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19 septembre 2008

Commentaires

A2C

Merci pour votre excellent blog et pour vos réflexions toujours aussi passionnantes. Dans une récente "entrée de blog", j'ai également essayé de mieux comprendre les raisons diffuses pour lesquelles certains types d'agression sont beaucoup plus médiatisés que d'autres. Comme vous, je redoute le caractère contre-productif de cette tendance, qui bien loin de lutter contre racisme et antisémitisme ne tendrait malheureusement qu'à renforcer ces derniers:
http://archange.hautetfort.com/archive/2008/09/06/la-scandaleuse-agression-d-une-religieuse.html

Aïssa Lacheb-Boukachache

Moi que le bon Dieu a doté d'une mémoire photographique, j'ai pu lire en, mettons, 15 minutes, le temps de les faire défiler sur l'écran, les quelques 25 000 noms et qualités des signataires de la pétition de soutien à Siné. Je n'ai pas été surpris d'y trouver Cohen, Lévy, Jacob, etc. en nombre. Certains m'ont fait rire ; face à leur nom, ils ont inscrit es qualité (profession) ; Juif ! Des ami(es) aussi et des connaissances se trouvent là qui apportent leur soutien... Qu'est-ce que cela veut dire que ce soutien inconditionnel de ces nombreuses personnes juives à un qui est suspecté -accusé- d'antisémitisme? La conscience du danger d'être entraînés malgré eux et en leurs noms dans la défense d'intérêts qui ne sont pas les leurs et, sous l'intitulé désormais galvaudé par ces mêmes qui gueulent si fort et montrent du doigt, de la lutte contre l'antisémitisme, d'être instrumentalisés et plus que cela ... Thierry Lévy l'exprime très bien dans son livre "Lévy oblige": "On parle en mon nom, on me fait dire ceci, cela, on me désigne ici, là; on pense pour moi, on montre pour moi ...". Mais qui est ce "ON"? Et que veut-il ?

Je puis comprendre que les jeunes Juifs français d'aujourd'hui -et même leurs parents- veuillent rattraper, par le discours, le temps perdu, celui du silence de leurs grands-parents, leurs aïeux ... A leurs voix déjà fortes ils ajoutent celles innombrables de ceux qui se sont tues durant des décennies, et cela fait comme un vacarme assourdissant où l'essentiel est étouffé sous une rhétorique du n'importe quoi pour n'importe quoi ... L'indicible fut le lieu où vécurent leurs grands-parents après la Libération, le silence, la pudeur, la honte, l'humilité ... Se sentent-ils tenus par cet indicible, les enfants et petits-enfants? Non, bien sûr. On ne peut taire ces choses que si on les a vécues, subies réellement ... Ils s'y prennent mal, terriblement mal, ils gâchent tout; on ne témoigne pas en braillant ... Trop de bruit assourdit et croyant faire bien ils font mal. "Tous les fleuves vont à la mer et la mer n'est pas remplie ...". Mais qu'ils y aillent sereinement. Et si on essayait plutôt L'EDUCATION?

NB/ Mon précédent billet ayant disparu dans les méandres virtuels, j'ai essayé de le re-écrire au plus près ... Espérons qu'il apparaîtra, cette fois.

Aïssa.

Duval Uzan

Bonjour

En effet il importe de distinguer la liberté d’expression et la liberté de croyance de l’incitation au crime au suicide et à la haine, de l'injure.
Je ne pense pas que les deux affaires Siné soient identiques.
Dans la première ce n’est pas la religion musulmane qui est raillée.
On se moque de ceux qui utilisent le prophète pour commettre des crimes en son nom et promettent des vierges comme récompense. Cela a été dénoncé par les musulmans eux-mêmes, mais pas assez à mon avis. (v. Wafa Sultan et autres je rends hommage à leur courage ).
Une religion qui prône le massacre du plus grand nombre de juifs ou de chrétiens (ou toute autre ethnie) ne doit pas avoir droit de cité.
Si l’église catholique se mettait à prôner de tels actes elle n’aura pas droit de cité non plus.
Si au nom des dix commandements on demandait de tuer et de se faire exploser ce ne serait plus les dix commandements et ce ne serait pas les profaner que de les représenter comme Siné l’a fait pour le prophète Mahomet, avec une bombe sur le front et s’en moquer.
La deuxième affaire Siné est tout autre.
Si Siné voulait s’attaquer seulement à Jean Sarkozy pour telle ou telle raison, quel est donc le rapport avec la judéité de la jeune fille ? Et que cherche-t-il à nous faire entendre en criant que Darty c’est du juif !
En quoi trouvez-vous que Siné dénonce un comportement singulier de Sarkozy, en épousant une jeune femme juive ?
Je vous remercie de m’avoir fait relire ce petit ouvrage de Sartre « Réflexion sur la question juive » une merveilleuse analyse du portrait psychologique de l’antisémite. Je vous transmettrai quelques extraits.
Je vous cite :
« La politique n'est pas forcément un marigot de crocodiles mais pense-t-on vraiment que ceux qui se plaisent à donner des leçons de morale n'ont pas d'objectif ni de but à atteindre. Les attitudes ne sont pas gratuites et les vertueux apparents ont des desseins profonds. Il y a, en politique, et c'est un poncif, l'affirmation de flatteries ou de considérations qui se doivent d'avoir nécessairement une visée opérationnelle. Même la pure éthique susceptible de créer lien et rassemblement n'est pas dénuée de pesanteurs tactiques. Le désincarné est un voeu pieux et serait d'ailleurs insupportable.
Je vous cite encore :
« Justiciers sans motif, on va devenir des combattants pour rire. Héros de causes factices, on va s'indigner pour de faux chaque jour.
Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain,
NI LE NOM D’UNE PIPE

chevalier

Quelles dérives par rapport au sujet du billet...

