On n'a jamais autant parlé des prisons ni écrit sur tous les lieux d'enfermement.
Le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe y est allé de sa dénonciation. Les "conditions de vie dans les prisons françaises, la rétention de sûreté et la justice juvénile" ont alerté sa sollicitude.
Des audiences ont été annulées à cause de l'état lamentable du dépôt de Créteil (Le Parisien, Le Monde).
On a visité à huis clos la "souricière" au palais de justice à Paris, même si on perçoit mal le rapport de cette expédition avec le procès Ferrara, ou qu'on le perçoit trop bien : tout ce qui est hors sujet est béni qui éloigne du vrai, du seul sujet qui vaille.
Des surveillants ont manifesté devant la maison d'arrêt de Toulon-La Farlède pour protester contre une surpopulation de 780 détenus pour une capacité de 600.
Le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, dont j'avoue mal appréhender l'ordre de ses priorités - sans doute naïvement, je pensais qu'il allait s'impliquer d'emblée dans les problèmes strictement pénitentiaires alors qu'il semble s'être attaché aux locaux de rétention administrative pour étrangers en situation irrégulière et aux haltes précaires qui y mènent - a mis en cause l'indignité générale des prisons, dépôts des tribunaux, locaux de garde à vue et autres lieux d'enfermement.
Cet unanimisme pourrait me réjouir même si chez la plupart ce regard compassionnel sur la réalité carcérale et l'enfermement largement entendu n'est qu'une manière subtile et démagogique pour dénigrer le fond des politiques qui les entraînent, à mon sens légitimement. Mais, à la longue, cette phase d'observation et d'analyse tourne au grotesque. Ces personnalités ne nous apprennent rien avec leur discours sombre. On savait, on n'ignore pas.
Karl Marx soutenait qu'avant lui les philosophes n'avaient fait qu'interpréter le monde, qu'il lui revenait de le transformer. Pour les prisons, c'est pareil. On en parle trop. Comme pour justifier une absence ou un retard constant dans l'action. Le discours, c'est une tradition française, tient lieu de tout.
Je sais, et heureusement, qu'au début de l'année 2009 sera enfin débattu le projet de loi pénitentiaire mais en attendant ? Dans l'urgence, la garde des Sceaux a su sécuriser les tribunaux qui en avaient besoin. Pourquoi pas un geste fort avant que le législatif prenne la relève ? Pourquoi pas des travaux expéditifs là où le pire est à son comble ? Pourquoi pas la nomination d'un "proconsul" qui, vite, très vite, pallierait les délabrements et les saletés les plus criants ?
J'ai approuvé la nomination d'un contrôleur général. Mais aujourd'hui il nous faut plus qu'un contrôleur : un homme ou une femme d'action qui avec la "truelle" de l'Etat ne parlerait plus, ne dénoncerait plus mais accomplirait.
C'est possible. La ministre a su manifester sa capacité à réagir dans l'improvisation et sous la pression d'événements trop lourds pour que leurs effets soient négligés.
Les crises imposent de bousculer. Sinon, la prison demeurera un sujet de conversation à la mode. Entre la poire et le fromage.
Intéressant article qui souligne les progrès mais aussi les limites de la nouvelle prison de Lyon-Corbas
http://www.lyoncapitale.fr/index.php?menu=01&article=7733
Rédigé par : Laurent Dingli | 01 mai 2009 à 10:28
Lorsque j'ai vu la vidéo diffusée par Le Monde sur l'état scandaleux des installations de Fleury-Mérogis - un exemple parmi d'autres de l'état déplorable de nombreuses prisons françaises, j'ai pensé immédiatement aux mesures d'urgence que vous préconisiez dans votre article et, bien entendu, aux dénonciations de Maître Lévy. Face à une telle dégradation, les discours deviennent en effet lassants, il faut des actes, et vite ! Le gouvernement a montré qu'il savait nommer des "proconsuls" dans l'urgence, pour reprendre votre terme, et réagir à des faits divers avec, dans certains cas, une trop grande précipitation. Je sais que, pour beaucoup, cette urgence-là est moins urgente que les autres, parce qu'il s'agit de prisonniers. Mais, sans vouloir tomber dans la grandiloquence ni la posture idéologique que vous dénoncez à juste titre, je dirai qu'il en va du sens même de notre démocratie.
J'avais dénoncé il y a quelque temps l'amalgame effectué par Maître Lévy, suivant lequel nous n'avions pas de leçons à donner à la Chine vu l'état de nos prisons, je vais finir par croire qu'il avait raison, même si je persiste à penser que son beau combat n'a pas besoin de ce genre d'analogies pour se montrer percutant. Maître Lévy a raison dans le sens où nous ne pouvons pas avoir en même temps un secrétariat d'Etat aux droits de l'homme et laisser perdurer en France une situation aussi indigne et dégradante pour l'être humain.
Rédigé par : Laurent Dingli | 19 décembre 2008 à 10:13
@Ambrosi
Je ne comprends rien à ce que vous racontez... Quand vous vous décollerez de votre siège, peut-être vos yeux se décolleront-ils aussi et vous pourrez enfin lire correctement les posts. Et accessoirement les commenter tout en nuances comme vous semblez avoir de fortes dispositions pour le faire.
Une journaliste, journaleuse qui se la pète et qui en plus ne comprend rien : qu'est-ce qui est scandaleux, les 20 ans de Cécillon ou les 4 ans de Cantat "libéré sous les applaudissements des socialos de ce site" ?
Quand vos yeux se seront décollés enlevez aussi les oeillères.
Rédigé par : catherine A. | 02 décembre 2008 à 11:28
@Catherine A.
Je suis resté collé au siège : combien de temps faut-il à une personne trucidée, massacrée, pour se rendre compte qu'elle est définitivement condamnée à mort, ses sens ne peuvent même plus se rendre compte de rien : l'amour des siens, le parfum des fleurs, la vue des beautés de la nature, le goût des bonnes choses à partager entre amis.
Vous dites ne pouvoir jouir de ses cinq sens, cela s'appelle un acte de barbarie ??? pour qui ? qui est barbare ?
La personne incarcérée dans un cercueil peut-elle jouir de ses cinq sens ?
Ils font des poèmes en prison ? et ceux qui se trouvent boulevard des allongés peuvent-ils en faire eux des poèmes ?
Vous trouvez que j'exagère, faites l'expérience avec ceux qui ont perdu l'être cher...
Je suis écœuré, vous avez le droit de dire ce que vous voulez mais on a le droit d'être horrifié par vos propos, c'est de la provoc j'espère ?
Rédigé par : ambrosi | 01 décembre 2008 à 14:00
Mes indignations envers la justice, je les garde pour de vraies injustices :
Marc Cécillon tue sa femme sous l’empire de l’alcool... 20 ans sec.
Cantat tue sa compagne à coups de poings sous l’empire de drogues... 4 ans... libéré sous les applaudissements des socialos du site... et il se permet, ce triste sire, de sortir un CD "moralisateur"...
Outreau...... où mène la justice médiatisée par des journaleux qui se la pètent, comme ce Philippis qui se croit au-dessus des lois, parce que journaleux au torchon Libération.
Rédigé par : ambrosi | 01 décembre 2008 à 13:40
@ Catherine A
non chère amie, il faut plus de deux ou trois jours pour se rendre compte que ce que cela représente de cruauté mentale, de barbarie qu'être entre "quatre murs" il faut au moins trois semaines, le temps que les sens se déshabituent de l'extérieur et qu'ils prennent la pleine mesure de ce que veut dire "incarcéré".
Car le pire n'est pas la privation de liberté physique, mais de liberté morale, l'incapacité qu'a la personne "incarcérée" de vivre tout ce pourquoi ses sens lui permettent en "liberté".
Entendre le murmure des mots,
sentir les caresses, lire dans les yeux de l'autre, respirer toutes fragrances de la vie, goûter à la douceur du petit matin brumeux.
Il n'y a nulle poésie en détention. Lisez les poèmes qu'ils y font, ce sont des cris de souffrance, des pleurs d'espérance.
Ne pouvoir jouir de ses cinq sens, j'appelle cela un acte de barbarie.
Exercer un chantage "administratif" sur le peu de "liberté" que l'on pourrait avoir d'en jouir, j'appelle ça un viol psychologique.
