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15 octobre 2008

Commentaires

Patrick Marguillier

@ Olivier

Excellent raisonnement.

Faites compliqué quand on peut faire simple...

Olivier

Au lendemain du match, un jeune Tunisien a posté sur You Tube une vidéo intitulée "Je suis Tunisien et je siffle la Marseillaise". Il y sifflait effectivement la Marseillaise comme d'autres le Pont de la Rivière Kwaï, au sens propre. Le glissement de sens est intéressant. Siffler la Marseillaise, c'est choisir de n'en pas prononcer les paroles en trouvant refuge dans la mélodie. C'est une alternative possible à celle de Gainsbourg, saisissante par le contraste entre les planantes volutes du Reggae et l'extrême violence des paroles. Je ne voudrais pas faire de la psychologie bas de gamme, mais la Marseillaise raconte quand même le meurtre originel d'une nation bâtie dans le sang (impur) qui abreuve nos sillons. Mais si nous savons bien qu'il n'y pas de société possible sans meurtre originel - tant de mythes nous le racontent que c'en est une évidence - la Marseillaise a ceci de particulier qu'elle ne désigne ni bouc-émissaire à clouer au pilori, ni souverain à vénérer. Elle dénonce une tyrannie sans visage, des féroces soldats dont on ne sait plus dans quel camp ils sont, mais dont le sang doit nous abreuver. La Marseillaise, c'est une guerre dont les ennemis sont n'importe qui, c'est un chant de division auquel on peut avoir du mal à s'identifier. A la cérémonie du 11 novembre de ma commune multi-ethnique de banlieue, la Marseillaise n'est d'ailleurs jamais chantée ; la fanfare joue sobrement la mélodie, et nul enfant n'en entonne jamais les paroles. Aussi, ce qui ne cesse de m'étonner dans les réactions indignées qui ont suivi la prestation de Laam, c'est que personne - à part peut-être Patrick Besson dans le Point, et encore - ne se soit demandé si l'appel au meurtre indistinct, le besoin de sang régénérateur, le mythe inachevé que constituent la Marseillaise sont le meilleur symbole d'intégration sociale qui soit. Et si, au lieu de chercher mille explications à l'incident de l'autre soir, on prenait au sérieux une hypothèse tout sauf absurde : la Marseillaise n'est pas un chant de cohésion, et il est compréhensible de ne pas s'y reconnaître? Si, au fond, les siffleurs étaient plus rationnels qu'il n'y paraît? Et si, au fond, un magistrat comme vous l'êtes, dont la fonction est de réguler la violence sociale, ne devrait pas tenir compte de ce paramètre finalement très simple?

Patrick Marguillier

"Siffler un hymne national est par principe un manque de respect du pays concerné et c'est une chose grave"

Que de béatitudes platoniques...

Faut-il en pouffer jusqu'à en plus rire, ou en pleurer jusqu'à plus soif de cette observation "profonde" ?

Un tel tissu d'âneries superposées ?
Oui on peut encore en trouver, 4 millions d'années pour en arriver à la conclusion que siffler lors d'un chant lugubre est une chose grave, je me demande ce qu'en pensent les cent autres milliards de races sur terre multipliées par X sur 4 millions et des poussières d'années, redescendez mon ami sur terre...
Ca sera un tantinet plus réaliste.

Dieu doit se retourner dans sa tombe et prier pour ne jamais en sortir.

Heureusement qu'on a inventé le PHP puis les blogs, sinon qui le saurait.. ?

Arrêter le match? que fait un chant militaire plus que sordide sur un terrain de football? un terrain de loisir? Je sais qu'il est de bon ton de galvauder la Légion d'honneur, les oripeaux de la république, en les distribuant à nombres de cancres de la télévision, du cinéma et autres tribunes de loisirs, mais tout de même...

semtob

Pierre Emmanuel aurait donné l'éclairage suivant : "Nous sommes langage incarné : jusque dans la hauteur des symboles, nous n'échappons jamais à la présence concrète du mot. Si nous y échappions, nous cesserions d'être". Pierre Emmanuel est un poète résistant décédé en 1984.
S'attaquer à un ou des symboles n'est pas innocent.
Françoise et Karell Semtob

Patrick Marguillier

A l'ère d'internet, de l'ipod, de la communication, la Marseillaise devrait être rangée dans le manuel d'histoire au même titre que Napoléon voire au-delà car la barbarie qui a accompagné ce chant sinistre est encore sanguinolente, à la fois trop proche et en même temps si lointaine que l'on voudrait qu'elle soit ailleurs.

Que chantait les Gaulois comme hymne national?
La mort à toujours eu un hymne et une face laide.

A quand un chant national, international, mondial de la paix?

Objectivement, quand je regardais ces chairs à canon, gesticulantes, suintantes, braillantes, si périssables et pourtant sans mémoire, debout, soudainement rigidifiées par un son, tétanisées comme un chien à l'arrêt au sifflet de son maître, chairs et gueules qui entonnaient ce chant barbare, grotesque, à la gloire du souvenir des barbaries passées et sans nul doute à venir, je n'augurais pas d'un bel avenir pour les hommes.

Une brume éternelle que des plus savants que moi ont appelé obscurantisme, enfer, m'apparut, me couvrit de son linceul glacial, m'étreignit.

Je ne fus que chair dans un laps de temps déterminé, trop bref. Trop long.

On ne commémore jamais le début de la paix mais toujours les fins de guerres, les guerres et encore les guerres..

Doivent-elles revenir encore et toujours que l'on se sente "obligés" d'y revenir par des chants qui par essence devraient rester poétiques, égayer, divertir..

