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17 septembre 2008

Commentaires

Savonarole

"Charlie Hebdo : Laurent Sourisseau a annoncé qu’il n'y aura plus de caricatures de Mahomet." (17 juillet 2015)

Plus connu sous le nom de "Riss", ce visionnaire rétrograde vient de découvrir la lune.
C'est le privilège des rescapés, après un carnage ils sont intarissables.

Jean-Michel Lemoine

Arrivé sur votre blog par les hasards du surf sur http://valestderetour.wordpress.com/2008/09/19/
charlie-goes-to-hollywood
je ne lis votre texte qu'aujourd'hui.

N'ayant a priori aucune sympathie pour les avocats généraux, je dois dire que j'ai été très agréablement surpris par la nuance de votre analyse du film de Leconte et par son caractère un peu prophétique, au regard des dérives actuelles de Charlie Hebdo.

Soyez-en remercié.

Duval Uzan

Bonjour ,
Vous dites :
"Il y eut tout de même une idée fondamentale exprimée par Richard Malka : elle soulignait l'importance de la distinction nécessaire entre le fait historique et la croyance mais on ne l'a pas creusée car il semblait évident à l'auteur du film qu'elle ne méritait pas davantage."
Pourquoi ne pas creuser davantage nous-mêmes sur ce blog et nous interroger sur le statut d’une religion ?
En effet il importe de distinguer la liberté d’expression et la liberté de croyance de l’incitation au crime au suicide et à la haine.
Je ne pense pas que les deux affaires Siné, soient identiques.
Dans la première ce n’est pas la religion musulmane qui est raillée.
On se moque de ceux qui utilisent le prophète pour commettre des crimes en son nom et promettent des vierges comme récompense. Cela a été dénoncé par les musulmans eux-mêmes, mais pas assez à mon avis (v. Wafa Sultan et autres je rends hommage à leur courage).
Une religion qui prône le massacre du plus grand nombre de juifs ou de chrétiens (ou toute autre ethnie ) ne doit pas avoir droit de cité.
Si l’église catholique se mettait à prôner de tels actes elle n’aura pas droit de cité non plus.
Si au nom des dix commandements on demandait de tuer et de se faire exploser ce ne serait plus les dix commandements et ce ne serait pas les profaner que de les représenter comme Siné l’a fait pour le prophète Mahomet, avec une bombe sur le front et s’en moquer.
La deuxième affaire Siné est tout autre.
Si Siné voulait s’attaquer seulement à Jean Sarkozy pour telle ou telle raison, quel est donc le rapport avec la judéité de la jeune fille ? Et que cherche-t-il a nous faire entendre en criant que Darty c’est du juif !
En quoi trouvez-vous que Siné dénonce un comportement singulier de Sarkozy, en épousant une jeune femme juive ?
Je vous remercie de m’avoir fait relire ce petit ouvrage de Sartre « Réflexion sur la question juive » une merveilleuse analyse du portrait psychologique de l’antisémite. Je transmettrai quelques extraits prochainement.
Je vous cite :
« La politique n'est pas forcément un marigot de crocodiles mais pense-t-on vraiment que ceux qui se plaisent à donner des leçons de morale n'ont pas d'objectif ni de but à atteindre. Les attitudes ne sont pas gratuites et les vertueux apparents ont des desseins profonds. Il y a, en politique, et c'est un poncif, l'affirmation de flatteries ou de considérations qui se doivent d'avoir nécessairement une visée opérationnelle. Même la pure éthique susceptible de créer lien et rassemblement n'est pas dénuée de pesanteurs tactiques. Le désincarné est un voeu pieux et serait d'ailleurs insupportable.
Je vous cite encore :
« Justiciers sans motif, on va devenir des combattants pour rire. Héros de causes factices, on va s'indigner pour de faux chaque jour.
J'ajouterai:
"Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain"
NI LE NOM D’UNE PIPE

DUL UZAN

Cactus fièvreux un vendredi soir

Comme beaucoup j'ai perso plusieurs familles : ma mienne bien sûr et quelques autres , très peu en fait , certaines virtuelles ou j'entre à petits pas feutrés , mâle adroit que je suis :
the Philippe Bilger " virtuelle" Family en fait partie prenante : bien plus d'avantages qu'avec la carte Ikea Family !
là , que du bonus jamais de malus côté non économies d'énergie : tant à lire et à relire !
en bon vieux français , ça nous donne :
la Bande à Philippe Bilger , la BPB , comme au Monde la RDL de monsieur Assouborderline !

