Sa couverture nous présente essentiellement - Paul Newman a sa photographie à gauche - le couple présidentiel décontracté, souriant, se tenant par la main et sortant du Musée Guggenheim à New York. A l'évidence, cette image résulte du consentement du président et de son épouse puisque leur regard est tourné avec bienveillance vers le photographe invisible.
A l'intérieur de l'hebdomadaire, huit pages, dont certaines au caractère intime, sont consacrées à Nicolas Sarkozy et à Carla Sarkozy. On peut en penser ce qu'on veut. En tout cas, elles sont destinées à illustrer le bonheur affiché en couverture.
C'est cette dernière qui m'intéresse. Je ne sais pourquoi, elle a créé chez moi un léger malaise, comme un trouble. Des conversations, ici ou là, m'ont permis de constater que d'autres que moi partageaient ce sentiment, cette perception.
Il ne s'agit en aucun cas d'opposer cette représentation d'un couple heureux à la crise financière américaine puis européenne. On sait à quel point notre président s'investit afin de tenter de trouver des remèdes et de dégager des solutions acceptables par nos partenaires européens, notamment allemands. Je ne fais pas référence non plus au coup de téléphone que l'épouse du président aurait passé à Libération pour rectifier une information au demeurant guère capitale : elle n'aurait pas fait de shopping à New York. Je ne songe pas non plus au décalage entre le plaisir du couple dont l'homme est en charge du destin français difficile à gérer et à sublimer, et la réalité de ce que beaucoup affrontent quotidiennement. Ce serait démagogique et de mauvaise guerre.
Non, ce qui m'importe me semble beaucoup plus passionnant. Pourquoi le bonheur présidentiel proclamé en couverture d'un hebdomadaire très lu est-il susceptible de gêner le citoyen aux entournures quand celui-ci se fait une certaine idée du Pouvoir et de l'Etat ? Sans doute un début de réponse pourrait-il venir de la légende au-dessus du couple qui nous annonce : Nicolas et Carla Sarkozy -Escapade à New York - les photos privées d'un week-end amoureux avant l'ouragan financier. Le contraste entre le caractère apparemment privé, intime et pudique des photographies prises et leur divulgation et diffusion, avec l'accord du couple donné à l'hebdomadaire, fait s'interroger sur la manière dont médiatiquement le président conçoit son rôle et sur le partage qu'il effectue, s'il en opére un, entre vie privée et existence publique. Cette joie intime, au prétexte qu'elle serait présidentielle, doit-elle consentir forcément à sa captation et donc à sa dénaturation ?
Non pas que le puritanisme qui se trouve, souvent absurdement, au coeur du civisme ait nécessairement raison. Cette impression lancinante qu'exercer le pouvoir n'est compatible qu'avec une mine triste et que l'allégresse de celui qui gouverne est suspecte : elle cache des secrets inconnus du peuple - et c'est intolérable - ou révèle une désinvolture de mauvais aloi. On continue, dans l'attitude publique, à préférer "l'austère qui ne se marre pas" à celui qui "se marre sans être austère". Je ne crois pas que la modernité ait beaucoup fait évoluer ce cliché. Il n'est pas concevable que celui qui porte un peuple sur ses épaules ne donne pas au moins l'impression de ployer sous le fardeau.
En même temps, on ne souscrit plus totalement à cette belle définition si souvent citée de la gloire par madame de Staël : "la gloire est le deuil éclatant du bonheur". Cette opposition de la gloire et du bonheur, cette exclusion du second par la première, pour demeurer classiques, ont perdu de leur évidence. J'incline, au contraire, vers l'opinion inverse qui aujourd'hui aspire à ce qu'une personnalité politique soit comme nous, dans le secret de son existence. Je ne suis pas sûr que, homme ou femme, on ne gagne pas, dans le dur et éprouvant métier de gérer une collectivité humaine, à laisser sa place au bonheur de vivre, d'être aimé et de se "ressourcer", comme on dit, au sein d'une famille. Seulement, pour que ces douceurs familières soient rentables pour le politique, il convient qu'elles soient connues tout en demeurant gracieusement invisibles.
En est-il autrement pour le couple présidentiel ? Je ne crois pas que quiconque, même le plus obtus des gouvernés, dénie le droit au bonheur du président. Les délices de l'amour ne lui sont pas plus interdites qu'à quiconque. Seulement, je ne suis pas persuadé qu'on veuille les voir proclamées et affichées avec une impudeur qui même organisée demeure ce qu'elle est et nous constitue en voyeurs d'un fragment d'existence qui n'ajoute rien d'essentiel à notre adhésion ou à notre hostilité politique. Nous devenons témoins d'une histoire qui fait s'effacer la gloire sans magnifier le bonheur. L'artifice détruit tout ce qu'il touche.
Le malaise provient donc de ce qui délibérément se montre et devrait demeurer superbement, discrètement enfoui dans le lieu de l'intimité. Je devine bien ce qu'il peut y avoir de complaisance dans cette attitude à l'égard de ce qu'on pense être l'attente populaire. Le président, que sa charge éloigne, qui, aussi proche qu'il soit des citoyens, est naturellement séparé, comme par une invisible frontière, de ceux qui n'ont pas les responsabilités qu'il a, peut être à l'évidence tenté de démontrer, par toutes sortes de moyens, qu'il est pourtant des nôtres, qu'il est comme nous et que son couple en couverture - on dirait une séquence de comédie américaine - est semblable à tous les couples, sauf que le sien est photographié par Paris Match.
L'intercession entre le couple présidentiel et nous, de cet hebdomadaire spécialisé dans la peopolisation artistique et littéraire - quand il quitte le domaine des enquêtes valables - ajoute à la confusion. Loin que le bonheur de Nicolas et de Carla Sarkozy s'assimile à celui de tous ceux qui ont la chance d'aimer et d'être aimés, il est défiguré par son insertion médiatique dans le spectaculaire et le frivole - dans ce qui donne la nostalgie du grave et du secret. Ce n'est pas grâce à cette couverture que le sentiment collectif pourra se féliciter d'avoir, pour l'inspirer et le stimuler, un responsable qui lui ressemble dans les coulisses officieuses de son existence, le royaume préservé des mots et des gestes inconnus, inventés.
Au contraire, cette éclatante médiatisation d'une allégresse transportée d'être vue et offerte comme un cadeau renvoie à une dérive de la modernité. Il serait trop facile de comparer les couples formés par certains des prédécesseurs illustres de Nicolas Sarkozy. Il n'est même pas nécessaire d'évoquer, d'invoquer les mânes mis à toutes les sauces du général de Gaulle. Mais le gaullisme, n'était-ce pas, d'abord, une allure partout ? On répliquera que les temps ont changé, que les médias font la loi, qu'il faut rendre le Pouvoir attrayant et juvénile et que l'évolution est irréversible.
