De partout, depuis quelques jours, se multiplient les attaques contre la garde des Sceaux. Je ne doute pas que certains y voient les prémices délicieuses d'un hallali. Le mépris, dont beaucoup l'accusent, ne passe décidément pas et force est de constater que l'adversité, loin de la rendre politiquement plus lucide, enferme plutôt notre ministre dans une autarcie dangereuse, qui consiste à tenter chaque soir de réparer ses "gaffes" du matin. On l'a vu à propos du suicide du mineur où les magistrats vilipendés ont reçu ensuite un hommage appuyé. On le remarque avec les syndicats pénitentiaires qu'avec maladresse on n'accueille pas, pour leur offrir quelques heures plus tard une réunion le 7 novembre puis un rendez-vous le 22 octobre au matin, avant leur journée de "blocage total" prévue le 13 novembre (le Monde, le Parisien, les sites du Nouvel Obs et du Point). Tout cela ne brille pas par la cohérence. Entre le rejet et le dialogue, il faudrait choisir, une bonne fois pour toutes. Pas plus la magistrature que les personnels pénitentiaires n'aiment être traités sur un mode qui ne leur garantit jamais le comportement du lendemain. L'une et les autres ont la faiblesse d'attacher quelque importance à ce qu'ils sont et représentent.
Depuis le début du mois d'octobre, quatre suicides de détenus dans l'Est de la France. Le 1er octobre, sont dénombrés 63185 détenus pour moins de 51000 places. Un taux de surpopulation à l'évidence plus préoccupant que jamais. Il était facile de prévoir que la mise en oeuvre de l'excellente loi sur les peines plancher entraînerait un accroissement sensible de la population carcérale. Puisque rien n'avait été programmé pour qu'en même temps, une réforme pénitentiaire voie le jour - au mieux, le projet prévu sera débattu durant le premier trimestre 2009 -, était-on obligé d'attendre si longtemps pour, dans l'urgence et sous la contrainte, proposer une réflexion sur les prisons (site du Journal du Dimanche), sur les conditions de travail des personnels et les violences en détention ? Fallait-il tant tarder pour prévoir la création d'un "bureau de l'action sociale" au sein de l'administration pénitentiaire et projeter un audit - idée pourtant basique - établissement par établissement ? Claude d'Harcourt étant considéré unanimement comme un grand Directeur, nous sommes fondés à nous demander si cette insupportable lenteur ne relève pas d'une responsabilité politique mal avisée. Quel temps gagné si, d'emblée, ces dispositions avaient été prises ! On ne peut que partager la colère et le désarroi des syndicats pénitentiaires qui ne savent plus à quels principes se vouer : l'enfermement des peines plancher ou l'aménagement des peines comme palliatif ? Politique illisible qui décide d'incarcérer puis prône l'exécution des peines à l'air libre : ce n'est pas une stratégie mais un colmatage.
Le 23 octobre, une journée nationale de protestation sera conjointement organisée par l'Union syndicale des magistrats (USM) et le Syndicat de la magistrature (SM), avec une manifestation en robe sur les marches du Palais à Paris et une conférence de presse des responsables syndicaux.
Je ne participerai pas à cette manifestation. Pour la première fois, cependant, et ce sera la force de ce mouvement, la magistrature non syndiquée ne sera pas loin d'être en accord avec les collègues dont le militantisme s'exprimera jeudi prochain. Quels que soient les buts affichés de cette fronde, peut-être contradictoires entre l'opposition idélogique au tout-carcéral et l'hostilité à l'égard du comportement, ici ou là, de la ministre, un malaise partagé par beaucoup trouvera un exutoire et la revendication, pour être diffuse, faite plus d'un dépit psychologique que d'une véritable contestation argumentée, sera bien plus que syndicale : une sorte d'allergie personnelle et professionnelle.
Pour ma part, je ne suis pas persuadé que dans cette effervescence judiciaire, cet émoi pénitentiaire, il faille ajouter du trouble et du corporatisme à un débat déjà si mal engagé. Les protestations d'un jour, aussi précises qu'elles pourraient être, n'auront rigoureusement aucune incidence sur la justice à venir.
Sur un plan général, alors que nous avons eu tant de mal à sortir notre image collective de la tragédie d'Outreau (même si ses conséquences continuent à se faire sentir judiciairement ), il ne me semble pas opportun de nous placer en première ligne, dans des conditions qui porteront atteinte à la dignité et à l'allure du magistrat, qui seront de nature à choquer le citoyen et qui brouilleront encore davantage la perception de la Justice. Je ne crois pas non plus qu'une telle journée, quand le service public dont nous avons la charge n'est pour l'essentiel guère performant et que la responsabilité nous en incombe au premier chef, du haut en bas de l'univers judiciaire, soit bien perçue par une société qui attend de nous des résultats plus que des protestations. Nous ne sommes que trop enclins à théoriser notre échec au lieu de tenter de le réduire coûte que coûte.
La garde des Sceaux n'est pas une ambulance. On a donc le droit de "tirer" sur elle. Mais la constituer comme bouc émissaire exclusif serait une grave erreur. Ce ministre, quoi qu'on en ait, continue à être appréciée favorablement par une large part de l'opinion publique, précisément pour sa politique de rigueur, que j'approuve, et parce qu'elle n'est pas trop aimée par les magistrats. Ce qui nous déplaît la sert. La désaffection de beaucoup de professionnels à son égard ne doit pas cacher le constat que le sentiment populaire continue à lui être acquis. C'est le contraire de Robert Badinter quand il était garde des Sceaux : lui, les professionnels le portaient aux nues quand le citoyen de base s'en méfiait. Il ne faut pas permettre à Rachida Dati, grâce à notre maladresse, de cultiver un discours ravageur : les magistrats ne savent que protester quand moi, je suis au service des Français !
Peut-être peut-on se contraindre à l'équité ? J'ai évoqué son absence presque suicidaire de sens politique - manifestement, elle n'applique pas les leçons de son "maître" -, j'ai dénoncé il y a longtemps cette implication dans le monde de la mondanité argentée, cette collusion ostensible avec tout ce qu'une âme bien née ne peut que fuir, ce hiatus offensant entre la lumière éclatante d'une femme et l'exigeante mission d'un ministre en charge de la Justice. Mais, s'il y a eu des rechutes que, dit-on, le président de la République aurait dénoncées, on n'est plus confronté à l'insupportable d'hier. Une normalisation s'est accomplie qui a rassuré les magistrats, les citoyens.
