La cour d'assises de Paris a rendu, dans la nuit du 14 au 15 décembre, son verdict dans l'affaire Ferrara et autres, dont Me Achoui. Il faut se retenir, garder son calme de magistrat et de blogueur devant certains propos d'avocats. Me Francis Szpiner ose dire, complaisamment repris (Le Figaro, Le Monde, le site du Nouvel Observateur notamment), "qu'en France il ne faut être ni avocat ni arabe, on s'en sort mieux". Pas la moindre réaction, pas le plus petit début de réplique. A croire que la justice aime se faire insulter. Ce n'est évidemment pas du bâtonnier que viendra une quelconque semonce puisqu'il a évoqué le sort de Me Achoui, en se plaignant "d'un climat de défiance" durant les débats et en souhaitant sa remise en liberté avant le procès en appel. Solidarité massive, corporatisme dévastateur : heureusement que les magistrats n'ont pas cette même attitude lorsque l'un des leurs se fait condamner. Mais j'oubliais : pour les avocats, l'avocat est TOUJOURS présumé innocent.
Quel dommage de devoir quitter un tel sujet parce qu'il y aurait trop à dire et que la polémique m'excite trop : donc il convient que je m'en préserve.
Je vais donner de l'importance à de l'insignifiance mais lisant le Parisien j'ai bondi devant la déclaration du rappeur Rohff, bénéficiant d'un article très favorable et soutenant froidement - et c'est en titre - que "les rappeurs écrivent mieux que Molière".
Qu'on écoute de telles âneries, qu'on les laisse passer et qu'on les publie me dépasse. Je sais bien que celles-ci ne font que démontrer l'abaissement de tout, le mélange de la culture avec un genre musical particulier qu'on a le droit d'aimer mais qui "jure" avec le génie de Molière. Bien plus tard, lorsque des historiens de la vie quotidienne se pencheront sur notre société et qu'ils chercheront les traces de ce qu'elle était, nul doute que le rappeur Rohff, dont l'opinion aura été archivée, fournira une clé pour comprendre son esprit et évaluer son degré de maturité.
Parmi mes commentateurs, quelques-uns me reprocheront d'avoir une vision étriquée et me blâmeront de ne pas savoir mesurer à sa juste valeur la modernité de Molière dont le talent était seulement d'avoir préparé le terrain pour les rappeurs.
Le mot de Me Szpiner. Les mots de Rohff. Je n'apprécie ni le premier ni les seconds.
On se moque, on fait de l'esprit ici et là on profère une absurdité. C'est affligeant. Cela me choque. J'ai tort ? Je suis conservateur ? Oui. Et alors !
Que pensez-vous de cette information ?
"Le procureur de Nancy convoque les parquetiers, vendredi 9 janvier, pour avoir applaudi un discours de la présidente du Tribunal de grande instance portant sur l'indépendance de la justice. Les parquetiers seront également convoqués lundi par le procureur général, selon une source syndicale."
Mais peut-être ai-je l'esprit mal tourné et sont-ils convoqués pour n'avoir pas applaudi assez fort ?
Rédigé par : Nemosus | 09 janvier 2009 à 10:55
Un petit correctif à mon commentaire du 16 décembre : il ne s'agit pas de "Fersen", mais de Yann Tiersen, le compositeur de la BO d'Amélie Poulain et de Goodbye Lénine, que l'on nomme sans rire le Mozart du XXIème siècle... No comment.
Rédigé par : Laurent Dingli | 04 janvier 2009 à 11:41
Le rappeur Rohff cite Molière, soit, mais sait-il qui était Molière et ce qu'il a écrit du haut de son jugement péremptoire ?
Cela m'étonnerait, il n'a pas vraiment la "tête" d'un premier de la classe... Sait-il lire et écrire déjà pour commencer ce monsieur ? J'ai entendu dire que l'illettrisme - mon correcteur orthographique me propose aussi le mot "égocentrisme" pourquoi pas ? - était en constante progression ces dernières années.
Léo, Léo, haa oui, à une époque j'aimais beaucoup écouter, mais si je reconnais que c'était un grand poète, c'est vrai aussi que ses chansons sont souvent tristes, et parfois ennuyeuses. Pardon pour ceux qui le trouvent guilleret. A écouter, mais pas trop sinon on attrape le bourdon. Avec le temps.............. ou "les partisans" revisités par Léo.
Rédigé par : Nathalie | 27 décembre 2008 à 18:58
"Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cour vous rendront noir ou blanc"
Cette citation de Jean de la Fontaine est plus que jamais d'actualité.
Que peut faire un simple justiciable quand ses droits ont été bafoués ?
Rédigé par : Aouassi Nadia | 22 décembre 2008 à 19:46
@ Yem
Tout d'abord, on ne tutoie pas Monsieur Bilger, même s'il se trompe, à 15 ans. Surtout à 15 ans. Avec moi, ça serait une (double) claque pour commencer. A l'ancienne. Histoire d'apprendre la Vie, la vraie. Mais celle-ci se chargera bien de VOUS rattraper, Génération perdue... J'espère que jusqu'ici, vous comprenez bien tout ce que j'écris. Rien n'est moins sûr.
Ensuite, quiconque, je dis bien quiconque, n'a pas connu le grand Ferré, Léo pour les incultes, n'a aucune idée de ce qu'est la chanson parlée et revendicative. Les rappeurs n'ont rien inventé. Et Léo est mort il y a plus de quinze ans. Vous avez bien tout compris ?
Sur ce, je me remets le cigare en bouche et continue mon Cognac nocturne en vous souhaitant toute la réussite que vous méritez. Sur ce point, je suis serein.
Rédigé par : christianL | 21 décembre 2008 à 09:59
[...]J'ai tort ? Je suis conservateur ? Oui. Et alors ![...]
Et alors ? J'ai 15 ans, toi 65 !
Rédigé par : Yem | 20 décembre 2008 à 14:04
""les rappeurs écrivent mieux que Molière"."
Ce serait amusant d'assister à la réaction de Fabrice (né Robert) Luchini prenant connaissance de cette appréciation.
Rédigé par : Catherine JACOB | 19 décembre 2008 à 10:17
Le problème avec Molière c'est qu'il y en a au moins deux : celui des Fourberies ne peut pas être celui du Tartuffe et encore moins celui du Don Juan.
Un rot de Rohff peut valoir une scapinade. Ne dit-on pas que dans les soties un pet bien placé pouvait dérider la salle ?
Pour Don Juan ce sera plus dur ! On peut même dire que c'est... rapé.
Rédigé par : Didier Dufau | 18 décembre 2008 à 10:52
@ Aïssa et LABOCA
"Merci LABOCA et merci J.D.Reffait pour vos interventions pleines de bon sens, autrement argumentées, notamment celle de LABOCA qui se trouvait, lui, sur les lieux de ce procès honteux. J'ai cru être seul face à tant de béni oui oui ..."
Là, c'est Aïssa qui parle dans le blog de Philippe en s'adressant à Nicolas le 16-12.
Ben justement !
Puisque Laboca est notre témoin du procès Ferrara, mon idée est très simplement de lui demander quelle était l'argumentation de l'accusation concernant Maître Achoui.
Je ne demande pas à notre témoin de nous dire si cette accusation était convaincante ou pas, mais juste de nous en fournir les principales articulations et les éléments que l'avocat général a étayés ou n'a pas étayés.
Visiblement Laboca n'a pas réellement prêté attention à l'exposé de l'accusation.
"en France il ne faut être ni avocat ni arabe, on s'en sort mieux"
Le travail de Maître Szpiner n'était pas de présenter Karim Achoui comme un symbole d'une intégration réussie ou d'un parcours universitaire exemplaire en dépit des difficultés auxquelles Maître Achoui s'est très vraisemblablement heurté.
Le travail de Maître Szpiner était de démonter élément par élément et d'exploser patiemment et sûrement la logique de l'accusation.
Pour que dans le moins, à défaut de pouvoir démontrer l'innocence de son client, le doute finisse par emporter, au final du délibéré exceptionnellement long, la conviction du jury.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 18 décembre 2008 à 10:47
@PB,
Curieux mélange des genres sur ce billet, cela frise la confusion...
Sont-ce les verdicts du procès Ferrara ou les propos du rappeur qui vous perturbent à ce point ?
Le rappeur a au moins le mérite de se montrer tel qu'il est... un rappeur qui rappe pour des fans de rapp. Et le journaliste pour un journaliste au service du patron de son journal.
Alors que c'est pièce de théâtre, mensonge et bras de fer dans un procès où un être humain, au dire de plusieurs commentateurs, est envoyé sept ans en détention uniquement sur une présomption de complicité. Et les autres à des peines, de l'aveu même des parties civiles, trop lourdes.