Est-il bien nécessaire de remonter à 1580 pour inspirer le respect du genre humain ?

Il y a encore un grand travail sur soi à entreprendre pour accepter l'autre tel qu'il est !

Ne vous inquiétez-pas, Monsieur Bilger, les logiciels de traduction simultanée ne sont pas encore très au point !

J'ai un doute... avec moins de 300 mots dans un commentaire, on est quoi au juste ?

Duval Uzan


où est passé mon commentaire avec les citations de Sartre???
ai je encore mal cliqué

Laurent Dingli

En effet, contrairement à vous, je n'ai pas étudié en détail "le réseau lexical" de Nicolas Sarkozy pour reprendre votre formule pompeuse, car je n'attends pas d'un homme d'Etat qu'il soit savant... En vérité, j'ai horreur de cette position méprisante à l'égard de ceux qui ne partagent pas votre savoir, ou ce que vous qualifiez ainsi (nous sommes toujours l'inculte de quelqu'un, c'est ce que j'ai voulu vous dire en substance). Je vous laisse donc compter laborieusement, le stylo en main, devant votre radio ou votre télévision, les mots des uns et des autres pour élaborer votre petit palmarès intellectuel.
Quant au reste, vous ne donnez toujours aucun argument à l'appui de votre "thèse", et vous vous retranchez assez facilement derrière l'autorité de Soljenitsyne. C'est un peu court, Monsieur. Vous parlez encore de nombreuses références que vous pourriez citer, mais ne citez pas... Pratique.

Katjusha

Je suis effondré de voir le fossé entre, d'un côté, la qualité du billet, et de l'autre, la pauvreté intellectuelle de certaines réactions. Comme si, dès qu'un billet s'écrit dans le monde sur le sujet, il fallait automatiquement, par je ne sais quel effet mécanique infernal, que surgissent les commentaires sur le "lobby", les amalgames avec le 11-septembre etc. Tout ce que Ph. Bilger dénonce est là, hélas, dans ces réactions "nauséeuses", pour reprendre le mot du maître des lieux.

Duval Uzan

Bonjour
Voici quelques citations de "Réflexion sur la question juive" de Jean-Paul Sartre :

L’antisémite n’a pas tellement envie d’avoir de la valeur.
La valeur se cherche tout comme la vérité.
Elle se découvre difficilement, il faut la mériter et une fois qu’on l’a acquise, elle est perpétuellement en question :
…l’antisémite fuit sa responsabilité comme il fuit sa propre..
Quoiqu’il fasse il demeurera au sommet de l’échelle ; quoique fasse le juif il ne montera jamais plus haut que le premier échelon… Il choisit l’irrémédiable par peur de sa liberté, la médiocrité par peur de la solitude et de cette médiocrité irrémédiable il fait une aristocratie figée, par orgueil ;
Pour ces diverses opérations, l’existence du juif lui est absolument nécessaire.
A qui donc sans cela serait-il supérieur ? Mieux encore c’est en face du juif et du juif seul que l’antisémite se réalise comme sujet de droit ; si par miracle tous les israélites étaient exterminés comme il le souhaite, il se retrouverait concierge ou boutiquier, dans une société fortement hiérarchisée où la qualité de VRAI FRANÇAIS serait à vil prix puisque tout le monde la possèderait. Il perdrait le sentiment de ses droits sur son pays puisque personne ne les lui contesterait et cette égalité profonde qui le rapprocherait du noble et du riche elle disparaîtrait tout d’un coup puisqu’elle était surtout négative. Ses échecs qu’il attribuait à la concurrence déloyale des juifs, il faudrait qu’il les imputât d’urgence à quelque autre cause ou qu’il s’interrogeât sur lui-même, il risquerait de tomber dans l’aigreur, dans une haine mélancolique des classes privilégiées.
Ainsi l’antisémite a-t-il un besoin vital de l’ennemi qu’il veut détruire.
Cet égalitarisme que l’antisémite recherche n’a rien de commun avec l’égalité inscrite au programme des démocraties……..
Proust a montré par exemple comment l’antidreyfusisme rapprochait le Duc de son cocher, comment grâce à leur haine de Dreyfus, des familles bourgeoises forcèrent les portes de l’aristocratie. C’est que la communauté égalitaire dont se réclame l’antisémite est du type des foules ou des sociétés instantanées qui naissent à l’occasion du lynchage et du scandale. L’égalité y est le fruit de l’indifférenciation des fonctions. Le lien social est la colère… aussi les personnes se noient dans la foule et les modes de pensées, les réactions du groupe sont de type primitif pur. Certes ces collectivités ne naissent pas seulement de l’antisémitisme : une émeute, un crime, une injustice peuvent les faire surgir brusquement. Seulement, ce sont alors des formations fugaces qui s’évanouissent bientôt sans laisser de vestiges. Comme l’antisémitisme survit aux grandes crises de haine contre les juifs, la société que forment les antisémites demeure à l’état latent dans les périodes normales et tout antisémite se réclame d’elle. Incapable de comprendre l’organisation sociale moderne, il a la nostalgie des périodes de crise où la communauté primitive réapparaît soudain et atteint sa température de fusion. Il souhaite que sa personne fonde soudain dans le groupe et soit emportée par le torrent collectif. C’est cette atmosphère de pogrom qu’il a en vue lorsqu’il réclame « l’union de tous les Français »
En ce sens l’antisémitisme en démocratie est une forme sournoise de ce qu’on nomme la lutte du citoyen contre les pouvoirs.
.....
Tout antisémite est donc dans une mesure variable, l'ennemi des pouvoirs réguliers, il veut être le membre discipliné d'un groupe indiscipliné; il adore l'ordre mais l'ordre social lui apparaît sous les traits d'une société égalitaire et primitive de juxtaposition, à température élevée, d'où les juifs sont exclus. Ces principes le font bénéficier d'une étrange indépendance que je nommerai une liberté à rebours. Car la liberté authentique assume ses responsabilités, et celle de l'antisémite vient de ce qu'il se dérobe à toutes les siennes...

