, Eolas a modifié la ponctuation.

Je pense qu'il devait en être malade de devoir citer le jugement tel quel.

J'ai posé la question à Eolas si nous pouvions demander qu'un jugement soit re-redigé.

Sa réponse:

" Non. Il existe la requête en interprétation (art. 461 du CPC), qui vise à demander au juge ce qu'il a bien pu vouloir dire. "

Véronique

@ Aïssa

" Si le multi séculaire apport linguistique arabe à la langue française était recensé, on en ferait un dictionnaire, monsieur..."

Mais Maître Aïssa, ce dictionnaire existe :

" Dictionnaire des mots français d'origine arabe (et turque et persane) - auteur: Salah Guemriche. Préface d'Assia Djebar de l'Académie française. Le Seuil, 2007.

Présentation:

"D'abricot à zéro, en passant par algèbre, alcool, arobase, bougie, café, chimie, calibre, douane, échecs, gilet, hasard, jupe, lilas, magasin, masser, nénuphar, pyjama, raquette, sirop, tarif, tulipe, zénith, ce Dictionnaire des mots français d'origine arabe (et, pour un certain nombre, turque et persane) retrace l'histoire de près de 400 termes, à travers leur étymologie, leur évolution orthographique, leurs usages anciens et modernes... Agriculture, zoologie, astronomie, botanique, médecine, mathématiques, gastronomie ou pharmacie, tous les domaines du savoir ou de la vie quotidienne sont touchés par ce métissage linguistique vieux de plusieurs siècles."

J'en profite pour vous dire que je ne suis ni magistrat, ni juriste, ni dans le milieu médical. Je suis bibliothécaire.

Et pas peu fière le jour où écrivant à PB que, comme tout le monde, adolescente, je souhaitais devenir avocat, PB m'a répondu que, selon lui, j'aurais fait un estimable... avocat général.

Véronique

"Il ajoute - et c'est à mon sens essentiel - : "je suis inquiet de voir qu'il n'y a que les bourgeois un peu rasoirs qui parlent bien". Il critique enfin la pauvreté et le conformisme du "jeunisme" qui à la télévision conduit à massacrer notre langue.

Oui.

Mais je pense qu'il y a une conséquence peu évoquée, directement liée à la pauvreté, aux nivellements des vocabulaires et aux libertés prises avec les syntaxes et les grammaires de la part des "élites", du moins définies comme telles, c'est celle de l'obscurité et de la confusion.

Extrait d'un jugement très récent cité par Eolas dans son blog :

"(...) L’ajustement de la technique logiciel aux prescriptions légales évoque une pratique “limite” habituelle des publicitaires en matière de boissons alcooliques et de tabac ; que le rapprochement est justifié par les caractéristiques d’un service qui repose d’abord sur une inscription dans le sillage d’une “addiction” des consommateurs, en l’espèce l’attrait pour les nouvelles technologies de l’image et audiovisuelle et la gratuité apparente, la position du problème des pouvoirs du juge des référés face à des pratiques qui tentent de limiter l’effet des prohibitions légales ;(...)"

En réalité, ce genre de prose n'est pas une rareté de la part de ceux qui représentent une élite ou une autorité. Elle ne concerne pas seulement, et loin de là, le domaine juridique ou celui de la législation.

Ces dessèchements jusqu'à l'absurde du langage et de l'écriture nous préparent, je pense, à des déconvenues qui m'inquiètent beaucoup.

Quand notre langue est massacrée, je souffre. Quand elle devient inaudible ou illisible, je ne peux pas m'empêcher d'éprouver de la crainte et de l'angoisse.

Dans l'exemple de l'extrait de ce jugement, ce qui est angoissant c'est le fait que nous sommes pratiquement contraints de faire avec cela.

La maîtrise d'une langue et de l'infinité de ses nuances est un outil incomparable de liberté de soi. C'est aussi dans notre rapport à autrui une façon d'être présent à l'autre, de le respecter et le reconnaître.

"mais moi c'est.................. monsieur BILGER que je kiffe le plus !" (Cactus)

..................moi aussi ! Total kif !

