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04 novembre 2008

Commentaires

Aïssa Lacheb-Boukachache

Dans "LE ROMAN DU SOUTERRAIN"/ Editions Diable-Vauvert/2007 (publicité), j'avais écrit que si une loi ne l'interdisait pas (ne l'interdisait pas seulement et non l'autorisait), eh bien on verrait immédiatement "dans les rayons des supermarchés, de jolis bambins à vendre, certains en solde même ...". Qu'apprends-je en m'en revenant du Parc des Expositions, juste 500 mètres de chez moi, où je suis allé voir les minorités ethniques française très très peu visibles hélas d'où -mon coeur battait à cette sourde espérance, il glougloutait lourd- sortirait enfin un -notre- Obama, Yes we can nous tous une vision et un projet neufs pour notre pays ..., et où je n'ai vu que les mêmes tronches usées et surannées que l'on connaît depuis des années, des siècles politiques, les mêmes longs discours repassés, dépassés, sur les estrades qui s'étripent allègrement pour quelques fauteuils de direction et une place à la télé chez Drucker évidemment ... un spectacle profondément écoeurant ..., qu'apprends-je donc? Que dans l'Etat du Nebraska, une loi a été votée qui permet l'abandon d'enfants aux portes des hôpitaux et des dispensaires, même anonymement. Mais comme le législateur nébraskaien n'a pas fixé l'âge limite de l'enfant abandonnable -jetable, disons le mot-, le Nebraska croule aujourd'hui sous les abandons d'enfants de 1 jours à 17 ans et 11 mois et 29 jours ... On vient de tous les USA pour les jeter là, puisque c'est légal. Rien que durant les dernières 24 heures, 48 enfants de tous les Etats ont été échus dans cet Etat (le plus âgé, 17 ans; le plus jeune, un nourrisson). Un adolescent pleurait auprès d'une infirmière de l'hospice où il a été jeté à peine la portière de la voiture à ses parents ouvertes et sans même que celle-ci s'arrête: "Si je suis sage, je rentre à la maison, si je suis sage, je rentre à la maison ...", il répétait ça comme une litanie, témoignait l'infirmière. Le gouverneur du Nebraska n'en pouvant plus de ramasser les gosses des autres, a demandé instamment à ce que sa législation soit complétée et qu'un âge "raisonnable" soit fixé à l'enfant abandonnable ... Heureusement que le Nebraska n'a pas voté (par à ce que je sache, en tous les cas) une loi telle que je la dis dans LE ROMAN DU SOUTERRAIN ... Small-Wart open 24/24, baby's for sale ... I want you!... Soldes, facilités de paiement, baby's subprimes ...


PS/ La Ségo se fait massacrer par ses camarades de Parti, ses ami(es); limite ils ne l'insultent pas carrément, la traitent de putain ... C'est à vomir, sérieux, ce congrès ... On croirait des bêtes se disputant un point d'eau ... De tous, c'est la plus digne, je l'ai vu; j'espère qu'elle leur fera la nique profond à ces bouffons pseudos socialistes. ...


Aïssa.

Aïssa Lacheb-Boukachache

Quel cirque français ! Un préfet blanc, c'est à peine trois lignes dans le journal local et encore, faut vraiment pas qu'il y ait un fait divers criminel ce jour-là dans le coin... Un noir, c'est tout le tintouin, le 8 heures, le 13 heures, le 20 heures et la presse et patati et tralala, tellement c'est EX-TRA-OR-DI-NAIRE, E-POUS-TOU-FLANT, A-VANT-GAR-DISTE... Deux siècles après la déclaration des Droits de l'Homme, etc. Une honte pour notre pays... Quels ploucs nous sommes... Un préfet, un tout petit préfet de rien du tout... Pourquoi pas la direction de mon bureau de poste local, tant qu'on y est ? Allo, les médias, Pujadaaaaassss ! Chazaaaaal ! Les PTT ont nommé un arabe dans mon bureau distributeur... un araaaabe IN-TE-GRE !!! A la direction, s'il vous plaît... Vite, veneeeeez !


Aïssa.

Aïssa Lacheb-Boukachache

Il faut prendre acte que Bernard-Henry Lévy, depuis des années, à de nombreuses reprises, dans son Bloc-notes du Point, a fait part de Barack Obama et, au fil de l'échéance électorale, prédisait sa victoire. Il faut rendre à César, etc. Ceci pour arriver à son "Idéologie française" qui n'est pas si stupide qu'on l'a dit. Et de là, lier les deux pour les amener chez nous, la France, où, malgré les apparences, l'élection d'un Noir à la Maison-Blanche n'est secrètement généralement pas si bien vécue que l'on a voulu le faire croire. Je crains fort -et le prédis ici même- un sourd et lent repli communautaire blanc dans notre pays ... Une peur irraisonnée que puisque cela a eu lieu là-bas, il pourrait avoir lieu ici ... Et cette idéologie profondément malsaine qui taraude en sourdine et sans violence, presque comme une douce "éducation" inconsciente, qui trouve ses racines profonde dans notre Histoire et qui n'a jamais cessé non de croître mais d'exister, est toujours à l'oeuvre chez nous qui agit souvent même à l'insu de ceux qui la portent comme on porte sans le savoir un quelconque héritage de vermine ... Et si celle-ci n'était que le fait d'intellectuels, ce ne serait rien ou si peu ... Mais quand elle a, par on ne sait quel patient et sourd travail de sape des consciences, intégré comme le coeur même de la culture populaire pour s'y nicher doucement cachée, presque invisible ... Droite, Gauche, mêlées; il ne s'agit plus ici de partisaneries politiques au sens classique du terme; sa force et sa capacité de nuisance ont été précisément de se porter au-delà des luttes quelconques de classe ou autres, pour se donner comme telle: une autre et "certaine idée de la France". Aujourd'hui, les conditions françaises sont à nouveau réunies pour que ce germe se manifeste encore et fasse éclore peu à peu certaines mauvaises réactions quotidiennes et personnelles puis moins discrètes et plus globales... Nicolas Sarkozy dont ce n'est plus un secret qu'il est d'origine hongroise et d'ascendance juive -donc non Français, pour cette idéologie des tréfonds "culturels", ce germe- est à la Présidence; Rachida Dati (une autre "étrangère") est au ministère le plus significatif et symbolique en la matière; Fadela Amara, Rama Yade ... Puis maintenant, Barack, ce Barack-Hussein ... L'Amérique ... Mais alors, demain ce sera chez nous, c'est presque chez nous, c'est déjà chez nous ... Et à ceux qui douteraient, je dirais simplement ceci: Le Pen et son programme de "salut public", au second tour de la présidentielle, c'était hier, pas loin, hier ... Et si besoin était de prouver encore que cela dépasse les clivages classiquement politiques, droite, gauche, centres, radicaux, extrêmes même, etc., il n'est que de se dire que c'est la classe ouvrière pour l'essentiel qui, hier communiste, envoya le FN presque à la présidence ... de se dire également qu'il est des rapprochement sémantiques qui sont révélateurs de ces choses, que FN hier était communiste et puis front ... populaire ... que si Blum et quelques autres autres furent arrêtés, nombreux sont-ils qui se sont ralliés aussitôt à ce germe sourd qui éclatait alors, Pétain et sa clique, comme on revient naturellement aux sources quand on se sent en danger, ou plutôt, quand on sent la patrie en danger ... J'ai la certitude que Barack Obama inspire plus une terreur populaire irraisonnée et secrète ici, chez nous, que au coeur même des pires ex Etats ségrégationistes du Sud des Etats-Unis. Il va falloir être vigilant, après cette euphorie de façade. La France n'est pas l'Amérique; elle est beaucoup plus tourmentée et travaillée, beaucoup plus contaminée à toutes les strates sociales ...