Duval Uzan

Yves

Le Parquet de Paris conclut, paraît-il, que l'agression de la rue Petit n'est pas un acte d'antisémitisme mais un affrontement entre bandes.

La chronique de M. Philippe Bilger serait une excellente mise au point, parce qu'apaisante, si les faits avaient confirmé, par anticipation, ladite conclusion.

Vous dénoncez à juste titre la hâte à crier à l'antisémitisme, mais y a-t-il lieu pour autant, de sauter prématurément à la conclusion contraire ?

Si on révise la documentation sur cette affaire, y compris celle de source probablement judiciaire, on s'aperçoit que les jeunes victimes ont immédiatement porté plainte pour agression à caractère antisémite.
Étaient-elles mal placées pour se faire une opinion juste ? (lol)

Pourquoi la présence d'un Juif une partie du temps parmi les 6 à 12 agresseurs, constituerait-elle la PREUVE d'une opération de simple "droit commun" ? On comprend pourtant que, lui, n'a pas tiré le coup de pistolet à billes, et il ne faisait pas partie des cogneurs entrés immédiatement en action. On se demande ce qu'il faisait là ; mais comment aurait-il pu arrêter la violence ? Par hypothèse plausible, il a pu commencer une promenade innocente qui aurait mal tourné, du fait d'autres que lui.

Bagarre entre bandes ? Il doit être facile de vérifier que 3 jeunes Juifs absorbés par de bonnes études et se déplaçant calmement un jour de shabbat, n'ont ni le passé, ni le profil des membres d'une association de malfaisants. Si ceci est avéré, les affubler du mot "bande" est infondé et blessant. Autant s'en abstenir,donc.

Imaginons-nous le groupe d'agresseurs, tel qu'il était composé, s'attaquant à un trio pacifique de Musulmans ?

Le camouflage depuis 2000 des faits prouvés de judéophobie a plutôt entretenu, au lieu de l'apaisement, un sentiment d'impunité chez une minorité activiste qui se préoccupe peu de "l'universalité de l'humain". Et accompagné la peur dans une communauté pacifique ainsi que le départ d'une partie de ses membres.

Il y a seulement 17 millions de Juifs dans le monde et plus de 400 d'entre eux ont reçu le prix Nobel le siècle dernier (contre moins de 10 Musulmans). On les trouve nombreux dans la botte de l'X, dans la recherche scientifique et autres lieux d'excellence. Dans la communication, aussi, je sais. Ils sont partie prenante de notre civilisation et nous autres, goyim, avons tout intérêt et grand agrément à continuer à faire route avec ces concitoyens et à ce qu'ils aient confiance dans nos institutions.

Tant que les enquêtes ne seront pas terminées, les magistrats devraient peut-être nuancer davantage leurs interventions publiques.

À la fin, à la fin seulement, le diagnostic pourra être fait et je suis d'accord avec M. Philippe Bilger et Albert Camus. Pour une bonne thérapeutique, il ne faut pas dissimuler le diagnostic.
"Mal nommer les choses ajoute au malheur du monde".


Duval Uzan

@Robert Marchenoir,

D'accord avec votre suggestion technique.
Les premiers billets étaient d'ailleurs mieux imprimés en noir et blanc.

Duval Uzan

Madame de F.

Le fort de café dans la situation que vous exposez, c'est l'acceptation de la violence par les journalistes, les amalgameurs de tout poil et certains politiques : la violence est reléguée au dernier plan dans l'affaire qui nous consterne.
En creux, la mention d'une particularité, -ici religieuse-, des victimes semble primer sur cette violence que certains jeunes font à d'autres.
Comme ce sont des jeunes, il aurait été possible de prendre un point de vue "adulte", liant ces faits à l'agressivité et le manque de recul qu'on a à cet âge, plutôt que d'aller chercher de l'explication compte tenu de rattachement à certaines "communautés".
Si cette exacerbation de la sociologie du fait divers, plutôt que le fait divers lui même, a bien une racine, c'est celle de la logique de marché : en disant le mot antisémite, les politiques espèrent capter l'attention massive de la "communauté juive".
C'est autrement moins fatiguant que d'aller aux serrages de pinces à la sortie des synagogues !!!
Espérons que la population, dans sa variété, n'est pas si dupe.

Preud'homme Marie, Paule

Je n'aime pas du tout le titre provocateur de votre billet.
On ne joue pas avec le feu, Monsieur. A plus forte raison avec ce feu là qui a brûlé tant d'innocents au nom de la purification ethnique et dont les braises couvent encore sous la cendre dans nombre d'esprits pervers et menacent donc de se rallumer à la moindre étincelle !

Erig le Brun de La Bouëxière

@ Laurent Dingli
Je m'abstiendrai de vous démontrer l'inculture du Président de la République, une simple computation de son réseau lexical (pas plus de 300 mots) suffit. Cependant, si vous admirez sa culture, n'hésitez pas à nous en donner des exemples, ils ne manqueront pas, sans doute, d'être éclatants.