Erig le Brun de La Bouëxière

Ah, je suis excessif... Les écoliers de la génération de mes père, grand-père et arrière grand-père battus comme plâtre, humiliés à l'école, poussés à la délation de leurs camarades bretonnants, je suis excessif... 250 000 bretons éliminés d'un coup en 14, je suis excessif, bécassine, les wagons d'ouvriers bretons VENDUS dans la Beauce au début du 20e siècle, je suis excessif...

Aïssa, la France n'a jamais cherché à rendre les arabes francophones. En tout cas pas plus que le strict nécessaire pour les faire bosser dans les orangeraies, parce qu'elle savait qu'on pourrait TOUJOURS reconnaître un arabe. Les arabes n'ont pas subi le matraquage audiovisuel, le tourisme de masse dans un pays colonisés, ils ne les ont connus que dans leur langue et avec leurs frontières garanties. Plongez-les demain dans un univers entièrement francophone, scolarisez-les à 100% en français, coupez les radios en arabe, les télévisions, et dans vingt ans vous aurez des francophones, c'est simple. Si vous me suggérez que pour sauver ma langue il faut une guerre de libération, des émeutes comme à Sétif, des bombes aux terrasses des cafés, jugez un peu de qui est excessif.

Les arabes parlent leur langue, bravo, figurez-vous que de ce point de vue, la France aujourd'hui les traite mieux qu'elle ne me traite moi. Allez donc voir la préfecture de Lille un de ces quatre matins, et vous y trouverez devant la porte les informations administratives en arabe. Venez maintenant voir devant une préfecture bretonne si les informations y figurent dans la langue du lieu. Je crois pourtant qu'il y a des bretons à Quimper depuis plus longtemps qu'il n'y a des arabes dans le Pas-de-Calais, mais la démagogie, la culpabilisation, le soupçon du racisme sont des moteurs puissants.

Vous êtes bien malvenu, Aïssa, de me rappeler que dans le pays qui prétend être le mien, la langue arabe est plus parlée que la mienne. Vous y voyez le signe d'une grande vitalité, et vous accusez mes compatriotes de mollesse, de quoi ne les accuse-t-on pas lorsqu'ils défendent leur patrimoine ? Lorsque des parents d'élèves (de gauche à 90%) réclament l'ouverture d'une classe bilingue, on laisse systématiquement entendre qu'ils sont des racistes, des néo nazis embusqués... Qui se soucie qu'on ouvre en France un peu partout des internats coraniques ou l'enseignement ne se fait qu'en arabe (ou en turc d'ailleurs) ?

Il se fabrique un locuteur de breton quand il en meurt quatre. Pardon d'avoir une natalité qui ne nous mette pas à l'abri de la disparition, pardon de constater tous les jours que la pression foncière chasse les jeunes bretons de chez eux, les privant de la moindre chance d'éduquer leurs enfants dans leur langue. les mécanismes de notre disparition sont subtils, plus sans doute que votre connaissance de nos problèmes, mais je suis excessif.

La Chine au Tibet a rendu obligatoire une initiation à la langue tibétaine dans les écoles du Tibet occupé. Un exemple que la France serait bienvenue de méditer.

Mais je dois être excessif.

Ktrin

Bonjour,

Oui aux beaux mots. Je suis, moi aussi, éprise de belles phrases.

Pourtant, dans la vie de tous les jours, Dalida nous le disait : "Paroles, paroles..."

Ne nous faisons pas avoir par des phrases présentées de trop belle manière !

Si les actes suivent les mots, tant mieux. Sinon, ces mots perdent de leur sens. Ma sensibilité me ferait dire qu’un discours acquiert toute sa beauté s’il est prononcé avec sincérité, même bourré de fautes.

Glop ? Pas glop ?

Oui à l'ascenseur social par l'apprentissage de la langue française.

Mais, pour les Ch'tis ? On fait comment ? (sourire)

Chouette we à toutes et à tous !

Philippe, puisque vous parlez de la Saint Fabrice : j’ai loupé la vôtre… Pas glop !

Patrick PIKE

Un peuple dont la langue s'appauvrit se perd ; il ne se perd pas, car qui dit se perdre sous-entend aussi se retrouver, il disparaît dans le néant, se noie, se dissout dans l'uniformité. Et il en sera de nos langues comme des dialectes régionaux, de lointains souvenirs accessibles à quelques irréductibles, si nous nous refusons à toute nouveauté, quand bien même celle-ci semble impure. Ce qui le semble aujourd'hui ne le sera pas demain.