"Avocat et arabe ?" il me semble que c'est rare d'en voir un en détention sous cette double étiquette, cela l'est moins, beaucoup moins sous une seule étiquette. Devant la justice et la police il vaut mieux ne pas avoir un nom à consonance exotique, car l'affaire est déjà mal présentée.
Qui est plus proche de la réalité des choses, le rappeur ou les magistrats ?
Permettez-moi de tirer mon épingle de ce débat en citant notre penseur national :
"La justice et la vérité sont deux pointes si subtiles, que nos instruments sont trop mousses pour y toucher exactement. S'ils y arrivent, ils en écrasent la pointe et appuient tout autour, plus sur le faux que sur le vrai. Plaisante raison qu'un vent manie, et en tout sens ! "
Pascal - Pensées Section II – 082 "Misère de l'homme sans Dieu"
Cordialement et dubitatif
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 17 décembre 2008 à 22:21
Laboca,
Votre ton semble s'être radouci.
Vous nous narrez maintenant que l'on n'a « pas le droit de casser en tel esprit » en parlant du parcours peut-être difficile de Karim Achoui.
Mais si, cet homme a été condamné en vertu de la loi, du droit.
Vous dites aussi qu'il n'était pas opportun d'évoquer, de rappeler, la profession exercée par cet avocat. Eut-il été magistrat ou policier, auriez-vous tenu le même discours ?
Faut-il que, dès demain, chaque avocat se présentant en maison d'arrêt ou dans un local de garde à vue fasse l'objet d'une fouille de sécurité avec mise à nu ? Si vous répondez par la négative, vous admettrez que l'exercice de la profession d'avocat implique que l'on soit digne de confiance. Et profiter de cette confiance pour permettre une évasion armée, ce n'est pas un fait négligeable.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 17 décembre 2008 à 22:20
Monsieur Bilger j'aime ne pas être de votre avis. C'est pourquoi je viens souvent lire vos billets.
Aujourd'hui je m'interroge. N'êtes-vous pas un peu excessif dans votre critique du rap ? Ne vous est-il pas possible de convenir que parfois, peut-être même le plus souvent, le rap est infiniment supérieur à Molière ?
La question restant pendante est : en quelle langue ?
Pour votre réflexion sur Maître Spizner, je veux bien la lire, mais j'aimerais plutôt que vous soyez en mesure de me montrer en quoi Maître Achaoui a été justement condamné et sur la base de quelles preuves matérielles. Celles que j'ai entendues à la radio ou lues dans la presse laissent une impression désagréable d'approximation, d'interprétation tendancieuse, de raisonnement spécieux.
Pour finir, je trouve que dans votre infinie malignité et intolérance vous laissez publier des pages d'insultes à votre égard, et je le réprouve fortement. Cessez tout de suite ! Mettez un bâillon à vos contradicteurs, que l'on ait au moins le plaisir de se plaindre de l'arbitraire d'un procureur !
Rédigé par : Menelas | 17 décembre 2008 à 22:19
@Laboca
"Je terminerai en demandant aux uns et autres....
On n'a pas le droit de casser un tel esprit."
C'est à mourir de rire. Comment peut-on écrire des choses comme celles-ci sans arrière-pensée, ou alors vous avez une vocation de comique qui s'ignore.
Rédigé par : Surcouf | 17 décembre 2008 à 22:17
Comme son nom me disait quelque chose, j'ai, suivant moi aussi la procédure admise, googlesisé Janine Drai et ainsi consulté son "dossier google". Ainsi, c'est la fille à son papa, dis donc!... Pierre Drai, ex premier président de la Cour de Cassation, rien que ça ... Sera-ce qu'ils font carrière dans la très longue durée, certains magistères ... Ils se reproduisent, comme écrivait avec tant de délicieuse ironie, Pierre Bourdieu. Il ne lui serait pas venue de faire ouvrière ou charcutière, comme tant d'autres qui eurent leur Bac très tôt elles aussi, j'en connais ... Ferrara verra peut-être, dans moult décennies, sa demande de libération conditionnelle examinée par une commission judiciaire où siègera -peut-être- président ou présidente l'arrière arrière petit fils ou petite fille de Janine ... J'en souris; la Justice républicaine aux mains de familles ... C'est Dynastie, le feuilleton ... Pierre Drai, je m'en souviens, c'est lui qui présidait la Cour quand celle-ci me refusait mon recours en cassation. Pris d'une subite inspiration, je lui fis, depuis la prison un long courrier où je lui disais tout le bien que je pensais de son institution. Le greffier en chef de la Cour me répondit laconiquement que la cassation m'ayant été refusée, mon courrier -qu'il nommait conclusions- serait directement archivé sans atteindre à son destinataire. Quel stupide, ce greffier; c'était tout sauf des conclusions. J'avais copié en double cette lettre dont j'avais envoyé le duplicata le jour même à Maître Thierry Lévy que je ne connaissais que par son nom, lui disant simplement, en marge: "Cher Maître, puisque vous êtes un grand avocat, alors voici, lisez ceci". Il l'a lu, je veux, et m'a répondu aussitôt: "Si vous le souhaitez, je remettrai en main propre votre lettre à Pierre Drai ...". J'ai dit que oui, cher Maître, faites, faites donc puisqu'elle lui est destiné ... Court-circuité le greffier en chef cassation; on n'archive pas aussi négligemment une lettre de mézigue, c'est interdit, une faute grave, un crime presque ... L'ancien flic et désormais journaliste à Inter, Eric Yung, me l'a dit une fois en ces termes, presque dépité: "L'inconvénient avec toi, Aïssa, c'est qu'on est obligé de tout lire ...". C'est un bon, Eric Yung; je me referais bien une soirée avec lui à son micro, mais dans le studio fumeur; il fume, je fume, donc on discutera en fumant nos clopes, n'en déplaise ... Mais je m'égare ... Janine Drai plutôt ... Quand on sait les Maîtres Gibault, Maisonneuve, Szpiner et j'en passe, tous avocats de renom, responsables j'ose l'écrire, rigoureux de leur métier, désertant avec ce fracas qu'on a entendu, Janine et sa Cour, n'est-on pas fondé à se dire que soit ils sont tous devenus subitement fous, soit il s'est trouvé une situation -ou des personnes- près lesquelles ils n'ont pas jugé responsable et digne de défendre et plaider? La question vaut. Posons-la. Et disons: que de personnes aux noms à consonance étrangère, dans le box, y compris Ferrara ... Même, quasiment toutes. 17 ans pour une tentative d'évasion qui ne fit pas couler une goutte de sang, c'est beaucoup, c'est plus que la peine qu'on inflige parfois à certains tueurs d'enfant qui tirent dans le tas depuis leur balcon car ces "racailles" font du bruit avec leurs mobylettes en bas du bloc ... Quant au bel Achoui, on en a fait un méchoui, c'est le cas de l'écrire ... J'aime cette idée actuelle de Nicolas Sarkozy d'enjoindre avec fermeté voire d'obliger par la loi les grandes écoles de la République d'intégrer parmi leur future élite 30% de ceux-là qui comme Antonio Ferrara, Hamid Hakkar et les autres n'ont pu y prétendre, absolument rédhibitoirement jamais y prétendre ... Antonio n'est pas un imbécile, on l'a vu ... Que n'aurait-il fait un excellent haut fonctionnaire voire un grand magistrat à la Cour de cassation, un président d'Assises même, un procureur ... Mon cher PB, je vous vois trinquer avec le président Ferrara, vous exclamant ainsi que les avocats dont le grand Maître Aïssa: Enfin nous avons fait intelligente la Justice! Attaquons la prison maintenant ...
Marie, vous êtes géniale quand vous écrivez si bien comme ça!
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 17 décembre 2008 à 22:16
Cher Philippe,
Maître Achoui a commencé une grève de la faim.
Pourquoi est-il en prison ?
Allez-vous, enfin ceux qui vous entourent, le laisser en prison?
Certains ont parlé de meurtre symbolique le concernant.
Je veux comprendre ce qui se passe.
Quand le permis de conduire est retiré à
un chauffeur de taxi, qu'est-ce que cela signifie ?
Relisez la formation du bon juge de M.Michel
DOBKINE. Bonsoir.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 17 décembre 2008 à 22:12
Et oui ! La jeunesse a tendance à remettre en cause les classiques. C'est comme cela qu'on fait avancer 'le monde'...