La gloire dans les sillons du sang humain n'augure pas à des temps infinis de paix.

C'est un scarface à l'ancienne comme dirait les jeunes.

Daniel Ciccia

Cher Aïssa...
Votre théorie du complot financier planétaire ourdi par je ne sais quelles puissance occultes désireuses d'empêcher l'élection d'Obama me fait sourire, parce que cela supposerait que ces puissances en questions soient particulièrement handicapées de l'encéphale.
Car voyez-vous, cette crise est sans doute la meilleure chose qui pouvait arriver à Barack. A l'inverse si cette crise n'avait pas surgi, et que la crise est-ouest née après les événements géorgiens avait continué à couver, c'est probablement Mc Cain qui aurait été avantagé.
De là à dire que les puissances occultes ont choisi Barack Obama, il y cependant plus qu'un grand pas...

Aïssa Lacheb-Boukachache

Ne sachant où caser ceci, je vais le coller là, tiens, à la suite de la phrase pleine de bon sens de ce monsieur Hugues Vessemont (heureux de vous découvrir, mon cher).

Il est sidérant que personne dans la presse et, plus globalement les médias de masse (en tout cas, je ne l'ai lu ni entendu nulle part), n'ait osé ce lien entre la grave crise financière et économique américaine (et mondiale de fait par la suite) actuelle et l'élection à la Présidence des Etats-Unis. C'est une coïncidence bien singulière. J'ai l'impression, moi, qu'il s'agit plus d'une sorte de monstrueux attentat financier de forces occultes et profondément nuisible à la démocratie et au genre humain, qui aurait but, semant la terreur et le désarroi populaire et poussant les foules dans les bras des conservateurs dociles voire les pires réactionnaires, d'empêcher l'élection d'un Noir à la Présidence. Cependant, les Républicains semblent ne pas vouloir donner là-dedans, d'où des haines secrètes s'exacerbant et la crise s'aggravant au fil de l'échéance suprême. Car enfin, sont-ils stupides ces Républicains à ce point de donner l'élection au camp opposé puisqu'on voudrait perdre celle-ci qu'on ne s'y prendrait pas comme ils le font depuis le début de la campagne et encore actuellement. Un moment, j'ai cru que Mc-Cain serait élu, l'Amérique n'étant pas "prête" à un Noir. Plus cela approche, plus observant mieux, j'acquiers la certitude que le meilleur soutien à Obama est justement Mc-Cain et tout son camp, Bush compris. La lutte n'étant donc pas là où l'on peut croire qu'elle se trouve. C'est la lutte de la Démocratie politique américaine contre ... contre ...


Aïssa.

Hugues Vessemont

C'est un événement insignifiant, en revanche ce qu'en font nos gouvernants est beaucoup plus dangereux.

cactus père siffleur.

pour finir :
j'ai oublié :
il l'aurait déchantée , non ?

Cactus aime le maudit, blues ou pas

Bonjour à vous d'abord !
1 . à propos du film :
"comment expliquer ce malaise que l'on ressent dès le début : on a toutes et tous ou presque envie d'aimer mais Coluche , l'original n'y est pas une seule fois ( peut-être de dos ) ; comme déjà expliqué en critique ciné , manquent SA bonhomie vraie , SA présence , SON oeil malicieux , tout ce qu'on pouvait retrouver hier soir sur Paris Première dans une soirée remarquée par Tra " Coluche la france a besoin de toi " à 21.40 ( Balasko etc etc et ......COLUCHE LE VRAI ) juste après avoir vu le film l'après midi ( avec un X. Demaison géant dans tous les sens , certes ) j'ai alors ressenti toute la différence entre le film ( un peu télé film par moments ) vu l'après midi et la réalité , la vraie vie Coluchienne avec tous ses excès que j'adorais et que j'adore toujours ; des moments émouvants , vraiment , des témoignages tellement vrais , à la différence du film ;

appréciant également A. De Caunes je suis plutôt gêné aux entournures donc de ne point crier au :

bravo , merci l'artiste !

( certaines personnes certainement fans de Coluche de quitter la salle vers le milieu du film :-( !

2. à propos de Sergette Lââm :
ne regardant pas ma petite lucarne , ne faisant donc qu'ouïr , j'ai cru un instant au retour de Mireille , Blanche Colombe , Mathieu : quelle cata , strophe après strophe !

ils vont finir par dégoûter nos jeunes de la vraie musique classique !

Sissi !
sinon la Marseillaise vaut bien au moins une guerre.....des communiqués !
bien à vous M. Bilger qui m'avez manqué en cette absence forcée !
Sissi et ce face à mon destin !!

Daniel Ciccia

Je rejoins notre hôte sur le fait, que je déduis de sa lecture, que des héros dérisoires ne sont possibles que dans les époques qui le sont. J'aimais bien Coluche le temps d'un ou plusieurs sketchs. Mais pas plus ni au-delà. Or, faut-il que notre culture soit tombée bas pour que cet homme banal, si n'était ce talent qui n'est celui que d'un amuseur, ait pu devenir et s'imposer comme une figure politique quasiment idéale à laquelle doivent être rapportées les autres. 'Tu nous manques, Coluche" ai-je entendu dans la bouche d'hommes de télévision, parfois de personnalités que l'on peut qualifier d'éminentes en terme d'intelligence, comme Jacques Attali.
Alors, si Coluche est devenu aux Français le parangon de la pensée politique, que vaut la France, que vaut notre hymne national ?
S'indigner des sifflets du stade de France, ce n'est pas s'indigner par principe, sinon cela n'a aucun sens. Il faut aller chercher la cause qui rend cette situation insupportable et ce en quoi elle constitue une atteinte inadmissible, amplifiée par un match vu par des millions de téléspectateurs.