Aïssa.

Laurent Dingli

En relisant ce que j'ai écrit sur la guerre en Irak, je suis soudain frappé par tout le dérisoire de mon propos. Je disais que j'étais contre la guerre, et qu'aujour'hui, je ne savais plus. Mais comment peut-on être pour ou contre la guerre quand on ne l'a pas faite soi-même, quand on ne la pas sentie dans sa chair, que l'on est installé chez soi, devant son ordinateur? Tout cela n'est-il pas finalement bien ridicule ? Et comment choisir entre cet enfant irakien qui avait perdu bras et jambes ainsi que toute sa famille après un bombardement américain, entre lui et ces populations gazées, torturées, assassinées par Saddam ? Comment choisir entre la peste et le choléra ?
Pourtant, il faut bien choisir. Mais parfois, surtout en cette veille de commémoration, j'ai le sentiment que des milliers d'yeux, des yeux de spectres me regardent et me disent : mais de quoi parles-tu ?

On a toujours besoin d'un plus petit que soi

@Aïssa Lacheb-Boukachache
«Je sais bien qu'il faut imaginer Sisyphe heureux... Mais c'est l'imaginer ignorant de son état et ne cherchant pas à le changer.»

De fait, «la lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.
Voir Sisyphe
http://pagesperso-orange.fr/wxy/wambst/Sisyphus.gif

Ça m'a fait penser à la première machine à laver que nous avons eue devant laquelle je suis restée des heures à regarder le tambour tourner vers la gauche, puis vers la droite, puis vers la gauche, puis vers la droite, puis vers la gauche, puis vers la droite, puis vers la gauche, puis vers la droite, puis vers la gauche..... à un moment donné il larguait une eau sale et restituait un linge propre tel Nangaku polissant sa tuile pour devenir Bouddha [ http://zen-nice.org/sangha/Gyobutsu-Ji-No-8-1-2.html passage fin de page Baso et Nangaku - Mercredi 31 mars 2004 - soir : La réalisation dans l’action. ]

Le tambour et le mécanisme qui l'agit eux ne sont pas humains ils ne font que s'user dans l'action et la propreté du linge n'est que le résultat transitoire de leur mise en mouvement un temps donné. Rien de tout cela ne les rend eux-mêmes heureux. En revanche si Sisyphe peut être heureux c'est en déplaçant le but de l'action du sommet de la montagne vers l'action elle-même.

Véronique Raffeneau

Superbe billet Philippe. Très Bilger.

"S'il n'avait pas fait ce choix intime, s'il ne l'avait pas si bien explicité, s'il n'avait pas si finement perçu ce qu'il faut de boue pour tout trésor..."

Si vous le permettez, je souhaiterais exprimer quelque chose de plus personnel.

Dans l'ouest de la France, de Vendée d'où je viens, quand j'étais enfant mon monde était fait par des gens se ressemblant, et se reconnaissant par leur culture et leur traditions partagées.

Là, un boucher, là un tailleur devenu entrepreneur, plus vers l'Anjou un viticulteur avec un château - un vrai - qui est transmis de génération en génération.

Aujourd'hui ces trois familles si semblables par une identité culturelle commune, se rencontrent à la Toussaint pleines de fierté et d'amour fou avec des petits-enfants mélangés avec le Maroc, le Sénégal et le Mali.

Ce qui était impensable, rempli de peur, d'hostilité et redouté pour ces grands-parents il y a 30 ans, il y a 20 ans, est devenu une part d'eux-mêmes.

Si vous saviez comme ces enfants et leurs parents sont infiniment aimés.

En vous lisant, j'ai pensé à eux, j'ai pensé à moi.

sbriglia

Excellent, Aïssa, si férocement vrai, hélas !

Aïssa Lacheb-Boukachache

On mesure toute la distance qui sépare notre démocratie naine face à la démocratie géante américaine en écoutant en ce moment les militants du PS appelés à se prononcer par vote sur les motions. Que cela fait du bien de rire, nom de Dieu ! Je les écoutais tout à l'heure à la télé (une cellule quelconque d'un arrondissement parisien), le mot qui revenait souvent était "changement". Comme une litanie, une ritournelle, c'est selon... De quel changement parlent-ils ? C'est les mêmes têtes depuis trente ans, dans ce Parti, on les voit vieillir comme on voit vieillir nos parents sauf que ce ne sont pas nos parents... ces fonctionnaires politiciens, la carrière plus lucrative et moins fatigante qu'une autre... La Droite n'est pas en reste, c'est vrai ; néanmoins, avec Sarkozy, il y a eu un peu de têtes neuves, un peu de têtes nouvelles, un petit courant d'air pour aérer, renouveler l'air... Du changement, disent-ils... Bon Dieu, j'hallucine ! Le look, peut-être ?... Mets une cravate, Jack, et quitte la place des Vosges, c'est pas socialiste d'habiter là... Martine, plus courte la jupe, au-dessus du genou... Marie-Ségolène, cessez de parler du nez, songez à l'effet... Bertrand, moins droit, moins figé à la télé, à la tribune, on dirait un ancien soviet aux remparts du Kremlin ou alors que t'as un balai rigide dans le... C'est peut-être ça le changement qu'ils invoquent ; sinon, je ne vois pas, vraiment pas... Les Américains, eux, ne font pas dans le détail ; je comprends qu'ils nous regardent toujours de façon bizarre. Le changement, c'est le changement avec eux, pas de chichi, du blanc au noir, sans transition, d'un extrême l'autre, direct... Bush fils à Barack-Hussein... Quelle leçon on prend en pleine gueule ! Quels rigolos nous sommes avec nos Fabius préhistoriques et nos Giscard antédiluviens !... C'est Finkielkraut qui va encore bouder et qui va revoir ses leçons... Il est certainement déjà retourné à ses obscurs et vieux livres poussiéreux pour y chercher ce qui n'a pas américainement cloché, à ce moment, bushiste fier singulier bouffi de petites certitudes à deux balles... Hé hé !