Les civilisations qui ont survécu au laminage du temps ne le purent que grâce aux écrits qu'elles laissèrent, des blocs de marbre aux tablettes d'argile, des papyrus aux vélins. Nulle civilisation uniquement orale n'a survécu. Le malheur de notre époque est que le support devient virtuel, éphémère et que cette précarité, exacerbée par nos modes de vie, complaît à ceux qui portent le fardeau de pérenniser la langue. Il est paradoxal pourtant de constater que, dans le même temps où jamais autant de bouquins n'ont offert leurs pages à la poussière des tablettes des libraires, nous croyons que notre vocabulaire s'appauvrit. Tout se passe comme si dans le pressentiment d'une disparition proche, comme ces arbres fruitiers abondant de fruits une ultime fois avant de dépérir, nous nous efforcions de produire avec luxuriance pour essaimer et survivre peut-être. Il est normal dès lors que le pire côtoie le meilleur.

Car en réalité je ne pense pas que la langue s'appauvrisse autant qu'on veut nous le faire croire. Elle évolue. Combien sont ceux aujourd'hui qui peuvent lire dans le texte le Roman de Renart ? Qui n'est pas dérouté par les tournures d'une Marguerite de Navarre ? Lequel d'entre nous, en lisant Tallemant des Réaux, ne doit pas revenir plusieurs fois sur une de ses longues phrases pour la bien comprendre ? Doit-on toujours écrire comme Proust ou comme Claudel ? Céline, ce canonnier du langage qui fit exploser la phrase, écrivait au plus près de son époque. Et le secret des oeuvres qui perdurent réside dans cette alchimie des verbes anciens et nouveaux. Les vieilles métaphores désormais ne font rêver personne. Il faut en inventer de nouvelles avec de nouveaux mots venus d'ailleurs. Tout comme sous les halles du moyen-âge on ne parlait certainement pas un langage châtié, on ne s'exprime pas mieux aujourd'hui sur nos médias, mais ces mots que l'on dit sont captés, happés, triturés puis assimilés s'inscrivant dans nos dictionnaires où ils en chassent quelques autres pour prendre leur place et surgir un jour au détour d'une phrase et faire que se poursuive l'aventure de la langue. Dans cent ans d'ici, si nous vivions encore, nous serions aussi étonnés d'entendre le parler d'alors que le serait Molière nous entendant, comme nous le sommes déjà à l'écoute de nos contemporains.

Ce qui me préoccupe n'est pas tant la façon de parler que celle d'écrire. Un maraud ne parlait pas comme Villon écrivait, mais de nos jours c'est la tendance, avec, pire encore, le style morse. C'est en cela que réside le danger, et quelques-uns, dans la solitude de leur bibliothèque, le combattent. Comme Pierre Michon, que je ne saurais trop vous conseiller, dont l'écriture est une pure merveille.

Aïssa Lacheb-Boukachache

Erig le Brun de La Bouëxière, vous êtes excessif... C'est votre coeur qui s'exprime ; on le sent, mais prenez-vous en d'abord aux Bretons. Si votre langue meurt, c'est donc qu'ils ne la parlent ni ne l'écrivent plus et "s'assimilent", si je puis l'écrire ainsi... Il y a, que vous le vouliez ou non, une volonté bretonne inconsciente de tuer cette langue. Prenez les Arabes : ils furent colonisés durant des siècles, relégués, interdits, reniés dans leur culture et leur langue et tout ce qu'on voudra... Elle est aujourd'hui -et n'a jamais cessé d'être- plus présente en eux, chez eux et même ailleurs -ne vous en déplaise- que jamais... C'est donc qu'ils y tenaient vraiment. L'exemple juif est encore plus significatif ; qui aurait imaginé, il y a à peine cinquante ans, que l'hébreu serait plus lu, parlé et écrit chez eux mais aussi dans le monde, qu'il ne l'a, pour ainsi dire, jamais été ? Et pourtant, que n'a-t-on voulu annihiler et ce peuple et tout ce qui le justifiait et singularisait... Quelles persécutions atroces subissez-vous, Bretons, qui vous font disparaître culturellement ? Allez, dites... Les Québécois, noyés dans l'anglais, conservent depuis ces siècles la langue française qu'ils considèrent la leur... Pourquoi pas vous ? Si la Bretagne se "suicide" culturellement, c'est votre problème, pas le mien ni celui des autres que vous accusez de la sorte...