Quand on siffle ce qui représente le plus haut degré symbolique de ce que nous sommes ou, sauf à avoir un contentieux, de ce qu'est l'autre, on se déprécie soi-même. Le match Arménie/Turquie à Erevan, il y a quelques semaines, a donné lieu à des manifestations de défiance et d'hostilité, mais au moins pouvait-on dire que le train de la réconciliation a démarré le 6/09/2008 du stade d'Erevan... et qu'il ira jusqu'à Istanbul ou Ankara.
Il est possible à ce stade d'invoquer l'Homme et sa dignité, dignité dans son histoire personnelle, dignité dans l'Histoire : celle de son pays, éventuellement de son pays d'origine, et celle du monde.
Dès l'instant où on invoque la dignité de l'homme, il me semble que l'on convoque les valeurs et les dimensions qui lui sont constitutives.
Les valeurs qui fondent la dignité personnelle, nous les connaissons. Les dimensions, par contre, aujourd'hui elles sont plus complexes, car liées à la géopolitique et à la transformation du monde.

Quelles sont-elles ces valeurs dans une démocratie française émolliente et, sur certains sujets, déchirée par ses psychoses et ses culpabilités? Elle a, cette démocratie, de plus en plus de difficulté à définir sa propre valeur, donc peut-être à agréger autour d'elle, puisqu'elle ne parvient plus à savoir les prix qu'elle est susceptible de payer, les sacrifices qu'elle peut consentir, etc.
Au fond, le problème avec les pays du Maghreb vient de notre incapacité à supporter notre histoire, à la revendiquer avec ses tragédies, ses incompréhensions, son fardeau commun et de nous complaire, à la faveur de quelques philosophes idéologues, dans la repentance perpétuelle.

Aujourd'hui, nous sauverions - c'est sûr - toutes les sorcières et les parfaits cathares des flammes et nous enverrions à la place sur ces mêmes bûchers d'autres personnes, les marchands et armateurs bordelais qui ont fait commerce d'esclaves avec le nouveau monde.
Le problème, c'est qu'on ne peut pas remplacer les uns par les autres et que cela n'a aucun sens car l'Histoire ne le permet pas. Et que c'est un sacrilège, sauf à lui faire un enfant, à son égard et une imposture envers soi, ce que l'on est.
S'agissant d'enfant qui lui ont été faits, on peut parler de la prestidigitation du Gaullisme qui a permis de faire vaincre une idée vitale et regénérante: celle de la France résistante qui s'est imposée à tous sans qu'il ait été nécessaire d'épurer la population.
Le miracle de l'Europe, c'est le traité d'amitié franco-allemande signé par les ennemis d'hier qui ont su s'élever au dessus du procès.

Alors la France, confrontée à son histoire, refuse sur un certain points de grandir (un peu comme Oscar dans le tambour) et se rapetisse par conséquent, car loin de gagner le respect, en se défaussant comme nous le faisons, sous différents types d'injonctions qui sont idéologiques, médiatiques et moraux, nous n'honorons rien, ni nos ancêtres, ni la patrie, et nous allons nous draper dans je ne sais trop quelles grandiloquences qui font que nous apparaissons aux yeux de beaucoup d'autres peuples comme arrogants.

Quand ces supporters tunisiens, qui sont également nos compatriotes, sifflent notre hymne, peut-être n'ont-ils pas le sentiment de commettre un sacrilège parce que nous-mêmes avons dévalué le sens de la nation, de l'identité nationale.

"Pour moi, le Maroc, c'est le père et la France, c'est la mère..". C'était un de nos compatriotes d'origine marocaine après le match France-Maroc qui avait donné lieu aux sifflets. Interviewé, c'est ainsi qu'il expliquait pourquoi il ne s'était pas mêlé aux sifflets qui avaient visé l'hymne national. "On ne siffle pas le père, on ne siffle pas la mère".
J'avais été frappé, à l'époque par cette remarque entendue lors d'un reportage. Ce n'était pas la première fois que je l'entendais en référence à la manière dont Camus surmonta son dilemme pendant la guerre d'Algérie.
Je m'étais interrogé furtivement sur les raisons qui conduisaient à attribuer au pays d'origine la valeur du père et à la France la valeur de la mère, car au regard d'une culture telle que celle des pays du Maghreb, la valeur de puissance et d'autorité est dans la figure paternelle.
Ce propos m'a semblé révélateur de quelque chose de plus significatif qu'il n'y paraît. Dans son inconscient - peut-être dans son conscient - la France incarne une forme de faiblesse intellectuelle et morale, une défection, sans doute, parce que ses générations les plus avantagées ont complaisamment jeté tout ce qui relevait de la fierté patriotique pour faire valoir une bonne conscience généralisée qui n'a strictement aucune valeur puisqu'elle se fonde sur la négation de la réalité âpre d'une période historique et sur l'existence même des gens.

Non, notre époque post soixante-huitarde a fini de dévaluer un certain nombre de valeurs attenantes à la nation et à la patrie. Et la plupart d'entre nous, généralement, n'y ont vu rien de fâcheux, pris à l'insouciance d'une époque où le plein ne coûtait pas si cher, où la Chine ne faisaient qu'annoncer son réveil, où l'Afrique semblait condamnée à n'être qu'un fantomatique sous-continent, le sanctuaire maudit des débuts de notre humanité, inapte à la modernité...
C'est paradoxal comme cette transition historique a mis la France, patrie des Droits de l'Homme, dans une posture qu'elle ne peut surmonter, dont elle souffre et qui ne lui vaut pas toujours le respect des peuples étrangers.
Faut-il énumérer? Posture devant la construction européenne que l'on a établi les fondations, dont on fait chanceler l'édifice. Posture devant la mondialisation? devant la mondialisation qui déplace le pivot du monde?

