Encore Outreau, encore Fabrice Burgaud, encore l'éprouvante, fastidieuse et controversée "cuisine" judiciaire ! Il faut bien, pourtant. C'est le 27 mars que le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) rendra sa décision dans l'instance disciplinaire engagée contre Fabrice Burgaud. Un an de suspension a été requis à son encontre. Deux avocats et un magistrat, Jean-Yves Montfort, ont plaidé en sa faveur.
Ce qui me passionne dans les suites de ce cataclysme collectif, ce sont les avancées, les retraits, les descentes en flamme et les réhabilitations, le soufre et l'encens, l'absurdité de la haine et le scandale de l'illustration. Surtout, de plus en plus, maintenant qu'on approche du terme disciplinaire, un sentiment domine qui est celui d'une forme de folie : il n'est personne qui n'ait pas "disjoncté" comme s'il y avait eu dans cette procédure qui appartient déjà à l'Histoire, en dépit de sa régularité formelle sans cesse validée, un poison, une corruption qui par contagion ont affecté tous ceux qui sont tombés dans l'apologie ou la vitupération.
Quelques exemples.
Didier Beauvais, l'ancien président de la chambre de l'instruction, a tenu des propos qui ont indigné les élus du Nord puisque, peu ou prou, ils laissaient entendre que dans l'Avesnois, les soirées festives ne se contentaient pas d'alcool mais dégénéraient en pédophilie (La Voix du Nord et le site du Nouvel Obs). Je conçois que de telles assertions aient troublé par leur généralité. Une sociologie douteuse.
Le ministère de la Justice, d'abord conscient que le juge Burgaud n'était qu'un responsable au milieu d'autres, évidemment aussi, voire plus coupables que lui, a préféré changer sa perception, sous des influences corporatistes et pour des raisons techniques, en faisant peser tout le poids du désastre sur Fabrice Burgaud. Je continue à penser - et je confirme donc la teneur de mon billet sur Burgaud le juge émissaire - que ce revirement, cette focalisation sur ce seul magistrat, dont on espère, en le jetant à l'opinion publique, qu'on apaisera celle-ci, sont choquants. On croit sauver la justice en sacrifiant un magistrat. Le corps judiciaire demeurerait sauf parce que l'un de ses membres seulement serait offert en pâture. En réalité, à cause de cette démarche incohérente, offensante pour l'équité, on favorise le naufrage des deux.
Jean-Yves Montfort est l'un des rares magistrats que j'admire - j'utilise le terme en connaissance de cause. Son extrême intelligence ne lui a jamais interdit de faire preuve d'un courage certain, ce qui est rare dans notre métier où la lucidité conduit le plus souvent, au mieux, à une "sage" abstention. Selon les quotidiens qui en ont donné un compte rendu (Le Figaro et Le Parisien), sa plaidoirie de deux heures et demie a été époustouflante. Je ne suis pas étonné. Elle a même arraché un léger sourire à son client, ce qui n'est pas rien. Le fond de son discours renvoyait l'autorité poursuivante à ses contradictions et à la réalité d'une procédure où par exemple les détentions provisoires insupportables - le comble du comble en l'occurrence - n'avaient jamais relevé du juge Burgaud.
Tout de même, que, dans l'élan de son talent et la force de son argumentation, ce remarquable collègue aille jusqu'à soutenir que Burgaud serait "l'honneur de la magistrature" me semble dépasser les limites d'une défense à laquelle nous aurions pu tous adhérer ! S'il est "l'honneur", que sont les autres, qu'est par exemple sa collègue d'Angers qui a instruit, sans faillir et en même temps que lui, un immense dossier de pédophilie ? Que sont les magistrats instructeurs emblématiques qui cachent la nécessité de supprimer la fonction qu'ils exercent, parce qu'ils sont parvenus à la sublimer ? Qu'est le magistrat qui dans la quotidienneté accomplit ses tâches, sans jamais, lui non plus, "trahir son serment" mais dans une décence judiciaire jamais prise en défaut ? Je sais bien qu'aujourd'hui, il est de bon ton d'adorer ce qu'on a brûlé. J'ai conscience que sur ce plan mon opinion va déranger mais il me semble qu'on ne peut pas, de bonne foi, rejoindre Jean-Yves Montfort dans l'idéalisation qu'il opère de son client.