Vous trouvez que j'exagère ? Faites-en donc l'expérience pendant trois semaines.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 29 novembre 2008 à 12:54
@Aïssa
Ce sera ma dernière intervention vous concernant car je n'ai aucune envie de rentrer dans votre jeu. Vous adorez être le centre du blog moi je n'ai pas, plus, envie de lire votre littérature incontinente, nombriliste et je persiste, manichéenne.
Certes je ne suis qu'une femme et une blonde donc à peine sais-je lire, quant à comprendre il ne faut pas trop me demander mais quand je lis :
"Cependant, vous touiller, vous arrondissez... Peut-être votre éducation, je ne sais. Nommez les choses par leur nom, ne craignez rien : le racisme, l'infect racisme traîne longtemps et beaucoup sa puanteur aux robes de nombreux juges et magistrats, rendant nauséabonds jusqu'au vertige certains Palais tout entiers. C'est su et connu ... comme les fachos d'Assas. Mais c'est un racisme tout en rondeur qui, comme le dit le poète, ne pousse ni grands gestes ni grands cris... d'où la difficulté de l'écraser comme une vermine..."
Ou que plus loin vous demandez que dans la magistrature on mette un peu de couleurs, des petits pois noirs dans la boîte pour reprendre une métaphore nulle, comme gage de plus d'humanité, plus d'ouverture, d'intelligence, je crois que vous vous égarez. La couleur ne fait pas la valeur, pas plus que le sexe, l'âge ou les biscotos. Et les vôtres que vous aimez montrer ne m'impressionnent guère, donc quand vous m'intimez de me taire je vous réponds juste que sur ce blog le seul qui puisse le faire c'est notre hôte Philippe Bilger. Et que savez-vous de l''éducation de ceux qui viennent sur ce blog, de leur vie, de leur expérience, de leurs engagements. Arrêtez de coller des étiquettes et de croire que votre expérience de la prison vous a donné une connaissance incomparable de l'Humanité et une clairvoyance universelle.
Je suis ridicule dites-vous, tant pis. Vous êtes d'ailleurs bien placé pour savoir que le ridicule ne tue pas.
Rédigé par : catherine A. | 29 novembre 2008 à 12:02
@catherine A.
«Or un détenu est condamné à être privé de liberté pas à vivre l'enfer.»
C'est bien vrai, et c'est encore plus vrai quand les victimes de toutes «ces mesquineries, vexations, moqueries et autres» brimades publiques et immixtions en tout genre que vous évoquez, sont des gens comme vous et moi, apparemment libres et menant une vie apparemment normale, mais néanmoins dans les fers, arbitrairement tenus, de petits maîtres auxquels une hiérarchie fatiguée laisse la bride sur le cou dans toutes les administrations, victimes auxquelles on pourrit la vie au quotidien de la façon la plus illicite, qui plus est sans que cela soit susceptible de faire avancer aucunement quelque schmilblick que ce soit en dehors des intérêts obscurs de quelques sangsues sans cervelle.
Rédigé par : Catherine JACOB | 28 novembre 2008 à 20:22
Je pense que payer normalement le détenu devrait être la règle.
Comme le dit si bien un des intervenants, si la prison est une punition elle ne devrait pas être une descente aux enfers, ce qu'elle est en fait.
Le système carcéral actuel est d'une totale obsolescence. Vite inventez-nous quelque chose de concret et de possible messieurs les décideurs.
Rédigé par : Surcouf | 28 novembre 2008 à 18:45
@Catherine A.
Citez-moi mot à mot, je vous prie, lorsque vous m'interpellez de cette façon, à fin que je sache où j'ai écrit ce que vous m'affirmez avoir écrit. Où ai-je écrit qu'il y a les riches (mauvais) d'un côté et les pauvres (bons) de l'autre, OU? Où ai-je écrit qu'il y a les méchants (blancs) d'un côté et les gentils (basanés et autres) de l'autre, OU? Soyez précise dans vos accusations graves, au lieu de vous rendre aussi ridicule. Citez-moi, phrase à phrase, mot à mot, pour justifier PRECISEMENT vos injonctions, ou alors taisez-vous, faites-nous au moins l'économie de ça! Si vous ne savez lire, je suis désolé pour vous mais n'y puis rien!
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 28 novembre 2008 à 18:09
Enfin, s'agissant de la contribution que pourraient fournir des détenus au maintien ou à la rénovation de bâtiments, cela pourrait participer à la mise en oeuvre de grâces au mérite (dont seraient exclus les détenus auteur des crimes les plus graves) puisque je viens de lire que le principe est dans l'air et est d'ores et déjà l'objet d'une protestation des syndicats pénitentiaires.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 28 novembre 2008 à 17:30
Dernier sujet de conversation entre la poire et le fromage ? Chez qui ? Chez les gens qui ont les moyens alors, car le kilo de poires est inaccessible pour le plus grand nombre, et le fromage ne s'achète plus depuis un moment. La question du maintien du plat principal est le sujet de conservation dans les cuisines françaises.
Rédigé par : SR | 28 novembre 2008 à 16:28
@JDR
Votre argumentation sur la concurrence déloyale est pertinente, même si elle doit être appréciée en terme de parts de marché... Et dans ce cas, les CAT, dans le domaine de l'imprimerie, du façonnage, mais aussi dans l'entretien des parcs et jardins concurrencent des entreprises.
On peut aussi considérer que les handicapés comme les détenus ont un droit également à travailler et à se former.
Pour les détenus, la question à se poser est de savoir s'ils sont contraints ?
Le SMIG et les conventions collectives inter-professionnelles doivent-elles s'appliquer à l'intérieur du monde carcéral, cela peut se discuter moralement et juridiquement, mais s'il s'agit de favoriser le travail pénitentiaire, cela ne peut se concevoir qu'en le rendant compétitif.
Je crois qu'on estime la perte de savoir-faire professionnel à 10% par an en cas d'inactivité. En tout cas, à l'exception de la faculté de pratiquer la bicyclette et le ski paraît-il, on perd assez vite ses aptitudes professionnelles.
Sans doute, peut-on penser qu'en permettant à des détenus de maintenir leur acquis professionnel ou d'en apprendre une (même dans le registre du manoeuvre) n'est pas leur voler quelque chose.
Votre remarque sur un certain nombre de bâtiments qui vont être rendus par l'Armée est intéressante. Voilà des capacités d'accueil qui sont rendues disponibles. Pour le gros oeuvre, des entreprises spécialisées et à hauteur de tels chantiers sont nécessaires, mais des détenus ne pourraient-ils pas dans le cadre d'une maîtrise d'ouvrage du ministère de la Justice former des équipes susceptibles d'intervenir sur des petits chantiers de rénovation, par exemple.
Une telle implication, à mes yeux, serait valorisante.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 28 novembre 2008 à 15:23
Le problème, mais il ne devrait pas exister, c'est que le Code du travail n'est pas applicable en prison : les relations de travail des personnes incarcérées ne faisant pas l'objet d'un contrat de travail (CPP art 720) le conseil de prud'hommes est incompétent pour en connaître... idem pour les CAT : anomalie qui perpétue, et qui transforme, là aussi, la prison en zone de non droit...
Hors sujet : on espère pour vous, cher PB, une fructueuse rencontre avec Fred Vargas au festival du film policier...
(je ne sais pas pourquoi j'utilise l'adjectif "fructueux"... j'aurais du écrire "fébrifuge")
Rédigé par : sbriglia | 28 novembre 2008 à 15:18
"Sinon, la prison demeurera un sujet de conversation à la mode. Entre la poire et le fromage." concluez-vous monsieur Bilger !
......Ne manquerait plus que Rachida Dati y organise des défilés de mode !
sinon encore :
"Karl Marx soutenait qu'avant lui les philosophes n'avaient fait qu'interpréter le monde, qu'il lui revenait de le transformer.Pour les prisons, c'est pareil"
Un Marx et ça repart, c'est du passé, non ?
sinon enfin : "Pour le citoyen lambda qui s'intéresse un peu aux prisons, effectivement "Ces personnalités ne nous apprennent rien avec leur discours sombre. On savait, on n'ignore pas." nous dit un Mussipont un peu fripon !( 25 novembre 2008 at 13:26 )
Resterait à la citoyenne Rachida Dati à nous danser la lambada si sombres héros in ! ( ceci n'engage que moi )
Sissi !
Bien à vous !!