L'Amérique est haïe mais à l'égal de la haine qu'elle inspire à ses ennemis, elle est aimée et respectée et ses immigrants qui la peuplent, qu'ils soient issus du Moyen-orient, d'Afrique, d'Asie, ou d'ailleurs s'approprient ses valeurs et symboles nationaux et patriotiques. Elle inspire de l'admiration.
Ce n'est pas une nation chétive, avec une démocratie vivante sans être corrosive pour ce qui la constitue, ce qui n'est pas notre cas.

Nous, Français, nous avons été marqués par l'anti-américanisme dit primaire alors que les Gi's sont venus mourir sur les plages de Normandie. Bien sûr, il y a eu des viols et des horreurs commis par ces troupes, comme il y a eu des viols perpétrés par des régiments composés de soldats d'Afrique du Nord du côté de Monte-Cassino, en Italie. Comme il y a eu des horreurs partout où la guerre surgit, au Rwanda ou ailleurs.
Mais nous avons à l'égard de l'Histoire un rapport qui pourrait finir par ressembler à plus que de l'arrogance: du mépris et une certaine suffisance.
L'Allemagne, hier, a voté le maintien de sa contribution à l'isaf et l'envoi de 1000 soldats supplémentaires quand nous avons donné, au moment où nos soldats ont été frappés, le spectacle d'un débat national un peu étrange, avec une majorité de citoyens, selon les sondages, hostiles à notre présence et prêts s'ils l'avaient pu à retirer nos forces.

Il ne s'agit pas de savoir si nous sommes une super, une moyenne ou une petite puissance: ce n'est pas la question. La question c'est comment se tient-on dans notre histoire, assume-t-on son rang devant les autres peuples et comment en parlant de son propre passé on parle aussi de l'avenir.
D'une certaine manière, ces sifflets du stade de France sont un peu comme ceux du stade d'Erevan, ils se perdront sans doute, au fur et à mesure que la France prendra sa part dans ce qu'elle doit construire, dans les valeurs qu'elle doit porter sans se renier, sans se fuir parce qu'il n'y a pas lieu de fuir ce qui a été.
A cette échelle, en développant son projet, la France a déjà placé son rapport au Maghreb à l'échelle de l'Union pour la Méditerranée.
Il faudrait peut-être, au-delà des controverses et de la dérision, être capables d'être fiers de ces constructions, de les soutenir, d'être capables d'unité nationale et de nourrir des formes de fierté nationale.
Il doit bien y en avoir.

Laurent Dingli

Jean-Dominique Reffait,
Ah vous trouvez, vous, que le pays n'a plus d'ambitions ?
Moi je trouve au contraire que depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, il en a beaucoup...

catherine A.

Philippe, ma question sera beaucoup plus basique : que vient faire la Marseillaise, symbole de la République, dans un stade de foot ?

Jean-Dominique Reffait

Dans mon premier commentaire, j'avais centré mon propos sur la portée symbolique, faible à mon sens, des sifflets de la Marseillaise, mais votre billet, Philippe, a plusieurs couches qui s'entrecroisent, avec, en filigrane, une sorte de généalogie du "lâche abandon" de notre société à l'égard de ce qui en constituait le socle.

La distorsion entre la représentation de la France et ce qu'elle est réellement m'apparaît comme la source d'une désillusion qui nourrit la dérision. En quoi, aujourd'hui, la France est-elle fidèle à la représentation idéale qu'on en a ? Il ne subsiste rien. Il y eut le baroud d'honneur de Chirac-Villepin sur l'Irak qui ressemblait encore à une représentation d'une France indépendante, forte de ses convictions et de ses valeurs, magnifiée par le soutien de la très grande majorité des peuples du monde. Mais cet épisode est loin derrière nous et la réalité s'est à nouveau imposée dans une triste routine de pays moyen qui n'a plus les moyens de ses ambitions et qui, depuis plus d'un an, n'a d'ailleurs plus d'ambition du tout.

La France n'est plus qu'un recueil de souvenirs. Elle s'est fondue dans la passivité ordinaire du monde occidental, au point qu'on ne parvient plus à la distinguer. Elle échoue dans sa politique africaine, laissant sur place un océan d'amertume. Elle a perdu sa magie pour des peuples qui, lorsqu'ils émigrent vers elle, la choisissent parce qu'ils en parlent la langue et non plus parce qu'elle les fait rêver.

La Marseillaise, qui l'entend aujourd'hui ? Où la joue-t-on ? Dans les manifestations sportives, qui rassemble des masses, et dans des cérémonies militaires ou d'anciens combattants, en cercle restreint, qui n'ont plus de sens pour les plus jeunes depuis la fin du service militaire. Le drapeau national n'est plus guère visible qu'au fronton des administrations et sur les visages hilares des supporters sportifs. Est-ce donc le même drapeau ?

La dérision se substitue au respect, comme une expression de rage : ne sommes-nous que cela ? Ne sommes-nous qu'un gouvernement sans moyens dont les caisses sont annoncées vides par les gouvernants ? Ne sommes-nous que la manifestation visible des batailles d'ego à la tête du pouvoir ? Ne sommes-nous que paillettes, fric immérité qui coule à flot dans les mêmes poches, Rolex, strass, Star-Ac et "casse-toi pauvre con" ? Qu'y a-t-il à respecter quand plus rien n'est respectable ? Y a-t-il aujourd'hui une raison, une seule, d'être fier d'être Français ?