Oui, Conservateur vous êtes. Mais c'est de votre âge. ;-)
Rédigé par : hortensia | 17 décembre 2008 à 14:49
Je n'ai pas dit, contrairement à ce que prétend Véronique Raffeneau, que le verdict dans l'affaire Ferrara était anti avocat et anti arabe.
J'ai simplement exposé les éléments forts du procès tel qu'il s'est réellement déroulé.
L'avocat général n'était pas obligé dans son réquisitoire d'insister sur la qualité d'avocat de Karim Achoui. La cour savait PARFAITEMENT que Karim Achoui était avocat. L'avocat général était assez intelligent pour comprendre qu'il serait attaqué par la profession d'avocat au cas où il insisterait sur la qualité d'avocat de Karim Achoui. Je rappelle quand même que le bâtonnier de Paris, lors du procès, a dû intervenir plus d'une fois pour calmer les uns et les autres.
Karim Achoui, qu'on le constate ou non, est un arabe ou maghrébin, ce qui est la même chose. Certains penseront que cette qualité a été sans influence sur le verdict de la cour à son égard, cependant que d'autres estimeront le contraire. On peut au moins être d'accord sur le fait qu'un juge, au moment de délibérer sur une affaire, ne perd pas de vue les qualités fortes des personnes à juger : enfant, femme, homme ayant des antécédents judiciaires, handicapé, ami des hommes politiques, algérien, intellectuel extrémiste ; arabe, noir, malien, juif, européen, breton, roumain, personne en recherche d'emploi, pakistanais, etc.
Les hommes chargés d'exercer la loi - pour reprendre une expression chère aux procureurs américains qui l'appliquent également aux avocats - vivent dans une société qui les influence plus ou moins. La déontologie, si elle peut aider à façonner ceux qui doivent la respecter, ne créent pas des hommes nouveaux - semblables au profil conseillé par Jésus à son ami à Nicodème. Sinon on ne verrait pas régulièrement, par exemple, des avocats poursuivis par leurs clients.
Je n'ai pas affirmé que Monsieur l'Avocat général Bilger était insensible à la situation humaine des hommes et femmes contre lesquels il était amené à requérir. J'ai simplement, EN L'ESPECE, déploré l'allure partiale de son billet.
Je terminerai en demandant aux uns et autres de ne pas perdre de vue que Maître Karim Achoui n'a pas eu, en tant qu'avocat, un parcours facile. On ne dit pas assez qu'à sa sortie de l'école des avocats, il éprouva de très nombreuses difficultés avant de trouver un stage de collaboration au sein d'un cabinet d'avocat. Sa volonté de réussir dans la profession qu'il ambitionnait d'embrasser, l'amena à travailler durement. Ce travail lui a permis, enfin, d'être reconnu par bien des plus expérimentés avocats pénalistes parisiens, ce qui n'était pas gagné d'avance, s'agissant d'un garçon n'ayant pas grandi dans une famille de juristes et ne pouvant compter sur des proches détenant le pouvoir politique, économique ou médiatique. Outre des procès devant différents TGI, Maître Achoui a pu ainsi plaider régulièrement devant les deux chambres d'accusation de l'Ile-de-France : Paris et Versailles.
On n'a pas le droit de casser un tel esprit.
Rédigé par : LABOCA | 17 décembre 2008 à 12:41
Salut man !
Moi, c’est Félix, c’est un pseudo, je suis ici incognito !
Je suis orphelin, enfin presque, parce que maintenant j’ai une maison… !
Je sais pas lire, je sais pas écrire alors j’utilise un traducteur vocal ! Tu tapes sur une touche et hop ! c’est parti !
C’est bientôt Noël, alors je voudrais me faire un cadeau et j’ai besoin de toi, il paraît que t’es juge, alors un juge à ce qu’il paraît ça peut tout… ! Il paraît que t’as des grandes oreilles, moi aussi, j’ai des grandes oreilles. Avec, j’écoute.
C’est JDR qui l’a dit ! Il en sait des choses ce JDR… !
Tu as dit aussi que personne n’entend, alors, toi écoute bien : je ne te demande pas un avocat, tu connais l’histoire :
« Qu’est-ce qu’il faut pour être avocat :
« une grande gueule et un doigt !
Pourquoi ?
Une grande gueule : c’est pour dire des conneries, un doigt c’est pour taper les notes d’honoraires ! »…
Ca aussi je l’ai entendu. Mais ça vient pas de Aïssa ! »
Avec mes potes on aimerait bien rencontrer ton « chanteur siffleur » (j’ai entendu parler de canards :-)) qui fait des ravages… Alors des fois qu’il pourrait à moi et mes potes aider à tomber quelques minettes, quelques têtes de piafs…. On aime bien se les faire, nous. On aime bien la bagarre aussi. On griffe, on mord, on joue un peu avec, on en croque parfois… c’est notre sport favori, quoi…. Normal !). Alors tu peux nous aider man ?
Dis juge, j’ai aussi une question : « chez nous l’âge est multiplié par 6, alors à 2 ans, vous les men prétendez que nous en avons en réalité 12 ! Alors, dis, juge, tu crois que lorsque je me fais un piaf, je risque la prison ?? »
Bon, je te laisse, c’est l’heure des croquettes.
Salut et Joyeux Noël à toi, man !
Félix,
le chat !
Rédigé par : Marie | 17 décembre 2008 à 09:52
@ LABOCA, Aïssa Lacheb-Boukachache, Catherine A.
Le racisme est un fait, mais je ne crois pas que la France, ni sa justice, soient "généralement" racistes comme l'écrit LABOCA.
Pour Bernard Madhoff : que le Monde précise qu'il est juif ne me choque en aucune manière dans la mesure où cette information est reliée au fait qu'il aide l'Etat d'Israël. Ecrire par exemple qu'une personnalité d'origine catholique aide les Chrétiens d'Orient ou un chiite l'Iran n'est ni du communautarisme ni du racisme : ce n'est qu'une information. Cette autocensure tourne au ridicule.
Aïssa : pour Abdel Malik (ou Abd Al Malik) : Comme vous, ce chanteur d'origine congolaise, né dans un "quartier" et qui a connu je crois des moments difficiles, s'est reconstruit grâce à la littérature. Vous confondez, comme beaucoup de gens qui peinent à sortir d'une logique d'affrontement, servilité et ouverture d'esprit. Les messages de conciliations paraîtront toujours mièvres aux jusqu'au-boutistes, et ils considèreront toujours les personnalités tolérantes comme de pauvres "béni-oui-oui".
Rédigé par : Laurent Dingli | 17 décembre 2008 à 09:50
Les moyens et les arguments de la défense sont ce qu'ils sont, mais il ne faut pas oublier que les condamnations s'appliquent à des accusés qui sont allés particulièrement loin dans l'organisation quasiment de nature para-militaire d'une évasion.
Il n'y a pas eu de mort, mais le doit-on aux malfaiteurs ou à la chance?
Par ailleurs, la stratégie délibérée de pourrissement du procès, marquée par une bagarre et l'évacuation de la cour, l'insoumission voire l'arrogance, sont des choix que les co-accusés ont adoptés sans qu'ils soient contraints sinon par ce qu'ils considèrent être une forme d'iniquité.
Les jurés n'ont pas, apparemment, partagé ce sentiment.
Mais ils ont sans doute tort.
Il en ressort, de l'extérieur, un sentiment de confusion sur les conditions du procès. A-t-elle pesé sur les délibérations qui ont, faut-il le signaler, nécessité plusieurs jours, ce qui est de nature à accréditer l'idée qu'il y a eu matière à débat et à réflexion.
Il reste - et c'est ce en quoi l'outrance de Me Spizner est désagréable - les ressources de l'appel.
La justice française, telle qu'elle s'est exercée là, ne mérite pas le déchaînement de critiques auquel se livrent certains d'entre nous.
Il n'y a rien entre ce verdict et l'affaire d'Outreau. Le parallèle est une facilité monstrueuse.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 17 décembre 2008 à 09:28
@ Laboca
Vouloir faire dire au verdict qui a condamné Maître Achoui une signification anti avocat et anti arabe est outrageant pour le jury qui a retenu la culpabilité.
"Aucun accusé, aucun témoin n'a dit à la Cour que Maître Karim Achoui avait de près ou de loin concouru à l'évasion de Ferrara. Je dis bien : aucun !" écrivez-vous.
Que disait l'accusation ? Quelle argumentation l'avocat général a-t-il développé dans son réquisitoire ?
A-t-il particulièrement insisté sur la profession de Maître Achoui et en quels termes ? A-t-il appuyé son argumentation sur le fait que Maître Achoui soit arabe ?
