Celle-ci, responsable, à l'âge de vingt ans, de "la colonne romaine" des Brigades rouges, a été notamment reconnue complice de l'assassinat d'un commissaire de police en 1981.
Le président de la République avait il y a quelques mois avalisé le processus de son extradition en même temps qu'il attirait l'attention des autorités italiennes sur la personnalité de Marina Petrella. J'avais alors approuvé totalement, dans le billet "D'un président l'autre", cette démarche qui conciliait le respect de l'Etat de droit et l'exigence d'humanité, étant acquis que l'Italie n'est pas un pays barbare ni totalitaire mais une démocratie au même titre que la nôtre et pourvue également de structures hospitalières satisfaisantes.
Comme il était prévisible, cette mesure à la fois nécessaire et courageuse a suscité de multiples protestations toujours réunies sous la bannière d'une compassion exclusive pour ceux naturellement devenus victimes de leurs crimes. A été invoquée, comme d'habitude, la doctrine Mitterrand qui d'une part n'a jamais eu la moindre traduction officielle et d'autre part excluait les crimes de sang.
Il était également inéluctable que, pour appuyer ces dénonciations unilatérales, Marina Petrella elle-même avec une résolution guère étonnante - capable du pire, pourquoi aurait-elle manqué d'audace pour sa propre cause qui était de demeurer en France coûte que coûte ? - a mis en péril sa propre existence en suspendant sur le sommet de l'Etat cette épée de Damoclès qui ne la ferait rejoindre l'Italie que morte. Cette menace, ce chantage, gagés sur la fragilité et le déclin de sa propre vie, lui ont fait remporter une victoire éclatante. Il était écrit que son extradition serait entravée par les moyens même les plus suicidaires. Il était fatal qu'écrasant l'un des plateaux de la balance, elle fasse fléchir l'Etat pesant peu sur l'autre. En appelant aux élans du coeur, elle a aisément fait perdre l'esprit.
A l'annonce de ce triomphe personnel et de cette défaite de l'Etat de droit - qu'on me permette, en effet, de considérer que sa seule vocation n'est pas de complaire aux anciens terroristes italiens ou autres -, le mari et les filles de Marina Petrella ont naturellement félicité et remercié le président de la République. Son avocate a indiqué que sa cliente avait "pleuré" de joie. Qui pourrait m'interdire de laisser couler dans ma sensibilité les larmes que son crime a suscitées en 1981 ? En tout cas, je refuse de les exclure pour pouvoir mieux m'abandonner à une compassion facile.
Le président de la République a perçu comme cette décision apparemment "humanitaire" était de nature à ouvrir une brèche dangereuse dans l'affirmation de sa volonté de lutter sans faiblesse contre le terrorisme. Aussi il a souligné, en espérant assigner à son indulgence un cadre purement miséricordieux incompatible, paraît-il, avec la gestion italienne, que sa politique contre le terrorisme et la collaboration internationale qu'elle impose demeureraient de rigueur et de vigueur.
Il n'empêche que la Ligue des Droits de l'Homme, par son président Jean-Pierre Dubois, a sans attendre profité de ce suspens, de cette parenthèse pour vite saluer le devoir d'humanité mais surtout pour rappeler Nicolas Sarkozy "au respect de la parole donnée aux réfugiés italiens". Sur le plan politique, les partisans d'un Etat de droit à leur convenance idéologique ne vont pas désarmer, si je puis dire. Le principal, qui touche le mythe de la révolution, n'est pas oublié. La pitié d'aujourd'hui, loin de bloquer la fronde par la référence à une situation particulière, va probablement donner de la polémique à moudre aux partisans du refus de toute extradition. Evoquant la LDH, je ne peux m'empêcher de songer que la belle-soeur du président de la République, l'actrice Valeria Bruni-Tedeschi, a déclaré dans un journal italien qu'elle avait rendu visite en prison à Marina Petrella (excellent texte de Me Gilles Devers sur 20 minutes et le site du Nouvel Obs). Je crains que les dissidents comme moi, dans ces domaines sensibles, pèsent peu face aux circuits privés et les citoyens face à l'entourage. Un zeste de moeurs royales en République. Dommage.
Pour ma part, je préfère m'abriter sous l'aile de l'Aiviter, la principale "association italienne des victimes du terrorisme" (site du Point). Celle-ci n'a pu que constater qu'on allait garder Marina Petrella alors que l'Italie, ses tragédies, sa justice et sa démocratie avaient besoin d'elle. Elle a tout de même rappelé qu'on soignait aussi dans son pays.
J'ai conscience, écrivant ce billet, de ne pas sembler donner toute la place qu'ils méritent au coeur et à l'apitoiement. Certes, lorsque, femme ou homme, on s'engage dans un combat en étant prêt à jouer comme mise ultime son être, son souffle, il serait malséant de tourner en dérision la personne et de lui imputer la responsabilité de son état. Je ne l'ai pas fait. Mais il est légitime et salubre de continuer à juger le combat et les origines criminelles de celui-ci. Ce que j'ai fait.
Pour l'Italie.
Cher PB
"son extradition légitimement ordonnée par un décret"
Je me pose la question suivante : est-ce
"légitimement" ou "légalement" que le décret a été pris ?
Un décret est (à mon humble avis de non juriste) légal !
Une décision prise en faisant appel au coeur (absent de tous les articles de tous nos codes) peut être légitime, même si elle s'affranchit d'un "décret légalement pris".
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 20 octobre 2008 à 18:17
@ Laurent Dingli
Je ne puis vous répondre. Vous êtes dans le jugement, ce qui est parfaitement votre droit, alors que je n'y suis pas en l'occurrence. Je ne justifie rien, j'explique un contexte. Il n'y a pas de bons et de méchants mais des conflits d'intérêts. Libre à vous de tenir pour rien les réalités historiques et de vous en tenir à vos impressions.
Je n'ai pas mis en cause le père de Philippe Bilger, dont je n'ai pas même cité le titre de filiation : j'ai simplement dit que Philippe avait l'expérience de ce que, dans des époques troublées, un homme dont il connaissait la valeur et les valeurs pouvait faire un choix que le jugement public postérieur pouvait considérer comme condamnable. Je n'ai évidemment pas comparé le père de Philippe à un quelconque assassin dans la mesure où celui-ci a même refusé de le devenir.
Je vous laisse étudier la question, lire les témoignages de généraux italiens, lire les documents (enquêtes de journalistes, enquêtes judiciaires) concernant la stratégie du "stay behind" de l'OTAN dont Gladio était la succursale italienne, laquelle fut dissoute après les années de plomb. Je ne peux le faire à votre place. Si cela vous fatigue d'étudier ces sujets, restez dans vos certitudes construites sur rien de tangible, si cela vous convient.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 17 octobre 2008 à 13:47
Jean-Dominique Reffait,
Je connais très bien votre façon de faire pour l’avoir souvent observée : vous vous parez de la déontologie historique pour servir insidieusement vos croyances. Car, en lisant votre premier texte, il ressort, pour un lecteur moyen, que les assassins terroristes sont en réalité les simples protagonistes d’une guerre réagissant à une violence que d’autres leur ont imposée. Même si vous ne partagez nullement leurs idées et condamnez leurs actes - je ne vous ferai évidemment pas l’injure de penser le contraire - vos propos font néanmoins écho au mythe éternel de la légitime défense utilisé comme justification par les criminels rouges, bruns et aujourd'hui verts (islamistes). Et ce qu'il y a de pernicieux, c’est que vous le faites sous le couvert d’une « érudition » un peu hétéroclite allant de livres sans doute très sérieux au cinéma de Costa-Gavras…
Quel rapport existe-t-il entre l’assassinat d’un commissaire de police en 1981 et la pseudo-restauration du fascisme en Italie ou la dictature grecque de 1967 ? Il n’y en a pas. Sauf pour ceux qui veulent décorer leur actes haineux de bons sentiments comme les Brigades rouges ou les membres d‘Action Directe. L’histoire n’a rien à voir là-dedans et la psychiatrie serait sans doute plus utile comme le remarque notre hôte. L'histoire devient même parfois un moyen pratique pour éluder la question majeure : la mort d‘un homme.
En outre, vous vous référez de manière assez indélicate au père de Philippe Bilger comme appui à votre thèse. Mais là encore, quel rapport avec le sujet, cet homme a-t-il assassiné quelqu'un ou s'est-il lui-même rendu complice d'un meurtre ?
Vous vous amusez par ailleurs de la peur qui avait saisi une partie de la droite à l'avènement de Mitterrand. Sans doute cette panique était-elle cocasse, encore que la présence d'un (ancien ?) espion du KGB comme Ministre de la Défense, Charles Hernu, le soit tout autant, et qu'un système qui a provoqué dans le monde la mort de 80 millions de personnes puisse légitimement susciter quelques craintes. On pourrait donc inverser le raisonnement en s’appuyant comme vous sur l’Histoire et dire que les odieux attentats fascistes furent la réaction de combattants contre le communisme, etc, etc. et, ainsi, d’explications en justifications (?) on en perd encore une fois l’essentiel : la décision de supprimer la vie d’un être humain.
Vous parlez d’indulgence pour Petrella ou Papon, mais est-ce bien à vous de la réclamer ?
Rédigé par : Laurent Dingli | 17 octobre 2008 à 12:25
@ Daniel Ciccia
Je vois que nous pourrons nous mettre d'accord sur plusieurs points :
- Le climat de guerre froide de l'époque. En Méditerranée, la tension était particulièrement vive. La 6ème flotte américaine installée à Naples est là pour contrer la flotte russe de la mer noire et les pays alliés de l'URSS (Egypte de Nasser, prises de pouvoir du parti Baas en Syrie et en Irak, Algérie socialiste du FLN, Lybie.). Les USA s'appuient sur des pays à gouvernements démocratiques (Grèce, Italie, Israël) et non démocratiques (Espagne, Turquie).