Sissi et bon ouiKen avec votre Barbie ou une autre !

sinon : " Enfin, on peut toujours se réjouir de voir la démocratie progresser, comme dit l'autre. Elle l'a fait là. Elle l'a refait face au fichier Edvige. Elle est un peu comme le furet, là et repassant par là..."(daniel ciccia | 19 septembre 2008 at 14:15)
oui mais faut pas trop "fureter" quand même , non ? car certains ne sont jamais repassés pourtant bien là pas las !
Sissi !

daniel ciccia

Je partage le même sentiment qu'Inerius. En fait, à l'époque de ce procès, je me souviens avoir imaginé - aïe, aïe l'imagination - que les magistrats stauent non pas dans l'absolu des principes, mais dans le factuel, parce que le piège auxquels ils étaient pris, c'était justement de rendre un jugement que tous attendaient comme jurisprudentiel et duquel dépendrait un siècle sinon plus de libertés publiques.
Il me semblait et je pense avoir rédigé à l'époque une note là-dessus, que l'on pouvait fonder un jugement sur des faits, le trouble public causé, l'offense incontestable et délibérée, en laissant Voltaire, le siècle des Lumières, la loi de 1905, que sais-je encore - quelques Que sais-je des PUF, etc , etc...
Mais non. C'est ainsi que l'on érige aussi des moeurs d'incompréhension les uns se sentant excessivement imbus et étant confortés dans des prérogatives de protection des libertés collectives et individuelles qu'ils n'ont pas, et les autres s'estimant lésés et dépossédés de quelque chose dont on leur dit, via l'exercice de justice, sur un fait concret et non dans l'absolu des principes, qu'il n'y a rien à réparer car rien n'a été atteint.
J'ai du mal, et je suis farouchement attaché à la liberté d'expression, à me satisfaire de cela.
Peut-être est-il temps de parler de liberté d'expression "positive"???

daniel ciccia

1/ La justice suppose la sérénité des débats. Ce n'était peut-être pas la cas, chacun poussant ses fers au feu au cours de cette période.
2/Je me méfie des débats et argumentaires qui ont une visée "absolument" démonstrative. La réalité est souvent plus nuancée.
3/De tout temps, dans la nature des sociétés et même dans les lois physiques, une action provoque une réaction. D'une certaine manière, la publication des caricatures de Mahomet avait-elle d'autre objet - hormis celui de placer Charlie Hebdo dans une posture de défenseur de la démocratie, de la liberté d'expression, j'en oublie sans doute - que de susciter la réaction de l'islam en particulier et des personnalités religieuses en général.
J'ai trouvé le jugement prévisible. Comme j'aurais cependant été surpris d'entendre à cette occasion des choses - qui n'appartiennent sans doute qu'à l'indicible puisqu'elles ne sont pas dites - différentes et plus profondes que les traditionnels effets de rhétorique manichéenne.
Enfin, on peut toujours se réjouir de voir la démocratie progresser, comme dit l'autre. Elle l'a fait là. Elle l'a refait face au fichier Edvige. Elle est un peu comme le furet, là et repassant par là...