Bref l'élément directeur du réquisitoire qui constituait l'armature de son argumentation était-il fondé sur ce que Maître Spizner a conclu du verdict ?
"Par là (Philippe Bilger), il montre que son statut de magistrat l'emportera toujours sur sa qualité "ontologique" d'être humain, donc de personne dotée de liberté."
Considérez que Philippe Bilger quand il est dans sa cour d'assises est, je le pense totalement, sans cesse déchiré entre sa fonction de magistrat et sa sensibilité humaine.
C'est la façon dont il sait surmonter et faire tenir ensemble ce divorce permanent qui fait de lui un grand magistrat et un avocat général hors du commun.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 17 décembre 2008 à 08:24
@Aïssa Lacheb-Boukachache
Sur le fait que le sieur Bernard Madoff est juif, vous êtes scandalisé. Mais après tout, l'information ne doit pas être par essence limitative, voire bridée par ces temps où tout doit être dévoilé. Chacun son besoin et son volume d'information. Il en est sans doute pour qui c'est important de savoir que le sieur Madoff est juif et qu'il évoluait essentiellement dans ce milieu. Après tout, le monde (pas le journal) est en admiration depuis l'élection de Barack Obama par le simple fait qu'il est le 1er président US élu noir. Et je n'ai pas cessé de clamer sur tous les blogs et forums que ça n'était là qu'un non évènement, qu'il fallait - faudrait - le juger à l'aune de ses actions futures et cesser de se pâmer devant sa couleur de peau (sur laquelle,au demeurant, il ne s'est lui-même pas appuyé lors de sa campagne) : rien ne dit que l'Europe - notamment - ne souffrira pas de sa politique. Que voulez-vous, nous vivons dans un monde que l'on s'acharne à vouloir communautariser : noirs, arabes, juifs, sans compter les minorités de toutes sortes, chacun attachant de l'importance à se singulariser et à proclamer sa supériorité voire à se positionner sur une échelle de discrimination réelle ou supposée. Ne vous étonnez pas, dès lors et dans ce contexte, que les individus soient désormais systématiquement identifiés selon ces critères que personnellement je vous rassure, je m'empresse de rejeter. Mais c'est ainsi, c'est la conséquence de cette communautarisation, de ce besoin de s'identifier, je dirais de se singulariser. L'article du Monde me semble être imprégné de cette culture. C'est sans doute le prix à payer et il convient de partager votre révolte.
Rédigé par : christianL | 17 décembre 2008 à 02:22
M. LABOCA (général, sans doute) est ici le critique le plus virulent de M. Philippe Bilger, accusé de violer la loi (excusez du peu !) "...en reprochant à un avocat d'avoir tout mis en oeuvre pour obtenir l'acquittement d'un client...".
Une longue dissertation s'ensuit dont l'auteur nous garantit le bien-fondé, puisqu'il s'est "intéressé un peu au droit".
Etes-vous sûr, Laboca, que la loi permette à un avocat de tout mettre en oeuvre ? N'y aurait-il pas des paroles et des gestes prohibés ? Réfléchissons une minute, peut-être ?
Les différents organes de presse ont bien montré que la célèbre phrase de Me Szpiner a été dite après l'énoncé du verdict. Il ne s'agit donc pas d'un morceau de plaidoirie pour obtenir l'acquittement.
Viol de la loi, disiez-vous ? Licence poétique ?
Rédigé par : Yves | 17 décembre 2008 à 02:15
Lorsqu'en juillet 1999, Maître Sollacaro, bâtonnier de Corse, a traité la République de catin à la rentrée solennelle du tgi d'Ajaccio, le préfet Bonnet a quitté les lieux devant l'offense ! Le Procureur Legras, lui, est resté stoïque. Il est vrai qu'il n'y avait pas de place pour deux proconsuls en Corse. Qui a pris "sur lui", peut-être les magistrats de Paris dans cette affaire ont-ils "pris sur eux" pour ne pas réagir. On n'a que le choix vous savez.
Quant au rap et à Molière, si au Moyen Age on avait présenté un synthétiseur, ou même une guitare ou un piano à un joueur de mandole ou de vielle il n'aurait prédit aucun avenir à ces instruments allogènes.
Tout comme Charles Trénet (que j'adore par ailleurs) avait prétendu que le rap n'avait aucun avenir il y a dix ans.
On n'a que le choix, vous savez...
Rédigé par : ROUTA VILLANOVA | 17 décembre 2008 à 01:31
Etre ou ne pas être conservateur, là est la question.
Pourquoi vous définissez-vous de facto comme « conservateur », au seul motif que les absurdités que vous relevez ci-dessus vous hérissent (à juste titre ou pas, peu importe…) ?
Il me semble que ce sont bien au contraire ces absurdités qui sont, précisément, conservatrices : elles ne sont qu’un des innombrables avatars des clichés et lieux communs qui repoussent sans cesse et dont il serait aussi vain de se plaindre que de certaines herbes folles qui envahissent la campagne, que l’on remarque à peine lorsqu'on se promène et auxquelles on ne saurait prêter, finalement, qu’une attention distraite.
J’observe, comme vous, cent choses tous les jours,
Qui pourraient mieux aller, prenant un autre cours,
Mais quoi qu’à chaque pas je puisse voir paraître,
En courroux, comme vous, on ne me voit point être.
Non, vous n’êtes pas conservateur.
Mais alors qui êtes-vous ?
Seriez-vous un personnage de Molière ?
Rédigé par : Mika | 17 décembre 2008 à 00:45
Au fond, si le jugement rendu me convient, la justice est de qualité ; dans le cas contraire la justice ne vaut rien.
Ce mode de pensée, de plus en plus répandu, nous ramène tout droit à la justice du Far West. Peut-être notre société actuelle, bien malade, souhaite-t-elle ce retour ?
Rédigé par : mike | 16 décembre 2008 à 23:20
Mais, lorsqu'un avocat tient de tels propos, où sont les magistrats du ministère public ?
Quand je regarde la télé, je vois un procureur sur les lieux de chaque fait divers, interrogé "à chaud" sur les premières investigations, alors même que l'affaire n'en est qu'à ses débuts.
Mais une fois que la Justice est passée, que la décision est rendue après un procès public, plus rien : les parquetiers désertent les marches du Palais, laissant les avocats refaire le procès sans risque d'être contredits.
Pourquoi les magistrats du parquet acceptent-ils de s'exprimer sur les premiers tâtonnements d'une enquête mais pas sur la vérité judiciaire décidée par un tribunal ou une cour d'assises ?
Il y a là une anomalie qui permet à tous les plaideurs mécontents de salir la Justice à bon compte, et de faire passer leurs clients coupables pour des victimes de l'institution...
Rédigé par : Alex | 16 décembre 2008 à 21:31
@Nicolas
Très intéressant. Cependant, Abd Al Malik se la fait un peu facile et on la lui fait un peu facile partout les médias parce qu'il est tout miel, tout sirupeux, tout dans le ton bien pensant ... Le petit Jésus est déjà passé par là, il y a deux mille ans, on connaît ce discours et il était même bien mieux écrit et psalmodié ... La suite, on la connaît: deux mille ans d'iniquités qui continuent plus que jamais ... Comme pour Molière, on met celui-ci en avant pour mieux éclipser voire dénigrer les autres qui ont fait, eux, autant le boulot quand ce ne serait plus et mieux, avant comme après lui. A lire certains, le théâtre commence et s'arrête à Molière; tout le reste, néant ou presque. En musique, pareil Mozart. D'ailleurs, remarquez que ces deux-là plus qu'encensés aujourd'hui furent ceux-là mêmes dont leurs maîtres jetèrent aux ordures la dépouille une fois morts; c'est dire la considération humaine et artistique qu'ils leur portaient ... La vertu -oui VERTU!- du Rap destructeur et précisément d'avoir mis chacun face à ses responsabilités dans une société où c'est toujours la loi du plus fort la règle. Sans ce Rap de la haine d'une société foncièrement pourrie dans ses séculaires fondements inégalitaires, d'une justice pareillement constamment insane et partisane qui se pose par-dessus le marché comme une donneuse de leçon et une autorité quand sa crédibilité auprès du peuple n'est plus qu'en lambeaux depuis déjà de par ses innombrables arrogances, abus de pouvoirs, mépris des gens, toute puissance sans condition, sans ce Rap donc, personne, sinon ceux qui le vivaient -vivent- au quotidien, n'aurait songé à voir et comprendre ce que devenait -devient- la jeunesse de ce pays, cet abandon massif de celle-ci par toutes les institutions, ce laisser-crever politique, personne, et commencer de prendre enfin des décisions globales pour remédier à ce terrible constat social. Le Rap, c'est de l'insurrection légitime, de l'exigence et de la responsabilité politiques, c'est-à-dire une mise en demeure à ceux-là qui sont élus de gouverner pour tous et non pour quelques-uns uniquement; Abd Al Malik c'est de la variété; qu'on ne mélange pas les genres. A partir de là, je n'ai rien contre lui, mais à tout prendre, je préfère encore Grand-corps-malade ...
