Six morts de froid.
Le président de la République qui s'émeut et ordonne, le Premier ministre qui tempère, Christine Boutin, ministre du logement qui évoque l'hébergement autoritaire des SDF pour éviter le pire puis qui presque s'excuse. Tollé des associations. Et, nuit après nuit, des vies que la misère et le climat effacent, détruisent (Le Monde, Le Parisien, Le Figaro, le site du Nouvel Obs ).
On n'est pas loin du débat sur la prison. L'urgence qui s'oppose au rythme de ceux qui veulent tout faire dans les règles. La loi contre le système D. Les bureaucrates contre les débrouillards.
Quand Nicolas Sarkozy affirme avec indignation et à la fois bon sens qu'on ne peut pas laisser mourir les gens dans la rue, parce qu'on est en hiver et qu'on sait ce qui va advenir, qu'il convient de réagir et donc d'emmener de force tous ces malheureux, qui préfèrent à leur survie leur liberté au risque de mourir, dans des lieux où quelques heures ils échapperont à la terrible imprévisibilité d'une existence démunie de tout, on ose protester. On ose soutenir que si on les sauve dans l'urgence, de cette manière, on les perdra, on les éloignera du regard social, certes on les réchauffera, on les empêchera de succomber mais au fond on les traitera mal. On a l'impudence - et les associations le coeur sur la main, les spécialistes de la solidarité, les donneurs de leçons sociales en tête - de vitupérer les partisans de la manière forte pour le bien de ces défaits de la vie qui d'une nuit à l'autre peuvent disparaître, au prétexte qu'il vaudrait mieux les laisser mourir dans les règles, tranquillement, en attendant un avenir qui permettrait d'apprivoiser ces misérables auxquels il serait paraît-il humain de concéder un droit à l'immobilisation en plein air, évidemment mortifère.
De qui se moque-t-on lorsqu'on avance, devant de telles contraintes chaque nuit plus lourdes et plus décisives, qu'il faudrait d'abord construire plus d'hôtels sociaux, de structures de halte et de réconfort et que soumettre les SDF à l'injonction de venir se mettre à l'abri serait totalitaire et dangereux ?
En attendant, on fait quoi ?
Si je ne craignais de gangrener par l'ironie ce sujet dramatique, j'aurais envie de rappeler le mot d'Alfred Capus affirmant "en somme qu'il allait mourir guéri" à son médecin lui certifiant que toutes ses affections étaient parfaitement guéries.
Il y a une dictature de l'urgence qui impose ses exigences. Il y a une urgence de la dictature pour contraindre des vies à se ménager un havre de paix et de repos. Ensuite, elles seront libres de retrouver les grands espaces du dénuement indépendant.
On ne va pas compter un à un les morts, sans rien tenter ?
On a tellement peur de l'autorité qu'on l'économise alors même qu'elle épargnerait tant d'existences. Que penserait de nous un observateur qui surviendrait sur notre terre et qui nous entendrait disserter sur les moyens légitimes ou non de sauver pendant qu'on meurt de tous côtés ?
Là où il suffirait d'un geste, nous n'avons que des mots. Nos scrupules nous étouffent.
Demain, le septième ?
Bonjour,
J'ai lu :
Un homme a été trouvé mort de froid hier.
Le journal précise : ce n'était pas un S.D.F !
- C'était quoi alors ce 7ème ??
- Peut-être un S.D. comme tous les autres.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 11 décembre 2008 à 21:32
@elen
"On les remettra quelques jours plus tard dans la rue où ils auront perdu leurs repères ou leurs abris de fortune.
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?"
"Et leurs baisers au loin les suivent
[...]
Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent."
@Apokrif
"Dans quelle mesure une obligation d'hébergement serait-elle conforme à l'art.5 CEDH ? "
Une obligation d'hébergement me paraît conforme en priorité à l'art. qui régit la non assistance à personne en danger.
*La mort a des terreurs même à qui se dévoue ;
Le Calvaire est affreux, c’est un Dieu qui l’avoue."
L'Unique goutte d'eau sur ce calvaire affreux y aura donc son utilité!
Rédigé par : Catherine JACOB | 09 décembre 2008 à 10:08
Ces gens que je refuse d'appeler SDF sont des gens fragiles et en grande précarité.
Les emmener de force sous le prétexte de les sauver signifie ajouter une violence supplémentaire à celle qu'ils ont tous les jours à assumer dans la rue ou sous des abris de fortune.
On les remettra quelques jours plus tard dans la rue où ils auront perdu leurs repères ou leurs abris de fortune.
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Rédigé par : elen | 08 décembre 2008 à 21:47
Dans quelle mesure une obligation d'hébergement serait-elle conforme à l'art.5 CEDH ? Les SDF sont-ils des "vagabonds" au sens de cet article ?
Rédigé par : Apokrif | 06 décembre 2008 à 20:54
Bonjour
Ah ce que les solutions sont simples. On voit une info à la télévision et bien sûr notre solution simple devrait être la bonne et résoudre tous les problèmes.
Il y a un peu de vanité et de mépris envers les autres dans cette attitude.
Les messages au-dessus et l'article de M. Hisch devraient vous en convaincre.
A une prochaine lecture.
Rédigé par : Charles | 02 décembre 2008 à 14:36
Jean-Dominique Reffait,
Il me semble difficile de comparer la situation actuelle avec celle de la fin du Bas-Empire, du Haut Moyen Age ou encore des grands défrichements du XIIIème siècle. L'installation des peuplades germaniques qui traversaient le Limes ne s'effectuait pas toujours de manière pacifique, comme vous le savez, et succédait souvent à des massacres et à des pillages.
Quant à l'exemple américain que vous citez, là encore, les choses sont difficilement comparables. Il s'agissait d'un pays très faiblement peuplé, et l'implantation de migrants européens a aussi eu pour corollaire l'élimination des populations amérindiennes, l'esclavage des Africains et la surexploitation des Chinois, le plus souvent dans des conditions effroyables. Ni dans le premier cas que vous évoquiez ni dans le second, il ne s'agit d'une installation sur une terre véritablement vierge et le développement des uns s'est souvent fait au détriment des autres. Vous voyez, il y a un peu de marxisme dans ma vision du monde.
Bien entendu, il existe des contre-exemples, comme la Pennsylvanie des Quakers, l'organisation sociale des Amish, les missions jésuites du Paraguay, mais ils correspondent à des expériences uniques, dans l'espace et dans le temps.
Pour les villes neuves du XIIIème siècle et les défrichements (souvent effectués par des moines), il s'agit là aussi de tentatives inscrites dans un contexte très particulier, à une époque où l'individualisme n'existait pas, en un temps où naissait la sainte Inquisition, où existait le servage, où on ne sortait que très exceptionnellement de son "ordre". La société avait des systèmes de protection et de solidarités différents des nôtres, mais ignorait la liberté individuelle.
Rédigé par : Laurent Dingli | 02 décembre 2008 à 09:33
Forçons-les à arrêter de boire
Forçons-les à abandonner leurs chiens
Séparons les couples
Confisquons les tentes
Le problème n'est pas qu'il en meure plus ou moins en hiver, c'est qu'en hiver on en parle.
Forcez-les à vivre, faites tout ce que vous voulez, mais arrêtez ce bruit médiatique insupportable, c'est 'urgent'. Tuez leur seul moment d'existence dans notre société: la médiatisation de leur mort. C'est caricatural, mais il y a un peu de ça quand même...
Pourquoi pas un tirage au sort pour parrainer chaque sans-logis par un citoyen logé ? Ça paraît bête, mais je crois que tant qu'on porte un regard extérieur sur l'autre, on n'avance pas.
Ce que devrait savoir un juge qui fait l'expérience qu'au fond, on ne juge que soi-même.
Les indigents, comme dans Homère, sont des Dieux Déguisés qui nous mettent à l'épreuve.
Il faut relire Alain, notamment son Propos sur la Charité du 3 mars 1931. Un extrait:
"L'homme est ainsi fait que la moindre tentative de forcer risque de l'irriter, de le détourner, au fond de lui faire oublier sa propre puissance libre, inviolable, indomptable, qu'il s'agit justement d'éveiller. C'est ainsi qu'il faut l'aimer. Il n'y a rien d'aimable en lui que cela même. La seule valeur en lui c'est cela même qui refuse direction et même conseil."
Rédigé par : Alexandre | 02 décembre 2008 à 07:57
@Irfan : merci pour votre commentaire sur mon blog, c'était quand même mieux écrit et mieux argumenté que les gros mots que vous avez écrits ici !!! Même si je ne partage pas votre point de vue, et même si j'ai mis ce texte en ligne, je n'en suis pas l'auteure et de plus je ne l'ai même pas commenté !
Rédigé par : Nathalie | 01 décembre 2008 à 19:40
Jean-Dominique : votre proposition de donner des villages, c'est-à-dire des maisons gratis à des sans-logis (clochards ou pas) me semble une injustice, car il y a des gens qui travaillent dur et qui ne se verraient pas offrir de logement gratuit, alors qu'ils travaillent et ne peuvent se payer un logement dans le parc privé, et qu'ils ne trouvent pas dans le parc public.
Au sujet de parc public, je vis dans un logement social, modeste certes, mais propre et très correct, les voisins sont sympas et tranquilles, un peu loin en terme d'image et d'ambiance de la zone avec immeubles pelés, motos qui pétaradent et jeunes qui glandent dans la cage d'escalier : il y a plein de logement vacants en permanence. Certains ne trouvent pas preneurs pendant longtemps. Pourquoi ? Une question d'organisation toute bête : les fichiers mettent du temps à être mis à jour, l'offre de logement met un "bail" à paraître etc... Que des histoires de lenteur de personnel administratif. Et le temps que le logement soit un peu rénové s'il est laissé un peu trop abîmé aussi.
Voilà, je pense que 1000 petits détails de cette nature grippent le système et peut même l'empêcher de fonctionner.
Il doit être possible de trouver d'autres exemples.
Rédigé par : Nathalie | 01 décembre 2008 à 19:31
A la charité, le Droit! (J'aime beaucoup cette petite phrase).
Deux anecdotes très significatives.