Aïssa Lacheb-Boukachache

Brassens, Brel, Ferré ... Ils manquent. Reste Ferrat mais pour combien de temps; il n'est plus tout jeune. Fred Chichin s'est tiré sans crier gare ... Un second des Pink-Floyd, Wright ... O temps, suspends ton vol!... Il nous reste Mireille Mathieu, précieusement conservée dans la naphtaline ... Et Nique-Ta-Mère qui repartent en concert ... Je me souviens Jessye Norman, magnifique ... Je l'attrape par le cou, grosse bise sur la joue et, voulant immortaliser la scène, lui dis dans mon anglais mâtiné de rabouin: "Hey, Jessye, i want to be make love with you !...". Je voulais dire faire une photo ensemble ... Elle me regarde et éclate de rire mais d'un rire soprano, un rire qui a duré longtemps ... Je me dis mais qu'est-ce qu'elle a à se marrer comme ça ... J'ai la photo de ce rire, là, et chaque fois que je la regarde, je me marre et me dis qu'il y a des fois où vraiment j'ai un sacré coup dans le casque ... Allez, pour clore positivement ce billet un peu tristounet, deux phrases: d'abord, la plus belle phrase raciste que j'aie entendue de ma vie. Un môme huit-neuf ans, fils d'une amie, qui me regarde et soudain me balance comme ça, direct, sans raison, sans agression de ma part: "Le Père Noël des Français il est meilleur que le Père Noël des Arabes!". Je l'ai ruminée longtemps, celle-là ... Impossible d'en tirer une conclusion.
Puis l'autre: l'homme le plus vieux (officiellement) de la terre, actuellement, un Japonais, 115 ans: "J'ai vécu trop longtemps, je suis confus ...". C'est beau une phrase pareille ...

Bonne nuit.

Aïssa.

Vieux camarade vitamine à Aissa

Bakounine, il ne pense plus à rien ! ( réécoutez "le chien" de Léo !)

Aïssa Lacheb-Boukachache

Apprendre que le Siné a "cassé" son assurance-vie pour lancer son hebdo, ça laisse coi ... Ainsi, il avait une assurance-vie, l'anarchiste ... En fouillant bien dans ses poches, on devrait trouver aussi la carte Vitale ... Ah ils sont beaux ces avatars de Ravachol et Kropotkine!... Bonne mère! si eux sont anarchistes, alors moi je suis cosmonaute et avocat général à la Cour d'Appel de Paris ...

- Bon, j'aimerais bien toucher l'Euromillions, moi, demain ... T'en penses quoi, Bakounine?
- Hum hum, il faudrait jouer les bons numéros ...

Aïssa.

Cactus

Juste pour dire que j'ai acheté le numéro deux de Siné l'hebdo ; je pense qu'il faut le lire avant d'émettre une pensée trop vite définitivement négative !
Lisez au moins Michel Onfray en page deux de couv' gratos debout, à l'abri des regards, dans une grande presse ; quelqu'un de bien que ce monsieur !
sissi !

Florence

Si maintenant Charlie Hebdo, journal satirique bête et méchant, se prend au sérieux, tout fout le camp !

Polochon

J'ai déjà beaucoup de mal à comprendre que l'on puisse lire régulièrement ce genre de canards (Charlie Hebdo,Le Canard Enchaîné...) mais que dire de ceux qui y écrivent ou y dessinent.
Comment peut-on, toute sa vie, passer son temps à dénigrer, à chercher ce qui va faire mal, à essayer de récupérer de l'information par des moyens limites, à caricaturer, à voir le mauvais et le petit côté des choses !!
Cela doit vous rendre aigri, sombre, parano.
Heureusement, la vie ce n'est pas que du noir et du blanc, c'est plus subtil et finalement, beaucoup plus intéressant.
J'entends déjà les professionnels de la défense me parler de démocratie, de liberté d'expression......etc...
Il manque une chute alors je dirai que ce blog participe lui, de bonne façon, au débat public.

Hugues

Bonjour,

Je vous aime bien.
Je vous trouve sympathique et intelligent.

Bonne journée

le caraput

Il est très dommageable de devoir choisir entre la peste et le choléra.