Rédigé par : Cactus se pique de "ce" savoir | 28 novembre 2008 à 15:04
@ Laboca
C'est une pratique connue et courante en correctionnelle que de pré-rédiger les jugements pour gagner du temps. Cela désempare beaucoup de jeunes magistrats qui sont de corvée pour ces jugements pré-établis. Cela rejoint un billet précédent de Philippe sur les chaînes : une mienne amie, ancienne magistrate et depuis avocate, rédigeait ces jugements et, bien évidemment, il fallait ensuite se farcir le pensum des plaidoiries. Du coup, comme les plaidoiries sont inutiles, on continue son petit boulot sur les dossiers, sans se préoccuper de ce qui se passe à l'audience. En vérité, tout jugement qui n'est pas mis en délibéré est techniquement pré-rédigé.
Plus généralement, sur le travail en prison. J'ai eu dans le passé à faire cesser la collaboration de l'entreprise où je travaillais avec l'atelier de façonnage de la prison de Fresnes, après avoir exigé de me rendre compte des conditions de travail.
C'est de la concurrence déloyale, pour toutes les entreprises privées ou les CAT qui font la même chose. C'est de l'exploitation honteuse des plus misérables (les parrains n'ont pas besoin de bosser), n'ouvrant aucun droit à la retraite (en raison des planchers qui ne sont jamais atteints). C'est une source de profit énorme pour les concessionnaires (qui margent 15 à 20% plus que leur concurrents) et pour les clients (mon agence de pub margeait à 20% de plus sur ce type de prestation que chez un prestataire classique).
Je vois que sont désormais mis en place des centres d'appel en prison : je trouve cela purement et simplement écoeurant car cela va nous rendre tous complices tacites de cette exploitation. Je veux savoir si, au bout du fil, j'ai une personne libre ou détenue qui me répond.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 28 novembre 2008 à 11:23
Toute jeune journaliste j'ai voulu après avoir suivi un certain nombre de procès en Assises, voir ce qui attendait les condamnés. Après des mois à harceler le ministère de la Justice j'ai obtenu l'autorisation de passer une journée en prison, à la date de mon choix, sans avoir à prévenir le directeur et de pouvoir voir toutes les cellules et les détenus qui le souhaiteraient, sans gardien évidemment. En écrivant ces lignes je sens encore cette odeur de désinfectant et crasse mêlés qui m'a assaillie à peine la porte franchie au petit matin. Une expérience (pas héroïque du tout je m'empresse de le dire puisque je n'y ai passé que 12 heures) que devraient connaître, en plus long, tous ceux qui un jour font partie de la chaîne qui envoie quelqu'un derrière les barreaux. Entendons-nous bien je ne suis pas anti-prison et anti-sanction, simplement je crois qu'une société civilisée, ou qui tend à l'être, ne doit traiter personne de façon indigne, pas plus le détenu que le malade mental ou le SDF, tous ceux qui d'une façon ou d'une autre se retrouvent un jour à sa marge.
Que les élèves de l'école de la magistrature, les futurs directeurs de ces établissements, fassent un séjour de deux ou trois jours dans une prison me paraîtrait normal. Pas une visite au pas de course pour vérifier qu'il y a un nombre suffisant de douches ou que la nourriture y paraît correcte ; car le "confort" n'est, me semble-t-il, pas tout, il y a ces relations entre détenus, entre personnel et détenus qui peuvent être infernales, les refus mesquins, les vexations, les moqueries et bien sûr pire. Or un détenu est condamné à être privé de liberté pas à vivre l'enfer.
@Aïssa
Pourquoi cette vision manichéenne des hommes ? Y aurait-il d'un côté des pauvres, généreux, pas racistes et de l'autre côté des salauds de riches, des fachos, "de la vermine", blanche bien sûr. Vous pensez vraiment que vous allez faire évoluer (dans le bon sens) une société avec de telles imprécations, éructations ? Je souhaiterais que ce ne soit que ces effets littéraires que vous affectionnez ; si c'est le cas, laissez un peu tomber. Quel que soit votre talent, Céline est passé avant vous.
Rédigé par : catherine A. | 28 novembre 2008 à 11:13
" Pourquoi pas des travaux expéditifs là où le pire est à son comble ? Pourquoi pas la nomination d'un "proconsul" qui, vite, très vite, pallierait les délabrements et les saletés les plus criants ? "
Je suis d'accord avec vous.
L'état de délabrement et de saleté des prisons, très prioritairement celui des maisons d'arrêt, est connu de tous les professionnels de la justice et des politiques.
Rien ne peut empêcher un gouvernement d'engager dans l'urgence et dans le prioritaire des travaux de rénovation. Si ce n'est que la seule absence de volonté, de volontarisme et de détermination politiques.
Si on me répond moyens financiers, je répondrai que les ressources sont disponibles à toutes les pages des rapports de la Cour des comptes.
Si on me répond mesure impopulaire et redoutable électoralement parlant, je répondrai que personne n'en sait strictement rien. Vu qu'aucun gouvernement n'a jamais tenté une telle audace politique de ce type.
Et j’ajouterai à nouveau que Nicolas Sarkozy, compte tenu de son profil et de ses positions politiques, peut lui, plus que tout autre, rendre acceptable une telle action politique.
Enfin, pour ceux qui espéreraient voir les prisonniers se charger de ces travaux, je leur rappelle qu'une large majorité des détenus dans les maisons d'arrêt - priorité donnée à celles-ci - sont en détention provisoire.
Je ne vois pas au nom de quoi, des personnes présumées innocentes et non condamnées devraient se charger de ces travaux.
Philippe, il va de soi que je partage votre avis dans la mesure où ces travaux, même expéditifs, ne constitueraient que le prélude ou l'avant-propos d'un projet pénitentiaire à venir évidemment plus construit et plus élaboré.
PS:
... Euh... je pense d'un coup à la proposition de sbriglia de partager un repas avec les virtuels d'ici.
...Moi je veux bien me charger des éponges et des chiffons...
RV donc chez Philippe, Palais de Justice de Paris !
Après tout, si le pique-nique est au moment du WE ou des fêtes, nous pouvons joindre l'utile à l'agréable, en demandant à visiter le dépôt en dehors des heures d'affluence.
Philippe, pouvez-vous vous charger de prévoir les lessives ?
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 28 novembre 2008 à 07:18
Aujourd'hui on fête le centenaire de Claude Lévi-Strauss. A présent, quel Amérindien nu et peint d'Amazonie, quel Durckeim en arc et flèche du Mato Grosso, fera en retour l'ethnologie de notre civilisation actuelle, à travers ses prisons pour commencer, ses primitives prisons, ses sauvages prisons, ses tristes tropiques carcéraux? Bon anniversaire, monsieur, qui nous démythifiâtes heureusement quant à notre supériorité morale affichée. Mais sera-ce suffisant?
Allez, bonne nuit.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 28 novembre 2008 à 00:50
Daniel Ciccia, quant à ces sujets, la critique n'est pas moins aisée que le blablabla stérile de ces politiciens professionnels que le pays paie pour blablater ... Puisqu'elle blablate, je blablate moi aussi, et tous nous devrions blablater à sa suite. La différence -et elle est de taille!- c'est que moi je n'ai aucun pouvoir ni politique ni administratif ni autre de mettre mon blabla en application et changer positivement ces choses. Boutin est ministre, depuis des années, et parlementaire, depuis des années, elle a donc tout pouvoir de faire suivre ses blabla de décisions concrètes, positivement concrètes et efficientes, dans le droit fil et cohérence des droits de l'homme qu'elle invoque incessamment -et à juste raison- dans son blabla. Ne mettez pas inférieur mon blabla sans moyens ni pouvoirs de décision à son blabla plein de moyens et de pouvoirs de décision mais qui se plaît, le grand fainéant, à vouloir être et demeurer blabla à la façon du mien. Mon blabla vaut le sien; il lui est même supérieur car, a contrario du sien, il est tout entier sincère et sans conséquence. Tous les blabla ne se valent pas, mon cher ... Il y a des blabla coupables et des blabla innocents.