Aïssa.

PS/ Si le multi séculaire apport linguistique arabe à la langue française était recensé, on en ferait un dictionnaire, monsieur... Tenez-vous le pour dit et faites-en autant au lieu de hurler vainement vos imprécations injustifiées... Moi, je ne puis que dire et écrire : Vive la Bretagne ! A charge maintenant pour elle, effectivement, de vivre...

Cactus de passage, sage

Désolé pour monsieur Luchini que j'adore écouter lors de ses envolées Luchinesques à la TSF comme sur mon vieux poste de télé noir et blanc, mais moi c'est.................. monsieur BILGER que je kiffe le plus !

c'est kif-kif diront certains car à bien y réfléchir ils possèdent tous deux cet art de si bien manier les mots, petits et gros !

Erig le Brun de La Bouëxière

Si j'approuve, ô combien, la défense d'une langue française de qualité, je suis tout de même obligé de vous dire qu'au fond de moi, lorsqu'elle aura disparu sous les coups conjugués de "mid-atlantic anglo-american businesss language", de l'arabe, de l'argot des banlieues et du mandarin, personnellement je rigolerai bien.

Comme breton, j'aurais bien aimé que la France accueille ma langue, celle de mes aïeux comme une part de son patrimoine. Cela m'aurait aidé à me sentir français. Mais la langue française est comme un tyran domestique. Grande gueule à la maison pour maltraiter sa famille, battre sa femme et ses enfants, et qui geint à l'extérieur, se plaignant d'être agressé par plus fort que lui.
La langue française est en danger ? Qu'elle crève comme elle laisse crever hypocritement la dernière langue celtique continentale, alors même qu'elle avait le privilège de l'avoir sur son territoire, commettant en plus d'une injustice, un crime contre l'intelligence.

Qui y-a-t-il pour n'accorder à peu près aucun droit aux langues de son territoire? La Grèce et l'Albanie. Et la France. Terre des droits de l'homme, s'il est francophone.

Thierry SAGARDOYTHO

Certains l'ignorent peut-être : Jacques VERGES monte sur scène à la rentrée et se produit dans "SERIAL PLAIDEUR" (LA MADELEINE) par et avec J. VERGES.

monik

Ma grand-mère, mon père, ma mère... n'avaient que leur certificat d'études ! Puis à 40 ans, en 1953, mon père passa sa capacité en droit... Nous avons été construits, frère et soeurs, dans le respect du "bien s'exprimer" même si nous savions que nous n'étions que des "petits". Le bonheur des mots et de la lecture est toujours là... Qu'il est bon que Fabrice L. avec ses excès nous fasse déguster les mots et le phrasé des textes...

Patrick

Voilà un avis sur lequel nous nous retrouvons d'accord avec grande délectation.
Un véritable poisson (je dis bien poisson et non poison) dans la langue française !
Et je ne regrette donc pas d'avoir conservé votre flux RSS dans mon netvibes, même s'il m'est très rare d'y voir des titres attirants.
Donc certains fans de Sarkozy peuvent apprécier le bon goût, j'en suis ravi : un véritable espoir :-D

Jean-Dominique Reffait

Je ne pense pas que le beau langage soit aussi péjorativement connoté que vous le dites : je crois que les gens y sont toujours sensibles même s'ils en sont eux-même exclus. La télévision renvoie une image désastreuse et caricaturale de ce qui ne correspond pas à la réalité.
L'amour du rap chez les jeunes - que j'abhorre personnellement comme chaque fois que l'on rote sous mon nez - montre un intérêt réel pour les mots, pour le sens. C'est mal construit, c'est mal écrit, c'est lourd, c'est syntaxiquement pauvre mais il y a un désir de manipuler la langue.
Et Luchini lui-même démontre, comme bon client de la télé, que les gens apprécient la belle langue lorsqu'elle est baroque, vivante et qu'elle chatouille l'esprit.

