Révélation : l'antiracisme peut ne pas être lourd, épuisant, didactique et répétitif.
Pour s'en convaincre, il suffit d'aller voir le film d'Etienne Chatiliez, "Agathe Cléry", avec Valérie Lemercier.
Je craignais le pire, pour tout dire. Je n'avais pas été fanatique des précédents même si j'avais beaucoup aimé "Le bonheur est dans le pré" grâce notamment aux acteurs. Ce mélange de dérision sarcastique et d'anticonformisme confortable, qui était leur atmosphère dominante, ne m'enthousiasmait pas.
J'étais d'autant moins enclin à être un spectateur sans préjugés que j'avais lu, dans Le Parisien, une interview d'Etienne Chatiliez où, avec une grande franchise, celui-ci déclarait "se foutre de la politique... être un très mauvais citoyen...se foutre de Chirac...de Sarkozy, de Ségolène et de Martine...se sentir incapable de voter...pas apte à élire le président de la France". Même si le cinéaste admettait que ce n'était pas "tendance de dire ça", cette désinvolture affichée, cette légèreté moqueuse, ce "j'menfoutisme" érigé quasiment en idéologie me faisaient augurer le pire avant de voir un film dont l'intrigue m'apparaissait biscornue et dont le caractère de comédie musicale ne me rassurait pas. De plus, j'avais lu une ou deux critiques défavorables qui reprochaient aussi à Etienne Chatiliez de n'avoir pas été "assez loin", ce qui, à dire le vrai, aurait pu être plus de nature à m'inciter qu'à me dissuader.
Je suis allé voir "Agathe Cléry" et c'est un bijou.
Je laisse de côté la performance époustouflante de Valérie Lemercier qui offre une série de mines, d'expressions et d'attitudes, qu'elle soit noire ou blanche, révélatrices de l'actrice remarquable qu'elle devient quand l'histoire qu'on lui fait jouer a du sens, de la drôlerie, de la profondeur, bref, lui ressemble.
J'évoque rapidement la chorégraphie, les musiques et les chansons. Celles-ci, en particulier composées par Bruno Coulais, constituent un régal qui loin de rompre artificiellement le cours du scénario viennent s'y insérer avec bonheur pour y glisser un commentaire doux, tendre ou acide. Elles n'entravent pas l'action ni la progression des scènes mais les ponctuent d'une manière qui les met en valeur. Elles ne les suspendent pas mais les éclairent.
L'essentiel évidemment est ailleurs, dans la gravité d'une intrigue qui a l'élégance de se masquer en comédie, dans la finesse et la complexité d'une histoire - une blanche un tantinet raciste devient noire à la suite d'une maladie, vit les affres et les discriminations des gens de couleur avant de redevenir blanche et de vivre le parfait amour avec un noir qui n'aimait pas les blancs - qui, mêlant la subtilité de l'observation à l'acuité des situations, nous oblige à nous murmurer sans cesse : comme c'est bien vu, comme c'est juste !
Cette relation que le film, avec sa fantaisie, entretient avec notre for intérieur, nos expériences quotidiennes, notre propre racisme informulé, implicite, constitue sa force et richesse. Qualités d'autant plus impressionnantes qu'Etienne Chatiliez, qui a écrit en collaboration le scénario, ne fuit pas les passages difficiles où, par exemple, l'héroïne se défoule sur les noirs, les caricature, se moque d'eux. Son racisme, ostensible, qui n'est pas loin d'une familiarité avec celui, plus discret, qui coule dans beaucoup de veines n'est pas édulcoré par une sorte d'angélisme qui aurait fait perdre au film son impact. Ce n'est pas un conte de fée mais une histoire d'aujourd'hui même si la fin heureuse montre que le réalisateur ne se prend pas pour un penseur mais seulement - et c'est beaucoup - pour un amuseur de talent qui fait réfléchir.
Cela passe par l'esprit, par le coeur, cela n'ennuie pas, cela interpelle, fait sourire et se questionner, cela fait mouche. C'est léger et vif comme du champagne mais sur un thème que d'autres auraient massacré parce qu'ils l'auraient pris épouvantablement au sérieux en accablant les spectateurs. Quelle inventivité il faut pour faire don au public d'un divertissement qui a de la classe et qui reste au fond de ceux qui l'ont regardé comme une vérité, un regret, un remords, une prise de conscience, un éveil ou un réveil !