Aïssa.

Surcouf

Les hommes politiques sont comme le commun des mortels avec leurs qualités et leurs défaut.
Pour Obama comme pour Sarkozy comme pour tout chef d'Etat et de gouvernement il convient de juger en fin de mandat, sur pièces, les résultats de ces hommes somme toute courageux. Car il en faut du courage plus que de l'ambition pour faire face aux hordes de donneurs de leçons, des yaka fokon, des assissétémoi, despiliers de comptoirs.
Il manque aux jugements bien souvent péremptoires un peu d'humilité.

Je souhaite bon courage monsieur Obama car effectivement les espoirs mis en lui et en son image sont énormes. Il va devoir se frotter aux réalités quotidiennes qui ne sont pas celles exposées pendant les campagnes, mais cela il le sait déjà...

Good Luck mister Obama

Aïssa Lacheb-Boukachache

@On a toujours besoin d'un plus petit que soi


Je sais bien qu'il faut imaginer Sisyphe heureux ... Mais c'est l'imaginer ignorant de son état et ne cherchant pas à le changer. L'homme absurde dans sa condition absurde par sa tâche pas forcément absurde mais ignorée, n'est pas un révolté, c'est un soumis qui s'ignore. La soumission à ce qui nous dépasse ou ce que l'on ne comprend pas n'est pas un argument valable. Au mieux, c'est un renoncement d'humilité; au pire, c'est une lâcheté de crainte. On ne peut imaginer Sisyphe heureux que parce que Sisyphe n'est précisément pas un humain. Or, dans le cas camusien qui nous confond, dans cette situation historique de la guerre, la mère et la Justice sont des concepts humains. L'Idée de la mère ne saurait être opposée à celle de la Justice car l'une est dans l'autre et inversement. Autrement, on est dans le domaine des subjectivités (celles de Camus, en l'occurrence) qu'on oppose l'une à l'autre et ce serait effectivement un tout autre débat qui n'aurait plus rien à voir avec la phrase en question telle qu'elle fut dite, au moment où elle fut dite et pourquoi elle fut dite.


Aïssa.

Jean-Dominique Reffait

@ SR
Oui, comme sbriglia, je suis surpris de ce dénigrement systématique de tout ce qui pourrait apparaître comme beau.
Obama n'est pas King, ça n'est pas la même époque, pas la même violence. Obama est un politique, il a fait une campagne à l'américaine, avec ses concessions nécessaires à l'esprit nationaliste américain, bien sûr, et alors ? Ne peut-on simplement se réjouir de ce que la démocratie américaine a donné un exemple frappant de vitalité, de capacité de sélectionner les talents en-dehors des appareils ? Ne peut-on se réjouir de constater que les noirs américains eux-mêmes sont réconciliés avec ce pays qui, après les avoir asservis, mit tant de temps à les libérer de toute sujétion, et qui, au final, solde son passé ? Ne peut-on se féliciter de voir que la Première Dame sera une descendante d'esclave, dans le pays de Jefferson ?
Personnellement, je ne vois aujourd'hui que matière à m'enthousiasmer. Cette Amérique à la traîne vient d'un coup de prendre une sacrée avance qui nous entraînera tous. La tâche des idéologues antiaméricains, des Ben Laden et autres, va se compliquer du seul fait que le nouveau maître du monde n'est pas un de ces sales blancs arrogants dont ils ont fait leur fond de commerce. Le symbole est tellement fort qu'il prendra, je n'en doute pas, une dimension pratique. Le temps des déceptions viendra, mais pas aujourd'hui.

Pierre-Antoine

@Aïssa et @sbriglia :
"Je n'ai jamais bien compris ce qu'a voulu exprimer par cette phrase, Albert Camus. "Je préfère ma mère à la justice". J'y pense souvent et n'y trouve pas d'explication. Sans doute n'y en a-t-il pas. Elle est absurde, tout simplement. "

Peut-être celui qui préfère sa mère à la justice a-t-il plus conscience de ses racines que du droit, et de l'héritage reçu à transmettre à ses fils que de l'acte notarié.
Peut-être a-t-il plus conscience de sa place dans l'humanité de laquelle il est partie prenante que de sa place dans la société dans laquelle il se situe.

Cordialement et sans philosopher.

Pierre-Antoine

Jean-Dominique Reffait

Pour ma part, je comprends très bien la phrase de Camus citée par Philippe, j'en saisis le contexte, je l'approuve en ce qu'elle nous invite à privilégier en toute occasion l'indulgence, fusse au détriment de la raison. Je l'apprécie sous la plume d'un avocat général !

Moi aussi je suis saisi par cette grand-mère raciste qui brandit ses petits-enfants noirs comme un trophée : puisqu'ils sont noirs, ils seront les meilleurs. C'est moi, la femme blanche craintive qui vais vous fabriquer le premier président noir. J'imagine son immense fierté, dans sa fin de vie, d'assister à la victoire programmée de son petit-fils. Fierté d'avoir réalisé l'impossible, d'avoir vaincu les démons de l'Amérique qui étaient ses démons intimes.

Et puis, en ces temps où l'on peut être un peu plus sentimental, je voudrais malgré tout saluer certains aspects de G. Bush : c'est lui le premier qui a donné à l'Amérique internationale les visages de noirs, jusqu'à Condy Rice, femme et noire. Sans Powell et Rice, pas d'Obama possible. Il a su installer la crédibilité de hauts responsables noirs dans des fonctions stratégiques. La déclaration de G. Bush pour saluer l'élection d'Obama est très belle et je pense qu'elle traduit son sentiment profond. Ne pas oublier non plus que G. Bush est le président américain qui a multiplié par dix l'aide américaine à l'Afrique, notamment en matière de lutte contre le Sida et d'éducation.

