Depuis plusieurs jours, la mort de Valentin, ce jeune garçon horriblement poignardé, fait la "une" médiatique. Pourquoi pas ?
L'enquête de gendarmerie a été remarquablement menée, sous l'autorité du procureur de la République de Bourg en Bresse qui parle beaucoup, voire trop (France Inter). C'est indéniable.
Un couple a été interpellé dont l'homme est fortement soupçonné à cause de la présence de son ADN sur la petite victime. Ses facultés mentales semblent altérées. C'est un constat.
Le garde des Sceaux a tenu à être informée sans cesse des développements de l'affaire. Le procureur général de Lyon a souligné qu'il a informé le ministère de la Justice heure par heure. Un système hiérarchique au comble. Culminant, si j'ose dire, encore par la suite avec l'annonce par la Chancellerie de l'injonction faite au procureur d'ouvrir une information alors qu'elle est obligatoire en matière criminelle (le Canard enchaîné)! Pour rester aimable, on frôle le ridicule.
Le Figaro, le Parisien avec une double page, le Monde de manière plus succinte continuent de braquer les feux sur cet épouvantable crime.
La fureur donc. Les probabilités et la présomption d'innocence. La responsabilité pénale réduite ou peut-être abolie. Le judiciaire a parfaitement accompli sa mission et il pourrait, il devrait continuer à l'accomplir dans la solitude, celle d'une institution qui sait ce qu'on attend d'elle et quelles sont ses obligations.
Pourquoi, alors, en même temps, la sensation presque effrayante, impudique en tout cas, du bruit ? Pourquoi l'impression nauséeuse que la tragédie passe au second plan au profit d'une effervescence qui, mêlant justice, médias et ministres, interdit littéralement aux parents du petit Valentin d'abriter leur douleur dans une retraite, de surmonter ce qui, en prétendant leur offrir l'infinie et pesante sollicitude de l'Etat, les étouffe ? Il y a pourtant mille manières, même au sein de l'intensité judiciaire la plus légitime, de sauvegarder la part du respect et du silence. D'abord en ne greffant pas, pour la conjoncture, des rameaux adventices sur le tronc central de la justice chargée de l'élucidation de ce crime et de l'élaboration pertinente de ses suites.
Deux ministres se sont, dans la foulée de l'appréhension du couple, rendues sur place. L'une pour féliciter les forces de gendarmerie, l'autre pour rencontrer les parents de Valentin et leur expliquer, ai-je lu, la nature de l'irresponsabilité pénale et les bienfaits à venir de la rétention de sûreté.
Mais on n'en est qu'au début. On ne sait rien de manière certaine. On ne peut s'empêcher de percevoir là comme une précipitation. D'une part elle ajoute un poids au lieu de laisser la souffrance tranquille. D'autre part, imposant en surnombre le politique, elle réduit la singularité de la procédure au profit d'une exploitation pas forcément démagogique, en tout cas inutile d'un drame qui se suffit à lui seul et dont ses gestionnaires naturels avaient déjà pris la mesure.
Tout ce que touche de près le politique n'est pas miraculeusement ennobli. Mais parfois dénaturé. Ce n'est pas la même chose, pour des responsables gouvernementaux, d'adresser des messages, d'encourager de leur poste de commandement, et de se rendre directement, physiquement sur les lieux d'un crime, en favorisant, la procédure à peine commencée, par leur seule présence et l'affirmation qu'elle porte, des risques de partialité et d'aveuglement. Je n'aime pas ce parfum subtil de désaisissement des magistrats qu'au moins, un trait de temps, cette "descente" diffuse.
Le grand avantage pour des ministres, spécialement le garde des Sceaux, d'une abstention générale et clairvoyante, c'est qu'on ne pourra jamais leur, lui reprocher, pour les catastrophes relevant de leur fonction, des inégalités de traitement. Mais demain, pour peu qu'un nouveau crime soit commis avec une médiatisation aussi forcenée et une efficacité judiciaire équivalente, quel procès serait intenté à Rachida Dati si elle ne se déplaçait pas ! Les précédents sont terribles qui laissent croire à des droits. Alors que l'administration de la justice exige qu'on la contrôle certes mais qu'on ne vienne pas la troubler, même avec les meilleures intentions du monde.
Il y a eu de la fureur. S'il pouvait y avoir moins de bruit, ce serait bien.
Pour la justice. Pour les parents de Valentin. Pour la mémoire de Valentin et de son petit corps supplicié.
Personne n’a rien vu, ni entendu, ni compris :
Psychose de persécution, pèlerinage, mission divine, identités multiples (sosies), hébergés dans des paroisses, la purification (le grand lessivage) toute la logique de cette maladie faite de perceptions hallucinatoires prolongées de délires mystiques.
C’est toute cette similitude psychose et religion de vivre dans un monde fait d’irréalités qui conduit à toutes ces extrémités de dérives tragiques.
Mais quand y aura-t-il de la prévention ?
Les religieux seraient bien inspirés d’expliquer aux jeunes leurs différences entre les relations dites «mystiques» venant de l’au-delà : contacts prophétiques, apparitions, voix intérieures d’avec les manifestations hallucinatoires psychotiques, qu'elles soient visuelles, auditives, de sensations intérieures...
A moins qu’il n’y en ait pas. Pour moi c’est certain, l’un de mes fils est dans cette identique «maladie mystique».
Est inscrit la notice pharmaceutique dédiée à cette maladie : «....... est utilisé pour traiter une maladie qui s’accompagne de symptômes tels que entendre, voir et sentir des choses qui n’existent pas, avoir des croyances erronées...».
La schizophrénie est une réelle maladie de dysfonctionnement cérébral lié à certains gènes perturbés et c’est donc une maladie d’origine héréditaire et non, comme encore trop d’articles laissent à penser, l’éducation parentale qui doit-être mise en cause.
Ni la psychanalyse, ni la prière et autres tours de passe-passe n’ont cours pour prendre en charge un psychotique, c’est uniquement la psychiatrie - domaine du médical - qui est apte à traiter ce mal par les médicaments que sont les antipsychotiques. C'est l’unique moyen efficace de stabiliser ce dérèglement mental par l’atténuation de leurs hallucinations.
Sur le net, beaucoup d’articles contre la psychiatrie, souvent initiés par des groupes sectaires qui recrutent sur "les bas côtés de la route", en promettant un "mieux vivre", à nos jeunes en perdition, ces oubliés de la santé publique, souvent catalogués comme "marginaux".
Juger de l’irréalité hallucinatoire par la réalité des faits, si graves soit-ils, un non-sens, ce sont deux entités qui ne communiquent pas. Le psychotique est dans sa prison virtuelle de souffrance, y ajouter des barreaux le mettra dans la certitude d’être persécuté par les envoyés du diable, lui interdisant de réaliser sa « mission divine ».
Plus jamais ça. Halte a ce massacre de victimes innocentes, de familles brisées par ces drames insoutenables. Il est temps de réagir, d’ouvrir ce double et faux langage que sont les croyances et ce type de schizophrénie.
Maurice Champion : http://monsite.orange.fr/champion20
Un père concerné par ses deux fils jumeaux dans cette maladie et cela depuis 20 années, dont les manifestations sont perçues totalement mystiques. Le plus touché s’est fait tatouer J.C. sur le bras, son collègue de maladie...
Bien souvent dans les forums mon avis est mis de côté, c’est normal, les plus écoutées sont les personnes qui ont des enfants en bonne santé et donc peuvent donner leurs avis en toute méconnaissance de cette maladie.
Rédigé par : Champion Maurice | 19 août 2008 à 14:44
@francis
«Aujourd'hui, la la culture générale, les humanités d'autrefois, se perd,»
«science sans conscience n'a pas d'âme. Il en va de l'intérêt public, comme pour la justice garante de du bon ordre de la société.»
A lire ceci: «la la culture générale» redoublé encore par «de du bon ordre» sous la plume d'un médecin allegué, je pense à 'la langue', cette 'lalangue' telle que l'écrit Lacan qui tend à exprimer par là qu'«il y a un trou, à référer à l'inconscient de celui qui en jouit» .
Il a été en effet récemment question de la fonction de l'article défini - ici redoublé ailleurs troué et réparé [une voyelle 'a' disparue remplacée par une voyelle 'e' dans 'L(al)e France'], ce qui du coup m'interpelle à nouveau - bien que non plus depuis la science linguistique qui avait permis d'expliquer comment le contexte permettait de restaurer le sens bousculé par l'équivoque qu'installe l'article venu se glisser en remplacement de celui qui, dans la séquence considérée, eût convenu, mais et en adoptant ce point de vue lacanien que la lettre comme missive (comme dans 'La lettre volée' = ici élidée), ferait "le littoral entre jouissance et savoir".
Depuis un autre point de vue donc, sur «la fonction de signifiance», que celui de la linguistique qui en fournit néanmoins la matrice.
Ce point de vue est celui de «la langue trouée» à propos de laquelle Lacan dit simplement : «Le signifiant est d'abord ce qui a effet de signifié, et il importe de ne pas élider qu'entre les deux il y a quelque chose de barré à franchir», tandis que «le signifié "flue" et "glisse" sous les signifiants, se constitue dans le temps».