Je vais encore moins supporter les industriels, les pédagogues de l'antiracisme qui défendent une bonne cause en vous en lassant.
Je n'ai pas vu le film, mais j'éprouve désormais quelque curiosité à son égard, d'autant plus que la plupart des critiques l'étrillent.
Par contre, le sujet du racisme devient un peu systématique dans notre société, comme le devoir de mémoire et quelques autres marronniers.
La question tout de même est de savoir à quoi servent ces "exercices"?
S'agit-il de dépasser le racisme? D'entrer, ou d'aider à entrer, comme le concept a été évoqué après l'élection d'Obama, dans une société post-raciale, ou alors de cliver et de fixer plus encore la société sur ses composantes ethniques, communautaires?
C'est un effet pervers à craindre.
Il me semble déceler comme une récupération politique latente dans les mouvements de fonds de commerce de la bien-pensance auxquels M. Bilger fait référence lorsqu'il évoque une certaine saturation à l'égard des "pro" de l'anti-racisme.
L'école républicaine, sans avoir pour prétention ostentatoire de former des citoyens, sans son florilège d'éduc'action, de RESF, etc, formait un creuset, avec le vieux service national, pour réaliser le prodige républicain: l'unité nationale, du nord au sud et de l'est à l'ouest, jusqu'aux Réunionnais, Calédoniens, et même des Tongiens.
Aujourd'hui, pour satisfaire à l'égalitarisme on prescrit des gargarismes anti-racistes qui n'apportent pas grand-chose et éloignent finalement d'une société de l'intelligence qui est la seule à pouvoir, finalement, permettre à tous de transcender la couleur de peau, l'accent, l'apparence?
Il est probable que l'on scelle et on encourage de la sorte une base victimaire dans certains comportements.
Alors si Chatiliez, sans prétention éditoriale, bouleverse ce jeu de miroir pour faire rire, toucher, et aussi dédramatiser, c'est une bonne chose.
J'ai connu une très jolie métisse qui un jour m'a dit conserver quelque chose en elle des esclaves qui peuplent son ascendance.
Je ne me souviens hélas pas si j'ai dans mon absence de lignée un quelconque esclave duquel me prévaloir ou alors faut-il remonter sous l'empire romain.
Je salue le talent de fabuliste de JDR.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 08 décembre 2008 à 16:39
Il est remarquable que dans notre France contemporaine la peur du racisme paralyse à ce point la parole.
Illustration par l'exemple.
Le Canard Enchaîné du 4 décembre publie la blague que voici:
"Aujourd'hui, la situation financière est tellement catastrophique que les femmes se marient par amour".
La source inépuisable est probablement le Web qui propulse les "jokes" à grande vitesse.
Un mois plus tôt, le 6 novembre, je recevais de source américaine:
" The financial situation at the moment is so bad that Jewish women are now marrying for love ".
La remarque me fait sourire ni plus ni moins que mes expéditeurs, eux-mêmes Juifs. La pusillanimité des "transmetteurs" goyim a pour principal résultat d'enlever de son sel à l'historiette, au demeurant pas méchante.
Cela dit, le premier qui se gausse du (prétendu) caractère des Gascons aura affaire à la Justice ou, même, au MRAP. Nous souffrons trop d'être accusés de faire des promesses si facilement et de les tenir si difficilement, d'avoir la tête près du bonnet, d'être des va-de-la-gu.., des fanfarons dissimulateurs et vaguement paranoïaques... et j'en passe.
Rédigé par : Yves | 08 décembre 2008 à 15:30
A Jean-Dominique Reffait
Vous rivalisez d'humour avec le légendaire sbriglia. Je vous découvre sous un nouveau jour. Quel plaisir !
Rédigé par : Hélène Nigen | 08 décembre 2008 à 14:49
Il y a quelques années, il y a eu deux (je crois) algériens qui furent renvoyés par avion, direct l'Algérie. Sous l'ère Pasqua, il me semble. (Après des actes répréhensibles). A peine l'avion posé sur l'aéroport d'Alger, ils furent accueillis par des militaires armés...