Toute l'année, davantage l'hiver, le Samu social de Paris cherche des soignants, surtout infirmiers, pour ses diverses missions d'aides aux autres les plus démunis. Pour ses "maraudes", comme il dit, ses maraudes de jour et de nuit ... (Je ne connaissais pas la destination qui avait été faite depuis de ce terme qui pour moi avait toujours signifié: aller piquer des pommes et des cerises dans le verger du curé; on était une bande de jeunes copains, on allait à la maraude aux fruits ...). Voici donc, presque mot à mot l'entretien que j'ai eu avec lui (le Samu social de Paris) l'hiver dernier (j'ai raccourci pour ne transcrire ici que l'essentiel mais ça vaut son pesant):
- J'ai des disponibilités, je suis d'accord pour venir travailler avec vous tout l'hiver ...
- Ah mais c'est parfait ça! Vous pouvez être là quand?
- Dès demain.
- C'est parfait! nous vous attendons (ici, on m'indique où je dois me rendre pour les formalités d'embauche CDD, etc.)
- Je serai logé où, durant cette période?
- Pardon?!
- Oui, je viens de Reims, je ne peux pas faire l'aller et retour tous les jours; je vous demande donc où je serai logé ...
- Mais vous n'êtes pas logé, monsieur, nous ne logeons pas, le Samu-social ne loge pas ...
- Excusez-moi mais je n'ai pas bien compris ...
- Nous ne logeons pas.
- Mais alors, comment est-ce que je fais, moi, pour venir travailler avec vous, surtout avec les rémunérations plutôt symboliques qui sont les vôtres?
- Je ne sais pas, monsieur, il faut vous débrouiller ...
- Vous devez bien avoir des chambres, tout de même?
- Oui, bien sûr, nous disposons de 5000 chambres à Paris et proche banlieue ...
- Et parmi ces 5000 chambres, vous n'en mettez pas une dizaine voire une vingtaine à la disposition des soignants qui, comme moi, viendraient de province pour gonfler vos rangs?....
- Absolument pas, monsieur; il faut vous débrouiller ...
- Ainsi, si j'ai bien compris, je maraude avec vous puis, à la fin de mon travail, je me retrouve à mon tour à la rue, sans lieux où aller me reposer, attendant que la prochaine maraude passe me ramasser ... C'est bien ça?
(silence à l'autre bout du téléphone; j'imaginais cette pauvre secrétaire empêtrée dans ses dilemmes, cherchant une réponse; je n'ai pas été cruel à ce point et ai mis fin à la conversation ...).
- Au revoir, mademoiselle, et à l'avenir précisez bien dans vos annonces de recrutement que les soignants que vous recrutez et dont vous avez un impératif besoin doivent IMPERATIVEMENT avoir de quoi se loger par eux-mêmes à Paris et sa région.
La seconde anecdote, cet été, toujours Paris (décidément).
La Mairie de Paris en pénurie dramatique de personnel soignant infirmier. Recherche par voie de concours et recrutement, etc. Je postule, tout baigne, concours, recrutement, bientôt fonctionnaire à la plus grosse mairie de France, hé hé ... Puis, au dernier moment, la veille de les rencontrer, je les appelle d'ici, de là où je vous écris:
- Allo ...
- Ici la mairie de Paris, bureau du recrutement, patati ...
(Je me représente et explique toute l'affaire, puis termine ainsi):
- Donc vous rémunérez 1100 euros net par mois, pour un temps plein; j'espère qu'à ce tarif, vous fournissez également le logement, à tout le moins un petit studio sympa ...
- Absolument pas, monsieur, vous vous débrouillez ... Et puis, l'attente est très très longue pour obtenir de la ville un logement ...
(Alors là, je m'énerve car son ton outrée à cette fonctionnaire était insupportable ...)
- Non, madame, c'est pas moi qui se débrouille, c'est vous qui vous démerdez! Moi, j'en ai rien à branler, c'est votre problème, pas le mien! On me fait des propositions à 3000 euros net, logement gratuit, en Suisse ou à Luxembourg; il ne tient qu'à moi d'y aller demain ... Je suis obligé de refuser du travail, des missions intérim, des remplacements, tellement la pénurie de soignants est dramatique en notre pays; autrement, je travaillerais nuit et jour, sans jamais aucun repos, même d'une heure! Je ne vais pas faire l'infirmier esclave pour la mairie de Paris et coucher dehors en plus ou donner tout mon salaire, cette rémunération honteuse que vous imposez, quand il suffirait ce salaire de misère, à un quelconque bailleur si il s'en trouve encore dans votre ville pourrie ... Vos parisiens désemparés de ne plus trouver de soignants pour les soigner, soignez-les vous-mêmes, petite fonctionnaire du recrutement à la mairie!
(J'ai transcrit là encore l'essentiel, la forme comme le fond, puis j'ai terminé, je m'en souviens bien, par : dites à Delanoë de mettre une blouse blanche et d'y aller lui-même, ça le fera peut-être...).
Comment ne pas prendre de la distance et garder le sens de l'humour après ça?... Est-ce donc ainsi que les hommes vivent? Oui, c'est tout à fait ainsi ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 01 décembre 2008 à 19:17
@Laurent Dingli
Ni ce que j'imagine ni le RSA ne sont des solutions à cette aberration que constitue le mode d'organisation de l'espèce humaine dans le règne animal : l'inégalité matérielle, je suis d'accord avec vous.
De même n'imaginais-je de transporter de force les pauvres à la campagne mais je fais une observation : a-t-on le droit d'être pauvre aujourd'hui ? Eh bien non, c'est interdit, parce qu'il ne faut pas encombrer l'espace public, parce qu'il est interdit de se chauffer en prenant du bois dans une forêt domaniale, parce qu'il est interdit d'y construire sa cabane.
Or qu'étaient nos jolis villages des origines ? Des endroits où quelques migrants et miséreux posaient leurs hardes, construisaient quelques cabanes, puis une vague église en bois. C'est de cela que nous venons tous, nous sommes tous les descendants de sans abris qui n'ont pas eu à fournir de formulaires pour s'installer. Lorsqu'il fallait des formulaires et qu'ils étaient nombreux, ils faisaient comme les francs, les wisigoths ou les alains, ils passaient en force et posaient leurs bagages de force. Nous avons reproduit cela en Amérique et ça a marché. Mais désormais, le robinet est fermé : nous avons l'espace, nous avons les bras mais nous ne voulons plus.
C'est à ce rêve que je faisais allusion et non à une énième organisation bureaucratique qui prétendrait encadrer la pauvreté. Puisque nous ne sommes pas foutus d'éradiquer la misère, laissons-la vivre à sa manière, laissons-la peupler des endroits abandonnés, cultiver des terrains négligés, n'exigeons pas qu'un logement soit exclusivement un bâtiment répondant aux normes ISO avec le câble, le frigo et les extracteurs d'air réglementaires.
Un homme qui n'a aucun droit n'a aucun devoir non plus.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 01 décembre 2008 à 18:22
Tout à fait d'accord avec vous, M. Bilger.
La levée de bouclier des associations de soi-disant défense des démunis n'est qu'une manifestation de leur narcissisme: elles craignent de perdre leurs faire-valoir lorsqu'ils seront au chaud.
Cette problématique est du même ordre que des mots d'ordre du genre "la liberté ou la mort", "la démocratie à tout prix", repris et claironnés par les salauds de tous bords qui envoient les autres à l'abattoir pour satisfaire leur volonté de puissance. A tout prendre, il vaut mieux vivre dans une dictature qu'être mort.
Enfin, il y a quelque chose de malsain et d'indécent à rebattre les oreilles du citoyen avec les sans-abris, comme une sorte d'appel permanent à la générosité, alors que l'Etat et certaines collectivités locales gaspillent des millions dans du festivisme type Nuit blanche ou Paris plage. Si la pauvreté était un sujet de préoccupation réel, les pouvoirs publics hiérarchiseraient mieux les dépenses.
Rédigé par : Pol Henri | 01 décembre 2008 à 18:06
En somme le plus important est de détourner le sujet : voyez, ils ne veulent pas de mon aide !
Alors que les centre d'hébergement sont bourrés et n'arrivent pas à répondre à tous les demandeurs d'asile de nuit.
Sans doute qu'il est plus important de communiquer que d'agir.
Rédigé par : belka | 01 décembre 2008 à 17:32
Les SDF exposés au froid sont-ils des vagabonds au sens de l'art. 5.1e CEDH ? Il me semble que c'est la seule stipulation de ce texte qui permettrait leur détention.
Rédigé par : Apokrif | 01 décembre 2008 à 15:44
@JDR
Les pauvres dans des villages abandonnés. Voilà une solution qui devrait plaire à Madame Boutin et à quelques autres ; ne manquera qu'un mur érigé autour et tout ira bien dans le meilleur des mondes. Mais, cher JDR, les "pauvres" ont souvent quitté la campagne pour la ville où ils espéraient trouver un travail et de meilleures conditions de vie, "les pauvres" à la campagne il y en a énormément, on les voit juste moins car ils ont souvent un domicile, fut-il très rudimentaire. Mais pas plus que la misère n'est plus belle au soleil ou l'été, je ne crois pas qu'elle soit plus belle à la campagne, même si de temps en temps on leur donne un lapin... Quant à votre remarque sur la mort qui a finalement délivré cet homme mort dans sa camionnette elle me fait frémir. Cet homme était-il condamné à vie à la misère, je ne le crois pas, pas plus que je ne suis sûre qu'il a été un enfant enjoué ou un travailleur acharné. Je n'en sais rien, pas plus que vous et de toute façon, cela change-t-il quelque chose ? Nous sommes là en pleine littérature. Par contre ce dont je suis sûre c'est que personne n'est condamné à être pauvre à vie. Sûre aussi que la solution autoritaire n'est pas une solution ; elle nie à des hommes et des femmes le libre arbitre. Leur vie leur appartient, comme elle appartient d'ailleurs à un malade en fin de vie. Il n'appartient me semble-t-il à personne de le leur enlever. Les mettre au chaud à moins 6 pour les remettre à la rue à 6 heures du matin a surtout un intérêt : nous donner bonne conscience.
Rédigé par : catherine A. | 01 décembre 2008 à 12:06
Jean-Dominique Reffait,
Je partage certains points de votre commentaire, mais je suis un peu sceptique sur les villages destinés aux SDF que vous préconisez, pour des raisons que j'ai déjà évoquées.