Quant au travail en prison, oserais-je dire que là vous blablatez sans information? Si cette surexploitation de ces hommes et femmes détenu(es), par des industriels et autres employeurs de la pire espèce, a pour vous le nom travail et tout ce qu'il induit de dignité tant vis-à-vis de soi que dans son rapport à l'autre, alors je vous plains de réduire et abaisser le travail à cette chose indigne qui en prend et le nom et les apparences, qui tient davantage d'une servitude pour ne pas dire plus. Un temps plein -quand il s'en trouve- à 100 voire au mieux 150 euros/mois, déduisant alors les sommes dues aux victimes ainsi que les frais d'entretien et d'hébergement carcéraux (car dès lors que l'on travaille, on est prélevé sur son salaire quant à ces entretiens et hébergement pénitentiaires), je veux bien qu'un détenu ait peu de besoin de consommation, mais tout de même ... Et tout ceci, légalement; le détenu volé par son employeur qui livre et vient chercher, bonne conscience, sa production en prison, persuadé en sus qu'il accomplit une bonne action, un devoir civique ... C'est cocasse, n'est-ce pas? Et pas un magistrat, naturellement, pour trouver cela anormal voire délictueux, contraire à tout le Code du travail et ses principes les plus élémentaires ...
@Laboca
Je n'ai pas apprécié lorsque vous avez écrit à l'intention de sbriglia "Votre Aïssa commence, etc. briser menu ...". Vous avez peut-être l'habitude d'avoir des propriétés humaines (l'utilisation du possessif "votre" en serait significatif) ... Une bonne fois pour toutes: Je ne suis pas une propriété! Que ces choses soient bien claires entre nous et vous comme moi n'en serons que plus à la hauteur de toute discussion.
Votre commentaire ci-dessus est appréciable et pertinent; je vous le dis comme je le pense. Cependant, vous touiller, vous arrondissez ... Peut-être votre éducation, je ne sais. Nommez les choses par leur nom, ne craignez rien: Le racisme, l'infect racisme traîne longtemps et beaucoup sa puanteur aux robes de nombreux juges et magistrats, rendant nauséabond jusqu'au vertige certains Palais tout entiers. C'est su et connu ... comme les fachos d'Assas. Mais c'est un racisme tout en rondeur qui, comme le dit le poète, ne pousse ni grands gestes ni grands cris ...; d'où la difficulté de l'écraser comme une vermine. Une des façons de l'extirper davantage pour ne pas dire entier des juridictions et des cabinets, est d'ouvrir et d'inciter davantage, encore plus, tous les corps et carrières de la magistrature à davantage de Français dont les couleurs de peau ne sont pas comme d'aucuns tous ces certains le souhaitent sans le dire ni l'écrire dans leurs ordonnances, leurs attendus, leurs verdicts ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 27 novembre 2008 à 23:02
@Aïssa : Vous avez tort de vous ficher de C. Boutin, elle est loin d'être bête, et elle n'est pas la plus pourrie ou la plus démagogique et tant que politique. Et vous avez tort de vous moquer de ses convictions religieuses aussi, qu'elle a bien du courage à afficher.
Sur ce, je vous souhaite un bon couscous.
Rédigé par : Nathalie | 27 novembre 2008 à 21:18
Je suis la première à penser qu’il faut traiter les gens correctement. Mais la prison n’a nulle part été instituée pour être un séjour agréable. Voyez la réputation de la Bastille où pourtant les prisonniers pouvaient se faire livrer des repas fins. Je sais aussi que bon nombre de personnes détenues à l’étranger seraient bien contentes de l’être dans des prisons françaises. Et que bon nombre de personnes détenues dans les prisons françaises sont bien contentes de ne pas l’être dans leur pays d’origine.
Rédigé par : Grain de poivre | 27 novembre 2008 à 20:34
@Pierre-Antoine
PS : cher PB, vous en avez la possibilité, faites-vous donc incarcérer trois mois comme anonyme... vous ferez peut-être un tout autre billet.
Que pourrait-il bien arriver en détention à un détenu qui passerait pour le sosie d'un avocat général après que comme dans le cas de Louis XVI quelque maître de poste aurait reconnu son profil de médaille dans un quelconque média?
@Jean-Dominique Reffait
«Il va y avoir de la place dans les anciennes casernes bientôt abandonnées et, avec des travaux limités à la sécurité, il sera plus facile budgétairement et plus rapide de répartir les détenus que de confier à Bouygues la construction onéreuse de bâtiments laids qui vieilliront à grande vitesse à coup de marchés publics truqués.»
Mais en voilà une idée qu'elle est bonne, au point que jaurais pu l'avoir moi-même.
Au fait quels liens entre le bâtiment et les vacances présidentielles? Aucun? donc tout baigne!
Gros comme un champignon
Frêle, délicat, petit, mignon,
Et jaune et vert comme un perroquet
Avait un bon caquet
Jean de la Lune, Jean de la Lune...
http://bmarcore.club.fr/Tine/ME-216.mid
Rédigé par : Gens de la Lune | 27 novembre 2008 à 19:20
@Aïssa
Demander aux gens qui ont fait de la prison, quel qu'en soit le motif, de jouer les experts...
pourquoi pas, mais... car il y a toujours un mais...
Pensez vous qu'on doive demander au mec bourré qui a écrasé une grand-mère de jouer les experts en sécurité routière?
Quant au jeune gl.. homme qui vient de noyer deux de ses copains en roulant sous stup et en forçant deux barrages de gendarmes, pensez-vous qu'on doive lui donner la tête d'une commission d'enquête sur le sujet?
De plus il va goûter la prison, on pourra faire d'une pierre deux coup :
La sécurité routière et la taule.
Rédigé par : Surcouf | 27 novembre 2008 à 18:30
Gaëtan B
Nous avons bien lu votre question sur le coût d'un "délinquant dehors".
Malheureusement, la réaction d'un de nos voisins de colonne ne vous éclairera pas. Il évoque le cas d'un homme qui a subi une peine de prison pour avoir commis des délits et qui n'a pas, à notre connaissance, récidivé après sa levée d'écrou.
Vous vous interrogez manifestement sur le cas des personnes en liberté qui commettent des crimes ou des délits. Et vous n'avez jamais voulu importuner les anciens délinquants qui gagnent honnêtement leur vie en respectant les lois.
Dont acte.
Cela dit, les perspectives ne sont pas gaies. Le déclin économique et social de notre pays alimente la délinquance, cependant que l'état des finances publiques défavorise la prévention de la délinquance et le traitement convenable des délinquants condamnés.
Rédigé par : Yves | 27 novembre 2008 à 18:07
Je suis à la fois pour et contre le propos de Monsieur l'Avocat général Bilger.
Il est juste de dire que, quoique connu de longue date, le problème des prisons dans notre France n'est jamais réellement traité par ceux qu'on appelle les responsables.
Je pense aussi que les magistrats pourraient contribuer à l'amélioration des choses.
En quoi faisant?
En s'interdisant d'envoyer en prison pour un oui ou un non!
Nombre de nos magistrats, malheureusement, sont dans le populisme pénal, surtout lorsqu'ils jugent des non-Français : Africains ou Arabes. Ce populisme pénal les pousse à requérir ou à décider systématiquement l'emprisonnement contre les Africains et les Arabes.
Il y a deux ou trois ans, un avocat parisien a publié un livre sur les pratiques judiciaires au TGI de Paris. Cet avocat, qui semble avoir beaucoup plaidé, y a mis au jour la pratique des jugements pré-rédigés. Il explique que certains magistrats, alors même que les personnes poursuivies n'ont pas encore été jugées, rédigent les jugements de condamnation qu'ils seront amenés à prononcer formellement contre eux.
Monsieur l'Avocat général Bilger est-il informé de la pratique que cet avocat a décrite dans son livre? Estime-t-il qu'une telle pratique nourrit et ajoute au problème des prisons par lui soulevé?
Je comprends que Monsieur l'Avocat général Bilger ne veuille pas trop critiquer l'institution à laquelle il appartient et dont des membres sont des fossoyeurs de la justice des hommes.
Mais je pense qu'une juste appréciation de la situation exige qu'on formule aussi des critiques sans concessions à l'encontre de certains de nos magistrats.
Les magistrats : juges d'instruction ou juges de la formation de jugement, doivent, avant d'interroger ou de juger, demander aux intéressés s'ils se portent bien.
Un bon magistrat doit démissionner de ses fonctions s'il lui apparaît que les personnes poursuivies sont maltraitées en raison des conditions de leur détention.
Malheureusement, là aussi, nos magistrats ne sont pas exigeants envers eux-mêmes.
Ils sont donc, eux aussi, responsables de la situation des prisons.
Leur silence à cet égard sert de caution à la politique de l'Administration.