Irnerius

Monsieur l'Avocat général, je vous relis et vous avez bien écrit : "Il était inconcevable que la juridiction saisie puisse, dans le mouvement général à la fois démocratique et juridique qui avait précédé l'événement judiciaire...". Est-ce à dire que le tribunal n'avait d'autre choix que de se plier aux exigences d'un mouvement d'opinion ? J'ose supposer pour ma part que la juridiction a tranché en ayant égard aux circonstances de fait et de droit, mais pas aux vociférations de ce cartel de congratulateurs qui a provoqué votre récent malaise.
Pour ma part, j'apprécie en général très modérément l'usage compulsif voire névrotique que "Charlie Hebdo" fait de la liberté d'expression que la Constitution garantit à ses "journalistes". Anarchistes de salon, ils apprécient à l'occasion de pouvoir utiliser les voies de droit que leur offrent un Etat, - par nature, - oppressif... Mais j'en reviens à mon propos : la question soulevée par ce procès et par ce film, n'est pas le droit à la liberté d'expression, mais bien l'abus de droit. Pour autant qu'il m'en souvienne, l'objet du papier en cause n'était pas tant de "critiquer Dieu" (il faut être un abonné à "Charlie Hebdo" pour ignorer que quelques philosophes ont tenté l'expérience bien avant M. Val) que d'assimiler, par le raccourci d'un trait de fusin, le prophète des musulmans aux terroristes islamistes. (George W. Bush n'était pas allé jusque là, mais la France a les neo-cons qu'elle mérite.) Si quelques millions d'excités au Proche-Orient ont donné raison à "Charlie Hebdo" dans les jours qui ont suivi la première publication des dessins, je crois que des Français de confession musulmane ont pu être blessés dans leur honneur par ce genre de provocation délibérément bête et méchante. Je remarque d'ailleurs que certains beaux esprits qui applaudissaient à l'irrévérencieuse liberté des gribouilleurs de "Charlie Hebdo" critiquaient néanmoins le discours prononcé par Benoit XVI à Ratisbonne, suspect par hypothèse d'"islamophobie". A la différence d'une caricature injurieuse, un exposé argumenté laisse pourtant une certaine latitude pour répondre de manière rationnelle. Pour beaucoup le pontife romain aurait mieux fait de se taire ; l'abstention de "Charlie Hebdo" eût été regardée comme une autocensure sans remède. Dois-je en conclure que la liberté a son siège dans la provocation mais pas dans l'argumentation ? La pensée a de moins en moins sa place dans la presse et la sortie de ce film nous en administre misérablement la preuve.

Cactus à Surcouf

"Le cinéma actuel est d'une telle suffisance et d'une telle nullité, il faut remettre cela siné die ;)
Surcouf | 17 septembre 2008 at 20:52"

Souffrez que je ne vous corrige :

_Le cinéma actuel est d'une telle suffisance et d'une telle nullité, il faut remettre cela Siné die ;)_

cela va de soie , bien sûr , dirait Monsieur Bilger !
sissi !


lvzor

Val est brillant, Val est indispensable, Val sera le Premier ministre de Marine Le Pen. (Si elle augmente la paye d'au moins 172%)

Aïssa Lacheb-Boukachache

Vous ne vous êtes pas dit, comme Rimbaud à Aden : "Mais qu'est-ce que je fous ici ?". Gare qu'à votre insu on vous instrumentalise... Votre malaise peut venir de là aussi...

Aïssa.

Madame de F.

Ce qui est étrange, c'est le motif d'éviction de Siné pour une phrase ambiguë si l'on veut, à comparer au numéro de Charlie Hebdo de la semaine dernière dédié - si je puis dire-, au pape et au catholicisme.

Ce numéro est un tissu d'horreur, en dehors de l'article de Charb qui vise juste. Comble du bizarre, l'éditorial de Val, d'un style parfaitement haineux voire injurieux, passe comme une lettre à la poste ( la poste d'avant of course !).
Enfin de la part de Val, quel manque de classe, quelle inefficacité dans le propos.

Et puis chez les offusqués de service, nulle levée de boucliers, nulle pétition, bref rien !!

Surcouf

Aller au cinéma entre gens autorisés, intellectuellement bien-pensant et fiers de leurs certitudes ?
Vous êtes courageux monsieur Bilger.