- En Turquie, les USA maintiennent un équilibre tendu de la démocratie jusqu'à la montée de l'extrême gauche et de l'irrédentisme kurde. En 1980, les généraux s'emparent du pouvoir afin de maintenir le régime dans l'orbite de l'OTAN tout en demeurant très fidèles au kémalisme (laïcité notamment).
- En Grèce, l'opposition entre le roi et le centre-droit qui gouverne provoque une grande instabilité politique dont la gauche profite. La CIA provoque alors le coup d'Etat des colonels en 1967 (cf le film Z de Costa Gavras, qui montre le terrorisme d'état à l'oeuvre lors de l'assassinat du député Lambrakis).
- Ces deux pays sont indispensables aux USA pour verrouiller le Bosphore, seule porte de sortie des navires russes.
- L'italie est une presqu'île avancée au centre de la Méditerranée. Plusieurs dizaines de milliers de soldats américains sont présents à Naples, plus 40 navires, l'ensemble des services de renseignements.
- La menace d'une arrivée du PCI en Italie fait peur aux Américains qui craignent un revirement d'alliance du pays. Enrico Berlinguer, leader du PCI a pourtant rompu avec Moscou et réaffirmé que l'Italie resterait membre de l'OTAN mais les USA restent méfiants. C'est le début de la stratégie de la tension pour éviter l'arrivée du PCI au pouvoir.
Je pense comme vous : les idéologies politiques (que je distingue de l'idéologie philosophique, qui constitue un système de pensée sans finalité opérationnelle) ont été à l'origine de massacres inutiles. Je ne les justifie pas et je suis en aucune façon solidaire des motivations idéologiques des Brigades Rouges. Je ne fais qu'expliquer que, dans un contexte de violence initiée - c'est un fait que la chronologie rend incontestable - par certains éléments de l'appareil d'Etat italien, certains groupes d'extrême gauche sont passés à la résistance de ce qu'ils estimaient être une tentative de restauration du fascisme au profit de l'allié américain. Si le terrorisme d'Etat n'avait pas provoqué la violence, le terrorisme d'extrême gauche aurait sans doute existé en Italie (comme en Allemagne ou en France, qui n'étaient pas menacées par une déstabilisation de la démocratie) mais dans des proportions beaucoup plus faibles.
C'est dans ce contexte local (qui a, je vous l'accorde, des ramifications partout en Europe à l'époque, avec des camps d'entraînement en Lybie) qu'il faut comprendre l'action d'un Battisti ou d'une Petrella. Or, individuellement, personne ne peut dire quelle aurait été l'évolution de ces deux individus hors de ce contexte local particulier. Auraient-ils versé dans le terrorisme ? Personne n'est en mesure de le dire. Il doit être mentionné, à leur décharge, qu'ils ont quitté la lutte armée à la fin de la première période (quand la démocratie italienne était réellement menacée) et n'ont pas participé à la deuxième période, lorsque la démocratie a retrouvé ses pleins pouvoirs.
Je rappelle que ce n'est pas la gauche, mais la droite française (Giscard - Barre) qui a offert l'asile à ces gens, considérant que les conditions démocratiques n'étaient plus réunies en Italie.
L'histoire ne fait pas de morale. Elle établit des contextes et des faits, laissant à chacun, à la lumière de ces contextes et de ces faits, le soin de tirer les leçons qu'il souhaite. Elle ne peut servir que la vérité, ou du moins, ce qui s'en rapproche le plus compte-tenu des inévitables zones d'ombre. Juger le passé n'est pas le métier de l'historien.
@ djh
3 de mes grands-parents sur 4 sont morts pendant l'occupation, ma mère ayant été orpheline à 4 ans après l'assassinat de ses deux parents par des nazis français et belges. Le quatrième était soit à Londres, soit en clandestinité. Malgré cela, j'ai toujours soutenu, lors du Procès Papon, que faire juger un vieillard par des jurés qui n'étaient pas nés lors des faits était une absurdité. Le contexte ayant disparu et n'étant pas connu des jurés, ce procès ne pouvait être qu'une expiation collective et non le jugement serein d'un homme pour ses propres actes.
Philippe Bilger, dont on connaît, par un article du Figaro, l'histoire familiale douloureuse pendant et après la guerre, peut apprécier à quel point le contexte historique d'une époque peut bousculer le destin de quelques individus respectables par ailleurs. Dans les bouleversements momentanés de l'histoire, on passe aisément du statut de héros à celui de salaud et réciproquement. Quand le contexte prend certains individus qui n'en sont pas les initiateurs pour les ranger dans le camp des héros ou des salauds (selon ce qu'un avenir incertain décidera), l'indulgence sur les errements m'apparaît comme la solution de sagesse.
Je respecte et comprends les familles de victimes. C'est pourquoi je demande qu'au moins les Battisti et Petrella soient rejugés dans un contexte démocratique rétabli de l'Italie d'aujourd'hui. Faute d'un nouveau jugement, nous en restons à des verdicts empreints de l'atmosphère plombée de l'époque.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 16 octobre 2008 à 12:52
@JDR
Votre thèse est remarquable et vous la soutenez, comme toujours, avec un vrai brio. Pourtant, même en répétant à plusieurs reprises, que c'est le fruit d'un recoupement de faits, cela reste une thèse qui possède son anti-thèse.
Au final, chacun a droit à son interprétation sur les légitimités historiques - de la gauche face à la réaction, fatalement - qui sont en jeu.
Personnellement, je les tiens ces légitimités pour de sombres fictions. Je ne peux donc pas les évoquer avec votre talent.
Ce que je veux dire, et répéter, c'est la sombre imposture qu'a représenté au XIXe et XXe siècles l'émergence de l'idéologie dans l'histoire.
Il n'y a pas un bilan comptable, certainement, mais combien de millions de morts ont été causés par l'idéologie de la démocratie dite populaire.
Les années 70-80 ont en Europe enflammé les esprits et, M. Reffait, sans verser dans le magistral - je ne m'en sens ni capable ni autorisé - il est impossible de négliger le fait qu'un Etat, avec ses services, dans des conditions telles qu'elles apparaissaient au cours de cette période, soit dans une posture de défense.
Vous évoquez les concours, les incidences, de l'Etat italien avec les Etats-Unis, comme si d'évidence il fallait en conclure ce que vous prêtez à cette connivence.
Je ne crois pas me tromper en rappelant qu'à cette époque, l'URSS existait; l'Armée rouge alignait ses divisions et ses ogives nucléaires; que le pacifisme en Europe, et notamment autour de Berlin inquiétait l'ensemble des capitales occidentales (Mitterrand avait eu une formule explicite soufflée par je ne me souviens plus qui pour dire l'asymétrie de la situation: pacifisme à l'ouest/ missiles à l'est)...
Bon, nous n'allons pas refaire l'histoire, mais que vous prêtez aux brigades rouges une vocation "locale", je crois que vous vous trompez. Elles étaient, comme l'ensemble des mouvements d'extrême gauche dans la destruction de l'Etat, fût-il celui d'une démocratie chrétienne décadente.
Faut-il faire une confusion des terrorismes? Certainement pas, mais comment les définir, sinon par leur volonté de détruire un Etat de droit et d'user de tous les moyens - compris médiatiques - pour y parvenir. Les assassins sont dangereux, les doctrinaires aussi, car ils intègrent dans le temps.
Cela mériterait d'être sans doute développé, mais la démocratie, au fond, ne mériterait-elle pas de se transcender elle-même. Aujourd'hui encore, on considère la politique comme la manière de neutraliser la violence potentielle, reconnue par conséquent.
On est donc en permanence sur le focus des tensions sociales, des antagonismes, des clivages et des passions...
Je trouve que l'on devrait singulièrement reparler d'histoire, s'investir dans l'histoire de l'Humanité et ne pas persister dans le nombrilisme.
C'est lui qui, de la même manière attristante, sur la base de la même illusion ou tromperie, permet à quelques têtes enturbannées ou pas de lever des armées de fanatiques.
Quel est devenu le souci de l'histoire des peuples? Parlons de celui que je connais le mieux? Le pouvoir d'achat, qui assure chaque fois une audience du tonnerre dans les JT et les magazines? La retraite?
Tout cette éducation, toute cette culture, toute cette université, pour ça? Pour que des gens se considèrent injustement pauvres, victimes de classes...
Ce produit culturel, dont vous maîtrisez parfaitement les clés rhétoriques, n'a pas un grand avenir. Ou plutôt, s'il en a un, c'est au détriment de ce que représente l'Homme.
Il faut dire que l'Homme, c'est une idée vague, comme l'histoire ou comme la nation... Vous avez certainement raison, c'est l'histoire d'un mec...
On a les icônes qu'on mérite.
Rédigé par : daniel ciccia | 15 octobre 2008 à 20:52
Aïssa, JDR, si un de vos proches avait été victime de ces terroristes vous réagiriez différemment.
C'est un peu facile de philosopher devant son clavier...
Rédigé par : djh | 15 octobre 2008 à 19:26
@Patrick Marguillier
Il y a erreur, la "petite proie tremblante" et non rampante est à attribuer à Monsieur Aïssa Lacheb-Boukachache qui, je pense, sera ravi de vous inspirer.
Rédigé par : Aude | 15 octobre 2008 à 19:00
JD Reffait
On parle de l'Italie, pas de la Grèce ou du Chili, ni de Salazar ou de Franco. Les digressions et les généralisations abusives n'aident pas à la compréhension. Vous nous aviez montré, à propos de l'antisémitisme au XVIIIème siècle, que vous saviez brillamment distinguer un contexte historique et géographique. A moins que ce ne fût là une fulgurance, tentez de garder un si bon cap. Quant à vos chères lectures, je vous les abandonne volontiers. Attention cependant de ne pas trop verser dans le catalogue, le syndrome "Catherine Jacob" vous guette.