Transition.
Merci LABOCA et merci J.D.Reffait pour vos interventions pleines de bon sens, autrement argumentées, notamment celle de LABOCA qui se trouvait, lui, sur les lieux de ce procès honteux. J'ai cru être seul face à tant de béni oui oui ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 16 décembre 2008 à 20:06
Pour un avocat un citoyen, même avocat, est TOUJOURS présumé innocent.
Et pour un avocat général ?
Rédigé par : un avocat innocent | 16 décembre 2008 à 19:45
Le mépris pour un pan de la culture en vaut la méconnaissance.
Et puis l'écriture est belle quand elle va avec son temps.
Molière écrivait bien pour son temps.
Certains rappeurs aussi pour le leur, mais les avaient-vous jamais écoutés, avant de juger ?
Rédigé par : cissé | 16 décembre 2008 à 18:22
Cher monsieur Bilger
Vous invitez des gens à dîner, ils crachent dans la soupe, ils vous quittent en rotant et en piquant l'argenterie, c'est ce que je ressens en lisant certains posts...
Rédigé par : bruno | 16 décembre 2008 à 18:07
@Aïssa
Abd Al malik est porteur d'un message constructif, tourné vers l'avenir. Il dit que vivre ensemble est le vrai défi du 21ème siècle. Je trouve que c'est bien mal le connaître que d'affirmer qu'il dit que "tout le monde il est beau tout le monde il est gentil".
Rédigé par : nicolas | 16 décembre 2008 à 17:30
Servez chaud ! Il y a des mots qui fâchent : avocat, Szpiner, rap, ça c'est pas bon au petit-déjeuner de Philippe. Envie d'en découdre, mais ne peut pas, saleté d'hermine qui serre la gorge ! En forme de prière : voyez comme je suis réservé, tellement je suis réservé, tellement je suis magistrat, tellement je me contrôle, alors libérez-moi, haro mes commentateurs, taïaut, taïaut, on a lâché un Szpiner dans le bois rien que pour vous, faites-lui un sort !
L'ami Francis sait être outrancier, son propos est outrancier mais il est aussi stratégique dans une logique d'appel : l'outrance n'est pas la chasse gardée des avocats, la justice se radicalise, s'affirme de plus en plus violente, les magistrats ne sont pas en reste et l'outrance est bien partagée. Comment dit le procureur de Montgolfier, une fois assis sur le banc des prévenus ? Ah oui : « Une justice impressionniste ». Lui il découvre tandis que nombre de justiciables savent depuis longtemps.
L'ami Francis se retrouvait face à une présidente qu'il avait découvert en 2000, Janine Drai, à qui il a collé une fracassante cassation assortie d'une pétition de magistrats contre elle. Une manipulatrice de haute volée, bien jolie certes, mais d'une malhonnêteté intellectuelle difficilement égalée. Un compte à régler avec cette caricature de magistrat, mais Szpiner savait très bien, dès le départ du procès, que c'était cuit pour son client, parce qu'avec Janine Drai, c'est toujours cuit, elle contrôle intégralement son jury et organise le bazar à l'audience pour mieux déterminer l'intelligible de l'inintelligible dans l'esprit de jurés bouleversés.
Déclasser Molière au profit du rap ! Cette écriture lourdingue bourrée d'adverbes dont les effets pèsent des tonnes, comparée à ce grand maladroit qui fit un jour Alceste ! Je serais le premier à louer toutes les bonnes intentions des rappeurs si seulement leur texte sentaient moins la besogne, mais ça transpire la rime mirlitonnée, la poésie adolescente et boutonneuse, le pastiche baudelairien que sert un oncle prétentieux à la fin d’un banquet de mariage. Le verdict est en délibéré pour dans trois siècles, nous avons le temps et d’entendre encore longtemps des bêtises et de constater l’effondrement des fausses audaces de notre temps.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 16 décembre 2008 à 17:25
Il se demandait avec mélancolie pourquoi un tel homme conservait des cicatrices aussi disproportionnées au regard des blessures qui les avaient causées... Qu'il soit affligé par les commentaires indécents d'un avocat, de grand talent au demeurant, lequel usait de son droit à maudire ses juges et humilié qu'il soit par ailleurs que la plaidoirie à l'éloquence flamboyante dont il avait usé se dégonfle comme une outre remplie de vent, que celui-là s'émeuve ainsi d'une saillie de comptoir et en vienne à commettre un billet aussi vengeur ne pouvait qu'interpeller...
Que, bien plus, les pages insignifiantes d'un journal - d'évidence assez racoleur pour que lui aussi succombe à sa lecture - se fasse l'écho des sornettes de tel ou tel inconnu en verve de publicité, et qu'il en éprouvât aussitôt l'envie de sortir l'épée de son fourreau, ne laissait pas, chez ses habitués, de susciter une commune et attristée perplexité...
A tout le moins les masques tombaient : tel, qui se vantait il y a peu d'avoir Zweig en chevet, était surpris à conchier Molière et révélait ainsi sa nature profonde, tel autre, si prévisible dans son aigreur confite, se caricaturait une fois encore...
La fraîcheur venait de la jeunesse, de cette petite voix nouvelle, revêtue des charmes de l'humilité, cette antichambre de toutes les perfections... Natoussia, cette Antigone qui disait son fait à Créon...
Noël n'était pas la période idéale pour écrire, tout juste pour recevoir des prix...
Rédigé par : sbriglia | 16 décembre 2008 à 16:19
J'aime bien quand vous êtes remonté comme une pendule ! A propos du rap qui est mieux que Molière, ça me fait penser à des déclarations dont on nous a gratifiés dans les années 80 : les auteurs de chanson (j'adore la chanson française) étaient tous promus poètes et les artisans artistes, par exemple un menuisier devenait sculpteur sur bois. Plus personne n'y pense et c'est passé de mode.
Rédigé par : Grain de poivre | 16 décembre 2008 à 15:53
« [FF]
Dédicacé a ceux qui rappaient sur Beat-Box.
C'est pour Le 1.3
[Pit Baccardi]
Le 20-1, et tu le sais.
[G-Kill]
Pour le 7.7.
[Expression Direkt]
1 pour le nessbi, 2 pour le 7.8.
[Diam's]
91, Laisse-moi kiffer la vibe
[Booba]
C'est pour mes kho.
[Ali]
du 92.
[Lino]
Fais péter les watts pour le 95.
[Jacky]
Ouais calmement.
[Joey Starr]
9.3 connection bébé.
[Rohff]
Housni bien bonhomme est l'attitude
Du M.I.C. je tire dessus, ton corps titube
Catastrohff, j'suis v'nu chanter mon p'tit tube
J'lâche un missile SCUD en direct de la banlieue sud
Si t'as la plaque 9.4
T'arrives à Bastille, aux Champs-Elysées
Rafales verbalisées
Baisse les vitres fais-les baliser
Le Val de Marne mon deuxième pays
J'ai escaladé Mont Mesly
Atteint le sommet l'Abbaye
94 Mousqueton
Accueilli avec des pochetons de ske-kun
Des combats de pits qui aiguisent leur chicos sur le béton
Sortit du dépôt j'remets les lacets au palais
Y'a pas plus cheum que vos balcons
J'm'arrache a la ville du joint
Joinville Le Pont
Dédicasse aux Sablières malgré un manque de respect en boîte
J'reçois un verre dans la bouche et j'te couche avec une droite
Donc on est quitte
C'est pour mon équipe des Bordilières
Belax, Bibax, La Section, des Crapulax en p'tite excursion
À 300km dans les raves en forêt
À fourguer du tcherno
Des tripes en carton à la mettre à ces enfoirés de pecno
Fuck la Techno
C'est d'la musique de drogué
Par les lassos contre un portable mon album s'fait troquer
En calèche, les graines du bitume ont fleuri
évasion à la Kalash à Fresnes
C'est pour le D1 à Fleury
C'est pas la Floride
Ca frôle la folie
Cagoule, brolik
Derrière les thunes, comme un chien derrière les frolics
Foulek mais toujours poli
Solide à bord d'un bolide
Coup de frein à main avec une hanzet un peu jolie
Ca tourne pas pour viol ou des trucs péraves
Que des trucs Braves
Tah la Montreuil, c'est la tchourave avant la bicrave.