Certes, tous les hommes naissent et demeurent égaux devant TF1 et nous sommes invités à partager avec chacun les plaisirs de tout le monde, d'où une certaine déconvenue pour ceux qui, ayant une culture du langage plus affirmée, sont confrontés à cette médiocrité langagière.

Mais Molière raillait les picards, Philaminte - encore elle ! - renvoyait sa servante à cause qu'elle manquait à parler Vaugelas. Ce n'est pas nouveau.

Ce qui est regrettable n'est pas tant que le beau langage soit attribué à la bourgeoisie mais bien plutôt que cette attribution apparaît aujourd'hui abusive. Il n'est hélas plus rare d'entendre parler un français déplorable, sans invention, dans les milieux où l'on s'attendrait à plus d'élévation.

Il va bien falloir que le français se réinvente ailleurs.

SR

Le plus grave vient du Président de la République qui parle mal, fait une multitude de fautes et s'imagine moderne avec son tutoiement à tout va. Et donner l'image d'une intégration réussie avec Fadela Amera qui kiffe à donf les banlieues et commence toujours ses phrases par "Ils croivent..." en parlant des jeunes. Miséricorde.

Aïssa Lacheb-Boukachache

J'oubliais, puisque c'est le sujet : Luchini traîne comme une désagréable odeur de pédantisme derrière lui... Ca m'angoisse... Sinon, l'homme ? Bah, je ne le connais pas, il est peut-être rock'n'roll, fun, cool, clean, zen, kiffant, relou, ma mère, glop glop pas glop, comme dirait l'autre, awaaaare to be awaaaare... J'en sais rien. Il a des gros yeux, en tout cas ; ça fait peur, des fois...

Aïssa.

Aïssa Lacheb-Boukachache

S'il y en a un qui massacre -avec bonheur- notre langue, c'est bien L.F.Céline. Comment vouer une adoration à celui-ci tout en regrettant le massacre de celle-là ? Etonnant paradoxe...

Notre langue évolue ; il ne faut pas lui en vouloir. Quel drame si elle restait figée façon madame de Staël (considéré par moi comme un des plus beaux français écrits à égalité avec Sade) ; pire encore, façon Corneille, Racine... J'aimerons pas qu'on parlons aujourd'hui cette langue-là, hé hé, on aurait l'air bien couillon...

La langue c'est aussi la littérature. Les éditeurs français (en règle générale, ce ramassis de carpettes, de faux-jetons, de trouillards et de bons bédites gommerçants) sont les premiers responsables de ce renoncement de notre langue, qui nous noient chaque jour sous des tonnes de "traductions" d'ouvrages anglo-saxons, au détriment des auteurs français et/ ou de langue française. Ceci, parce que ce serait le fun, cool, in, rock'n'roll, même les pires merdes produites par ces derniers que les ci-devants faiseurs de livres nous présentent comme la quintessence de la littérature du monde... Et puis, les libraires aussi qui n'ont de cesse de baisser leur culotte, les malheureux, et d'obtempérer à cette mode minable initiée par les éditeurs et leurs commensaux... Sans écrire de nombreux critiques littéraires, ces jean-foutre aux deux tiers incultes ou corrompus... Chaque année, on prend les mêmes et on recommence... Des articles pleines pages, de la publicité... Le bal est lancé... L'essence de la littérature française : Christine Angot, Claire Castillon, Marc Lévy, Guillaume Musso... Les titres : "Je t'aime" ; "Il ne m'aime plus" ; "Je l'aimais mais elle ne m'aime plus" ; "Nous nous aimerons toujours et n'aurons aucun enfant"... Le dernier Angot qu'on va présenter au monde comme l'essence de la langue et littérature françaises, allez je balance le truc : "... il m'a retournée et soudain a voulu me sodomiser (Doc-Gynéco) ; j'ai refusé, effrayée, mes petites fesses..." Ecrit tel quel, sa relation avec ce type... depuis leur rencontre dans une boîte de nuit de Brive-la-Gaillarde (ça ne s'invente pas) jusqu'à cette tentative avortée de sodomie... Voilà à quoi on en est réduits, punis... Sans dire des traductions ; si encore elles étaient justes... Des ersatz de traductions... Je comprends qu'il n'est pas donné de traduire correctement ou au plus près possible Dostoïevski, mais ces innombrables nullités anglo-saxonnes pour la plupart, que pas un Anglais sensé ne lirait, même pas fichues d'être correctement rendues en français et dont l'unique contribution malsaine est, pareilles à ces plantes sauvages, d'étouffer dans la terre les autres profitables... Puis je me rassure même si cela me désole à la fois, en me disant que, puisqu'à l'école de la République on fabrique des abrutis ignares et illettrés, il devient logique qu'on leur vende ça pour lecture, littérature et langue françaises... Ces éditeurs-commerçants ne sont pas plus stupides que les vendeurs de fruits et légumes en supermarché, il n'y a aucune raison...

