Avec quelle volupté amère et vengeresse certains médias rapportent-ils les statistiques alarmantes sur les suicides en prison depuis le début de cette année 2009 ! Je ne leur ferais pas l'injure de penser qu'ils s'en réjouissent mais en revanche il est clair qu'ils veulent s'en servir comme d'une machine de douleur, de tragédies à exploiter contre cet univers pénitentiaire dont ils ne cessent de dénoncer le principe aussi bien que la matérialité et les modalités.
On est obligé, toutefois, d'aborder cette multiplication des suicides au mois de janvier puisqu'on en dénombre onze selon l'administration pénitentiaire, alors qu'au mois de janvier de l'année dernière on n'en relevait, si j'ose dire, que six. On sait également que cinq sur les onze concernent des délinquants sexuels et que la plupart se rapportent à la période de la détention provisoire où, à l'évidence, le choc avec le monde de l'enfermement est le plus traumatisant (site du Nouvel Obs).
Cette instrumentalisation de la mort - je ne suis pas sûr d'ailleurs qu'il n'y ait pas dans ces séquences un horrible mimétisme - est d'autant plus choquante que ces suicides à répétition non seulement ne sont pas traités à la légère par le directeur de l'administration pénitentiaire, qui juge le problème "préoccupant", et son équipe, mais au contraire les mobilisent, à l'initiative de la garde des Sceaux qui attend un rapport du docteur Louis Albrand chargé de proposer des pistes plus efficaces pour combattre cette propension mortifère. Il n'y a pas l'ombre, de la part des responsables, d'une méconnaissance des drames et de l'action énergique qu'ils doivent inspirer, ce qui n'a pas toujours été le cas des administrations antérieures ( Le Parisien).
Le Premier ministre, lors de l'inauguration avec Rachida Dati du centre de détention de Roanne, a évoqué, pour ces suicides, "des raisons matérielles connues parmi lesquelles la surpopulation, la vétusté, l'inadaptation des locaux" qui pourront être défaites par "l'équipement des cellules, la généralisation d'un quartier destiné aux nouveaux arrivants et la mise en place d'un suivi psychologique renforcé pour les personnalités fragiles" - autant dire pour beaucoup des détenus provisoires et un nombre non négligeable de condamnés (Le Monde).
Il est évident que sur ce plan, le Premier ministre a raison qui pointe, avec rationalité, des causes objectives au désastre de soi que réussit le suicide. On ajoutera la nécessité d'une surveillance constante qui n'appellera pas le moindre laisser-aller, la plus petite indifférence, le sentiment diffus qu'après tout, "on s'en fiche". Une volonté au contraire quotidiennement affirmée de sauver des êtres qui, méritant d'être là, méritent aussi d'être préservés des atteintes de la vie carcérale et des blessures, si on peut, de leur propre intimité.
Car, pour peu qu'on allie l'impressionnante épreuve de la détention provisoire aux personnalités souvent décomposées et nocturnes des délinquants et criminels sexuels présumés encore innocents ou condamnés, on a là, à l'évidence, dans cette humanité particulière incarcérée, un risque maximal de suicide. Il convient de ne pas oublier l'atmosphère terrible qui accueille et accompagne cette dernière, comme si une part de la population pénitentiaire se donnait à bon compte un certificat de moralité en accablant, paraît-il, de plus coupables qu'elle. La quotidienneté de menaces et d'insultes, la haine des "pointeurs" ne sont pas pour rien dans le désespoir qui conduit certains à sauter de l'autre côté de la vie. On aura beau tout supprimer - et il faudra continuer à le faire -, la personne acharnée à se supprimer y parviendra toujours. A ce titre, comment ne pas répudier le désir extravagant, exprimé par certains psychologues, de refuser la séparation entre les délinquants sexuels et les autres, pour ne pas stigmatiser les premiers alors qu'un début de solution réside précisément dans l'inverse ? Mieux vaut la stigmatisation par la discrimination que l'humiliation au fil des jours, les offenses, les coups et, malheureusement parfois, à leur terme, la tentation de l'irréversible ?
Sans doute faut-il aussi accepter de regarder en face la réalité. Le suicide n'est pas plus univoque en prison qu'à l'air libre. On se rassure en tentant d'installer, autour de ces détresses capables du pire sur elles-mêmes, un cordon sanitaire, des barbelés existentiels. Mais, une fois élucidées les causes matérielles, et admis le traumatisme carcéral (inévitable, mais à qui la faute ?), reste à affronter la nuit en chacun, à soupçonner les prisons intimes qui tôt ou tard pourraient engendrer des tragédies qui dans l'instant nous apparaîtraient incompréhensibles, alors que venues de loin elles auraient du être repérées dans leur éventualité, leur menace. En mettant en exergue les difficultés d'être indépendantes, au moins partiellement, de l'emprise carcérale, je ne prétends pas dégager la responsabilité de l'institution mais la dissuader de se couvrir de cendres comme si elle pouvait TOUT empêcher, interdire.
Plus que jamais, outre les conclusions prochaines du rapport Albrand, on attendra la discussion, enfin, du projet de loi pénitentiaire. Il est manifeste qu'agir sur la structure aidera peut-être les natures fragiles à s'accepter, mais qu'on ne se leurre pas : celles-ci constitueront toujours, au sein de la privation de liberté, des blessures à vif, des souffrances à soigner, des suicides à prévenir.
Mais, de grâce, qu'on n'en fasse pas une matière à statistique.
Je voulais coller ce commentaire à la suite chez Battisti non en fuite, cher PB, mais en villégiature prolongée, puis, finalement, non, laissons cet honnête concierge et romancier à ses travaux brésiliens de littérature, ne l'embêtons plus, surtout planqués comme nous le sommes, de si loin ... Il nous reviendra, nous l'accueillerons dans la joie et lui demanderons pardon pour toutes ces misères que nous lui avons fait subir, lui si tranquille depuis plus de vingt ans dans son immeuble parisien ...