Cet excès me paraît d'autant plus dommageable que l'esprit judiciaire a beaucoup évolué depuis les débuts de la tourmente d'Outreau où Fabrice Burgaud s'était trouvé impliqué au premier chef avec le procureur Lesigne. Il faut se souvenir qu'une promotion d'auditeurs à Bordeaux avait osé envisager, à l'époque, de se baptiser du nom de Burgaud, par une solidarité qui aurait fait perdre à la magistrature le peu de crédit qu'on lui reconnaissait encore. Quel changement depuis cette provocation ! Récemment, le garde des Sceaux s'est exprimée devant des auditeurs de justice. L'évidence que l'indépendance n'est pas un dogme mais doit se démontrer n'a suscité de leur part aucune réaction négative. L'idée que l'excellence de chacun justifie l'indépendance à laquelle on aspire n'a pas non plus été rejetée. L'indépendance est certes un principe constitutionnel mais d'abord une exigence de l'être qui doit s'en montrer digne. Le bilan de la ministre et sa personnalité, à entendre certains auditeurs choisis par Rue 89 et le site du Nouvel Observateur, n'ont pas été mis à bas mais il y a du regret, maintenant, devant son départ programmé.
Cette métamorphose lente mais indéniable des mentalités se traduit aussi par l'intervention repentante du procureur général de Douai à l'époque, Jean-Amédée Lathoud, qui est venu témoigner, lors de l'instance disciplinaire, qu'il assumait "une part de responsabilité pour un certain nombre d'erreurs". Enfin, mais trop tard puisque le ministère de la Justice a décidé de braquer les projecteurs de la honte sur le seul Burgaud et d'oublier tous ceux qui, nombreux, ont concouru aux ravages de cette "machine infernale".
Etait-ce bien le moment d'évoquer Burgaud comme "l'honneur de la magistrature" ? Jean-Yves Montfort est trop fin pour ne pas percevoir le déchirement qu'un propos pareil est susceptible de créer dans l'opinion publique. Un tel écart entre une réalité pressentie et l'hyperbole qui l'occulte ne va faire qu'aggraver une incompréhension dont la magistrature ne se soucie pas assez, enfermée qu'elle demeure dans la certitude que, soutien d'une valeur et d'un principe, elle ne peut jamais avoir totalement tort. Roselyne Godard, acquittée qui ne cesse de réfléchir sur son épreuve, vient, avec une impitoyable modération, dénoncer ce que d'aucuns voudraient voir "blanchi" : il y a eu du malheur injuste à Outreau.
Je ne suis pas persuadé que ce type d'instance disciplinaire ne soit pas condamné à disparaître. Il y a comme un malaise devant ce judiciaire se jugeant lui-même, d'autant plus acharné à requérir que les fautes qu'il invoque peuvent être partagées par beaucoup et que la rigueur, la rectitude exigées du juge Burgaud ne sont qu'un moyen commode pour fabriquer une légitimité à ses juges. Si jamais le destin devait me faire passer sous les foudres disciplinaires, ma défense consisterait à égrener les mille aléas qui démontreraient que, dans le judiciaire livré à lui-même, personne ni aucun service n'est assez irréprochable et respecté pour être accepté sans réserve. Je jugerais mes juges. On pourrait aisément confier à un autre regard et à d'autres compétences, moins proches, la charge d'apprécier les fautes et les responsabilités. Il faut mettre du "peuple" dans ce processus puisqu'il est directement concerné par les dérives susceptibles d'avoir été commises en son nom.