Refrain :
Pour les gros et les petits torses, 94
Cagoulés à la FLN Corse, 94
S'tapent même avec une entorse, 94
Tu sais que l'union fait la force, 94
Sanctions et rapports de force, 94
Armes blanches, monnaie fausse, 94
La charge d'un rhinocéros, 94
Roue arrière en CBR, beau gosse, 94
Cacahuète, balayette, pirouette
Besoin de renforts aux Alouettes
Tire derrière les volets de ta fenêtre
C'est pas net aux planètes, Maison Alfort-Ville
et les banlieues limitrophes
Mes rimes défilent c'est pas du morse
Morfle c'est Catastrohff qui t'offre un tour dans l'coffre
Coffre mon CD en retour de perm en semi liberté
La vraie richesse est dans le Dä¬n
Corrige ton orgueil
Pense plus à la mort
A l'accueil dans l'cercueil un clin d'oeil
Au Braquage de la Brink's à Arcueil
Tah la Heat c'est le mythe
Pshatou ceux qui ont désarmé
menotté les schmits
Selmik
Essaye de franchir notre seuil par Bicêtre
Avec un peu de chance les Martinets feront preuve d'hospitalité
Sinon pas loin y'a les urgences pour t'faire hospitaliser
électrochoc, scalpel, aussi vont t'brutaliser
Te scolariser
A l'école, la ruée vers l'or, une vie de juif
S'alcooliser, fumer en avoir un grain finir à Villejuif
Devenir la risée des sales gamins
Détruits par la tôle, la fiole, faire des sacs à mains
A la trentaine
S'mettre en cavale tout seul, shrab Ben Laden
Sur une 103 avec un douze, un pack de 12 d'Heineken
Yeah
Qui tape un poste, tape une Poste
Fait mal au crâne au chef de poste
Y'a pas de bavures, nous ça riposte
Yeah
Ils nous arriveront jamais à la cheville t'as vu
J'connais je vis la rue
Des Nosets à Lamartine jusqu'à Chevilly Larue
Sur la N7 accélération
Pour la 9.4 Célébration
Compteur bloqué en agglomération
Même les motards freinent, pas d'amélioration
Malgré Sarkoz, de vice on l'arrose
C'est pour les cités de Fresnes et L'Hay les Roses
Le 9.4 défouraille dans le champs
Pris en chasse de Cachan
A Thiais, les Grand Champs
Sous le capot c'est l'hippodrome de Longchamp
4 Sorties de pot, des étalons avec des longues jambes
Refrain
On t'l'enfonce comme un Zamel
Défonce comme le Zamal
T'arrives de porte de Choisy avec un Nounchakou artisanal
Y'a que les montagnes qui se rencontrent pas
A la pompe à essence d'Ivry
Conduite en état d'ivresse sur le son, Mafia K'1 Fry
9.4 ton pire ennemi
Depuis Jacques Mesrine ça part en vrille
A la cité auch les Pyramides
Barbusse d'Ivry ou de Vitry
Villes de communistes
Même avec Tati la vie est triste
Toute la jeunesse au Hrebs
Rien que des récidivistes
Un nid de braqueurs, dragueurs
Même les ripoux et les femmes flics
Préfèrent bosser dans le secteur
Que s'faire ken par leur époux
Criminel pour Choisy Gabriel
Jacques Cartier Yeah
Lä où ça saute du 4ème étage quand la BAC attaque au bélier
J'prends en otage le rap Français
J'le mets paro comme au Saules, la Sablière, Alfred de Musset
Passe le Salam aux cités de Villeneuve Le Roi, St Georges ou Bonneuil
Joue pas l'américain les mecs verront toujours d'un bon oeil
Enferme les chbebs, les poucaves faut les humilier
Si ils me disent Rohff aide-nous
Tiens un coup de genou pour Villiers les Hautes Noues
Si y'a embrouille entre cités
Faites la paix, le commissariat craint l'émeute au Bois l'Abbé
V'la les bananes qu'on te met
Ca baise tout même Geneviève de Fontenay
Pour Sucy, Boissy, Neuilly et le Val de Fontenay
J'étais au zoo de Vincennes pour un parloir sauvage
Si tu fais les fils surveille pour Charenton et Limeil
Stoppez les teintures et la laque
Ca fait faux rebeus, faux blacks
Cramé que t'as poussé chez oit pour t'mettre torse nu au lac
Joues pas le fou mec, Hala Belek
Quand tu me vois marcher seul à Créteil-Soleil ou Bel'ep
Refrain
Gentilly, Barbusse Choisy, Champigny les Boullereaux, La Varenne , St Maur, Chennevière, Ormesson, Plessis Trévise, Valenton, Nogent, Vitry Sur Seine ! ! ! ! ! ! ! !
[Snoop Dogg]
D.P.G.C, You can't stop my nigger Rohff ! »
Assurément, Rohff ne joue pas dans la même catégorie que Molière.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 16 décembre 2008 à 15:41
@Réflexive
Bonjour. Je connais le 353 CPP. Votre réponse ne fait cependant que confirmer mon raisonnement. L'intime conviction, certes prend son fondement sur des éléments de preuve plus ou moins consistants, mais dans notre système pénal, la décision de juger donne au(x) juge(s)la pleine liberté d'apprécier la culpabilité sur le fond - en jargon juridique. Ce qui n'exclut pas, quoiqu'on en dise, d'expédier parfois au trou un innocent. Au nom de la "conscience, des impressions et de la raison (?)" d'un juge. Et n'oubliez pas que la loi autorise aujourd'hui - Dieu merci - le principe de double juridiction c'est-à-dire de faire appel. Sinon...
Rédigé par : christianL | 16 décembre 2008 à 15:38
Je ne comprends pas très bien les façons de faire de Monsieur l'Avocat général Bilger dont la volonté de se montrer systématiquement partial commence à inquiéter. Mais je ne m'étonne pas de sa position relativement au verdict dans l'affaire Ferrara. Son esprit partisan est tout entier dans la défense illimitée de la corporation à laquelle il appartient. Monsieur l'Avocat général Bilger ne pourra pas prétendre que je manque d'objectivité à son égard puisque, librement, il écrit ceci : "Il faut se retenir, garder son calme de magistrat et de blogueur devant certains propos d'avocats".
Par là, il montre que son statut de magistrat l'emportera toujours sur sa qualité "ontologique" d'être humain, donc de personne dotée de liberté.
Comment un homme mandé pour appliquer la loi des hommes après avoir prêté serment, peut-il violer sciemment et publiquement celle-ci en reprochant à un avocat d'avoir tout mis en oeuvre pour obtenir l'acquittement d'un client jugé par une cour d'assises? La constitution française, le code civil, le code pénal, la déclaration universelle des droits de l'homme et la convention européenne des droits, pour ne citer que ces instruments juridiques, consacrent le droit de chaque être humain de se défendre, soit par lui-même, soit par un avocat. Je crois savoir que tous ces textes s'imposent aux magistrats, en dépit de leur pouvoir d'envoyer en prison les gens qu'ils veulent bien y voir croupir.
Je ne suis pas un ami de Maître Szpiner : Monsieur l'Avocat général Bilger ne pourra prétendre que j'ai été missionnée pour critiquer son partial billet.
Je veux seulement être assuré par Monsieur l'Avocat général Bilger qu'il n'est pas favorable à la suppression des avocats.
En effet, même si les avocats sont utiles, je pense aussi que le génie humain est capable d'inventer un système dans lequel la défense des droits humains pourrait parfaitement être assurée sans recours à nos avocats actuels. J'aimerais que Monsieur l'Avocat général Bilger, dont l'expérience du monde de la justice des hommes est indéniable, me dise s'il adhère audit système. En cas de réponse affirmative de sa part, il faudrait alors supposer qu'il est habité par la conviction que seuls les magistrats seraient capables de protéger les droits humains.
J'ai assisté à un certain nombre d'audiences dans le procès Ferrara.
C'est un procès à oublier, c'est un véritable gâchis : je comprends que Monsieur l'Avocat général se soit abstenu d'en dire un mot, se contentant d'attaquer sans raison Maître Szpiner qui, comme les autres avocats - dont Maître Ripert -, aura essayé d'obliger la Cour à respecter la loi qu'elle prétend servir. Ce procès a aussi été l'occasion pour les avocats de critiquer l'inhumanité des geôles installées au TGI de Paris. Sauf erreur de ma part, je n'ai pas trouvé un billet de Monsieur l'Avocat général Bilger relayant ces critiques dont la puissance et le bien-fondé ont contraint la Cour à aller constater elle-même cette inhumanité.