Laurent Dingli

Jean-Dominique Reffait
Passons sur votre modestie qui vous fait écrire "Je suis heureux aussi parce qu'Obama confirme ce que je pense depuis longtemps" - pour retenir la substance de votre propos :
"les théoriciens de la diversité sont des has been, à gauche comme à droite. La négation de la différence constitue la meilleure arme contre le racisme : Obama a réussi à convaincre les Américains qu'il n'était pas noir"
Utilisant une fois encore un événement pour justifier une utopie, vous faites le même contresens que celui que vous aviez fait à propos de l'empire romain : vous confondez en effet l'acceptation de la différence au sein d'une communauté dont les valeurs sont communes, et la négation de la différence. Il n'y a jamais rien eu de tel, ni dans l'empire romain, ni dans les Etats-Unis d'Amérique où le communautarisme est pour ainsi dire contrebalancé par un sentiment patriotique très fort.
La négation de la différence, c'est le nazisme, le communisme.
La régression c'est faire comme si Obama n'était pas noir - le progrès, c'est de savoir qu'il l'est et de l'aimer ainsi.

On a toujours besoin d'un plus petit que soi

@Aïssa et @sbriglia :
"Je n'ai jamais bien compris ce qu'a voulu exprimer par cette phrase, Albert Camus. "Je préfère ma mère à la justice". J'y pense souvent et n'y trouve pas d'explication. Sans doute n'y en a-t-il pas. Elle est absurde, tout simplement. "

Peut-être ceci sera-t-il éclairant :

"Interrogé par un Algérien à Stockholm, il dira : « Je crois à la justice, mais pas avec les bombes. Entre ma mère et la justice, je préfère ma mère »".

J'imagine que sa mère n'est pas celle de «L'étranger» que l'auteur lui-même résume par: “Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort.”

Quant à la question de l'absurde chez Camus, excellent résumé sur Wiki reproduit ci-après entre crochets. A votre disposition pour en discuter et rapporter le tout au texte de PB qui comme souvent repose sur un fond trop cultivé pour autoriser une lecture rapide.

[« L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde. -Le Mythe de Sisyphe, 1942 -». Dans cette phrase est concentrée la puissance d’un conflit, d’une confrontation qui supporte et emporte l’œuvre de Camus. Deux forces qui s’opposent : l’appel humain à connaître sa raison d’être et l’absence de réponse du milieu où il se trouve. L’homme vivant dans un monde dont il ne comprend pas le sens, dont il ignore tout, jusqu’à sa raison d’être.

L’appel humain, c’est la quête d’une cohérence, or pour Camus il n’y a pas de réponse à cette demande de sens. Tout au moins n’y a-t-il pas de réponse satisfaisante, car la seule qui pourrait satisfaire l’écrivain devrait avoir une dimension humaine : « Je ne puis comprendre qu’en termes humains. » . Ainsi les religions qui définissent nos origines, qui créent du sens, qui posent un cadre, n’offrent pas de réponse pour l’homme absurde : « Je ne sais pas si ce monde a un sens qui le dépasse. Mais je sais que je ne connais pas ce sens et qu’il m’est impossible pour le moment de le connaître. Que signifie pour moi une signification hors de ma condition? -Le Mythe de Sisyphe-». L'homme absurde n'accepte pas de perspectives divines. Il veut des réponses humaines.

L’absurde n’est pas un savoir, c’est un état acquis par la confrontation consciente de deux forces. Maintenir cet état demande une lucidité et nécessite un travail, l’absurde c’est la conscience toujours maintenue d’une « fracture entre le monde et mon esprit » écrit Camus dans Le Mythe de Sisyphe. Ainsi l’homme absurde doit s’obstiner à ne pas écouter les prophètes (c'est-à-dire avoir assez d’imagination pour ne pas croire aveuglément à leur représentation de l’enfer ou du paradis) et à ne faire intervenir que ce qui est certain, et si rien ne l’est, « ceci du moins est une certitude -Le Mythe de Sisyphe-».

L’homme absurde ne pourrait s’échapper de son état qu’en niant l’une des forces contradictoires qui le fait naître : trouver un sens à ce qui est ou faire taire l’appel humain. Or aucune de ces solutions n’est réalisable.

Une manière de donner du sens serait d’accepter les religions et les dieux. Or ces derniers n’ont pas d’emprise sur l’homme absurde. L’homme absurde se sent innocent, il ne veut faire que ce qu’il comprend et « pour un esprit absurde, la raison est vaine et il n’y a rien au-delà de la raison -Le Mythe de Sisyphe-».

Une autre manière de trouver du sens serait d’en injecter : faire des projets, établir des buts, et par là même croire que la vie puisse se diriger. Mais à nouveau « tout cela se trouve démenti d’une façon vertigineuse par l’absurdité d’une mort possible -Le Mythe de Sisyphe- ». En effet, pour l’homme absurde il n’y a pas de futur, seul compte l’ici et le maintenant.

La première des deux forces contradictoires, à savoir le silence déraisonnable du monde ne peut donc être niée. Quant à l’autre force contradictoire permettant cette confrontation dont naît l’absurde, qui est l’appel humain, la seule manière de la faire taire serait le suicide. Mais ce dernier est exclu car à sa manière « le suicide résout l’absurde ». Or l’absurde ne doit pas se résoudre. L’absurde est générateur d’une énergie. Et ce refus du suicide, c’est l’exaltation de la vie, la passion de l’homme absurde. Ce dernier n’abdique pas, il se révolte.]

sbriglia

"Votre billet est très beau, littéraire, vous pouvez me croire ..."

...vous voilà enfin rassuré, cher PB, l'onction d'Aïssa devrait ôter les doutes qui vous taraudaient sur votre écriture !

(Aïssa, je vous taquine !)


Aïssa Lacheb-Boukachache

La phrase que vous citez d'Albert Camus n'a aucun sens, cher PB, je le maintiens. Il a dit n'importe quoi, ce jour-là, certainement sous le coup d'un grand désarroi dû à ces drames qui touchaient alors à son pays l'Algérie et qui le dépassaient. Mais bref... Ce étant, citer en parallèle de l'immense philosophe et écrivain, Dominique de Villepin, n'est franchement pas du meilleur goût. Ce dernier, sa phrase est sans queue ni tête. "Ne jamais avoir honte de ceux qu'on aime", qu'est-ce que ça veut dire? Rien. A-t-on besoin de le démontrer? Un père serait-il encore fier de son fils aimé, violeur et tueur d'enfant?... N'en aurait-il pas honte?... Ce serait un singulier père. Villepin est bien gentil en poète amateur et historiographe sérieux de Bonaparte puis Napoléon, mais il est loin d'être une quelconque référence morale ou philosophique ...