Rédigé par : Laurent Dingli | 15 octobre 2008 à 18:57
@ Aude
"Petite proie rampante", vous m'inspirez Aude, après mon bouquin "Assassins levez-vous", ça serait un bon titre ce "Petite proie.. " qui laisse entendre une suite prometteuse pour ne pas dire aguicheuse.
Les adeptes du sado-masochisme vont se délecter. Les pédophiles itou.
Rédigé par : Patrick Marguillier | 15 octobre 2008 à 15:14
@ Laurent Dingli
Je partage votre avis, de gauche mais pas forcément obtus quand une idée de droite est bonne...
Quand aux assassins, comme vous, je me fiche qu'ils soient de gauche ou de droite, je pense aux victimes et aux souffrances infligées à celles-ci avant tout, et
encore plus à ceux qui restent et à leurs souffrances de perdre un être cher.. les mois qu'il faut pour s'en remettre (si on s'en remet jamais quand on a aimé..)
Les adeptes de Petrella sont des adeptes de la peine de mort puisqu'ils tendent à protéger une criminelle et son forfait meurtrier, ils donnent raison à une tueuse et légitiment son crime.
Dès lors, ils deviennent des bourreaux, certes passifs, mais néanmoins complices. C'est inquiétant dans une démocratie qui se prétend respectueuse des droits de chacun, plus particulièrement le jour ou l'on se trouve du mauvais côté du manche ou par inadvertance sur les lieux ou vont se dérouler les actes.
Les victimes ont si peu de valeur finalement...
Bientôt on leur dira : Vous n'aviez qu'à pas vous trouver là !
Rédigé par : Patrick Marguillier | 15 octobre 2008 à 15:07
Je partage votre avis, l'Etat de droit vaut pour tous ou pour personne, aujourd'hui il ne vaut plus rien, je vais aller assassiner mon pire ennemi et apitoyer l'Etat avec une grève de la faim suffisamment convaincante (il y va de mon intérêt!) et je serais relâché pour raison médicale.
Génial, assassins levez-vous!
"assassins levez-vous" pourrait être le livre de mon prochain bouquin, je n'aurais guère de mal à vendre étant devenu un assassin people..(et quelque part comme tout le monde un opposant à l'Etat de non-droit et de droit éventuel sauf pour les victimes).
Plus mes opposants me haïront, plus ils feront ma publicité, je vais essayer d'être un peu sordide, peut-être devrais-je assassiner un flic renommé? voire un ministre? ils sont tant haïs déjà..
Évidemment c'est de la fiction, vous l'aurez compris, néanmoins ça souligne la déliquescence de l'Etat de droit, une sorte de laisser-passer pour le terroriste pas trop finaud..
Ce qui est tristement comique aujourd'hui, c'est que dès qu'un ministre ou un escroc en col blanc détourne un peu ou beaucoup de billets (du papier je le rappelle) on est prêt a le pendre, le salir, le traîner dans la pire des boues alors qu'on se montre compréhensif vis-à-vis des assassins, qu'on les soigne, qu'on les respecte, ils sont même pour les mieux lotis d'entre eux la gloire du jour..
C'est en Sarkozie que ça se passe... si si..
En Mitterrandie, on leur offrait le gîte également..
Je me demande comment réagiraient les défenseurs de Petrella si c'était leur propre père qui avait été assassiné...
Rédigé par : Patrick Marguillier | 15 octobre 2008 à 14:51
La lutte contre le terrorisme est pour moi inséparable de la lutte contre la torture :
c'est la dignité des hommes et des femmes qui est en cause et il ne peut, pour moi, y avoir de compromis défendable dans ces deux cas.
Rédigé par : mike | 15 octobre 2008 à 14:20
Je n'ai jamais évoqué autre que la complicité parfois active d'une partie de l'Etat, et l'attentat de Bologne est à ranger dans la catégorie du terrorisme d'Etat : des membres de l'Etat y sont directement impliqués, le patron des services de renseignements est directement impliqué, la justice est empêchée de fonctionner par des services de l'Etat.
"Mais personne ne croit à une volonté de restaurer l'Etat fasciste à cette époque" : c'est tout le contraire, tout le monde y croit : la Grèce et le Chili viennent d'y passer. Et les italiens y croient. Mais bon, je ne vais pas lire à votre place les très nombreux bouquins sur le sujet.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 15 octobre 2008 à 14:13
La défaite de la France plutôt; la coupe du monde, ils nous l'ont bien sifflée la dernière fois ... C'était dans les fouilles jusqu'à ce que Zidane mette un coup de boule ... A propos de sifflement, hier soir, il paraît que notre Marseillaise a été copieusement (encore!) sifflée (je ne sais, j'ai vu le match mais n'ai rien entendu; il est vrai cependant que je suis aux deux tiers bien sourd d'une oreille), lors du match amical France-Tunisie. On en fait tout un raouf ce matin dans la presse et même notre président NS qui convoque en urgence le président de la FFF ... Pour lui dire quoi, au fait? Qu'il faut repérer (sic) et interdire de match les siffleurs? Trois quatre mille personnes, au bas mot ... Ce n'est pas sérieux; il faut savoir raison garder ... et relativiser. Ces sifflements, huées, c'est de l'amusement provocateur de mômes pour la plupart (cela s'était vu lors du précédent France-Algérie où on les a vu ensuite descendre avant la fin de la partie sur le terrain, que des ados hilares et, pour tout dire, mauvais perdants). Pourquoi prendre si gravement ces choses puériles et vouloir quasi légiférer en l'espèce? C'est d'un ridicule ... Nous devrions plutôt nous pencher sur cette fameuse notre Marseillaise et l'interroger aujourd'hui à l'aune de notre civilisation et nos progrès. Je doute que l'hymne tunisien soit un quelconque appel au meurtre et au sang d'un hypothétique ennemi ... Quand, après que celui-ci eut été chanté par l'admirable Amina, que n'entend-on sans un pincement au coeur et une gêne certaine Laam chanter à son tour qui s'entend dans tout le stade et au delà "qu'un sang impur abreuve nos sillons .... égorger nos fils et nos compagnes ... Aux armes citoyens ... et caetera". Des jeunes prennent ça à la lettre, c'est ainsi .. Et puis, oui, de quel "sang impur" s'agit-il encore aujourd'hui? Est-ce que ces paroles terribles ont leur place dans un stade où l'amitié voire la fraternité humaine se manifestent dans le sport? Voila la vraie question, l'utile et raisonnable question. Le reste, c'est du pipeau ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 15 octobre 2008 à 12:15
J-D Reffait,
Je me moque que les uns soient d'extrême gauche et les autres d'extrême droite, ce sont tous des assassins et des lâches.
La volonté de contenir la poussée communiste est un fait historique, inscrit comme chacun sait dans le contexte de la Guerre Froide et de ses soubresauts, jusqu'à la détente relative des années soixante-dix (En Italie, cette lutte avait déjà commencé depuis longtemps, notamment en Sicile avec Salvatore Giuliano). Mais personne ne croit à une volonté de restaurer l'Etat fasciste à cette époque. On connaît l'argument consistant à se draper de la robe vertueuse de la lutte contre le fascisme pou justifier des meurtres, de même que la hantise du communisme a permis d'en justifier d'autres tout aussi abominables, et que le fondamentalisme islamique aura toujours un mobile à nous servir pour alimenter sa haine destructrice.
Pour l'attentat de Bologne que vous aviez un peu rapidement rangé dans le "terrorisme" de l'Etat italien dans votre premier post, je vois que vous êtes devenu beaucoup plus circonspect dans le second. La nécessité de s'en tenir au fait que vous nous rappelez doctement (et un peu longuement si je puis me permettre) s'applique aussi à vous il me semble.
Rédigé par : Laurent Dingli | 15 octobre 2008 à 10:05
Certes le président à le droit de grâce mais pour autant on peut ne pas être d'accord avec lui sans remettre en cause la légitimité de sa décision.
Concernant les Duvallier et consort je suis assez pour qu'on les renvoie dans leur pays sans autre forme de procès. On peut être un pays d'accueil sans être une poubelle recueillant la lie.
Pour en revenir au cas qui nous occupe dans ce billet, cette femme est un assassin, elle a été condamnée par la justice d'un pays de droit, elle doit assumer des actes et effectuer sa peine.
Rédigé par : Surcouf | 14 octobre 2008 à 18:52
Deux choses semblent profondément dérangeantes dans cette histoire :
L'éventualité d'une intercession des soeurs Bruni, instaurant un jeu trouble de connivence et d'influence au coeur de l'affaire. Leur implication dans le dossier aboutit au dévoiement des considérations humanitaires dont peut légitiment bénéficier M. Petrella, car elle se ramène à une posture compassionnelle de commande, graduée suivant la visibilité médiatique du bénéficiaire et la puissance de ses soutiens publics. Après la concurrence des victimes, apparaît maintenant la concurrence des condamnés : aux uns l'allongement souvent déraisonnable des peines, aux autres le privilège de l'absolution immédiate.
Ensuite, cette décision prive l'Italie de la possibilité de rendre justice, voire d'amnistier. Avec ce sursis à extradition, la France adopte une position fortement teintée de condescendance, en considérant qu'un pays voisin et pourtant démocratique n'est pas capable d'une justice impartiale et équitable, ni même de confronter son histoire avec courage et humanité
Ce passé honni est effectivement déjà lointain, la démobilisation et le délitement ont affecté le terrorisme d'extrême gauche tel qu'il se présentait à l'époque, malgré quelques sursauts pathologiques d'un corps qui peine à rendre le dernier souffle (l'assassinat en 1999 d'un personnage public, je ne sais plus qui). Et puis le climat des années du plomb était également aggravé par les manigances tortueuses et avérées d'officines secrètes gravitant autour du pouvoir, ce qui a incontestablement nui à la sérénité de la vie institutionnelle. Tous ces arguments sont audibles, et c'est de même justifiable de défendre la grâce d'une ancienne brigadiste qui a donné des gages de réinsertion dans la société civile. Mais ce débat appartiendra toujours aux Italiens, nous n'en sommes pas protagonistes.