Les prisons, la Justice pour mineurs, plutôt ... Quelque chose sociale me laisse songeur, en ce moment ... C'est ce phénomène auquel nous assistons et qui va s'amplifiant: la violence des adolescenTES. C'est nouveau, ce truc, ça vient de sortir, ou plutôt non, ça fait un petit bout de temps ... Elles commencent de ne le céder en rien quant à la castagne et plus même, aux "racailles" des banlieues, nos petites frangines ... Ca cogne dur, dis donc, ça agresse, ça mord, donne des coups de pieds là, oui là, puis ça vole les grands-mères dans la rue, traînées par le sac sur dix mètres les mémés, ça nous fait des cols fémur brisés, on les accueille nous autres en soins de suite, pas facile, souvent elles meurent de chagrin, c'est le syndrome de glissement ... Puis, hier, cette jeune fille, 14 ans, qui tue sa mère, la poignardant. Ca devient franchement sanglant ... Et pour qui s'intéresse à ces choses, il verra qu'il ne s'agit pas d'un épiphénomène mais d'une véritable tendance ... 14 ans, c'est pas 12, mais c'est pas 15 non plus. Je me demande in fine comment la Justice va gérer cela qui est en réalité bien plus complexe que ce que l'on a voulu nous en dire officiellement. La nécessité d'une Justice holistique ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 02 février 2009 à 19:20
Il serait préférable d'attendre les résultats de la politique d'Obama avant de chanter ses louanges.
Rédigé par : streit | 23 janvier 2009 à 17:18
@Catherine Jacob
Je suis presque certainement d'accord avec vous. Il est cependant assez rare de lire des études conduites avec la rigueur et l'objectivité nécessaires.
@Nathalie
Je parlais évidemment de NS et FB, le dernier étant historien et agriculteur de formation.
Rédigé par : Alexandre | 22 janvier 2009 à 20:04
"Mais, de grâce, qu'on n'en fasse pas une matière à statistique."
Sans doute, mais le 'suicide en prison' est nécessairement une variable aléatoire dont plus on cherchera à la préciser, plus on risquera d'être à même de le prévenir. Le but de l'inférence statistique étant de dégager le portrait d'une population donnée, en l'espèce, celle des victimes de suicide en milieu carcéral, pour, en le comparant à celui de la population à risque , à cet égard, qui évolue dans un milieu non carcéral mais, par ex. défavorisé ; non défavorisé mais d'âge scolaire ; sans considération de l'âge mais sur la base de critères régionaux (par ex. en Lorraine, le pourcentage de population à risque à cet égard est très élevé!!), de critères de localisation (tel établissement, et tel profil de personnels pénitenciers) etc. etc. il existe en effet de multiples critères susceptibles d'être pris en compte simultanément puis étalonnés sur la base de la partition suivante: milieu carcéral, milieu non carcéral, puis y appliquer la théorie des probabilités de façon à définir le profil du candidat au suicide le plus probable, ainsi que et surtout, cette variable aléatoire qui pourrait se définir comme 'variable carcérale' susceptible d'intervenir avant (=risque), pendant( = état) ou encore même après (=conséquence) une période d'incarcération et en fonction des conditions matérielles de la dite incarcération, variable spécifique donc, du ressort en effet de l'administration carcérale et des magistrats à l'origine de la décision d'incarcération, et variable combinée à tout le reste (par ex. personne dont le conjoint sollicite la dissolution des liens - mariage, pacs etc.. - du seul fait de l'incarcération etc.)
Ensuite, et seulement ensuite, il me semble, pourront intervenir des mesures de prévention efficaces, autrement dit des mesures dont le degré d'efficacité aura été lui-même évalué non pas dans l'absolu mais relativement au profil défini. A moi qui ne suis pas une mathématicienne, et de loin, cela me paraît le B.A.Ba de la démarche la plus rationnelle et logique.
Bien évidemment, cela paraît sec et sans coeur, mais, quoiqu'en aient les 'bonnes dames', et les 'bonnes âmes', pas plus que de 'bonne littérature', on ne fait de 'bonne prévention' de quelque ordre que ce soit sur la base de 'bons sentiments', mais seulement sur la base de 'bonnes analyses' préalables, lesquelles seront seules susceptibles de donner un contenu pertinent à un quelconque et éventuel principe dit de précaution, dont la mise en oeuvre pourrait s'imposer dans telle ou telle forme concrète.
Ceci étant, la 'volonté bonne' au sens kantien du terme - autrement dit autre chose que la 'bonne volonté' jumelle du 'voeu pieux', en l'espèce la solidité de la volonté politique de faire avancer le schmilblick dans la bonne direction, est tout fait primordiale pour que soient ordonnées en effet toutes mesures adéquates et pertinentes à réduire la probabilité d'action ou d'effet, de la dite 'variable carcérale'!!
Rédigé par : Catherine JACOB | 22 janvier 2009 à 17:07
"Et puis, changez de nom : Laboca, c'est la bouche en italien, non ? C'est obscène et je pense que je vais vous violer."
C'est pas "la bocca della verita" mais "la bocca de la vieille Rita".
Rédigé par : sbriglia@JDR | 22 janvier 2009 à 14:04
Ah, Laboca ! Enfin un peu de fraîcheur ! Les valeurs morales réduites à l'exposition des nichons, voilà qui réduit les questions philosophiques inutiles ! Papous et hottentots, ces grands industriels du viol, feraient mieux de payer des cols roulés à leurs femmes plutôt que des bassines en plastique.
Auriez-vous du mal à contrôler vos hormones à la vue d'une paire de seins ? Craignez-vous de vous jeter sur la femelle satanique et lascive ? Moi, ça va, je transpire mais je résiste.