Puisqu'il est un peu oublié ici dans les éloges, je voudrais que l'on remarque et salue l'attitude honnête et digne de John McCain ... Il aurait réalisé, j'en suis sûr, une grande présidence; ce que j'espère et souhaite à Barack Obama qui fait aujourd'hui le rêve fabuleux de Martin Luther King et de tant d'espérances dans un pays au million de contradictions. Mais le grave et dangereux problème McCain, c'était Sarah Palin, cette femme étrange qui traîne comme un peu de folie dans son sillage ... Dommage. Mais peut-être cela a-t-il été délibéré, voulu ... Peut-être fallait-il, fallait-il que Obama, maintenant, soit élu ... Je n'en sais rien.


Votre billet est très beau, littéraire, vous pouvez me croire ...


Aïssa.

eclipse

Ca y est, c'est fait !
Merci à George. Tes huit années d'erreurs et de mensonges ont permis qu'un presque noir, quasi socialiste, ait comme prochaine baraque une maison blanche à Washington.
Les artistes ferrailleurs des Ateliers de l'Eclipse te sont reconnaissants, ils l'ont d'ailleurs fait savoir dans la presse nationale dès la semaine dernière...

francis

Je suis heureux de la victoire d'Obama, tant j'abhorre le racisme, bravo aux Américains. Mais une hirondelle ne fait pas l'embellie attendue. Certes Obama n'est pas qu'un beau parleur, c'est un pragmatique à l'esprit ouvert, mais il est face à un défi colossal. Il lui faudra, avec son équipe, travailler dur pour rendre confiance à son pays et au monde qui doute des USA. Attention, sa victoire n'éteint pas la haine raciale, des visages pâles le détestent, les Latinos. Je me souviens, en Algérie les petits blancs qui n'avaient que leur peau blanche étaient les plus enragés à taper sur les Algériens. Puisse Obama être à l'abri du destin d'un Kennedy, lequel n'était pas l'intégrité, attendues ses relations maffieuses.

SR

Je persiste : il est malaisé de lire, d'écouter les commentaires sur la victoire d'un homme politique et de tout ramener à sa couleur de peau. Avec près d'un milliard de dollars, un candidat républicain handicapé physique, Barack Obama a brillé par le déballage de sa vie privée. En soi c'est le premier candidat pipole qui met en scène sa femme, ses filles, ses grands-mères, toujours en citant un verset de la Bible, il est très américain. Sa couleur noire est anecdoctique, mais les médias reprennent en boucle sa couleur de peau. Donc, il y a échec du souvenir de Martin Luther King dont le combat reposait sur le droit à l'indifférence en effaçant les préjugés sur la couleur de peau.

Erig le Brun de La Bouëxière

Ca y est, la fin de l'histoire... La réalité enfin totalement scénarisée... Le story-telling à son sommet ultime avec décès de la grand-mère à l'heure H, et Monsieur le procureur approuve en cinéphile averti.

Le XXI siècle sera celui des gravures de mode ou ne sera pas.

Polochon

Vive Obama bien sûr mais un point a été complètement occulté pendant la campagne, c'est le nombre de personnes en prison aux USA.
Plus de 2 millions de personnes (dont 46% de noirs qui par ailleurs représentent 12% seulement de la population totale) sont en prison. En France, toute proportion gardée, cela donnerait 400 000 prisonniers.
Obama a suscité un espoir fou mais ce simple chiffre montre que le défi est colossal et que nous vivons dans deux mondes différents.

ROUTA VILLANOVA

Eh oui, un magistrat peut être "fleur bleue", cela nous changerait ; humain, tout simplement et si la presse nous manipule dans ce sens, soyons volontaires. Nous avons si peu à y perdre !

Cactus un peu jauni au bout de l'ennui !

Si j'ai tout compris, monsieur Bilger :

à Obama, donc :
"Retiens cette nuit
Avec toi elle paraît si belle
Retiens cette nuit,
Qu'elle devienne éternelle
Pour le bonheur de nos bons choeurs
Arrête le temps et les heures
Je t'en supplie à l'infini
Retiens cette nuit."
(emprunté à J.Hallyday , un peu on ice quand même)

Bien à vous !

Marie-France Bezzina

Bravo, Obama, courage, la tâche va être rude. Mais il est né un quatre août !
Il a donné un "scoop" qui est passé presque inaperçu. Il ne pourra accomplir ses promesses en un seul mandat ! Donc, il prévoit de se représenter en 2012. Je crois que son talent d'orateur fait aussi partie de sa séduction.

Daniel Ciccia

Je retiens, après cette élection, la réaction d'un noir de La Nouvelle-Orléans qui a très simplement et très profondément déclaré qu'il "ne se sentait plus afro-Américain, mais Américain tout court".
Je pense que c'est ce petit prodige qui a touché l'ensemble des Américains, qu'ils soient noirs ou pas.

guzet

"Une fois de plus dans l'Histoire, l'Ouest de nos crépuscules brille d'une lumière d'aurore. Plus que de l'enthousiasme, mieux que de la joie, c'est un immense espoir qui vient de l'Amérique et nous submerge" (C. Barbier, L'Express"). Et dire qu'il est aujourd'hui de bon ton de brocarder ceux qui, au siècle dernier, ont tenu ce genre de propos sur Staline ou sur Hitler !

Jean-Dominique Reffait

Le temps viendra bien assez tôt des aigreurs, je suis très heureux aujourd'hui de l'élection d'Obama. L'antiaméricanisme va en prendre un sérieux coup et, comme il l'a lui-même déclaré : qui pourra dire que les USA ne sont pas une démocratie exemplaire ? Il y a un tel ressort dans ce pays !

Je suis heureux aussi parce qu'Obama confirme ce que je pense depuis longtemps : les théoriciens de la diversité sont des has been, à gauche comme à droite. La négation de la différence constitue la meilleure arme contre le racisme : Obama a réussi à convaincre les Américains qu'il n'était pas noir. Foin des discriminations positives qui n'ont jamais marché : l'intégration, c'est l'assimilation pure et simple, le rejet de la diversité revendiquée. Si l'Amérique avait eu conscience d'élire un noir, il n'aurait pas été élu.