Terminer sur une note optimiste : trois auteurs français à la langue écrite magnifique, pour ne pas écrire parfaite :

- Richard Millet, cet énervant de chez Gallimard mais qui a, hélas, souvent raison.

- Renaud Camus, que j'ai traité de facho sur un plateau-télé alors que je ne l'avais pas lu. Depuis, je l'ai lu et je regrette infiniment ce que je lui ai dit et m'en suis excusé. M'apprendra à ouvrir ma gueule sans avoir ni connu ni lu la personne... Leçon, j'ai médité depuis, enfin, je crois...

- Jean Rouaud, mon cher ami Jean Rouaud, ces merveilleux "Champs d'honneur" et tous les autres... Que je salue ici.

Aïssa.

Mossieur Resse

Un de mes lecteurs m'envoie ici, trouvant que votre brillant propos fait écho à ma note désolée du jour, où je me navre de l'indigence du parler banlieue, parler djeune, parler sportif, parler français popu quartier, qui semble devenir la norme.

stéphane augendre

C'est énorme... C'est hallucinant... Je n'eusse été capable de maîtriser ce vieux françois si l'on ne me l'avait pas enseigné.

J'ajouterai, Monsieur, que Fabrice LUCHINI est le fils sinon caché du moins spirituel de Jean ROCHEFORT...

Comme quoi, dans ce bas monde et dans ce pays "en déclin" (cf. les programmes TV), il y a encore des gens pour divertir.

N'empêche que j'aimerais beaucoup avoir son talent, même dans sa faculté à amuser sur un plateau télé.

Cordialement.
sa

Criticus

Bonjour M. Bilger,

Je ne suis pas vraiment d'accord avec Fabrice Luchini pour dire que le bon français est l'apanage de la bourgeoisie.

Celle-ci, au contraire, me semble être la première à renier le français et lui substituer un sabir anglicisé prétendument international, autrement dit le franglais.

Je me permets d'y voir une volonté, de la part de nos "élites", de vouloir trancher le seul lien qui les unit encore aux classes populaires de ce pays. Classes populaires d'ascendance française ou étrangère d'ailleurs. Pour cette bourgeoisie qui veut paraître "moderne" et qui vénère ce qu'elle croit être la langue anglaise, la défense du français, forcément réactionnaire, est désuète, rétrograde.

Témoin, l'indignation qu'ont provoqué d'autres indignations, légitimes celles-là, de ceux qui s'offusquaient que le représentant de la France à l'Eurovision chantât en anglais. Le français se délite car ceux qui sont censés en parler la forme la plus pure ont cessé de le faire. Voilà ce qui explique que les seuls à défendre la francophonie soient les Québécois et les Africains, et non les Français eux-mêmes.

Baudu Evelyne

J'aime bien Luchini même si souvent, à la télévision, je le trouve cabot. Il est remarquable sur scène ; notamment dans les extraits du "Voyage au bout de la nuit" de Céline.

J'ai sans doute cette affection pour lui, malgré ses défauts, car il ne vient pas d'un milieu bourgeois où l'on naît avec la cuillère d'argent et le beau langage en bouche.

J'aimerais que les gens comme moi, nés après guerre, milieu ouvrier et ayant juste le certificat d'étude se révoltent contre l'idée qu'il y aurait juste les nantis qui aiment la littérature et le bon français.
Que le langage évolue c'est normal ; qu'il s'appauvrisse c'est inquiétant.