D'une part, nous risquons d'isoler ces gens de la communauté avec une solution qui ne prend pas en compte leur cheminement individuel. Un exemple, parmi les sans-abris de Vincennes, il existe notamment un couple dont le mari gagne 1200 ou 1400 euros par mois et travaille pour la mairie de Paris (reportage de TF1 d'hier). Le couple, qui a trois enfants, ne peut trouver un logement. Même chose pour une autre sans-abris, ancienne secrétaire licenciée et, elle aussi, en attente d'un logement social. Le premier n'ira pas volontiers à la campagne puisqu'il a un emploi. Quant à la seconde, j'ignore quelles sont ses attaches dans la capitale. Des logements existent, mais l'engorgement est dû, en grande partie, aux retards accumulés par les différents gouvernements pendant des décennies.
Deuxième point, votre solution (dont je comprends qu'elle n'a qu'une vocation d'urgence), ne résout pas pour cette même raison le fond du problème. Je veux dire que vous aurez beau loger des gens à la campagne, le flot du déclassement se poursuivra parce que c'est le système qui le génère. Dans ce cadre, le RSA constitue une première étape importante, dans la mesure où il tente de protéger les travailleurs pauvres, catégorie particulièrement fragilisée par la crise. Ce n'est évidemment pas la panacée et il reste sans doute d'autres réformes à mener. Les chantiers liés à l'environnement, même s'ils ne constituent pas davantage un solution miracle, représentent un vivier important.
Enfin, il faudra bien un jour s'interroger sur le licenciement économique qu'on ne pourra pas toujours justifier de manière expéditive au nom de la concurrence internationale. Entre les solutions extrêmes proposées par Olivier Besancenot et la dérégulation, il y a de multiples réformes à envisager. Dans ce cadre, les socialistes doivent apporter leur sensibilité et leurs idées pour contribuer à la réforme du capitalisme.
Rédigé par : Laurent Dingli | 01 décembre 2008 à 11:57
J'ai des opinions si diamétralement opposées à celles de Christine Boutin que je crois qu'elles se touchent aux extrêmes et je ne crains pas de dire que j'ai beaucoup de respect pour cette femme, ses convictions dont je ne partage pas le millième, sa bible brandie qui m'a fait sourire, moi le laïcard, avec attendrissement et son immense générosité.
Sa proposition ne m'a donc pas fait hurler, même si j'en ai conçu des critiques dès l'annonce.
Le noeud du problème est ici :
"Il y a une dictature de l'urgence qui impose ses exigences. Il y a une urgence de la dictature pour contraindre des vies à se ménager un havre de paix et de repos."
Urgence pour les uns (toujours les mêmes) et dictature pour les autres (toujours les autres), nous voyons bien que cette inversion dialectique ne plaît pas spécialement à son auteur, mais il interroge aussitôt : quoi faire d'autre ?
L'ancien maire de Neuilly a une expérience particulière qui n'est pas celle des SDF mais des clochards et il a imaginé une solution qui convient aux clochards : emballage, épouillage. Je raille tout en considérant que ce n'est pas une mesure ridicule. Mais elle ne convient pas à celles et ceux qui ne sont pas clochards mais juste sans domicile, souvent des personnes sainement conscientes, aussi propres qu'elles le peuvent, soucieuses d'apparaître au mieux. Lorsque nous évoquons l'homme de 51 ans mort dans sa camionnette, nous ne parlons pas d'un malade mental ni d'un clochard mais d'un homme qui n'avait trouvé que cette façon, somme toute acceptable, de vivre : il est mort non de froid mais d'un chauffage défectueux. Où aurait été l'urgence pour cet homme ? Un foyer puant ? Sans conteste, il était mieux dans sa camionnette que dans un foyer et, s'il est mort sans souffrance, endormi par un gaz inodore, le voici finalement libéré par lui-même d'une vie qui ne devait pas lui réserver de fort grands bonheurs ultérieurs. Je le dis sans provocation : la mort peut être une délivrance pour qui fut un petit garçon enjoué, un travailleur courageux et qui se voit projeter dans la misère par les cruautés de la vie moderne.
Aussi je comprends la colère de Philippe, mais je ne souscris pas à la solution envisagée, du moins à sa systématisation. Le pire serait de dresser la morale des uns contre celle des autres, l'engagement des uns contre celui des autres. Les insultes que je lis en certains commentaires sont indécents : la solution autoritaire, aussi dégoûtante qu'elle soit, est toujours une solution.
Je n'ai pas de fortune mais je rêve de villages dans des campagnes abandonnées, offerts aux pauvres, des chalets pas chers, avec un jardin, un clapier (je connais des paysans qui ne parviennent pas à manger tous les lapins qui se reproduisent dans leur ferme), oui, il y a d'autres solutions que la contrainte et qu'une fondation fortunée pourrait aisément financer.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 01 décembre 2008 à 10:32
En attendant, on fait quoi ?
Eh bien justement, on ne devrait plus attendre puisque gouverner c'est prévoir. Chaque année, il y a un hiver et chaque année c'est le même refrain. Alors, on anticipe et on règle le problème. Pas nécessairement par des réformes mais au moins par l'application d'une politique décidée et réfléchie. Lorsque l'on en sera là, on aura déjà beaucoup avancé. Le problème, c'est que ni les politiques ni la presse ne s'en apercevront.
Rédigé par : Michel | 30 novembre 2008 à 17:29
Quelle belle analyse...
Même si cela correspond à ce que pense je n'aurais jamais su le dire avec ces mots qui, délicatement, vous enserrent le coeur et vous amènent à vous poser tant de questions...
Merci
Rédigé par : Jeffanne | 30 novembre 2008 à 16:12
J'ai vu à la télé Augustin Legrand sur Canal + qui vitupérait contre C. Boutin sur le même ton que Irfan, c'est marrant non ? Quelle coïncidence ! Bon, il ne l'a pas traitée de cléricale puante, peur du procès pour insultes publiques peut-être, mais enfin, il avait la vedette à la télévision, et c'était bien. Vive lui, il s'est trouvé un job.
Rajoutons aussi, pour achever le tableau qu'elle (Boutin) est, à la Curie romaine, consulteur du Conseil pontifical pour la famille, une fonction correspondant à celle d'expert consultatif (4 consultations depuis 1995) du cardinal Alfonso Lopez-Trujillo, président de ce conseil. Elle fait forcément le jeu de l'Eglise.
Pire encore ! Tout au long de sa carrière, Christine Boutin a défendu des valeurs chrétiennes. Brrrrrrr ça fait froid dans le dos n'est-ce pas ?
Rédigé par : Nathalie | 30 novembre 2008 à 14:03
J'ajoute, Aïssa, que si vous éprouvez le désir de poursuivre cette conversation, vous pouvez le faire sur mon blog, je ne voudrais pas, par correction, pirater celui de Philippe Bilger.
Rédigé par : Laurent Dingli | 30 novembre 2008 à 11:45
@ Aïssa,
Je ne sous-estime pas, croyez-le, l'impact que peut avoir la misère, et le désespoir qu'elle entraîne, mais je pense qu'il ne s'agit pas d'un axiome, car l'on risque d'enfermer ainsi la grande pauvreté dans un déterminisme qui ne correspond pas à la réalité. Le Bangladesh par exemple, qui est l'un des pays les plus pauvres du monde, n'est pas (pour l'instant du moins) un vivier de terrorisme.
Il y aurait certainement beaucoup à dire sur les origines de l'action violente. Elles sont multiples, sans aucun doute. En Espagne, au Sri Lanka, en Thaïlande, le terrorisme n'a pas que des origines sociales, loin de là. Pour prendre un exemple encore différent, et difficilement comparable, l'action violente des mouvements de gauche et de droite des années soixante-dix étaient souvent le fait de petits bourgeois.
En ce qui concerne le terrorisme islamiste, vous êtes d'accord avec moi, je suppose, que ses racines sont loin d'être uniquement sociales. Ben Laden, et certains de ses lieutenants, n'étaient pas à proprement parler des damnés de la terre et s'ils avaient consacré le dixième de leurs immenses richesses à aider les plus démunis plutôt que de les employer à détruire tant de vies humaines, le monde ne s'en porterait que mieux.
Bien entendu, et je vous rejoins sur ce point, la misère est un terreau favorable. Mais les causes de cette misère sont elles-mêmes diverses. Prenons le cas des pays où peut sévir le fondamentaliste terroriste : les entraves au développement sont multiples : démographie galopante, non régulée le plus souvent pour des questions religieuses (Indonésie, Egypte), faiblesse ou corruption du pouvoir politique, problèmes identitaires face à la globalisation, surexploitation des hommes pour des raisons économiques et financières, désastres environnementaux comme en Indonésie ou à Haïti, invasion et séquelles de guerre (Palestine, Afghanistan) etc.
Si l'on effectue un survol rapide du terrorisme dans le monde, que constate-t-on ? En Inde, il est le fruit, entre autres, du colonialisme et de la partition de 1947, des guerres indo-pakistanaises et de cette verrue qu'est le Cachemire, mais aussi de l'internationalisation du terrorisme islamiste, de l'extrémisme du nationalisme hindou (qui sévit aussi contre les chrétiens), de l'instrumentalisation des oppositions religieuses à des fins purement politiques (depuis les colonialistes anglais et le célèbre adage "diviser pour régner" en passant par le général pakistanais Zia introduisant la Charia dans la loi et les institutions pakistanaises)... Je crois, comme vous, qu'un pays comme l'Inde où, dans certaines régions, la population est si pauvre qu'elle doit vendre ses propres enfants, que cette grande démocratie pourtant fragile génère une misère qui peut alimenter l'action violente. Cela n'en reste pas moins un facteur parmi d'autres. Le problème c'est que la plupart des facteurs sont liés et ont un effet aggravant : ainsi les ravages environnementaux dus partiellement à l'extrême pauvreté ne font que l'accentuer en retour comme une sorte de spirale infernale : déforestation conduisant à un ravinement des sols, multipliant les inondations et donc la détresse des populations déjà démunies (Indonésie, Amérique centrale, etc.). Les pays riches ont aussi des responsabilités majeures dans la mesure où ils surexploitent les matières premières et aggravent considérablement le réchauffement climatique dont des pays comme le Bangladesh sont parmi les premières victimes. Dans le Nord de l'Afrique, la désertification progresse de manière alarmante pour une bonne part en raison des activités humaines locales.