Le cinéma actuel est d'une telle suffisance et d'une telle nullité, il faut remettre cela siné die ;)

yenayer

L'explication de votre malaise est plus simple. Vous avez constaté que parmi tous ces fast-thinkers , pseudo-intellectuels médiatiques, il y avait un consensus pour casser du musulman et l'islam. Il n'y aucune limite à ça. On le sait, c'est facile de cracher sur les plus faibles, les plus précaires, de casser les plus opprimés et de stigmatiser ceux qui ne veulent pas rentrer dans le rang de la béatitude libérale-libertaire.

Sinon, je continue à faire mon ramadhan en priant Dieu de m'envoyer une vierge.

stéphane augendre

Si je peux me permettre, "c'est dur d'être invité par des cons"...

Jean-Dominique Reffait

J'en ai oublié de dire que ce billet est d'une grande finesse, cela dit, vous le savez, sans la moindre flatterie.

Jean-Dominique Reffait

J'ai évidemment demandé à Francis Szpiner ce qu'il était allé faire dans ce merdier. Pour mémoire, puisque c'est de notoriété publique, je ne trahis rien, Francis Szpiner est franc-maçon du GODF, laïc en phase terminale et viscéralement républicain, à l'exact opposé des religieux de tout poil. Devenir l'avocat de la Mosquée de Paris dans une plainte contre Charlie au sujet de caricatures de Mahomet n'entrait pas naturellement dans ses prévisions de carrière.

Et de me répondre : "Ce procès n'avait évidemment pas de sens sur le fond et n'a surtout pas été engagé pour être gagné. Il s'agissait, face aux menaces de mort qui avaient été proférées contre les caricaturistes, de démontrer que les musulmans français s'en rapportaient au droit pour régler ce type de situation et rien qu'au droit."
Le camarade Szpiner était, de surcroît, en service commandé de l'Elysée pour assister la Mosquée de Paris dans cette démonstration de respect par les musulmans français des formes républicaines de règlement des conflits.

Ce procès fut donc une mise en scène dont l'issue était certaine et souhaitée telle par les plaignants eux-mêmes. Et c'est à peu de frais que les défendeurs se sont statufiés en valeureux chevaliers de la liberté d'expression laquelle, en l'occurrence, n'était nullement en péril.

Et votre malaise, Philippe, s'explique dès lors encore mieux. Que Philippe Val, faisant fi de son désaccord avec Siné, défende celui-ci bec et ongle, l'accompagne solidairement dans un procès à l'issue moins facile et dans l'opprobre générale, vous auriez alors été moins gêné.
Plutôt que de constater que, de nos jours, à vaincre sans péril, on triomphe avec gloire.

Vous ne prisez pas Francis Szpiner, j'ai souvent dit ici que je trouvais cela dommage tant j'ai de l'estime pour vous comme pour lui, mais admettez qu'en la circonstance c'est lui qui a pris la voie étroite et escarpée plus utile à la démonstration républicaine qu'à la satisfaction facile d'être du bon côté du manche. Avec l'assentiment courageux du très estimable Dalil Boubakeur.

Catherine JACOB

"« Oui on a le droit de caricaturer Dieu » " publiait France-Soir en 2006 en marge de la reproduction des 12 (nombre non anodin) caricatures.

Or les dessins en question en sont pas des caricatures de la divinité, laquelle est également révérée par différents cultes, mais des caricatures de celui de ses prophètes qui est au cœur d'une religion révélée déterminée, religion par laquelle est concernée une communauté de croyants donnée, ce par l'intermédiaire du libre jeu de la glose et de l'interprétation de textes posthumes et autres traditions, lesquelles, et comme partout d'ailleurs, ne sont pas égales pour toutes les 'chapelles'.