N'étant pas avocat, je m'interdirai d'entrer dans une explication technique des éléments du procès. Mais je préviens les uns et les autres que mes responsabilités m'ont amené à m'intéresser un peu au droit, y compris le droit pénal. Je suis donc capable, bien que ne possédant pas une maîtrise en droit - condition de diplôme requise pour être créé magistrat ou avocat -, de comprendre très bien un procès.
Aucun accusé, aucun témoin n'a dit à la Cour que Maître Karim Achoui avait de près ou de loin concouru à l'évasion de Ferrara. Je dis bien : aucun!
Même l'ex-épouse de Maître Achoui, fille d'un haut fonctionnaire de police, n'a pas osé affirmer le contraire, même si le procès a montré qu'elle détestait son argenté ex-mari. Maître Stéphane Sébag, appelé lui aussi à témoigner, a dit clairement à la cour que Maître Achoui ne l'avait pas envoyé auprès de Ferrara pour lui dire que le plan de son évasion serait bientôt exécuté.
Incapable de rattacher la responsabilité de Maître Achoui aux considérations tirées du mot "baveux", la Cour n'avait pour semblant d'élément de preuve que le témoignage d'un autre accusé. Le travail de Maître Szpiner - l'un des trois avocats de Maître Achoui - a donc consisté à montrer à la cour que ce témoignage contre son client n'était pas, pour différentes raisons, sérieux.
Un intervenant sur ce blog a semblé dire que Maître Achoui a été condamné parce qu'il est arabe. Je suis incapable de dire s'il a raison ou tort.
La seule chose dont je suis sûr - je précise que j'ai suivi le procès, moment considéré dans nos sociétés occidentales comme d'établissement de la vérité -, c'est que la cour n'a pas été en mesure de prouver l'implication de Maître Achoui.
Voici ma pensée.
Maître Karim Achoui a dû déranger le monde des magistrats par son travail de défense acharnée de ses clients. C'est un avocat qui, si on en juge par son style vestimentaire et son train de vie, a gagné beaucoup d'argent. Forcément il a été jalousé aussi bien par des fonctionnaires que par des salariés incapables de se hisser financièrement à son niveau. Ces fonctionnaires et ces salariés ont-ils cherché à prendre leur revanche?
La question peut être sérieusement posée, surtout si on songe que Maître Achoui a aussi la particularité d'être un arabe, c'est-à-dire d'appartenir à une catégorie raciale ou ethnique dont j'espère que Monsieur l'Avocat général Bilger m'accordera qu'elle est généralement détestée en France aussi bien par les élites que par le peuple.
Même si je ne suis pas un proche de Maître Achoui, même si je n'ai jamais reçu le moindre euro de la part de celui-ci, je ne peux pas ne pas me sentir touché par ce qui lui arrive. Je suis vraiment blessé qu'un jeune arabe ayant entrepris de gagner honnêtement sa vie en France voie sa vie anéantie du fait d'une décision prononcée sans fondement par une institution qui a la prétention de représenter la justice des hommes. Cette décision fait manifestement désordre, au moment où les jeunes français issus de l'immigration africaine et maghrébine s'emploient, en manière de riposte aux propos irresponsables de Finkielkraut, de Zemmour et autres faux penseurs de la crise française, à gagner leur vie par le travail et la mise en oeuvre de l'intelligence.
J'ai évoqué plus haut le nom de Maître Ripert, pénaliste grenoblois. Il a été récemment poursuivi par un magistrat de province qui lui reprochait le délit d'outrage à magistrat. Maître Ripert a contesté ce reproche, tout en faisant valoir que les propos tenus par l'avocat dans le cadre du procès étaient couverts par l'immunité. L'avocat grenoblois a surpris les procureurs et autres juges en s'étonnant que si un avocat plaidant courait toujours le risque d'être poursuivi par un magistrat, l'inverse ne se rencontrait pas : dans l'affaire, le magistrat, adversaire de Maître Ripert, avait traité celui-ci d'"avocat indigne".
Rédigé par : LABOCA | 16 décembre 2008 à 15:11
Le choc des mots. Est-ce un effet du grand froid, ça chauffe dans ces colonnes ! La phrase reprise du rappeur, et si c'était un clin d'oeil, une façon très efficace de dire sans avoir l'air d'y toucher que ce rappeur a forci du tour de tête ? Elle vaut en tout cas tous les commentaires ironiques ou désobligeants qu'aurait pu faire le journaliste.
Quant à la phrase de Szpiner, je m'étonne qu'elle vous étonne. D'abord c'est du Szpiner tout craché, voix de basse savamment travaillée et grande gueule, qui joue plutôt bien son rôle dans des procès de plus en plus théâtralisés. Cela n'exclut pas pour autant que Maître Achoui paye une réussite forcément perçue comme douteuse et arrogante. Car cette "intime conviction" qui tricote les peines, une fréquentation un peu assidue des Assises permet de constater quelle catastrophe elle peut être, quelle perversion de la démocratie (je sens que je vais entonner un de mes couplets favoris donc je me calme). C'est sur la tête du "client" qu'elle repose le plus souvent et il y a des bonnes et des sales têtes, c'est comme ça. Lequel d'entre nous n'a pas des "têtes qui ne lui reviennent pas" ? Pas moi en tout cas. Je n'en suis pas fière mais dire le contraire serait mensonge. Que certains aient envie de se faire un avocat je n'en doute pas, ce doit être assez jouissif ; comme de se faire un magistrat ou un journaliste. Certains ici ne loupent d'ailleurs jamais une occasion. Ne dédaignant pas, comme vous je crois, la provocation M.Bilger, je leur en offre une autre sur un plateau. Mon petit cadeau de Noël à la veille des vacances...
Rédigé par : catherine A. | 16 décembre 2008 à 15:02
Merci Laurent Dingli,
vous m'avez retiré de la plume les mots que je n'aurais pas su si bien écrire.
Monsieur Bilger, je vous suis sur les propos inadmissibles tenus par Maître Szpiner, mais m'éloigne quand vous comparez le corporatisme des avocats avec celui des magistrats. Trop d'exemples prouvent votre erreur.
De grâce, ne nous donnez pas cette image du ministère public.
Rédigé par : Leo... | 16 décembre 2008 à 14:38
"l'avocat est TOUJOURS présumé innocent"
Je dirai même mieux : le prévenu est toujours présumé innocent.
C'est un fondement du droit non ?
Quant à Maître Achoui, force est de reconnaître qu'on l'a condamné sans preuve et on se demande alors pourquoi on l'a condamné.
Rédigé par : Humaniste | 16 décembre 2008 à 13:44
Une chose médiatique, de presse précisément, grave, n'est pas les propos de ce rappeur Rohff au Parisien qui font bondir ceux (pardon, cher PB) qui pointent en l'occurrence la futilité en lieu de l'essentiel qui s'avère, lui, souvent -ici c'est le cas- autrement odieux et redoutable. Voici, que l'on lise plutôt, je transcris exactement, mot à mot, guillemet à guillemet:
"Figure de la communauté juive new-yorkaise, le "génial" financier était très présent dans ses activités caritatives, académiques et culturelles, ainsi que dans l'organisation du soutien financier à Israël. Parmi les nombreux "amis" qui lui avaient confié la gestion de leur portefeuille, on trouve certains des plus riches juifs américains, de vieilles familles de Long Island et de Floride.". BERNARD MADOFF, L'HOMME AUX INVESTISSEMENTS DE "HAUTES ETHIQUES"./ Le Monde.fr/ mis en ligne le 15-12-2008 à 14h59.
Le Monde.fr. Ainsi, ce journal sérieux a trouvé nécessaire de préciser que ce Bernard Madoff est Juif et qu'il a beaucoup d'amis juifs, d'Israël même ... Est-ce une information, ça, dans ce pur contexte de délit voire crime de droit commun? Que signifie-t-elle réellement? En quoi cela change-t-il la nature de la révélation et l'information de ce énième scandale financier? Est-ce plus grave? moins grave? parce qu'il est Juif. Que cèle pour le Monde cette révélation de la judéité de cet homme auteur de cette fraude financière, qu'il a pensé impérieux d'informer le lecteur de celle-ci, sa judéité, couplée, dans l'article, à sa fraude?
Il ne s'agit plus des pages peoples du Parisien, dans ce cas, mais des pages économiques du Monde, c'est autrement rigoureux. Alors, pourquoi cette "information" non informative absolument ou, à tout le moins, singulièrement informative? Si le Parisien, via Rohff, dénigre Molière, est-ce que nous n'assistons pas, là, de par le Monde cette fois, au dénigrement général des Juifs via Bernard Madoff?