Ce signifié fluant j'ai donc envie de le faire glisser à partir du problème de langue primitivement soulevé par la présence ou l'absence d'un 'de' dans le nom propre, lequel «semble l'équivalent linguistique de l'empreinte ou du tatouage», et de ce dont il pouvait être, ou non, signe ou trace (linguistique) - symptôme, corps, ou cadavre (analyse), et de le réinscrire dans "un mode singulier de faire équivoque", la dite 'lalangue' précisément, et vu que «le nom propre semble le paradigme de l'unité signifiante (en fait, il est surtout le modèle du signifiant "maître")» dit le lacanien J.-C.Milner, je restaure ce «'de' origine», de l'origine - du nom- et à l'origine - du problème-, non pas dans un «de Gaulle/de Wall ou Dumur» , mais dans le fil rouge de la séquence de la présence/absence/manque/remplacement/redoublement telle que diachroniquement apparue, ce qui me donne: 'de-l(al)e France' qui chez moi fait tilt, dans un autre orthographe toutefois et dans une séquence mnésique qui a peu de chances de faire écho chez vous ou chez quiconque sur ce blog quoique....
Je laisserai cependant le chantier en l'état attirant simplement l'attention sur le fait que l'important en matière d'analyse, contrairement à l'important en matière de science linguistique ou encore d'instruction - mot qui vient se glisser tout à coup sous 'culture générale' et dans une certaine équivoque bien évidemment vu le domaine initial de spécialité du blog -, c'est que la restauration fasse sens pour nous sans déplacement arbitraire sur autrui!
A partir de là je me demande si quelque part une réflexion sur les conséquences tels déplacements quand ils se produisent, autrement dit sur la nature du «sujet en question», ne représenterait pas un bon exercice vers la solution de quelques erreurs judiciaires... qui elles aussi ont un coût!
Autrement dit encore d'une façon générale, on ne fait pas du mur en envoyant des mots/balles de tennis qui viendraient frapper de façon aléatoire un mur/sujet qui ne vous demande rien, sans risquer à un moment donné de s'en récupérer une dans la figure.
Soit en effet, on est dans la production - on a quelque chose à dire et on parle à quelqu'un dont la liberté veut qu'il écoute ou qu'il ferme les écoutilles, et qu'il entende ou qu'il n'entende rien- soit on est dans un travail de restauration qui n'est pas un jeu gratuit, qui ne saurait s'imposer et surtout dont on ne saurait préjuger en lieu et place du sujet où elle advient ou non.
Rédigé par : Catherine JACOB | 16 août 2008 à 11:11
Médecin hospitalier retraité, père d'un enfant médecin, je voudrais souligner que s'il existe tant de familles médicales, c'est que cet art et son esprit s'apprenent à la table familiale. Ainsi se transmet l'ethique de notre métier. Aujourd'hui, la la culture générale, les humanités d'autrefois, se perd, elle peut paraitre inutile dans les études médicales, de plus en plus scientifiques, ce qui s'impose. Mais dans le cursus médical, le compagnonnage demeure, de sorte que l'esprit de notre éthique se transmet. Phénomène récent, les médecins, ses ordonnateurs, ont enfin compris que si la vie n'a pas de prix, la santé en a un. L'organisme qui subventionne les dépenses de santé, la S2CU, se doit de le rappeler aux médecins et aux para-médicaux. Elle ne s'oppose pas à l'ethique mais à la démesure, science sans conscience n'a pas d'ame. Il en va de l'intéret public, comme pour la justice garante de du bon ordre de la société.
Rédigé par : francis | 15 août 2008 à 21:19
@ Jean-Dominique
"demandez-vous donc pourquoi il n'est pas procureur général d'une grande cour d'appel ou avocat général à la cour de cassation... L'indépendance, sans parler de rébellion, d'un magistrat du parquet, ça se paye."
Et si nous envisagions l'idée que Philippe sans sa cour d'assises et sans son jury populaire, ne serait plus le Philippe.
Procureur général d'une grande cour d'appel ?
De l'administratif, des réunions à mourir d'ennui et à n'en plus finir, des commissions à droite et à gauche, des politesses à rendre, des mondanités obligatoires, des statistiques à superviser et à communiquer au ministère sur la performance de son parquet général... des lettres de félicitations passe-partout, sans maux de tête, à adresser les lendemains de procès d‘assises retentissants aux procureurs-avocats généraux des parquets de sa juridiction... etc, etc.
Quant à la Cour de cassation ?
Des juridismes en veux-tu, en voilà, les hauts des paniers des magistrats et des avocats. Pour Philippe, renoncer à la lecture de Paris-Match, du Parisien et de Voici. Se priver de TF1 pour écrire des lettres au président de la République. Ne faire que du droit, mais tout le temps que du droit, etc, etc...
Eh bien non.
Ses indépendances, être toujours l'extrême des autres, ses excentricités, son goût et son besoin du jury et de la société non judiciaire, ses libertés, libertés chéries, sont incompatibles avec les fonctions désincarnées faites de prestiges trop voyants qui piquent les yeux.
Je serais la patronne de Philippe Bilger, je le nommerais procureur à Boulogne-sur-Mer.
Pour qu'il raccommode là-bas ce que les importants et les prestigieux du judiciaire, du social, de la politique, de la police et du médiatique ont blessé et dévasté. Voilà pour moi une fonction à sa démesure.
Et puis, je pense si fort que cette chanson d'Alain Souchon lui va si bien.
"... Jugez ma fortune
Sous l'écharpe les boucles brunes
C'est vrai qu'en blonde j'ai des lacunes
En blonde j'ai des lacunes
Oh le grand air
Tournez le vent la dune à l'envers
Tournez le ciel et tournez la terre
Tournez tournez le grand air
La Belgique locale
Envoyait son ambiance musicale
De flonflons à la française
De fancy-fair à la fraise..."
Rédigé par : Véronique | 15 août 2008 à 08:56
@ Aïssa
Quand j’ai évoqué votre métier d'infirmier, j'ai seulement souhaité vous dire que je pense fortement que vous n'imaginez pas exercer votre profession, sans la rattacher à un moment ou à un autre à quelque chose qui la dépasse et la grandit à vos propres yeux.
Quand bien même votre pratique quotidienne est limitée de toutes parts par un système, l'idée que vous vous faites de votre profession ne disparaît pas.
Je ne vois pas pourquoi ce qui pour vous agit comme une évidence et comme une nécessité intérieure, n'existerait pas pour des magistrats.
En aparté.
Les systèmes certes.
Mais aussi dans le monde hospitalier - pardonnez-moi de vous le dire brutalement -, des hiérarchies sournoises, des cultures qui font que, par exemple, le soin à la personne âgée ou très âgée est disqualifié et disqualifiant, des encadrements approximatifs, des formations qui n'intègrent pas suffisamment des enseignements théoriques (oui, théoriques, cela s’appelait les humanités) qui peuvent permettre une hauteur de vues, de la densité humaine et un apprentissage de la maîtrise de son propre pouvoir sur autrui.
Ce n'est pas l'objet de la note de Philippe. Mais sachez que concernant votre métier, nous pourrions avoir ensemble une discussion privée à ce sujet-là.
ps: pour votre travail, accrochez-vous. Considérez la détermination et l'engagement dont vous, vous avez su faire preuve pour exercer ce métier.
Rédigé par : Véronique | 14 août 2008 à 13:36
Véronique, nulle prétention de mon côté également à vouloir avoir raison. Je suis même toujours satisfait que l'on parvienne à me démontrer que j'ai tort car c'est alors un moment d'intelligence que de considérer les mécanismes du raisonnement que j'avais laissés de côté. Me rendre compte que j'ai tort est toujours pour moi un moment d'éclairage !
Il n'y a d'ailleurs, sur ce point, ni à avoir raison ou tort, à l'exception d'une confusion institutionnelle sur la subordination du parquet, mais qui ne change en rien le fond de l'idée que l'on se fait du rôle d'une catégorie de magistrats.
Dans l'ensemble, vous avez raison sur la grande majorité des affaires délictueuses ou criminelles : le ministère ne s'en mêle pas et laisse au parquet le soin d'apprécier chaque cas selon le dossier.
Il n'en va pas forcément de même dans les affaires sensibles qui engagent l'opinion ou l'image de l'institution judiciaire. Si le procès d'appel d'Outreau s'est tenu à Paris (et non dans une cour d'appel voisine comme c'est la pratique ordinaire), si deux réquisitoires ont été prononcés avec la solennité que l'on sait, intimant ainsi l'ordre au jury d'acquitter, ce ne sont pas des décisions prises par les magistrats mais directement par la chancellerie.