Rédigé par : olivier | 14 octobre 2008 à 14:25
@ Daniel Ciccia
Pardonnez-moi, mais il faut faire un sort à de fausses idées et vos parents italiens pourront vous le confirmer, s'ils consentent à reparler de cette période car les Italiens n'ont plus envie d'en entendre parler.
Attentat de Milan : on arrête un militant anarchiste, Giuseppe Pinelli. Trois jours après, il est défenestré du commissariat.
1996, on découvre des documents abandonnés dans un bureau des services de renseignements italiens et c'est l'accablement : les services secrets italiens sont directement impliqués dans l'attentat. Le général Nicola Falte, mort cette même année 96 avait déjà fait un témoignage en ce sens. Le juge Salvini, qui enquête, arrive à la conclusion, en 1997, dans une interview dans la Republica, "Pour l'attentat de Milan, l'Etat savait.
Conclusion juridique ? En 97, 3 néo-fascistes sont arrêtés en compagnie d'un officier de la marine américaine, d'un officier italien en charge du renseignement de l'OTAN. Ils sont condamnés. En 2004, la cour d'appel de Milan les acquitte. Il n'y a pas de coupables condamnés pour cet attentat (16 morts).
- Attentat de Bologne, là c'est du lourd, plus de 80 morts. Une enquête de 15 ans. Plusieurs réquisitions de classement, de non-lieu, procédures innombrables, l'association des familles de victimes ne lâche pas. L'Etat italien parvient à sortir de l'affaire les fonctionnaires impliqués puis laisse condamner deux néo-fascistes plus une autre personne :
Liccio Gelli, le président la loge P2 dont Silvio Berlusconi est alors membre, pour obstruction à la justice.
Les juges italiens ont dénoncé l'action des services de renseignements italiens qui les ont inondés de fausses informations, services dirigé par le général Santovito, membre de la loge P2, comme Gelli et Berlusconi.
Allez, j'arrête. L'histoire a des évidences qu'on peut bien réfuter à tout prix. François 1er était un pingouin, Napoléon une prostituée transexuelle, on peut dire n'importe quoi si l'on ne s'impose pas un minimum de rigueur, d'étude et de recoupement.
Nous sommes en 2008 et le contexte des responsabilités respectives provenant de l'extrême droite, de l'extrême gauche et de l'appareil d'Etat italien est parfaitement connu. Les zones d'ombre concernent des responsabilités individuelles.
Je vous rappelle que le jour de célébration en mémoire des victimes du terrorisme, en Italie, est le 2 août, jour de l'attentat de Bologne : c'est un attentat d'extrême droite, cautionné par les services du général Santovito, la loge P2 de Gelli et Berlusconi qui est le symbole du terrorisme de cette époque.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 14 octobre 2008 à 13:26
@ Daniel Ciccia et Laurent Dingli
Vous auriez raison si la chronologie des événements vous donnait raison, mais elle est, hélas, indiscutable.
L'attentat de Milan (16 morts), en 1969, a été le premier acte de terrorisme des années de plomb. 400 arrestations ont suivies. Et c'est après cet attentat que les Brigades rouges se sont créées, pas avant. C'est un fait.
Je ne vais pas ici faire une conférence sur cette période, sa chronologie démonstrative et ses acteurs.
En 2000, un rapport parlementaire italien (Commission Stragi), établit sans aucun doute l'implication d'une partie de l'appareil de l'Etat dans les attentats : éléments néo-fascistes de la police et de l'armée, liés avec le Réseau Gladio (organisation CIA - OTAN dont la mission était d'empêcher l'invasion communiste ou l'accession au pouvoir des communistes dans les pays occidentaux). Des juges courageux ont établi des faits, mis en examen des personnes, mais ont été dessaisis et les prévenus ont bénéficié d'immunités, de nouvelles identités.
Le contexte historique, c'est à l'époque, le coup d'Etat en Grèce (1967) qui installe une dictature militaire avec le concours américain. C'est, en 1973, le coup d'état au Chili par la CIA : il ne s'agit pas du jeu normal démocratique avec quelques fous criminels qui s'y opposeraient par le terrorisme.
Revenons à l'Italie : des militants du MSI, parti néo-fasciste dont sont issus des membres actuels du gouvernement Berlusconi, ont admis que l'objectif de l'attentat de Milan, que l'on devait attribuer aux anarchistes, avait pour but de provoquer un état d'urgence, de bloquer les processus démocratiques pour enrayer la montée du PCI et du PSI.
A l'automne 69, peu de temps avant Milan, les ouvriers de FIAT s'emparent de l'usine Mirafiori, débordant les syndicats. Parallèlement des mouvements autogestionnaires apparaissent dans les universités. Des collectifs de locataires décident la réduction des loyers. Les élections montrent une progression fulgurante du PCI, lequel a rompu officiellement avec Moscou. Les classes possédantes de l'époque paniquent.
Les milieux d'affaires américains et italiens, rassemblés dans la pseudo-loge maçonnique P2, ont été les théoriciens de la stratégie de tension visant à installer en Italie soit un gouvernement du type grec (dictature militaire) soit, au minimum, bloquer les processus démocratiques par l'instauration d'un état d'urgence.
Parmi les membres de cette loge P2, si sinistrement connue, figurait un certain Silvio Berlusconi, qui semble attaché aujourd'hui à régler ses comptes personnels.
Les milieux néo-fascistes très actifs dans la police et l'armée sont les bras armés de cette stratégie et le premier acte est l'attentat de Milan, devant une banque, attentat devant inspirer à la population la terreur et le rejet des communistes tout en permettant l'instauration d'un gouvernement d'urgence.
La réaction des milieux d'extrême gauche est donc à situer dans ce contexte : celui d'une Italie qui revit le retour des chemises noires. Les milieux d'extrême gauche entrent donc en lutte armée contre la tentative de restauration d'un état fasciste. C'est le sentiment du moment, que l'on peut contester aujourd'hui. Mais à l'époque, nous sommes dans l'esprit d'une résistance au fascisme qui semble vouloir reprendre le pouvoir. Et cette résistance est armée, tout comme l'offensive.
Cette première époque ne doit pas être considérée comme la lutte d'un état démocratique contre des terroristes. L'Etat italien est gangréné de l'intérieur, la démocratie italienne est en train de mourir et deux groupes opposés établissent un climat de guerre civile. L'initiative de la violence ne peut être attribuée qu'à des éléments fascistes de l'Etat italien, tout en paralysant l'action des éléments démocrates de ce même Etat.
Parallèlement, la démocratie chrétienne est divisée et son chef, Aldo Moro tergiverse sans parvenir à stopper, malgré ses réels efforts personnels, les éléments meurtriers de l'état. Mais Aldo Moro penche pour l'alliance avec le PCI (compromis historique), il est enlevé et assassiné (1978). Son meurtre est attribué alors aux Brigades rouges. Aujourd'hui le doute existe sur une manipulation des fascistes et de la Mafia qui avait des intérêts réels à la fin du compromis historique. Jamais élucidé.
Au printemps 1979, l'Etat italien adopte une série de mesures d'exception, mesures qui débouchent sur le démantèlement de tout groupe d'extrême gauche y compris des groupes qui ont rejeté dès l'origine la lutte armée : la stratégie de la tension porte ses fruits. Le gouvernement français de l'époque (Giscard - Barre), récuse ces lois et accepte l'exil des militants gauchistes sur son sol. La France de Giscard refuse les extraditions demandées par l'Etat italien. Je parle bien de Giscard et non de la "doctrine" Mitterrand qui lui a succédé.
En août 80, l'extrême droite italienne fait 84 morts dans l'attentat contre la gare de Bologne. Les derniers leaders gauchistes sont arrêtés ou fuient vers la France. Les Brigades Rouges durcissent leur lutte armée mais connaissent de gros problèmes (scissions, lassitude idéologique). C'est la deuxième partie des années de plomb.
Tandis que l'Etat italien sort de la menace fasciste (ère de la détente dans la guerre froide, recul du PCI aux élections) et revient à un fonctionnement démocratique autour de la démocratie chrétienne, les derniers noyaux des Brigades Rouges continuent des attentats, le plus souvent non meurtriers. Battisti comme Petrella n'ont pas participé à cette deuxième époque des Brigades Rouges, époque qui mène le mouvement vers un terrorisme qui ne correspond plus à une résistance à la menace fasciste ou totalitaire du départ.
Après le retour de la vie démocratique normale en Italie, la justice a entamé l'opération "mani pulite", mains propres, qui a consisté à nettoyer l'appareil d'Etat de ses éléments pourris liés à la Mafia mais aussi à la CIA. L'Italie renvoie des diplomates et agents américains, réduit les structures de renseignements américains à Naples. Cette opération spectaculaire démontrait bien que la menace était concrète.
Au total, cette guerre civile aura fait 380 morts et plus de 2000 blessés : 128 tués par l'extrême gauche et 252 par l'extrême droite et les éléments fascistes de l'Etat. Il ne semble pas que les terroristes soient tous du même côté et à un terrorisme d'Etat a répondu un terrorisme civil. Je précise qu'à aucun moment, contrairement à ce qu'on peut lire parfois, l'implication du Vatican n'a été significativement démontrée : le seul prélat qui fut impliqué dans des financements occultes de l'extrême droite, par l'intermédiaire du Banco Ambrosiano fut le Cardinal Marcinkus, qui était... américain. Ce prélat avait beaucoup d'ennemis au sein même de la curie romaine. C'était aussi l'époque de la théologie de la libération et, avant sa condamnation par Jean-Paul II, nombreux étaient les ecclésiastiques proches des mouvements d'extrême gauche (prêtres ouvriers, Mgr Romero, etc.). Tiens voilà que je défends l'église maintenant ! Ben c'est l'histoire qui est comme ça.