(Ils furent ramenés en France après un mouvement de contestation...)
L'un des deux avoua, une fois les pieds posés sur le sol de France, que tout compte fait, il se sentait bien mieux en France qu'en Algérie... !
Un médecin d'origine musulmane me disait un jour : "Arrêtez, vous les Français avec votre racisme, votre repentance... laissez donc le passé, l'Histoire et regardez devant... Je dois à la France ma situation et ce que je suis... !!!"
Rédigé par : Marie | 08 décembre 2008 à 13:31
@ Catherine Jacob,
Ce que j'ai trouvé comique, en réalité, est que monsieur Pierre Bilger soit considéré comme un Belge, sans qu'à aucun moment dans l'interview, sa nationalité ne soit mentionnée !
Est-il inconcevable pour une personne âgée de constater que ce beau geste puisse émaner éventuellement ou tout simplement d'un "Belge" ?
Je connais bien évidemment ce beau geste de monsieur Pierre Bilger, qu'il explique :
"C'était un geste individuel, motivé par mes convictions chrétiennes. Je ne me pose pas en exemple. D'ailleurs, je continue de me demander pourquoi j'ai accepté cette indemnité au départ et attendu huit mois pour y renoncer. En fait, j'étais resté prisonnier, un temps, d'une relation à l'argent qui imprégnait l'environnement dans lequel je travaillais. Pour beaucoup de dirigeants ou d'opérateurs, sans parler des actionnaires, l'excès financier était devenu légitime. La finalité essentielle de l'action était l'argent....
A partir du moment où de nombreux acteurs du monde financier n'étaient plus motivés que par l'appât d'un gain maximal avec le minimum de risque, des mécanismes pervers ont été mis en place, qui ont abouti à la déroute actuelle......"
PS : Monsieur Pierre Bilger, donnez donc votre "recette" à J. Hallyday... !!!!
Rédigé par : Marie | 08 décembre 2008 à 12:40
@SR
"Hier sur Europe 1, le sénateur de la Vienne Jean-Pierre Raffarin a appelé à la défense de la diversité en France ! Il trouvait injuste les critiques sur Rachida Dati, et invitait les concitoyens à protéger les minorités visibles du gouvernement !!!"
Je pense personnellement que les critiques qui s'adressent à Mme Dati sont au contraire très modérées eu égard à ce qu'elles pourraient être si ce ministre n'appartenait pas à ce que vous appelez la minorité visible du gouvernement justement! Donc effectivement ces critiques sont injustes qui prennent en considération ce critère pour atténuer leur virulence!
Rédigé par : 567891234 | 08 décembre 2008 à 10:52
@ Catherine Jacob
Oui vous confondez, mon amie ; la physique et moi, ça fait deux, je suis d'une nullité abyssale en maths. Non, les femmes noires sont terribles (cliché 1), elles dansent comme des déesses avec leurs corps sculpturaux (cliché 2), elles vous envoûtent avec un gri-gri de la grand-mère (cliché 3) et vous vous retrouvez vite fait bien fait, après quelques nuits d'amour torrides (cliché 4), à vous lever à 5 heures du matin pour accompagner mademoiselle à son laboratoire de thèse au CEA, au fin fond du plateau de Saclay.
Ma seule contribution à la science physique mondiale fut la mise en page de la thèse, le choix de l'exergue, et le scan de centaines de photos de microscopie électronique dont j'étais bien en peine de savoir dans quel sens ça se regardait. Je lui ai souvent dit à ma noireaude : "T'emballe pas, si tu loupes ton doctorat, je te renvoie couper de la canne à sucre, tu comprendras qui est le maître." Elle a réussi son doctorat et depuis, je suis retourné à la plantation. En écrivant des bouquins pour les autres c'est moi qui suis devenu pov'neg'.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 08 décembre 2008 à 10:05
@Aïssa Lacheb-Boukachache
"Combien de Blacks et de Beurs dans les prisons, en proportion du total ? Certaines et non des moindres, pleines à 70% de ceux-là... "
Vous avez l'intention de poser le problème d'un quota et d'une discrimination positive là aussi, histoire de rendre les locaux plus vivables à moindre coût?