Coluche a joué de la dérision à une époque où le pouvoir de droite était à bout de souffle, où les diamants semblaient ruisseler sur les tenants du pouvoir. Mais après l'alternance, dans ce que beaucoup pouvaient imaginer comme une résurrection de ce pays et de ses valeurs (Libération des médias, discours de Cancun, grandes fêtes populaires imaginées par Jack Lang), il a quitté la dérision pour les restos du coeur. Quand un peuple croit enfin que des choses sont possibles, il ne se laisse plus aller à son propre dénigrement, il s'engage.

L'histoire n'est jamais finie. Les crises et surtout leur sortie permettront peut-être de redonner à notre pays une originalité et un charme qui lui fait défaut aujourd'hui. Peut-être est-ce la fin de la France alors que l'ensemble européen ne s'est pas encore substitué à elle. Cette belle région de l'Europe a besoin de retrouver le désir de séduire.

Christian C

Désolé, monsieur le Procureur, de ne pas partager votre analyse. Je me sens également agressé par les sifflets adressés à l'hymne de mon pays. Mais je pense que cette "offense" est partie de la liberté d'expression. Nous sommes depuis plusieurs années face à une restriction progressive de nos libertés individuelles, et ce ne sont pas les projets en cours de multiplication des caméras de surveillance qui me dissuaderont de cette opinion.
Quand notamment vous mettez aux comptes des Guignols ou de Coluche la défiance des Français vis-à-vis de leurs politiques, j'oserai comparer les politiques, et le plus puissant d'entre eux, à la lune ; la place du sage est en l'occurrence celle des guignols au sens générique du terme.
Pourquoi faut-il donc toujours que quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt ?

Bulle

C'est en Tunisie, n'est-ce-pas, que notre Président a été jouer au grand frère complaisant avec le régime en place pour installer son Union de la Méditerranée... si c'était ça qu'on a aussi sifflé ?

Aïssa Lacheb-Boukachache

Je rentre du boulot ; ma "Marseillaise" est un peu énervée, s'cuse... Sûr quand même que Coluche l'aurait chantée à tue-tête... J'en ferais bien l'hymne des Restos du coeur, moi, tiens... Woooouuuuaaaaahhhhh (baillement qui avalerait le monde, non d'ennui mais de fatigue). Bonne nuit.


Aïssa.

Aïssa Lacheb-Boukachache

Allons! Enfants de la Patrie!
Le temps du jeûne est terminé!
Contre nous de la tyrannie,
Les couverts sanglants sont levés!(bis)
Entendez-vous dans les Fouquet's
Piaffer ces féroces dîneurs?
Ils viennent jusque dans nos bras
Dérober nos viandes et notre pain!

(Refrain)

Aux armes, les crèves la faim!
Formez vos bataillons!
Marchons, marchons!
Qu'un sang impur ...
Abreuve nos sillons!

Que veut cette horde de voraces,
d'affameurs, de prédateurs?
Pour qui ces ignobles reliefs,
Ces miettes rances jetées à terre?(bis)
Français! Pour nous, ah! Quel outrage!
Quelles panses ils ont rassasiées!
C'est de nous qu'on a décidé
De renvoyer à l'antique esclavage!

Refrain.

Quoi! Des cohortes familières,
Nos élites, ces "Français",
Qui font la loi dans nos foyers!
Quoi! Des phalanges boursières!
Ont terrassé nos fiers laborieux!(bis)
Dieu! Nos mains seraient enchaînées!
Nos fronts de honte se ploieraient!
De vils despotes concitoyens sont devenus
Les maîtres infâmes de nos destins!

Refrain.

Tremblez, spéculateurs, et vous, perfides,
L'opprobre de l'honnête citoyen!
Tremblez! Vos desseins fratricides
Vont enfin recevoir leur prix d'airain!(bis)
Tout est justice qui vous combat.
Qu'ils tombent, nos jeunes héros,
La France en produit de nouveaux!

Refrain.

Français de misère mais magnanimes,
Portez ou retenez vos coups!
N'épargnez ces tristes victimes,
Que s'ils rendent ce qui est à vous!(bis)
Mais ces banquiers sanguinaires!
Tous ces complices des boursiers!
Ces hyènes qui sans une once d'honneur
Vendraient en parts le sein de leur mère!

Refrain.

Amour sacré de la vie digne
Conduit, soutiens nos bras vengeurs!
Liberté! liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs! (bis)
Sous nos haillons, nous sommes venus chercher
La Victoire à nos colères accents!
Que nos ennemis à nos pieds, expirants,
Nous voient reprendre notre places à notre table!

Refrain.


Aïssa.

bruno

Monsieur Bilger, vous supputez : les sifflets venaient de Tunisiens et étaient adressés à la France. S'il y avait un match retour à Tunis, je suis certain que les sbires de ce bon monsieur Ben Ali interdiraient ce genre de manifestation.
Pas d'angélisme et relisons Huttington.
Bonsoir.

Pierre-Antoine

Saint Coluche aurait-il chanté le cantique des anges ?
Heu pardon... je me trompe de blog :-)

Je pense que comme artiste en recherche de notoriété, donc de fric, il aurait préconisé de chanter "Money" des Pink Floyd au lieu de la Marseillaise. C'est beaucoup plus en rapport avec le monde du foot.
En plus il y est question d'acheter une équipe de foot.
Aurait-il chanté la Marseillaise avec sérieux ?
Après tout ce qu'il a dit sur ceux qui ont donné leur vie sur les "chants" de bataille pour qu'il ait la liberté de faire ses pitreries ?
Peut-être... mais pas sûr...