Alors, son bilan ? Inspirée par le président de la République, son action, sollicitée trop souvent par l'émotion et l'immédiat, n'en a pas moins frappé, à tort ou à raison, les esprits. Pour ma part, je retiens notamment les peines plancher, une carte judiciaire même peu bouleversée, la rétention de sûreté, la sécurisation des tribunaux et la réforme de l'Ecole nationale de la magistrature. Ce qui me semble le plus sujet à caution chez elle, c'est moins ce qu'elle accomplit avec énergie que la faible dialectique dont elle use pour justifier, expliquer et répliquer. L'apparence de mépris, alors, constitue une facilité, la parole minimaliste une protection. Son courage, pourtant, est indéniable qui la conduit, dans un congrès d'avocats, à défendre vigoureusement la rétention de sûreté et à souligner sa proximité avec les victimes de pédophiles. Elle dit bien cela. Mais elle ne dit que cela et c'est un peu court.
Alors, la journée de protestation du 23 octobre me semble d'autant plus inopportune que les maladresses politiques de la ministre ne me font pas oublier le champ de ce qui nous est permis, de ce qui relève de notre initiative. Car, derrière cette manifestation, il y a la volonté de peser pour que Rachida Dati aille, sous l'autorité du président, exercer ses talents ailleurs que Place Vendôme. Cette pression syndicale ne risque-t-elle pas, au contraire, de faire se crisper un Pouvoir qui, s'il la respecte, ne déborde tout de même pas d'affection pour la magistrature ? A force de la contester, ne vient-on pas au secours de Rachida Dati, sur le plan politique ?
Il y a mille autres manières de s'opposer qui permettraient au magistrat de ne pas se perdre et de demeurer fidèle à ce que le citoyen attend de lui.
Il est clair qu'on aurait besoin d'un immense défouloir. Pourquoi pas des Etats généraux ?
Monsieur Bilger, je vous trouve très bien dans chacun de vos passages dans l'émission "C dans l'air".
Bravo pour votre courage et votre honnêteté politique.
Milbiz.
Rédigé par : Anny | 02 novembre 2008 à 15:23
"Nous ne sommes que trop enclins à théoriser notre échec au lieu de tenter de le réduire coûte que coûte."
Je crois que c'est là le mal français Monsieur l'Avocat Général! Frédéric Lefebvre et bien d'autres nous parlent désormais de pragmatisme avec une emphase qui confine (outrageusement ?) à l'arrivisme, mais ne font rien si ce n'est se repasser le fil derrière une machine à tisser tristement grippée.
Rédigé par : MT | 27 octobre 2008 à 11:36
@ Guile
A lire tant de fadaises je suis persuadé que vous appartenez à ce monde judiciaire auquel Rachida Dati botte le cul depuis son arrivée au ministère.Vous savez que si la garde des Sceaux reste mal-aimée de la magistrature, ses "origines" n'y sont sans doute pas pour rien. Le moins qu'on puisse dire et qu'elle n'est pas appréciée des magistrats qui sont habitués à plus d'égards et que ne se sont pas remis de sa manière de bouger les choses. La bataille entre le politique et la magistrature autour de l'indépendance de la justice ne date pas de sa nomination et risque de perdurer bien longtemps et quand bien même votre corporation aura sa peau .
Rédigé par : Radjel | 25 octobre 2008 à 14:00
Je ne suis pas certaine, Philippe, que votre non participation à la journée des magistrats était le bon choix.
Et puis, en fait, vous y avez participé sur Inter et à C dans l'air. Que vous le vouliez ou non.
Mais j'aurais souhaité que votre nom, cette fois-ci, soit associé à cette protestation que pour ma part, j'ai trouvée nécessaire et plutôt très acceptable dans le ton.
Dans mon esprit cette journée n'était pas dirigée contre Rachida Dati et contre son action au ministère.
Je vous rejoins totalement sur ceci :
Quel que soit l'aspect discutable de telle ou telle action - carte judiciaire, peines plancher -, Rachida Dati enlève la partie car elle est perçue avant tout comme quelqu'un qui opère des choix et qui agit.
C'est ainsi. Et c’est ce que, moi-même, je retiens de très positif dans son action.
Maintenant, sa gestion de Metz a constitué une caricature grossière de son action. Pour le sens commun il est impossible d'accorder la moindre indulgence à ce type de management absurde et attentatoire à la dignité et au sens du travail des magistrats. Rachida Dati devait, selon moi, assumer la décision d'incarcération de ce mineur. Là était sa première responsabilité.
De la même façon, RD doit assumer une disposition comme celle des peines plancher, et dans un même mouvement assumer les carences innombrables et non résolues de l'état actuel des prisons, très prioritairement, celui des maisons d'arrêt.
Sa politique pénale sur la récidive, sans une cohérence minimum se soldera, à mon avis, par un échec si Rachida Dati s'attache à faire voter, d'une part, des lois qui rempliront les prisons déjà saturées et d'autre part, un projet pénitentiaire principalement axé autour de l'aménagement des peines... de prison.
J’ai peur de ne jamais comprendre comment dans le même temps et dans le même mouvement un tribunal peut dire à un prévenu :
"Le tribunal vous condamne à tant de mois ou d'années de prison... mais à l’extérieur de la prison et sans la prison"
Le sens pour moi commence d'abord par la cohérence dans ce qui est demandé à des magistrats - l'application de la loi - et dans le sens dans ce que le condamné doit trouver dans l'application de sa peine.
Bref, pour schématiser, le juge qui prononce la peine devrait devenir à mes yeux un Juge qui aménage la peine.
Ou alors, il faut s’attacher à transformer dans le code pénal les mots qui traduisent les sanctions d’incarcération.
Voilà, à mon avis, un des chantiers à entreprendre des plus nécessaires. Pour TOUT le monde.
Vous ne pensez pas ?
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 25 octobre 2008 à 11:27
"Infirme" au lieu de"confirme".
C'est regrettable et sera certainement corrigé.
Certains ont déjà reproché au garde des Sceaux ce lapsus. Et pourtant elle n'a rien signé.
Maintenant c'est la justice dans son ensemble qui est transformée en ambulance sur laquelle, dans sa grande charité, la Presse s'acharne.