Laboca, les pulsions sexuelles sont de notre responsabilité, la nature nous a créé nu et la parade sexuelle des animaux nous démontre assez que l'assentiment des deux sexes est nécessaire à l'accouplement. Ceux qui s'en affranchissent sont seuls responsables de leur discourtoisie. Si un jour béni, je trouvais dans mon lit Catherine Zeta-Jones nue et parfumée, je lui demanderais toutefois la permission de me jeter sauvagement sur elle et lui faire oublier définitivement les misérables performances de Michael Douglas.
Et puis, changez de nom : Laboca, c'est la bouche en italien, non ? C'est obscène et je pense que je vais vous violer.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 22 janvier 2009 à 10:24
@ Sbriglia,
N'y a-t-il pas plus de Robespierre ou de Torquemada que de Tartuffe dans l'envolée de Laboca ? J'ai le sentiment en effet qu'il croit réellement tout ce qu'il écrit.
Rédigé par : Laurent Dingli | 22 janvier 2009 à 09:18
"Comme disait Mirabeau "...
"Ah ! mon ami, je m'en vais enfin de ce monde, où il faut que le coeur se brise ou se bronze."
Chamfort, mourant, à Sieyès...
Mirabeau, c'est les baïonnettes...
...où on peut tout faire avec, sauf s'asseoir dessus.
Rédigé par : cuistriglia | 22 janvier 2009 à 08:53
@Alexandre : "Un paysan à la place d'un avocat, c'est peut-être ça la vraie alternance".
J'essaie de mettre un nom à la place de paysan et d'avocat. Avocat, ce n'est pas facile, car beaucoup d'avocats font de la politique, paysan, je me demande, un nom revient, genre Bové, ou président chasse pêche et nature. Curieuse alternative.
Rédigé par : Nathalie | 22 janvier 2009 à 07:13
@ Aïssa
Quelques bémols quand même.
La gauche des Etats-Unis correspond plus politiquement à notre centre. Le passage de Giscard lors des crises pétrolières nous a donné 20 ans d'avance sur nos partenaires sur la pétro-dépendance, sur la libéralisation de l'avortement aussi.
Notre gauche n'est que le reflet de nos ambiguïtés. Il aurait suffi de quelques voix au premier tour pour proposer une alternance. C'est le seul obstacle possible à la réélection de M. Sarkozy en 2012, et c'est bien pourquoi ses supporters chantent les louanges de Mme Royal.
Un paysan à la place d'un avocat, c'est peut-être ça la vraie alternance. Religion de celui qui vit de plaire d'un côté, de l'autre connaissance froide de la chose qui résiste, qui a la tête dure comme les mathématiques.
Bourgeois contre Prolétaire, dirait Alain.
Rédigé par : Alexandre | 22 janvier 2009 à 00:00
Ah, mon cher sbriglia ! Comme disait Mirabeau : Il faut que le coeur se brise ou se bronze...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 21 janvier 2009 à 23:52
@ sbriglia
Irrécupérable ? Assurément.
C'est un compliment. Les torpilleurs des soupers qu'ils proposent ne sont pas légion. Vous êtes rare, vous êtes drôle, vous lire est un plaisir de flâneur de grands boulevards d'autrefois. Il y a du Francis Lemarque sous votre clavier.
La légèreté, quand tant d'humains se pendent, tient de la danse classique. Vous plaidez, j'espère, en Repetto, quand vous participez au Gala de l'Union ?
@ Aïssa
Qu'est-ce que tu te prends le chou ?
Laisse-les brasser leurs vents.
Tes mains dans les pansements, les miennes dans les massifs. Les quatre fouillant l'avenir.
On fait.
Autant qu'on peut.
On a juste un mérite (infime).
On essaye.
En attendant d'y arriver, on assure.
Et on va continuer.
Rédigé par : Fleuryval | 21 janvier 2009 à 23:11
On serait avisé de pointer ce spectacle lamentable qui nous est livré (démocratie oblige, sic) par cette Opposition de gauche ... Avant que ce Parlement prétende à discourir sérieusement de la situation générale française (le carcéral et le judiciaire n'en sont pas les moindres items), il lui faudra déjà commencer de cesser ce ridicule qui le caractérise tant actuellement et se mettre d'accord sur son fonctionnement crédible et efficient. On se marre un moment en les voyant, les écoutant, mais, à la longue, cela devient pénible et honteux que de voir comment ils ont fourvoyé cette leur mission, ce pour quoi la Nation les mandate ... Je préfère une dictature qui fonce et qui décide à cette démocratie avachie qu'est devenu ce régime "parlementaire", le nôtre ... On n'est pas sorti de l'auberge avec cette clique ... Si je compare ne serait-ce que les alternances politiques (droite-gauche) entre notre pays et les Etats-Unis, je suis sidéré et comprends qu'ils nous regardent souvent comme on verrait des êtres quasi préhistoriques en leurs institutions ... Depuis 1960:
Etats-Unis:
Kennedy (démocrate/gauche)
Johnson (démocrate)
Nixon (républicain/droite)
Ford (républicain)
Carter (démocrate)
Reagan (républicain)
Bush père (républicain)
Clinton (démocrate)
Bush fils (républicain)
Obama (démocrate)
France:
de Gaulle (droite)
Pompidou (droite)
Giscard (droite)
Mitterrand (gauche)
Chirac (droite)
Sarkozy (droite)
Cherchez l'erreur ... Et je ne cite que les présidences; fi des Parlements ou des Congrès ... Notre Sénat, lui, est vissé à droite de toute éternité, au mépris total du citoyen; quant à notre Assemblée nationale, si elle a été cahin caha majoritaire à gauche hétéroclite et bric et broc en tout et pour tout 10 ans depuis 1960, ce sera beaucoup ...
Où est-elle cette notre alternance politique qui ferait évoluer sereinement notre démocratie? La question mérite d'être gravement posée ...
En attendant, on peut légitimement considérer qu'actuellement et ce encore pour les trois prochaines années, l'"Opposition" à la politique de Nicolas Sarkozy (je n'ose plus écrire de ce gouvernement et/ou cette majorité, cela me fait honte pour eux), c'est, qu'on en prenne acte: CARLA BRUNI.