Le 27 mars on saura. Seul à être condamné, ce sera forcément une injustice. Relaxé, la montagne aura accouché de rien, les citoyens seront encore un peu plus égarés et la justice plus que jamais un terrible rébus.
La seule manière de "mettre du peuple" dans cette affaire c'est l'élection populaire des procureurs. Dans l'affaire d'Outreau c'est naturellement le procureur le vrai responsable, lui qui seul savait tout et qui seul avait entre les mains toutes les ficelles. C'est lui qui devait porter la sanction. Et elle aurait dû être une sanction populaire (en l'espèce même une sanction administrative aurait été populaire...).
Le dénommé Burgaud n'a fait que mettre en lumière le statut trop spécial du juge d'instruction en France, à la fois omnipotent, incertain comme limier et prisonnier dans d'étroites limites. La vraie sanction de l'affaire Burgaud est de mettre fin au système du juge d'instruction.
Rédigé par : Didier Dufau | 22 février 2009 à 23:36
Pourquoi haïssez-vous les juges ? Je pose cette question, parce qu'à lire de nombreux commentaires sur ce blog, je ne vois que de la haine... Alors ayez le courage de vos affirmations péremptoires et expliquez-moi...
Rédigé par : Guile | 15 février 2009 à 14:34
Tout va bien madame la Marquise ! A Boulogne-sur-Mer, à Douai, à Saint-Omer, devant le CSM, les magistrats, les avocats, les experts, les services sociaux, les enquêteurs ont fait remarquablement leur travail. Ils ont cru, sans trop sourciller, à la parole de deux adultes. Ils nous ont expliqué que des enfants ne pouvaient pas mentir. Pourquoi ? Parce que c’est bien connu dans ces régions, guère gâtées par le climat et par l’économie où la pauvreté et la misère sont importantes, tous ces « misérables » n’ont d’autres dérivatifs que l’alcoolisme et des mœurs dépravées. Vous vous rendez compte ces « primitifs » « jouent encore au jeu de l’oie ». Mon « mauvais esprit » sous-entend : « Ce n’était même pas en regardant des films pornographiques, leur déchéance ne va pas jusque là » !
Aujourd’hui, ce conseiller à la Cour de cassation (ce n’est pas n’importe qui) nous explique qu’il n’a pas voulu stigmatiser une population, mais s’est exprimé par rapport à des références judiciaires (dit plus simplement, à une éventuelle réalité judiciaire). D’un haut magistrat, nous attendons de la retenue dans l’expression et surtout que celle-ci ne prête pas à polémique et à interprétation. Faire d’une référence judiciaire, une vérité d’un contexte local est au minimum très imprudent. Un gendarme, qui côtoie au quotidien dans son métier les voleurs, les vicieux, les violents, les détraqués, les criminels, les délinquants en tout genre et qui tirerait de telles conclusions de ses références professionnelles sur l’état de la société ou d’une société, n’attirerait que le mépris.
Si mes renseignements sont bons, actuellement dans les prisons françaises, les détenus condamnés définitivement sont pour une bonne part des criminels et des délinquants sexuels. Que je sache, ils ne viennent pas tous du Pas-de-Calais, sinon cela se saurait depuis longtemps.
Pour défendre une corporation, qui mérite d’être défendue, il y a d’autres moyens que la stigmatisation des autres.
Le métier de magistrat n’est pas facile. Il mérite d’être respecté. Faire la part de choses, approcher la vérité et déterminer les responsabilités ne sont pas toujours simples à établir. Ecarter l’opinion publique locale ou nationale, la pression médiatique, les « amicales » sollicitations, tout cela nécessite le maintien d’une distance. Mais « faire profil bas », c’est parfois aussi s’honorer.
Une connaissance même limitée du code de procédure pénale montre à l’évidence que Fabrice BURGAUD est loin d’être le seul responsable dans l’affaire d’Outreau. Le Procureur de la République, muté à Caen avec son accord, et Fabrice BURGAUD seront, peut-être, les deux seuls qui auront « à expier ».