Sottise pour sottise, je m'abstiendrai de vous citer la longue liste de références qui me font tenir les propos que vous taxez (assez grossièrement) de sots, d'incultes etc... La lecture courroucée que vous faites de mon court post fait en tout cas l'impasse sur le fait que, dans sa brièveté, il n'avance pas que la Révolution ait été l'unique source de l'antisémistisme moderne, comme il n'avance pas que le nazisme ait été uniquement le fils de la Révolution française. Cependant, sur l'idée moderne de génocide et la filiation directe entre la Révolution et la solution finale, je ne vous renverrai qu'à Soljenitsyne - un sot, un inculte...

Baste, je n'ai pas de plaisir à discuter avec vous, étonné que je suis à la fois de votre agressivité (c'est bien souvent la marque de certitudes pauvrement acquises), et de votre grossièreté, surtout au milieu de contributeurs qui font d'habitude de ce blog un lieu de fréquentation agréable.

Vous avez en tous les cas trouvé un excellent moyen de clore une discussion qui eût pu être intéressante -m'interroger sur mes sources, l'analyse qui me conduisait à ces conclusions. Une légère défaillance dans votre -très brillante- intelligence ?

Laurent Dingli

J'ajoute que l'antisémitisme fut, dans la deuxième moitié du XIXème siècle et la première moitié du XXème un phénomène européen, lié, entre autres, mais pas seulement, à l'exacerbation du sentiment national. Pensez-vous sérieusement que la prétendue absence de transcendance révolutionnaire puisse être à l'origine de l'antisémitisme des Allemands, des Baltes et des Polonais ? ou bien que quelques nébuleux pamphlets du XVIIIème siècle (lesquels ?) leur auraient servi de modèle ?

Catherine JACOB

@Erig le Brun de La Bouëxière
"Qu'il ait existé un antijudaïsme chrétien, sans doute, mais placer l'origine de l'antisémitisme moderne au sein de l'Église est une énormité."

En effet. Peut-être l'ai-je déjà évoqué, mais la chose me paraissant d'importance je prends le risque de me répéter, mais il faut savoir que par ex. "Charles Ier Gonzague, prince franco-italien (en italien Carlo I Gonzaga), né à Paris le 6 mai 1580, donc huit ans après la St Bathélémy, d'Henriette de Clèves duchesse de Nevers, et décédé à l'âge de 57 ans le 14 juin 1637 à Mantoue (Italie)", "duc de Rethel de plein droit sous le titre de Charles III de Rethel en 1595 à la mort de Louis Gonzague, prince de Mantoue, son père", souverain à la fois très catholique, époux fidèle au-delà de la mort de Catherine de Lorraine de la Maison de Lorraine-Guise, cette nièce du 'Balafré' qu'à 19 ans il avait épousée à Soissons (la ville du fameux vase), a cependant, au cœur des problèmes religieux qui secouaient l'Europe de son époque, accueillit dans les murs de sa bonne ville de Charleville tant les protestants que les juifs, lesquels étaient repoussés partout ailleurs, et ce fut en définitive ce 'droit d'asile' exercé sans conditions (- il faut savoir pour comprendre cela que 'expulsés du royaume de France en 1394, de Lorraine en 1477, d’Espagne en 1492, et de bien des villes du Saint Empire Germanique, les Juifs se trouvent à la Renaissance dans une situation précaire et leur résidence en un lieu est généralement soumise au paiement de taxes et de péages divers'-), dans un esprit de tolérance par un prince qui était loin d'être tant un imbécile qu'un incroyant, état d'esprit et de fait qui assura pour plusieurs siècles, la prospérité économique de la ville et de la région.

Vous évoquez les Lumières. Puis-je donc me permettre de rappeler également que la Société royale des Sciences et des Arts de Metz, dont l'actuelle Académie nationale de Metz a pris la succession, a mis au concours pour 1787 et 1788 la question : "Est-il des moyens de rendre les Juifs plus utiles et plus heureux en France?", et aussi qu' "après la convocation des États généraux, les Juifs d'Alsace, de Lorraine et des Trois-Évêchés, sur l'intervention de Cerf Berr, faisant état du titre de Syndic général des Juifs de ces trois provinces, furent admis par le gouvernement royal à présenter leurs doléances et convoqués à cet effet. Ceux de Metz et des Trois-Evêchés nommèrent deux députés : Goudchaux Mayer Cahen et Louis Wolff.
Les six députés des Juifs de l'Est se réunirent à Paris et rédigèrent un cahier commun qui fut transmis à l'Assemblée nationale le 31 août 1789.Aux demandes communes aux Juifs des trois provinces, tendant à obtenir la faculté d'exercer les arts et métiers, d'acquérir des immeubles ailleurs que dans leur quartier, de cultiver les terres, de s'établir dans toutes les provinces, sans être tenus de demeurer dans des quartiers séparés, et enfin de pouvoir exercer leur culte en conservant leurs rabbins, leurs syndics et leurs communautés, s'ajoutèrent les doléances des Juifs de Metz et de la généralité de cette ville. Ceux-ci émettaient le vœu d'être exemptés de la très lourde charge pesant sur eux depuis la régence de Philippe d'Orléans (personnage en sixième position dans l'ordre de succession au trône et que pendant la minorité de Louis XV, on appelait le Régent), résultant du droit de protection de vingt mille livres par an dû par eux à la famille de Brancas (- originaire du royaume de Naples-), ainsi que celui de participer aux biens communaux des lieux où ils s'établiraient."