Tel avocat général, lors d'un procès à Troyes, reçoit l'instruction de requérir a minima. Le verdict a même été envoyé par SMS à la famille de l'accusé par un haut responsable politique avant la fin des plaidoieries. L'avocat général en question s'en étrangle nettement, son réquisitoire fait pitié car d'un côté il réaffirme que les accusés ont commis les pires horreurs et de l'autre réclame l'acquittement pour l'un et une peine ne pouvant excéder la détention provisoire pour l'autre, ce qui était absurde. Le magistrat a donc obéi à sa façon, en requérant ce qu'on lui demandait, mais en assortissant sa réquisition d'un contexte qui, espérait-il, annulerait l'effet de ses réquisitions effectuées sur ordre.
Dans ce type d'affaires où l'institution judiciaire joue son image et, par delà, celle de la politique pénale du gouvernement, il y a donc des marchandages entre le ministère et le siège pour trouver la porte de sortie, charge au magistrat du parquet de mettre cela en musique sur le terrain.
Et puisque vous soulignez les qualités de notre hôte que nous ne sommes pas seuls ici à considérer, d'accord ou pas d'accord avec lui, comme un magistrat de haut vol, demandez-vous donc pourquoi il n'est pas procureur général d'une grande cour d'appel ou avocat général à la cour de cassation... L'indépendance, sans parler de rebellion, d'un magistrat du parquet, ça se paye.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 14 août 2008 à 02:25
Légiférant à l'événement, c'est étonnant que le gouvernement ne parle pas déjà de restaurer les délits de vagabondage à la Trénet :
"Au poste,
D'autres moustaches m'ont dit,
Au poste,
"Ah ! mon ami, oui, oui, oui, oui
C'est vous le chanteur vagabond ?
On va vous enfermer... oui, votre compte est bon."
Rédigé par : Capulito | 13 août 2008 à 12:59
@ Jean-Dominique
Je ne cherche pas à avoir absolument raison dans notre discussion.
Ce qui me motive à vous répondre c'est l'intérêt que je trouve à vous lire et à échanger avec vous.
"En revanche, un procureur ou un avocat général qui ne se plie pas aux injonctions peut être muté d'office."
Imaginons Philippe Bilger dans les affres d’une injonction du ministre.
Je choisis Philippe non pas parce que nous sommes dans son blog et parce que c’est lui. Mais en raison du fait qu’il est à peu près seul le magistrat du Parquet qui ait dit publiquement être en accord avec la politique pénale du gouvernement.
Imaginons que Rachida Dati lui intime l’ordre de requérir une peine assortie de l’application de la rétention de sûreté.
Intellectuellement la rétention de sûreté ne gênera pas PB. Il est même très probable qu’il envisagera dans son évaluation, avant même l’injonction du ministre, la possibilité d’assortir ou non la peine de cette mesure.
A ce stade, je pense que la seule référence possible pour Philippe est le cadre de la loi qui lui permet ou pas, d’envisager de requérir une rétention de sûreté.
Mais en fonction de l’affaire qui sera en jugement, injonction ou pas injonction du ministre, RIEN ne contraint Philippe à requérir cette mesure, si dans son propre débat intérieur intellectuel, juridique et judiciaire, il parvient à la conclusion que la rétention de sûreté ne s’impose pas.
Pensez-vous sérieusement que pour Philippe la crainte ou la menace d’une mutation soit à ce point prégnante pour lui faire requérir, ce que dans sa conscience et sa morale professionnelle, il ne voudra pas requérir ? Parce que la loi générale confrontée au cas individuel, au dossier particulier jugés et à l’intérêt général l‘amènent à décider que cette mesure est à écarter.
Maintenant, ce qui me paraît le plus probable dans cette hypothèse, c’est que quel que soit le garde des Sceaux, pas un ne se risquerait à faire savoir son souhait de condamnation à un magistrat tel que Philippe Bilger.
Une indépendance intellectuelle et de caractère se construit au fil du temps et de l’expérience. La réputation de la même façon. L’estime de soi également.
Pour des personnes comme Philippe je pense que tout cela compte. Il n'est pas le seul.
Rédigé par : Véronique | 13 août 2008 à 08:40
Nulle part, Véronique, je ne me suis prévalu de quelque dimension d'éthique et de déontologie (pour vous citer) dans ma pratique professionnelle quotidienne soignante. Surtout pour l'opposer, comme vous semblez le suggérer, à quelque autre profession, juridique en l'occurence. Nulle part. Mais cela n'a pas d'importance, rassurez-vous. J'ai bien compris ce que vous écrivez et ce serait hypocrisie que de vous en soutenir le contraire. Il existe des magistrats ici et là tels que vous les décrivez, bien sûr, heureusement même ou c'est à désespérer définitivement ... Un avocat général Legrand qui requiert l'acquittement d'un innocent (Richard Roman récemment décédé) dans une affaire telle que celle-ci, existe... Mais quelles foudres ne s'est-il pas aussitôt attiré de la part de sa hiérarchie et même de nombre du monde judiciaire pour ce crime de lèse soumission à l'Opinion et à la hiérarchie voire le ministère!... Pour ce "crime" d'indépendance professionnelle, d'éthique et de déontologie... Cela va même jusque très loin... Le juge Boulouque, souvenez-vous... J'aurais du mal également à imaginer notre hôte, PB, soumis à je ne sais trop qui de sa hiérarchie au détriment de ses valeurs intrinsèques... Vous répondre est très difficile car lorsque je généralise, vous me ramenez au particulier... C'est certain que les choses, vues sous votre angle, vous donnent certainement raison. J'en ai rencontré des magistrats empreints d'éthique et de déontologie, procureurs également, oui bien sûr, et je vais vous faire un aveu : cela fait plaisir, oui c'est vrai, c'est réjouissant, rassurant, même quand on est accusé et menotté dans le cabinet, il demeure dans l'air comme quelque chose qui vous fait espérer... Mais est-ce que pour autant ce que j'écris est faux ? Non, vous le savez bien. C'est à ce qui débloque qu'il faut s'intéresser afin, peut-être, d'y rémédier ; ce qui va bien, tant mieux, que dire d'autre à son sujet ?... C'est comme cela que je vois la chose. Lorsque vous citez cette phrase : "Je fais confiance à la justice de mon pays", c'est en les hommes et femmes qui la rendent auxquels vous pensez et croyez, c'est manifeste dans votre propos. Vous pensez naturellement, inconsciemment peut-être : s'il y a des mauvais, il y a aussi des bons et ceux-ci remédient -ou compensent- à ceux-là... Je vous suis dans votre raisonnement ; ce qui a été fait (mal) par les uns peut être défait (bien) par les autres... Oui, bien sûr. Mais pour moi, cela n'est pas suffisant. Relisez -ou lisez- Hannah Arendt ou, plus récemment, "Les Bienveillantes"... Quand on est pris dans un fonctionnement administratif qui tend davantage à ceci qu'à cela, quand la machine fonctionne ainsi, tous y ont part, même les meilleurs et les neutres et les moins pires... En ce sens, je n'ai pas confiance en la justice de quelque pays que ce soit. Je ne me tord pas de rire, en vérité, ou alors c'est d'un rire écoeuré, de dégoût... Comme lorsque j'exerce actuellement mon métier de soignant et où je me demande chaque jour où sont-elles cette déontologie et cette éthique qu'exige cette profession quand le système administratif -et même législatif- la tord dans un sens où elles n'ont plus leur place ou à peine... Combien ai-je vu -et vois encore- de médecins, d'infirmièr(ères), d'aide-soignant(es), quitter définitivement les soins, se disant que non, ce n'est pas cela qu'ils ont voulu faire, ce n'est pas ainsi qu'ils veulent travailler, ce n'est pas à cela qu'ils veulent obéir...? Ils partent puisqu'on exige d'eux qu'ils piétinent et l'éthique et la déontologie pour le rendement et ce qui s'en déduit. Il en reste qui tiennent mais à quel prix ? Les suicides dans la profession (médecins inclus, de plus en plus) ne se comptent plus... Moi-même, je commence à en avoir ma claque de ce qui devient un merdier où l'humain n'est plus réduit qu'à un chiffre, où de nombreux services hospitaliers et quasiment toutes les maisons de retraites et tous les hôpitaux et cliniques psychiatriques deviennent peu à peu comme des sortes d'usines des soins où le travail est forcément bâclé, à la chaine, sans plus de considération aucune ni de temps pour le sujet humain malade et/ou âgé... Je ne suis pas un pourri, je le sais, mais je le deviens dans ce système qui m'est imposé... En matière de décadence morale, le médical ne le cède en rien au judiciaire, vous pouvez me croire. Et pourtant, comme dans le judiciaire, il s'y trouve des soignants médecins, infirmier(ères) et autres d'une éthique et d'une déontologie formidable. Mais est-ce -sera-ce?- suffisant ?
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 12 août 2008 à 22:19
Véronique,
Ne pas oublier que le terme de magistrat en vocabulaire institutionnel ne se restreint pas à la seule fonction publique judiciaire telle que nous la concevons : le maire est le premier magistrat de sa commune et, à ce titre, dispose des pouvoirs d'un officier de police judiciaire, il peut réquisitionner la force publique, il peut procéder à une arrestation. Le président de la République est le premier magistrat de France et c'est à ce titre que, jusqu'à la dernière réforme constitutionnelle, il présidait le CSM.