Pourtant, si chaque citoyen pouvait être questionné dans son for intérieur, est-on bien sûr que, s'il avait le choix, il prendrait les deux : le président de la République ET la couverture de Paris Match ?
Il se peut que la dame citée par Véronique sache que le Président se nomme N.S. Qu'elle en attende quelque chose, j'en doute. Comme la majorité des habitants d'une commune, elle sait qui en est le maire, auprès duquel elle peut demander une aide. Son avis dans les sondages est dérisoire. Quant à son droit de vote, je doute qu'elle l'exerce en sachant pourquoi.
Rédigé par : francis | 07 octobre 2008 à 20:49
Bonjour,
Paris Match, bien avant de faire des articles sur la vie privée de Sarkozy, exposait des photos et la vie privée de François Mitterrand, Charles & Diana, la reine d'Angleterre, Giscard, Pompidou et tous les autres. Leur vie privée et leur vie sentimentale n'étaient pas différentes mais les moeurs et l'époque était différente.
Tous les personnages publics sont amenés à exposer ce qu'ils veulent de leur vie privée.
François Mitterrand, coincé dans un formalisme moralisateur et très sérieux en apparence, a aussi exposé sa vie privée dans Paris Match : ce qu'il présentait comme sa vie privée se résumait à sa maison "Latche" à Soustons avec son labrador et son épouse !!! Mais ce qu'il montrait de sa vie personnelle, de son état de santé, de sa moralité, de ce qu'il était et de ce qu'il faisait était un Pastiche et une petite partie de l'iceberg non exposé dans la presse people.
Sarkozy n'a donc rien innové côté exposition et médiatisation de sa vie privée par rapport à tous ses prédécesseurs.
Ce qu'il innove sans doute c'est la transparence de sa vie privée. Pourquoi devrait-il la cacher puisqu'il n'a rien à cacher ?
Ne lisant jamais la presse people ni Paris Match, je ne suis pas informée de ces "photos" et reportages intimes ou de la vie privée des people : cela ne m'intéresse pas mais je comprends que d'autres apprécient de la connaître ! Comment reprocher aux "politiques" qui sont des "people" d'être dans la presse people ?
La presse people est un commerce : son objet est d'exposer les "sujets" que les consommateurs veulent y trouver car si le "sujet" n'intéressait pas les "consommateurs", le journal ne se vendrait pas, et Paris Match déposerait le bilan (ce qui provoquerait encore un plan social, des licenciements et du chômage...)
Sarkozy, comme toute personne connue, fait vendre des exemplaires ! C'est tout !
Il a démontré à tous que divorcer, et être malheureux cela fait partie de la vie, même de celle d'un Président, et finalement n'est pas si grave que ça !!! Il a aussi démontré que retrouver l'amour et être à nouveau heureux en couple, même à 53 ans, c'est également possible dans la réalité ! N'est-ce donc pas une bonne nouvelle pour tous les citoyens et citoyennes ??
Rédigé par : Muriel | 07 octobre 2008 à 16:17
@ Aïssa Lacheb-Boukachache, suite au commentaire du 05 octobre 2008, 21.18
Une histoire d’urgences dans un CHR :
4 avril 2002 - Besançon (Est de la France)
10 heures du matin - Centre Hospitalier Régional Jean Minjoz.
On amène un grand blessé (de 23 ans) bien connu des... etc...etc... aux urgences de cet hôpital et non menotté, mais accompagné de quatre policiers, depuis la prison de cette ville.
Le médecin de cette maison d’arrêt à L’Est Républicain (édition du 5/4/02) : « J’ai vu la blessure du détenu, c’était léger ».
Une infirmière : « Ca c’est passé très vite. Ils étaient trois, impressionnants,avec des cagoules, tout en noir et armés. Ils ont sorti de grosses bombes lacrymogènes d’un sac rouge et ils ont aspergé tout le monde. L’un avait une pince-monseigneur, sans doute pour couper des menottes. A leur manière de débouler dans le service, ils connaissaient les lieux à mon avis »
Selon une personne hospitalisée ayant vu la scène depuis la fenêtre de sa chambre, durant la fuite éperdue, ça tirait dans toutes les directions. Les malades issus de toute la région Franche-Comté, en cours de soins et pouvant se lever étaient tous aux fenêtres, intrigués par les coups de feu.
Une infirmière de la cellule de prise en charge psychologique : « Trente-cinq personnes ont été recensées, certaines ont été témoins oculaires ou auditifs. Toutes ont fait part de leur peur ressentie d’être tuées. Toutes ont remarqué et noté la détermination de ces hommes qui ont été jugés comme prêts à tout »
Un procureur dont je tairai le nom, à l’Est Républicain (toujours du 5 avril 2002) : « Les faits survenus à l’hôpital montrent qu’il y a association de malfaiteurs. La blessure de Ferchichi devait être volontaire, le coup était bien préparé et organisé ».
Qui ne l’eût pas cru ?
18 jours plus tard, dans l’Est Républicain du 22 avril : Edito de Jean-Pierre Mulot (extrait)
« La lame de fond balaye toute la Franche-Comté. Du plus profond de la Haute-Saône aux rives du lac Saint-Point, des fiefs socialistes du Territoire de Belfort au vignoble jurassien, la percée de Jean-Marie Le Pen prend des allures de phénomène »
Mais non ce n’était pas un phénomène ! Ce journaliste se trompait. Dans un tel hôpital des malades viennent de toute la région et des gens bien portants peuvent ou pourront à tout moment y être envoyés. C’est pas difficile à comprendre quand même. Quand ces malades sont rentrés dans leurs familles, ou lorsqu’ils ont été visités durant leur séjour après ce drame, ils ont racontés autour d’eux beaucoup plus de choses que le journal n’en avait dit et cela s’est répandu.
C’est tout.
Analyse de Jean-Pierre Chevènement, du cru, à propos de ce "phénomène":
« C’est en vain que j’ai essayé d’alerter, depuis des années, sur des questions comme l’insécurité, l’abandon des couches populaires, la désindustrialisation... »
Moralité : pour ne pas avoir viré ce procureur de la justice sur-le-champ à la suite de cette spectaculaire évasion, et traumatisante, il faut penser aux malades angoissés en cours de soins, précisément en urgence, comme s’ils avaient besoin de réaliser qu’ils risquaient de prendre une balle perdue dans un couloir d’hôpital juste après une opération, les Français viraient Lionel Jospin qui se trouvait éliminé au premier tour de la présidentielle.