A partir de là, il semble bien qu'on ait aussi à tenir de compte de la communauté de ceux des croyants qui ne sont pas concernés par l'interprétation dont se prévaut un radicalisme ayant fait manifestement le choix, pour sa part, de s'exprimer davantage par l'action terroriste et l'intransigeance dans l'observation de rites, d'interdits et de préconisations qui ne sont cependant pas tous reconnus et/ou admis par l'ensemble des croyants qui se situent dans la mouvance du dogme en question, mais qui se voit malgré ses choix différents, mise dans le même sac et donc blessée à plus d'un titre, ce qui n'est pas juste. On peut considérer que du point de vue de ce référentiel, la liberté d'une publication sans nuances de telles caricatures était quelque part abusive.

Or, le débat sur la libre expression les oublie totalement pour se focaliser et prendre en compte le seul comportement ayant motivé lesdites caricatures et qui n'est le fait que d'une frange négatrice des valeurs reconnues ailleurs que dans l'orbe où elle est admise à exercer son pouvoir mais qui ne s'en satisfait manifestement pas. Il est clair qu'à leur égard, la publication des caricatures telles quelles, était un avertissement s'exprimant dans le cadre de la liberté de penser et d'expression admises par la législation des pays concernés par les diverses publications de ces mêmes dessins.

Toute la question est:
La frange concernée était-elle en mesure d'entendre l'avertissement qui lui était destiné sans que cela provoque de sa part une immédiate surenchère, ni que cela provoque des dommages collatéraux dans les ensembles non directement concernés.
Manifestement non!

Étions-nous prêts à en assumer toutes conséquences prévisibles et la liberté d'expression valait-elle la peine dans ce cas de figure précis que l'on expose égoïstement plus que sa propre personne?

Autrement dit, quel était le bénéfice escompté et escomptable d'une mise en œuvre de cette précieuse liberté qu'il me paraît vital de ne pas galvauder, dévoyer ou gaspiller inutilement, telle que dans le cas considéré?

C'est là une question à laquelle j'aimerais pour ma part qu'il fut honnêtement répondu tout en espérant que la réponse ne permette pas d'augurer qu'il en va dans le cas des caricaturistes comme dans le cas de la communauté en réalité caricaturée par le biais des représentations graphiques du prophète concerné, lesquelles représentations du simple fait de leur nature même de caricatures, disent qu'il n'est sans doute pas, en lui-même tel, qu'on pourrait le croire au seul vu du comportement regrettable de certains de ceux qui se réclament de son obédience, et qui est ce qui, en réalité, était véritablement visé, parce qu'on souhaite ne pas pas le voir s'étendre dommageablement pour tous à l'ensemble, en particulier sur des territoires où l'autorité est telle qu'elle ne saurait tolérer de se voir mise en question si pas carrément bafouée par l'arbitraire délirant de, notamment, certaines 'Fatouas'.

Or, j'ai bien peur que de part et d'autre en effet, on n'ait affaire qu'à des cortex préfontal immatures encore incapables d'évaluer le rapport entre la probabilité des gains et celle des risques d'une action.
Autrement dit rodomontades pseudo viriles d'un côté et surenchère hallucinée de l'autre. D'où je conclus que l'homme au masculin ne peut pas ne pas parader dès qu'il monte sur une estrade (un journal est aussi une sorte d'estrade), et cette parade lui importe souvent davantage que ce qui lui en sert le prétexte!
Pourtant, on vous aime même quand vous ne vous sentez pas obligés de paraître plus éclatant que le voisin. Et surtout quand vous vous laissez aller de temps à autre à nous écouter.
En ces matières, cherchez donc la note bleue plutôt en la bémol qu'en do majeur... Du moins c'est là mon humble conseil.

Toutefois, étant donné que moi aussi je ne suis pas indifférente à la question de la liberté d'expression vu que je la pense même cruciale au point de participer de la définition même de la démocratie, j'essaierai d'aller voir le film.

Aïssa Lacheb-Boukachache

Vous auriez du le leur dire, à la fin de la projection, votre malaise et ses raisons...