C'est pourquoi je ne peux souscrire à toute l'analyse de Monsieur l'Avocat général, en raison de son évidente partialité. Il a sciemment escamoté la propre responsabilité des magistrats dans la réalisation du drame qu'on sait.
Je respecte les magistrats pour le travail qu'ils font, même si ce travail n'est pas d'application de la Justice.
La chose que je ne supporte pas, c'est lorsqu'ils cherchent à donner des leçons aux gens.
Ce qu'on attend d'abord des magistrats, c'est qu'ils renoncent aux préjugés et à la volonté de plaire aux hommes.
Je suis triste, Monsieur l'Avocat général Bilger, de vous dire que lorsque les magistrats pénalistes en France se prononcent sur les Africains ou les Arabes, ils sont incapables : d'une part, de se défaire des préjugés existant sur cette catégorie de personnes; d'autre part, de prendre leurs distances à l'égard de l'opinion générale, laquelle semble se plaire à voir condamner ces étrangers.
Rédigé par : LABOCA | 27 novembre 2008 à 17:14
Je reviens sur l'idée de confier des travaux d'urgence de remise à niveau de certains lieux par des détenus "volontaires".
Je viens de lire en effet un article paru ce jour sur la Dépêche du Midi et consacré au centre de détention de Muret où des détenus font fonctionner de véritables entreprises, dans le cadre d'une "régie industrielle des établissements pénitentiaires" dont je découvre l'existence.
L'article de référence est lisible sur le net:
http://www.ladepeche.fr/article/2008/11/27/499257-Muret-Je-travaille-en-prison-pour-428-par-mois.html
Je pense qu'il y aurait là, dans le cadre d'une bonne gestion - et je le dis sans ironie aucune - des ressources humaines en milieu pénitentiaire des initiatives à mettre en oeuvre et qui pourraient profiter à la fois au détenu et à la communauté.
Aïssa, laissez Christine Boutin tranquille. La critique est toujours aisée. D'autant plus sur des sujets comme celui des sdf, des conditions de détention ou de rétention.
A ce propos, je suis un peu sidéré d'entendre des personnes qui à longueur d'actualité exigent l'indépendance de la justice, suspectent le pouvoir à la moindre occasion d'y manquer, critiquer cette même justice lorsqu'elle condamne le DAL.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 27 novembre 2008 à 13:52
@sbriglia hors sujet, l'assumant
"Je ne suis pas inquiet ; Jean Claude Kross sera, nul ne peut en douter, à la hauteur de l'enjeu.
Qui plus est, notre hôte ne sera pas contraint de s'abstenir d'évoquer l'affaire, vu qu'il y reste extérieur!
"...Mais j'ai comme un goût étrange dans la bouche..."
Quelqu'une de vos anciennes fréquentations qui n'est pas bien passée peut-être? ça arrive assez souvent quand on s'en saisit en piquant la fourchette dans le dos et qu'on l'avale tout rond!
Rédigé par : Crûment dit dans une loge du 16ème objet de sous location plurielle!! | 27 novembre 2008 à 12:00
Aissa, vous dites : « "Les prisons, ces poubelles de la France" ou plutôt, exactement ceci : "Je ne soulèverai pas le couvercle des poubelles de la France" »
On parle souvent de la « politique de l’autruche » et sans vouloir offenser qui que ce soit, je pense que ne pas vouloir soulever ce couvercle en est un superbe exemple.
D’ailleurs, pourquoi parler de l’attitude de l’autruche sachant qu’il ne se trouve aucune autruche qui ait jamais mis la tête dans le sable. En revanche, on devrait plutôt remplacer cette expression par « politique de l’homme » (sur le podium de tête, d’ailleurs, se retrouve bien évidemment l’homme politique).
Car si ces poubelles sentent aussi mauvais au point de ne pas vouloir en soulever le couvercle, c’est bien parce que nos décideurs politiques se sont mis, non pas la tête dedans (ce que beaucoup tentent encore de le faire aujourd'hui) mais ailleurs et donc dans un sable (mouvant ?) qui leur permet de ne pas s’en occuper (une faute de frappe m’avait fait d’abord écrire « occupuer » !).
En allant plus loin « dedans » si je puis dire, considérons bien que c’est notre société qui produit ce qui s’y trouve dans ces poubelles et qui donc conserve la complète responsabilité.
Il serait temps qu’on donne les moyens à l’arsenal judiciaire qui lui permettra de s’occuper efficacement du recyclage écologique de ce qui s’y trouve, sinon on continuera à produire des déchets qui seront autant de toxiques pour les générations futures. Je veux dire par là, de créer un accompagnement psychothérapeutique (et pas seulement psychologique et psychiatrique dans ce qu’ils ont montré leurs nettes limites pour ne pas dire de cuisants, ruineux et endémiques échecs).
A lire ce billet de Philippe, je pensais à ce film qui vient de sortir : « Nos enfants nous accuseront » et qui parle des pollutions (pesticides notamment) (http://www.retrouversonnord.be/alimentsante.htm#accuseront ) et que je vous propose de transposer au présent sujet des prisons.
En effet, les pesticides sont précisément le moyen allopathique qu’on utilise au travers des prisons telles qu’elles se présentent. Ce faisant, on ne résout strictement rien : on se contente lâchement de refiler la « patate chaude » aux générations futures !
Le Canada fait figure de proue en matière d’accompagnement (psycho)thérapeutique des prisonniers et étonnez-vous alors qu’on y déplore moins de récidives.
Analogiquement, étonnez-vous aussi qu’en matière de haute finance (banques) ayant sans doute eu plus de sagesse prophylactique que nous, ce pays ne soit que très peu atteint par les présents bouleversements financiers …
Rédigé par : Baudouin Labrique | 27 novembre 2008 à 11:25
Ce n'est pas qu'une question d'image que de parler des prisons et de vouloir les remettre au niveau de décence requis par notre société. Car la prison a deux fonctions : punir et prévenir. Punir, par la privation de liberté, en éloignant l'individu qui a contrevenu au pacte social, pendant une période donnée. Prévenir en lui permettant de retrouver, au sein de l'établissement pénitentiaire, les valeurs nécessaires à toute vie en collectivité.
On peut enfermer pour de plus longues périodes les délinquants, mais cela n'empêchera jamais la récidive si la prison ne remet plus sur de bons rails les personnes qui y passent.
Or en les soumettant à des conditions de vie désastreuses, un sentiment d'humiliation naît, et de ce sentiment, tout peut arriver à la sortie du délinquant.
Alors non, ce n'est pas l'hôtel, ce ne le sera jamais, mais c'est un lieu ou l'on doit voir tout de même sa dignité d'homme respectée, qu'on soit voleur de poule ou violeur d'enfants.
En douter, c'est déjà entrer en dictature.
Rédigé par : Guile | 27 novembre 2008 à 10:35
Et j'ajoute: Entre la poire et le calendos, exactement comme la pieuse ministre du logement Christine Boutin le fit qui propose désormais d'arrêter les SDF et de les enfermer, à l'insu de leur plein gré, à la condition expresse, le souligna-t-elle à l'Assemblée, qu'il fit dehors -6° degrés, non moins 5,9, mais -6 ...
Pourquoi soeur Christine Boutin? Parce qu'elle en fit bien et longtemps des hi et des ho quant à l'état du cachot français ... Des visites en prison, elle en fit légion et dénonça ce scandale avec force médiatisation puis fit des propositions comme, par exemple, nommer un grand contrôleur national des prisons. Comme citoyenne, comme parlementaire, comme ministre, elle dit et fit tout cela. S'appuyant aujourd'hui et certainement sur ses propositions édifiées, éclairées, le gouvernement dont elle est à nouveau la ministre mais du logement cette fois (ce qui n'est pas incohérent ni contradictoire; la prison est aussi et avant tout un logement), a nommé Mr Delarue contrôleur plénipotentiaire des prisons nationales et autres lieux de détention et rétention, chargé de faire ... des propositions. Celui-ci, nous n'en doutons guère, n'oubliera pas d'inclure dans son volumineux rapport un long chapitre articulé et argumenté relativement aux SDF que Boutin, dans sa générosité, son empathie et sa lointaine et non moins pertinente vision politique des choses, dans leur intérêt à ces gueux qui se cachent et refusent d'obtempérer aux secours, veut mettre en rétention de sûreté car il s'agit, en effet, dans son esprit comme dans sa pensée, de leur sûreté.