Serait-il possible que la raison revienne et que les responsables veuillent bien reconnaître spontanément leur erreur ?
Faute de quoi la guéguerre va se développer.
Rédigé par : mike | 25 octobre 2008 à 10:08
Les magistrats ne veulent pas la peau de R. DATI, soit.
A mes yeux, R. DATI est parfaitement indifférente, car je ne suis pas aussi sensible qu'un certain magistrat dans une émission de télévision à ses bas résille.
Des magistrats , je n'en connais pas alors je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire !
Mais, 1 000 pardons, ce qui est arrivé aujourd'hui (libération d'un homme reconnu coupable de viols à cause d'une erreur de typographie) ne va pas remonter leur cote de popularité. N'est-t-il pas ?
Rédigé par : Nathalie | 24 octobre 2008 à 18:56
Bonjour,
L'une des incohérences du système judiciaire, à mon avis, est là :
- D'une part, les magistrats exigent leur indépendance, ce qui peut être quelque part compréhensible, acceptable et respectable.
- D'autre part, aucun magistrat n'ose exiger l'essentiel qui est nécessaire avec l'indépendance == > LA TRANSPARENCE et la RESPONSABILITÉ ...
Eh oui !! Soyons et restons sérieux, justement si indépendance il y a, TRANSPARENCE et RESPONSABILITÉ il doit y avoir... sinon, ce ne peut être que des dégâts par ci, par là, avant que ça finisse par craquer... car, des magistrats indépendants (y compris les procureurs), qui n'auraient aucun compte à rendre aussi bien aux politiques qu'aux citoyens, mais ce serait quoi d'autre que de la noblesse (bref nous y sommes déjà dans la noblesse des magistrats... sortons-en).
Pour la finance, c'est aussi et quelque part la même chose, les banques étaient privées et indépendantes, mais non transparentes ==> D'où le désastre financier actuel... et les pseudo-nationalisations actuelles pour corriger les désastres que personne n'a vu venir...
Pour la justice, c'est la même chose !!!!!!
==> « De la transparence et de la responsabilité des magistrats naitra la seule et unique lumière perceptible par tous » ...... et en prime ce sera la sortie du Moyen Age
Cordialement
Rédigé par : crochemore | 24 octobre 2008 à 17:09
Les magistrats ne veulent pas la peau de Rachida Dati. Ils ont vu à l'oeuvre trop de gardes des Sceaux pour ignorer qu'il s'agit moins d'un problème de personne, que de conception de la justice et de compétence pour l'administrer. Mais ils en ont assez d'être pris à parti à chaque fois qu'un fait divers "simplifié, déformé et amplifié" émeut une opinion publique qui en ignore généralement les détails les plus importants, et de se voir reprocher les incohérences d'une politique pénale qu'ils sont bien obligés d'appliquer, puisqu'aux errements arbitraires de l'équité, ils préfèrent la fidélité aux lois votées par des parlementaires qui, pourtant, les méprisent. C'est leur grandeur. Et dans le contexte actuel, où Rachida Dati est encore très populaire dans l'opinion - parce qu'elle leur "botte le cul", dit-on, mais pour les mener où, au juste ? Vers quel dessein avouable ? - ce sont plutôt les magistrats qui sont seuls contre tous, face aux déchaînements de haine d'internautes, de téléspectateurs et de lecteurs du Figaro qui croient les connaître au travers d'anecdotes livrées à la presse sur un plateau par des spin doctors, alors qu'ils ignorent tous de leur travail quotidien.
Rédigé par : Pierre Gettinger | 24 octobre 2008 à 13:29
A une question posée à une personne z, sur son entente avec sa belle-mère, l'autre z' répond au sujet de cette entente : nous nous sommes toujours bien entendus, nous nous sommes toujours vouvoyés...
C'est un mode d'emploi qui vous est offert.
Certaines personnalités disais-je ont vocation à être des organisateurs symboliques de la pensée d'une société, d'autres sont créateurs de concepts, d'autres encore ont ceci d'attendrissant que malgré toute leur volonté narcissique ou leur bonne volonté, ils ne font que mettre en lumière ce qui était confus.
L'intérêt de l'approche de Madame Rachida Dati est qu'elle réunit le corps judiciaire et la société. Nous devrons tous trouver les moyens de rendre possible une justice de qualité rapide mais pas dans l'urgence, ferme et respectueuse de la dignité... L'immédiateté sera source de multiplications d'erreurs.
Nous ne pouvons être que les tristes spectateurs d'une représentation dramatique, écouter les affects longtemps refoulés de tous et espérer des constructions neuves
lorsque le corps judiciaire aura accouché de ses vérités, de sa misère.
Françoise et Karell Semtob
Rédigé par : semtob | 24 octobre 2008 à 01:11
Monsieur Bilger,
Dans C dans l'air, vous avez fait état de l'inculture judiciaire des Français, et que Mme Dati serait bien inspirée de faire une brochure explicative. Vous êtes bien au fait de la complexité de la procédure pénale. La procédure civile, domaine dans lequel j'exerce, l'est tout autant. La problématique que pose la complexité de la procédure que la Cour de cassation rend encore plus difficilement lisible, c'est qu'on laisse croire au justiciable, parce qu'en première instance, sauf le TGI, la procédure est orale et sans représentation obligatoire qu'il peut, parce qu'il pense être dans son "bon droit", aller seul devant le juge. Or, lorsqu'il y va seul et que la partie adverse prend un avocat, il est systématiquement perdant, non pas parce qu'il n'a pas raison, mais parce que le droit n'est pas lisible pour lui, que s'y ajoute des règles procédurales à respecter impérativement, qu'il ignore ou ne peut comprendre. En outre, il ne pense pas à se ménager des preuves, lorsque des difficultés se présentent à lui.
Or, sans preuve, pas de droit.
Combien de personnes échouent à établir les manquements qu'ils reprochent à un vendeur, un prestataire de services, ...tout contractant, qui justifient le non règlement de l'obligation. Parce que les réclamations ont été faites par téléphone, au lieu d'une LRAR, les désordres ont été consignés sur des notes au lieu d'être constatés par un huissier....
Tous les jours, pourquoi la justice ne remplit pas son rôle ? parce qu'elle trop complexe, et je n'ai donné que des exemples très simples, et que la simple consultation d'un avocat ne vient à l'esprit du justiciable que lorsque c'est lui qui est assigné en paiement, alors qu'il aurait dû assigner aux fins qu'il soit ordonné au contractant d'exécuter le contrat et non simplement d'en réclamer le prix.