Ma foi, après tout, pourquoi pas? Je la trouve moins stupide que les autres et certainement plus jolie. Sur l'oreiller, elle peut lui parler de la France, justice sociale, justice tout court, pénitentiaire pourquoi pas, prisons et suicides, primes des magistrats, la République même, etc., et obtenir bien plus de résultats que toutes les Oppositions officielles et légales réunies ... Ce que ne font plus celles-ci, à l'Assemblée, trop occupées qu'elles sont à faire leur mauvais cinéma aux frais du con qui paie leurs larges indemnités parlementaires.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 21 janvier 2009 à 19:52
"Une fille bien éduquée respecte son corps et sait qu'il n'est pas un objet de curiosité masculine.
Les hommes de leur côté doivent arrêter de faire des compliments bidons aux femmes sur leurs seins."
Ah ! Monsieur le commentateur Laboca, j'ai cru entendre ici Tartuffe !
Avez-vous jamais eu dix-sept ans ?
Rédigé par : sbriglia@Laboca | 21 janvier 2009 à 19:25
Si me venait l'envie de paraphraser Aïssa, j'oserais dire que ceux qui parlent de la prison sans en avoir jamais franchi les portes sont comme des puceaux qui écriraient des livres sur les pratiques érotiques... Comme le papillon qui s'est brûlé à la flamme et qui connaît enfin la lumière, seul, sans doute, Aïssa peut parler en connaissance de cause de la prison.
Suis-je irrécupérable ?...
Rédigé par : sbriglia | 21 janvier 2009 à 19:18
Laboca, j'ai hésité à réagir à votre commentaire tant je le trouve - comment dire pour ne pas être discourtoise à l'égard de notre hôte - atterrant. Nous y voilà, les femmes violées l'ont sans doute bien cherché, ces aguicheuses, ces garces et si ce n'est pas le cas, gageons qu'elles ont pris leur pied. Vous voulez moraliser votre vie, très bien ; pour la mienne je me débrouillerai toute seule, mal ou bien sans doute, mais je n'ai que faire des donneurs de leçons qui oublient souvent de les appliquer. Comme par exemple, au hasard, ce sénateur américain, père la pudeur, jamais en retard d'une indignation devant la déliquescence des moeurs et surpris dans une pissotière à draguer les garçons... un exemple parmi une foultitude d'autres. Je n'ai pas une grande estime pour les violeurs vous l'aurez compris mais je n'en ai guère plus pour ceux qui se baladent leur morale en bandoulière, peut-être parce qu'à regarder leur vie attentivement il serait difficile de la voir.
Catherine A, femme sans doute très mal élevée et, figurez-vous, ravie de l'être.
Rédigé par : catherine A. | 21 janvier 2009 à 19:04
Peut-être faut-il aussi y voir que, depuis et malgré Outreau, le réflexe carcéral demeure toujours aussi acquis chez bon nombre de JLD... Nous sommes heureux de savoir que Mme Dati se soucie de la question! La meilleure façon de le démontrer serait d'avancer dans ce projet de loi pénitentiaire pour le vote duquel nous devrons bientôt entamer des prières...
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 21 janvier 2009 à 17:27
Désagréable, n'est-ce pas, ces suicidés ? Sous influence de droit-de-l'hommistes compassionnels qui leur suggèrent de se pendre abondamment pour faire simultanément grimper le ricanement journalistique, les statistiques et l'ire de Philippe.
Définitivement mal élevés, ces détenus qui se pendent et qui persistent à vouloir nous faire gober que la prison française est, pour certains, une condamnation à mort alors que, c'est bien connu, le suicide d'un détenu n'est que le rendez-vous intime de l'homme avec l'horreur de ses ténèbres. Et s'il y a plus de suicides dans les geôles du royaume qu'ailleurs, c'est que nos détenus sont trop intellectuels sans doute, trop psychanalysés, trop sensibles aussi, trop artistes, trop français, quoi !
Non, jamais il ne doit venir à l'esprit de demander des comptes pour des actes nécessairement isolés. Les journalistes sont d'ailleurs bien gentils et n'interrogent que le sempiternel délégué syndical des surveillants sans se soucier d'aller chatouiller le juge qui a collé le pendu au trou. Pour cela il faut un Outreau, un François Mourmand qui se dézingue, pour que l'on questionne un Burgaud et, là encore, tout le monde le sait, il n'y a plus d'Outreau, politiquement incorrect, fini Outreau, classé.
Et si, Philippe, vous aviez cruellement tort ? Et s'il existait encore des François Mourmand ? Fragile ? Et alors ? N'a-t-on pas le droit d'être fragile lorsqu'encore en détention provisoire, l'on est un innocent aux yeux de la loi, pire encore si l'on est authentiquement innocent ? Et s'il y avait, parmi ces onze suicidés, un innocent, un vrai qui vous montre du doigt et vous demande : "Pourquoi m'avoir envoyé là où je ne puis survivre ?". Croyez-vous que la justice a tué tous les François Mourmand et qu'elle n'en crée pas d'autres, au jour le jour, comme on transpire ?
Cette unique possibilité dans cet univers supposé d'âmes sombres et perverses ne suffit-elle pas à revoir tout le système qui conduit préventivement à la prison ?
Je suis excessivement sévère avec vous, dont nous connaissons le souci d'une prison digne, mais c'est une réponse à votre excessive sévérité envers ceux qui s'en inquiètent. L'humanisme, quand il est trop vigoureux, peut tuer.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 21 janvier 2009 à 15:22
@ PB
"Sans doute faut-il aussi accepter de regarder en face la réalité. Le suicide n'est pas plus univoque en prison qu'à l'air libre. On se rassure en tentant d'installer, autour de ces détresses capables du pire sur elles-mêmes, un cordon sanitaire, des barbelés existentiels."