Rédigé par : 567891234 | 08 décembre 2008 à 09:48
@Marie
"J'ai ouvert la revue pour voir de qui il s'agissait. Le Belge en question s'appelle Pierre Bilger...
Monsieur Bilger, vous ne nous dites pas tout... !"
Mais si, tout le monde le sait. Dans les quatre millions d'euros si mes souvenirs sont exacts.
En tout cas ça fait du bien de savoir que cette famille est motivée par de plus nobles idéaux que le son des lingots du coffre d'Oncle Picsou !
Rédigé par : Catherine JACOB | 08 décembre 2008 à 09:34
Hier sur Europe 1, le sénateur de la Vienne Jean-Pierre Raffarin a appelé à la défense de la diversité en France ! Il trouvait injuste les critiques sur Rachida Dati, et invitait les concitoyens à protéger les minorités visibles du gouvernement !!!
Alors, au nom du principe de protection de la diversité en France, il est demandé de taire toute critique.
Un racisme de la bonne conscience qui ne dit pas son nom. Un racisme de la complaisance, du velouté emprunt de paternalisme.
Rédigé par : SR | 08 décembre 2008 à 08:59
Erig, je viens de regarder la vidéo Youtube que tu références ci-dessus. Elle n'est pas bien méchante, celle-là; il y a pire, en l'espèce. Tu remarqueras une chose: tous ces jeunes qui, pour la plupart, n'ont jamais mis les pieds qui en Algérie, qui au Maroc, qui ailleurs en Afrique, qui parlent à peine quelques mots des langues de ces pays, se drapent ici du drapeau algérien. Je ne peux m'empêcher d'en sourire car je sais que si un seul de ceux-là qui sont français pourtant, Hortefeux ou un autre, pour les prendre à la lettre, l'envoyait, allez, mettons, un an seulement en Algérie puisqu'en l'occurrence c'est dans le drapeau de ce pays qu'ils se drapent ostentatoirement, tu l'entendrais d'ici, de ta Bretagne et moi ma Champagne, supplier qu'on le raPATRIE, tant l'existence là-bas lui serait insupportable, tant les moeurs là-bas lui seraient si différentes, tant tout au quotidien lui serait inconnu comme la pire des punitions ... J'ai de nombreux amis qui, comme moi, sont nés ici ou qui y sont venus avec leurs parents dans les années 60, leur plus jeune âge, et qui -eux-mêmes ne savent l'expliquer clairement aujourd'hui- ont conservé leur nationalité, enfin celle de leurs parents, algérienne, marocaine et tunisienne pour la plupart. Aujourd'hui, ayant la quarantaine comme moi, ils en crèvent de dépit d'avoir à galérer administrativement pour se faire naturaliser français, régulariser enfin cette situation somme toute normale car, après tout, ils sont français, ils ne parlent même pas un mot de l'arabe ou autre, et quant à la religion, n'en causons même pas; ils se disent musulmans comme moi je pourrais me dire, tiens, taoïste ... Certains, pour des délits, ont été expulsés à temps et, lorsqu'ils en sont revenus, ils ont embrassé le sol du pays, jurant que plus jamais ils ne remettraient un pied là-bas ... Il faut prendre un peu de recul avec ces vidéos ou autres "revendicatrices" ou vindicatrices à rebours qui ne sont en vérité que la manifestation pathétique de l'ignorance de ce que leurs auteurs présentent. Un Algérien, un Marocain ou un Tunisien ou un autre Africain, de là-bas, du peuple, de ceux-là qui en souffrent actuellement et en meurent au quotidien depuis des décennies de ne pas avoir un dixième de la liberté qui leur permet, à ceux-là de nos villes, de cracher ainsi sur leur pays, de poster des vidéos outrancières, s'ils pouvaient ils leur cracheraient à la gueule et simplement leur diraient: Soit! tu hais la France, d'accord, prends ma place et moi je prends la tienne, je suis prêt à l'aimer, moi, la France, cette France, à l'aimer plus que tout même si je n'y ai jamais mis les pieds, même si j'en parle à peine ou pas du tout la langue; la vidéo où tu la honnis sans risque m'a convaincu et plus que cela que c'est le plus beau pays du monde.