"Les doléances des Juifs de l'Est furent cependant présentées trop tard à l'Assemblée nationale constituante, c'est-à-dire après le vote de la déclaration des droits de l'homme, le 26 août 1789, de sorte qu'il n'y eut pas lieu de procéder à leur examen devant cette assemblée. L'Assemblée nationale et le roi avaient pris les Juifs sous leur protection. Or, malgré la proclamation des droits de l'homme, la taxe de vingt mille livres par an due à la famille de Brancas demeurait à la charge de la communauté de Metz. Celle-ci adressa donc un nouveau mémoire à l'Assemblée nationale pour demander l'abrogation de cette taxe dont les bénéficiaires avaient obtenu la prorogation jusqu'en l'année 1805.

Le mémoire signé par Louis Wolff, député des Juifs de Metz et des Trois-Évêchés, fait état en particulier de la violation du principe d'égalité entre tous les Français proclamé par la déclaration des droits de l'homme. Les Juifs font valoir en réponse au duc de Brancas qu'ils ne sont pas aubains (de 'alibanus', lat. pop. pour 'alibi': ailleurs), c'est-à-dire étrangers, et qu'ils ne peuvent être tenus de payer les services rendus à l'État par la maison de Brancas (- Exécutoire de la taxe Brancas (1759): Le Régent, qui gouverna le royaume de France à partir de 1715 pendant la minorité du roi Louis XV, institua pour l’un de ses favoris ( - le problème paraît manifestement excéder celui de l'antisémitisme et, sans les juifs, on eu certainement trouvé un autre mouton à tondre au bénéfice du dit favori -), le duc de Brancas, une rente de vingt mille livres, provisionnée directement par un impôt du même montant, perçu sur les Juifs de Metz et du pays messin : cet impôt fut nommé « la taxe Brancas » -). Mais la question la plus importante est de savoir si l'Assemblée nationale est favorable à l'émancipation des Juifs en France.

Or dès le mois de décembre 1789, il s'avère que près de la moitié de l'Assemblée est en faveur de leur émancipation immédiate. Le 24 décembre, la question est réservée devant l'Assemblée. Le 28 janvier 1790, l'Assemblée confère la qualité de citoyens aux Juifs portugais, espagnols et avignonnais du royaume, mais le sort des Juifs dits allemands, ceux de
Paris et ceux de l'Est reste en suspens.Le 20 mai 1790, l'Assemblée, après s'être saisie de la grave question des dettes de la communauté juive de Metz dont le rôle de recouvrement s'élevait à plus de quatre cent quarante mille livres, avait décidé de renvoyer au directoire du district de Metz les contestations pouvant résulter de ce rôle de contributions. Mais il fallait se prononcer sur la question de savoir s'il y avait lieu de maintenir la charge écrasante pesant sur les Juifs messins.
Le 20 juillet 1790, l'Assemblée nationale est enfin appelée à statuer sur l'abolition demandée de la taxe de Brancas levée sur les Juifs de Metz et de la généralité de cette ville.
Sur le rapport et la proposition de M. de Visme, député du Vermandois, l'Assemblée décréta que "la redevance annuelle de vingt mille livres levée sur les Juifs de Metz et du pays messin, sous la dénomination de droit d'habitation, protection et tolérance est et demeure supprimée et abolie...", abolissant également les redevances de même nature "qui se lèvent ailleurs sur les Juifs". Le décret reconnaissait que les Juifs n'étaient pas des étrangers. Le 28 juillet 1790, les chefs de la communauté de Metz firent parvenir au président de l'Assemblée une adresse exprimant la reconnaissance des Juifs de la ville.

C'est finalement le 27 septembre 1791 seulement qu'interviendra sur la proposition de Duport, député de la noblesse de Paris, le décret qui "révoque tous ajournements, réserves et exceptions insérés dans les précédents décrets relativement aux individus juifs qui prêteront le serment civique...".
C'était proclamer l'émancipation de tous les Juifs de France, en particulier de ceux de Metz, de Lorraine et d'Alsace.

Du 14 décembre 1791 au 10 janvier 1792, les Juifs de Metz prêtèrent, chacun, individuellement, entre les mains du maire, en présence du conseil de la commune, le serment civique exigé de tous les Français. Ils étaient désormais égaux à tous les autres citoyens devant la loi."

Les citations en provenance de "judaisme.sdv.fr" sont longues et je m'en excuse, mais il convient de ne pas méconnaître la réalité historique, à savoir celle de toutes les époques!! avant de dire n'importe quoi! Il y a certes eu autre chose, mais il y a eu également cela et nous nous devons de ne pas engager notre réflexion sur la base d'informations partielles et dès lors partiales, vu que l'important c'est de trouver un modus vivendi harmonieux qui ne soit pas perpétuellement remis en cause, et non pas de mettre systématiquement de l'huile sur le feu de façon absurde et vindicative!

Philippe Bilger

Depuis l'ouverture de ce blog, j'avais pris l'habitude de répondre directement à certains commentateurs. On m'a fait savoir à juste titre que cette démarche singulière pouvait donner à tous les autres l'impression que je les méprisais - ce qui, aussi absurde que cela soit, méritait d'être pris au sérieux - et privait l'ensemble de mes commentateurs des réponses même brèves que je formulais parfois.
Je profite donc de ce commentaire de Baudoin Labrique pour inaugurer une nouvelle ère (pompeusement dit) dont, je vous le promets, je ne ferai pas un usage immodéré. Mon dernier billet n'a rigoureusement rien à voir avec la dénonciation d'un quelconque lobby juif qui conduirait ce blog à aborder des rivages nauséeux. Au contraire, je tente, et je l'ai déjà fait dans d'autres posts, de frayer un passage à la liberté d'expression, de récuser la banalisation du racisme et de l'antisémitisme précisément parce que j'estime que ce sont des poisons graves pour la démocratie. Les diluer quotidiennement dans un salmigondis de réprobation morale sans discernement aucun constitue une mécanique qui me choque dans la mesure même où elle interdit une lutte cohérente et lucide contre les manifestations véritables de ces dérives de la pensée et du rapport avec l'humain. J'admets que le sentier est étroit mais il existe et je tiens à ce qu'on ne se trompe pas sur mes intentions et mon opinion. L'humanisme n'est pas un tic, un réflexe mais une exigence.