Il est dommage qu'il ne soit jamais question de la justice civile, alors qu'elle occupe la plus grande place, et qui est la source de nombreux désappointements des justiciables.
Pour en revenir à la brochure, combien de pages comportent les ouvrages ne traitant que des institutions judiciaires, que du droit de la famille, que du droit de la copropriété, que du droit des baux....
Et je n'entamerai pas le débat, sur l'intrusion d'internet, qui laisse croire au justiciable que la solution lui est donnée.
Tout cela pour dire, une brochure de combien de pages...
La justice américaine est beaucoup critiquée, mais aucune démarche administrative, commerciale... n'est entreprise sans être accompagné par un avocat. C'est d'un coût élevé en amont, mais notre justice n'a-t-elle pas un coût très élevé en aval, parce que l'on ne s'est pas entouré en amont de conseils ?
Pourquoi les sociétés entre elles évitent les procès, vont à l'arbitrage, à la transaction. A cause de l'imprévisibilité de la justice, de la complexité du droit.
J'ai fait mes études de droit il y a 30 ans, combien de matières nous enseignait-on ? par rapport à aujourd'hui ? Combien de nouvelles spécialités en droit aujourd'hui ?...Pourquoi un magistrat du droit de la famille ne peut-il statuer en droit des procédures collectives ???
Le droit est très complexe, sa mise en oeuvre l'est de même, et qui en fait les frais : le justiciable.
Rédigé par : Vignes Marie-Catherine | 24 octobre 2008 à 00:44
Je n'ai pas grand chose à commenter sur Rachida Dati, je ne fais pas partie du monde judiciaire, heureusement pour moi je n'y ai jamais eu affaire, mais j'ai l'impression, si j'en crois tout ce que je lis de droite et de gauche - avec et sans jeux de mots - que cette personne est bien seule, isolée même. Sa vie doit certainement être plutôt difficile. Je dis cela, car je n'ai jamais aimé le principe "tous contre un". Bref, levée de bouclier partout contre elle (proches collaborateurs, monde judiciaire, presse etc...Tout lui est reproché). Il y a tant de gens contre elle que cela finit par poser question tout de même. A qui profite cette critique si unanime ? Qui veut sa peau comme cela ?
Rédigé par : Nathalie | 23 octobre 2008 à 22:37
Rachida Dati quittera la place Vendôme dans quelques mois. Elle y aura passé 24 ou 28 mois, en faisant face à un degré d'adversité avéré. Sans doute n'est-elle pas une ministre facile à vivre puisque plusieurs des anciens membres de son cabinet ont démissionné, mais cette femme à la "compétence limitée" aura contribué à bousculer l'institution au moment de l'affaire d'Outreau et cela, au fond, les Français lui en savent gré. Je ne crois pas qu'ils soient nécessairement dupes sur l'expertise de la ministre. Elle n'a ni l'étoffe ni la surface d'un premier président de la Cour de cassation ou de ces personnes dont on se dit, ayant lu ou entendu leur propos, qu'elles tiennent par la force de leur raisonnement, une part substantielle de l'édifice.
Nos compatriotes sont probablement bien loin des débats de fond et préfèrent sans doute une Rachida Dati à quelqu'un du sérail lorsqu'il s'agit de dépoussiérer une institution et de la remettre à leur service, de reclarifier son rôle. Ce qu'ils attendent de l'institution, c'est de la cohérence, de l'efficacité et, plus que tout, le sentiment que l'institution ne les snobe pas intellectuellement, et qu'elle est bien là pour les servir et les protéger.
Pas besoin d'être grand clerc pour remarquer à quel point cette institution est clivée politiquement et à quel point cela transparaît. Et que ce n'est pas sans conséquence sur la, pardon, les, manières de rendre la justice. A-t-elle oublié, la justice, d'être une et indivisible. Mais ce n'est pas la seule, inutile donc de la blâmer.
J'ai bien compris les levers de boucliers sur la rétention de sûreté imposée aux criminels sexuels, je vois la dimension paradoxale consistant à appliquer un tel dispositif rétroactivement... Le débat intellectuel est effectivement intéressant. Mais la réalité, sans être populiste, a des exigences qui lui sont supérieures.
Alors Dati? Elle aura fait ce qu'elle avait à faire dans ce ministère et c'est déjà bien.
La carte judiciaire, elle se l'est coltinée et il était nécessaire de revoir les implantations. On n'était pas loin, au tribunal d'instance de je-ne-sais quelle sous-préfecture, de brûler dans une belle unanimité son effigie.
Elle ne pouvait que tenir et elle a tenu.
De toute façon, à l'exception de Badinter, Guigou, et Lebranchu, j'ai l'impression que la plupart de ceux qui ont occupé la place Vendôme n'ont pas satisfait la magistrature, et particulièrement le syndicat de la magistrature. Perben avec son beau costume a essuyé quelques critiques acerbes du SM. Même Clément qui, pour l'avoir entendu lors de questions au gouvernement, me paraissait assez solide, rond et subtil n'a pas été exempté de critiques sur ses insuffisances, semble-t-il.
L'institution judiciaire souffre-t-elle du "syndrome du mammouth" de l'Education nationale? Elle concentre sans doute un ensemble de paradoxes et de mal-entendus démocratiques, ainsi que des enjeux "politiques" sinon idéologiques. Cela est normal puisqu'il est toujours possible de juger - dans l'absolu - une société ou un régime à son système judiciaire, ses prisons, ses juges. Mais il y a sans doute une obsession - sur laquelle le SM qui est prompt à la dénonciation - à stigmatiser la droite républicaine, son ambition en matière de sécurité, à partir de l'institution judiciaire. Exacerber le péril "sécuritaire" là où il y a une légitime aspiration à la sécurité est une instrumentalisation de l'opinion publique puisque c'est induire que vivre dans des conditions de sécurité n'est pas un droit. Or, à qui d'autre en premier lieu qu'à la Justice incombe-t-il de garantir cela?
Aux hommes politiques? aux journalistes? Aux acteurs sociaux? Aux Syndicats?
Qu'il ait été nécessaire au cours des dernières années de re-insister sur le droit des victimes (Nicole Guedj avait assuré un secrétariat d'Etat) en dit long tout de même sur la distance qu'il y a pu y avoir.