Vous vous attristez pour pas grand-chose, à mon avis. Imaginez : vous êtes chez moi invité et votre propos me déplaît. Je vous en expulse avec injonction de n'y plus revenir. En quoi aurais-je attenté à votre liberté d'expression? Il s'agit de la même chose. Siné (ou un autre) n'est pas chez lui à Charlie-Hebdo, il n'est ni chez Val, il est chez les propriétaires de ce journal. Son propos ne plaît pas à ces derniers; ils le virent. Inutile d'approfondir a postériori les raisons; le fait est déjà sa raison. Et tout comme vous hors de chez moi, sa liberté d'expression, comme la vôtre, demeurent intactes. La preuve: on la retrouve ici quant à la vôtre; dans son nouveau journal "Siné-Hebdo" quant à la sienne. Chacun voit midi à sa porte; la liberté d'expression des uns trouve sa limite là où commence l'intérêt des autres. Partant, on la recouvre entière sitôt qu'on n'est plus chez ces autres. Vous semblez inquiet de ce que en cela la liberté d'expression serait menacée. Elargissez votre observation et vous constaterez qu'il n'en est rien ni n'en a jamais été ainsi. Ce qu'ont risqué et subit Soljénitsyne, Sakharov est autrement plus douloureux que ce vague licenciement infligé à Siné ou ces ridicules procès fait à Dieudonné. Voyez Tahar Djaout en Algérie; il fut tué. Rachid Mimouni, l'écrivain Rachid Mimouni mort en exil au Maroc et enterré chez lui en Algérie. Ses censeurs sont allés jusqu'à l'exhumer pour découper ses restes en morceaux et les jeter au vent ... On l'écrase ici, la liberté d'expression, elle ressurgit là et ainsi de suite, comme en un étrange et heureux don d'ubiquité. Jean-François Kahn s'est vu refuser la semaine dernière par le Figaro auquel il était destiné un long article d'un intérêt certain. Il fut publié intégralement par Le Point avec, en incipit, la mention de ce que le Figaro, comme c'est son droit, l'a refusé ... Une censure ici, une publication ailleurs; Le Point ne le cède en rien quant à la puissance de diffusion au Figaro; même, il le dépasse. Finalement, la liberté d'expression est passée et cet article fut lu ... La liberté d'expression n'est pas l'apanage ou je ne sais trop quelle "propriété" singulière de tel ou tel. Ce microcosme publiciste parisien qui semble vous obséder est comme un mirage qui se donne pour une réalité et incontournable par dessus le marché. La liberté d'expression, l'inaltérable liberté d'expression, l'incoercible liberté d'expression, l'irréductible liberté d'expression, nait depuis toujours dans l'esprit des gens qui ne s'en font pas pour autant une quelconque profession, et s'égare s'égaie à chaque instant dans la rue en toute liberté. On n'emprisonne pas cet infini feu-follet.

Aïssa.

Marie-luce

Je n'écris pas pour apparaître sur votre blog mais pour vous remercier de vos posts qui sont pour moi une respiration, de bon sens, de réflexion, d'honnêteté intellectuelle, qui me permettent de retrouver mes pensées ; ce qui est un soulagement de ne pas se sentir seule.
Espérons que ce "mouvement superficiel, égocentriste, sans mémoire" passera aussi vite que les "précieux" à une autre époque. Il est une utopie d'espérer que les vraies valeurs de solidarité intergénérationnelles - pour faire simple... entre tous les Hommes - face aux problèmes concrets de vivre ensemble, de vieillir ensemble et même de ne plus mourir seul.
Que la vie d'un Américain ou d'un Français vaille plus cher que celle d'un Afghan ou d'un Africain...... cela est un vrai débat.
Que des "intellectuels" se congratulent pour avoir fait triompher des idées... à condition qu'ils soient honnêtes et les appliquent à eux-mêmes... et que le combat d'origine n'ait pas été une mise en scène.
Je manque d'exercice pour débattre d'idées... merci à vous d'exprimer les malaises que je ressens.