L'art 64 de la constitution garantit l'indépendance de l'autorité judiciaire et non l'indépendance des magistrats. Par autorité judiciaire, il faut entendre les décisions des magistrats qui doivent être exécutées avec le concours du pouvoir exécutif si besoin est. La seule mention d'indépendance des magistrats concerne les juges du siège qui, étant inamovibles, sont théoriquement à l'abri des foudres du pouvoir exécutif. Rien ne peut empêcher un juge d'instruction, soutenu par son président de cour d'appel de mener les investigations qu'il souhaite. En revanche, un procureur ou un avocat général qui ne se plie pas aux injonctions peut être muté d'office.
Je puis avoir confiance en certains magistrats, mais certainement pas en l'institution judiciaire : les hommes sont parfois meilleurs que leur institution.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 12 août 2008 à 12:11
@ Jean-Dominique
Quand bien même le Parquet est organisé de façon hiérarchique jusqu'au garde des Sceaux, l'article 64 de la Constitution rappelle que les magistrats du Parquet sont des magistrats. Ils appartiennent à l'ordre judiciaire et sont séparés et indépendants de l'exécutif.
Je reviens à la note de Philippe.
Mon intention n'est pas de dire que l'intervention du procureur de Bourg-en-Bresse que j'ai entendue sur France Inter a transgressé ce principe de séparation et d'indépendance.
Mais dans les développements de son intervention, un trop suggérait pour l'auditeur que la fonction de procureur de la République était brouillée. Au sens où un statut de magistrat garantit le respect des droits et des libertés individuelles.
La position de magistrat porte en elle une promesse d'impartialité. Je sais que l’expression spontanée : "je fais confiance à la justice de mon pays" peut faire rire tout le monde (1). Je pense malgré tout qu’elle n’est pas vaine et vide de sens. Elle aussi, limite et encadre le judiciaire.
(1) Je suis certaine qu'Aïssa, lisant cela, est mort de rire, et qu'il est en train de se rouler par terre.
@ Aïssa
Est-ce possible d'imaginer juste un quart de seconde que des magistrats du Parquet peuvent également et simplement être des magistrats animés par quelque chose qui les dépasse un peu ?
Ce quelque chose pourrait être le besoin humain et la nécessité - comme pour vous dans votre profession - de s’inscrire dans un idéal structuré par une éthique et par une déontologie.
Je ne vois pas au nom de quoi, en tant que soignant, vous seriez le seul à avoir besoin de cette dimension dans votre pratique professionnelle quotidienne.
Rédigé par : Véronique | 12 août 2008 à 08:12
Non Véronique, ce sont les juges du siège (c'est-à-dire ceux qui rendent les jugements) qui sont théoriquement indépendants. C'est une confusion de votre part.
Le parquet est par nature soumis à la volonté du souverain qui est, en France, le peuple par la voix de ses représentants. Le parquet poursuit au nom de la société et c'est donc la société qui lui dit s'il convient ou non de poursuivre.
C'est un principe de philosophie politique, auquel les Américains se sont frottés en instituant en 78, après le Watergate, la charge de procureur indépendant. Après les aberrations de l'affaire Clinton/Lewinsky, cette charge a été supprimée en 99, preuve que l'exercice a des limites.
En effet, peut-on concevoir que la société, représentée en justice par le procureur, soit distincte de la même société représentée en politique par ses élus ? Cela ne peut se concevoir que dans le cadre d'une légitimité démocratique et il faudrait pour cela que les procureurs soient élus et responsables (donc révocables) par les citoyens...
Ce qui cloche dans notre système n'est pas la subordination du parquet au gouvernement mais les porosités entre siège et parquet qui permettent à un magistrat de faire carrière dans l'un ou l'autre corps. Bonjour la schizophrénie ! La séparation du siège et du parquet est une condition indispensable à l'équilibre des distances : le procureur représente l'intérêt général, le justiciable l'intérêt particulier et le juge est à équidistance entre les deux en déterminant l'individualisation du jugement (le particulier) dans le cadre de la loi (le général).
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 11 août 2008 à 17:00
Philippe, je me permets de reproduire un extrait d'une circulaire ministérielle que les auteurs des deux livres que j'ai mentionnés, citent.
Extrait de "Le système pénal" de Jean-Paul Jean :
"Henri Chéron, garde des Sceaux *, dans une circulaire du 24 novembre 1930, s'étonne de ce que les procureurs s'abritent derrière la Chancellerie et n'exercent jamais de poursuites dans les affaires importantes sans son aval :
"Que le ministère de la Justice soit consulté sur des questions de droit, sur l'application des lois nouvelles, sur des mesures d'administration générale, et tenu très exactement au courant des faits importants qui se produisent dan un ressort, rien de plus normal. Mais j'entends, en matière de poursuites pénales, quelles que soient les personnes en cause, que les chefs de parquet décident selon la seule inspiration de leur conscience, dans le cadre des prescriptions de la loi. Dans ma pensée, cette mesure est destinée, en développant le sentiment de responsabilité chez les représentants du ministère public, à élever leur conscience professionnelle et à fortifier l'indépendance de la magistrature"".
* de novembre 1930 à janvier 1931 et de février à octobre 1934
Ben oui, je sais... c'était au siècle dernier. Euh, je n'ai pas trouvé plus récent.
Rédigé par : Véronique | 11 août 2008 à 13:26
"Quand Rachida Dati dit qu’elle est le patron de Philippe, elle dit la vérité. Mais c’est une forme de direction sophistiquée, tout en nuances et très particulière. Cette ambiguïté et cette complexité faites de tensions sont, selon moi, nécessaires à conserver."
Admettons que le garde des Sceaux soit en effet le Chef des parquetiers et pensons le fait à l'image dont les chefs de service ou de département dans des centres hospitaliers et universitaires nommés par cependant arrêté, et non par décrets présidentiels contresignés par le Premier ministre comme dans le cas des membres du gouvernement, sont en effet des chefs de service !!
Est-ce que vous pouvez les imaginer venir interrompre des consultations ou des opérations en cours pour expliquer aux praticiens en action comment ils doivent s'y prendre, ou encore modifier d'autorité les listes d'attente de dons d'organe en fonction de l'humeur dans laquelle les auront mis au petit déjeuner, ces corn flakes inventés en 1897 par John Kellogg pour nourrir ses quatorze frères et réputés à l'époque avoir un effet an-aphrodisiaque, parce qu'ils auraient croustillé de travers ?
Or, le croustillant qui serait "lié à la structure microscopique de la paroi des alvéoles et à l'agencement de ses divers constituants, protéines et amidon, agencement qui peut différer d'une variété de maïs à l'autre", est donc difficilement maîtrisable par les temps qui courent !!
Rédigé par : Catherine JACOB | 11 août 2008 à 10:43
@ Catherine
Très loin de moi l'idée de penser qu'un procureur qui a supervisé une enquête comme celle de l'assassinat de Valentin devrait être impassible et froid dans les informations qu'il communique aux médias.
L'homme ou la femme a le droit d’être dévasté par ce qu'il a vu et par ce qu'il a compris.
Encadrer sa propre analyse, discipliner son bouleversement intime et savoir s'arrêter à temps dans l’information demandent un effort humain puissant. Je ne dis pas que cela soit simple.
Mais la fonction de procureur implique la sobriété et la maîtrise du juste nécessaire dans l'information.
Nous ne pouvons pas d'un côté :
réclamer à l'Institution judiciaire l'observation de principes qui fondent notre droit : la séparation et l'impartialité de l'autorité judiciaire.
Et de l'autre, considérer que les magistrats du Parquet, en raison de leur positionnement particulier, soient affranchis de l’observation de ces règles premières.
Ou alors il faut imaginer deux corps judiciaires distincts l'un de l'autre.
Mon intention n'est pas de faire dans le formalisme étroit. Je ne sais pas exactement à quel stade de la procédure, le juge d'instruction supervise à son tour les investigations. Je pense cela intervient quand il est nommé.
La chronologie, le découpage et les temps judiciaires doivent être simplement respectés.
@ Jean-Dominique
Ce n’est pas moi qui dit que les magistrats du Parquet sont indépendants. C’est la Constitution.
Maintenant, que le statut des procureurs par rapport aux gardes des Sceaux et aux pouvoirs politiques successifs ait évolué depuis 1958, je ne le discute pas.
Quand Rachida Dati dit qu’elle est le patron de Philippe, elle dit la vérité. Mais c’est une forme de direction sophistiquée, tout en nuances et très particulière. Cette ambiguïté et cette complexité faites de tensions sont, selon moi, nécessaires à conserver.
Rachida Dati est chargée de faire appliquer par les procureurs la politique pénale du gouvernement. Mais ce sont les procureurs qui ont la maîtrise de l’opportunité des poursuites.
Philippe corrigera au besoin.
Je pense qu’en aucun cas, dans tel ou tel procès, RD ne peut contraindre Philippe à requérir une peine directement inspirée par l’appréciation personnelle du ministre ou du Politique.