Cela fait partie, il me semble, des malentendus démocratiques dont souffre notre nation et qui, loin d'être mineurs, dérèglent profondément les rapports des institutions entre elles parce qu'au coeur d'une société, il y a la paix, l'ordre, la sécurité. Sans doute suis-je un fondamentaliste, mais rien ne fonde un droit à l'incivilité. C'est une hérésie.
Mais il en est d'autres des malentendus, par exemple celui qui consiste à vouloir faire de cette institution un pouvoir, donc un contre-pouvoir, aligné d'ailleurs sur le contre-pouvoir démocratique que devrait représenter la presse. Edwy Plenel a incarné à la tête du Monde cette articulation sociale et démocratique que je tiens pour une imposture dangereuse.
Je ne crois pas davantage à une République épanouie, rendant la promesse qui la fonde, sur la base d'un équilibre des pouvoirs et contre-pouvoirs qu'à une humanité durablement installée sur une dissuasion généralisée.Car la place prise par la terreur, la dissuasion, l'est toujours au détriment de l'intelligence à condition qu'elle veuille bien se révéler, ce qui n'est pas toujours le cas. Mais une société, un ensemble de sociétés, qui s'organisent et convergent, par les institutions dont elles se dotent, par les règles qu'elles se fixent, augmente ses chances de faire prévaloir au bout du compte - les hommes étant identiques en dépit de leur différences culturelles d'une face du monde à l'autre, l'intelligence nationale et internationale.
L'indépendance des institutions se comprend alors au regard de leur cohésion tacite dans l'Etat.
Mais il faudra du temps, pour s'accorder, dissiper tant d'archaïsmes dans la pensée, la mémoire. Le progrès peut-il être ailleurs?
Me voilà encore loin du sujet ouvert par notre hôte. Encore que.
Le premier devoir de l'institution judiciaire c'est d'être à sa place, sobrement, dans sa vocation et dans sa mission.
D'une certaine manière, il me semble que ce mandat présidentiel, placé sous le signe de la rupture, en fournit, au-delà des questions de personne, l'occasion.
La magistrature en prenant, d'une manière excessive, prétexte de son incompatibilité d'humeur et de caractère avec Rachida Dati se recroqueville dans ses réflexes corporatistes. Elle devrait au contraire investir dans la réforme, se saisir de toutes les opportunités - y compris en terme de mutation technologique - pour accomplir une refondation sereine de ses bases.
Et dire au citoyen lamba comment, à travers une institution qui a sens, elle est là pour lui.
Cela ne passe pas par le spectacle des précipitations médiatiques telles que celle de l'augmentation du nombre de suicides en milieu pénitentiaire où Rachida, j'en conviens, s'est pris les pieds, mais était-il juste, conforme à la réalité, d'opposer, au rythme de l'actualité, finalement la politique pénale et le taux de suicide?
Il y a presque chaque jour un mort par suicide aux passages sur les voies ferrées des chemins de fer français.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 23 octobre 2008 à 16:57
@ Aïssa Lacheb-Boukachache
Cela fait plusieurs fois que je vous lis, et je trouve vos propos fort déplacés à l'égard des magistrats. Savez-vous ce qui se joue réellement ?
Il n'est pas ici question de leur rémunération, de leur congés ou de leur couleur de robe... Le problème est d'autant plus grave, qu'il touche au fondement même de la République.
Il s'agit de l'exercice de leur fonction, et de la réalité de la séparation des pouvoirs.
Enfin, que Madame Dati souhaite une politique pénale répressive, cela relève du choix politique : on partage son point de vue, ou pas, mais c'est une idée qui se défend.
Mais que dans le même temps, elle se permette de dire exactement le contraire, tout en attaquant frontalement les magistrats qui mettent en oeuvre, en appliquant les réformes, ladite politique répressive, témoigne d'un profond manque de compétence. J'ose le dire : lutter contre toute tendance réformiste est un mal bien français. Pour autant, réformer n'empêche pas d'être cohérent que je sache. En tout état de cause, Madame Dati n'est pas cohérente. C'est sur ce point qu'il est important de comprendre le mouvement des magistrats.
Vous, mon cher, vous les méprisez, sans la moindre réserve, alors qu'encore une fois, vous vous contentez de quelques affaires pour juger de la Justice française.
Rédigé par : Guile | 23 octobre 2008 à 16:27
Toutes ces robes noires dans Paris, j'espère que DSK est resté à Washington !!!
Rédigé par : bruno | 23 octobre 2008 à 12:23
Je ne la crois pas si sotte que ça, notre Garde ! son côté bling-bling avoué (un peu comme notre résidant à la république au début) aura certainement beaucoup contribué à amener tant de gens à tirer sur son ambulance à défaut d'y monter !
Sinon j'ai trouvé très intéressants et sages par les temps qui ont tendance à galoper plus qu'à courir, les mots dits (non maudits) par notre hôte invité ce matin sur Inter chez Nicolas D. (face à lui encore un socialiste pris en otage par un embouteillage, nouvelle mode chez les socialistes que l'embouteille'âges ?)
Rédigé par : Cactus rigoureux, humaniste vigoureux | 23 octobre 2008 à 12:15
"C'est moi le père.
Aïssa et sbriglia peuvent en témoigner."
JDR, je vous le fais à la Robert Dalban ? :
"Sir, je n'ai pas le souvenir, Sir, d'avoir tenu la chandelle, Sir..."
@ Semtob : avec vos commentaires, délivrez-vous, Madame, un petit mode d'emploi ?...
Ou dois-je de ce pas requérir la Jacob ?