Cactus va au Siné

Un seul regret, que Charlie, Hebdromadaire qui bosse deux fois plus n'aille plus au Siné !
non non ! :-(

sinon je me permets de vous rectifier en votre chute :
"Ce film sur Charlie Hebdo et sa résistance ciblée, avec la salle qui l'applaudissait et se louait dans le même élan, c'était une touchante photo de famille. On était heureusement entre soiE."
Je suis certain que ceci était une perche tendue ! Dont acte !!

Amitiés cactées.

Véronique

"Je pressentais que Charlie Hebdo et sa mouvance partisane et admirative ne seraient pas gênés de choisir, de sélectionner leurs luttes pour une parole et des écrits libres - qu'ils ne s'engageraient que pour relever des défis leur permettant de s'approuver eux-mêmes."

En écho, je vous propose cet extrait d'une tribune d'A. Finkielkraut publiée dans Le Figaro en novembre 2006 :

"L'affaire Redeker et la blessure de la liberté"

"... Et puis, on l’oublie trop souvent : la liberté d’expression n’est pas une sinécure. Ce droit de l’homme n’est pas seulement mon droit. L’homme, c’est moi, mais ce n’est pas que moi. L’homme, c’est aussi les autres hommes et leur droit insupportable de dire des choses que je n’ai pas envie d’entendre, des choses qui m’énervent, qui m’effraient, qui me blessent, qui m’accablent, qui m’écorchent vif, qui me font mal. Dans une société ouverte, aucune conviction n’est souveraine, ce qui fait qu’elles sont toutes en colère. "Ma liberté n’a pas le dernier mot, je ne suis pas seul", écrit Emmanuel Lévinas.
Voilà sans doute pourquoi la liberté d’expression est si fragile."

Ce que j'aime dans ce paragraphe d'AF, c'est qu'il me dit que la liberté d'expression que je reconnais à l'autre, peut être un déchirement pour moi.

Le film que vous évoquez - Ah, Ah ! le procureur si inquiet et les avocats pas si inquiets que ça... -, l'ambiance épanouie et heureuse de la projection privée parisienne à laquelle vous avez assisté semblent si éloignés et absents des gravités dont parle AF.


ElDesdichado

Charlie Hebdo a utilisé ce procès pour faire de l'auto-promotion. C'est un fait, et c'est peut-être légitime.
La question que je me suis posé, c'est de savoir dans quelle mesure cela n'était pas l'objectif de la publication de ces caricatures, et cela c'est plus gênant.
A lire aussi sur le procès, la carnet de Joann Sfar, Greffier, qui présente une vision certes favorable à Charlie Hebdo (difficile objectivement de ne pas l'être), mais avec des réflexions et des commentaires approfondis.
Enfin, le procès à venir de l'affaire Siné ne devrait pas manquer de sel, car nombre d'arguments utilisés par Charlie pourront l'être par Siné. Cela m'étonnerait que les avocats de ce dernier s'en privent.

chevalier

Au risque de paraître vieux jeu, je ne trouve pas que c'était une très bonne idée de publier ces caricatures.

Comment peut-on soutenir que la laïcité impose aux religions de rester dans la sphère privée et dans le même temps railler l'islam en public ?

Certes, les anticléricaux de tout poil ne se sont jamais privés d'agir de même avec la religion catholique, et la Justice, parfois saisie dans le passé, leur a toujours donné raison.

L'issue du procès ne faisait donc aucun doute et la décision est dans le droit fil de la liberté d'expression.

Fallait-il en "remettre une couche" avec ce film ? J'en doute encore plus. Lors de la sortie de "La Passion", les mêmes qui se congratulaient hier, s'offusquaient de la mise en cause outrancière des Juifs dans la mort de Jésus.

Il me semble que l'on devrait éviter de heurter les croyants, quelle que soit leur religion, si on veut vraiment apaiser les esprits.

Un bon quart de la population se déclare "agnostique"... Ce n'est pas une raison pour faire de la laïcité une nouvelle religion.

Quant à la censure imposée à Siné par Val le "libertaire", elle est en décalage total avec les arguments développés par Charlie Hebdo dans l'affaire des caricatures.

Bref, j'éprouve le même malaise que vous.

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