Pour avoir exercé mon ministère d'aumônier protestant de détention pendant 13 ans, notamment auprès des "pointeurs", mon analyse ne rejoint pas la vôtre.
Ce n'est pas d'un cordon sanitaire, encore moins de barbelés qu'il faut. Mais d'une main tendue, d'une porte ouverte que l'on peut franchir à deux pour les aider à comprendre, non ce qu'ils ont fait, ça ils le savent bien mieux que quiconque, mais "se comprendre".
Ce qu'ils ont fait, très souvent ils en ont conscience et le jugent eux-mêmes inexcusable, impardonnable. Souvent même leur déni repose uniquement sur "ce ne peut pas être moi qui ai fait ça", donc ne pouvant l'accepter je le nie.
Ils n'ont pas besoin d'un regard constant, fonctionnel, professionnel. Ils ont encore moins besoin d'un regard accusateur. Celui du fond de leur conscience est bien plus acéré.
Ils ont simplement besoin d'un regard humain dans lequel ils pourront lire "si, comme toi, je condamne ton acte, sache que je viens à toi sans te condamner, mais pour te rencontrer, t'accompagner."
Alors là, oui, j'ai vu des hommes se redresser, se regarder en face, s'avouer à eux-mêmes que celui qui a fait ça, c'est eux. J'ai vu des hommes comprendre quelle part d'eux, par un mécanisme certes complexe, a pris le dessus de la totalité de leur personne, les poussant à l'acte indigne à tout être humain.
Vous poursuivez :
"Mais, une fois élucidées les causes matérielles, et admis le traumatisme carcéral (inévitable, mais à qui la faute ?), reste à affronter la nuit en chacun, à soupçonner les prisons intimes qui tôt ou tard pourraient engendrer des tragédies qui dans l'instant nous apparaîtraient incompréhensibles, alors que venues de loin elles auraient du être repérées dans leur éventualité, leur menace."
Mais qui pourrait les voir, et une fois discernées, qui oserait aller à leur rencontre avec humanité ?
Et pour finir :
"En mettant en exergue les difficultés d'être indépendantes, au moins partiellement, de l'emprise carcérale, je ne prétends pas dégager la responsabilité de l'institution mais la dissuader de se couvrir de cendres comme si elle pouvait TOUT empêcher, interdire."
C'est bien là le problème… tout empêcher, tout interdire" et si on attendait de l'institution qu'elle "autorise", des êtres humains non professionnels, sélectionnés, formés, informés, à exprimer de l'humanité à leurs côtés ?
Cordialement et sans illusion quant à l'institution.
Pierre-Antoine
Rédigé par : ïerre-Antoine | 21 janvier 2009 à 14:45
Il faut bien sûr distinguer le sort des personnes placées en détention préventive de celui des condamnés.
Le bien-être des condamnés doit passer au second plan : il faut s'intéresser aux victimes plus qu'à leurs bourreaux.
Celui qui s'apprête à toucher à la personne ou aux biens d'autrui doit s'attendre à une punition .
A.BRUNOIS écrivait avec justesse :
"La peur du gendarme est le commencement de la sagesse. Il faut donc que la punition du coupable soit assez sensible pour que, par la frayeur qu’elle inspire, elle rebute ceux que le crime attire. La peine doit répondre au besoin d’exemplarité collective. Mais la sanction est aussi destinée à empêcher le coupable d’un crime ou d’un délit de le recommencer. Le souvenir des souffrances physiques et morales endurées au cours des mois ou des années passés en prison - « le ciel est par-dessus le toit, si bleu, si calme » - lutte contre le goût brutal ou raisonné de la récidive."
BRUNOIS A., Nous les avocats, p.96
Je préconise une solidarité civile entre le détenu, ses ascendants et descendants, pour le remboursement de la charge assumée par la communauté pour l'incarcération.
Rédigé par : Pascal SOURIS | 21 janvier 2009 à 14:14
Avant d'envisager un traitement juridique réellement sérieux du problème du viol, moralisons d'abord nos vies.
Il faut commencer par interdire la publicité montrant nues les femmes, censurer les films de sexe, apprendre enfin aux femmes à s'habiller avec décence.
De nos jours, la plupart des femmes adorent faire apparaître, même en hiver, un bout de leurs seins. Il faudrait créer un délit pour ça ou en tout cas demander aux policiers de sévir, eux dont le boulot ne doit pas essentiellement consister à surveiller les étrangers.
C'est dans la maison que le père et la mère doivent commencer à éduquer leurs filles. Une fille bien éduquée respecte son corps et sait qu'il n'est pas un objet de curiosité masculine.
Les hommes de leur côté doivent arrêter de faire des compliments bidons aux femmes sur leurs seins.
Les gens veulent se battre sur le terrain du droit mais ils oublient que la société est morte moralement. Il ne faut pas s'étonner de la virulence des critiques adressées aux religions que beaucoup jugent ringardes. Or celles-ci refusent simplement de tomber dans le relativisme moral, pour reprendre une expression chère à la théologie catholique.
Les fonctions des ministères ne permettent pas d'améliorer la société. Les grandes valeurs humaines ne sont pas au coeur des activités ministérielles, en dépit des mensonges véhiculés par la phraséologie politique.
Nous avons besoin de vertu, d'équité, de solidarité, de générosité dans l'espace public.
Monsieur l'Avocat général Bilger doit reconnaître que notre société, malgré l'emprise exercée sur elle par le droit, cette fausse valeur, est incapable de s'élever à la dignité d'un monde réellement civilisé.
Rédigé par : LABOCA | 21 janvier 2009 à 13:58
Nous sommes même fichés "à charge" !
Je viens de tomber sur l'article suivant. Je ris en imaginant juxtaposées les photos prises les nuits de dégrisement où j'ai attrapé des puces dans les commissariats de France. Mais toute cette incompétence fait peur. Ah ces gauchistes de la CNIL !!
Pour le dernier point, la France devrait s'inspirer du CPF brésilien, donnant une réponse binaire sur simple accès internet sécurisé.