La Franche-Comté bonne terre socialiste n’y avait pas pour peu concouru.
Rédigé par : dab | 07 octobre 2008 à 10:00
@Aïssa
Attention à ne pas vous prendre pour Gustave Courbet, le monde ne saurait avoir plus d'une origine !
Rédigé par : Catherine JACOB | 07 octobre 2008 à 09:56
@ Jean-Dominique
En fait je suis toujours surprise par l'écart entre ce qu'écrit Philippe dans par exemple ce billet - l'austérité, l'allure, etc. nécessaires à l'exercice du pouvoir présidentiel - et la façon dont sont perçus dans mon quotidien la fonction et le rôle du président de la République.
Quand Philippe ou vous-même faites référence aux prédécesseurs de NS, en gros, des hommes d'État qui eux, aimaient la France, vous semblez oublier que votre mythologie, si elle avait l'allure qui sied à la fonction d'un homme d'État, n'a pas eu la détermination pour, par exemple, mener à bien une réforme de l'État qui aurait été très salutaire pour le pays.
Ils aimaient la France parce qu'ils savaient se réfugier à Latche ou dans le Périgord, plutôt qu'à New York ou au Fouquet's, dites-vous.
Vos inconditionnels des terroirs ont produit, pour leur succéder, des prétendants à la fonction présidentielle qui, avec désinvolture, pouvaient confondre dans une campagne présidentielle le montant d'un smic brut avec un smic net.
Je vous rappelle que Philippe, à chaque fois qu'il a pu l'écrire, disait être soufflé par l'allure de Madame Royal.
Rédigé par : Véronique | 07 octobre 2008 à 08:41
Quand je m'ennuie, je crée des poésies que je détruis ensuite... Je ne sais si ce quatrain qui dans quelques instants va disparaître à jamais de tout support et de ma mémoire, trouvera une place éternelle en cet auguste lieu du trait, du rire, de la réflexion et de l'esprit... C'est d'une femme dont il s'agit... Voici :
"Sois bénie, chère amie, et remercie les dieux
De t'avoir donné ce qui compte le plus.
Comme une goutte de soleil en allée un peu altière,
Ce cul qui est le tien illumine la terre entière..."
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 06 octobre 2008 à 20:11
@andré
"S'il veut faire la une de Match, il doit bien avoir au moins un autre talent que d'être marié à un mannequin."
'Carlita' c'est tout de même autre chose qu'un porte-manteau sans cervelle, et personnellement et intrinsèquement je trouve que NS a beaucoup de chance de lui avoir plu. Ceci étant ça ne m'empêche pas d'approuver certaines critiques.
"Je regrette donc que vous en rajoutiez donc encore une couche sur votre blog."
Je pense qu'il y en a beaucoup d'autres qui en rajoutent non pas une couche mais le contenu d'une bétonnière entière dès qu'on leur fait gentiment comprendre qu'il faut arrêter de 'déconner' et personnellement j'aime bien quand un monsieur très sérieux comme PB prend des biais anodins comme ce billet pour mieux faire entendre des choses très importantes comme l'écart qui se creuse de plus en plus entre la tête qui est dans les nuages et les semelles qui parcourent le bitume en se demandant d'une certaine façon jusqu'où l'élasticité du corps social va pouvoir tenir le coup!
Rédigé par : Catherine JACOB | 06 octobre 2008 à 18:22
@ Véronique
Vous confondez le mot et la chose (selon qu'on est l'abbé de l'Attaignant ou Michel Foucault, voyez déjà qu'avec les mêmes mots, nous nous situons dans des contextes bien différents !). Que la dame ne mette rien en face du mot institution ne signifie pas qu'elle ignore ce qu'elles sont, y compris avec une relative précision. Elle sait ce qu'est un président de la République, comment il se nomme, comment se nommait son voire ses prédécesseurs. Elle sait ce qu'elle en attend - même si ce qu'elle en attend ne correspond pas aux règles des institutions. Je prends un exemple idiot. Imaginons un paysan qui a régulièrement écrit aux présidents de la République, à de Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac et Sarkozy, pour qu'il pleuve précisément le 17 octobre. Nous sommes hors institution nous semble-t-il. Pourtant, cet homme-là a eu de la pluie chaque 17 octobre depuis 1958, sauf depuis l'élection de Sarkozy, où il n'a pas plu le 17 octobre 2007 malgré la lettre envoyée comme chaque année.
Cette rupture, le paysan l'impute à l'institution défaillante. De même lorsqu'il s'agit de l'image : que l'on connaisse ou non le rôle institutionnel du président et de ce qui l'entoure, la société a malgré tout des références de comparaison sur ce qu'est un président, sur sa stature, sur ses loisirs visibles, sur ses incartades acceptables. C'est peut-être idiot, infondé mais c'est ainsi que la société veut fonctionner avec un président. C'est en ce sens que les billets de Philippe sur ces terrains là sont très fins à mon avis, parce qu'il creuse au-delà des conflits d'images apparents ou évidents.
Votre dame n'a pas besoin de connaître les institutions pour savoir ce qu'elle attend et ce qu'elle n'attend du président. Dut-elle se tromper en totalité et confondre le président français avec le sultan de Bruneï, c'est elle qui vote et qui répond aux sondages.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 06 octobre 2008 à 15:57
"Ce n'est pas grâce à cette couverture que le sentiment collectif pourra se féliciter d'avoir, pour l'inspirer et le stimuler, un responsable qui lui ressemble dans les coulisses officieuses de son existence, le royaume préservé des mots et des gestes inconnus, inventés."
...j'imagine la cruelle annotation en marge "êtes-vous surmené, en ce moment ?"
Rédigé par : sbriglia | 06 octobre 2008 à 15:00
Je ne comprends pas bien l'intérêt de ce billet : "Le malaise provient donc de ce qui délibérément se montre et devrait demeurer superbement, discrètement enfoui dans le lieu de l'intimité." Alors pourquoi encore en parler. Ce monsieur (je ne dirai pas mon Prés...), n'est pas comme nous, car il a demandé, à nous, de lui fournir une destinée exceptionnelle, celle de nous servir. Car j'envisage ainsi la fonction d'un élu, c'est de servir ses concitoyens, les diriger.
Le rôle de playmate (car c'est de cela qu'il s'agit quand on commence à montrer son intimité), ne sied pas à un élu (maire, député, sénateur ou autre...).