Cordialement

Pierre-Antoine

Erig le Brun de La Bouëxière

Siffler l'hymne d'un pays où personne ne vous a obligé à venir vous installer, et qui peu ou prou vous accorde autant (plus parfois?) de droits qu'à ses nationaux, est une attitude de parasites, et qui pis est de parasites ingrats.

Ceci dit, comme breton, chez qui la France s'est au contraire invitée, et qui ne jouit d'aucune protection de la part de la Halde, de la LDH de SOS racisme ni d'aucune officine lorsque je suis victime de discrimination dans mon patrimoine historique, culturel et surtout linguistique, je vous le dis tout net, comme colonisé (et loin d'être aussi libéré que les pays du Maghreb): la marseillaise, je la conchie.

Ceci dit, lorsque j'irai en France, soutenir l'Equipe d'Ecosse contre le XV tricolore, je serai debout pour entendre l'hymne national de l'occupant, parce que je suis bien élevé... Moi.

Jean-Dominique Reffait

Les mêmes qui ont sifflé la Marseillaise lors du match France-Tunisie, auraient sifflé un autre hymne si la France avait joué contre un autre pays. Les mêmes se sont drapés dans le drapeau français en 98, lorsqu'on appelait Zidane à devenir président.

Je crois que cet épisode n'a pas de sens. Du moins pas le sens qu'on lui donne. Ces jeunes franco-tunisiens ne sifflaient pas la France mais manifestaient leur soutien à l'équipe de Tunisie, dans un contexte de compétition de sifflements : est-ce qu'on ne sifflerait pas mieux que les Algériens ?
Et ils seront les premiers à soutenir l'équipe de France, et son hymne, lors d'un match France-Bulgarie.

Respecter l'hymne national, c'est en connaître la nature, cela n'a rien d'inné. L'école ne l'apprend plus. Les parents, tunisiens, de ces jeunes ne le connaissent pas. Où auraient-ils appris à le respecter ? Quel sens d'ailleurs donnent-t-ils à un hymne, la Marseillaise ou même l'hymne tunisien ? N'est-il pas simplement réduit au chant de guerre d'une équipe de foot que l'on conspue ? Une sorte de haka rituel, réduit au domaine sportif.

Certes cela révèle un réflexe identitaire préoccupant pour des jeunes français qui, le temps d'un match, se sentent plus tunisiens que français, en font trop parce que justement, ils ne sont plus tunisiens, ils n'en parlent pas la langue et sont éloignés des pratiques culturelles du pays de leurs parents. Besoin de manifester avec excès : plus tunisien que moi, tu meurs.

J'ai toujours pensé que les hymnes nationaux étaient dévoyés dans les manifestations sportives. Le patriotisme réduit à un jeu de ballon est en lui-même une dérision. On meurt pour un hymne, on souffre, on s'exalte devant les bouleversements de son pays, on combat pour les valeurs qu'il représente, mais jouer au ballon est une occasion bien dérisoire pour exalter les valeurs et le souvenir de ceux qui se sont sacrifiés. Elle est déjà là la dérision.

Si j'aime l'hymne de mon pays, ça n'est pas parce qu'il est l'hymne de mon pays, mais parce qu'il a porté des valeurs, des hommes et des femmes qui sont morts pour qu'il puisse retentir librement. Si tout cela m'est inconnu, je n'ai rien à faire de lui. Si ces jeunes tunisiens savaient seulement que leurs grands-pères ont combattu pour cet hymne, qu'ils en étaient fiers, alors auraient-ils peut-être une petite larme quand il retentit.

Fleuryval

Coluche n'aurait ni chanté ni sifflé la Marseillaise.
Il n'allait pas au stade.
"Comme Coluche s'est sublimé par les Restos du coeur, il faudrait que nous trouvions les nôtres." Les prisons du coeur seraient-elles dans l'air ?

mike

Tout relativiser et particulièrement le respect dû à notre hymne national (demain peut-être à notre drapeau) peut se révéler dangereux pour la nation.
La Marseillaise, dont les paroles guerrières sont évidemment à apprécier dans le contexte qui les a fait naître, débute par ces mots: "Allons, enfants de la patrie...".
Que ceux qui pour différentes raisons ne se sentent pas solidaires de cette patrie ne chantent pas, c'est tout ce qu'on leur demande.
En dehors de la Marseillaise, je ne chante aucun hymne étranger; en revanche il m'arrive de siffloter le "Deutschland über alles" dont nul n'ignore que la musique est issue d'un superbe quatuor de Joseph Haydn.
Les sons de l'Internationale et ceux du "God save the..." ne me déplaisent pas quand je me rase.
Soufflons donc à ces siffleurs incultes et qui mettent leur nationalisme dans le jeu du ballon rond de siffloter; ce sera plus harmonieux et moins désagréable à nos oreilles nationales.

Duval Uzan

Bonjour,

CERTAINS RIRES PEUVENT LUXER LES MACHOIRES

Ne l’oublions pas.
On peut bien sûr tout déconstruire. Et après ? Que ferons-nous sinon reconstruire.
J’avais écouté Coluche en 1972. J’ai failli me luxer la mâchoire mais ce n’était pas le même rire que j’entends aujourd’hui.
A chaque époque son mec !
Je suis d'accord avec ce que dit Catherine Jacob :
"Faisant ce choix de courtisans, à mon avis c'est comme s'ils avaient cédé devant les menaces de débordements, donc pourquoi se priver de manifester tout de même.
Mon sentiment à moi aussi est que c'est bien la France qui a été insultée ainsi que le manque de fermeté de la (FFF).