*****************
Les constats et propositions de la CNIL
Dans son rapport, la CNIL formule 11 propositions, dont voici les principales :
À l’attention du ministère de l’intérieur
1/ La CNIL constate des erreurs de saisie du motif pour lequel une personne figure dans le STIC (victime / mise en cause).
Mettre en oeuvre une procédure pour sécuriser les opérations de saisie.
2/ La CNIL constate qu’au niveau local il existe des pratiques d’enregistrement très hétérogènes notamment pour les moins de 10 ans et les plus de 85 ans. Des situations identiques vont donner lieu à des traitements différents (radiation ou maintien).
Harmoniser les conditions d’enregistrement qui diffèrent d’un SRDC (services régionaux de documentation criminelle) à l’autre et engager une réflexion sur les conditions d’enregistrement des enfants de moins de 10 ans et les personnes âgées.
3/ La CNIL constate qu’aucune purge n’est opérée dans les bases locales alors même que selon l’arrêté du 10 janvier 1985 les informations ne peuvent être conservées dans ces bases au-delà de 400 jours. Dans les faits, elles y restent de manière illimitée.
Respecter les durées de conservation des informations au niveau des bases locales.
4/ La CNIL constate des pratiques peu sécurisées telles des mots de passe inscrits sur des papiers à côté de l’ordinateur, la transmission des mots de passe par écrit dans des plis non cachetés, l’absence de tenue de registre des changements de mot de passe au sein des commissariats ou des SRPJ.
Définir une politique de gestion des habilitations et des mots de passe plus stricte.
5/ La CNIL constate que si la traçabilité des accès et des connexions au STIC est techniquement possible, cette fonction de contrôle n’est pratiquement jamais utilisée (seulement 120 contrôles en 2008). Aucun système d’alerte en temps ne permet de détecter des utilisations anormales de cet énorme fichier auquel 100 000 fonctionnaires peuvent accéder et qui donne lieu à 20 millions de consultations par an.
Exploiter la traçabilité des accès au STIC pour mieux le sécuriser.
6/ La CNIL constate que les consultations du STIC à des fins administratives sont systématiquement effectuées à partir du module de police judiciaire. Cela signifie que les mesures adoptées par le ministère de l’intérieur pour encadrer les consultations du STIC à des fins administratives ne sont pas appliquées au sein des services de police. Le non respect des profils d’accès au STIC conduit ainsi à donner accès de façon indue à certaines informations, dont les conséquences peuvent s’avérer très préjudiciables pour les personnes concernées, en particulier quand le résultat de la consultation du STIC conditionne l’accès à un emploi. En effet, le profil judiciaire permet d’accéder, si la personne est connue, à l’ensemble des informations enregistrées dans le STIC. En revanche, le profil administratif ne permet d’avoir accès qu’aux seules affaires auxquelles aucune suite judiciaire favorable à l’intéressé (telles que classement sans suite pour insuffisance de charges, relaxe, acquittement, non-lieu) n’a été donnée par l’autorité judiciaire.
Respecter les profils d’interrogation du fichier, en particulier en utilisant uniquement le profil administratif dans le cadre des enquêtes administratives.
7/ La CNIL constate que dans certains cas, lorsque les faits sont récents, les services de la préfecture peuvent interroger le parquet, voire la personne demandeur de l’emploi. Ainsi, en cas de réponse convaincante, un accord peut être donné, accompagné le cas échéant d’une lettre "d’admonestation " (d’aucuns peuvent employer les termes de "rédemption républicaine"). S’il n’y a pas eu de nouvelles inscriptions dans le STIC depuis 5 ans, ces préfets considèrent que le demandeur est en phase de réinsertion. Un courrier d’acceptation lui est alors adressé, précisant que l’administration a connaissance des faits mais n’en tient pas compte.
Rendre obligatoire la vérification, par le préfet, qu’aucune décision judiciaire n’est intervenue devant conclure à l’effacement ou la mise à jour de la fiche de la personne faisant l’objet d’une enquête administrative.
À l’attention du ministère de la justice
8/ La CNIL constate une absence quasi-systématique de transmission par les parquets des suites judiciaires nécessaires à la mise à jour du STIC (classements sans suite, acquittements, décisions de non-lieu, requalifications pénales). Or, les conséquences peuvent être très lourdes pour les personnes concernées par une enquête administrative : perte d’un emploi, refus d’embauche, impossibilité de passer un concours administratif, etc. Ceci est dû principalement à l’absence de terminaux permettant aux magistrats d’accéder au informations du STIC, pourtant expressément prévus par la loi du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure mais aussi à un manque de moyens humains au niveau des greffes. Dans certains cas, des demandes d’effacement sont formulées mais elles ne sont pas prises en compte par le ministère de l’intérieur.
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Taux des classements sans suite transmis au STIC pour insuffisance de charges ou infraction insuffisamment caractérisée pour les 34 TGI interrogés : 6,96 % en 2005 / 5,89 % en 2006 / 21,5 % en 2007, soit 1 020 883 affaires non mises à jour en 3 ans (2005 à 2007)
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Taux des décisions de relaxe transmises au STIC : 6,68% en 2005 / 18,36% en 2006 / 31,17 % en 2007 soit 54 711 affaires non mises à jour en 3 ans (2005 à 2007)
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Taux des acquittements transmis au STIC : 0% en 2005 / 4,10% en 2006 / 6,88% en 2007 soit 873 affaires non mises à jour en 3 ans (2005 à 2007)
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Taux des décisions de non-lieu transmises au STIC : 1,97% en 2005 / 1,03% en 2006 / 0,47% en 2007 soit 7761 affaires non mises à jour en 3 ans (2005 à 2007)
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Comparaison entre la qualification pénale des faits enregistrée dans le STIC par les services de police et celle finalement retenue par l’autorité judiciaire (vérifications faites en matière de stupéfiants auprès de 3 TGI) : dans 68% des cas, la qualification est identique.