" Paroles d’un procureur " d’Erick Maurel, (collection Témoins - Gallimard), et paru très récemment : " Le système pénal " de Jean-Paul Jean (collection Repères - La Découverte) éclairent bien sur la question de l’indépendance du Parquet en... complexifiant les choses. Le livre de J.P. Jean est une synthèse très abordable pour les non juristes. Celui d’E. Maurel, une approche plus personnelle.
Je sais que vous penserez et que vous me répondrez que des livres ne sont que de la théorie et que la réalité est autre. Mais pour ce qui est de leur indépendance, ces deux magistrats du Parquet ne la remettent pas en question.
Rédigé par : Véronique | 10 août 2008 à 08:52
Dame Véronique et chère greffière,
Le Parquet n'est pas plus indépendant qu'un préfet, c'est d'ailleurs ce qu'à tenu à rappeler R. Dati au commencement de son éclatant mandat. Les procureurs et consorts représentent la société, poursuivent au nom de la société dont le mandataire est le pouvoir exécutif. Dans la justice administrative, le procureur s'appelle d'ailleurs "commissaire du Gouvernement", ce qui a le mérite de la clarté.
La seule indépendance du parquet reste dans la parole, qui demeure libre. Si un procureur reçoit une instruction écrite de son ministre pour requérir dans un sens, le procureur a la possibilité, lors de l'audience, de commenter plus ou moins les instructions, tout en étant absolument contraint de requérir ce qu'on lui a ordonné.
Après, il peut aller faire des mots croisés car sa carrière risque de traîner la patte...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 09 août 2008 à 10:30
@Véronique
"Mais je pense que faire valoir son indépendance, quand bien même un enfant a été sauvagement assassiné, quand bien même la configuration hiérarchique reste pesante, eh bien, c'est précisément une séparation intellectuelle, faite nécessairement de tensions et de conflits intérieurs ou intimes avec les horreurs du réel et les logiques du Politique, que j'espère de la part d'un magistrat."
Votre paragraphe me paraît en effet énumérer l'ensemble des tensions contradictions auquel peut se voir soumis un magistrat et qu'en d'autres matières que le droit, on appellerait un 'Double Bind' ! Pour résister longtemps entre le marteau et l'enclume il faut tout même une sacrée trempe, mais quel tranchant effilé que celui de l'épée qui n'en sortira pas brisée ! C'est là que le mot de Nietzsche ' ce qui ne tue pas rend plus fort', me paraît prendre tout son sens ! Le problème de la magistrature c'est toutefois aussi, du point de vue du public : pour une épée combien de résidus de coulée et de simples gueuses de fonte qui ne sauront qu'écraser... dans tous les sens du terme !!
Je voudrais souligner aussi le fait que quelle que soit sa cause, maladie, accident, négligence professionnelle, homicide involontaire, meurtre à divers degrés de sauvagerie, la mort d'un enfant à quelque âge que ce soit est quelque chose dont on ne se remet guère et il n'existe pas de gradations dans la souffrance qui serait fonction des modalités du trépas ! Je connais deux amies dont l'une a perdu son enfant victime d'un autostoppeur qui l'a assassinée elle et son compagnon pour les voler et l'autre qui a perdu le sien parce qu'un gardien de morgue a placé dans un tiroir réfrigérant ce qu'il a pris pour un cadavre sur la seule foi du diagnostic du camionneur qui lui a amené la victime d'un accident de la route dont, prétendait-il, il ne sentait tout d'un coup plus le pouls, vu que la structure hospitalière en question était en grève et qu'aucun médecin n'était disponible dans les parages ! (Rassurez-vous, dans ce dernier cas il ne s'agit pas de la France, et pas non plus du Japon). Pensez-vous qu'il y ait une différence dans la souffrance des deux mamans, dont l'une a cependant eu droit à un procès et l'autre non ??
Dans le même ordre d'idées, pensez-vous qu'il existe une différence dans la souffrance de la maman du bébé de huit mois victime accidentelle du jet de pierres de deux pré adolescents, cependant majeurs pénaux de treize ans, et celle de la petite fille âgée de 12ans, ce me semble, victime de la chute d'une branche parce que les moniteurs de sa colo n'avaient pas pris suffisamment au sérieux l'alerte météo et mis les enfants à l'abri, ainsi que de ces deux douleurs avec celle de la maman du garçonnet victime présumée du couple halluciné ?
La souffrance de chacune de ces mamans est infinie, parce que leur amour est lui-même infini !
C'est pourquoi cet infini ne peut pas être la mesure du traitement que recevra de la part du magistrat compétent chacune des personnalités en cause dans chacun de ces scandales et qui ne saurait malgré tout consister en l'application d'une peine infinie, vu que ce dont me paraît devoir s'occuper en priorité ce dernier, ce n'est pas de 'vengeance' mais de réparation du trouble intervenu dans le lien social, ce lien dont chacune des extrémités est partie prenante interactive. Je conçois bien que ce soit mal dit, mais c'est je n'ai pas d'autres mots pour l'instant.
Rédigé par : Catherine JACOB | 09 août 2008 à 09:41
On passe un peu vite sur les comportements inadmissibles du début de l'enquête, la suspicion envers la famille, perquisition même sur le lieu de travail de la maman, scellés sur les voitures des parents, est-il nécessaire de partir dans tous les sens et de jeter l'opprobre sur des parents et leurs proches ? Ceux qui adressent des félicitations ont la mémoire très courte ou très sélective.
Quant à l'exploitation faite par les dirigeants, c'est affligeant.
Rédigé par : philippe pubellier | 08 août 2008 à 14:34
@ Catherine
Une conférence de presse n'est pas une audience judiciaire.
Dans votre hypothèse - argumenter un réquisitoire avant même le début d'une l'instruction -, le magistrat a le choix intellectuel de placer sa communication dans un cadre qui limitera son intervention.
Je n'ignore pas les rapports subtils, complexes et ténus qui lient les procureurs au pouvoir politique.
Mais les magistrats du Parquet sont indépendants. Ils garantissent par cette indépendance le respect des libertés individuelles.
Même si la marge de manoeuvre d'un procureur est réduite, il ne peut pas, selon moi, se désengager de son espace intellectuel d'indépendance qui le sépare du Politique.
Sauf si le rôle des magistrats du Parquet, pour l'action judiciaire, doit être confondu, avec celui, par exemple, des préfets. Auquel cas, le citoyen, l'auditeur, le téléspectateur, le lecteur sait alors clairement qui parle. Pour cela, il faut transformer la structure judiciaire de notre pays.
Je suis incapable d'avoir un avis pertinent sur l'opportunité d'une telle transformation.
Mais je pense que faire valoir son indépendance, quand bien même un enfant a été sauvagement assassiné, quand bien même la configuration hiérarchique reste pesante, eh bien, c'est précisément une séparation intellectuelle, faite nécessairement de tensions et de conflits intérieurs ou intimes avec les horreurs du réel et les logiques du Politique, que j'espère de la part d'un magistrat.
Par ailleurs nous savons que les conférences de presse ne sont pas pensées et mises en place dans les désordres du bruit et de la fureur. Elles répondent à des méthodes et à des stratégies de communication. Dans un tel environnement d’abord fait de technicités, un procureur de la République doit savoir, selon moi, rester le patron de son propre espace judiciaire et intellectuel.
Rédigé par : Véronique | 08 août 2008 à 08:45
Rien à voir avec cette malheureuse histoire mais tout aussi désolant, lu sur :
http://www.continentalnews.fr/actualite/sacres-ados,139/deux-adolescents-incarceres-apres-la-mort-d-un-bebe-a-bonifacio,1452.html
[...]Deux adolescents de 13 et 14 ans ont été mis en examen après avoir avoué le meurtre d'un bébé de 8 mois à Bonifacio[...]