La clémence à l’égard de ce dernier, même contre l’avis de l’opinion, ne serait pas contraire à l’équité. Mais prendre sa défense avec des arguments pour le moins fallacieux est quand même un peu étrange.
Rédigé par : Bruno HEMAR | 13 février 2009 à 11:15
Je travaille en ce moment sur la notion d'ubris, de cet Ubris qui est aussi par ailleurs un nom de chien... et plus ça va et plus je me dis qu'elle résume parfaitement toute l'affaire, cette notion, et bien d'autres encore.
Je vote cependant pour qu'on laisse le malheureux Fabrice Burgaud à son sort et qu'on s'occupe d'autre chose comme par ex. de Marguerite Duras et du texte par lequel cette académicienne faisait en 1985 état de l'illumination qui l'a saisie à son arrivée à Lépanges-sur-Vologne. Auriez-vous quelques autres illuminés encore dans vos cartons de procureur dont on pourrait débattre, car il me semble que souvent, tout autant que les acteurs légitimes, sinon parfois davantage, ils contribuent largement à toutes ces erreurs dont nous avons sujet de nous plaindre.
Rédigé par : Catherine JACOB | 12 février 2009 à 16:55
L'honneur ou l'horreur de la magistrature !
Souvenez-vous d'Odile Valette, Procureur du TGI de Beauvais (60), on la surnommait l'étouffeuse. Aujourd'hui elle est mise en examen pour corruption.
"La justice n'a de juste que le nom qu'elle porte".
Rédigé par : rachide litim | 12 février 2009 à 00:31
@Jean-Dominique Reffait
Ce commentaire n'était pas adressé à notre PB national, mais à la ministre de la Justice...
Et ce "cordialement du bout des lèvres" était un "baise-main" délicatement posé sur le dos de sa main... comme il sied à une dame...
Cordialement avec plaisir (et savoir-vivre)
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 11 février 2009 à 19:06
@MB
"Un blogueur juridique" Hanhanhan. Vous avez toute ma sympathie M. Bilger dans cette douloureuse épreuve.
"à s'exprimer sur des sujets qu'on ne connaît pas ou peu, on risque de passer pour un âne".
A vouloir réduire et mettre les gens dans des cases aussi.
"blogueur" ; "juridique" Hihihi
Décidément je ne m'en remets pas.
C'est si charmant.
Rédigé par : Alexandre | 11 février 2009 à 18:40
Votre article est intelligent et équilibré, même si je n'en partage pas toues les conclusions.
Il reste des questions :
- Si la détention provisoire n'est plus décidée par le juge d'instruction, elle a été néanmoins en l'occurrence demandée par lui. Corrigez-moi si je me trompe...
- les "excès" de la détention provisoire ont été de longue date entérinés par les magistrats en charge de la décider. Je n'ai pas souvenir, mais là aussi je peux me tromper, de les avoir entendu protester à ce sujet.
- 500 à 800 personnes par an sont relaxées, acquittées, ou bénéficient d'un non-lieu après des semaines ou des mois de détention provisoire et on n'en parle guère. Y aurait-il 500 à 800 Outreau par an, autant de vies abîmées ou détruites ? Les exemples venus à la connaissance du public sont, en tout cas, nombreux.
- Il est vrai que le pouvoir encourage, c'est le moins que l'on puisse dire, l'emprisonnement. L'incroyable explosion des gardes à vue ne pourrait se faire sans l'assentiment et la bienveillance des procureurs, qui ne contrôlent pas grand-chose en la matière. Qu'en pensez-vous ?
- Quant au chantage du type aveu ou détention, ne me dites pas qu'il n'existe pas, des centaines d'avocats pourraient en témoigner.
Il est vrai que l'incompétence est bien plus sanctionnée dans les autres professions. La question est de savoir si respecter à la lettre la procédure suffit à faire un magistrat compétent...