Maintenant, sur le fond. Il y est question d'argent aussi et longuement. Comment ne pas les comprendre? Tout, chez nous, est chaque jour davantage jaugé à cette aune. C'est la valeur suprême; avec lui, tu existes, tu es; sans lui, tu crèves. C'est la tare, aux deux sens du terme: la tare qui pèse et mesure et celle qui désigne la malfaçon. Mais c'est ainsi. Tu peux avoir tous les talents du monde, il est fort peu probable qu'ils te fassent vivre dignement voire et surtout t'enrichissent. Mais si tu es riche d'une autre façon, honnête, malhonnête, n'importe, alors tu as de fait tous les talents et la société et les institutions seront là qui te le prouveront, qui t'admireront, te féliciteront et te montreront et citeront en exemple ... Ils ne disent pas autre chose, ces jeunes, et là ils visent juste.
Les choses sont simples, tu sais.
Allez, bonne nuit.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 08 décembre 2008 à 01:20
Rédigé par : Erig le Brun de La Bouëxière | 07 décembre 2008 à 21:36
Votre opinion m'étonne. J'ai trouvé ce film d'une bêtise et faiblesse ("-je suis dans une merde noire - c'est le cas de le dire") inouïes.
Rédigé par : Fritz | 07 décembre 2008 à 21:17
"...La bonne cause..."
Il y a quelques jours j'ai remis un exemplaire du Pèlerin à une personne âgée de huitante et plus années. Sachant qu'elle avait quelques difficultés à lire, je lui ai demandé si elle avait pu déchiffrer quelque chose. Elle me répondit : "oui, j'ai lu un article sur un Belge qui a rendu ses indemnités de départ... !"
J'ai ouvert la revue pour voir de qui il s'agissait. Le Belge en question s'appelle Pierre Bilger...
Monsieur Bilger, vous ne nous dites pas tout... !
Rédigé par : Marie | 07 décembre 2008 à 21:04
-Bérurier !
-oui, patron ?
-vous avez la fiche "sorties cinéma" du 517 ?
-la voilà, patron...
-humm...rien que de très banal...Lemercier, Meryl Streep, Isabelle Huppert, Angelina Jolie, Brad Pitt...
-oui, sauf qu'il en profite pour flinguer un peu dans ses critiques les associations...
-flinguer ?...
-oui, par exemple le MRAP, dans son dernier commentaire...c'est pas explicite, patron, mais même moi j'ai compris !
-vous voulez dire, béru, que 517 c'est le genre à critiquer Act Up après avoir vu "Le secret de Brokeback mountain" ?
-sais pas patron, j'aime pas les westerns !
-dites-moi Béru, ça se rejoue en ce moment "Boudu sauvé des eaux" ?
-Y'a une actrice connue, patron ?
-Béru, je me fous de l'actrice ; si 517 va le voir, on peut obtenir un truc féroce sur le DAL, le boss en a besoin...démerdez-vous pour que le Champollion le programme !
Rédigé par : sbriglia | 07 décembre 2008 à 20:50
@SR
Vos méconnaissances de l'histoire du rock vous font écrire des erreurs. Sans les Noirs, point d'Elvis, en tout cas pas celui que nous avons connu. Quand celui-ci violait les lois ségrégationnistes des Etats du Sud pour les rencontrer dans leurs bouges où ils créaient la musique et la danse qui allaient devenir quelques années plus tard le rock and roll, c'était, en plus d'une affirmation politique antiraciste, aussi et surtout pour y apprendre la musique et la danse en les observant et s'intégrant à eux. Elvis, avant son périple solitaire dans le Sud auprès des Noirs, ne savait rien de la danse ou à peine.