Je pense que dans des situations critiques l'hymne doit être chanté par des voix dont la qualité impose qu'on se taise pour les écouter et n'essaient pas tragiquement de couvrir à tout prix les sifflements.
Il y en a !"

L'excès de MENAGEMENT est une insulte.

Duval Uzan

ROUTA VILLANOVA

Cher PB,

Catherine Jacob parle du "Tang'o corse" quel rapport ? A contexte égal je pense que Coluche n'aurait pas sifflé la Marseillaise, pas plus que Romain Bouteille, Jean Bardin, Pierre Dac ou Philippe Bouvard. Ayant travaillé avec les trois derniers cités et pour ma plus grande fierté, je puis citer Pierre Dac " Les hymnes nationaux sont aux Pays ce que leurs citoyens leurs accordent, ni plus ni moins, d'ailleurs, le Général de Gaulle aurait pu dire : Si la France n'était pas ce qu'elle est, c'est-à-dire la France, tous les français seraient des étrangers "
Il a aussi dit en parlant des Magistrats :
"La Magistrature couchée, debout, assise, ou roulée en boule ne remplacera jamais un chapeau, même aplati pour se coiffer "
Or, Pierre Dac et les autres cités plus haut étaient des Français éminemment respectables, tout comme Michel Colucci.

Tout dépend du contexte foot ou patriotisme ?

Ddier ROUTA VILLANOVA

yeti

"Coluche, puis les Guignols et d'autres sans doute mais avec moins de verve politique et dévastatrice, ont accouché d'une sorte d'insatisfaction générale, de défiance caractérisée"
la personne qui accouche est en général responsable de ce dont elle accouche, bien plus que ne l'est Coluche de la situation que vous évoquez. Faire de ceux qui ont mis en évidence, avec humour, les défauts de la structure, les responsables de son délabrement revient à accuser le thermomètre de températures trop élevées (ou trop basses).

Surcouf

Monsieur Aïssa, l'hymne français, mon hymne, est issu de l'histoire de mon pays et je ne suis pas pour qu'on le change par une chanson populaire aussi jolie soit-elle.
Elle n'est en rien mon histoire même si on ne peut que saluer les valeurs qu'elle prône.

guzet

En simplifiant, on peut dire que, dans une société, lorsque la dérision est marginale c'est un symptôme de santé, mais que lorsqu'elle est généralisée elle devient un symptôme de mort. La vie sociale repose, comme l'écrivait à juste titre Valéry, sur des fictions, et sur la croyance, la confiance en ces fictions. La dérision, c'est le contraire de la confiance, et des événements actuels montrent ce que peut entraîner un manque de confiance généralisé. On ne peut que partager les remarques récentes de PA Taguieff lorqu'il constate : « L’esprit critique, inséparable de l’invention de la liberté, s’est retourné en mode de dissolution de toutes les convictions fortes. L’examen critique s’est radicalisé en posture hyper-critique ne laissant rien subsister dans le champ des valeurs et des normes. Le questionnement s’est fait ricanement, tandis que l’inquiétude qui pousse à la recherche devenait la stérile arrogance de celui « à qui on ne la fait pas ». L’ultime aboutissement de l’interrogation socratique, ce pourrait être l‘incrédulité généralisée des individus post-modernes »

Aïssa Lacheb-Boukachache

Coluche l'aurait chanté mais avec une plume au cul, comme il le fit une fois. Vous soulignez, cher PB, avec justesse, cette nécrophagie médiatico-politique ambiante. Du Coluche à toutes les sauces et plats quand la chose politique est poussive, celle culturelle atone et l'autre médiatique agonique et même celle financière plus affamée que jamais puisque son ex producteur, Ledermann, vient de se voir débouter par le tribunal de sa demande en réparation de préjudice moral, sans rire, qu'il estimait, le plus gravement du monde, à 150 000 euros quant au (je cite) "vol et piratage par de Caunes de cette formule", formule que, naturellement, il s'attribue: "C'est l'histoire d'un mec ...". Il doit se marrer depuis là-haut, monsieur Michel Colucci. La France est un pays riche peuplé d'une majorité pauvre; c'est cela qui agace davantage que les sombres, insultantes et sanguinaires paroles de notre "Marseillaise" qui, in fine, provoquent plus qu'elles ne rassemblent. Je serais partant que l'on remisa définitivement cette vieille chanson et sa musique d'époque au musée militaire des Invalides et qu'on la remplaça par ceci:

"Elle est à toi, cette chanson,
Toi l'Auvergnat qui sans façon
..............................
Et caetera et caetera".

Coluche aurait dit chiche! Et nul, j'en fait le pari, ni au stade de France ni ailleurs dans le monde n'osera siffler cela.


Aïssa.

Catherine JACOB

Coluche s'est en son temps permis de ridiculiser les couleurs nationales, le Bleu-Blanc-Rouge, comme à l'époque où il était également permis aux fous de divaguer librement et même nus comme des vers sur la voie publique, les porteurs de bonnets à grelots s'autorisaient de ponctuer la parole royale ou seigneuriale par une saillie, laquelle était généralement accueillie avec bonhomie, vu que d'une certaine façon, le non sens servait d'indicateur à une possible dérive du sens destinée à le ramener dans le bons sens.