S'il veut faire la une de Match, il doit bien avoir au moins un autre talent que d'être marié à un mannequin.
Je regrette donc que vous en rajoutiez donc encore une couche sur votre blog.
Rédigé par : andré | 06 octobre 2008 à 13:32
"On répliquera que les temps ont changé, que les médias font la loi, qu'il faut rendre le Pouvoir attrayant et juvénile et que l'évolution est irréversible."
Je répliquerai que Paris-Match se transformant en attachée de presse du couple présidentiel est un exercice parfaitement inutile.
Vous dites de concert avec JDR qu'il faut voir de l'essentiel dans des images de romans-photos et des articles d'une niaiserie confondante (cf. l'article qui accompagne la photo de couverture, accessible sur la version en ligne de Paris-Match), alors je vous propose un fragment de ma réalité.
Samedi, dans mon travail, une mère de famille vient me voir pour résoudre un devoir scolaire de son fils. L'énoncé du devoir comportait le mot "institutions". Je comprends que pour cette dame, ce mot est obscur. Je lui propose en premier de définir avec son fils à l'aide d'un dictionnaire très courant le mot institution(s). Nous lisons à trois les définitions du Petit Larousse en privilégiant celle qui se rapporte au sujet du devoir de son fils.
Cette dame finit par me dire qu’elle ne saisit pas l'utilité de ma démarche. En fait, la définition du dictionnaire ne lui parlait pas du tout.
Je reformule la définition du Petit Larousse avec des exemples concrets. Rien n’y fait.
J'ai ainsi échoué à lui fournir des documents pouvant l'aider elle et son fils pour la rédaction et la réussite du devoir.
Cela pour vous dire que je pense que votre analyse, si elle est pertinente pour des PB et des JDR, me semble erronée si nous la confrontons aux connaissances réelles d'une très grande majorité de nos concitoyens qui, pourtant, à l’instar de cette femme jeune, ont bénéficié d'une scolarité se situant dans des normes moyennes.
"Pourtant, si chaque citoyen pouvait être questionné dans son for intérieur, est-on bien sûr que, s'il avait le choix, il prendrait les deux : le président de la République ET la couverture de Paris Match ?"
Je pense que les citoyens comme cette mère de famille font depuis longtemps le choix des couvertures de PM. Peu importe qu'il s'agisse du choix de Nicolas Sarkozy ou de celui de Ségolène Royal.
"le président de la République ..." (?)
Encore faut-il maîtriser le minimum du minimum des sciences politiques et du droit pour privilégier le choix du président de la République - un homme ou une femme d’Etat - à celui d’une couverture de Paris-Match.
Le Président et Madame en week-end à New York ou en famille dans les terroirs et dans les provinces, je pense que dans l'esprit de cette mère de famille, c'est du pareil au même.
Rédigé par : Véronique | 06 octobre 2008 à 09:52
JDR
Votre analyse sur la princesse à Disneyland s'inscrirait admirablement dans un "Mythologies" d'aujourd'hui.
Rédigé par : Bulle | 06 octobre 2008 à 06:28
Moi qui suis infirmier et qui travaille souvent auprès de personne âgées et très âgées, à quelles infamie et peine de prison vais-je être condamné pour n'avoir pas accompli les gestes "nécessaires", sic, qui empêcheraient, sic à nouveau, une octogénaire voire une nonagénaire voire encore une centenaire faisant un arrêt cardiaque massif, de mourir? C'est ce à quoi l'on assiste en ce moment, à Valence, Drôme. Un médecin mis en garde-à-vue et examen pour cette raison. Je savais l'épidémie victimaire virulente en notre pays mais là, elle frappe fort ou bien il s'agit de tout autre chose honteusement moins avouable. Le ridicule ne tuant pas même les magistrats, on a vu ce procureur de Valence parader ce soir à la télé pour expliquer que l'urgentiste inculpé "avait eu des gestes bizarres" qui n'ont pas sauvé cette dame cardiaque de 87 ans. Un médecin de quartier présent pendant l'accident confirme néanmoins que l'urgentiste a fait tout ce qu'il était possible et admis de faire pour tenter la réanimer. Certes. Bientôt, ce procureur puis la société avec le suivant naïvement, nous reprochera et nous inculpera pour, nous autres soignants, "n'avoir pas accompli les gestes nécessaires" pour ressusciter les décédé(es) en gériatrie voire Jeanne Calment elle-même ... On n'en est pas loin ; l'inculpation, pas la résurrection. Je hais ce tocsin que je n'ai de cesse de dénoncer; cependant, j'invite gravement toutes les associations anti-racistes de notre pays à ne pas quitter de l'oeil cette affaire car je doute fort que ce petit procureur de Valence eut agi de la même façon voire agi tout court si l'urgentiste en question n'avait pas été un médecin étranger comme il s'en trouve tant dans nos hôpitaux et cliniques et maisons de retraite, qui ne le cèdent en rien à quiconque quant à la compétence et au dévouement...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 05 octobre 2008 à 21:58
J'oubliais: Bernard Laporte, le secrétariat d'Etat et le rugby, dément formellement et publiquement avoir commis le futur bébé à Rachida Dati. CQFD!
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 05 octobre 2008 à 21:19
Quel régal (mais je m'en doutais, connaissant le bougre) d'entendre ce soir au journal télévisé de France 2, direct, 20 heures, Michel Houellebecq avec, à ses cotés, Bernard-Henri Lévy, pour la première de la promotion de leur moment épistolaire. Houellebecq de BHL: "Oui, je le connais comme tout le monde, on ne s'était jamais parlé, jamais vu auparavant ...", puis le regardant: "Vous êtes un riche qui fait semblant de s'intéresser aux pauvres, c'est très bien, je comprends ...". Et encore, au début de l'entretien, Delahousse: "Qui a eu l'idée de cette correspondance?". BHL hésite, va pour dire lui. Houellebecq: "Non non, c'est vous qui avez eu l'idée, j'en suis sûr, bien sûr, vous m'avez contacté ...". BHL, pirouette: "Je ne m'en souviens plus mais peu importe ...". Ca commence bien. Une catastrophe pour un début et ce n'est pas fini, je garantis ... BHL s'est mis dans le pétrin, il va le regretter sévère de l'avoir tenté, le visqueux ... On va se marrer.
Aïssa.