Bien à vous,
M.T.
Rédigé par : MT | 11 février 2009 à 15:12
Je suis d'accord avec Mike.
Lorsqu'un seul membre d'un groupe de délinquants est condamné, ce n'est pas une injustice, c'est un début de justice.
Rédigé par : lamy | 11 février 2009 à 12:47
@ sbriglia à propos de passant
En latin, on aurait dit :"passus et sepultus est"
Rédigé par : mike | 10 février 2009 à 22:56
Un blogueur juridique que je rencontrais récemment s'agaçait de la vulgarité de certains de ses commentateurs, ce qui me surprenait un peu.
Et je dois dire qu'il est étonnant, en effet, de voir la violence, le manque de recul voire le manque de réflexion qui émaille certains des commentaires faits sous ce billet...
Plus sérieusement, je me demande pourquoi ceci sous un billet finalement modéré, faisant état de réflexions qui ne m'ont pas parues particulièrement provocantes ?
Les centaines d'articles, de reportages, de billets qui ont été produits sur la question font sans doute que tout un chacun pense connaître les faits et leur contexte, et ainsi affirmer des certitudes péremptoires au mieux pétries de naïveté, plus souvent de bêtise.
Très récemment, j'ai eu l'occasion d'assister à un procès d'assises un peu médiatisé.
J'ai été assez agréablement surpris par la relative objectivité des différents articles en faisant état.
En revanche, les raccourcis pris dans les commentaires faits sous ces différents articles -et je pense ici aux plus élaborés de ceux-là, pas aux phrases à l'emporte-pièce à peine dignes du café du commerce- me confirment dans l'idée qu'en effet, à s'exprimer sur des sujets qu'on ne connaît pas ou peu, on risque de passer pour un âne.
Qui est un animal charmant au demeurant.
Rédigé par : MB | 10 février 2009 à 20:13
Les propos de monsieur Pierre-Antoine sont très justes.
Par ailleurs, j'aimerais bien savoir dans les magistrats qui jugent monsieur Burgaud, quels sont ceux qui sont irréprochables... ?
Pour sauver la tête d'un magistrat qui paraît depuis l'affaire d'Outreau être devenu autiste, monsieur D. Beauvais salit toute une région avec ses propos indignes. Quelle honte !
Tous les coups sont permis dans la Justice, en voilà un bel exemple !
Rédigé par : nivlet | 10 février 2009 à 19:32
C'est bien pensé ce que dit Hélène :
"La justice qui se juge elle-même.."
Mais comment faire autrement cher PB ?
Finalement, c'est l'opinion publique qui est seule juge sans être partie.
Rédigé par : ingenys | 10 février 2009 à 18:53
C'est vrai que c'est quand même très curieux qu'un magistrat qui vous inspire, à vous, de l'admiration - M. Montfort doit être une vraie rareté -, puisse se laisser envahir et emporter de la sorte par la défense de son client.
A la lecture du rapport de la commission parlementaire, il apparaît quand même très clairement que, du début à la fin et de bas en haut, la période d'instruction relève d'une très mauvaise série B.
Je suis d'accord avec vous.
Le juge Burgaud et ses collègues ont appliqué ce qu'on leur a enseigné : une régularité formelle.
Comme je l'ai dit dans le blog d'Eolas, ce qui me touche dans votre position c'est ce qu'elle révèle de vous et de l'idée que vous vous faites de votre fonction d'avocat général.
Faire tenir ensemble deux impératifs, celui d'une justice juste vis-à-vis d'un magistrat que le politique a jugé plus opportun d'accabler seul, et un intérêt général qu'une phrase exaltée comme celle de M. Montfort explose.
Le juge Burgaud, l'honneur de la magistrature ?