Rédigé par : sbriglia | 23 octobre 2008 à 11:50
Cher PB, je vous ai écouté avec attention ce matin sur Inter, ainsi que votre excellent collègue Serge Portelli. Ce dernier est, comme vous, de ces magistrats qui inspirent le respect et l'intelligence. Sa remarque quant aux, je cite, "mille Outreaux chaque année dans notre pays" n'est pas, comme vous l'avez dit aussitôt, si scandaleuse que cela. Qu'est-ce qu'un "Outreau"? Une faute judiciaire voire un crime judiciaire. N'y en a-t-il pas au moins plusieurs centaines chaque années sur notre territoire? Certes, "Outreau" fut le krach. Mais un petit cambrioleur accusé par un témoin myope ou un dealer confondu avec un autre ou un pseudo-violeur dénoncé par une folle hystérique, etc., qu'on incarcère comme cela à la hâte et qu'on non-lieu ou relaxe ou acquitte ensuite, n'est-ce pas autant d'"Outreau" également? aussi dramatiques? aussi scandaleux? Marc Machin cité par Portelli ... J'ajoute, ces jours-ci, Jacques Maire. Puis j'ai apprécié son honnêteté intellectuelle égale à la vôtre qui lui a fait dire que ce n'était pas tant Rachida Dati personnellement qui était en ce moment mise en cause que la politique générale induite et conduite par le président de la République et ses conseillers élyséens. On revient à la théorie du bon petit soldat exécutant qu'on ne saurait, de ce fait, tenir pour unique responsable d'une situation qui va à vau-l'eau. Vous avez bien fait remarquer, comme ici d'ailleurs, qu'il aurait fallu exécuter toutes ces réformes nécessaires avec toute la cohérence qu'elles justifiaient, notamment tant en moyens de personnels d'insertion et réinsertion que, plus généralement, pénitentiaires, dans un souci unique que le mot "répression" coïncide et aille toujours main dans la main avec celui "insertion/réinsertion" et non "humiliation/achèvement". Demorand trouve le mot de la fin: Vous n'êtes pas si opposés que cela, tous deux, et c'est plutôt rassurant. Il manquait un avocat à ce débat mais, de grâce, pas Eolas ou un autre comme celui-là qui aurait déroulé des pensums théoriques et techniques à n'en plus finir et qui n'aurait rien énoncé que nous ne saurions déjà en ouvrant simplement les Codes ... TL, par exemple, oui, lui.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 23 octobre 2008 à 11:39
@Braillard (ou plutôt l'habitué de ce blog qui se cache derrière ce pseudo)
Vous n'avez pas un peu l'impression de caricaturer les électeurs de l'UMP et de les confondre un tantinet avec ceux de feu Pierre Poujade ?
Et, ne vous en déplaise, il y a eu un réel divorce entre la France et ses élites au temps de la Mitterrandie et de la ci-devant Chiraquie.
Ce qui me gêne surtout avec Rachida Dati c'est le peu que je perçois de sa personnalité depuis mon écran ou à la lecture des journaux, cette façon tranchante et condescendante de traiter les problèmes que son prétendu manque d'assurance et la difficulté de sa position (une femme d'origine immigrée, etc, etc) ne sauraient éternellement justifier ; ce n'est nullement la loi sur la rétention de sûreté dont j'approuve les grandes lignes dans la limite de mes connaissances juridiques.
Eh ! Braillard, Philippe Bilger a raison, moi aussi je n'aime pas beaucoup les braillards anonymes. Allez, courage ! ôtez le masque et venez un peu brailler à visage découvert...
Rédigé par : Laurent Dingli | 23 octobre 2008 à 10:48
Honnêtement, je ne vois pas bien en quoi montrer sa proximité avec les victimes de pédophiles est courageux, ni en quoi défendre la rétention de sûreté devant un congrès d'avocat l'est.
L'opinion publique est derrière elle, c'est tout ce qui compte pour un politique, c'est là son juge, et il n'y a rien de démagogique là-dedans, c'est la logique des mécanismes de légitimité en démocratie.
Mais dire qu'il est courageux de défendre un projet de loi soutenu selon les sondages par 80% de la population lors d'un congrès d'une profession fort peu populaire, quand de surcroît l'on est une ministre qui est positionnée sur le segment politique "Royalo-Sarkozien" (le politique qui vous dit la vérité que les méchantes élites surdiplômées vous cachent, le politique qui vous comprend, "vous petites gens qui seuls méritez que je vous représente puisque que vous êtes des petites gens", j'ai toujours pensé que Sarkozy avait un fond gauchiste)
Vous aviez d'ailleurs souligné son courage lorsqu'elle avait dit à un détenu, je ne sais plus à quelle occasion, qu'au lieu de vouloir de meilleures conditions de détention, il aurait mieux fait de "réfléchir avant, la prison c'est pas l'hôtel" etc etc.. Or ça plaît beaucoup à l'électorat de l'UMP, et ça ne rebute pas tant que ça les centristes. C'est sûr, elle s'attire l'ire des magistrats, des associatifs etc... mais enfin ces gens-là agacent magistralement ledit électorat, et jusqu'à une bonne partie de la population sur l'air de "aaaah ces élites qui comprennent rien à nos problèmes de gens qui paient leurs factures tous les mois". Et ce sont ces gens-là qui votent pour elle, pas les magistrats ni les associatifs qui, de toute façon, sont majoritairement opposés à sa politique pénale.
Dernier point : je ne crois pas qu'elle manque du sens politique de son patron. Son patron aurait fait la même chose à sa place : c'est comme ça qu'elle assure sa popularité, elle n'est pas populaire "malgré ça" elle est populaire "grâce à ça".
Elle est hyperactive, ce qui la dispense de justifier ses réformes auprès de ceux dont l'avis lui importe vraiment : les électeurs. La qualité procède de la quantité, c'est le raisonnement de l'UMP, comme, à l'époque, du PS d'ailleurs : voir la justification de Guéant (ou était-ce Guaino? Avec ces guai, on s'y perd) sur le "réformisme" du Président : il a juste compté les réformes, même pas besoin de les détailler, le fait qu'il y en ait plus de 100 montre que c'est un Président qui veut le changement. Ca pourrait être 100 réformes sur la hauteur des clôtures dans les bocages ou sur la largeur des chemins de ronde en Bretagne que ça ne changerait rien, puisque nous n'avons plus aucune vision globale, noyés que nous sommes sous la masse d'informations reçues chaque jour. Politiquement, elle gère très bien son petit business : elle qui sort de nulle part, qui n'a jamais été élue, elle a à présent une vraie légitimité, un bilan, et on a même l'impression qu'elle a reçu l'onction des Français, ce qui n'est le cas que par le double truchement du Président et du Premier Ministre.
Moi je dis chapeau: se mettre à dos les magistrats n'a jamais fait courir de risque à aucun politicien. Sa seule erreur fut les histoires de robes Dior et compagnie, ça, c'est mal vu, mais sa morgue et son image de "ministre des petits, des victimes et laissés-pour-compte de la justice" le font le plus souvent oublier.