En conclusion, la violence, notamment sociale, est certainement un facteur essentiel, dans le sens où elle s'alimente indéfiniment comme une sorte d'auto-engendrement : pirates somaliens, enfants soldats de Sierra Leone, du Congo-Kinshasa ou d'Angola - mais la lutte des classes ne constitue pas selon moi une explication suffisante et, d'autre part, la misère ne conduit pas systématiquement au terrorisme.
(Philippe, vous me pardonnerez, je l'espère, cette longue digression).
Rédigé par : Laurent Dingli | 30 novembre 2008 à 11:31
Il me semblait avoir entendu que la capacité des centres d'accueil spécialisés dans l'accueil des personnes sans abri reconnu décent selon les critères de notre société en général, ainsi celle des aires d'accueil des gens dits 'du voyage', étaient insuffisantes à répondre à la demande, ce qui expliquait que certains de ceux qui n'avaient pas pu y être recueillis faute de place, étaient susceptibles de trouver la mort de diverses façons dont le froid.
Aussi, la mesure prise par Mme Christine Boutin et qui visait à contraindre coûte que coûte à l'accueil de ces personnes à partir du moment où la température extérieure aurait atteint un seuil critique, fixé à -6°parce qu'il faut bien le fixer du point de vue juridique qui autorisera l'exercice de la contrainte ou la prise des sanctions prévues, seuil critique eu égard à la vie et à la mort par le froid dans les conditions de vie des personnes visées, m'est apparue effectivement une mesure inspirée par la charité chrétienne de Mme Boutin qui n'est pas mince (... la charité!), ainsi que son sens des responsabilités dans le domaine de sa compétence de ministre qui s'étend à tous les types de populations, à savoir aux propriétaires du parc locatif dont les logements seraient restés inoccupés depuis un temps déterminé bien qu'en état, ainsi que les personnes susceptibles de prétendre à y trouver un hébergement d'urgence, et enfin les personnels administratifs susceptibles de faire la liaison entre les deux.
Ce qui, pour moi, signifiait en priorité, par ex.
1- Faire en sorte d' "éviter les situations souvent conflictuelles avec les communes qui ne peuvent accueillir dans des conditions décentes" les gens du voyage, par la création de nouvelles aires dont "le financement est pratiquement pris à 2/3 par l’Etat (pour l’instant!)", et d'augmenter par là l'actuelle capacité d'accueil qui est ici de huit mille places.
Tout le problème étant sur la région celui de l'emplacement : Où créer ces aires salubres nécessaires?
Le choix de la nouvelle municipalité messine de gauche s'est donc porté sur un site appartenant à une petite municipalité satellite, pour sa part de droite, ce qui paraît en effet très propre à éviter les conflits...en général, vu que les directives viennent, finalement, d'un ministre de droite!!
Le nouveau maire messin de gauche devrait être néanmoins épaulé dans cette affaire par un premier adjoint ayant bénéficié en son temps des premières restructurations militaires, puisqu'il s'agit de l'actuel président de l'université Paul Verlaine, de Metz, qui bénéficie désormais avec la superbe restauration d'un lieu de casernement, d'un nouveau site à la mesure de ses ambitions qui sont de résister à l'attractivité notamment de Strasbourg, par le renforcement d'un pôle universitaire qui inclue le Luxembourg dont l'attractivité, pour sa part personnelle, n'est pas moindre non plus!
Le président de l'université de Metz, autrement dit :“Celui là même qui aurait avoué dans le journal “La Semaine” du jeudi de la deuxième quinzaine de septembre 2008 :” Je ne suis pas un énorme travailleur (…)” selon certains qui précisent : ”il a au moins l’honnêteté et le courage de reconnaître ce que les serveuses des cafés de Metz confirment …”!
Disons, pour notre part, que le café messin ne paraît pas un lieu de travail inapproprié pour un ethnologue comme Richard LIOGER, l'auteur de "La folie du Chaman".
Il suffit juste de savoir dans quel café on va pouvoir le trouver au besoin, mais j'imagine que son secrétariat, pour sa part, ne l'ignore pas.
On trouvera accessoirement une présentation critique de cet ouvrage - par ailleurs passionnant, mais ce n'est pas le lieu d'en faire ici notre critique personnelle -, à cet endroit :
http://leportique.revues.org/document193.html
Autrement dit, un endroit où Jean-Paul Resweber, son digne collègue philosophe, théologien et psychologue mais pas femme de ménage, attirait en 2002 notre attention sur "le profil de l’ethnopsychanalyste qui recouperait celui du Chaman, avec lequel il semble partager une secrète complicité"...!
2- S'agissant de l'ethnie des SDF messins qui comme partout inclue "des femmes seules, des familles avec enfants, des SDF avec des chiens" etc.., elle pourra bénéficier, donc, du "plan hivernal d'hébergement d'urgence de Mme Boutin, plan qui offrira cette année 16.400 places, un chiffre en forte augmentation par rapport aux 13.138 places de 2006», selon l'Alsace, et j'imagine que le préfet de région, aura loisir, comme tous ses collègues préfets, "d'augmenter ponctuellement le nombre de places, de réquisitionner des gymnases ou des casernes."
Les places dégagées seront -elles là aussi suffisantes? Il semblerait que non mais il semblerait aussi que l'actuel défaut de capacité des lieux d'hébergement permanents ou ponctuels, pourrait être compensée en 2008 par 10.000 nuitées d'hôtel aux frais de l'Etat.
Ceci étant, ce qui motive le billet du jour me paraît être une confusion entre le fait de contraindre à l'hébergement des personnes dans les cas où leur forme de pauvreté et les conditions de vie qui en découlent les mettraient en danger de mort dès que la température extérieure serait descendue en dessous d'un certain seuil critique, autrement dit le fait d'intimer la responsabilité des pouvoirs publics susceptibles d'agir ainsi que des citoyens en général, et le fait de contraindre les personnes qui seraient estimées en danger à se faire héberger alors même qu'elles préfèreraient leurs conditions de vie actuelles aux conditions proposée par un parc hébergement qui leur paraîtrait inadapté.
Personnellement je pense qu'il en va de l'obligation d'hébergement comme de l'obligation de soins médicaux et que, de même qu'on peut être contraint à donner des soins mais pas à les recevoir, on peut être contraint à héberger et à recenser les populations en danger à cet égard, mais pas à être hébergé.
En revanche, au lieu de passer son temps à émettre des critiques qui n'ont rien de constructif, je pense qu'il faut essayer de comprendre le pourquoi des refus de certains et soutenir, au moins moralement, l'action de ceux qui cherchent dans le dialogue avec ces populations, à mettre en place des conditions d'hébergement desdites populations, telles que ces conditions soient l'objet de moins de refus ou de résistance de la part de ceux auxquels elles s'adressent.
Ex. peut-être utopique, mais bon :
La charte du canal saint Martin des enfants de Don Quichotte dont il est question ici :
http://metz-utopie.over-blog.net/archive-12-2006.html
Rédigé par : Catherine JACOB | 30 novembre 2008 à 10:31
Nous n'irons plus au bois
Les crédits sont coupés
La gauche que voilà
Ira en distribuer
L'aide aux sans abris n'est pas un projet politique; autrement les résultats de ceux qui se sont succédés aux commandes de l'Etat plaideraient pour leurs idées.
Reste la solution, temporaire et précaire, de la mise à l'abri.
On porte secours à celui qui veut se noyer ou se jeter par la fenêtre: porte-t-on ainsi atteinte à sa dignité?
Lors de cet été caniculaire, il a été assez évoqué qu'il fallait persuader les vieilles personnes, dont je commence à faire partie, de boire sans soif.
Eh bien plutôt que de passer notre temps à dire que c'est à telle ou à telle association de faire le travail, pourquoi ne ferait-on pas appel à un service spécialisé des pompiers pour veiller et agir. Le financement pourrait venir de dons et legs comme cela se fait pour les hospitaliers sauveteurs bretons, gens de mer qui n'hésitent pas à risquer leur vie pour aller chercher des "marins?" imprudents.
Rédigé par : mike | 30 novembre 2008 à 10:18
Les personnes qui "aident" vraiment les autres - et pas seulement les SDF - le font sans bruit, en toute discrétion... et rien ne vaut un immense sourire en guise de remerciement...
Rédigé par : Jeffanne | 30 novembre 2008 à 09:21
"Vos insultes de peigne-culs cossus et haineux."
C'est vous l'insulteur, Irfan, il me semble. Tactique gauchiste classique. Accuser l'adversaire de ses propres vices que l'on manifeste à l'instant. Terrorisme intellectuel déjà vu partout. Ca fait longtemps que votre truc est éventé.
"Quant à ceux qui VEULENT dormir dans la rue, on les embarque aussi ?"
Bien entendu. Vous préférez les y laisser, au risque presque certain qu'ils meurent de froid? Dites-le, dans ce cas.
Voilà un vrai problème moral et politique, qui n'accepte que deux réponses possibles: oui ou non.
Vous pourrez tant que vous voudrez enfumer le monde en traitant vos adversaires de peigne-culs, en les présumant "cossus" alors que les pauvres sont nombreux à voter à droite, ou en les accablant de l'accusation ridicule de "haine" (haïr n'a rien de répréhensible: tout dépend de ce que l'on hait; toute la question est là, que vous éludez en prétendant implicitement, vous, aimer tout le monde, ce qui est évidemment faux -- vos propos le prouvent abondamment).
Vous n'échapperez pas à ce dilemme: les laisser mourir dehors ou les emmener de force?
C'est une vraie question politique, car, contrairement à votre salmigondis qui tente de noyer le poisson, aucune des deux solutions n'est entièrement satisfaisante. Toutes deux salissent les mains, au propre comme au figuré.
Votre discours, lui, tente de faire croire qu'il existerait une position -- la vôtre, bien sûr! -- qui serait entièrement dans le camp du Bien.
Mais vous n'avez toujours pas expliqué concrètement comment, selon vous, on empêcherait les SDF de mourir dans la rue. Pratiquement, à court terme, ou politiquement, à plus long terme.