Rédigé par : Cameleon | 07 août 2008 à 22:59
Je ne connais pas ce procureur de Bourg-en-Bresse mais il est sûr qu'il a une bonne tête, il passe bien à l'écran, une disposition physique à bosser chez l'Oréal ou LVMH... Pas le genre à compliquer les choses au gouvernement. Docile, conciliant, dans les clous, la carrière... C'est mon impression. Elle ne préjuge en rien du fait qu'il est certainement touché humainement, personnellement, par ce meurtre... Mais ceci est une chose ; ce qui précède, une autre... Je me demande ce qu'il peut y avoir dans la tête de Van Ruymbeke en ce moment, ce juge au grand "J"... Dans sa tête et dans celle de tous ceux et celles qui ont eu à traiter de cette affaire... Elf, les frégates, les rétro-commissions à milliards partagées entre copains, la "putain de la République", Christine (dixit elle-même dans son livre), Dumas son ex., etc. Ce gouvernement est formidable : il a une de ces façons radicales de faire table rase de ces casseroles qui traînent traînent traînent de Parquets en cabinets... Le Parquet, là encore, est mis à contribution... Ah dia, Parquet! Hue, au petit trot ! A la grande eau, qu'on nettoie cette fange qui souille les ors... Cette fois, c'est celui de Paris ; le Parquet de Paris comme on dit le savon de Marseille... Je le savais matou mais là c'est ronron également... C'est du ficelé, comme on dit, un vrai saucisson... "Monsieur est servi". "Monsieur", c'est le gouvernement. Quand même, tout ce bruit et cette fureur pour rien, finalement, un pssshitttt, un peu de fumée... Ces années de procédure, ces greffières usées jusqu'au rimmel, ces photocopieuses explosées, ce papier gaspillé, ces Van Ruymbeke lessivés... Ces nombreux suicidés car cette affaire, comme toute affaire de l'Etat qui se respecte, ne pouvait faire l'économie de son lot de macchabés... De quoi ce gouvernement est-il le nom ? Moi, je le sais. Des soldes. On solde le passé, du propre, du neuf désormais, du qui luit... comme un beau Parquet. Dans le fond, tout ceci n'est pas bien dramatique (sauf la mort de tous les Valentin, bien sûr) ; le prix du gasoil va encore augmenter et celui de l'électricité... On remet le pays d'aplomb ; le Parquet sert de fil à plomb ... J'ai trouvé Rachida Dati plus mesurée et digne que feu Poniatowski. Son discours fut moins empreint de terreur mais elle souriait juste après, j'ai trouvé cela singulier... Alliot-Marie est une guerrière ; aimée jusqu'à la Légion étrangère... La Force femme (Attention les plagiaires ! Je dépose la formule et ici même, sur le blog du procureur...). La Force femme, donc. Elle a du chien, comme on dit, de l'allure... Soljenitsyne, encore. Il n'aurait pas écrit publiquement le dixième de ce que je viens d'écrire ci-dessus qu'on l'aurait fusillé "légalement" en cet obscur temps de l'Archipel... On vit quand même dans un beau pays quant à cette liberté-là... Les couacs, Parquets nettoyeurs et autres reluiseurs, cireurs de chaussures à huit mille euros la paire, bonimenteurs discrets ou médiatiques, "poum poum et tra la la", on s'en fiche. Reste les Valentin... Restera souvent les Valentin. Hélas ! Reste l'insoutenable tristesse...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa lacheb-Boukachache | 07 août 2008 à 20:07
Bonjour,
A chaque commentaire sur ce sujet, la presse en prend pour son grade.
Le tragique destin du petit garçon est plus important que le fait de trouver d'autres responsabilités que celles du meurtrier après le drame.
Bonne journée.
Rédigé par : Ktrin | 07 août 2008 à 16:02
Vos observations sur cette affaire me touchent particulièrement, M. Bilger. Depuis quelques années, je m'efforce - m'évertue ?- à mettre en place un système d'information dédié à l'information à caractère vital.
D'une certaine manière pour éviter justement les effets de médiatisation parfois nauséeux, cette précipitation au scoop...
Je pense cependant qu'une société de l'information digne de ce nom devrait lorsqu'il y a "enjeu humain", être capable de temps réel, et, s'agissant de temps réel, de maturité...
A un moment ou à un autre, j'envisageais de vous informer de cette initiative un peu solitaire, mais que je considère d'avenir, à laquelle j'entends adjoindre un volet judiciaire (par exemple sur les disparitions d'enfants, les appels à témoin (braquages très violents, attaques contre des fourgons de transports de fonds, etc), pour développer quelque chose de "propre" et efficace au bénéfice des gens.
J'attends de voir, sans en attendre beaucoup, si j'obtiens un écho favorable de la part de la PQR... Mais bon, sans illusion.
D'ailleurs, cette information à caractère vital ne devrait pas être l'objet d'enjeu médiatique à mes yeux...
A bâton rompu, et bien que son entreprise mériterait quelque développement, je pense que Google Maps, avec son système de géolocalisation est en passe de damer le pion au médias en prenant de la hauteur sur le monde.
Rédigé par : daniel ciccia | 07 août 2008 à 11:19
Ce matin, durant la pause café, mes collègues ont apparemment pris de travers le fait que le suspect principal était à ce jour présumé innocent... Il n'avaient pas pris conscience qu'il était de la compétence d'un juge (ou d'un jury d'assises) de déterminer si un prévenu était coupable ou non.
Le problème de ce genre d'affaires, c'est que l'on condamne bien trop tôt les accusés avant même qu'ils soient jugés.
L'ogre médiatique crée beaucoup de coupables, mais trop peu de présumés innocents. L'enquête de la police n'est probablement même pas terminée, et encore moins l'instruction...
Quid du secret de l'instruction, d'ailleurs ?
Rédigé par : chipster | 06 août 2008 à 23:19
Cette course de vitesse de deux ministres sur le lieu d'un crime a quelque chose d'"indécent" (il ne s'agit même pas de critiquer politiquement le choix de se rendre sur place mais de constater que le malheur est déjà suffisant et qu'ajouter du "buzz" au "buzz" est assez maladroit).
L'actualité est en vacances entre la fin du Tour de France et les Jeux Olympiques. Un fait divers est donc le bienvenu pour l'audience et les ventes. Il est cependant assez étonnant que tous les journaux télévisés et radiophoniques fassent leurs titre pendant 5 ou 6 jours sur le meurtre (sordide) par un déséquilibré d'un enfant de 11 ans qui se promenait sur son vélo à minuit.
Chaque jour, 2000 personnes meurent en France dont 6 à 10 à la suite d'homicides volontaires et 30 à 50 de mort violente (accidents de la circulation, du travail, domestiques, etc...) et un peu plus par suicide.
La mort violente d'un enfant, surtout à la suite d'un meurtre, est maintenant immédiatement médiatisée comme si les médias craignaient (ou peut-être espéraient...) une nouvelle affaire Grégory, un nouveau Dutroux ou un nouveau Fourniret...
Curieuse société où les médias doivent décrire l'horreur pour vendre ou faire de l'audience... Il ne s'agit pas de les critiquer car ils s'adaptent à la "demande" (voir le succès croissant des émissions de télévisions reprenant les grandes affaires criminelles des dernières années). Mais je ne suis pas certaine qu'en mettant en avant avec une réelle insistance (voire avec complaisance...) les faits divers, les médias aident la Justice - mais également le corps social dans son ensemble - à "prendre en charge" les auteurs (présumés... mais quid de la présomption d'innocence) de tels faits et, plus encore, l'entourage des victimes.
Les reportages télévisés "scénarisent" maintenant ces faits divers (cf les micro-trottoirs - avec évocation logique de la peine de mort -, les interventions des envoyés spéciaux - visage et voix de circonstance - avec en arrière-plan le Palais de justice ou la gendarmerie, les déclarations éplorées des proches de la victime, etc...).
Politiques et magistrats eux-mêmes pourraient peut-être éviter d'ajouter à l'émotion, rester sobre et utiliser le conditionnel plutôt qu'ajouter à la fureur. Outreau n'est pas si loin et la présomption d'innocence n'a pas (encore) été abolie...
Si l'emballement se poursuit, il faudra recréer un secrétariat d'Etat aux victimes. On a pourtant déjà donné et cela a abouti à l'affaire, pas si ancienne, du R.E.R. D...
Rédigé par : anne l | 06 août 2008 à 22:10
En France, rien de nouveau. C'est le contraire qui eut été étonnant. Ne vous souvient-il pas cet extraordinaire gros plan télévisé de M.Poniatowski alors ministre de l'Intérieur réclamant explicitement la tête de Patrick Henry arrêté la veille ? Et plus récemment, l'instrumentalisation au si mauvais scénario du viol du petit Anis... Le père quasiment transféré du Nord-Pas-de-Calais à l'Elysée pour poser avec le président sur le perron... En l'occurrence, ce qui était sidérant, c'est qu'on y voyait ce père satisfait (de quoi ? Nul ne sait), presque souriant sur le faubourg Saint-Honoré... Une des proches collaboratrices de Ségolène Royal raconte qu'alors en campagne pour l'élection présidentielle, cette dernière s'était exclamée à un PS président du Conseil général d'à coté le sien où venait de se produire un terrible viol d'enfant : "Ah, vous avez de la chance ! Si j'avais ça en ce moment "chez moi" !....". "Les grandes joies comme les grandes douleurs sont muettes", c'est qui qui a écrit ça ? Lamartine, peut-être. Je ne sais plus. Vous "billetez" dans le désert, cher PB ; votre voix ne pèse pas lourd face à un strapontin, un portefeuille, les affaires quoi... La mienne encore moins. Celle de personne finalement, pas même celle des victimes ou leurs survivants... C'est nos moeurs... Sales habitudes.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 06 août 2008 à 21:46
@PB
"et il pourrait, il devrait continuer à l'accomplir dans la solitude, celle d'une institution qui sait ce qu'on attend d'elle et quelles sont ses obligations."
Obligations ? vous avez dit obligations, comme c'est étrange…
Ah... si les hommes qui composaient la justice ne se compromettaient pas avec les médias...
Si la sérénité qui sied à cette justice était aussi le fait des hommes (et des femmes) qui la composent, très certainement aurait-on moins de "bruits", plus de présomption d'innocence, plus de compassion pour les victimes du drame qui les frappe.