Et c'est ce qui ressort à la fois des propos d'Obama, au sujet de sa grand-mère, comme des instituts de sondages dans les états du sud : des citoyens américains racistes, qui le sont et le demeurent, ont voté Obama. Ils vont continuer à avoir peur des noirs, à mépriser celui du coin de la rue, mais ils ont choisi un noir éloigné, un roi mage, dont on accepte la couleur parce qu'il est irréel. Mais en même temps, ce passage là est un progrès des consciences américaines, la banalisation d'une idée extraordinaire, qu'un noir devienne président des USA.

Obama n'a pas été que sincère en citant sa grand-mère, il a été habile : cette femme qui était raciste, et qui parallèlement a choyé ses petits-enfants noirs pour les amener au plus haut niveau, cette grand-mère, c'était l'électeur blanc moyen. Non je ne vous culpabilise pas, oui je vous aime, mais en échange, adoptez-moi comme ma grand-mère l'a fait.

tandian

La Maison Blanche, quel pied pour Obama mais il faudra travailler dur pour que l'Amérique puisse se relever un jour. Que dieu protège le président Obama.

sbriglia

@SR : vos commentaires sont en permanence fielleux, frappés d'aigreur et de rancissement... je vous plains, vous n'aimez pas la vie, comme une âme grise...

@Aïssa: sur cette phrase, comme vous, je me suis posé la question... je n'ai pas la réponse... mais je suis heureux qu'écrivant sur Obama, PB évoque Camus, le dernier des Justes.

@Portes : "le style est cette juste et adorable manière qu'ont les phrases de se ployer aux sinuosités d'une pensée, il est ce qui arrache une idée au ciel où elle se mourait d'ennui pour l'enduire du suc absolu de l'instant"

...je ne sais plus de qui c'est ; comme dirait "passant sachant passer" c'est un peu (beaucoup ?) pompeux ... mais "la lumière naît de l'ampoulé" dirait cactus !

bruno, "arkansas traveller"

Je trouve l'enthousiasme des Français pour Obama tout à fait déplacé si l'on considère leur peu d'appétence actuelle pour une candidature noire ou beur à l'Elysée. Dans ce monde en crise, on avait besoin d'un guerrier et on a élu un télé-évangéliste !!!

Portes

Je ne partage pas, toutes les fois, vos avis.
Mais j'apprécie toujours la fluidité de vos phrases qui arrivent si parfaitement à exprimer les subtilités de votre pensée.
Cette fois-ci, je me suis réjouie de pouvoir apprécier, en plus, le contenu généreux de votre billet.

Catherine JACOB

"Ce n'est pas que ce désir ne me tenaille pas quand j'entends ces comparaisons ridicules avec John Kennedy qu'on s'obstine en dépit de tout à nous présenter comme un exemple, une aurore, alors que son défaut d'intégrité et sa juvénilité douteuse devraient au moins aujourd'hui nous détourner de lui."

Monsieur l'avocat général vous n'êtes pas du sexe féminin donc vous ne pouvez pas comprendre!

"Obama et la mort de sa grand-mère,"

C'est vrai qu'elle est opportunément décédée pour rallier les suffrages de sympathie et les joindre aux suffrages purement politiques.

"Lorsque le Monde cite un très long passage où Obama affirme ne pas pouvoir "désavouer" sa grand-mère blanche qui l'a élevé et pour laquelle il a éprouvé une immense et inaltérable affection en dépit de "sa peur des hommes noirs" et du fait "qu'en plusieurs occasions elle a exprimé des préjugés racistes ou ethniques qui m'ont fait honte", je ne peux m'empêcher de frémir. Je retrouve, sur le plan du cœur, ce qu'il avait exprimé dans le domaine social où il s'était déclaré partisan de la peine de mort pour les meurtres et les viols d'enfants en n'hésitant pas à braver l'image idéale du démocrate et à faire preuve d'une liberté totale, même en face de ses troupes aspirant à un candidat "bloc" d'humanité et non puits de contradictions."

Sa grand-mère c'est sa grand-mère et lui c'est lui. J'imagine que cet alsacien de la huitième génération est doté d'une autre grand-mère, du moins c'est ce que nous enseignerait la génétique si nous l'interrogions. Or, de cette autre grand-mère, de ses aspirations et de ses idéaux, il n'a guère été question, du moins outre-Atlantique, comme si ce qui pouvait la concerner était sans véritable intérêt ! Je pense qu'il a dû également avoir des grand-pères, deux en principe, ainsi que des parents !
Que penseraient par ex. sa grand-mère kenyan et son guérisseur de grand-père de voir comment les gens âgés sont traités de nos jours au USA, comme ici, eux qui sont issus d'une culture du respect des ancêtres??!!

"Il y a quelque chose d'unique dans la manière dont cet homme de 48 ans a le courage et le talent d'aborder ce qui tisse le fil de nos jours, nos chagrins et nos joies - les siens", cet homme dont l'épouse est dotée d'un très grand sens du symbole!

"S'il n'avait pas fait ce choix intime, s'il ne l'avait pas si bien explicité, s'il n'avait pas si finement perçu ce qu'il faut de boue pour tout trésor, Obama serait resté dans sa nuit."
Or, même ses petits mensonges et ses grandes prodigalités sont passés comme lettres à la poste, alors que les altérations de la vérité d'Hillary et le relooking de Palin leur coûté nombre de voix utiles!!

Mais bon, wait and see, contrairement à certains de ses partisans enthousiastes, je ne pense pas que le monde ait vraiment besoin que les USA redeviennent son modèle et je ne pense pas non plus que les terroristes vont devenir tout miel et tout sucre du jour au lendemain par la seule grâce d'un mouvement de dialectique hégélien. Donnons cependant sa chance à ce beau parleur d'être l'homme d'action que le monde et ses partisans attendent et forgeons-nous notre opinion sur pièces, notamment au vu de ses capacités à réduire notablement les dix mille milliards de dettes de l'Etat dont il va prendre la tête, tout en maintenant leur taux de chômage à un niveau non explosif et à cet effet, je ne sais pas si la superbe élégance de Michelle Robinson-Obama sera véritablement d'un grand secours!

Noblesse Oblige

L'élection de Obama n'a été possible que parce que Bush l'a précédé. Si le précédent président n'avait pas été aussi catastrophique, peut-être que la volonté de changement des Américains aurait été moins grande. Bush a donc été un mal pour un bien, en la personne de Obama. Mais de quoi devons-nous nous réjouir d'abord ? Précisément que Bush s'en aille, car on sait qu'il sera difficile de faire pire. Ensuite, on verra bien ce que fera Obama. En tout cas, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est soutenu par les médias français !