Mon cher PB, je vous dis cette chose : comme c'est dur d'être intelligent! Oui, l'antiracisme et/ou l'antisémitisme à toutes les sauces est casse-bonbon... On ne pourra jamais obliger les uns à aimer les autres, tous les autres, pour ce qu'ils sont, comme ils sont, et inversement, c'est ainsi. Une seule règle: de Droit ; je crois qu'il faut s'en tenir à elle. Mais que faire quand le racisme s'insinue, tel un microbe de fait invisible, dans les attendus du Droit ? Vous me comprenez ? Le cinoche, c'est bien, mais la réalité, c'est autre chose. Combien de Blacks et de Beurs dans les prisons, en proportion du total ? Certaines et non des moindres, pleines à 70% de ceux-là... Le dénicher, ce racisme, puis l'écraser comme une vermine dans les institutions, d'abord et surtout l'institution judiciaire, ça c'est une gageure, une vraie, quelque chose que vous devriez supporter sans, je l'espère, jamais jamais vous lasser... Vous êtes au dernier banc pour cette chose, comme au cinéma, la meilleure place, vous embrassez toute la scène d'un regard. Alors, ayez l'oeil, ne roupillez pas, même si c'est moins marrant que Lemercier-Chatiliez ...
Pour finir sur une note un peu cinématographique, Valérie Lemercier, pour moi, restera toujours cette bourgeoise adorable des "Visiteurs"... Cela m'est étrange, tout de même, ce titre "Agathe Cléry. C'était il y a 25 ans de cela, alors que j'étais à un million de lieues de ce que je suis aujourd'hui, à Paris face à la terrasse d'un bistrot où je me trouvais, ruminant mille et uns singuliers mauvais projets, une roulotte de voyance posée là, juste là, quelques mètres sur le trottoir ... En sortant, je ne sais, mais plutôt que de partir comme c'était mon intention, sans que je sache ni comment ni pourquoi je me suis retrouvé dedans et cette vieille dame dont le visage m'a frappé par ses rides nombreuses et profondes et sa voix grave, sonore, m'a happé et commençait de me faire une voyance. Je n'avais plus un rond, je le lui ai dit, elle m'a répondu que cela importait peu. J'avais l'impression de changer de siècle, l'intérieur était tapissé de velours et puis cette roulotte si ancienne à laquelle ne manquait plus que les chevaux... Tout ce qu'elle m'a dit ce jour a eu lieu, et pourtant, vers la fin j'ai eu envie de ricaner quand elle m'a affirmé que j'écrirai... des livres. Elle m'aurait dit que j'aurais un jour une tenue de cosmonaute et que j'irais sur la lune avec la NASA que cela ne m'aurait pas fait un effet plus différent, sidérant. Puis, me retenant au moment que j'allais la quitter, elle a ajouté -cela résonne encore dans ma tête-: Prenez un nom, prenez un nom ... A... A... Axel CLERY, voila Axel CLERY. Je ne l'ai pas fait mais je ne l'ai jamais oublié. Rien de ce qu'elle m'a dit ce jour ne s'est pas réalisé depuis, et pourtant, que de détail m'a-t-elle donné... Mais pourquoi ce Axel CLERYJ? je ne sais. Récemment, j'ai reçu un très long et beau courrier d'un lecteur que je ne connaissais pas. De sa lettre, ce qui m'est resté surtout comme on frappe quelqu'un, est ceci qu'il relate que lorsqu'il va chez son libraire acheter mes bouquins, celui-ci lui répond : "Ah bon! t'achètes de l'Arabe, toi ?... J'ai pas". A ce moment, je n'ai pu m'empêcher de penser que Axel Clery il aurait eu, certainement eu. Je songe, pour l'avenir, à prendre enfin ce Axel Cléry mais je ne sais encore... Sans être mystique ou religieux en rien, agnostique tout entier, quand bien même je connais le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam en profondeur dans leur histoire et leurs ressorts, je ne peux m'empêcher de songer qu'il s'y trouve de nombreuses phrases qui ont sens et servent à la vie d'un homme ou une femme. Ainsi, celle-ci: "Tu honoreras ton père et ta mère". Les honorerai-je si j'effaçais leurs noms de mes ouvrages pour y inscrire un autre, inconnu, qui m'éviterait le racisme ou à tout le moins l'ostracisme des libraires et des lecteurs, qui me simplifierait certainement les choses, comme -je le comprends mieux maintenant- me l'a suggéré ce jour cette vieille femme dans sa vieille roulotte?