Comme tout ceci est logique et se complète bien ...
Bonne nuit.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 27 novembre 2008 à 01:23
@gaetan
120% c'est une moyenne de surpopulation, certains etablissements sont a 110, d'autres a 200...
Dans la mesure ou le systeme penal actuel mene principalement a la recidive, il convient peut-etre de s'interroger sur la methode plus que sur la quantite.
Enfin, les problemes d'humidite, de cafard, de peinture ecaillee, de rats ne sont pas lies aux detenus.
Rédigé par : Humaniste | 26 novembre 2008 à 23:46
Je vais être hors sujet, au grand dam de notre hôte qui aura tout loisir cependant de me censurer : il en est par avance absous.
On vient d'apprendre que l'accusation, au procès en appel de monsieur Colonna, sera assurée par l'excellent Jean Claude Kross, magistrat remarquable passé jadis par le barreau et longtemps, l'essentiel de sa carrière en réalité, au siège...
Il a été nommé tout récemment au parquet : on ne peut que s'en féliciter, compte tenu de ses éminents mérites.
L'ayant côtoyé à l'époque où il était aux affaires matrimoniales (on ne disait pas encore "familiales"), j'avais été frappé par ses exceptionnelles qualités humaines : Jean-Claude Kross est un seigneur !
Toutefois, le rôle d'accusateur public, représentant de l'Etat dans un procès concernant l'assassinat d'un Préfet de la République, aurait mérité un homme de grande expérience à ce procès... Philippe Bilger, au soir de sa carrière, me paraissait être "the right man in the right place"...
Certains, j'en fais partie, regretteront la décision prise, politique s'il en est, qui écarte d'un procès hors norme un magistrat hors norme.
Je ne suis pas inquiet ; Jean Claude Kross sera, nul ne peut en douter, à la hauteur de l'enjeu.
...Mais j'ai comme un goût étrange dans la bouche...
Rédigé par : sbriglia hors sujet, l'assumant | 26 novembre 2008 à 20:07
@Gaétan B.
Votre questionnement est très intéressant. J'y vais répondre afin que vous ne restiez pas davantage dans l'ignorance lancinante de votre grave interrogation. En liminaire, nous poserons qu'est délinquant qui est connu défavorablement des services de police et de justice voire qui a été arrêté, jugé pour faits de délit, condamné et emprisonné, qui a donc des mentions péjoratives inscrites à son casier judiciaire ou, à tout le moins, dans les notes du fichier administratif EDVIGE désormais redevenu officieux et illégal. Vous êtes d'accord avec moi? Un exemple sans contredit: Bernard Tapie. De fait, combien coûte un délinquant dehors, en vols et dégradations? Bien, il coûte exactement 435 millions euros, intérêts compris, le tout payable cash par la collectivité, hors imposition quelconque naturellement.
Vous êtes édifié à présent et, si des questionnements autres se faisaient en vous, n'hésitez pas, revenez-y, c'est avec plaisir que nous vous informerons.
Sans transition.
Mon cher PB, vous qui êtes un gaulliste archaïque (j'entends par là un gaulliste de très très longtemps, bref un authentique admirateur), que ne lui jetez-vous pas une fois, une seule, l'anathème pour ce mot indigne d'une lumière -ET DES LUMIERES- qu'il fit et dont les conséquences atteignent encore jusqu'à nous et sont précisément ce que vous regrettez et dénoncez, ainsi que d'autres de façons parfois violentes dans l'indignation. Ce mot, vous le connaissez, bien sûr: "Les prisons, ces poubelles de la France" ou plutôt, exactement ceci: "Je ne soulèverai pas le couvercle des poubelles de la France", pour justifier un refus de grâce collective comme il s'en fit depuis, chaque année au 14 juillet, de par ses successeurs présidentiels sauf le dernier étonnement. Comme tant de choses de cet homme, c'est resté dans l'inconscient collectif, les manières judiciaires, administratives, etc. Beaucoup de nos lacunes sociétales viennent de là, n'en doutons plus. Le tout est de s'en défaire à présent, bref garder le meilleur de ce visionnaire et jeter, effectivement, dans les poubelles (les vraies, cette fois) tout ce qu'il dit et fit qui n'est pas, loin s'en faut, à l'honneur de l'humanité dont il s'est pourtant maintes fois vantée. Mais je conçois que cela ne soit pas chose aisée ... Pourtant, il ne s'agirait là que de dégaulliser un peu la France ... Vous n'êtes pas sans ignorer cet autre mot de ce beaucoup plus grand homme, Victor Hugo: "Une idée fixe (pour ce qui nous concerne, un préjugé), attendre un mois avant de l'extirper de la tête d'un homme (dans le cas qui nous intéresse, un peuple), vous en arracherez avec elle, un peu de cuir chevelu. Si vous attendez un an, vous enlèverez en même temps un peu de sa boite crânienne. Au delà d'un an, vous emportez la cervelle ...".
Pour finir, je me souviens d'un dessin du Canard Enchaîné, je crois, où l'on voyait, suite aux émeutes de Clichy/Bois il y a deux ou trois ans, trois messieurs très bien sur eux, costumes et chapeaux de mise, venus de loin, de ces lieux paisibles où sont les centres d'études et d'analyses sociales, cartables à la main, des bourgeois dignes et austères, face les caméras et les micros, l'un de ces "notables" écrasant sa main sur la figure d'une jeune "racaille" qui approchait pour dire quelque chose, le repoussant d'un mépris et le rélèguant à l'arrière discrètement, pendant que les deux autres s'exprimaient ainsi, d'une gravité et d'un sérieux, face les nombreux médias: "Nous autres, experts es banlieues, etc.etc."
Ceci pour dire que s'il est besoin d'expliciter encore une part de cette impuissance voire quelquefois incurie politique malgré les réelles et positives volontés de certains et certaines, elle est toute entière dans ce dessin. La prison a remis aussi, une fois la peine accomplie, en liberté -et plus qu'on ne veut le dire, même si ce sera toujours une minorité- des personnes hommes et femmes qui n'en sont pas devenu(es) pires, bien au contraire. Je pense à Philippe Maurice, à Charlie Bauer, à Roger Knobelpiess, à Abdel-Hafed Bénotman à qui vous avez même consacré un billet, à moi-même, oui pourquoi pas, et aussi à tant d'autres qu'on connaît moins, toutes personnes ayant à dire et à faire des prisons car nul autre qu'elles ne les connaissent mieux et n'en savent et les tares et les dangers immédiats et a posteriori. J'imagine une commission composée de ceux-la ainsi que de personnels de l'administration pénitentiaire (des surveillants de base, pas des directeurs), d'avocats, de magistrats et, surtout, oui surtout, de membres de la société civile, des "Humanistes", par exemple, des Pierre-Antoine, qui interviennent en ce blog et d'autres tout autant concernés voire plus qu'un gouvernement d'Etat et ses "experts" en col amidonné ... Mais on préfère s'adresser à ces "experts" pour ces choses, des penseurs sortis certainement des grandes écoles classiques, des messieurs en redingote et gants noirs, figés dans leurs certitudes et leur savoir théorique, comme dans l'exemple du dessin du Canard ... C'est pathétique, mais c'est ainsi.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 26 novembre 2008 à 19:52
Pensez-vous, cher Philippe, que l'intérêt
manifesté pour les prisonniers ne soit qu'une unique conversation de salon !!!
CHAQUE DETENU EST UNE PERSONNE UNIQUE.
C'est notre futur voisin de palier, employeur, baby-sitter, ou nous-mêmes.
Ce que doit être la prison, c'est un lieu
où l'on doit reprendre confiance en soi,
un lieu d'écoute et d'éducation ouvert, de formation, de prise de repères et de réflexion.
Ce ne peut pas être un lieu d'humiliation, de dégradation de manque de soins et d'hygiène.
Le non respect de personnes fragilisées n'est pas source d'insertion.
Les travaux actuels sur la délinquance sont scindés en 2:
Il existe un vide presque total entre la délinquance des mineurs et celles des personnes dites adultes.
Un regard porté sur les statistiques judiciaires montrent que les actes de délinquance et de récidive diminuent de façon très significative à l'âge de 27 ans
pour les hommes et pour les femmes.
Ces résultats sont également observés dans des études canadiennes et aux U.S.A.