Il serait intéressant de lire à ce sujet les explications voire justifications et arguments des rédacteurs de cet article du Monde. Car enfin, on sait bien que la pourriture se dissimule souvent sous des apparences anodines, mettons, cette fois, d'information libre et documentée. Sommes-nous ici en présence de cette pourriture? ("Léon dit que les chiens enragés sont beaux. Je le crois"/René Char/ Feuillets d'Hypnos/1940-1945). A vous le Monde, si vous daignez, naturellement, expliquer à vos nombreux lecteurs pourquoi il était nécessaire pour vous de préciser en longueur que cet escroc financier est Juif ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 16 décembre 2008 à 13:09
Aïssa Lacheb-Boukachache,
Que vous pensiez que Molière ne soit pas un génie ni même le meilleur des auteurs dramatiques français est votre droit le plus strict, et personne d’ailleurs ne vous le conteste. Mais limiter cet auteur à un courtisan servile de Louis XIV témoigne de votre méconnaissance de cette période et, pour tout dire, de votre manque total de subtilité. Le jour où, dans un pays absolutiste comme l'était la France catholique du XVIIème siècle, vous serez capable d'écrire l'équivalent d'un Tartuffe, nous en reparlerons ; le jour aussi où votre "servilité" vous conduira de manière paradoxale à être finalement censuré temporairement par le pouvoir, dont vous seriez soi-disant, l'hagiographe, votre position paraîtra nettement plus crédible. Mais, en attendant je crains qu'elle ne passe, encore une fois, comme un aboiement de plus et une stérile rodomontade.
Vous nous infligez une sorte de vaste fatras indigeste où s'opposent les mères infanticides du monde rural et un Molière burlesque transformé en cireur de chaussures. C'est, au mieux, du mauvais Pif gadget.
Vous affichez en outre votre mépris pour le chanteur Abdel-Malik, trop consensuel à votre goût. Curieux, là encore, que vous ne lui accordiez pas l’indulgence que vous ne cessez de réclamer pour vous-même. Qu’un chanteur de rap n’appelle pas constamment à la haine, mais à la réconciliation des différentes composantes de la communauté nationale, me paraît, quant à moi, un message bien plus intéressant et constructif que le vôtre. Vous avez votre opinion sur Molière ou Abdel-Malik, j’ai la mienne.
Rédigé par : Laurent Dingli | 16 décembre 2008 à 12:15
@ ChristianL
L'intime conviction ce n'est pas l'arbitraire ou le gros bon sens ; comme le dit la loi : art.353 du Code de Procédure pénale : "la loi leur prescrit de s'interroger eux-mêmes, dans le silence et le recueillement et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves rapportées contre l'accusé, et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs : avez vous une intime conviction ?"
L'intime conviction se fonde donc sur des preuves ou des arguments, et non sur une simple opinion dénuée de fondements.
Rédigé par : Réflexive | 16 décembre 2008 à 11:07
Comme j'abonde dans votre sens, cher Philippe ! Je me souviendrai toujours d'un minable petit roquet, le chanteur Fersen, déclarer très sérieusement qu'on avait beaucoup exagéré le talent de Mozart et que tout cela était, somme toute, assez médiocre et très surfait. Vraiment, les imbéciles ne doutent de rien, et c'est l'une de leurs caractéristiques, depuis Marat traitant Newton d'imposteur jusqu'aux cas que vous citez aujourd'hui et qu'illustrent encore piteusement certains de vos commentateurs. Mais le pire, comme vous le soulignez à juste titre, c'est que notre société leur offre le podium sur lequel ils continuent de débiter leurs âneries.
Cela me fait songer à cette amusante réflexion de Cocteau que je cite de mémoire : c'est la faute des Encyclopédistes, ils ont dit à tout le monde de penser, il en résulte aujourd'hui que même la bêtise pense, ce qui ne s'était jamais vu...
Rédigé par : Laurent Dingli | 16 décembre 2008 à 10:36
Cher Philippe, je ne donnerai mon avis que sur Rohff (en tant que "jeune" et non juriste, je me sens plus qualifiée que pour commenter les propos de l'avocat).
Oui, ces propos sont marqués de vanité, certes, de bêtise aussi, nous sommes d'accord. Mais que diable, vous ne pouvez pas non plus ignorer la part de provocation gratuite dans cette réplique, justement pour titiller les "conservateurs" dont vous assumez faire partie. Et vous, cher Philippe, vous ne marchez pas, vous courez, vous sautez allègrement les deux pieds dans le plat à pieds joints ! Vous avez même, selon vos propres dires, "bondi"!
A mon avis, en disant cela, il souhaite simplement que les textes des rappeurs soient considérés autrement que des bafouilles de "racailles" psalmodiées dans des caves, dont l'unique but serait d'inciter ses auditeurs à avoir des rapports sexuels violents avec les représentants des forces de l'ordre, et voudrait faire reconnaître une certaine qualité d'écriture aux rappeurs, d'un autre genre que celle de Molière, mais valable.
Bref, je connais mal le bonhomme mais le soupçonne de simplement avoir utilisé un stratagème, faible, éculé, exagéré certes, pour briser les idées reçues sur le rap et en améliorer l'image. Ce qui, dans votre cas, ne fonctionne visiblement pas... Je ne pense pas, en tout cas, qu'il en ait contre Molière !
Tout ça pour dire que cette boutade ne valait même pas la dépense de temps et d'énergie que vous avez utilisés pour écrire ce bout de billet scandalisé !
Rédigé par : Natoussia | 16 décembre 2008 à 10:31
Trop d'avocats et de rappeurs ici, "ça m'saoule" comme disent les étalons de la nouvelle culture, qui valent mieux que Molière... J'me casse.
Rédigé par : Erig Le Brun de La Bouëxière | 16 décembre 2008 à 09:13
Un rappeur peut débiter un tas d'âneries dans le Parisien (un pléonasme ?) on s'en fout complètement. Mais les âneries sorties de la bouche du Président et de sa cour sont plus inquiétantes car elles ont des répercutions sur la vie des citoyens.
Et s'agissant du verdict de Maître Achoui, on peut se demander s'il n'a pas eu une peine lourde pour son antipathie. Il paye son arrogance. Pour avoir été juré d'Assises et avoir assisté aux discussions, des frissons me parcourent encore tout le corps.
Maître Spizner n'a fait qu'exprimer ce que j'avais ressenti durant ces journées aux Assises: les juré(e)s sélectionné(e)s étaient dans l'intime conviction de la culpabilité du prévenu car ce dernier avait la tête de l'emploi*.
* Tête de l'emploi = gueule d'Arabe.
Rédigé par : SR | 16 décembre 2008 à 05:33
@ Aïssa
Si le « sinistre boulet » qu'est pour vous Zemmour était d'aussi mauvaise foi que Me Szpiner, il vous traiterait d'antisémite.
Rédigé par : Criticus | 16 décembre 2008 à 01:58
Oh que si ! Ce procès est intéressant et instructif ! Prenez Achoui, cet "avocat marron" pour reprendre une expression lue plus avant. Condamné sur des preuves ? Quelles preuves ? Pas besoin ! Mais condamné quand même, par application du principe d'"intime conviction" qui permet d'expédier un individu, un jour -vous, moi - en enfer juste parce qu'un juge possède cette conviction (et, aux assises, la fait partager aux jurés, par son influence...). C'est pratique. Il n'y aura de Justice réelle dans notre beau pays que le jour où ce principe sera banni du Droit Pénal. Ce principe qui voudrait nous faire croire que les Juges reçoivent la Vérité du Ciel, tel Saint Louis sous son arbre.Cette réminiscence du passé dépasse l'entendement. C'est ainsi qu'un homme peut se retrouver derrière les barreaux ou être relaxé, c'est selon l'humeur. Selon l'humeur d'un juge, d'une cour, de l'opinion publique, aussi. J'aimerais que M.Bilger nous explique en quoi ce système n'est pas le pire qui soit. Et puis, "se faire" un Avocat,quelle douceur sucrée pour la magistrature et, surtout, rien que d'imaginer les bouteilles de champagne sauter dans les poulaillers, c'est à vous donner l'envie de fuir, loin... C'est Coluche qui disait que l'insécurité était là où paraissait la Police. Depuis Outreau et la récente affaire de Filipis,(quoique Bruay-en-Artois n'était pas mal non plus), on sait aussi que l'insécurité, c'est aussi les Juges.
Rédigé par : christianL | 15 décembre 2008 à 23:37