Ici, nous parlons d'une situation concrète. D'une question simple. J'emmène ou j'emmène pas? Et comment est-ce que je justifie ma décision? Vous éludez la réponse. C'est pourtant la seule qui vous engagerait réellement. Après, broder sur les humanitaires qui ont le coeur sur la main et sur le gouvernement qui est méchant parce qu'il ne donne pas assez d'argent, tout le monde sait faire. Ca ne mange pas de pain et c'est le degré zéro de la pensée politique.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 30 novembre 2008 à 03:49
Cher Philippe,
Je me moque bien de savoir s'il faut quantifier ou qualifier la misère!!!
Nous avons été ces derniers jours en dessous de tout, comme lors de l'été de la canicule où nous avons laissé mourir de
soif ou de déshydratation beaucoup de personnes âgées ou fragilisées ou isolées.
J'ai pensé que pendant les semaines où il existe un risque certain d'hypothermie, l'Etat devrait demander aux pervenches et aux aubergines de sillonner
les allées des bois, parcs et forêts afin d'assurer la distribution de couvertures de survie coût - 0.50 E/couverture.
Ceci aurait un effet direct sur la croissance :
Les personnes qui n'auraient pas de p.v
pourraient consommer plus longtemps et faire plus de dons aux associations.
Cela allègerait la charge des tribunaux.
Les joggeurs et les promeneurs pourraient
s'associer à cette distribution préventive
ou assistance à personne en danger prévisible tout en respectant la liberté et
la volonté d'autrui.
Dans votre billet que j'aime beaucoup,
une population des bois reste dans le silence. Il s'agit des prostituées et des travestis avec lesquels je parle parfois,
qui souffrent encore plus en hiver.
Je me demandais si une partie de la taxe
professionnelle légale ne devrait pas financer les impératifs de soins coûteux
nécessaires aux activités de ces personnes.
Parfois, et même si ce n'est pas la norme il
faut agir avant de penser, agir et encore
agir autour de soi.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 29 novembre 2008 à 23:15
Je veux juste signifier mon écoeurement à quelques aigris de passage, qui déversent leur fiel sur "les gauchistes", quand ce n'est pas du tout la question qui se pose. Des gens qui travaillent dans le milieu associatif, au quotidien, avec ceux qui dorment dehors ; qui savent les problèmes que ceux-ci rencontrent, dans la rue comme dans les centres d'hébergement actuels, notamment de par le grand nombre de "SDF" malades mentaux ; qui aident de leur mieux, avec une véritable activité républicaine, ces citoyens de seconde zone ; ces gens-là ne peuvent qu'être rehaussés par vos insultes de peigne-culs cossus et haineux.
Non, il ne s'agit pas pour ce monde associatif de sacrifier des gens qui dorment dehors afin de faire la publicité du socialisme. Peut-être peut-on en dire autant pour Mme Boutin, cléricale puante, qui veut faire le jeu de l'Eglise et du sarkozysme en paraissant être la bonne âme de l'histoire ; alors qu'en amont, c'est elle qui n'a pas su utiliser le milliard d'euros alloué à son budget ?
Si les politiques avaient été au niveau d'action des militants ces dernières années, plutôt que de s'occuper de détruire la République et de servir leurs intérêts de classe (oui, les riches ont bien compris le marxisme, ils sont les seuls sans doute), il y aurait eu moins de morts cet hiver.
Quant à ceux qui VEULENT dormir dans la rue, on les embarque aussi ?
Et ceux qui ont PEUR de dormir dans ces centres horribles, ils fuient, quittent leurs abris de fortune et leurs habitudes miséreuses, mais qui ont pu parfois sauver leur vie ?
Je relisais récemment des chiffres pour la lutte contre les maladies infectieuses... La France engage annuellement à peine 1/10 des sommes que Sarkozy a offertes aux plus riches en début de mandat. Alors la dignité, l'action pour les démunis, contre les maladies et la pauvreté, vous ne pouvez pas nous faire ce coup-là. Ni les imbéciles thuriféraires du pouvoir, qui préfèrent balancer du "gauchiste" à la face du réel, réel obtus qui n'aime pas la droite ; ni, surtout, vous, M. Bilger, homme d'intelligence, homme chargé d'une mission républicaine, et d'une mission de l'esprit.
Comment pouvez-vous vous abaisser à cela ?
J'espère que ma génération ne tombera pas dans les travers de la vôtre, et qu'elle saura, elle, porter l'intelligence au pouvoir, plutôt que l'arrivisme, et la capacité à se plier face au pouvoir.
Vous me décevez grandement, M. Bilger, alors que vos charges face à certaines inflexions judiciaires étaient si rassurantes sur l'état de la vraie droite républicaine...
Rédigé par : Irfan | 29 novembre 2008 à 23:03
"En attendant, on fait quoi?", vous écriez-vous, cher PB. Sera-ce de l'humour -et m'en voudrez-vous?- si je vous dis que le TGI de Paris, celui auquel vous appartenez, vient d'y répondre solennellement et fermement, comme ceci: "Nous ... condamnons le DAL (Droit Au Logement) à 12 000 euros d'amende pour avoir posé des tentes d'urgence sises rue de la Banque à Paris ... (pour abriter les sans-abris et alerter l'Opinion) ..."?
En attendant, on fait quoi? Bien, on se cotise tous (il doit bien y avoir quelques fortunés en ce blog, qui donneront avec joie plus que les autres, je n'en doute point), pour aider le DAL démuni à payer cette lourde amende ... Pas le dos de la cuillère le TGI de Paris, rigole pas, celui-là ... Qui a requis si brillamment en cette non-affaire? Son nom; il serait bon qu'il ait un peu de publicité pour autant de talent ...
Bonne nuit.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 29 novembre 2008 à 21:28
Merci, Catherine Jacob, pour l'info.
Non, Mike, je ne suis pas allé en Inde. Mais n'importe, quand bien même il s'y trouverait 100 millions de milliardaires, 300 millions de millionnaires, 500 millions de la classe moyenne aisée à plus aisée, cela en laisserait toujours plusieurs centaines de millions de crève-la-faim dans le pays ... Et c'est plus que suffisant pour lire à cette aune ce que j'ai exprimé.
Laurent Dingli, pour faire bref, je crois qu'une misère matérielle chronique et structurelle, avec tous ses corollaires que l'on connaît, mène et mènera toujours, invariablement, à ces extrémités. Surtout quand elle (cette misère) va s'élargissant comme tache d'huile ... Les damnés de la terre, ce n'est pas ringard, loin s'en faut. Et il est maints endroits où une kalaschnikof et des grenades coûtent moins cher qu'un morceau de boeuf et un litre de lait ... Il a toujours été de ces jugements peu ou prou justifiés qui virent le misérable tenir celui qui ne l'est pas, pour responsable de son dénuement matériel. A Bombay, c'étaient des lieux de riches, pas les dispensaires de mère Teresa à Calcutta ..
Quant à Zemmour, que voulez-vous sérieusement répondre à de telles inepties qui sont siennes? Ce serait plutôt à lui de s'expliquer et se justifier: qu'est-ce qui l'exaspère à ce point chez les autres qu'il en vienne ainsi à tenir un discours puant, plus que douteux?
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 29 novembre 2008 à 20:24
"Là où il suffirait d'un geste, nous n'avons que des mots. Nos scrupules nous étouffent.
Demain, le septième ?"
et aucune excuse car on ne peut même pas dire les règles "dollars" comme aux états actuellement si désunis !
merci pour ce billet , monsieur Bilger !!
:-(
sinon je tiens à préciser une chose : à Lyon , point si grande ville que Paris , tout SDF , parfois un peu imbibé certes , est tellement "ignoré" pas le quidam même moyen , que j'en suis perso depuis quelques mauvais temps ( je précise bien , des taons ni de droite ni de gauche de nous avoir surpiqué ainsi ) de plus en plus consterné ( et je ne me permettrai pas de dire puisque " par tant de cons , cernés " ; ainsi va la vie loin de tout avis bien défini ) que j'avoue changer de rue pour une rue de luxe sans tache aucune afin d'éviter moi aussi d'être confronté à notre trop triste irréalité si réelle ( que souvent en ruelles ) pourtant !
qu'il me soit pardonné !
Sissi !!
Rédigé par : Cactus ( bouffons du Roy ? ) | 29 novembre 2008 à 20:22
Ce qui tue les différentes velléités d'actions qui auraient pu (ou non ?) soulager momentanément, à défaut de le régler, du problème du logement des SDF, c'est largement ces batailles d'égos et cette instrumentalisation par les uns et les autres de leur image médiatique : si c'est pour tenir le devant de la scène (médiatique) certains responsables d'association (comme celui des enfants de don quichotte par exemple pour ne citer que lui mais il y en a d'autres) n'hésite pas à entrer en conflit avec les autres, par des propos non dépourvus d'agressivité et disqualifiant pour les autres. Aucune cohésion, qui leur aurait sans doute été utile. Mais non, plutôt la division idéologique et "moi-je" veut occuper le devant de la scène ! "moi-je" a réussi un coup médiatique, "moi-je" suis le plus beau. Si l'intérêt des sdf étaient réellement pris en compte, ce serait bien plus efficace !
Tout se manigance par dessus la tête de ceux dont on parle, dont on évalue les besoins, les désidératas, la situation sans que les vrais concerné aient leurs mots à dire. Avec tout cela, on veut leur imposer des solutions - ou pas de solutions qu'ils n'ont peut être pas réclamé eux-mêmes.
Qui a lu l'ouvrage de Patrick DECLERK "Les naufragés" Il fait un descriptif plutôt saisissant du monde des clochards et des structures d'hébergements. Certes, l'ouvrage date un peu, mais je ne suis pas certaine que les choses, fondamentalement, aient réellement changées, ni les mentalités, ni les clochards eux-mêmes d'ailleurs : il dit notamment, que compte tenu du passé de certains, de leurs blessures, de leur vie,de leur état mental, comment dire que l'on peut RE-insérer dans la société des personnes qui ne l'ont jamais été ? Il décrit aussi le sadisme institutionnalisé des structures d'aide d'urgence : par exemple, mettre à la porte tôt le matin les gens qui ont été hébergés, et à recommencer pour le soir même la recherche. etc.. etc..