PS/ Sarkava a fait l'Arc pour la seconde fois consécutive ... Une grande pouliche, 3 ans seulement. Vision d'Etat n'est que cinquième.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 05 octobre 2008 à 21:14
Bonjour,
Je ne retrouve pas le titre de votre billet, sur le public et le privé, dans lequel vous écriviez ceci et que j'ai eu envie de rappeler :
"Cette problématique n'a cessé de prendre de l'importance à cause de la vie politique et de ses rapports avec l'existence intime. De fait, on a constaté, au cours des dernières années et bien avant la présidence de Nicolas Sarkozy, un mouvement qui tendait à fixer d'une manière moins nette et drastique les frontières entre le public et le privé, la classe politique, notamment pour ses membres emblématiques, étant soumise à une investigation qui ne s'arrêtait qu'au seuil de la chambre à coucher, une tradition française s'honorant de cette retenue.
Cette évolution, qui a conduit certaines consciences à pousser des hauts cris, ne m'a jamais scandalisé. D'abord parce qu'inéluctable, elle ne pouvait s'effectuer que dans le sens d'un accroissement de la part de l'intime dans la vie publique et qu'ensuite elle manifestait, malgré les apparences, un progrès du contrôle démocratique.
Il y avait, en effet, quelque chose de généreusement théorique dans l'obsession de prétendre sauvegarder à toute force pour les personnalités publiques la pureté de leur vie privée comme si une cloison étanche pouvait et devait séparer l'homme ou la femme du professionnel. De plus en plus, cette conception abstraite, où le droit était battu en brèche par le cours d'une société qui aspirait à tout connaître pour pouvoir mieux distinguer et élire, est apparue dépassée, en tout cas plus du tout conforme à l'éthique républicaine. Il ne s'agit pas, pour le citoyen, de faire intrusion dans l'intimité d'autrui par voyeurisme mais parce qu'il n'est plus concevable que ce qui se montre, même sur un registre non politique, n'ait pas la moindre incidence sur les choix politiques.
Sauf à demeurer cloîtré dans ses appartements privés, un responsable dépendant du suffrage de ses concitoyens n'est-il pas conduit à accepter que toute représentation de lui-même, dans l'espace public, prend naturellement un tour politique et qu'il serait vain d'espérer une réserve de l'opinion qui ferait la part des choses, à la supposer possible et souhaitable ? Car ce totalitarisme, qui ne laisse plus échapper à son emprise citoyenne une once d'existence pour peu que les médias lui aient fait un sort, consacre l'esprit d'une démocratie qui mêle aujourd'hui, à l'appréciation technique d'un programme, l'évaluation éthique d'une personnalité. Qu'on l'approuve ou non, la société n'est pas seulement déçue par le hiatus entre les engagements et les réalisations mais aussi, quand elle a lieu, par la contradiction, au sein d'un même être, entre une pratique personnelle et une attitude officielle. Tout devient politique si on veut bien admettre que le citoyen va puiser à toutes les sources de quoi nourrir sa conviction. Ainsi, les relations amoureuses, les histoires intimes, les ruptures et les bonheurs, les voyages, le comportement quotidien, le rapport avec l'argent, tout ce qui inscrit un politique, surtout un président de la République, dans l'espace public et par conséquent dans nos têtes de juges complaisants ou critiques, vient faire irruption dans le champ démocratique et élargir notre palette.
...
Dans un autre billet que je ne retrouve pas, vous disiez apprécier justement ce mélange, et l'exhibition de cette intimité...
Se pose donc la question :
Que veut-on nous montrer ? ou nous cacher ?
En tout cas ce n'est pas une raison pour effacer Paul Newman, que j'aime.
Bon dimanche à tout le monde.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 05 octobre 2008 à 16:14
Je ne lis ordinairement pas Match, que je ne méprise d'ailleurs pas, mais j'ai lu très tôt et adhéré aux Mythologies de Roland Barthes. Le futile, en ce qu'il est à la fois très visible, conçu pour l'être, et le plus répandu possible, est fortement signifiant d'une société et de ses réflexes.
Le billet de Philippe ne fait pas état d'un reportage photo pris au hasard, comme s'il s'agissait d'une exception mais porte sur la répétition codifiée des représentations du bonheur présidentiel. C'est cette répétition qui est signifiante parce qu'elle entre dans le champs des mythologies. Ces bonheurs présidentiels ont été photographiés par le passé, toujours de loin, pour inscrire le président dans le terroir français : La Boisserie, Latche, Bity. On savait ainsi que les présidents disposaient d'une source, d'un paysage français près d'eux, d'une quiétude quelque part, d'un endroit où ils pouvaient se laisser aller en charentaises, mais on ne les y voyait que rarement : ainsi le lieu privé gardait le mystère du pouvoir et de ses responsabilités. Une exception, Giscard, qui peinera à se créer une attache de terroir à Chamalières, sans lieu symbolique d'un foyer-source. C'est le seul qui, ayant terminé son mandat, ne sera pas réélu, "son problème, c'est le peuple", disait de lui de Gaulle.
Là où l'examen du futile est important, c'est justement dans l'analyse de la portée nulle ou importante de ce futile. Disneyland est photographié par Gala, presse people très populaire avec un lectorat moyen à modeste. New York, c'est Paris Match dont le lectorat touche beaucoup plus haut dans les catégories sociales. C'est un vrai plan média qui est mis en oeuvre. La révélation merveilleuse de la princesse charmante a lieu dans le lieu du merveilleux populaire et se publie dans un magazine people qui permet à ses lecteurs de s'évader d'un ordinaire modeste. C'est aussi une information qui doit être connue de tous. Mais New York, son parfum bobo inaccessible au lectorat de Gala, le Guggenheim, conviennent à Paris Match qui agit sur son lectorat non plus comme un dérivatif au quotidien mais comme une distraction de connivence : plus de la moitié du lectorat de Match connaît New York. "Tiens regarde, je sors du Guggenheim, marrant non ?". N. Sarkozy, en regardant complaisamment l'oeil de l'objectif semble dire au lecteur de Match "Ah, tu es là toi aussi ?".
Là où NS se trompe, c'est que même aux Etats-Unis, cette pratique n'est pas dans les habitudes. Le bonheur ordinaire du président n'est mis en scène que lors d'une réception privilégiée et amicale d'un chef d'Etat dans l'intimité du président américain, dans son ranch privé. On mérite ou non le privilège de venir discuter en short des affaires du monde chez le président américain. Le lieu privé du président devient alors le niveau le plus haut de la hiérarchie dans les résidences présidentielles : la Maison Blanche pour tout le monde, Camp David pour quelques-uns, le ranch privé pour une poignée symbolique. NS n'a pas compris cela. Le problème de N. Sarkozy n'est pas le peuple, il a prouvé qu'il savait le manier. Son problème, c'est la France.