Carla Bruni-Sarkozy est issue d'une famille italienne de la grande bourgeoisie qui s'est installée en France lors de ces années de plomb. Cet exil en dit long sur le climat de violence généralisée en Italie de l'époque, climat dont nous n'avons pas conscience, parce que nous avons l'image qu'à l'époque, le gouvernement démocrate-chrétien italien garantissait la démocratie, comme le vieux maréchal Hindenburg a semblé garantir la démocratie en Allemagne. En vérité, l'appareil d'Etat italien était pourri de l'intérieur. Elle a peut-être expliqué le contexte à son mari, comme j'essaye de le faire ici, avec un charme sans doute moins efficace.
Je conclus en signalant un reportage vu ces jours derniers au journal de France 2 sur la résurgence du fascisme en Italie. Un ministre du gouvernement Berlusconi a publiquement défendu les chemises noires de Mussolini et le dernier carré des défenseurs du dictateur, à l'occasion d'une cérémonie censée célébrer les résistants italiens au fascisme.
A plusieurs occasions récentes, des saluts fascistes ont fleuri dans des manifestations officielles, sans que les ministres présents s'en émeuvent.
C'est long, et j'en ai encore une dizaine de volumes en bibliothèque. L'histoire a ses contraintes chronologiques et ses chiffres. Elle a aussi ses contextes. Faute de prendre en compte les faits en les recoupant rigoureusement avec l'ensemble des éléments connexes, on s'aveugle. Je voudrais convaincre Philippe sur ce point : il ne faut pas confondre les Brigades Rouges (première époque) avec Action Directe et à force de voir du terrorisme partout, on ne voit le vrai terrorisme nulle part.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 14 octobre 2008 à 12:41
@Aïssa Lacheb-Boukachache
"Petite proie tremblante Petrella et toute cette meute française à tes trousses ..."
Petite proie tremblante ?
Vous me semblez être d'une grande naïveté.
Rédigé par : Aude | 14 octobre 2008 à 11:16
La lutte contre l'oppression ne passe par obligatoirement par la violence. Au 20ème siècle, Gandhi nous a montré qu'il y a une autre voie. Il restera dans l'histoire comme un modèle.
Pas comme un assassin.
Rédigé par : Florence | 14 octobre 2008 à 08:33
Notre président et ses ministres nous affirment que les soldats français risquent leur vie tous les jours en Afghanistan pour repousser le terrorisme, mais lui est d'une clémence inattendue pour Petrella... Souvenez-vous de l'hommage rendu aux soldats morts aux Invalides, de son empathie pour les familles... Celles des victimes des Brigades rouges en mériteraient autant...
Carla sera sans doute la candidate du Président pour le prix Nobel de la Paix 2009. Carlita, tu veux un Nobel ?
Rédigé par : Bulle | 14 octobre 2008 à 07:14
@Aïssa
Plus coupables encore que "le spéculateur en Bourse qui en affame et tue un million de par le monde depuis son bureau paisible d'une quelconque cité financière", je voudrais citer :
- les consommateurs qui, achetant volontairement les produits moins chers plutôt que plus chers, sont à l'origine des délocalisations et du dumping social,
- les fabricants d'automobiles, causes directes de milliers de morts annuelles parfaitement identifiables.
A ce titre, et m'inspirant de M.Petrella qui a tué un commissaire symbolisant à lui seul l'oppression policière, je préconise le meurtre pour l'exemple d'un consommateur en grande surface et d'un ouvrier de chez Renault.
Rédigé par : Yogi | 14 octobre 2008 à 00:23
Je voudrais dire à quel point j'estime que le billet de Mr.Bilger traduit, beaucoup mieux que je ne saurais l'exprimer moi-même, mon propre sentiment de malaise face à la décision de non extradition de Marina Petrella.
Je voudrais également souligner le caractère particulièrement choquant d'une part des raisonnements provocateurs de Mr.Aïssa Lacheb-Boukachache sur le capitalisme, et d'autre part des affirmations délirantes de Mr. Jean-Dominique Reffait sur l'Etat italien.
Penser que l'on peut décider froidement de tuer des opposants ou même malheureusement des innocents, puis fuir la justice en se réfugiant dans un autre pays, et enfin éviter de faire face à cette même justice en prétextant la dépression, cela me fait vomir.
J'estime beaucoup le Président Sarkozy, en particulier au regard de son action face aux événements difficiles que nous avons traversés de toutes parts depuis un an. Et je ne peux qu'être terrifié quand j'imagine ce que serait notre situation si nous avions dans ces circonstances à la tête de la France sa concurrente lors de l'élection de 2007.
Mais j'estime aussi que la décision qu'il vient de prendre n'était pas la bonne. J'ose espérer qu'il l'a prise parce qu'il disposait certainement de beaucoup plus d'éléments que moi, et en cela je la respecte. Mais je crains aussi qu'il l'ait prise sous l'influence des deux soeurs Bruni, dont je ne doute pas de la sincérité humanitaire, mais dont je doute pour le moins de leur clairvoyance.
Rédigé par : Magic | 14 octobre 2008 à 00:09
Je vous ai copié un petit bout du texte, cité par Monsieur Bilger :
"Le recours en annulation du décret devait être examiné devant le Conseil d’Etat ce mercredi. Intéressant de savoir ce que la justice allait en penser. Et bien cette pensée restera secrète, car ce samedi, le Premier ministre François Fillon a abrogé le décret qu’il avait signé le 9 juin 2008. Quand je pense que ce sont les mêmes qui gèrent la crise financière, j’ai quelques inquiétudes, mais là je suis hors sujet. Pas sûr."
oui c'est très inquiétant, de produire ainsi des décrets s'annulant les uns les autres.
Je ne comprends toujours pas la visite de la première dame de France pour l'annonciation.
Quand on est dépressif on ne pleure jamais de joie, on pleure parce que l'on s'accuse, ce qui ne semble pas le cas.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 13 octobre 2008 à 22:13
Je conclus par ceci car ce débat m'agace tant il sent par trop l'hypocrisie totale :
1) A l'intention de L.Dingli : si le terrorisme économique dont nous voyons actuellement encore une de ses manifestations des plus infâmes, ne vous inspire guère, ne vous dit ni ne vous fait rien, alors vous êtes un homme heureux, monsieur, nous vous envions tous, je vous félicite...
2) La souveraineté populaire s'est exprimée à travers la décision de son représentant premier, le président de la République, et ce droit de grâce qu'elle lui confère à travers la Constitution. Osez encore mettre en cause et accuser de toutes les complicités de meurtres et terrorisme la souveraineté populaire et vous dire toujours démocrates et républicains! ... CQFD!
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 13 octobre 2008 à 21:59
Il serait loyal et équitable, cher PB, que vous traitiez ici tous les criminels de la même façon indignée. Justice or not justice ... Il serait de même intellectuellement honnête que tous ceux et celles qui vous approuvent en cela et vous applaudissent et fustigent de ce mot, j'en cite un précisément, "les bêlements du troupeau que vous ne suivez pas", s'indignent publiquement de la même manière au lieu de pousser des cris d'orfraie sans argument pour dire in fine: que vous êtes joli, monsieur le procureur, que vous me semblez beau ... Jean-Claude Duvallier, ex Baby Doc d'Haïti, se la coule douce depuis près de 20 ans sur nos cotes d'azur et Champs-Elysées, ce à l'origine par la volonté et "l'humanité" de notre ex premier ministre et politique de premier plan: Laurent Fabius. La doctrine Fabius, oui, on peut aussi la nommer ainsi, celle-là. Le génocidaire de son peuple Haïtien, à la suite de son père ... La République d'Haïti (oui, je sais, ce n'est pas tout à fait l'Italie mais ce peuple a un tribunal et est tout autant respectable que les autres) réclame officiellement son extradition. C'est quand même, vous en conviendrez, un meurtrier d'une autre envergure que Battisti ou Petrella ... Osez le même billet quant à cet homme et vous tous qui criez haro sur Petrella, osez la même indignation, pétitionnez à l'Elysée pour qu'on le renvoie à son peuple qui n'attend que de le juger légitimement! Osez vos bêlements d'hallalli car les bêlements et le troupeau, c'est vous qui l'incarnez par cette attitude vindicatrice voire haineuse par moment. Le titre de ce billet est: La défaite de l'Italie. Qui dit défaite signifie lutte. Or, il n'y a jamais eu en l'espèce d'animosité entre nos deux pays respectifs. Je le désapprouve donc et me permets de le re-intituler ainsi: L'honneur de la France. Mais c'est vrai aussi qu'il est mis à mal par ailleurs, cet honneur (Cf. ci-dessus) ... Osez, les courageux, les Quichotte, les justiciers, osons Duvallier! Il est en bonne santé, lui, et bronze et mange bien gras sur nos cotes ensoleillées... Petite proie tremblante Petrella et toute cette meute française à tes trousses ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 13 octobre 2008 à 21:37
Ce sont des actions gravissimes qu'a commises cette femme.
On ne peut pas l'absoudre pour des raisons de contexte politique à l'époque où elle les a commises car le terrorisme c'est tuer des innocents pour créer la terreur et cela c'est inadmissible !
Maintenant, que certains pensent que renier les promesses de Mitterrand, c'est renier la France, c'est aller un peu vite en besogne car le même a eu et c'est peu dire des comportements erratiques sur l'échiquier politique (de Pétain à Marchais). Il s'est donc renié lui-même à plusieurs reprises.
Rédigé par : Polochon | 13 octobre 2008 à 20:28
Bonjour,
Merci Monsieur Bilger de traduire si bien notre pensée dans un si beau français.
Je n'ai rien à ajouter, mais simplement souligner souligner et souligner!
Je dirai tout de même que j'appréhende, car ce genre d'actions encouragent.
Enfin nous allons peut-être avoir bientôt la surprise, de voir la photo de la deuxième Ingrid, sans sa tresse!