Je lis ceci aussi : "Les hébergements d'urgence, destinés à ces populations, sont des hébergements d'urgence et, s'ils sont inconfortables, c'est sauvegarder une vertu essentielle, c'est de provoquer la réaction de survie, de dignité, de l'individu et de l'amener à en sortir." C'est aussi le raisonnement que tiennent les petits fonctionnaires de l'ANPE : on ne compte plus les chômeurs accablés d'avantage par des gens nantis d'un boulot et bien confortables dans leur bureau qui les regarde de haut, leur font la morale, les menacent et leur font sentir bien du mépris, sous prétexte de leur provoquer "sursaut" qui n'arrivera jamais par cette méthode bien entendu, puisqu'il s'agit seulement d'un alibi pour faire sentir la "connerie" et la méchanceté gratis sur celui estimé plus faible que soi. Détestable !
Je termine par une autre citation "Les "assoces" gauchistes qui font profession d'aider la terre entière ont cessé d'habiter le monde rationnel pour devenir des sectes religieuses, mues par une idéologie absurde et nocive. Elles cherchent davantage à justifier leur propre existence et à célébrer leur propre culte qu'à secourir les gens qu'elles prétendent aider. " C'est pour dire que je suis bien d'accord avec celui qui a écrit cela.
Merci à toutes les bonnes volontés, mais quand elles se transforment seulement en vœux pieux dégoulinants qui attendent des merci, bonjour les dégâts !
Perso, les bonnes consciences des bonnes âmes des bons bourgeois, ça m'ennuie beaucoup pour ne pas le dire en plus mal-poli. Quand on veut que les choses changent un peu, on retrousse ses manches et on se met au boulot pour de vrai. Pas besoin de pérorer à l'infini, ni de publicité.
Rédigé par : Nathalie | 29 novembre 2008 à 17:38
Face aux graves problèmes de l'exclusion et de la pauvreté, il y a vraiment de la place pour tous, les associations qui travaillent pour le court et le moyen terme, les pouvoirs publics qui sont plutôt dans le moyen et le long terme, les citoyens qui votent pour telle ou telle politique et peuvent parfois se fendre d'un sourire ou d'un mot envers un SDF.
Il n'y a pas de place par contre pour les donneurs de leçon et ceux qui profitent de l'exposition médiatique.
Mais connaissant bien des personnes en contact avec des SDF, je sais qu'il faut une infinie patience et beaucoup de persévérance pour essayer de remettre en selle une personne désocialisée. Et donc chapeau à ceux-là.
Rédigé par : Polochon | 29 novembre 2008 à 16:09
@Laurent Dingli,
Votre approche est pleine d'intelligence.
Rédigé par : daniel ciccia | 29 novembre 2008 à 16:05
Billy Tallec,
Je ne sais pas s'il faut rire lorsque vous suggérez qu'il y a des clandestins (j'imagine que c'est de cela dont vous parlez lorsque vous écrivez « sans papiers ») SDF.
La gauche des « parrainages républicains » aurait-elle menti en dressant une vision idyllique de l'immigration clandestine où il semblait que le seul problème venait de la loi trop restrictive ? Ou faut-il importer tous les SDF de la planète sans même commencer à s'occuper de ceux qu'on a déjà ?
Et je trouve de très mauvais goût -très marketing- le lien vers votre CV. Mais j'aurai au moins appris que désormais on « intègre le DEA de sciences-po », moi qui croyais naïvement qu'on réalisait un DEA - c'est-à-dire un travail de recherche personnel et non pas une mondanité d'élite sociale énarchisante.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 29 novembre 2008 à 14:49
@Aïssa Lacheb-Boukachache
«ces casernes seraient, oui, les bienvenues pour en faire de petits studios peu chers voire gratuits dans l'urgence, tant pour les chômeurs et travailleurs pauvres sans logis que pour les étudiants dont les galères vont pareillement du pire au pire... Mais on retombe sur notre première interrogation (fondamentale, à mon sens, la clef et la source de tout ce problème): comment seront-ils (ces nouveaux hébergements des ex locaux militaires) gérés? »
Voici comment ça se passe à METZ avec les anciennes casernes BRIDOUX:
http://www.univ-metz.fr/presentation/plans/bridoux.html
qui ont permis d'augmenter la capacité d'accueil du premier site de l'université à savoir celui-ci :
http://www.univ-metz.fr/presentation/plans/saulcy.html
ainsi que du second site d'implantation à savoir celui-là :
http://www.univ-metz.fr/presentation/plans/technopole.html
Rédigé par : Catherine JACOB | 29 novembre 2008 à 13:52
@PB
"On n'est pas loin du débat sur la prison."
mais nous y sommes en plein...
figurez-vous que j'ai rencontré en détention des SDF qui préféraient se retrouver en détention pour des larcins commis exprès, pour pouvoir passer l'hiver au chaud et même un qui m'a dit "là au moins on fait attention à moi".
C'est le coeur du débat...
L'être humain replacé au centre, non pas du débat sur les conséquences de l'incarcération et de l'exclusion sociale, mais de l'action préventive. Comment éviter que l'autre (je n'ose pas dire "mon prochain") fasse un jour à cause de sa condition d'exclu l'objet d'un article sur un blog bilgérien.
Mais ça c'est un autre débat, que la République laïque ne sait pas tenir, ne peut pas tenir car elle n'en a pas les moyens, ce qui est gratuit est trop cher pour elle.
Que le législateur ne peut prendre en compte car cette loi qu'il faudrait prendre ne s'écrit pas sur le JO mais dans les coeurs.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 29 novembre 2008 à 13:36
@ Aïssa Lacheb-Boukachache
Vous avez une vision très simpliste des choses. En résumé, cela tourne autour du thème que vous ressassez : les politiques ne font rien pour lutter contre la misère qui génère forcément la violence et le crime. Vous ne vous rendez pas compte que, par cette logique rigide, et par ces amalgames surprenants, vous ne faites en réalité que criminaliser la misère, sinon justifier la violence qu'elle génère selon vous immanquablement.
Vous comparez curieusement les attaques terroristes de Bombay avec la situation des sans abris en France. L'amalgame n'apporte rien et ne constitue pas une explication. Il devient même en l'occurrence une négation de la complexité du réel et appauvrit le débat d'idées.
Enfin, plutôt que d'insulter Eric Zemmour, expliquez-nous vos points de désaccord de manière argumentée et cela nous intéressera certainement davantage.
Pour en revenir au billet de Philippe Bilger. Je suis plus que sceptique quant à la nécessité de contraindre les sans abris. Mais avant tout, j'aimerais que certains cessent de penser que la gestion de ce drame humain puisse se faire de manière simple : enfermer (temporairement) ou ne pas enfermer, construire des logements ou ne pas en construire, etc. Certains intervenants nous ont rappelé qu'il n'y avait pas de solutions miracles et que certaines réformes, en apparence très positives, pouvaient avoir des effets pervers. Le travail du politique, qu'il soit de droite ou de gauche, est éminemment difficile, et il serait injuste de le limiter à de la mauvaise volonté. Je suis loin de vouer une admiration sans bornes à Madame Boutin, mais je ne dirai pas qu'elle ne tente rien, qu'elle ne fait rien pour améliorer la situation.
La dénonciation pure, le discours, la déclamation peuvent facilement se cantonner à des positions simples, pour ne pas dire simplistes. Il en va tout autrement de l'action qui se trouve rapidement confrontée à la complexité du réel.
Parmi les sans abris, il existe toutes sortes de personnalités et d'histoires individuelles. Certains sont alcooliques, d'autres ne le sont pas ; certains sont violents, d'autres non ; les uns souffrent d'une pathologie mentale ; les autres en sont exempts.
Des logements individuels ? L'idée sans doute est bonne avec les réserves mentionnées plus haut ? Mais où ? Dans certaines grandes villes par exemple, comme Paris, des SDF se sont créés une véritable sociabilité de quartier et il est difficile de les en priver. Faudra-t-il les parquer dans des casernes comme le suggèrent certains ? Pratiquement, l'idée semble difficilement applicable, sans parler du risque de "ghettoïsation" qu'elle sous-tend.
Poursuivons dans la voie engagée par les associations et les pouvoirs publics, en continuant de parler, de proposer soins, nourriture, logements et réinsertion quand cela est possible. Pour les cas de SDF psychotiques, les choses sont encore plus difficiles à gérer. Que faire quand un malade ne veut pas se soigner ? On peut l'obliger un temps, mais après ? Dans certains cas, la contrainte mêlée de beaucoup de persuasion est peut-être nécessaire. C'est aussi rendre service à un psychotique que de l'aider à sortir de son délire qui l'isole du monde et le détruit lui-même, mais cela ne se fait pas en claquant des doigts.
Pour les travailleurs pauvres qui ont glissé lentement et inexorablement dans la déchéance (les difficultés sociales étant souvent aggravées par la fragilité psychologique qui en est la conséquence ou l'origine), c'est un encadrement pluridisciplinaire que l'Etat et les ONG doivent mettre chaque jour en place avec des équipes spécialisées (bien des choses existent déjà et doivent être affinées et amplifiées). Il faut en outre lutter contre ce déclassement à la source, déclassement dont les prodromes sont eux aussi très divers : surendettement, violence conjugale, chômage de longue durée, perte de confiance en soi, etc.
Enfin, il est aussi nécessaire d'améliorer les centres d'accueil où ces hommes et ces femmes pourront emmener leur chien.
En bref, que demandent ces gens ? qu'on ne leur vole pas le peu qu'ils possèdent lorsqu'ils couchent dans un centre d'hébergement, qu'on ne les violente pas et, enfin, s'ils ont un compagnon, qu'ils n'aient pas à s'en séparer, ce qui est la moindre des choses. Vous savez sans doute que Réha Hutin et la Fondation 30 millions d'amis ont mis depuis longtemps une péniche à la disposition des SDF et de leurs animaux. Ce sont des mesures concrètes de ce genre qu'il faudrait développer et peut-être améliorer, tout en continuant de traiter les questions de fond.
Rédigé par : Laurent Dingli | 29 novembre 2008 à 12:08
Demain, le septième ?
Nous attendons donc le septième, puis le huitième, puis le neuvième, puis .....
Nous nous scandaliserons de l'inefficacité d'un gouvernement qui va bientôt laisser mourir le dixième
Une mesure interviendra
Le onzième mourra dans l'indifférence
Et plus personne ne comptera.