Rédigé par : Braillard | 23 octobre 2008 à 10:06
J'ai appris par la presse la manière dont Rachida Dati s'est comportée avec la juge de Metz. Suivant le principe de responsabilité, qui est à juste titre si cher à notre président, elle devrait partir.
@Semtob
Quel blabla !
Rédigé par : Laurent Dingli | 23 octobre 2008 à 09:31
Je ne suis absolument pas convaincu que la grève d'aujourd'hui va redresser durablement l'image de la justice dans l'opinion publique (dont je fais évidemment partie).
L'examen de conscience et la reconnaissance de ses propres erreurs ne pourrait être que bénéfique; pour certains Rachida est responsable de tout; les mêmes reprochent à Rachida de les rendre responsables de tout.
Je vous demande de m'excuser mais cette attitude est, pour moi, de la gaminerie.
Rédigé par : mike | 23 octobre 2008 à 07:58
Tiens, en ce moment on médiatise le sort réservé à nos vieux et vieilles dans les maisons de retraite. Ce soir encore sur France 2, David Pujadas, l'émission: un vrai titre de polar: Les infiltrés. J'avais écrit un long article à ce sujet dans l'Infirmière-magazine mais zébi, personne n'a cure, aucune suite si ce n'est qu'il fut inscrit (belle intention) au programme de quelques Instituts de formation infirmière. Des livres témoignages furent écrits et publiés par des professionnels de santé: médecins (Professeur Soubeyrand: "On tue les vieux"), infirmier (Escribano: "On achève bien nos vieux"). J'ai pensé moi-même en rédiger un mais finalement à quoi bon, tout a déjà été dit, tout se sait. Depuis 4 années que je suis infirmier et que j'ai exercé et exerce encore souvent auprès des personnes âgées, je peux dire que j'ai vu la totale en matière de crapulerie de la part de nombreuses institutions vis-à-vis des hôtes fragiles et vulnérables qu'on y accueille. Je fais ce que je peux quant à moi -et de nombreux infirmier(ères) et aide-soignant(es) pareillement- pour rester digne et correct autant que possible avec toutes ces personnes dont nous avons la charge. Actuellement, là où je bosse à mi-temps, nous sommes cinq, quatre infirmières et un infirmier: moi. Nous bossons par roulement, c'est-à-dire que chacun, chacune d'entre nous, lorsqu'il(elle) travaille, est alors seul(e) pour la journée et pour 100, exactement 100 personnes âgées dont quasiment la moitié sont dépendantes voire grabataires voire encore en fin de vie. Les autres personnels (nombre portion congrue, économie salariale départementale et gouvernementale oblige) sont des aide-soignant(es) et quelques femmes de ménage. Hier, j'ai pété les plombs, j'ai gueulé après la cadre infirmière que j'en avais plein les couilles de travailler dans ces conditions, plein les bottes d'avoir à considérer malgré moi toutes ces personnes pour des quasi objets, cette impression lancinante d'être dans une sorte d'usine des vieux, de travailler d'eux à la chaîne, que ce n'est pas comme cela que je considère mon job, que j'imagine la prise en charge gériatrique, etc. Cette cadre m'a écouté avec un soupir, aussi démunie que moi, désemparée, impuissante ... Faudrait que je porte plainte contre la DDASS de la Marne qui s'en fiche éperdument de ce que les vieux d'ici deviennent, et puis l'Etat aussi par son ministère de la Santé et celui de la Solidarité (Valérie Létard; elle était sur le plateau télé ce soir et elle parle bien, c'est fou, très convaincante, une belle glose, très belle femme aussi), pour négligence, incitation à la maltraitance voire homicide involontaire par défaut de soins, d'attention, des vieux, par défauts de moyens, de personnels, d'argent ... Faudrait que je trouve un procureur, un juge, prêts à bouger leur cul pour recueillir ma plainte et poursuivre en justice, dans les règles de l'art, selon le droit, avec autant de sérieux qu'ils en mettent à poursuivre Rachida, comme ils font si diligemment pour les voleurs de poules et les petits fumeurs de shit ... Pas évident; ce genre de magistrats doit avoir bien des choses plus importantes à gérer, trop occupés, débordés pareillement ... Non, pas évident. Ils y penseront peut-être quand ils seront vieux et vieilles à leur tour et impotents, malades, grabataires, et qu'ils seront jetés là-dedans comme des déchets considérés et par leur enfants et par la société ... Avec un peu de chance, ils seront pris en charge par des bon bougres et bougresses tel(les) que moi qui feront, comme nous actuellement, tout ce qu'ils pourront, et le feront bien. Mais rien n'est sûr, rien n'est sûr ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 23 octobre 2008 à 00:42
Admirable, Monsieur Badinter ?? et pourquoi ??
me demandez-vous, cher Philippe.
Dans votre billet, vous soulignez la place de Monsieur Badinter dans la (les)
culture(s) juridique(s) interne(s), celle(s)
commune(s) au groupe des professionnels de droit. Cette place attribuée ne lui donne pas tout l'honneur que la société lui doit, car il existe un lien entre la production de la vérité et la constitution d'une subjectivité qui se trouve à l'intersection du rationnel et du symbolique. La vérité judiciaire doit être productrice de raison : faut-il valoriser l'égalité, faut-il être sensible à la dignité ? Les questions posées sont essentielles, centrales pour notre société.
Avec l'image du paternalisme du juge, c'est la culture judiciaire qui fonde l'autorité de la justice.
Ce que Monsieur Badinter a d'admirable, c'est
qu'il s'est engagé dans ce que la société a de plus profond à savoir l'interaction
mal-corps-mort.
Et par cet engagement, il est puissant
organisateur symbolique.
Je ne sais plus qui a dit que la culture judiciaire s'écrit à plusieurs mains, Monsieur Badinter en écrit les vecteurs et les plus belles pages.
Françoise et Karell Semtob
Rédigé par : semtob | 22 octobre 2008 à 23:31
@ SR
Arrêtons avec la grossesse de la ministre et les mystères d'une paternité qui ne regarde vraiment personne.
C'est moi le père.
Aïssa et sbriglia peuvent en témoigner. Et même Véronique, puisqu'elle sera la marraine, est dans le secret que je divulgue aujourd'hui.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 22 octobre 2008 à 22:18
Je n'ose pas commenter ! Ca décoiffe !