Mais certains jeunes ne se reconnaissent pas dans cette société qui les rejette et pour qui il n'y a pas d'avenir. Peut-on alors s'étonner qu'ils se construisent leur monde avec leur langage. Ce qui est le plus ridicule c'est lorsque pour faire "branché" la jeunesse dorée ou les médias les imitent.

L'école primaire laïque et française d'après guerre m'a fait aimer les récitations, le vocabulaire... les dictées moins. Ensuite libre à chacun de compléter et de cultiver cette ouverture.

Pourquoi cela fonctionnait avant, même dans les cités ouvrières, et que cela est de moins en moins le cas ? C'est sans doute un autre débat sur lequel j'ai quelques idées : (paupérisation, travail partiel, urbanisation débridée et délabrée, mauvaise intégration des migrants.......).

Mais je sais que je ne suis pas représentative des seniors surtout de ceux qui n'ont pas fait d'études supérieures et dont les idées et les propos me hérissent souvent.
Bien sincèrement
Evelyne Baudu

mike

Il nous faut donc kiffer notre langue ?
Soyons oufs !

Catherine JACOB

"J'aime l'acteur, j'adore le "liseur", "
Vous n'êtes pas le seul, moi aussi.

"le comédien cultivé et superbement volubile,"
C'est vrai mais il prononce les mots de la langue avec une telle gourmandise satisfaite qu'il donne envie de les manger à notre tour.

"Mais le Luchini qui m'intéresse pour ce billet, c'est celui qui a fait "un tabac" sur une double page du Parisien en répondant à des questions, pas plus bêtes que celles de journalistes, de lecteurs enthousiastes."

Je n'ai pas lu celui-là, mais j'ai lu celui du Point (P.81-83) qui développant le fantasme de la fille derrière l'énorme motard et le triangle amoureux atteint des sommets de narcissisme digne d'un... comédien! Mais n'est-ce pas pour cela qu'on les aime !!

"Luchini a raison d'évoquer la télévision qui représente le lieu, par excellence, de la dérive qu'il dénonce et de l'immensité des dégâts causés dans l'esprit public."

Je regrette moi aussi que qui veut 'faire peuple', autrement dit caresser l'audience dans le sens du poil, fasse systématiquement vulgaire. Un bon exemple : Nagui ! Et pourtant dieu sait s'il s'exprime bien quand il ne court pas après l'indice d'audience !
Or qui met ainsi la vulgarité à la mode, la donne comme désirable pour être à son tour désiré et c'est là en effet, vous avez raison de le souligner avec Luchini, une spirale infernale.

Cyril

Comme vous le dites, le danger vient de cette image que véhicule un langage de qualité. Pour une - trop - importante frange de la population, utiliser correctement le français et en ressortir quelques mots dits "soutenus" revient à faire preuve de snobisme et à être accusé d'étaler sa culture.

Permettez-moi une anecdote personnelle.
J'ai passé quelques jours de vacances avec de la famille, dont quelques adolescentes. Au cours de nos échanges, j'ai tenté, par l'humour, de reprendre quelques fautes grossières comme celle du «stylo A François ». J'ai rapidement été gentiment moqué comme l'intello de service et alors que je sentais que ma démarche était vaine, j'ai laissé tomber, dommage...

Le problème est qu'aujourd'hui, nos dirigeants braquent une sorte d'opprobre contre ce qu'ils appellent les élites. Manier la langue, aspirer à la faire vivre, à la faire respirer, tout cela est insidieusement moqué par la classe politique qui joue la carte populiste et démagogique.
Ce relâchement du langage est visible jusqu'au plus haut personnage de l'Etat. Le Président de la République n'est pas un homme du langage, ses discours sont ponctués de mots égratignés mais on aime y voir la modernité de l'homme.

Non, ce n'est moderne que de sacrifier notre héritage, c'est même affreusement réactionnaire, car Luchini a raison, lorsque un peuple perd son langage, il perd tout. Aussi faut-il être vigilant quotidiennement et réussir à transmettre la beauté des mots sans en faire une punition ou une affaire de classe sociale.


ElDesdichado

mdr C cool ce post. 100 pitié le proc' !
@+ lol

(PS : ironie, je précise. Ceci dit, les lecteurs de votre blog dont je fais partie avec plaisir sont sans doute déjà convaincus de l'importance d'un langage de qualité.)

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