Le problème malgré tout c'est que ce n'est pas à son bonnet qu'il a accroché des 'grelots' sous forme de rubans ou de plumes d'autruches [Hommage probable au 'truc en plumes' de Zizi Jeanmair(d)e (le monde)] en bleu, blanc, rouge !
Certes, le détournement a sa fonction qui est de dire en somme : "Attention! ça tangue Ô Corse pour les courageux fatigués... Du jour où ces musiciens qui ne pensaient
qu'à gagner plus nous ont joué
trop vite et trop fort un vrai tango de salarié ! On ne les a jamais retrouvés!".

Contrairement aux princes qui ne sollicitaient pas les suffrages publics, j'ai failli sauter le 'l' ), les candidats en lice étaient positionnés sur le même rang que le comique, et du coup, la satire se transformait dérechef en satyre.
Et quand ça tire... on ferme portes et fenâtres!

Le Figaro indique ceci:
"La Fédération française de football (FFF) avait pourtant tenté de prévenir ces manifestations en conviant les deux chanteuses franco-tunisiennes, Lââm et Amina, à chanter respectivement la Marseillaise et l'hymne tunisien.!"

Faisant ce choix de courtisans, à mon avis c'est comme s'ils avaient cédé devant les menaces de débordements, donc pourquoi se priver de manifester tout de même.
Mon sentiment à moi aussi est que c'est bien la France qui a été insultée ainsi que le manque de fermeté de la (FFF).

Je pense que dans des situations critiques l'hymne doit être chanté par des voix dont la qualité impose qu'on se taise pour les écouter et n'essaient pas tragiquement de couvrir à tout prix les sifflements.

Il y en a!

sbriglia

"Le 1er juillet 1766, après avoir subi à nouveau la question (torturé), le chevalier (de la Barre) est décapité et son corps jeté aux flammes avec l'exemplaire saisi du Dictionnaire Philosophique."

Il ne s'était pas incliné devant la procession du crucifix...

Aujourd'hui, il serait privé de match : comme aurait dit Vialatte, on voit bien, ici, la différence !

PS : comme je ne suis pas un républicain forcené, siffler la Marseillaise et ses couplets sanguinaires ne me heurte pas plus que ça... Quant à Coluche, le politiquement correct nous étouffe tellement qu'il n'y a plus guère qu'Aïssa pour courageusement exhiber ses plumes sur votre blog !
Oui, "une morosité à perpétuité" puisque "la permanence du sérieux est la triste nécessité des médiocres" (bis, ou ter, mais je ne peux pas m'en empêcher !)

Surcouf

Siffler un hymne national est par principe un manque de respect au pays concerné et c'est une chose grave.

Pour avoir eu la chance de le côtoyer quelque temps, nous fréquentions le même bistroquet et j'ai eu la chance de l'écouter en off et de lui parler parfois, je pense que Coluche n'aurait pas chanté la Marseillaise et aurait certainement sorti un bon mot après ou avant mais je ne pense pas qu'il aurait sifflé.

Sur le fond du problème un sport ou le respect des équipes n'existe pas ne mérite plus le nom de sport mais de spectacle ou je ne sais quoi d'autre.
On dit souvent que c'est l'argent qui est la cause de cela mais que nenni. Il est des sports où les joueurs perçoivent plus de rémunération et où le respect de l'autre est important sans parler de celui du corps arbitrage. Je pense au football américain par exemple ou après chaque action, même s'il existe du "trash talking" les joueurs se relèvent les uns les autres, se congratulent en fin de partie, où les entraîneurs traversent le terrain pour se serrer la main et se dire quelques mots en fin de match, où l'hymne national est chanté avant chaque match et pas seulement les matches internationaux.
Pour rester français je n'ai pas vu au rugby ou hand-ball de telles scènes.

Reste la question du dénigrement de toutes valeurs et la raillerie de son prochain comme manière de vivre et comme philosophie si tant est qu'on puisse appeler cela comme ça.

Je ne citerai ici que Montesquieu
De la Raillerie
« Tout homme qui raille veut avoir de l'esprit ; il veut même en avoir plus que celui qu'il plaisante. La preuve en est que si ce dernier répond, il est déconcerté.
Sur ce pied là, il n'y a rien de si mince que ce qui sépare un railleur de profession d'un sot ou d'un impertinent.
Cependant il y a de certaines règles que l'on peut observer dans la raillerie, qui, bien loin de rendre le personnage d'un railleur odieux, peuvent le rendre très aimable.
Il ne faut toucher que certains défauts que l'on n'est pas fâché d'avoir, ou qui sont récompensés par de plus grandes vertus.
On doit répandre la raillerie également sur tout le monde, pour faire sentir qu'elle n'est que l'effet de la gaieté où nous sommes, et non d'un dessein formé d'attaquer quelqu'un en particulier.
Il ne faut point faire de raillerie trop longue et qui revienne tous les jours : car on est censé mépriser un homme, de cela seul qu'on lui a donné sur tous les autres la préférence continuelle de recevoir les saillies qui viennent.
Enfin, il faut avoir pour but de faire rire celui qu'on raille, et non pas un tiers.
Il ne faut pas se refuser à la plaisanterie : car souvent elle égaye la conversation ; mais aussi il ne faut pas avoir la bassesse de s'y livrer trop et être comme le but où tout le monde tire. »

Raillerie et dénigrement son deux plaies majeures de notre société.
Dénigrer l'autre pour se hausser du col sans pour autant faire preuve de sa valeur, telle est bien souvent l'attitude de certain de nos penseurs, et reprise de manière maligne par tout un chacun.
On ne construit pas une société avec de telles pratiques.

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