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 13 octobre 2008 à 19:35
En mettant une nouvelle fois sur le même plan le bourreau et la victime, nos amis de gauche sont fidèles à eux-mêmes et tristement prévisibles. Après M. Aïssa Lacheb-Boukachache et ses millions de morts du capitalisme, M. Jean-Dominique Reffait établit une équivalence indécente entre l'Etat italien et les terroristes, faisant passer ses spéculations personnelles sur l'attentat de Bologne comme une vérité révélée. Voilà tout ce qui nous différencie. Non, ces hommes ou ces femmes ne sont pas de simples combattants qui luttent avec les armes dont ils disposent contre d'autres combattants : ce sont de vulgaires assassins et de misérables lâches qui exécutent des hommes souvent désarmés et par surprise.
Rédigé par : Laurent Dingli | 13 octobre 2008 à 19:28
Encore un assassin, qui plus est politique, les pires à mon sens, qui passe au travers des mailles de la justice des hommes.
C'est désolant et quelque part une honte pour nous tous.
Mais peut-être Aïssa nous expliquera-t-il que c'est très bien ainsi et que c'est cela la justice et la libre expression de ses droits politiques.
Bref en quelque sorte on peut tuer froidement des innocents puis dire qu'on regrette, que c'était un autre temps, qu'au moment des faits c'étaient d'autres circonstances et bla bla et bla bla,
Une p'tite grève de la faim et hop on reste libre.
C'est à méditer.
A y bien penser il doit bien y avoir deux ou trois personnes à qui j'aimerais faire la peau sur cette terre. Du moment que ce n'est pas crapuleux il y a toujours des circonstances non pas atténuantes mais salvatrices.
On est pas près d'avoir un système européen de justice si on n'arrive même pas à renvoyer un assassin dans son pays alors même que celui-ci appartient, depuis l'origine, à l'Europe.
Rédigé par : Surcouf | 13 octobre 2008 à 17:19
J'ai appris avec étonnement qu'une criminelle pouvait en France sans avoir purgé de peine être assistante sociale.
De votre post et des médias je n'ai pas réponse à ma question : va-t-elle être automatiquement remise en liberté ?
Ce serait un vrai scandale, car à la différence de Jean-Dominique Reffait je ne crois pas que les années de plomb justifient toutes les dérives et je pense qu'à cette époque aussi l'Italie était une démocratie qui en valait bien d'autre. A supposer comme le laisse entendre JDR que la dictature justifie en soi tout assassinat indifférencié. Cela mériterait débat.
Rédigé par : Jean-Marie | 13 octobre 2008 à 17:04
Avec cette décision de non extradition,on ne peut qu'avoir une pensée pour les victimes et leurs familles. C'est un coup terrible qui leur a été infligé.
La France donne un bien mauvais exemple.
Rédigé par : Aude | 13 octobre 2008 à 16:56
"A l'annonce de ce triomphe personnel et de cette défaite de l'Etat de droit..."
Je pense comme vous.
Mais je pense aussi que l'État de droit ici n'échoue pas totalement. Il se montre simplement dans toute sa fragilité. Tellement désarmé et si essentiel en même temps.
Le périphérique - Valeria et Carla - qui s'attache à la décision de NS dénature considérablement la décision présidentielle.
Quelle que soit la décision que NS aurait prise dans l'intimité stricte de sa conscience confrontée aux responsabilités d'un chef d'Etat, je pense que je n'aurais pu juger sa position.
Car je ne sais pas, moi, ce que j'aurais décidé concernant cette extradition.
J'ai envie de dire que j'aurais assumé ma position d'homme d'État intransigeant avec le terrorisme. Parce que cette position maintes fois exprimée m'engage dans le contrat passé avec le pays lors de mon élection.
Mais je ne suis pas sûre que j'aurais tenu ma position au regard d'une femme déterminée à mourir pour ne pas avoir à répondre d'un passé criminel.
Voilà ce que j'aurais pensé de la décision de NS, si celle-ci avait eu la décence de faire l'économie des interférences de Valeria et de Carla, et de la visite de Carla à Marina Petrella.
Rédigé par : Véronique | 13 octobre 2008 à 16:41
@JDR
Vous taxez notre hôte de vouloir amalgamer tout ceux qui ne seraient pas d'accord avec lui dans une empathie pour des criminels, je n'ai pas eu, même si je ne partage pas sa réflexion sur ses conclusions, ce sentiment ; par contre, votre vision de l'Italie des années 70-80 procède de l'amalgame entre le terrorisme, l'Etat, la magistrature, la CIA, et sans doute le Vatican et ses loges.
Mais cette dégénérescence incontestable de l'Etat, la corruption hypothétiquement généralisée des élites politiques, économiques, judiciaires et médiatiques n'est pas une circonstance atténuante pour les terroristes des brigades rouges ou des mouvements d'extrême droite.
Cela constitue une circonstance aggravante.
On ne met pas impunément un pays à feu et à sang, ni un pays étranger et a fortiori le sien. Cela constitue le signe le moins contestable de la barbarie.
Il conviendra un jour de dire qu'on n'érigera pas, plus, de nation par la barbarie, par le traumatisme qu'il impose.
Voilà, selon moi, ce qui est impardonnable dans le terrorisme et qui relève du crime contre les nations. Il mériterait d'être tenu pour imprescriptible, comme l'est le crime contre l'humanité.
Car il y a lieu, dans ce domaine, de mettre un terme à une forme de cynisme historique selon lequel seule la morale des gagnants prévaut et que le reste, ce n'est que le produit d'une culture dominante qui impose à son profit sa propre grille de lecture. Ainsi, au terme de cette logique, si le IIIe Reich s'était imposé en Europe, - si les Etats-Unis n'étaient pas intervenus dans le conflit - la morale serait autre, notre échelle de valeur également.
L'histoire ne serait alors qu'un ensemble de rapports relatifs et d'entérinements successifs. Ne dit-on pas, pour imager, qu'elle repasse les plats....
Le négationnisme ne prend pas source ailleurs que là.
On peut avoir une autre ambition, au regard de la civilisation.
Affirmer qu'il y a des crimes contre la dignité nationale serait un avantage pour le monde. Chaque peuple devrait affirmer essentiellement son attachement à cela, dans sa Constitution, car si on apprend de l'histoire qu'elle est tragique, il n'est pas inconcevable de prétendre lui apprendre quelque chose de nous pour préserver les générations à venir de ce fléau.
Il est patent que, jusqu'à présent, - et la Révolution Française, avec la Terreur, y a participé - il a été érigé un droit au terrorisme ou "à la résistance" au terme duquel un mouvement, un chef terroriste pense que son crime sera lavé par le temps, que le peuple et l'Etat qu'il violente, s'inclineront devant lui au terme du combat.
Ce droit, il a été invoqué en Iran par la Révolution islamique, en Irak, en Afghanistan, au fin fond de la jungle bolivienne par les Farc, etc, et ce droit, pourtant, il n'existe pas, il ne se fonde sur rien sinon le cynisme et la tromperie.
Quand il y a des morts, victimes civiles a fortiori ou pas, il faut en répondre. Je pense que c'est une question fondamentale et un élément clé de la dignité nationale. Quel Afghanistan construire après le passage des Talibans, les têtes coupées...
Cette notion mériterait et, au fond peu de choses le méritent, de former un principe inaliénable pour autant que les conditions élémentaires de la démocratie ou de la représentation soient assurées, ce qui était le cas en Italie, et ce qui est le cas dans la plupart des pays.
On ne peut pas, selon moi, absoudre les auteurs de crime terroriste parce les temps auraient changé et que leur crime ne serait plus parfaitement "intelligible". Je regrette, il l'est toujours, car le terrorisme, fondamentalement, n'est pas caractérisé par un contexte, mais par l'utilisation de moyens qui relèvent de la terreur.
Cela vaut en Algérie, aussi, où l'on a aussi, lors des années de plomb, assuré que l'Etat était derrière une certain nombre d'actes.
Cela vaut en Irak où le contexte national et l'autorité de l'Etat n'étaient pas moins décomposés - loin s'en faut, vous en conviendrez - que l'Italie des années 70/80, mais où finalement, le jour - qui est un tournant pour l'Irak - où Moktada Sadr a admis qu'il ne pouvait s'attaquer aux institutions légales et que quiconque au sein de son mouvement qui le ferait serait un criminel.
Je le cite car cela signifie quelque chose d'éminent.
Cela ne signifie pas qu'un Etat ne puisse pas chercher, pour restaurer son unité nationale, les voies d'une réconciliation en passant par une amnistie plus ou moins élargie. L'Algérie s'est lancé dans ce processus, mais n'en a guère été récompensée encore. Le Rwanda aussi, me semble-t-il mais on n'était pas là dans le terrorisme mais dans le génocide.
Partout, ce serait une victoire et l'honneur de nations que parvenir à traduire ceux et celles qui ont commis de tels crimes devant la justice. Pour dire quoi? Pour assurer que l'histoire n'est pas une amnésie collective et sélective et que sa construction est l'affaire fondamentale des peuples qui se refusent à être violentés dans leur identité nationale car le terrorisme c'est un viol d'une partie du peuple - parfois limitée aux minorités actives - sur une autre partie du peuple, et cela constitue un anéantissement de la nation.
Bien sûr, mon postulat ne vaut que si l'on considère la nation comme une entité existante et envers laquelle chacun a quelque devoir.
Les auteurs des attentats de Bologne comme ceux de Milan ont été jugés et condamnés et je ne vois pas ce qui vous permet d'opposer aux Brigades Rouges "un prétendu Etat de droit qui posait des bombes pour tuer un maximum de civils à Milan et à Bologne"... Mais je ne dispose peut-être pas des sources incontestables qui vous autorisent à alléguer un tel degré de conspiration.