Ils continueront à mourir de maladie , d'alcool , de froid, de la violence mais personne ne comptera.
10, 20, 30 ils mourront comme le reste de la société, un peu plus bien sur mais personne ne comptera.
Puis vers l'automne nous compterons: le premier , le deuxième........
Demain, le septième ?.....
Rédigé par : Philippe D | 29 novembre 2008 à 09:52
@ Aïssa
On peut douter que vous soyez allé en Inde.
Je vous conseille d'y aller voir.
Amicalement
Rédigé par : mike | 29 novembre 2008 à 09:00
Bonjour,
POURQUOI LES « F » aux « SD » ? Notre vocabulaire est-il si pauvre pour ne pas trouver le contraire de FIXE, ou est-ce une supercherie qui consiste à confondre le comble de la misère avec le comble de la richesse, afin d’éluder une question de droit ? Il est donc urgent de retirer cet « F » afin que la vraie question soit posée.
En écoutant les infos hier, il m’a semblé que les médias ont retiré le mot suicide associé aux attentats. Je les remercie si ce n’est pas un fantasme. (depuis le temps que j'en rêve !)
Je les invite donc à ne plus jamais parler de S.D.F. mais de S.D. tout court et que la vraie question soit posée quel que soit le temps et la saison.
Au sujet des "bonnes intentions", je pense à Maurice Papon qui avait dit avoir envoyé les enfants aux camps afin de leur éviter la douloureuse séparation d'avec leur parents.
Mais cela bien sûr n'a aucun rapport, et ce n'est qu'une pure association LIBRE comme on dit.
J'y ajoute "arsenic et vieilles dentelles".
Au sujet de la qualité de votre billet je m'associe comme toujours à l'appréciation de Daniel Ciccia qui sait si bien dire les choses.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 29 novembre 2008 à 08:25
Cela fait une cinquantaine d'années que l'Abbé Pierre a lancé son cri d'alarme, une trentaine que Coluche a créé les Restos du coeur. Qu'a fait l'Etat au profit de ces deshérités ? Rien, nada...
L'Etat consent à dépenser 500 millions d'euros par an pour expulser des immigrés en situation irrégulière, met sur pied des plans de plusieurs dizaines de milliards pour sauver les Banques, mais pour les SDF ? Rien, nada...
La Justice condamne le DAL pour avoir "embarrassé" la rue de la Banque (!) d'"objets" (en fait des tentes abritant des sans-abris)... Là, on touche le fond !
En fait, ce qui gêne les bien-pensants, ce n'est pas la misère des sans-abris, c'est de les voir mourir dans la rue ou dans les bois. Leur conscience en est toute chavirée !
Vous remarquerez que ces miséreux ne réclament rien, individuellement. Ils savent qu'ils vont mourir dans l'indifférence des autres. Ce n'est pas seulement d'un toit dont ils ont besoin, c'est avant tout d'un peu de chaleur humaine, que notre Société égoïste est incapable de leur donner.
Il n'y a pas si longtemps, les "riches" avaient "leurs pauvres", ils pratiquaient la "charité". Aujourd'hui, on ne veut plus voir la misère, ça gâche le paysage.
Vous-même, Monsieur Bilger, n'y échappez pas... Vous comptez les morts.
Rédigé par : chevalier | 29 novembre 2008 à 07:31
Pour le dire en peu de mots (désolé pour l'esprit de l'escalier): si l'on écoutait les professionnels de la profession (ONG diverses et variées, SOS machin, etc), il ne faudrait surtout pas emmener de force les SDF au chaud avant que le socialisme ne règne sur terre.
Car si on le faisait, il y aurait une bonne excuse pour ne pas instaurer le socialisme.
Le fait que le socialisme, tel que le rêvent ses propagandistes, n'a jamais existé et n'existera jamais n'est ici qu'un léger détail. Il en faudrait beaucoup plus pour bousculer les certitudes des bien-pensistes.
En somme, les gauchistes tiennent à tuer quelques SDF chaque hiver.
Cela leur assure, en effet, et des passages réguliers à la télévision, et le renouvellement annuel, par l'Etat, des subventions aux associations qui les emploient à plein temps, et le confort moral d'être, leur vie durant, du côté du Bien.
Je commencerai à écouter les thuriféraires des "solutions de fond" quand ils militeront: 1) en faveur de l'internement obligatoire en hôpital psychiatrique (de nombreux SDF n'ont pas de problèmes de logement, mais sont des malades mentaux laissés dans la nature, en vertu de l'idéologie soixante-huitarde voulant qu'enfermer les fous soit fasciste, et que ce soient les non-fous qui soient fous); 2) en faveur de la libéralisation totale de la construction de logements, de la suppression des lois protégeant abusivement les locataires, et de la baisse radicale du nombre des HLM, qui sont les trois facteurs à l'origine de la pénurie de logements que connaît la France, de façon presque ininterrompue depuis... 1918. (Voir le remarquable ouvrage "Logement: crise publique, remèdes privés", de Vincent Bénard.)
Une fois qu'on en sera là, on reparlera du "scandale des SDF qui revient chaque hiver alors qu'on [les gauchistes] connaît très bien les solutions pour y remédier".
Bizarrement, la gauche, qui connaît tout sur tout et a la solution à tout, n'a pas été en mesure de régler ce "douloureux problème" une fois pour toutes pendant le long règne de Saint François le Second.
Mais ce n'est pas cela qui va l'engager à plus de modestie.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 29 novembre 2008 à 03:22
Le bon sens oublié.
Quand un pompier a affaire, dans un immeuble en feu, à un homme qui refuse de faire ce qu'on lui dit pour se sauver, le laisse-t-il mourir, au prétexte de préserver sa dignité et sa liberté? Non, bien sûr. Il l'emmène de force.
Les "assoces" gauchistes qui font profession d'aider la terre entière ont cessé d'habiter le monde rationnel pour devenir des sectes religieuses, mues par une idéologie absurde et nocive. Elles cherchent davantage à justifier leur propre existence et à célébrer leur propre culte qu'à secourir les gens qu'elles prétendent aider.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 29 novembre 2008 à 02:52
Eric Zemmour, éditorialiste au Figaro (j'ai longtemps pensé le Figaro plus rigoureux et sérieux dans ses choix de journalistes) et "machin-truc-pitre" chez Ruquier, fait des siennes en ce moment, il s'agite, fait des moulinets publics avec ses petits bras ... Il nous sort l'antienne vérolée des races (lui, dit-il, fait partie de la race blanche, rien que ça, et vous de la race noire, surenchérit-il à un autre, dis donc! moi certainement de la race grise, attendons qu'il le dise, nous le croirons ...); qu'a-t-il comme livre ou publicité quelconque à vendre en ce moment pour gesticuler ainsi? Dans le fond, cela m'amuse ... Oui car, finalement, que fait-il? Il nous donne la preuve à tous -si besoin était encore- que les Juifs (race et blanche, selon Zemmour) sont comme tous les autres, tout le monde; eux aussi ont leurs crétins patentés. C'est plutôt rassurant, et à ceux, naïfs et influençables, qui verraient des Juifs partout comploteurs et pervers, qu'ils regardent un petit moment Eric Zemmour, ils verront s'effondrer aussitôt leur malsain préjugé ... Merci mille fois, Eric, merci d'être aussi con.
Mon cher PB, relisant votre billet en même temps que je voyais à la télé les images de ces tueries de Bombay, je n'ai pu m'empêcher d'associer singulièrement les deux pour écrire autrement son titre. J'ai pensé, brutalement, spontanément: LAISSER TUER DANS LES REGLES. Hier ailleurs, aujourd'hui en Inde, demain chez nous, je n'en doute pas une seconde. La misère et le non-vouloir politique y remédier concrètement poussera certains à ces extrémités. Ils seront de chez nous, ceux-là, de la race blanche, comme dit Zemmour, on ne peut plus blanche ... Et je doute que même alors on voudra y remédier encore. On dira, comme à Bombay, comme à l'accoutumée, qu'il s'agit de terroristes militarisés hyper organisés, idéologisés, des Al-Qaïda quelconques, quand il ne s'agit que de crèves-la-faim désespérés comme il s'en trouve un milliard en Inde; toutes les richesses étant accaparées par quelques-uns ... Oui, le LAISSER TUER crée par des irresponsables politiques, financiers, économiques ... Surtout par la passivité politique. Raymond Barre a eu cette phrase peu de temps avant de mourir, c'était chez FOG je crois: "Le politique ne décide pas, il a peur de décider ...". Tout est là.
Bonne nuit.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 28 novembre 2008 à 23:06
Comme vous y allez !
Oui, nous ne devons pas nous dissimuler derrière d'hypocrites scrupules. Il n'est pas plus imaginable de laisser mourir un SDF sous prétexte qu'il doit rester libre de refuser un hébergement qu'il n'est acceptable de laisser mutiler sexuellement des jeunes filles au nom d'une tradition sous prétexte de relativisme culturel.
Non, la seule dictature de l'urgence ne s'impose pas.
Les solutions existent pour peu :
1) qu'on n'attende pas l'hiver pour les proposer,
2) qu'on utilise les moyens à notre disposition en réquisitionnant les logements vacants.
Rédigé par : Zomac | 28 novembre 2008 à 22:48
Et pour les alpinistes qui dévissent ? Et pour les skieurs hors pistes confrontés au risque permanent de mort violente par avalanche ? Et pour les marins du Vendée Globe à la merci de la première déferlante venue ? Faut-il également prendre des mesures contraignantes pour les soustraire au risque de mort ni certain ni même probable, mais au moins aussi réel que celui de dormir dans le bois de Vincennes par trois degrés au-dessous de zéro ? Non ! Car ceux-là sont " intégrés ", actifs, ils participent au jeu social et nous font nous-mêmes participer par émotion interposée (allez, Philippe, entre la critique de l'exposition Soutine et l'éloge d'Isabelle Huppert, un petit billet sur la bravoure en mer !), et donc, ont acquis le droit de tutoyer la mort et de flirter avec elle. Ils peuvent même sans crainte l'épouser pour de bon : reconnaissance - et donc, réussite - sociale à perpétuité garantie!