Non au lieu de ça on a moult et moult déclarations toutes plus péremptoires les unes que les autres, toutes marquées au coin du "tirage de vente", toutes frappée du "tu m'as vu à la télé hier soir ?"
A l'envie de vomir devant un tel acte odieux, se rajoute une autre envie de vomir... celle que suscite l'attrait malsain du qu'en dira-t-on, de la rumeur, du "il paraît que…" et pire, qui se gargarise en frémissant d'aise du "vous connaissez pas la dernière ?"
Il semblerait que le mot "compromission" soit devenu un peu désuet... surtout quand on a besoin d'expédients médiatiques pour prouver qu'on existe, comme si la fonction ne permettait pas à la personnalité de s'exprimer.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 06 août 2008 à 18:39
La parole du procureur a été fréquente et détaillée, trop aux yeux de notre hôte, mais elle a permis de « fixer » les médias c’était peut-être le prix à payer, entre deux maux….
Il y a eu fort peu d’électrons libres localement pour perturber la remarquable enquête de la gendarmerie.
Après le bug de départ dû à un médecin urgentiste distrait ou ne pouvant simplement imaginer le pire, les gros moyens ont été mis en œuvre tous azimuts, scientifique, travail de terrain… etc.
Certains ont du repousser leurs vacances, mais quel bon travail !
Il faut le souligner et une part du crédit revient à ce procureur coordinateur qui lui non plus n’a pas dû beaucoup dormir, investi comme il a semblé l’être (même s’il n’a pas l’aisance d’un autre bien connu de nous devant caméras et journalistes ;).
Quant aux ministres, rien de choquant à mon avis, et puis, si ce n’était eux, NS faisait le déplacement, c’est sûr. Il se tenait paraît-il informé de l’affaire en temps réel.
Il faudra s’y faire (une "jurisprudence" qui s’installe et qui a plus de valeur à mes yeux que celle de Mitterrand relative aux terroristes italiens). On aurait sans doute eu alors un billet acide de PB.
Par ailleurs, les shows des ministres sont intervenus « à la fumée des cierges » RD a opportunément rappelé a la famille mais aussi aux Français que quel que soit l’état de responsabilité au moment des faits de cet illuminé il y aurait procès et au pire rétention de sûreté ce qui est bien le moins. Après tout, elle a mouillé la chemise pour cette loi.
MAM aurait pu être plus cruelle à l’intention de tous ceux qui grimpent aux arbres chaque fois qu’on parle d’ADN ou de vidéo surveillance.
Alors oui :
Les moyens techniques scientifiques et humains semblent avoir été bien utilisés et remarquablement coordonnés.
Les médias n’ont pas divagué et sont restés boire à la source.
Les ministres ont interrompu ou différé leurs vacances pour concrétiser leur implication personnelle directe et celle du gouvernement (souvenez-vous de la canicule de 2003 du délai de réaction et des critiques). Mais il faudra tenir la distance, pour les cas équivalents, il y aura nécessité de même type de traitement.
@ Thierry SAGARDOYTHO
Le cas de Chantal SEBIRE est tout à fait différent. Sans nier son calvaire, son drame et sa souffrance programmée, les enjeux et les objectifs étaient autres.
Je vous invite, si vous avez du temps (beaucoup), à regarder sur le site de l’Assemblée Nationales les vidéos des auditions de la « Mission d’évaluation de la loi n° 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie »
Rédigé par : LAZARE | 06 août 2008 à 18:03
Effectivement, le battage médiatique n'apporte rien à l'enquête, et ne peut que nuire à la sérénité de la famille et de la justice (ce qui se rejoint à moyen terme).
Votre billet le rappelle à juste titre, tant l'émotion peut être forte et conduire à un tapage forcément indigne.
Rédigé par : ElDesdichado | 06 août 2008 à 12:29
Oh comme je suis d'accord avec vous. Sans oublier le coup de fil du président de la République aux parents. Un coup de fil, à la limite, mais combien est indécent ce communiqué de l'Elysée qui relate ce coup de fil, quelle vulgarité.
Il ne vous aura pas échappé cependant que l'exécutif actuel choisit ses causes et en dirige le processus judiciaire sans vergogne. Causes que l'on voudrait discrètes comme Bernard Tapie ou le non-lieu sur les frégates de Taïwan, causes que l'on médiatise comme les faits divers en intervenant avec force tapage. Le parquet prend désormais des réquisitions purement politiques (telle la mise en liberté de Marina Petrella, que j'approuve mais que je trouve cocasse) en dépit du contenu des dossiers. L'apathie générale permettra de renforcer cette tendance au cours du mandat.
La vue du petit visage de Valentin m'a fait très mal. Une petite bouille adorable.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 06 août 2008 à 12:09
Dans cette frénésie politico-médiatique, le plus frappant est le manque de compassion pour toute cette souffrance ; pour celle de l'enfant d'abord et pour celle de tous ceux qui l'aimaient. La fureur, le mot est juste.
Vous pourriez aussi parler d'indécence face aux longs plans sur les traces de sang du petit garçon et dont on ne peut comprendre ce qu'ils apportent à l'information. Vous pourriez aussi parler d'indigence intellectuelle en entendant des journalistes prétendre que les parents ont été relâchés, ce qui suppose qu'ils aient été arrêtés et donc laisse planer une suspicion sur des parents qui traversent la pire des épreuves.
Il est des instants, de plus en plus fréquents, où l'on préfère se tenir éloigné de l'information telle qu'elle nous est "balancée" en pâture.
Rédigé par : Claude | 06 août 2008 à 11:22
@Thierry SAGARDOYTHO
"Peut-être sa visite lundi a-t-elle lancé un peu de baume au cœur des parents du supplicié "
J'ai été frappée par l'emploi du terme de 'supplicié' mais c'est effectivement le mot qu'appellent trente-neuf coups non mortels tout en ayant occasionné des blessures profondes, et une sorte de coup de grâce, le quarantième (?) donc, au voisinage du sternum.
Pourquoi quarante (plus les dix blessures que le petit aurait reçues en tentant de se défendre, si j'ai bien compris?, mais il a sans doute du appeler au secours, et comment se fait-il que ses cris n'aient alerté personne ??); Les incohérences des discours des gardés à vue faisant intervenir du religieux ou du sectaire, se pose quelque part la question de ce à quoi le nombre quarante pourrait en principe faire référence dans l'anéantissement du démoniaque donc si on entend bien le discours de la mère de l'interpellé, qui aurait été perçu sous l'apparence de la jeune victime ? Ce qui paraît à première vue incohérent, obéit parfois à une certaine logique mais si éloignée de la nôtre que nous ne l'apercevons pas de prime abord ? A-t-on fait intervenir un exorciste ? Ce serait un moyen annexe à la psychiatrie (ou à la 'speakiatrie' comme dirait l'une des mères du couple arrêté, sachant que dans 'speak' on peut aussi bien entendre 's'pique'??) de tenter de comprendre et de faire s'exprimer le suspect de façon plus cohérente par rapport au meurtre et à la numérologie. Dans chaque diocèse est en poste en effet un exorciste qui peut officier avec ses 'collègues' des autres religions, il me semble qu'il suffit de prendre contact à cet effet avec l'évêché.
Rédigé par : Catherine JACOB | 06 août 2008 à 11:17
@Véronique
"un procureur n'a pas d'autre choix que de communiquer la progression d'une enquête et de livrer à l'opinion, via l'arsenal médiatique, des comptes rendus d'auditions, alors à mes yeux, la structure de notre système judiciaire est à remettre en question."
A partir du moment où lui ont déjà été communiqués les termes de ses futures réquisitions peut-être n'a-t-il plus d'autres moyens pour donner l'image d'une Justice qui enquête dans l'indépendance que de faire participer l'opinion pas à pas en effet, à la progression de la procédure ??!
Rédigé par : Catherine JACOB | 06 août 2008 à 10:28
"et de l'élaboration pertinente de ses suites."
C'est surtout cela en effet qui me paraît important.
"L'une pour féliciter les forces de gendarmerie,"
Il me paraît normal de féliciter ses troupes quand on est content d'elles, ça contribue à les motiver. Maintenant il n'est peut-être pas nécessaire et même quelque part relativement imprudent, de le faire devant les médias dès lors que tout l'est pas complètement joué !
"l'autre pour rencontrer les parents de Valentin et leur expliquer, ai-je lu, la nature de l'irresponsabilité pénale et les bienfaits à venir de la rétention de sûreté."
De fait on l'a entendu tenir deux discours un peu différents. L'un communiquait au public via médias interposés que leur ministre de la Justice avait pris l'affaire en mains personnellement et intimé au procureur compétent de requérir la perpétuité assorti d'une peine incompressible de trente ans. L'autre expliquant que les personnes placées en garde à vue apparaissaient pénalement irresponsables mais que la nouvelle loi permettait désormais de prendre des mesures de sûreté même à l'encontre d'irresponsables pénaux et d'organiser malgré tout un procès. D'où il était manifeste que la Justice tenait son cas d'école expérimental en matière de mise en accusation des fous et qu'elle n'y renoncerait pas si facilement ! Quoiqu'il en soit cette façon de mettre ainsi à profit l'occasion de faire de la politique politicienne alors que rien n'est joué en fait totalement côté certitudes de culpabilité, en utilisant des parents sous le choc, d'un côté comme de l'autre, m'est apparue à la fois indécente et risquée !