De nombreuses hypothèses élaborées à ce jour sur les baisses hormonales à cet âge,
sur le désir de stabilité de la personne,
sur l'évolution des intérêts affectifs, professionnels ou artistiques,
sur les possibilités d'accès cognitif et de représentation symbolique n'ont pas fait
l'objet de recherches à ce jour...
Si je souligne cet aspect c'est pour préciser que tout individu est en constante évolution et réorganisation et qu'il est nécessaire d'en tenir compte au plus vite.
françoise et karell semtob.
Rédigé par : semtob | 26 novembre 2008 à 18:10
Il est difficile de séparer la situation des prisons françaises et peut-être, incidemment, la politique carcérale, sans tenir compte de l'état de la situation budgétaire. C'est elle qui détermine les possibles.
Deux préalables pour dire que ces sujets sont propices naturellement aux assauts de bonne conscience et donner raison à M. Bilger lorsqu'il évoque la truelle car le bion sens vaut mieux parfois que d'interminables raisonnements. L'adage, bien sûr, c'est celui selon lequel c'est au pied du mur que l'on voit toujours le maçon.
Peut-être faudrait-il en voir là, pour réaliser des chantiers permettant de sortir les lieux cités ici et là comme étant ceux de l'indignité.
Quand il n'y a pas des grandes enveloppes budgétaires, il y a les ressources humaines et il me semble que ce n'est injurier la population carcérale que de relever qu'elle recèle, au bon sens du terme, des compétences et des qualifications qui pourraient à coup sûr faire des merveilles et contrebalancer l'image négative que les détenus peuvent avoir aux yeux de nos compatriotes.
Car @Nicolas, qui établit un lien entre les conditions de détention et la démocratie, ne doit pas se tromper: beaucoup de citoyens considèrent - à tort, et peut-être parce que notre société est saturée de plaintes à tout propos - que les détenus n'ont pas à se plaindre de leur conditions de détention et une majorité, s'ils devaient situer, dans l'échelle des priorités, où se situe l'urgence d'un investissement lourd dans le milieu pénitentiaire, jugerait que l'argent doit être d'abord consacré ailleurs.
Donc, selon moi, ce n'est en rien une question de démocratie, c'est une question de dignité et parce que c'est une question de dignité elle peut être résolue d'abord dans le cadre de l'humain.
Je n'ignore en rien le procès qui accompagnerait une telle initiative, mais imaginons quels gains en terme d'apprentissage, d'implication, en terme de représentation et d'image de soi, cela serait si était constituée, dans des conditions d'encadrement, de sécurité, à définir, une équipe de chantier chargée de remettre en état la souricière, tel secteur en piteux état, à charge pour l'administration pénitentiaire ou le TGI de financer les matériaux, le déplacement, l'assurance, en économisant la masse salariale que représente de tels chantiers.
Je sais, cela semblera utopique. Les syndicats protesteraient. Quelques corps de métier également pour concurrence déloyale. Mais pour un certain nombre de détenus - pas les plus dangereux - ce serait une manière de leur procurer l'occasion de montrer ce qu'ils savent faire et de manifester une utilité sociale.
Ce sont des initiatives qui devraient pouvoir s'accomplir juste pour donner un air frais, celui des solutions pragmatiques dans un univers par trop bureaucratique.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 26 novembre 2008 à 18:05
Je republie ci-dessous, le commentaire que j'avais publié par erreur dans un autre post :
Je précise que j'ai fait une digression par rapport à la lettre du billet de Philippe Bilger qui évoquait les réformes matérielles d'urgence, et n'entamait nullement une discussion générale sur notre manière d'appréhender la réforme générale du système pénitentiaire. L'actualité des prochains mois donnera certainement aux personnes compétentes et aux observateurs éclairés, comme Véronique Raffeneau, l'occasion de s'y pencher plus en détail.
Rédigé par : Laurent Dingli | 26 novembre 2008 à 17:15
C'est vrai, grande offensive compassionnelle en ce moment au sujet des prisons. Les dames patronnesses du XVIème vont pouvoir s'indigner, entre la poire et le fromage, de cette offense faite à leurs valeurs de confort et d'humanités courtoises.
Sans compter la tarte à la crème de la surpopulation carcérale ! On nous dit 60000 prisonniers pour 50000 places, mais ce 20% d'excès moyen se transforme dans les gazettes en reportage photo larmoyant avec cinq prisonniers dans une cellule pour 2. Puisque la cause est bonne, mentons, ça se vend mieux.
Quant à la crasse, personne pour relever que ce sont les prisonniers qui la mettent, reflétant ainsi un probable relâchement de la discipline interne.
La vérité, c'est qu'il manque au moins 50000 places pour porter le nombre des incarcérations à un niveau cohérent avec l'explosion de la délinquance.
Il est vrai que ça coûte cher. Mais combien coûte un délinquant dehors, en vols et dégradations ?
Rédigé par : Gaétan B. | 26 novembre 2008 à 17:02
Il est certain que l'action doit primer sur l'ouverture d'un débat de plus. Mais pour cela un coup de "pression" de l'opinion publique serait salutaire. Et la question est donc : comment mobiliser autour d'un sujet qui n'a jamais été mobilisateur? C'est d'abord un appel qu'il faut lancer à ceux que l'opinion écoute avant de se forger la leur. C'est ensuite remettre la prison en face de l'objectif qu'on lui fixe. La prison ne peut pas se contenter d'être un "trou" tout simplement parce que la quasi-totalité des détenus qui y sont en sortiront un jour, au-delà de toute considération humaniste. La prison est faite pour réintégrer et ainsi garantir la sécurité et l'avenir de notre société. Seule la réaffirmation de cet objectif permettra de parvenir à un plébiscite pour changer les conditions d'incarcération, rendre la formation réellement possible, l'accompagnement à la sortie réellement efficace. Réaffirmons cet objectif de toutes nos forces et exigeons de l'Etat qu'il joue efficacement son rôle de gestionnaire, pour remplir ce qui doit être considéré comme une mission de service publique prioritaire au même titre que l'éducation. La définition des moyens lui incombe, il nous est redevable du résultat.
Rédigé par : Jocelyn Jarnier | 26 novembre 2008 à 16:20
@Thierry SAGARDOYTHO
"Je me méfie de cet unanimisme de façade en vertu duquel il est de bon ton de se lamenter sur l'état des lieux d'enfermement!"
Comme le dit très justement PB, cela se passe 'entre la poire et le fromage' - une sorte de 'trou normand' en somme, à l'occasion duquel on s'envoie une bonne rasade d'horribles histoires derrière la cravate!
C'est donc opportunément que l'on rappellera que le concepteur et le gestionnaire de lieux d'enfermement particulièrement horribles au XXème siècle autrement dit le nazisme, s'est vu appliqué à bon droit le qualificatif d'Ogre dont l'emploi n'est pas plus anodin que celui de Bourreau!
Et l'on ne manquera pas non plus de réfléchir qu'une fois que 'L'enclos' est vide, il y a 'dans la nature', de quoi le ré alimenter = Nous, vous et moi, très cher! et votre voisin et le sien et le mien et cetera!
Rédigé par : Catherine JACOB | 26 novembre 2008 à 11:32
Je ne connais pas suffisamment le sujet pour donner un avis constructif. Toutefois, le commentaire de Pierre-Antoine, fondé sur une longue expérience du milieu carcéral, me semble important dans la mesure où il s'affranchit des questions budgétaires (qui n'en restent pas moins essentielles) pour évoquer la dimension humaine du problème.
Bien entendu, il serait facile et injuste de s'appuyer sur un drame, comme celui du mineur de l'EPM de Meyzieu, pour s'indigner a posteriori sur la décision d'un juge ou épiloguer une énième fois sur ce monstre froid qu'est l'administration pénitentiaire (ce n'est évidemment pas un monolithe).
Et pourtant, force est de constater que, dans certains cas, un peu moins de rigidité et d'incohérence administrative, un peu plus d'humanité de la part de certains intervenants, permettraient d'éviter bien des drames, comme celui de ce jeune adolescent dont l'histoire, parce qu'elle a été médiatisée, fait mal et nous invite à agir.