Renierai-je mes origines, le nom de mes ancêtres, toute leur Histoire, tout ce qu'ils furent et firent jusqu'à moi, comme le fit officiellement avec parution au JO Maurice Benguigui pour celui "plus commercial" de Patrick Bruel ? Suis-je prêt à cela ? J'en doute... Alors, tant pis, cette voyante étonnante m'aura dit avec justesse toutes ces choses que j'ai depuis vécues, tout ce que j'ai depuis été, sauf celle-là. Car je ne crois pas qu'on en finisse avec le racisme en changeant de nom, pas plus qu'en changeant -si c'était possible- de couleur de peau ou de texture des cheveux. L'intégration, l'égalité, ce n'est pas à cet endroit qu'elles se trouvent. Quand, sous l'Occupation des années 40, on arrêtait les Juifs en France, de nombreux parmi eux ne le savaient même pas qu'ils étaient Juifs, ne le savaient plus, ils l'avaient oublié au long les siècles où ils vécurent en ce pays, le leur, la France, même leur nom n'avait plus aucune consonance qui pouvait faire sembler d'ailleurs ; c'était l'agresseur qui, à leur stupéfaction, le leur rappelait au moment qu'il venait les chercher pour les tuer.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 07 décembre 2008 à 19:32
@: Jean-Dominique Reffait |
"Durant ces années, j'ai connu le racisme ordinaire, pas méchant, souvent ignorant, de gens tout étonnés que le docteur en physique ne fut pas moi mais elle. "
Vous êtes donc passé de la physique à la philosophie ou je confonds encore une fois avec Marc ?
Rédigé par : Catherine JACOB | 07 décembre 2008 à 19:25
Valérie LEMERCIER excelle...
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 07 décembre 2008 à 18:09
@ SR
J'ai beaucoup fréquenté, in illo tempore, les boîtes de nuit africaines, en Afrique et en France. Les noirs savent danser, ils vous mettent la honte. Le cliché n'est pas de constater qu'ils savent danser, ce qui n'est pas douteux, mais qu'ils ne sauraient faire que cela.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 07 décembre 2008 à 16:13
Dans une première vie, je fus marié une longue dizaine d'années à une femme noire, d'une beauté de top model (eh ouais les mecs !), brillantissime, dont le sale caractère antillais, masquant les trésors de générosité, fut la seule cause de notre séparation. Durant ces années, j'ai connu le racisme ordinaire, pas méchant, souvent ignorant, de gens tout étonnés que le docteur en physique ne fut pas moi mais elle. J'ai également testé pour vous le racisme ordinaire des forces de l'ordre, toujours démenti officiellement, toujours constant au quotidien, étant certain que je serais systématiquement arrêté à un contrôle de police en sa compagnie, alors que seul, je ne suis jamais arrêté. Nous avons toujours pris cela avec humour, répondant aux questions par l'excès du cliché raciste : "D'où venez-vous ? - De la maison là-bas, dans l'arbre. - Quelle est votre profession ? - Je viens de l'acheter, je ne sais pas encore ce qu'elle sait faire." Cela suffisait généralement à déminer le terrain : "Bon allez-y..."
Le racisme, avant d'être un mal parfois violent, est avant tout une sottise qu'il convient de traiter avec la légèreté de la sottise. Ordinairement, il n'est pas méchant, et à vouloir le diaboliser sous toutes ses formes, on le renforce alors qu'il n'est pas difficile, en le rendant burlesque, d'en libérer ceux qui en sont atteints.
L'antiracisme institutionnel est casse-pied, il prétend introduire de la morale là où il n'est question que d'un sentiment irrationnel. Lorsque nous n'aurons plus qu'à rire de blagues racistes (qui moi me font rire) sans avoir à regretter de comportements discriminatoires ou violents, la partie sera gagnée.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 07 décembre 2008 à 16:09
Les clichés ont la dent dure : devenue noire une femme blanche sait subitement danser, comme si danser était l'attribut premier des personnes noires. Un retour à l'exposition coloniale de la Porte dorée qui exhibait en tenues folkloriques des indigènes sommés d'exécuter des danses guerrières pour ravir et effrayer les petits enfants la bouche pleine de sucre candy. Heureusement que nous avons eu Elvis Presley pour nous rappeler que la danse est une capacité qui méconnaît la couleur de peau.
Rédigé par : SR | 07 décembre 2008 à 15:49