Je possède une certain nombre de parents en Italie. Pour eux, cette époque est, je le concède, globalement à vomir, c'est vrai. Ils n'ont pas toujours le sentiment d'en avoir fini avec les embrouilles, la corruption et la mafia. Mais l'Italie s'est soulagé de quelque chose quand elle est parvenue à éradiquer ce terrorisme auquel Battisti et Petrella ont participé.
Pardon des longueurs... mais quand même le terrorisme ce n'est pas rien.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 13 octobre 2008 à 16:03
Quelle honte pour mon pays : la mauvaise santé de Petrella même si elle peut encore pleurer de joie, ce que ne peuvent, hélas, faire les familles de ses victimes, va peser sur les déséquilibres des comptes de la sécu, alors qu'il eut été si facile de transférer ces coûts à l'Etat italien. Pourquoi l'humanitaire et la compassions ne sont que pour les terroristes ? Pourquoi la soigner ?
Merci, PB, pour votre post.
Rédigé par : bruno | 13 octobre 2008 à 14:08
Vous voyez bien, Catherine Jacob, que l'on peut à la fois faire court et pertinent !
Tout comme vous !
...malgré que "la mer, en refluant, laisse sur mes lèvres le souvenir cuisant de son limon amer"
Rédigé par : sbriglia | 13 octobre 2008 à 13:41
@Daniel Ciccia
J.D.Reffait vous informe, ci-dessus, que, contrairement à ce que vous croyez, il n'y aura pas de procès italien ni pour Petrella ni pour Battisti s'ils étaient extradés, au mépris même des principes les plus élémentaires du droit qui posent que la contumace induit un second procès lorsque la personne ainsi jugée -et condamnée- est prise et déférée. Ce sera, en l'état actuel des choses, direct la prison à perpétuité sans passer par un quelconque tribunal où elle et lui pourraient, présents, se défendre voire s'exprimer face aux victimes et la société.
@Florence
Vous convaincre n'est pas mon but. Cependant, lorsque vous affirmez " ... un groupe de personne mal identifiées au niveau mondial, etc", quant à ces spéculateurs financiers qui, sciemment, pour leurs profits personnels, affament et tuent plus que jamais actuellement des millions de gens, de grâce, ayez un peu la décence de réfléchir quelques instants avant de vous exprimer ainsi, ayez la décence de respecter davantage ces victimes innombrables actuellement. Ces personnes, si nombreuses soient-elles, sont parfaitement identifiables. Et dans l'horreur faite aux gens, elles n'ont aucune leçon à recevoir de tous les Battisti et Petrella de la terre ... Cela vous scandalise qu'un homme -ou une femme- tue à bout portant, d'un coup de révolver une personne voire même dix dans la rue à Rome ou ailleurs. Je puis comprendre; c'est plus visible qu'un spéculateur en Bourse (parfaitement identifiable) qui en affame et tue un million de par le monde depuis son bureau paisible d'une quelconque cité financière ... L'affect, c'est vous; n'inversez pas les rôles, je vous prie.
J.D.Reffait
Merci d'avoir été aujourd'hui l'historien que vous êtes et rappellé qu'un chat -même historiquement- s'appelle un chat et non un chien. Il n'est pas bon que notre cher PB s'égare de la sorte en ne prenant qu'un bout de la lorgnette fixe quand les choses requièrent une vision objective, totale et circulaire, en deux mots loyale et intellectuellement honnête.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 13 octobre 2008 à 12:53
On ne sait pas comment s'équilibrent les choses, si même elles sont vouées à s'équilibrer, mais lorsque j'ai appris que le président de la République ne signerait pas le décret d'extradition en vertu de la clause humanitaire, j'ai fait la relation, à quelques jours prés, avec le cas de Jean-Marc Rouillan retournant purger sa peine pour avoir laissé entendre qu'il n'éprouvait aucun regret dans l'assassinat de M. Besse.
Presque à la symétrique, Marina Petrella, dans ce chantage que M. Bilger décrit si exactement, voudrait, si elle le pouvait, faire reprendre au diable ces maudites années de plomb et demeurer, avec les siens, à l'endroit où elle a refait sa vie.
Elle a fui son passé, comme Rouillan et ses comparses d'AD semblent et ont semblé s'y accrocher. Fuite pathétique et dérisoire puisque la justice a remis la main sur elle.
Le président de la République avait-il le choix dans cette affaire? Ou plus exactement entre quoi et quoi avait-il le choix quand Marina Petrella, en se laissant mourir, posait à la République un problème qui n'est autre qu'humanitaire. Bien sûr, la qualité des soins dans les hôpitaux italiens et les conditions d'un procès équitable ne peuvent pas être mis en doute, mais il y a quand même une question qui est celle des conditions pratiques du tranfert d'un justiciable vers un pays. Si l'intéressée est allée aussi loin qu'on le dit vers la mort et la prostration, est-il possible, dans ces conditions, de l'extrader et de se laver les mains de son sort. Je comprends que cette décision prive les Italiens d'un procès qu'ils attendent, qu'elle est pour eux une incompréhensible frustration, mais, du point de vue du droit, est-il possible de transférer un individu dont on ne sait, sachant dans quel extrémisme suicidaire il se trouve, que rien ne garantit sa survie.
Je pense que la mesure dont bénéficie MP est injuste. Je n'ai aucune sympathie pour elle, pour les crimes qu'elle a commis et pour la nature politique du mouvement pour lequel elle versé le sang.
Selon moi, le fait qu'elle ait commis ce qu'elle a commis pour des raisons idéologiques, l'oblige moralement à se présenter devant la justice de son pays, à demander pardon à ceux qui ont souffert de ses actes, à dire qu'elle a changé de vie, à dire ses regrets. Si, bien entendu, elle est dans ces dispositions d'esprit. La justice est là pour réaliser son oeuvre au profit des victimes comme, bien que moins visible, au profit de l'auteur d'un crime. C'est la fonction rédemptrice du procès.
Marina Petrella se prive de cela. Elle demeure donc dans la fuite.
Pour le reste, la déclaration du président de la LDH donnerait presque envie qu'il n'y ait pas eu de "grâce", juste pour contredire cette fichue tendance à signifier des victoires ou des actes politiques qui n'ont pas lieu à être célébrés.
Il n'en a pas en la matière et Mme Petrella, si elle ne devait s'exprimer qu'une fois, devrait le dire.
Enfin, on a beaucoup glosé sur le droit de grâce. Le président Sarkozy lui-même, avant son élection, considérait que ce droit n'était pas conforme à sa vision de la République.
Je pense que cette "faculté" est indispensable à la justice. Nul autre que le président ne pouvait prendre cette mesure en faveur de MP. De ce point de vue, je l'accepte.
Rédigé par : daniel ciccia | 13 octobre 2008 à 12:02
La défaite de l'Italie, c'est aussi la victoire de la Reine de France et de sa soeur Valeria, ces dames auraient même été les premières à annoncer "la bonne nouvelle" à la détenue.
Rédigé par : Bulle | 13 octobre 2008 à 11:20
@Aïssa
vous comparez les assassinats de Battisti et de Petrella à des "dizaines de millions de meurtres" commis pas les capitalistes spéculateurs et assassins etc.
Comparaison n'est pas raison. Votre "raisonnement" est tellement outré qu'il ne convaincra pas grand-monde. Pas moi en tout cas ! Il me faut des arguments un peu plus soutenus. Quand on commence à comparer des faits et des actes précis au mal que serait en train de faire indirectement un groupe de personnes mal identifiées au niveau mondial, c'est qu'on est au bout de l'argumentation raisonnée. On tombe dans l'affectif et à ce compte-là, on peut accuser le monde entier de tout et de son contraire.
Pour autant, était-ce une bonne décision que celle de Sarkozy ? Aucune idée.
Je remarque juste que Petrella est rattrapée par son passé et qu'elle ne l'assume pas. Qu'elle soit en réelle dépression ou bien qu'elle fasse une sorte de chantage au suicide, elle n'assume pas ses actes passés. Comme pour Rouillan, je ressens pour cette femme comme une amertume. Je n'échangerais ma place pour rien au monde avec elle. Avoir tué pour rien. Avoir détruit une vie délibérément ainsi qu'une famille, pour rien. Cela laisse comme un goût de cendres dans la bouche. Au moins, Rouillan paie et assume, même s'il ne l'a pas choisi !
Rédigé par : Florence | 13 octobre 2008 à 11:13
Et j'apprends que ce sont deux italiennes, issues de la grande bourgeoisie, qui sont allées au chevet de Petrella lui annoncer la nouvelle officielle : Valeria Bruni et... Carla Sarkozy.
Le droit, rien que le droit ? Mais il paraît que même Dieu écrit droit avec des lignes courbes, que ce soient celles de notre présidente ou des méandres imprévisibles de l'histoire.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 13 octobre 2008 à 11:12
Non, Philippe, sur plusieurs points :
- le droit italien ne vaut pas le droit français sur un point : le droit pour un condamné par contumace d'être rejugé en sa présence. Vous amalgamez tout le monde dans la même compassion stupide pour les criminels. J'ai dit et répété ici que je me fichais de Battisti comme de Petrella. J'aurais pour ma part été favorable à l'extradition, si un nouveau procès, dans un contexte politique différent, pouvait permettre aux accusés de se défendre dans des conditions plus satisfaisantes que l'atmosphère de règlements de compte qui régnait alors en Italie. A l'époque des faits reprochés à Battisti et à Petrella, l'Etat italien ne fonctionnait pas selon des normes démocratiques.