Je sais bien que la tâche de ceux qui sont responsables de l'encadrement n'est pas simple. Je sais bien qu'il est facile de se draper de la robe de la vertu, lorsqu'on n'a pas soi-même de lourdes responsabilités à prendre. Restons donc dans la nuance. Mais, je le crois sincèrement, cette dimension humaine dont parle Pierre-Antoine, si elle peut difficilement s'inscrire dans un texte de loi, n'en demeure pas moins une valeur fondamentale qui devrait présider à chaque décision prise en matière judiciaire et pénitentiaire.
Rédigé par : Laurent Dingli | 26 novembre 2008 à 11:08
Dans la foulée, on n'omettra pas de mentionner que la nouvelle juridiction pénale nommée Commission nationale de déontologie de la sécurité a tranché et reconnu coupable l'établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Meyzieu (Rhône) de « graves lacunes » ayant entraîné le suicide d'un détenu suicidaire.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/suicide-d-un-mineur-graves-lacunes-de-l-etablissement-penitentiaire-25-11-2008-321894.php
PS : les astucieux observateurs remarqueront l'apparition d'un nouveau degré de juridiction permettant une condamnation, au moins médiatique, avant tout procès pénal.
Car, en vérité, la CNDS, en dépit du sens de ses déclarations éminemment pénales, n'est nullement qualifiée pour désigner coupable d'infractions pénales qui que ce soit, même si c'est ce qu'elle s'amuse à faire très régulièrement. Et tout le monde s'en fout, car les droits de la défense, le droit à un procès équitable, apparemment ne concernent que les délinquants de droit commun.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 26 novembre 2008 à 09:08
@PB, j'avoue que je n'ai pas trop bien saisi votre billet...
Je pense que la perception du problème des prisons vient aussi de ce que lorsqu'on a dit "prison" on a l'impression que l'on a tout dit !
Pour avoir côtoyé pendant treize ans, dans la confidentialité et le respect, des personnes incarcérées pour toutes sortes de raisons, je suis obligé de constater que 9m² pour une personne enfermée sans aucun contact avec l'extérieur pendant 23h d'affilée n'est pas une punition, mais une torture. Si en plus la personne n'a rien à faire en détention...
J'ai rencontré bon nombre de personnes qui préféraient être à plusieurs dans le même cellule, car elles pouvaient parler, avoir un relationnel, bien imparfait, mais au moins ils parlaient entre eux.
La propreté d'une cellule est aussi dépendante de la volonté de la personne qui y est enfermée.
Mais à mes yeux le plus gros problème en détention, préventive ou condamnation, c'est l'absence d'humanité du règlement intérieur qui est soumis à l'arbitraire et au bon vouloir du personnel de surveillance.
Si un surveillant estime qu'une balle de ping-pong est dangereuse, il la confisque sans aucune possibilité de réclamation... on appelle ça de la mesquinerie. Si une personne veut rencontrer un médecin, dans l'urgence, il doit en faire la demande écrite. S'il veut poursuivre un traitement médical commencé avant son incarcération... bonjour la galère, car en plus toutes ses cotisations mutuelles et autres, ne sont plus utiles.
Imaginez si la personne est indigente...
C'est le fond de la déchéance.
J'ai vu des indigents qui n'avaient plus de dnets pour manger et bien sûr pas question d'aller en Hongrie se faire refaire des dents à bas coût.
Tout est à l'avenant... Je ne pense pas que ce soit les moyens qui manquent, mais la simple humanité dans le regard de celui qui est de l'autre côté de la porte, mais aussi des murs.
Pourtant introduire un peu d'humanité dans un règlement intérieur c'est gratuit.
Cordialement sans illusion
Pierre-Antoine
PS : cher PB, vous en avez la possibilité, faites-vous donc incarcérer trois mois comme anonyme... vous ferez peut-être un tout autre billet.
Rédigé par : Pierre-Antoine | 26 novembre 2008 à 00:35
Plusieurs choses me choquent mais surtout c'est le nombre de personnes en préventive.
Si nos magistrats y avaient moins souvent recours, peut-être bien que le nombre de places dans nos prisons suffirait.
La prison est une punition alors tant qu'on n'est pas condamné on n'a pas à être puni sauf à vouloir échapper à ses responsabilités.
Autre chose. C'est effectivement les conditions de détention. Un voleur de pommes n'est pas un assassin et pour autant que je sache il y a plus de voleurs de pommes que d'assassins dans nos prisons.
Ne serait-il pas judicieux messieurs les représentants de la nation d'inventer d'autres punitions que la prison. Ce qui ne garantit en rien la "rééducation" de ses pensionnaires.
Je serais plus dans les punitions au service des collectivités :
Balayage des rues ou encore au brancardage dans les hôpitaux... Il y a plein de trucs à faire plus utiles que de mettre simplement un mec en taule. Le bracelet électronique est aussi un truc pas mal.
La taule pour les délits graves ou les crimes.
Rédigé par : Surcouf | 25 novembre 2008 à 21:47
Le problème est que nos hommes et femmes politiques au gouvernement communiquent plus qu'ils n'agissent.
La com' prime sur l'action. Les caisses étant vides c'est tout ce qu'ils peuvent faire : communiquer ! et nous séduire avec leur com' démagogique pour rafler nos suffrages.
@ bruno
triste personnage !
Rédigé par : toto | 25 novembre 2008 à 20:56
Je me méfie de cet unanimisme de façade en vertu duquel il est de bon ton de se lamenter sur l'état des lieux d'enfermement! Rappelons-nous le peu de résultat du Rapport VASSEUR fin 1999 pour constater que cette ritournelle débouche généralement sur pas grand-chose. Il est encore suffisamment d'imbéciles pour considérer que nos prisons sont des "Hôtels 4 étoiles où l'on est logé, nourri, etc...". En réalité, comme l'écrivait Justement T. LEVY, nos têtes sont plus dures que les murs de nos prisons. Le fond culturel populaire tolère assez mal que la condition moyenne du détenu soit meilleure que celle du plus pauvre homme libre.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 25 novembre 2008 à 20:18
@bruno : Et les victimes d'un enfermement injustifié, vous en faites quoi ? Outreau n'est pas le seul et unique cas où quelqu'un mis en prison préventive est finalement jugé innocent.
Rédigé par : jmdesp | 25 novembre 2008 à 19:31
Philippe, si vous trouvez qu'on parle trop des prisons, pourquoi faire un billet de plus à ce sujet ? Non, c'est pour de rire que je dis cela.
Mais voyez-vous, j'ai une question qui me trotte dans la tête depuis un bout de temps, et peut-être ai-je l'occasion d'obtenir une réponse : je me suis toujours demandée si, vous autres magistrats, vous qui connaissez nécessairement l'état d'insalubrité des locaux de la souricière et des prisons, vous y pensiez, à cette insalubrité, cette promiscuité monstrueuse, cette saleté inimaginable, quand vous demandez que quelqu'un aille y passer des années et des années. Est-ce que, dans votre idée, cela fait aussi partie de la peine, est-ce que cela influence ce que vous demandez comme peine de prison, est-ce que cela entre en ligne de compte ? Cela, nonobstant la colère ou le dégoût que peut vous inspirer tel ou tel coupable à juger, si atroce qu'il puisse paraître parfois.
Rédigé par : Nathalie | 25 novembre 2008 à 19:17
Philippe, si vous trouvez qu'on parle trop des prisons, ne faut-il pas en trouver la (juste) raison dans le fait qu'est devenue (trop) urgente leur mise en conformité suivant des normes décentes, respectueuses de la dignité humaine la plus basique ?
Rédigé par : Baudouin Labrique | 25 novembre 2008 à 17:35
Les travaux que vous suggérez permettraient en effet de parer au plus urgent en attendant les effets du débat parlementaire.
Sans vouloir faire de digressions, je crois que nous aurions tout intérêt à suivre la même méthode en matière de lutte contre l'extrême pauvreté et le logement des sans abris, plutôt que de nous perdre en discours ou en polémiques stériles.
Etant donné l'état de certaines prisons ou encore la précarité dans laquelle vivent beaucoup de Français, il y aurait même beaucoup d'indécence à instrumentaliser une nouvelle fois ces questions, quelle que soit d'ailleurs l'origine de la polémique.
Le détenu enfermé dans une cellule surpeuplée, le SDF ou le travailleur pauvre qui, bien qu'ayant un emploi, n'a même pas la possibilité de se soigner, tous ceux-là ne peuvent pas attendre, et ne sauraient se contenter de bons sentiments et de déclamations.
Rédigé par : Laurent Dingli | 25 novembre 2008 à 17:16