Assurer la transmission des suites judiciaires au ministère de l’intérieur en faisant de l’application à venir « Cassiopée»(application du ministère de la justice permettant la gestion de l’ensemble de la chaîne pénale et l’échange d’informations avec le ministère de l’intérieur) une priorité et en accordant aux greffes des moyens nécessaires pour la mise à jour du fichier. Cependant, Cassiopée ne résoudra pas les problèmes des stocks des enregistrements inexacts ou incomplets déjà dans le STIC.
Conclusion
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La conception même du fichier STIC n’est pas directement en cause. C’est l’inadéquation entre les moyens mis en oeuvre par les ministères et les objectifs assignés à ce grand fichier de la police qui pose problème.
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Dans la pratique quotidienne, on constate un manque de rigueur dans la gestion du STIC ainsi qu’une absence de prise en compte des conséquences graves qui en découle pour les personnes.
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Le contrôle a confirmé que la possibilité de consulter à des fins d’enquête administrative le STIC – fichier de police judiciaire très partiellement mis à jour – représente un enjeu majeur pour les citoyens et peut entraîner des conséquences désastreuses en termes d’emplois. De surcroît, la procédure du droit d’accès indirect ouverte à tout citoyen, en raison de sa complexité juridique et de sa durée, n’est pas adaptée aux exigences du marché de l’emploi qui requiert une réponse extrêmement rapide.
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Afin d’évaluer les efforts accomplis pour résoudre les problèmes posés, la CNIL s’engage à effectuer un contrôle selon la même méthodologie avant le 31 décembre 2011.
Rédigé par : Alexandre | 21 janvier 2009 à 10:26
Le rôle de la prison n'est pas de protéger la société en enfermant les fauves. Et si ça l'était, enfermer quelqu'un dix ans au lieu de cinq ne change pas fondamentalement le problème, au contraire il vaut mieux sortir plus tôt et moins détruit pour les années à vivre dehors.
Je ne crois pas aux peines de prison de plus de 5 ans. Peut-être dans l'avenir la concession juste au besoin de protection de la société sera une surveillance genre bracelet électronique. Evidemment ça pose d'autres problèmes éthiques.
Mais nous sommes déjà tous fichés et bagués.
Rédigé par : Alexandre | 21 janvier 2009 à 01:43
Cher Philippe,
Votre titre est peut-être une réponse.
Une prison me semble devoir être un lieu de protection, pas un espace de privation de l'intime.
Lorsque j'étais en faculté, une personne qui
avait vécu plusieurs années en prison est venue évoquer sa sexualité difficile et son combat contre lui-même, contre ses fantasmes, pour retrouver la sexualité qui était la sienne plusieurs années après sa sortie.
Dans dix ans, dans vingt ans ou peut-être avant, nous considérerons notre silence et notre inertie comme repoussants.
Il existe des soins pour les déviants sexuels. Existe-t-il des structures dotées de personnels spécialisés en France ?
Comment pouvez-vous penser que ces troubles
s'améliorent par un enfermement ?
Concernant les dépressions graves, cela semble absurde d'avoir à écrire cela, mais il existe également de nombreuses solutions thérapeutiques, sportives et autres.
Cela coûte moins cher de sortir quelques statistiques que de mettre en oeuvre ce que le devoir moral exigerait.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 20 janvier 2009 à 23:27
Ha bon, les tordus pédophiles en prison sont chagrinés parce que plus personne ne veut leur parler, et parce que leur famille saccagée par leur faute les boude ?
Il ne faudrait donc pas d'opprobre social sur ces actes car cela écraserait ceux qui commettent ces actes criminels ?
Raisonnement plutôt bizarre !!!!! Et pourquoi pas leur offrir la légion d'horreur tant que nous y sommes, (puisque nous en sommes à exagérer) pour ne pas leur faire de la peine ?
Tant que nous n'aurons pas imaginé un autre système pénal que la prison pour protéger notre société... Qu'est-ce que l'on peut mettre à la place des prisons ????
Car il est évident que certains ne peuvent pas vivre avec les autres.
Rédigé par : Nathalie | 20 janvier 2009 à 22:23
"Mais, de grâce, qu'on n'en fasse pas une matière à statistique. "
Il semble que M. Bilger n'aime pas les statistiques qui ne l'arrangent pas.
Pourtant les chiffres sont là. Il y a dix fois plus de suicides en prison qu'à l'extérieur. Ce fait n'est pas le résultat de l'enfermement de "natures fragiles" qui ont du mal à s'accepter. Ce fait est tout simplement le résultat de la surpopulation carcérale et des conditions moyenâgeuses de la détention en France (condamnée à plusieurs reprises par l'Europe dans ce domaine).
Tout détenu provisoire est présumé innocent. Or, depuis une dizaine d'années, combien d'innocents ont été placés arbitrairement en détention provisoire sur de simples accusations calomnieuses pour abus sexuels ? C'est bien normal que cet arbitraire détruise et ne donne qu'une solution pour sortir de l'enfer : le suicide. Car le simple soupçon dans ce domaine, même s'il est démenti par un non lieu ou un acquittement est considéré par beaucoup (y compris M. Bilger) comme une condamnation définitive.
Rédigé par : Dan | 20 janvier 2009 à 20:53
Tiens, un marronnier... les prisons.