Et c'est vrai que Philippe Bilger saisit ces choses anodines, les isole et les force à dire ce qu'elles voudraient cacher de leur universalité et que ces billets, dont je pense qu'ils prennent du temps à écrire, méritent qu'on prenne du temps à les lire et à les comprendre, quitte à passer le tour des premiers commentaires validés avant d'apporter une pierre qu'on espère utile à l'édifice, plutôt que se précipiter pour balancer son caillou.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 05 octobre 2008 à 15:53
Sarkozy avait déclaré un jour à de Villiers alors qu'ils appartenaient encore au même parti : "Tu vois Philippe, je t'envie, toi la France ça te touche, ses paysages, ses auteurs, tout ça... Moi ça me laisse froid."
JD Reffait a raison de noter qu'elle (la France) n'est que son lieu de travail. Un voyage à New York avec Carla ? Ca n'est que la suite de la visite d'Eurodisney... Mais on va encore me faire le reproche de sous-entendre par là son absence totale de culture...
Rédigé par : Erig le Brun de La Bouëxière | 05 octobre 2008 à 14:26
Le tocsin fou vient de retentir ... Fait mal au crâne, celui-là; si on pouvait le faire taire une bonne fois pour toutes ... Du racisme en Corse ... bande de jeunes "musulmans", sic, mitraillés sans raison sinon celle du racisme (qu'en sait-il, ce tocsin? Mais c'est vrai qu'il sait tout, j'oubliais ...) depuis une voiture ... Si on lit sur le Net les innombrables réactions anonymes, d'un forum l'autre, suite à ce clairon du malheur et son désir d'instrumentalisation soit politique soit publicitaire soit les deux, on est effrayé de leur virulence et des haines créées. Le tocsin incendiaire, un vrai pompier pyromane ... C'est dit qu'il a juré qu'il mettrait à feu et à sang la France pour la soigner de ce fléau. La France, tiens tiens ... Jean-Dominique, ci-dessus, dit que notre président ne l'aime pas. Je ne sais s'il l'aime ou pas; cependant, ce dont je suis sûr, c'est qu'il ne la connait pas. J'exagèrerai à peine en écrivant qu'hors Neuilly et le périphérique, c'est l'étranger pour lui et d'autres peuplades exotiques les unes les autres... S'il pèche, c'est là. Est-il honnête? Je l'ignore, mais menteur, oui, certainement, les preuves sont là qui l'accablent, ou s'il ne l'est pas, c'est un ignare inconséquent alors. Un exemple: il découvre, élu, que "les caisses sont vides" (pas pour tout le monde, soit dit en passant). Ainsi, juste auparavant, sans transition, de l'Intérieur aux Finances où il fut prince durant des ans, il l'ignorait? C'est singulier ... Mais les Français l'ont choisi, c'est ainsi. Croira-t-on que les Français abhorrent leurs politiques quand ceux-ci sont honnêtes, trop honnêtes? La France a raté Barre, dit un certain ... Elle a raté aussi Jospin, j'ajoute. Mes moyens financiers ne me permettent pas d'être abonné à de nombreux journaux et revues. Je n'achète que mon bon journal local "L'Union de Reims", ex "grand quotidien régional issu de la Résistance", et, mais oui, Le Point. Quant au reste, je flirte régulièrement avec internet de ci de là ... Ne vous justifiez pas, cher PB, de nous faire part de vos lectures, fut-ce à travers la simple photo d'un couple heu-reux. Il y aura toujours matière à gloser. A ce propos, je vous interpelle solennellement en ces termes: Puis-je, comme l'excellent Jean-Dominique, avoir moi aussi, de votre autorité mais sans condescendance de grâce, mon petit compliment du jour pour l'excellence de mes commentaires? C'est thérapeutique pour passer un bon dimanche, ça me fait du bien, bien qu'il nous tombe un sale crachin chez nous depuis ce matin ... Et froid par-dessus le marché; c'est sous la couette que je vais aller tantôt ... L'Arc de Triomphe, cet après-midi ... Qui va gagner? Sarkava ou Vision d'Etat? A moins qu'un plus modeste à 100/1 rafle la mise aux derniers mètres ... Hum hum ... J'ai tenté Vision d'Etat devant Sarkava; le nom me plaît bien ... Mais c'est comme la politique, les courses; on ne sait jamais ce qu'il en sera, photo ou pas?
Bonne sieste. La course est à 16h40 sur Canal et en clair.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 05 octobre 2008 à 12:51
@Philippe Bilger
Précisions:
Je vois que j'ai écrit 'exclusivement centrifuge', vous avez dû bien vous moquer de moi intérieurement.
En fait je voulais dire 'exclusivement centrifuge/centripète' autrement dit qui tourne autour de telle façon qu'il ne peut que s'en éloigner ou que tendre vers le centre, au contraire de la révolution dont l'un des pics la rapproche et l'autre l'éloigne dans le même mouvement.
Rédigé par : Catherine JACOB | 05 octobre 2008 à 12:49
@Philippe Bilger
"Je profite de ce commentaire pour souligner que pour moi la richesse de ce blog est directement reliée non seulement à la qualité des répliques - chacun l'apprécie à son gré- mais de leur capacité à toucher, à critiquer, à approuver le cœur de mon billet."
J'espère qu'il ne s'agit pas là d'un modèle exclusivement centrifuge, mais que vous reconnaissez également quelques vertus isolées au modèle elliptique à deux foyers, donc à apogée sans doute mais aussi à périgée, à digression de faible mais parfois aussi d'importante excentricité... pour certaines planètes!
"Chaque billet en son temps! Je ne vis pas ce que j'écris comme un prétexte à la divagation de quelques-uns mais comme un chance d'enrichir ma réflexion de fond ou d'humeur."
Que faites-vous de cette rêverie qui embarquée sur un mot nous fait faire de si délicieux voyages..., et tellement moins chers que Paris - New-York!
"Une intervention destinée à certains de mes excellents commentateurs qui, devant un billet né de la lecture d'un journal,de la vision de la couverture d'un hebdomadaire,me répliquent qu'ils ne s'abandonnent jamais à telle ou telle lecture !"
On peut donc sans vous décevoir compléter ce passage:
"sans doute un début de réponse pourrait-il venir de la légende au-dessus du couple qui nous annonce : Nicolas et Carla Sarkozy -Escapade à New York - les photos privées d'un week-end amoureux avant l'ouragan financier.",
par ces autres citations qui parlent d'elles-mêmes :
1- "Nicolas et Carla Sarkozy seuls au monde à Manhattan",
seuls au monde mais pas hors de portée des objectifs.