Avant l'identification des personnes finalement arrêtées en effet, la maman de la petite victime avait lu un papier : "Nous vous demandons de ne plus nous solliciter etc... et de nous laisser à notre chagrin etc..."
Après l'identification des personnes finalement arrêtées, la maman de l'un des membres du couple placé en garde à vue a donné des explications qui sortaient tout droit d'un discours psy : "Ce n'est pas un petit garçon qu'ils ont vu et auquel ils se sont attaqués - s'il s'agit bien des auteurs des faits donc - mais à quelque chose qu'ils ont perçu (ou pu percevoir) - fameux 'perceptum' lacanien - comme une menace pour eux." Autrement dit, le petit était au lieu de la projection fantasmatique du psychotique à laquelle il aurait permis de donner corps, le sien hélas, et pour son malheur !!
"D'une part elle ajoute un poids au lieu de laisser la souffrance tranquille. D'autre part, imposant en surnombre le politique, elle réduit la singularité de la procédure au profit d'une exploitation pas forcément démagogique, en tout cas inutile d'un drame qui se suffit à lui seul et dont ses gestionnaires naturels avaient déjà pris la mesure."
Rassurez-vous il était tout à fait évident pour tout un chacun que les dits 'acteurs naturels' avaient pris non seulement 'la mesure' du drame, mais également 'les choses très à cœur'!
On ne peut qu'approuver également chaque mot et chaque virgule de la suite de votre billet qui demande toutefois pour être complètement entendu, autrement dit avec profit, une oreille qui ne soit pas gênée en effet par "la fureur et le bruit" !
Rédigé par : Catherine JACOB - IV | 06 août 2008 à 10:21
Sir,
On reading your words this morning, my thoughts wer , ‘at last words of true compassion and respect for this so very tragic even .’
You have said all that needs to be said, my most sincere thanks.
T.
"Traduction avec un dictionnaire d'internet. Je n'écris pas le français"
Monsieur,
À la lecture de vos paroles ce matin, mes pensées ont été, "enfin les mots de la vraie compassion et respect pour ce très tragique événement."
Vous avez dit tout ce que doit être dit, mes plus sincères remerciements.
T.
Rédigé par : Thalia | 06 août 2008 à 09:30
C'est exactement ce sentiment qui s'empare de moi, car depuis fort longtemps, les "affaires judiciaires" sont relayées par un incroyable tapage médiatico politique, qui me désespère.
Qu'on ne vienne pas me dire, que pour les parents de Valentin, il est réconfortant de voir la garde des Sceaux débarquer dans leur salon, pour leur expliquer ce qui va se passer.
Que dire de l'indépendance des magistrats dans cette affiare, puisqu'en quelques minutes notre garde des Sceaux bien-aimée aura "solutionné" l'affaire et rendu son verdict sur le crime, les faits, la condamnation potentielle et le bienfait d'une loi qui pourrait s'appliquer...
Tout cet emballement doit cesser, pour le bien des gens concernés, pour le bien des victimes, pour le bien de la Justice...
Monsieur Bilger, je partage donc, votre sentiment sur ce dossier, qui je l'espère, ne finira pas en pugilat...
Rédigé par : Guile | 06 août 2008 à 09:15
Un bruit qui, de plus, risque de faire oublier que parallèlement à ces déclarations valorisant la rétention de sûreté, la justice s'éloigne des citoyens, des tribunaux ferment, les moyens diminuent notamment ceux donnés à la prévention. On a fermé des lits en psychiatrie, on va les retrouver en rétention de sûreté ? Il faudra cependant attendre qu'il y ait autant de faits criminels !
Rédigé par : saperli | 06 août 2008 à 09:07
Nous vivons dans une société médiatiquement compassionnelle. Heureusement que l'assassin présumé a semé diverses traces de son ADN car l'enquête a pu être résolue dans le temps médiatique du fait divers : pour une fois, temps médiatique de l'info et temps judiciaire de l'enquête sont allés de pair. Mais dans le cas où l'enquête se serait révélée plus ardue, ou bien dans le cas où aucun ADN n'aurait été identifié, ce fait divers aurait été périmé médiatiquement au bout de quelques jours car le bruit et la cadence médiatiques sont tels que la date limite de consommation, en terme de fait divers, est rapidement dépassée. Reste évidemment qu'une bonne bavure judiciaire, telle l'affaire VILLEMIN, réussit à entretenir le suspense pendant des années voire des décennies mais c'est assez marginal. Ceci étant, le procès pénal, s'il a lieu, ne peut se résumer au bruit de l'enquête et je vous rejoins en tous points pour considérer que l'instruction doit maintenant se dérouler à l'abri du bruit et de la fureur. Cette communication permanente du Procureur GANDOLIERE me gêne considérablement: à quoi bon ébruiter la localisation des ADN prélevés (élément d'importance) quelques minutes à peine après l'interpellation de deux suspects dont on n'avait pas encore saisi les identités génétiques, au risque de commettre une erreur grotesque s'ils avaient été différents ? En réalité, un point presse lors de la mise en examen suffisait largement. Soit il s'agit d'une volonté de se mettre médiatiquement en avant et c'est alors très inutile de chercher à exister à travers un fait divers car le travail d'enquête exige humilité et prudence, soit l'institution judiciaire développe une politique de communication proche de la cadence des flash de FRANCE INFO, auquel cas, toutes les 7 minutes, chacun sait par avance que M. GANDOLIERE ou un autre prendra la parole ? Quant à la compassion judiciaire et politique exprimée par la GDS, n'oubliez pas, cher Philippe, que Mme DATI s'est proclamée la défenseure des victimes, une sorte de Notre Dame des Victimes, oubliant d'ailleurs que la partie civile au procès pénal est une partie comme une autre et qu'il est des pays en Europe où elle n'a pas accès au prétoire criminel. Peut-être sa visite lundi a-t-elle lancé un peu de baume au coeur des parents du supplicié mais cette démarche, que l'on retrouve surtout en été (vous remarquerez, lorsque l'actualité est plus creuse et le temps des ministres plus disponible...), est dangereuse car elle institue une hiérarchie des faits divers totalement scandaleuse, ceux qui méritent une visite ministérielle et les autres. Dans, ce cas, Pourquoi Chantal SEBIRE, déjà sans doute oubliée, n'a-t-elle pas reçu la moindre visite, laissée dans le désarroi et dans sa souffrance : son calvaire, et la question fondamentale qu'elle mettait en évidence, méritait bien une visite aussi ! D'expérience, et je pense Philippe que vous partagerez mon analyse, quand vient le temps du procès, les invectives ou intrusions politiques dans un dossier, durant l'enquête, polluent davantage qu'elles ne facilitent le travail judiciaire.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 06 août 2008 à 08:51
"Il y a eu de la fureur. S'il pouvait y avoir moins de bruit, ce serait bien."
Ce matin, sur France Inter, je n'ai pas compris l'objet et la nécessité de l'intervention du procureur de la République de Bourg en Bresse, qui nous fait part du contenu des auditions de la compagne du suspect.
Dans cette optique, et pour que les choses soient claires et acceptables quant au positionnement des procureurs, il me semble plus sain et plus cohérent de souhaiter une séparation entre les magistrats du Parquet et ceux du Siège.
Si dans le coeur d'un drame et d'un malheur extrêmes comme celui de cette affaire, un procureur n'a pas d'autre choix que de communiquer la progression d'une enquête et de livrer à l'opinion, via l'arsenal médiatique, des comptes rendus d'auditions, alors à mes yeux, la structure de notre système judiciaire est à remettre en question.
La place de l'Institution judiciaire et de ses représentants est celle de la distance et de la réserve. A moins de considérer que le Parquet doive faire cause commune et se confondre avec le Politique. Il convient alors d'en déduire clairement et les conséquences et les implications.
En écoutant à 7 heures le procureur, j'ai eu le sentiment que décidément, il y a quelque chose de très déroutant et de préoccupant dans cette façon de détailler publiquement, presque complaisamment et médiatiquement les auditions des mis en examen.
Rédigé par : Véronique | 06 août 2008 à 08:25
Le garde des Sceaux pouvait se déplacer comme à son habitude outrageusement maquillée, mais donner face caméra un verdict douteux pour satisfaire son ego et la vindicte populaire est choquant. En compagnie d'une fillette de quatre ans, au retour d'un voyage dans le Sud, son commentaire fut saisissant "Toujours Valentin, Valentin par ci, Valentin par là". C'est simple l'information se résume à deux choses : les Jeux Olympiques et un énième fait divers qui font les délices des commentateurs. Dans les deux cas il s'agit de mise en scène d'excès et d'outrance dont l'objectif est de divertir les spectateurs en occultant les véritables enjeux de société.
Rédigé par : SR | 06 août 2008 à 04:27