Tout d'abord, revenir sur le commentaire intéressant de Catherine A. ci-dessus... Intéressant à plus d'un titre car on y voit comment en trois décennies la représentation du viol d'une femme par un homme s'est inscrite dans l'esprit et le jugement des gens. Le viol tel que cité n'a été criminalisé, si mes souvenirs sont bons, que durant les années 1970. Auparavant, ce n'était que un simple délit passible, au pire, de cinq années d'emprisonnement ferme. Et l'on moquait alors, en prison comme dans la société civile, davantage la femme violée (cette salope qui l'a bien cherché, disait-on) que l'agresseur à peine blâmé... Mieux, je crois que c'est dans les années 80 que l'on a considéré que la fellation forcée relevait également du viol, d'une pénétration, donc devenait de facto criminelle. Une pipe à l'arrache dans les chiottes d'un quelconque troquet, c'était en ce temps proche quelques mois de prison voire une amende pour l'excité... Et personne de ces gens de l'Opinion n'aurait réellement songé à le vilipender plus que cela; au contraire, on en riait plutôt voire on le prévenait: et si elle t'avait coupé le bout en mordant, t'imagines... On peut dire que, depuis, les mouvements civiques de défense des droits de la femme ont fait un long et utile travail. Elles ont même fait tant et si bien que tout ou presque, aujourd'hui, tendrait à devenir viol, pour peu que celle qui s'en prévaut l'invoque. C'est ainsi qu'un gendarme me disait: "Ras-le-bol, on ne voit que ça!". Il voulait dire des plaintes des femmes, plaintes 8 fois sur 10 bidons, discréditant à la longue les plaintes des femmes réellement, elles, violées. A tel point que, souvent, quand une femme arrive au commissariat pour s'y plaindre d'une agression sexuelle, réelle ou fictive, c'est limite si on ne lui dit pas d'abord: vous nous emmerdez, madame ... asseyez-vous là, on va s'occuper de vous dès qu'on aura un moment ...
On le voit, c'est devenu difficile pour tout le monde, et la confiance et le respect entre les hommes et les femmes en sont depuis sérieusement et durablement ébranlés. D'où la création de "Ni putes ni soumises" et autres "Chiennes de garde" dont je ne suis pas sûr de la réussite de leurs actions en ce domaine ... Il serait juste, cher PB, que chaque fois que vous évoquerez ce sujet des crimes sexuels, vous ne manquiez pas d'y inclure également tous ceux qui, ces centaines, pourrissent en prison actuellement sous le fait de ces inculpations et qui sont innocents de ces faits, les victimes de dénonciations calomnieuses et mensongères de certaines hystériques et/ou perverses ... Mais je puis comprendre que vous ne le fassiez pas; cela irait contre vos convictions en faveur du système accusatoire que vous revendiquiez tantôt et dont vous seriez la partie qui accuse systématiquement. Je me charge donc de le dire ici même ...
Les prisons. Vous semblez ignorer, cher PB, un fait typiquement français qui veut que l'on change toute chose une fois la catastrophe accomplie. Ainsi, en 1974, les prisons brûlaient, les revendications des détenus étaient proclamées partout par tous et ceux-là prisonniers jusque sur les toits de leurs geôles ... Ces revendications étaient bien de peu quand on les regarde d'aujourd'hui: l'accès à l'information (achat de transistor), la suppression de la censure des journaux et magazines (le vaguemestre de l'époque découpait les articles qu'il jugeait inopportuns aux détenus de lire et livrait ensuite à ceux-ci un journal en gruyère), deux douches par semaine, des cantines plus substantielles, etc., bref autant de petites et élémentaires choses de la vie quotidienne même derrière les murs ... Il a fallu des prisons entières brûlées, des détenus tués, des surveillants gravement blessés, des prises d'otages, pour que ces revendications somme toute sommaires soient enfin entendues par les autorités. Deux ans auparavant, pour les mêmes revendications de dignité humaine dans la condition carcérale, une infirmière et un surveillant furent égorgés à Clairvaux par Buffet accompagné de Bomtemps. Un paradoxe: exiger une dignité humaine en égorgeant des êtres humains. C'est sidérant. Mais c'est ainsi, c'est français, on fonctionne comme ça chez nous ...
Alors, je conclurai par ceci: malgré la glose des uns et des autres, professionnels ou non de la chose, les proclamations sincères ou hypocrites des politiques et autres responsables judiciaires et administratifs, l'interminable discours public quant à ce carcéral français qui fait problème dit-on, aucune décision concrète et durable visant à changer positivement cet état de fait n'aura lieu que les détenus eux-mêmes ne se décident à prendre en main leur destin et brûler encore "leurs" prisons, quitte à y laisser certains dans ces flammes ... A ce moment, après la catastrophe, comme en 1974, les machines politiques et administratives se mettront assurément en marche, les choses évolueront vite, très vite, et la condition du détenu comme l'éthique de la société civile en sortiront plus conformes à l'esprit de nos principes républicains, certes sur un tas de cendre et peut-être de cadavres, mais ce ne sera que comme d'habitude ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 20 janvier 2009 à 20:17
Philippe, vous avez raison, il ne fait pas bon être "pointeur" en prison, victime désignée d'un code d'honneur aussi mal nommé que le sont les fameux crimes du même nom. Mais ça tout le monde le sait depuis des lustres. N'y a-t-il pas des moyens de mettre ces détenus à l'écart de ceux qui effectivement se donnent un peu de vertu à bon compte. Mais un détenu sexuel doit aussi souvent affronter le lâchage de sa famille ; imaginez quel bouleversement pour une épouse, une compagne, des enfants qui découvrent que leur "bon" père et "bon" mari est un violeur, un pédophile. J'imagine qu'ils sont nombreux les couples à ne pas résister, moi-même je ne suis pas sûre que j'aurais envie de dire ne serait-ce que bonjour à un voisin dont j'apprendrais qu'il est un violeur et je ne veux même pas penser à ma réaction s'il s'agissait d'un proche, d'un ami. Même une fois sa peine effectuée. C'est primaire, stupide, tout ce que vous voulez, je n'en suis pas particulièrement fière mais c'est comme ça. Sur ces criminels particuliers il y a un opprobre social beaucoup plus pesant parfois que la peine et c'est souvent lui qui les écrase. Et qui fait qu'ils ne s'en relèvent pas.
ps : cela dit ça ne suffit pas sans doute à expliquer que la France soit recordman des suicides en prison.
Rédigé par : catherine A. | 20 janvier 2009 à 17:47