Baudouin Labrique

P.S.

Tout comme en ce qui concernait les attentats du 11 septembre, ici encore la donne est encore (infantilement) manichéenne :

- attentats : si vous osez poser des (bonnes) questions restées toujours sans réponse), vous vous faites taxer de conspirationniste ;

-juifs : si par exemple, vous vous poser la question de savoir pourquoi les média en choeur font dans le "touche pas aux Juifs", vous êtes relégué dans le camp des antisémites !

On n'est pas loin des "bons" et des "méchants "et d'une vision dichotomique en phase avec à la conquête de l'ouest ! (Qui ne s'est pas encore terminée, quand on voit l'attitude impérialiste et sanguinaire des USA, sous prétexte de se poser en utiles gendarmes du monde !).

Baudouin Labrique

Je suis aussi sidéré de constater que lorsqu’on touche à un cheveu d’un juif, on crée alors une avalanche médiatique pour le fustiger et le condamner ! Le lobby juif est présent partout ; on dit même que c’est ce qui explique et sous-tend toute la politique des USA. En Europe, nombre de sociétés secrètes comme certaines obédiences de la Franc Maçonnerie sont aussi asservie à ce lobby.

Ici encore, gageons qu’Internet sera un « contre-pouvoir » qui aura de plus en plus de poids, via, par exemple, ce type d’article que Philippe Bilger nous a proposé ici et avec un certain courage.

Laurent Dingli

@ Erig le Brun de La Bouëxière
Il y a quelque temps, vous traitiez assez sottement le président de la République de personnage inculte, mais quand je vous lis, la parabole de la paille et de la poutre me vient aussitôt à l’esprit. Avec ce ton péremptoire, dont sont friands les savants de pacotille, vous nous révélez aujourd’hui que « l'antisémitisme moderne est le fils paradoxal et monstrueux des "Lumières" dont les Français sont si fiers ». Vous connaissez apparemment mal, et la Révolution française, et le nazisme. Si la pensée des Lumières, qu’il faut replacer dans son contexte, est en effet ambiguë - notamment face au judaïsme, comme Jean-Dominique Reffait nous l’a excellemment rappelé à propos de Voltaire - établir une filiation directe entre le dix-huitième et le nazisme est une simplification abusive. Ne vous en déplaise, l’Eglise catholique a une responsabilité gigantesque dans l’antisémitisme, et cela jusqu‘à l‘époque moderne, ainsi qu’elle le reconnaît d’ailleurs elle-même. Dire que la Révolution, « fille des loges et des clubs » (elle fut bien plus que cela) haïssait la transcendance prouve encore votre méconnaissance de cette période complexe. Les iconoclastes de l’an II n’ont jamais fait l’unanimité, et vous connaissez sans doute les positions de Robespierre et de Danton à ce sujet. Bien sûr, il ne faut pas s’interdire d’effectuer des analogies entre différentes périodes, et j’ai moi-même comparé ailleurs les dérives de la Révolution à certains traits du nazisme, tout en rappelant la spécificité de chacune de ces idéologies (la première n‘eut jamais un aspect monolithique). Il faut rester prudent. Et, plutôt que de traiter les autres d’incultes, essayez de vous rendre vous-même un peu plus savant.

chevalier

Ne pensez-vous pas qu'il faudrait s'abstenir, dans les médias, de tirer des conclusions hâtives du moindre fait divers, tant que l'enquête n'est pas close ? Ces réactions "à chaud" sont très souvent démenties par les faits, mais ce que retient le public, ce sont les premières conclusions...

Le "secret de l'instruction" est déjà bafoué de toute part, alors même qu'un prévenu est (devrait être) réputé innocent tant qu'il n'est pas condamné.

Quand, en plus, viennent se mêler de pseudo mobiles religieux, l'émotion est à son comble.

Banaliser le moindre fait divers en le qualifiant d'antisémite ou d'islamophobe, c'est réduire le sens réel de ces mots et la gravité de certains actes.

Erig le Brun de La Bouëxière

Qu'il ait existé un antijudaïsme chrétien, sans doute, mais placer l'origine de l'antisémitisme moderne au sein de l'Eglise est une énormité. L'antisémitisme moderne est le fils paradoxal et monstrueux des "Lumières" dont les Français sont si fiers. La Révolution fille des loges et des clubs, dans sa haine de la transcendance a voulu détruire et l'Eglise et le Temple. Les théories nazies, puisées dans une littérature et une mystique de bazar plongent au coeur des pamphlets du XVIII français et "éclairé"...