2- "D’un côté, un homme amoureux arrachant à son agenda de précieuses minutes avec sa femme."
3- "Hôtel Carlyle, suite 3101, 31e étage. Le room service frappe à la porte. Les pizzas du président sont servies."
= pas de champagne qui fait perdre la tête, pas de petite mise en bouche à l'aide de quelques mini toasts au foie-gras, objet de l'ire de certaines associations de défense des oies de tout plumage, ni même de quiche lorraine, mais une bonne vieille et démocratique pizza au feu de bois, sa concurrente sur le marché américain!
4-"Et Carla a tant de projets ! Pendant deux jours, c’est elle qui sera aux commandes. New York, c’est un peu sa ville, [...] Le New York de Woody Allen et de Jackie Kennedy, très loin de Wall Street."
Il y a toutefois The Wall Street Journal que Carlita peut traduire au président pour l'aider à digérer sa pizza américaine.
5- "Fini le temps où le candidat Sarkozy ironisait sur la culture et les amours de la princesse de Clèves."
Celle du roman d'analyse de Marie-Madeleine de La Fayette en 1678 je présume, à savoir 'Mademoiselle de Chartres, une jeune orpheline de seize ans de petite noblesse élevée par sa mère selon de rigoureuses règles de morale' qui, ayant accepté un mariage de raison avec le prince de Clèves, rencontre tout à coup ce Duc de Nemours dont le modèle est Philippe de Savoie-Nemours, et non pas la mère de la protégée de Lagardère alias Jean Marais, cette Henriette de Nevers, dont le personnage historique correspondant était fille d'Anne de Bourbon-Montpensier et de François II de Clèves, duc de Nevers, et laquelle encore, et non comme au cinéma sa mère, a épousé Louis de Gonzague, prince de Mantoue.
6- "Pour les souvenirs, on s’est arrêté à la boutique de l’hôtel. Carlita a acheté une peluche pour son fils."
De neuf ans??!
"La dure semaine du président pouvait commencer."
C'est certain que pour interpeller, maîtriser et juguler la tendance récessive il faut avoir pris des forces! On verra donc ce que vaut à cet effet la recette new-yorkaise de la pizza.
"une analyse si finement comprise par Jean-Dominique Reffait."
En effet, vu que ce dernier nous fait comprendre que la France n'est pas simple un marche-pied mais, et selon l'expression consacrée, "mérite le détour", même pour les pizzas!
Accessoirement on notera également cet autre article de l'hebdomadaire : "Bernard-Henri Lévy-Michel Houellebecq, l’interview", laquelle commence très fort:
"«A nous deux, nous symbolisons parfaitement l'effroyable avachissement de la culture française.» Dès sa première lettre, Michel Houellebecq pose, avec un peu d'amertume et beaucoup d'ironie, la portée de l'entreprise."
Optons donc pour la culture-chausson, moins avachie que la culture pantouflarde.
Rédigé par : Catherine JACOB | 05 octobre 2008 à 11:31
Paris Match est la plate forme de mise en images de l'état d'esprit marketing du Chef de l'Etat. Tout est savamment entretenu: le timing, les poses, les tenues vestimentaires, en particulier la hauteur du président pour ne pas apparaître plus nain qu'il n'est. Et les commentaires savoureux qui mettent en exergue la gravité du rôle du Chef de l'Etat adouci par la présence de sa troisième épouse multi-cartes.
Même Christine Lagarde s'y colle, elle a cédé à la mise en scène théâtrale de sa vie privée dans Gala en posant avec son compagnon homme d'affaires discret, amoureux et présent dans les moments pénibles de la vie de ministre des Finances.
Et s'agissant de Rachida Dati, c'est comme Laurel et Hardy, Tom et Jerry, Omar et Fred, elle ne se détache pas de Nicolas Sarkozy, elle existe à travers lui, elle est lui, jusqu'aux rumeurs de la paternité présidentielle. Elle est bling-bling comme Sarkozy, faisant de la victimisation son allié, créant de l'insécurité à chaque étape de sa vie. sa grossesse est complexe, comme les divorces de Sarkozy, elle se répand auprès des médias pour dénoncer la violation de sa vie privée, elle pose éclatante dans les magazines pour décrire la misère de sa fonction ministérielle.
Un billet sur le président entraîne une réflexion sur son double Rachida Dati qui fréquente le même salon particulier de la Maison Dior que Carla Bruni-Sarkozy. C'est ainsi.
Rédigé par : SR | 05 octobre 2008 à 10:32
@SR
"Mais chut sa main posée sur son ventre arrondi l'a rendu intouchable"
C'est vrai. Qu'elle est touchante (et non 'touchable') en effet, cette main posée à la Céline Dion, l'épouse au Rainé, sur un ventre rond ; tout comme celle de la madame du couple gagnant de la maison style Las Vegas de la pub pour cuisines, au moment de dire: "Ah non ! La cuisine c'est nous. Et SCHMIDT." Et dont personnellement j'adore l'air faussement naïf du présentateur !!
Rédigé par : Catherine JACOB | 05 octobre 2008 à 09:59
Une intervention destinée à certains de mes excellents commentateurs qui, devant un billet né de la lecture d'un journal, de la vision de la couverture d'un hebdomadaire, me répliquent qu'ils ne s'abandonnent jamais à telle ou telle lecture !
Je souhaiterais que parfois ils veuillent bien faire une exception. Ce blog, qu'ils savent enrichir, traite de justice - il n'y a pas toujours des sujets à aborder, notamment parce que je m'efforce d'éviter les affaires en cours -, de la liberté d'expression et des faits de société. Il est évident que les médias, presse écrite, radio et télévision, constituent une mine inépuisable qu'on ne doit pas traiter par le mépris ni bien sûr surestimer. J'ajoute que pour Paris Match un refus absolu de le lire, même pour saisir le fond d'un billet, ne me semble pas pertinent. Sans faire de la promotion pour cette publication, il est évident que pour moi elle constitue une source utile et que l'analyse de sa couverture autorise une analyse si finement comprise par Jean-Dominique Reffait. J'ajoute que s'il y a dans Match une part non négligeable de peopolisation, l'essentiel est consacré à des enquêtes et à des reportages de haute tenue et très informés. De plus - c'est un point de vue personnel - le critique littéraire qui y écrit est à la fois le plus libre et le plus talentueux de la presse française. Autant d'éléments positifs qui mériteraient que mes amis commentateurs dérogent parfois à leur règle d'abstention. Je profite de ce commentaire pour souligner que pour moi la richesse de ce blog est directement reliée non seulement à la qualité des répliques - chacun l'apprécie à son gré - mais de leur capacité à toucher, à critiquer, à approuver le coeur de mon billet. Qu'on soit d'accord ou non avec le choix du sujet, c'est tout de même le débat central que j'ai désiré, dont j'ai la faiblesse de penser qu'il doit servir de référence - et non pas des détails purement périphériques ou étrangers au texte. Ainsi, c'est un commentaire récent, il est étonnant d'avoir mal lu mon billet ni compris l'analyse de la couverture de PM en développant une dénonciation de la peopolisation de Rachida Dati. Chaque billet en son temps ! Je ne vis pas ce que j'écris comme un prétexte à la divagation de quelques-uns mais comme une chance d'enrichir ma réflexion de fond ou d'humeur.