- Vous persistez à négliger le contexte des années de plomb en Italie, où, dans le corps même de l'Etat, à son plus haut niveau, notamment dans la police et chez les magistrats, la stratégie de la tension conduisait à l'organisation de la terreur par l'Etat lui-même (attentat de Milan, attentat de Bologne). Ce climat de guerre civile était un fait, le nier est un aveuglement, les jugements intervenus à cette époque et par contumace portaient cette marque. Si l'Italie est redevenue heureusement un Etat de droit, elle ne l'était plus, mais plus du tout, à cette époque où la mafia, la CIA et le corps de l'Etat, hystériques à l'idée du Compromis Historique avec les communistes, étaient liés au mépris du droit et de la démocratie. La terreur d'un nouveau Chili, ou pire, d'un nouveau Cuba, au coeur même d'un pays membre de l'OTAN et siège de la 6ème flotte américaine, avait amené à cette coalition de la mafia, de la CIA et des rouages de l'Etat italien pour mener une véritable guerre contre la démocratie italienne, à savoir empêcher, par la terreur, les italiens de porter les communistes au pouvoir. Cette guerre a eu lieu, épisode chaud de la guerre froide. Battisti et Petrella ont été des protagonistes de cette guerre.
Pour vous en convaincre, rappelez-vous la panique des Américains lorsque 4 malheureux ministres communistes sont entrés dans le premier gouvernement Mauroy. Le Secrétaire d'Etat américain a fait le voyage de Paris d'urgence tandis qu'un général de Satory, au lendemain du 10 mai, avait sorti des chars de combat, prêt à bouter les rouges qui arrivaient.
- La première demande concernant Battisti était l'un des premiers actes du premier gouvernement Berlusconi. La deuxième demande concernant Petrella a été l'un des premiers actes du second gouvernement Berlusconi. Ne soyons pas aveugle au point de ne pas voir qu'il s'agit là d'actes purement politiques et d'échanges de bons procédés entre les deux grands amis Sarkozy et Berlusconi, que les motivations de droit et de morale sont absentes de tout cela.
- La France a connu des périodes semblables et n'a pas de leçons à donner à l'Italie. A ces époques, qu'il s'agisse de l'Occupation ou de la guerre d'Algérie, le fonctionnement démocratique de l'Etat était totalement ou partiellement altéré. S'en sont suivies des amnisties pour de grands criminels. Parce que les contextes politiques changent, les conditions de l'Etat de droit sont restaurées. C'est cette ligne qu'il faut proposer à nos amis italiens, et non l'acharnement à laisser croire que les conditions de l'Etat de droit étaient pleinement réunis en Italie, en 1981.
J'avais dit ici toute l'absurdité que je voyais à la tenue du procès Papon, 50 ans après, personnage que je gratifiais de mon plus profond mépris. Il faut savoir tirer l'échelle et ne pas s'installer dans le déni des réalités historiques qui n'ont plus de sens, en terme politique et juridique, des décennies plus tard. Reste la peine des familles, certes, celles des victimes de la gare de Bologne, tuées par des policiers italiens restés impunis, comme celle des Brigades rouges. Le terrorisme avaient alors deux visages, Philippe : celui des Brigades Rouges mais aussi celui d'un prétendu Etat de droit qui posait des bombes pour tuer un maximum de civils à Milan et à Bologne. Si vous pensez aux unes, pensez donc aussi aux autres, plus nombreuses.
Il faut regarder les deux visages de Janus.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 13 octobre 2008 à 11:06
Je pense que la France a d'autres chats à fouetter en ce moment qui nécessitent qu'une martyre ne vienne pas compliquer la situation. Mais bon, je ne suis pas très forte en analyse politique.
Rédigé par : Catherine JACOB | 13 octobre 2008 à 11:05
Merci, cher Philippe, pour cet excellent article. Encore une fois, n'en déplaise à quelques esprits manichéens, vous faites preuve de courage, refusant de bêler avec le reste du troupeau.
Rédigé par : Laurent Dingli | 13 octobre 2008 à 10:47
Je suis pleinement d'accord avec notre hôte et furieux de voir la famille Bruni impliquée dans ce déni de justice et cette insulte à l'Italie.
Petrella aurait pu être absoute en Italie et Sarkozy éviter de se renier et de commettre une erreur de plus.
Mais il est vrai que les "Médicis" sont de retour.
Je salue avec respect la famille du commissaire italien "exécuté" par les brigades rouges; je fais de même, avec retard, pour la famille de l'ingénieur général Audran et du président Besse.
Notre époque est triste.
Rédigé par : mike | 13 octobre 2008 à 10:02
On remarquera que d'après ce qui est relaté Valeria Bruni-Tedeschi a joué un rôle dans cette décision en alertant le président sur l'état de Marina Petrella, pour ensuite se déplacer à son chevet lui annoncer la nouvelle en compagnie de sa soeur Carla.
Les commentateurs oublieraient-ils que non seulement les deux soeurs sont italiennes, mais que ce sont les exactions des brigades rouges qui ont poussé leur famille à partir en France, par peur d'en être victime ?
Il n'est donc manifestement pas nécessaire d'être français et d'ignorer tout de ce que les brigades rouges ont fait subir à l'Italie pour considérer que, malgré cela, humanitairement il s'imposait de renoncer à cette expulsion.
Rédigé par : jmdesp | 13 octobre 2008 à 09:59
Si la décision "humanitaire" peut - à la rigueur - se comprendre, le triomphalisme des journaux télévisés et des soeurs Bruni est totalement indécent... qui en dit long sur l'état d'anomie de notre société et, particulièrement, de ses élites...
Rédigé par : guzet | 13 octobre 2008 à 09:47
C'est une bonne nouvelle. L'Italie est suffisamment mature et démocratique pour comprendre et accepter celle-ci. Certes, leurs hôpitaux valent les nôtres; certes, leurs prisons égalent les nôtres; certes, leur justice n'a rien à envier à la nôtre; certes, certes ... Cependant, il ne s'agit pas tant de cela que de la honteuse remise (reniement) en cause politique de ce que l'on a appelé à tort "la doctrine Mitterrand" et qui n'est rien d'autre que la décision certes politique d'un homme, un seul, mais qui fut de fait érigée -puisque l'on semble tenir à ce mot- en doctrine puisqu'alors elle ne fut jamais remise en cause par le président de la République et tous les gouvernements successifs, soit durant plus d'une décennie et alors que les alternances politiques eurent lieu. Partant, la chose était acquise et l'on ne pouvait revenir dessus sans être ridicule pour ne pas dire plus. L'Italie elle-même, par tous ses nombreux gouvernements successifs, n'a jamais durant tout ce temps revendiqué quoi que ce soit quant à ces personnes accueillies chez nous et donnait pour elle acquise cet état de fait et a depuis tourné cette page sombre de son Histoire. Le cas contraire -sous Mitterrand même et sous Chirac- aurait donné lieu à tapage médiatique et politique; cela se serait su des deux côtés des Alpes, n'en doutez pas. Vous ne prétendez pas, cher PB, vous exprimer au nom des Italiens et dire pour eux ce qui leur serait bon et ce qui ne le leur serait pas. C'est pourtant ce que vous faites maintenant. On reconnaît bien là ce que je nomme, quant à moi, la doctrine des procureurs et que je transcris ainsi: "Quoi qu'il advienne, ils doivent payer". "Ils", ce sont les auteurs de crime et/ ou délit. Le droit à l'oubli existe, quand bien même les crimes évoqués sont graves. Nous ne sommes pas ici en présence d'une accusation éternelle de crime contre l'Humanité. Je ne vais pas répéter ce que j'ai déjà dit à ce sujet lorsqu'il s'est agi de Cesare Battisti. Mais cette doctrine dont vous montrez la teneur et qui est vôtre ne vous fait pas honneur, croyez-m'en. Vous êtes comme à souffler sur des braises froides depuis longtemps, l'espoir vain chevillé au corps de vouloir les rallumer. Les luttes armées de ces activistes italiens d'extrême gauche de cette époque avaient leurs explications historiques (on pourra être pour ou contre, c'est un autre débat). Cependant, elles ne sont pas nées du néant, spontanément. Que ne comprenez-vous pas que la décision actuelle du président Sarkozy a été prise avec l'accord du président du Conseil italien Berlusconi, qu'on ne peut soupçonner tous deux de gauchisme ou même d'une quelconque sympathie pour ce dernier? Que ne comprenez-vous pas que les Etats démocratiques et capitalistes et libéraux qui sont les nôtres sont plus mal tenus que jamais de condamner à rebours et maintenant ceux qui les ont combattus, même combattus de ces façons terribles et meurtrières, quand nous assistons tous, en ce moment même, aux innombrables misères humaines, famines, injustices sociales immenses et crimes économiques mondiaux qui sont de notre fait démocratique, capitaliste et libéral? Ainsi, l'hôpital se moquerait encore et toujours de la charité ... Que répondrez-vous aujourd'hui, vous qui les nommez, à tous les Battisti et Petrella de la terre qui exigeraient que nous rendions compte de tout ce mal que nos démocraties capitalistes engendrent à présent de par le monde? Vous les accusez encore aujourd'hui, près de 30 ans plus tard, d'une dizaine de meurtres; ils nous accusent déjà aujourd'hui et maintenant, avec encore plus d'arguments et de pertinence que vous, de dizaines de millions de meurtres! Petrella, comme Battisti, méritent autant que Brongniart et les banques et les capitalistes spéculateurs et assassins, d'être sauvés! Jamais ils ne seront aussi pires qu'eux, jamais!
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 12 octobre 2008 à 23:52
@ Philippe Bilger
Vous avez raison, le plus important dans cette histoire, c'est peut-être le double bras d'honneur (après l'affaire Battisti) que la France fait à sa "sœur latine", à un pays européen, voisin, ami. On a coutume, souvent excessivement (pour un Alsacien, un Breton ou un Nordiste, l'Italie est lointaine) de dire que les Italiens sont nos cousins, nos cugini. Nous venons de leur signifier que nous ne les considérons pas comme de notre famille.
Peut-être extrapolé-je à l'excès, mais il ne faut pas s'étonner si les jeunes Transalpins, au contraire de leurs aînés, n'apprennent plus le français, au profit de l'anglais. Car méritons-nous leur amitié ?
Rédigé par : Criticus | 12 octobre 2008 à 23:08