francis

Environ 6 milliards d'individus peuplent notre planète, 15 millions se disent juifs, soit 0,22% de l'humanité. Ils sont plus tenus pour appartenir à une ethnie qu'à une religion, cela mène au racisme, on l'a vu. Or depuis 2000 ans, cette infime minorité pose un problème disproportionné quant à son importance. L'antisémitisme, d'abord chrétien - l'Eglise apprenait aux convertis forcés d'Amérique l'existence d'un peuple déïcide -, devint politique puis racial. La Shoah dévoilée, les rescapés firent l'objet d'une compassion gênée. L'épopée de l'Etat d'Israël a fait resurgir la question juive sous forme d'antisionisme, teinté d'anticapitalisme, attisé par l'Islam extrémiste. C'est infiniment plus grave que des bagarres de rues entre adolescents, que ce problème dépasse. La presse outrepasse là l'intérêt de ses lecteurs, c'est grave. Car la seule question qui vaille, la montée de l'islamisme, ne passe pas à la Une de cette presse, elle ne mobilise pas. Un de ses antidotes serait le succès des conversations entre Abbas et Olmert, Tzipi Livni maintenant, mais ce n'est pas croustillant. Attention, à force de crier au loup, plus personne n'y croit lorsqu'il arrive. Or il avance en ordre de bataille ! Il conviendrait que la presse informe, pour rassembler.

Robert Marchenoir

Une suggestion technique qui n'a rien à voir avec le sujet : écrire en noir sur blanc. Ce fond gris rend la lecture très pénible, d'autant plus que les billets sont ordinairement longs.

sbriglia

"Pour Richard Prasquier, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, qui s'était déclaré "certain" du caractère antisémite de l'agression, cette dimension demeure. "Le fait même que cette agression vise des jeunes portant une kippa en fait un acte antisémite. Cela participe d'un climat général qui laisse entendre "on peut s'en prendre aux feujs (juifs en verlan), c'est normal"". Qu'il y ait un jeune de confession juive parmi les agresseurs ne change rien à cette affaire, selon lui : "La communauté n'est pas à l'abri de jeunes déboussolés."

Sic !

"Pourquoi, à la démence du réel, vouloir rajouter la niaiserie d'une explication"...disait Rostand (pas Edmond, son fils, Jean)

Catherine JACOB

"cela est-il moralement plus gratifiant pour qui s'émeut que de devoir dire tout platement : il y a eu une "baston entre jeunes", dont certains étaient de religion juive ?"

Allez jusqu'au bout et écrivez : "cela est-il moralement plus gratifiant pour qui s'émeut que de devoir dire tout platement : il y a eu une "baston entre jeunes", dont de, part et d'autre, certains étaient de religion juive bien que tous ne portaient pas de kippa?"

Vous vous apercevrez immédiatement, écrivant cela, que se pose nécessairement plus d'une question:
"Qu'est-ce que la mention de la religion a à voir avec la compréhension des faits? Quelle était la ou les religion(s) non mentionnées et pourquoi ne l'ont-elle pas été? Qu'est-ce qui a fourni le prétexte de la bagarre? Est-ce que les uns ne portaient pas de kippa, ou au contraire que les autres en portaient ou encore tout autre fait sans aucun rapport avec le phénomène religieux et dès lors pourquoi le mentionner qui plus est de façon partielle??

Au fait, y a-t-il parfois des bagarres entre jeunes israéliens en Israël et quand cela se produit comment les faits sont-ils relatés dans la presse israélienne?

Dans un autre domaine, il se trouve que l'autre jour j'ai été amenée à faire la réflexion suivante à un freluquet arrogant refusant de s'identifier et de justifier son propos à mon adresse : "Votre attitude est d'autant plus inqualifiable que vu l'âge qui parait être le vôtre et celui qui est le mien, je pourrais être votre mère."

Le freluquet: "Vous m'insultez!"
Votre blogueuse interloquée: " Je vous demande pardon?"
Le freluquet: "Oui, vous faites du racisme anti-jeunes et de plus vous me jugez sur l'apparence."
Puis, refusant, pour sa part, de se fier injustement aux apparences, ne voilà-t-il pas que se faisant le champion d'une jeunesse prétendument attaquée du seul fait qu'elle est ce qu'elle est, il se fonde sur cette hallucinante sophistique pour surenchérir dans la grossiereté pure et simple!

Autre exemple (je résume grosso modo): "Je fais remarquer à l'employée d'une grande surface que l'affichage des prix n'est pas conforme."
Réponse : "Faites un courrier."

Cette réponse ne me satisfaisant guère, je tente de faire valoir qu'il existe en France une législation sur les prix qu'il serait tout aussi simple de commencer par respecter plutôt que d'attendre que le consommateur se plaigne.
Réponse: "Vous m'insultez."!
Votre blogueuse surprise: "Ah bon, de quelle façon?"
Réponse de sa collègue qui s'immisce dans le litige sans y avoir été invitée :"Vous dites qu'en France, il faut respecter la législation française. C'est une insulte raciste." m'apostrophe cette jeune employée qui de fait était assez typée, et retournement complet de situation, menace de se plaindre!

Voilà, je crois qu'il faut arrêter d'encourager une certain forme de délinquance et/ou de comportement très incivil, en laissant croire qu'il suffira de plaider l'attitude raciste, quel que soit le racisme en question, de qui aurait l'outrecuidance de ne pas la trouver à son goût, pour se voir de facto dédouané(e).

Aïssa Lacheb-Boukachache

Ce billet reflète exactement ma pensée telle que je l'ai toujours exprimée ici-même. Maintenant, il faudrait s'interroger quant aux raisons d'une telle attitude et l'incompréhension qui en découle. Ce n'est pas si superficiel que cela ...