Mais les pauvres ? Non ! Ils doivent se soumettre. Leur liberté ? Chansons ! Elle ne nous apporte rien, sauf aux niais, à Margot pleurant dans sa chaumière et aux " belles âmes " comme dirait l'inénarable Rioufol du Figaro. Aucune utilité sociale ! Inutile de sponsoriser la baraque à Fredo dans le bois de Vincennes, ça ne fait pas vibrer les foules. Alors que les monocoques Crédit Agricole ou Fleury Michon...
Vous ne m'ôterez pas de l'idée, Philippe, qu'il y a malgré tout un petit parfum de punition sociale dans cette histoire
Cordialement.
Mika
Rédigé par : Mika | 28 novembre 2008 à 21:35
En tant que donneur de leçon sociale je me permets, malgré ma compétence en la matière et mon expérience qui -visiblement- me rendent illégitime à aborder le sujet, de tout de même marquer le coup en vous répondant.
D'abord, je me navre que la rhétorique sarkozienne fasse des ravages jusqu'ici. Car non, Monsieur Bilger, la question ne se pose pas de façon si simpliste que "laisser mourir libre ou sauver grâce aux chaînes".
Ne succombez pas à ces effets de style faciles mais sans pertinence. Le monde de la "grande exclusion", les moyens pour y répondre et la chronologie de ces drames sont malheureusement complexes. Par exemple vous motivez cette posture par l'urgence. Eh bien non. Il n'y a pas plus urgence par 0° que par 5 ou 10... Certaines personnes mourront sous le soleil... D'autres supporteront des froids bien plus forts que ceux subis en ce moment. Ce n'est parce que les gens "bien comme il faut" mettent leur écharpe que les problèmes sociaux sont radicalement différents.
Et quelle réponse?
Savez-vous qu'une règle s'est toujours vérifiée, c'est qu'une augmentation de l'offre sociale va accroître la demande sociale? Paris concentre la plupart des dispositifs d'hébergement. Et chaque année la pénurie augmente...
On ne peut donc accuser la collectivité - à Paris en tout cas - d'indifférence chronique ou de ne pas "en faire assez".
Que dire par ailleurs des problèmes psy d'une part croissante des exclus? Ne pensez-vous pas que certains de ceux qui se "cachent" ainsi à la périphérie de Paris recherchent la solitude, à tout prix? Ce n'est pas une raison pour les laisser tomber, je suis le 1er à la dire, mais pourquoi seulement quand il fait froid? Et les rassembler, de force risque, là aussi, de provoquer quelques drames.
Et pratiquement, voulez-vous que la Gendarmerie organise des battues dans les bois pour "ramasser" tous ceux qu'elle croise? Que faire si la personne, arbitrairement arrêtée, et pour moi ce n'est pas rien, se révolte? Un SDF, même potentiellement en danger à moins de droits qu'un justiciable? Si on vous mettait de force dans un fourgon pour vous faire dormir contre votre gré au milieu de personnes que vous fuyez, comment le prendriez-vous? Est-ce à ce moment là que commenceriez à apprécier la société et à tenter d'y reprendre pied? Quel respect auriez-vous pour les gens qui vous auraient fait cela? Quelle confiance leur accorderiez-vous ensuite? Quid en cas de "bavure"? Et les sans papiers, vous croyez qu'ils vont attendre qu'on vienne ainsi les cueillir?
Les SDF ne meurent pas uniquement à cause du froid, et ils n'attendent pas de nous qu'on les force à sauver temporairement une existence qui commence déjà à les lâcher.
Ils méritent mieux que de passer de l'indifférence ou du mépris à la plus paternaliste des commisérations aussi vite qu'un thermomètre chute ou... grimpe...
Alors Monsieur Bilger, en tant que défenseur de la solidarité entre tous et citoyen très à cheval sur le principe des libertés individuelles, je me sens offensé par vos critiques adressées aux contempteurs de cette proposition ministérielle. Pourtant je vous respecte, c'est peu de le dire.
J'avais également fait un billet suite à ces propositions, j'en tire des enseignements radicalement différents: http://billy-tallec.typepad.fr/leblogpolitiquedebilly/2008/11/destruction-de-valeur-humaine.html
Rédigé par : B | 28 novembre 2008 à 20:24
C'est très compliqué d'"offrir" du logement à quelqu'un, parce que cela renvoie à beaucoup de notions :
- population d'assistés
- bonne conscience
-etc...
et qu'on se demande toujours de quel "niveau" doit être le dit logement ( miteux c'est bien assez, trop c'est luxueux ... )
Le mieux est qu'il puisse se le payer. Mais pour cela il faut de l'argent, et l'argent il n'y a pas de meilleure solution que de l'acquérir par le travail.
Seulement depuis 2 ou 3 décennies, s'est institué dans l'esprit des politiques qu'un taux de chômage tampon de pas loin de 10% est une bonne chose.
Cette idéologie a créé 2 populations dont on se passerait ( sociétalement parlant ):
1/ les financièrement arrogants aux manettes de l'économie,
2/ les écartés du circuit économique, qui peuplent rue et sous-bois.
La plupart des mesures qui sont prises n'agissent pas sur la disparition de ces 2 extrêmes mais ne font que renforcer le phénomène.
Rédigé par : Madame de F. | 28 novembre 2008 à 19:38
Ecoutant l'autre jour Augustin Legrand, chez Taddéi, je l'ai entendu heureusement qui citait ce fait que les SDF meurent davantage l'été que l'hiver, chose qu'en tant que soignant je ne sais que trop, mais chose qui n'est pas médiatisée souvent voire jamais. Comme si, mettons, ce serait plus supportable au soleil, tel que le dit la chanson ... Le saviez-vous, cher PB? Non, je suppose, comme tant de nos concitoyens. C'est que l'hiver, les grands froids, etc., renverraient brutalement et de façon terrifiée dans l'inconscient collectif à des périodes obscures, ce long Moyen Age glacial, quand l'électricité et le chauffage central n'existaient pas ... Mourir aujourd'hui la rue l'été ou le bois, ce serait presque mourir normal, en tout cas supportable, séant, civilisé car toutes choses seraient plus douces au printemps, l'été ... Puis c'est les vacances, les journées sont belles et longues, les esprits sont ailleurs que devant le poste de télévision ou le soir la lecture du quotidien du soir ... Auriez-vous commis ce billet en plein mois d'août, qu'on vous traiterait d'iconoclaste ... C'est ainsi.
Puis, il y a ces fameux centres d'hébergement d'urgence où ils sont de plus en plus nombreux à ne vouloir s'y rendre, même par gel à pierre fendre. Il faudrait aussi se demander pourquoi. Pourquoi préférer le pire à cela ? C'est inquiétant, tout de même. Que se passe-t-il dans ces centres? comment sont-ils gérés? quel règlement singulier y prévaut? Etc. Sont-ce des souricières "caritatives"? Autant d'interrogations légitimes, en regard de cet état de fait et ces constations, qui appellent des réponses claires et justifiées de ces responsables. Régulièrement, les hivers douloureux, il y a de ces nombreux SDF qui s'arrangent pour commettre un petit délit, fractures de vitres ou autres bris de voitures, pour se faire arrêter et incarcérer. Au juge qui les comprend puisqu'il abonde toujours ou presque dans leur sens, ils arguent qu'ils ne souhaitent que de passer le froid au chaud, bref trois quatre mois, soupe garantie, peut-être même un petit travail en détention pour mettre un peu de monnaie de côté ... Que se passe-t-il dans ces centres d'accueil d'urgence, qu'on leur préfère parfois même la prison? Sont-ils pires que des prisons?!
J.D.Reffait cite à bon escient ces nombreuses casernes désaffectées, sauf qu'il en propose faire des prisons. Moi, en l'espèce, je propose moins de prisons et plus d'éducation, d'emploi et de dignité dans l'emploi, de respect et de droit pour les plus démunis, les plus vulnérables, mais c'est un autre débat. Cependant, ces casernes seraient, oui, les bienvenues pour en faire de petits studios peu chers voire gratuits dans l'urgence, tant pour les chômeurs et travailleurs pauvres sans logis que pour les étudiants dont les galères vont pareillement du pire au pire ... Mais on retombe sur notre première interrogation (fondamentale, à mon sens, la clef et la source de tout ce problème): comment seront-ils (ces nouveaux hébergements des ex locaux militaires) gérés? De la même façon qui fait déjà fuir et reculer ceux-là qui y seraient invités à s'abriter puis s'y loger?...
Puis l'hypocrisie, encore et toujours ... On sait bien que notre système sanitaire ne joue plus son rôle et que l'on trouve de plus en plus de malades mentaux voire très grands schizophrènes, à la rue, jetés, pour des raisons économiques, de rentabilité financières sanitaire, de tous les lieux de soins qui devraient, comme c'est leur raison fondamentale d'être, les accueillir pour les y prendre globalement -et sur le long terme- en charge. Ces personnes, dans leur immense majorité, ne sont pas, loin s'en faut, des tueurs ou autres monstres comme deux ou trois faits divers dramatiques récents le donneraient à croire. Elles sont surtout les premières victimes et les plus vulnérables ... A la rue, c'est perdu pour elles, définitivement perdu, et tous les services publics sociaux et sanitaires dignes de ce nom le savent, qui le dénoncent souvent, comme encore dernièrement le docteur Zagury ...
Alors, les indignations prétendues mais ostentatoires, qui nous font plus honte que si on se taisait pudiquement et laissait faire la nature puisque c'est à la nature que notre société les renvoie pour qu'ils y meurt cachés et en silence ... Puisque nous avons et les moyens financiers de faire (la preuve: le renflouement des banques n'a causé aucun souci de budget à l'Etat) et les hommes et femmes pour le faire (tous les docteurs et autres soignants et intervenants sociaux qu'on pourrait fièrement nommer les Zagury) et les idées et dispositifs connus et éprouvés de longtemps, mais que l'on ne veut pas faire, ou plus exactement pas laisser faire ni donner les moyens de faire ...
Un rapport vient de choir sur le bureau de la ministre de la Justice, qui propose, sans rire, la responsabilisation pénale des enfants de 12 ans et même un dispositif judiciaire répressif particulier adapté aux moins de 12 ans ... Voila nos idées, notre civilisation, ce que nous voulons puisque a priori il n'y a pas de protestation civique et sociale majeure, plus que cela, encore moins d'opposition politique.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 28 novembre 2008 à 19:25