Laurent Dingli

Je ne vais pas répéter ce que j'ai écrit hier sur l'élection américaine en commentaire à votre article "Un président privé de justice".
Quelques remarques cependant. Je comprends et partage vos critiques sur J-F. Kennedy, mais la comparaison avec Obama n'était pas totalement déplacée dans la mesure ou JFK s'est prononcé très tôt contre la discrimination raciale aux Etats-Unis.
Vous évoquez la première présidence Nixon. On lui doit en effet des progrès dans la détente Est-Ouest et des mesures intéressantes au plan intérieur. Pour ma part, je regrette notamment qu'il ait fait bombarder inutilement le Cambodge pour ensuite se désengager de la région sous la pression de l'opinion publique : le résultat fut l'arrivée au pouvoir des Khmers rouges et l'un des pires génocides du XXème siècle (mais pouvait-on endiguer les menées de la Chine maoïste ?). Deuxième point : le coup d'Etat au Chili : même si l'intervention directe des Etats-Unis n'a jamais été officiellement prouvée, nous savons quelle a été la politique de la CIA dans cette affaire, comme dans d'autres pays d'Amérique latine.
Un mot sur John McCain, le candidat malheureux de cette élection dont je ne partageais pas les idées et redoutais le programme. Vous rendez un hommage mérité à l'élégance d'Obama, j'y ajouterai le fair-play du sénateur de l'Arizona qui s'est vraiment comporté en gentleman dans cette affaire. Quant à Sarah Palin, elle représente exactement tout ce je n'aime pas dans les Etats-Unis.
La personnalité d'Obama vous fait songer aux mots de Dominique de Villepin et d'Albert Camus ; je pense plus volontiers aux larmes du révérend Jessie Jackson et au combat du docteur Martin Luther King. Je songe aussi, vous l'avez lu, aux "strange fruits", à ces fruits étranges, ces corps d'hommes noirs que l'on pendait aux arbres, il y a moins de cinquante ans.
Mais, pour être légitime, l'émotion ne dure qu'un temps.
Cette élection suscite à juste titre un grand espoir dans le monde entier. Tout d'abord, bien évidemment, parce que nous allons enfin tourner la page des années Bush, ensuite, et par voie de conséquence, parce que les Etats-Unis vont sans doute privilégier la concertation internationale à l'arrogance et au diktat. Les Etats-Unis ne seront bientôt que la seconde puissance mondiale et ils connaîtront des transitions difficiles, tant sur le plan économique et financier, que sur les plans identitaires et géostratégiques (notamment la place de plus en plus prépondérante que prendra la communauté hispanique pour des raisons d'immigration et de démographie, la reconversion d'une économique fondée sur le tout pétrole, etc.). Obama a toutes les capacités pour accompagner ces mutations.
Or ce qui compte autant, sinon plus que l'étiquette politique, c'est la personnalité, la capacité d'adaptation, le pragmatisme de cet homme et cette ouverture d'esprit que vous soulignez aujourd'hui en évoquant la mémoire de sa grand-mère.

mike

Elégance de notre hôte également.

mike

Quelle élégance et quel succès de l'ascenseur social américain.

Aristote

Eh bien je ne suis pas d'accord avec Monsieur de Villepin. Je peux avoir honte de quelqu'un que j'aime. Certes on peut finasser et distinguer la honte pour ce que la personne fait de la honte pour la personne. Cela reste de la finasserie...

Mais ce n'est pas une raison pour cesser de l'aimer.

Bien à vous.

sbriglia

Superbe !

Merci !

...et chapeau bas pour l'élégance de Mac Cain qui renvoie certain(e) à leur médiocrité...

SR

Monsieur Bilger est fleur bleue !!! Enfin, à votre âge vous laisser emporter par une opération marketing typique des Etats-Unis. Depuis deux ans Barack Obama raconte une histoire pour séduire un large public américain, il a bien fait le job du conteur avec pour seul titre "Yes we can". Après huit ans de conservatisme, le peuple américain a découvert une spécificité européenne: le vote sanction. Le vote contre a permis un tel score, et le dépassement des clivages raciaux est à mettre sur le compte des deux mandats de George Bush. Ce qui est positif dans la politique américaine c'est le renouvellement des élites permanent. Nous en France, on a glosé sur la jeunesse de Sarkozy et de Royal, alors que tous deux sont dans leur parti depuis trente ans et ont cumulé d'innombrables mandats et fonctions ministérielles. Sans aller dans la caricature Dati qui a débarqué de nulle part, un équilibre serait souhaitable entre compétences et jeunesse.

magistrat de TA

Du grand Bilger ce matin ! A la hauteur de l"événement en somme.

Aïssa Lacheb-Boukachache

Je n'ai jamais bien compris ce qu'a voulu exprimer par cette phrase, Albert Camus. "Je préfère ma mère à la justice". J'y pense souvent et n'y trouve pas d'explication. Sans doute n'y en a-t-il pas. Elle est absurde, tout simplement. Il a pensé certainement autre chose et ce sont ces mots qui lui sont venus, à la remise de son Nobel; il ne les a pas explicités par la suite, il n'y avait rien à expliciter, c'était bête mais c'était dit, tant pis. Dans ce contexte de la guerre d'Algérie, qu'était sa mère et qu'était la justice? Cette sienne mère qu'il mettait en avant était cette terre algérienne; la justice, la lutte des Algériens pour leur indépendance. Comment a-t-il pu, dans cet élan irréfléchi, opposer ainsi les deux? Cette terre, sa mère, était aussi la mère de ceux-là qui luttaient pour ne plus être asservis par une partie de ses fils. Je ne puis concevoir qu'il faisait si définitivement la césure entre une mère blanche, pied-noir autrement dit, et une autre qui lui aurait été étrangère, celle des Arabes, des Berbères, des Chaouis, des Juifs, des Mozhabites, des Bédouins ... Personne ne lui demandait ce choix; où a-t-il été chercher ça? dans quelle obscurité cachée de son esprit pourtant si lumineux? Qui n'y prend garde (et vous n'y prenez garde, cher PB) se laisse complètement fourvoyer. Une telle phrase prononcée par un quelconque auteur n'aurait pas eu un mois, un jour, de postérité. Mais lui, lui que l'on ne peut qu'aimer, l'homme et la littérature, tout en un, comment a-t-il pu exprimer une telle énormité? Cela lui a longtemps été reproché, et pour cause: elle induisait explicitement un rejet de l'autre ou plutôt une fin définitive de non recevoir à l'autre, cet autre -comment ne l'a-t-il pas vu?!- qui était précisément son frère, le fils égal à lui de leur mère commune! tout entier son frère en leur mère toute entière. Vous ne prenez pas le meilleur d'Albert Camus, cher PB, vous le citez mal à propos ... Même les meilleurs trébuchent parfois, il aurait dû dire "pardon, j'ai dit n'importe quoi". L'auteur de "L'été", de "Noces", est plus grand que cela, beaucoup plus grand ...