Je ne sais pas si l'hiver sera rude, mais Philippe Bilger a fourbi la garde-robe de la ministre pour des mois de froid sibérien ! Du sur mesure taillé dans l'hermine !
"Ce qui nous déplaît la sert." Lucidité parfaite. Ce paragraphe est à encadrer.
Philippe, vous m'énervez avec vos peines plancher et votre rétention de sûreté, mais franchement, vous êtes fort.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 22 octobre 2008 à 22:07
Un fait divers évoqué ce soir au JT de France 2 et qui touche une question que vous avez maintes fois abordée. Je résume : un habitant de Toulouse, Erkan Kaya, est poignardé par un de ses voisins : onze coups de couteau sur le visage et sur tout le corps, sans aucune raison (autre que la maladie mentale de l'assaillant). Celui-ci est en effet jugé irresponsable, placé en HP où il bénéficie de permissions de sortie régulières. Aussitôt libre, ce grand malade est donc venu rendre une petite visite de courtoisie à sa victime... pour s'excuser. Aujourd'hui, il paraît calme, mais d'un moment à l'autre, il peut récidiver. Il faut entendre une membre du cabinet du Préfet déclarer tranquillement au journaliste de France 2 que "le risque zéro ça n'existe pas". J'aimerais bien entendre cette... si le système l'obligeait à coexister avec l'homme qui l'a lardée de onze coups de couteau et qu'un imbécile de son calibre vienne lui dire : mais ma bonne dame, le risque zéro, ça n'existe pas.
En attendant la mise en ligne du JT du 22 octobre de 20h voir :
http://www.ladepeche.fr/article/2008/10/21/483076-Justice-Son-agresseur-habite-a-l-etage-le-commercant-toulousain-craque.html
Rédigé par : Laurent Dingli | 22 octobre 2008 à 21:21
Pourquoi faire des manières avec une Garde des sceaux qui manque de délicatesse et qui masque ses lacunes par sa suffisance et ses robes Dior ajustées à ses nouvelles mensurations de femme enceinte ?
Combien d'années à taire ses rancoeurs et ses critiques de crainte d'être taxé de sexiste ou de raciste. Nicolas Sarkozy a visé juste en la nommant non pas pour ses qualités professionnelles mais pour sa hargne à dégager d'un revers de la main les vigilants tout en souriant devant son miroir. Elle est ravie, les gueulards ne font que gueuler et elle avance du haut de ses escarpins le ventre arrondi par la réussite d'une FIV que tous les hommes politiques de la place de Paris renient par avance.
Il ne manque que le démenti de Philippe Bilger, la justice en est réduite à ça : démentir la paternité d'un bébé de la garde des Sceaux.
Rédigé par : SR | 22 octobre 2008 à 16:43
C'est tout à votre honneur, cher PB, de ne pas participer à cette curée annoncée. Car enfin, de quoi s'agit-il? De crier haro sur (je cite le président de la République) "une très bonne petite soldate". Ainsi, le présidentiel donneur d'ordre, on s'en écarterait craintivement, lâchement, piteusement, on le ménagerait voire on lècherait pour qu'il luise et reluise encore, et la simple exécutrice, on voudrait la salir, la lyncher ... Quel est cet honneur lamentable de ces mesquins magistrats et autres petits auxiliaires de justice aux marches des palais pour réclamer sa tête à cette femme qui ne fait qu'appliquer ce que le premier magistrat de France lui enjoint d'appliquer?... Encore un suicide hier en prison ... Qu'ils aillent plutôt montrer leurs biceps et leur arrogance minable aux portes de l'Elysée, de là où vient précisément tout ce qui les gêne, les ennuie, les bouscule dans leur ronron, leur suffisance ... Alors on verra vraiment s'ils ont quelque chose dans le sac, s'ils sont courageux, vaillants, téméraires, quelque chose dans le ventre qui mérite qu'on dise qu'ils sont dignes et sincères ... Encore un effort et ils exigeraient qu'on les associe à la décision de nommer tel ou telle à la tête de ce ministère ... Et puis quoi encore?...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 22 octobre 2008 à 13:50
Cher Monsieur Bilger,
Vous êtes de la société civile mais Soeur Emmanuelle est morte, nul doute qu'elle aurait été mise en examen par Bertella-Geoffroy, Pascal Gand ou Didier Peltier pour infraction à la législation des installations classées, dans le cadre de sa gestion de la décharge du Caire. C'eut été un procès correctionnel en France !
Que valent ces ridicules querelles entre Rachida la revancharde, et les Magistrats Corporatistes qui s'excluent de la société civile ? La peine de mort est abolie, certes, mais n'est-elle pas rétablie dans le désespoir qui est né dans les murs des prisons ! ( des vôtres ou des leurs ?)
Peu importe, Soeur Emmanuelle est morte !
D'ailleurs, l'Abbé Pierre aussi, et Coluche, et Bernard Dimey, et Brassens, et Brel et Ferré. Alors ? A quoi bon ? Humanisme dites-vous ? Non, décidément, je n'y crois plus !
Didier ROUTA VILLANOVA
Rédigé par : ROUTA VILLANOVA | 22 octobre 2008 à 12:15
Alors ne rien faire ? Continuer à être méprisés ?
Rédigé par : sylvie lo re | 22 octobre 2008 à 09:05
Mille autres manières, dites-vous ?? Cher Philippe, de faire quoi ??
Monsieur Badinter n'est pas seulement admiré des magistrats. Il est admirable.
Madame Rachida Dati a une approche humaine de la justice.
Il ne suffit pas aux magistrats d'apprendre
une spécialité au risque de devenir des machines utilisables et non des personnalités. Puissent-ils saisir le sens pratique de ce qui est moralement droit ; apprendre les motivations des hommes, leurs angoisses pour déterminer leurs rôles exacts. Les magistrats doivent entrer dans une culture vivante et sociale. Vous êtes l'un des rares magistrats à avoir compris tout cela.
Françoise et Karell Semtob
Rédigé par : semtob | 22 octobre 2008 à 01:06
C'est bien ce que je pensais et écrivais : Taïaut ! taïaut !... On a plus d'affection pour le cerf (hum, la biche) que pour la courre...
Bonne nuit toutes tous.
Aïssa.
PS/ Plus de news de Catherine Jacob ... Etes-vous malade, chère?
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 22 octobre 2008 à 00:18