Mais d'abord, ceci: moi que le bon Dieu a doué d'une mémoire photographique, j'ai pu lire en un quart d'heure, le temps de les faire défiler sur l'écran, les noms et qualités des 25 000 (environ) signataires de la pétition de soutien à Siné. Je n'ai pas été surpris d'y constater que les Cohen, Lévy, Jacob, etc., y figurent en nombre. Certains m'ont même fait rire d'un rire heureux, comme ceux-là qui, a côté de leur nom, signent et confirment es qualité: Juif. Les autres y mettent leur profession ... J'y ai même retrouvé des connaissances voire des ami(es), Juifs ou non ... Comment expliquer ceci, que des Juifs en nombre se mobilisent pour un homme suspecté -accusé- par d'autres -Juifs ou non- d'antisémitisme? C'est que le tocsin fou -et irresponsable voire insidieux et manipulateur- n'a pas prise sur eux; même, il les inquiète peut-être plus que nous tous.

Durant des décennies, depuis la Libération et jusque le début des années 1980, un silence oppressant, comme une honte sourde ou une culpabilité communautaire ou une incompréhension générale ou tout cela à la fois, a fait que la communauté juive française en sa majorité s'est tue sur l'essentiel ... Ceux-là ont vécu les persécutions nationales et les déportations. Ils le disent tous: On ne pouvait pas parler. D'abord au nom de la réconciliation nationale dont de Gaulle fut pour l'essentiel le maître d'oeuvre un peu à tort et beaucoup à travers mais, surtout, parce que c'était indicible et incompréhensible. Indicible, de fait: l'horreur à cette intensité n'a plus de mots pour être dite. Incompréhensible, de fait également: Ils étaient Français et c'est la France, leur pays, qui les a trahis et, en quelque sorte, assassinés à hauteur des nazis. Certains ne savaient même pas qu'ils étaient Juifs, ils l'avaient oublié au fil des siècles; ils ne l'apprirent que quand on vint les recenser puis les arrêter. Deux chocs traumatiques dont le second ne le cède en rien au premier en violence. Cette génération est âgée aujourd'hui ou disparue. Reste celle qui suit puis les enfants de celle-ci, c'est-à-dire jusqu'aujourd'hui ... L'on assiste alors à ce fait que ces dernières générations, libres et intégrées (ou réintégrées, c'est selon) complètement dans la communauté nationale, ne se sentant pas tenues par le silence de leurs anciens, "éloignées" naturellement par le temps des effets délétères de ce double choc traumatisant, vivant douloureusement l'incompréhension -et l'indignation- de ce silence -presque un oubli-, à leur voix déjà fortes pour dire les choses ajoutent celles de leurs anciens, d'où l'effet de surprise et de vacarme ... C'est comme si, aujourd'hui, on rattrapait les mots qui n'ont pas été dits hier et qu'on les jetait en vrac sur la place publique et que tous les entendent et les entendent et les entendent ... Cependant, on peut entendre, certes, mais ne pas comprendre. Car ceux que l'on veut faire entendre -comprendre- n'ont-ils pas, eux, non pas oublié (car on ne peut oublier que ce que l'on a su) mais l'innocence de l'ignorance totale? Si d'un côté rien n'est transmis sereinement et que de l'autre rien n'est reçu attentivement, comment un discours quelconque pourra-t-il s'imposer sans incompréhension voire énervement tant de ce côté que de l'autre? Les descendants des victimes de la Shoah se comportent comme s'ils voulaient "rattraper" le temps perdu ... C'est honorable mais ils s'y prennent dramatiquement mal. En cela, ils se comportent comme ces secouristes maladroits qui iront nourrir brutalement et des nourritures les plus riches un homme qui n'a rien mangé depuis des semaines voire des mois. Croyant faire bien, ils feront mal ... L'homme, au mieux, se révoltera contre cette tentative de le "secourir"; au pire, il en mourra, son organisme n'ayant pas supporté. A trop et toujours accuser, on devient suspect; c'est une constante de la nature humaine. "Tous les fleuves vont à la mer et la mer n'est pas remplie ...". C'est ainsi; il faut que tous les fleuves aillent à la mer mais en brisant brusquement les digues plutôt que de les ouvrir délicatement, les fleuves n'iront pas à la mer car ils se répandront violemment et insidieusement ailleurs ... Ensuite, ils reprendront leurs cours paresseux tandis qu'on regardera tout autour, horrifié, les dégâts ...

J'ai essayé de faire court et le plus clair possible. Ce thème est grave et essentiel pour notre pays. J'espère y être parvenu ...

Aïssa.

daniel ciccia

Il est sage dans une société de laisser les grands mots aux grands maux, sans quoi on participe, malgré soi, à développer ce qu'on prétend combattre en procurant, à des personnes qui ne le méritent pas, une sur-qualification aux actes qu'ils commettent.
Ce qui s'est passé dans le XIXe arrondissement de Paris est caractéristique. On peut cependant noter la prudence de la Préfecture de Police et ses réticences à caractériser les violences qui se sont produites comme étant de nature antisémite.
Je pense que c'est davantage le fait de tensions inter-communautaires, pas moins redoutables pour la société.

Florence

Et que dire de l'homophobie ? !
Dire aujourd'hui qu'un enfant est le fruit de l'union d'un homme et d'une femme est un crime presque aussi odieux que celui que vous dénoncez ici !

Je vais me faire insulter, je le sens !
Vous aussi du reste !!

Marie-luce

Oui mais cela présuppose que tous les intervenants médiatiques, politiques arrêtent la course au scoop, à la réaction "à chaud", les directs, les interviews "trottoirs" et prennent le temps de la réflexion avant de livrer en pâture aux millions de téléspectateurs "passifs" les informations erronées - graines semées qu'il est ensuite difficile de rectifier complètement dans chaque esprit trompé. Chaque intervenant devrait replacer la responsabilité (amplifiée par les moyens actuels de communications) en tête de leurs critères avant l'ambition et l'audimat.

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