Aïssa.

chevalier

Je partage entièrement votre analyse du charisme de Barack Obama. Et je tiens le pari qu'il aura à coeur, s'il est élu, de mettre en pratique ses thèmes de campagne. Et que l'on redécouvrira bien vite une nouvelle Amérique.

Par contre, je vous trouve injuste envers John F. Kennedy, lui préférant Richard Nixon. Ce dernier a démontré des "défauts d'intégrité" tels qu'ils l'ont conduit à la démission.

Kennedy a su insuffler au peuple américain ce désir de se dépasser, de renouveau, que l'on retrouve chez Obama.

Cela engendre de la haine chez certains conservateurs, décuplée par le fait qu'il soit métis et j'espère que l'Histoire ne se reproduira pas... Les Américains ne se sont jamais vraiment remis de la mort tragique de John F. Kennedy, fauché en pleine gloire et qui avait su nous faire aimer l'Amérique.

L'une des qualités d'un Président est aussi de savoir faire rêver, surtout après qu'il a été élu.

A méditer, de ce côté-ci de l'Atlantique...

Marcellus

Il est 1:04 à Paris et j'apprends que l'Etat d'Indiana acquis habituellement aux Républicains penche en faveur d'Obama. Première surprise... qui va peut-être permettre de sauver ma nuit.
Obama, premier noir en charge de la revue de droit d'Harvard est en passe de faire céder des milliers de barrages dans nos esprits sclérosés.
Que Joe le plombier, accaparé par l'impôt exultant de sa gouttière populiste, parvienne à excuser le monde de son immense sourire.

Un passant sachant passer

Bonjour, je voulais juste vous dire...

Bien que lecteur (relativement) régulier, je ne suis pas toujours fan de votre style (qui a son charme, mais que je trouve parfois un peu inutilement ampoulé) ou de vos opinions (mais lire des opinions différentes est une des raisons pour moi de venir ici).

Mais là, je voulais vous dire que j'ai trouvé votre texte très beau (en plus d'être une observation assez pertinente sur la personnalité d'Obama, au-delà des niaiseries hagiographiques de la presse française)

Merci et au plaisir de vous lire :-)

Daniel Ciccia

Ce qui rend la très probable élection de Barack Obama sympathique en dépit de la récupération médiatique à laquelle se sont livrés les médias français, y compris en terme de théorisation de l'accès au pouvoir des minorités, c'est que Barack Obama a très tôt parfaitement su incarner l'unité du peuple américain.
L'avenir dira s'il y parviendra, si se confirme bien sûr son élection.
Mais Obama a donné à la nation américaine, sortie si divisée, clivée après la défaite de John Kerry en 2003, l'espoir d'une résurrection possible dans un monde qui a changé profondément en quelques années et dont les Américains craignent qu'il les engloutisse.

L'Amérique craint plus que jamais l'avenir puisque l'expérience historique montre que tous les empires finissent par s'écrouler. Y dérogera-t-elle? C'est la question fondamentale pour elle comme pour nous.
La récente crise financière, née à Wall Street et qui a secoué la planète, résonne comme un coup de semonce dans un contexte qui introduit le doute sur ce qui la fonde.

Qu'elle retrouve, l'Amérique, le chemin de l'unité, la force de s'agréger en dépit de toutes les difficultés, c'est le plus grand miracle qu'elle peut attendre.
Ce qui est remarquable, intéressant, c'est que ce sénateur métis, vient sceller au moment où l'immigration hispanique modifie la sociologie de villes et d'Etats, où la nation peut se délabrer à cause de la crise, l'union entre Américains.
Ils n'ont pas besoin de passer par un pacte, mais procèdent par des mécanismes de foi nationale, de ferveur patriotique, auxquels adhèrent même des immigrés récents, et qui fait que cela va permettre sans doute de régénèrer les fondamentaux de la nation au moment où celle-ci en a besoin.

Il convient d'espérer toutefois que l'Amérique ne déserte pas ses responsabilités, pour se replier sur elle-même. C'est la seule crainte que m'inspire Barack Obama, mais j'ai l'impression que ce n'est pas son genre, et que, quelque part, l'Amérique c'est aussi cette capacité qui nous est devenue à nous européens un peu étrangère d'accepter, collectivement, des prix à payer.
Personnellement, chaque GI's qui meurt augmente le respect que j'ai pour cette nation, car je ne crois pas que cette cause, à laquelle nous sommes nous-mêmes associés en Afghanistan, est vaine.

Pour le reste, c'est-à-dire les années Bush, l'histoire jugera. L'intervention, au moment et dans les conditions où elle a eu lieu était une erreur. Certes. Mais je ne suis pas convaincu qu'un autre président des Etats-Unis aurait fait mieux.
La guerre en Irak? Je sais bien: chacun veut croire qu'elle aurait pu être évitée, mais c'est oublier que Saddam Hussein faisait tout pour entraver les inspections de Hans Blix et jouait, sans doute en pensant qu'il ne risquait rien, sur un type de dissuasion qui consiste à faire croire en une capacité de destruction massive et bactériologique.
Saddam Hussein a joué la dessus et il me semble improbable, compte tenu de la nature de son régime, qu'il ait pu renoncer à cette carte.

Auquel cas, sur l'hypothèse d'un tel arsenal détenu par l'Irak, quelles auraient été les chances d'une escalade régionale en matière d'acquisition d'une capacité de riposte égale ou supérieure, nucléaire ou bactériologique.
L'Iran aurait sans doute un argument considérable pour revendiquer frontalement l'accès au nucléaire militaire.
Ceci s'apparente à de la fiction, j'en conviens. A une fiction à laquelle, qu'on le veuille ou non, nous avons échappé.

Pierre-Antoine

Obama à des qualités, c'est indéniable, des défauts, c'est obligatoire ! nobody's perfect !
Mais il a une qualité qui je pense transcende toutes les autres, il affirme sa foi en Dieu et en fait un élément de référence essentiel à sa politique ! ! !
Aïe, ouille, mais qu'est-ce que j'ai dit de mal ? pourquoi me tapez-vous dessus ?
Est-ce une incongruité que de croire en Dieu et de s'y référer ?

Cordialement

Pierre-Antoine

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