Rédigé par : Philippe Bilger | 05 octobre 2008 à 09:38
"Je ne fais pas référence non plus au coup de téléphone que l'épouse du président aurait passé à Libération pour rectifier une information au demeurant guère capitale : elle n'aurait pas fait de shopping à New York."
Et, pourtant elle aurait pu, vu que les budgets voyage officiels de certaines mairies d'une couleur un peu différente, à l'époque, de celle de l'UMP incluaient une sorte 'd'indemnité shopping' pour l'épouse de Monsieur le maire (20 000.-FRF)!!
Rédigé par : Catherine JACOB | 05 octobre 2008 à 09:32
Sarkozy est à l'image d'une société de l'illusion, du "divertissement" aurait dit Pascal, qui veut oublier que l'histoire est tragique, que la condition humaine est tragique... ce que l'actualité médiatique de ces jours-ci a tendance à rappeler, et que la réalité non-médiatisée de chaque jour rappelle à ceux qui sont à son contact (comme les magistrats?)
Rédigé par : guzet | 05 octobre 2008 à 09:10
Plus ces deux-là jouent dans l'impudeur et la frivolité, plus je me demande si ce mariage n'est pas exclusivement un exercice de communication à la... monégasque.
Rédigé par : Bulle | 05 octobre 2008 à 07:48
Bonsoir cher Philippe,
Tous mes remerciements pour votre réponse personnalisée. Si je dis que j'ai été touchée
par cette réponse, il ne s'agit pas d'une formule de politesse mais bien d'une réalité ou d'une expression personnelle de ma sensibilité.
Pour répondre à votre question sur ce que j'entends par grands débats, il se peut que je ne possède ni les clés de la réponse ni le vocabulaire conceptuel pour énoncer ces questions. Il n'en reste pas moins une multitude de questions posées.
.de la clarté du droit
.de l'évolution du droit par rapport aux nouvelles technologies médiatiques, médicales, des explorations de la fusion nucléaire, de l'utilisation de nouvelles armes par des populations non formées.
Il y a une infinité de situations nouvelles sur lesquelles le droit doit donner des éléments de communication.
Très bonne soirée à vous.
Françoise
Rédigé par : semtob | 05 octobre 2008 à 02:06
Pffft, il est presque enfantin cet article. Depuis le temps que les images servent le président, il faudrait relativiser. Penchez vous donc sur les photos de Rachida Dati qui trouvent le temps d'assister à la fashion week, de s'épancher sur son bonheur futur de maman célibataire, de courir en escarpins Dior 11 cm dans les prisons et de poser devant les objectifs en pantalon de cuir moulant et tee-shirt noir à la sortie du Conseil des ministres comme si la légèreté était son leitmotiv à la Justice. Mais chut sa main posée sur son ventre arrondi l'a rendu intouchable, hier c'était ses origines sociales.
Rédigé par : SR | 04 octobre 2008 à 23:43
J'ai fait le choix: je ne regarde pas Paris Match.
Rédigé par : mike | 04 octobre 2008 à 23:17
C'est très juste et très fin.
Avez-vous en outre remarqué que ces expositions du bonheur présidentielle sont systématiquement mises en scène, soit à l'extérieur de la France, soit, cet été et pour la première fois en France, dans une villa somptueuse fort éloignée d'une image française.
Jamais nous n'avons l'un des couples Sarkozy dans un chemin creux de campagne, à la terrasse d'une gentille auberge de province, voire, si le luxe lui est absolument indispensable, dans le parc d'un joli château du Péigord. Non, le bonheur présidentiel est hors de France : ce sont les Eatats-Unis, véritable patrie de coeur de N. Sarkozy, où on le voit alors canoter avec Cécilia, comme il aurait pu le faire dans un paysage français. C'est DisneyLand, enclave imaginaire, Marrakech, le yacht à Malte, etc. Rien en France sauf, cet été, cette concession au territoire national faite par la grâce d'une famille italienne qui elle, aime notre pays. Le bonheur sarkozien n'est pas en France, n'est pas français car il n'aime pas la France, cette escale poussiéreuse où son père s'est arrêté alors que le petit Nicolas aurait tant rêvé naître américain, pour essayer ses ambition à l'échelle de la grande puissance. Alors il ne se promène pas en France, il n'en connait aucune des beautés, il n'y goûte aucun plaisir, la France n'est que son lieu de travail, par nécessité.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 octobre 2008 à 22:56
Je suis comme beaucoup de gens, je ne lis jamais Paris Match ....
Rédigé par : Florence | 04 octobre 2008 à 22:46
Il avait dit : "vous avez aimé Jackie Kennedy ? Vous aimerez Cécilia !"
Il semble qu'il penche maintenant vers Diana.
Ne peut-on simplement être soi !
Pourquoi cherche-t-on à effacer Paul Newman par cette juxtaposition ?
Ne va-t-on pas nous dire vous avez aimé Paul Newman, vous aimerez... QUI ??
Quel mépris.
Je me demande si cela valait le coup d'y consacrer un billet.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 04 octobre 2008 à 22:04
En pleine crise financière, je cherche vainement la raison d'être de cet article. Ne préfèrerions-nous pas l'image d'un Président aux commandes de son Palais qu'un Président en goguette à NEW-YORK? Que dirait-on si Christine LAGARDE, photographiée fort opportunément en pleine nuit dans son bureau et entourée de son état-major, s'offrait au regard complaisant d'un photographe se baladant à bicyclette dans le Bois de Boulogne? A mon sens, l'heure n'est nullement aux amourettes présidentielles dont, très sincèrement, beaucoup se moquent éperdument.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 04 octobre 2008 à 20:55