Je voudrais dire à M. Montfort, qu’à son mot d’honneur je souhaiterais opposer avec "une impitoyable modération" - je reprends votre expression - tous les stéréotypes, les mécanismes, les toujours dans le plus petit, les mots, les tournures, les recopiages, ces déshonneurs de la banalité et du quotidien, qui transpirent de chaque ordonnance de maintien en détention, de chaque rejet de tel ou tel acte demandé par certains avocats, de chaque décision de la chambre d'instruction cités dans le rapport de la commission.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 10 février 2009 à 17:30
Un jour Passant passa:
Le style de l'avocat,
"général",tout est là,
Perfidement moqua!
Mais Reffait se leva,
Derechef attaqua
Et Passant trépassa
Rédigé par : sbriglia@Passant | 10 février 2009 à 17:13
"Je ne suis pas persuadé que ce type d'instance disciplinaire ne soit pas condamné à disparaître."
Attention aux entorses cérébrales...
Rédigé par : Passant | 10 février 2009 à 15:29
C'est amusant comment les défenseurs d'un jour de la liberté d'expression, tombent sur le pauvre Didier Beauvais. Il est évident que celui-ci a voulu dire que les affaires de ce type dans le Nord était plus habituelles qu'ailleurs, pas que c'était une habitude des gens du Nord.
C'est habituel pour un juge de voir passer de telles histoires, plus rares ailleurs. Ça ne veut pas dire qu'on est obligé d'amener ses enfants à tous les dîners dans le Nord Pas de Calais !
Vous pratiquez le genre d'amalgame cher aux extrémistes: il y a plus d'arabes en prison, donc je change de trottoir quand j'en croise un, en tirant sur la laisse de mon berger allemand pour exciter sa haine.
Sophismes qui marchent avec les amateurs de lettres plus que de chiffres (arabes eux aussi), qui peuvent regarder longtemps le jeu des boîtes d'Arthur sans y voir la seule chose intéressante: les probabilités conditionnelles.
Rédigé par : Alexandre | 10 février 2009 à 14:01
Mais bon sang, à chaque fois que cela se produit, je sursaute !
Pierre-Antoine, pourquoi éprouver ce besoin d'être désagréable avec Philippe Bilger : "cordialement, du bout des lèvres", "respect dû à votre fonction", ça veut dire quoi, ca ?
Parce qu'un magistrat, le seul à ma connaissance, a le culot d'aborder de front la polémique et les commentaires sur son blog, il faudrait déverser sur lui la colère que nous inspire les comportements de ses collègues ? C'est pénible !
Philippe Bilger a ses idées, elles sont d'ailleurs suffisamment paradoxales pour qu'on ne puisse aisément les étiqueter, il a son histoire, ses convictions, ses amours et ses mépris. Vous ne les partagez pas ? Moi non plus et alors ? De l'estime que je porte à ses propos et à sa personne, j'escompte l'estime qu'il portera aux miens et à la mienne. Parce qu'il fait l'effort d'investir son propre examen, parce qu'il livre cet effort à la contradiction, cela suffit à évacuer toutes ces formes grotesque de hargne à son endroit. Ca ne vous saute pas aux yeux ?
Le respect dû à la fonction est le contraire du respect. Un manche à balai avocat général aurait donc droit à votre respect ? Eh bien non, la fonction n'est pas plus respectable qu'une autre, c'est ce que ne comprennent pas nombre de magistrats, c'est ce que comprend Philippe Bilger et je ne conçois de respect que pour les personnes et non pour les décors qui les environnent. Je ne respecte pas le métier de cordonnier mais le cordonnier de talent.
Je n'aime pas les avocats généraux, j'ai testé, je ne comprends pas qu'on se lève le matin avec la passion accusatrice, Je ne comprends pas que nos impôts rémunèrent la partialité institutionnalisée d'un agent de l'Etat, je considère que, même si elle est nécessaire dans une société humaine, la vocation de juger est une perversion de l'âme mais je dois, oui je dois comme toute personne qui a à coeur d'apprendre, entrer en empathie avec celui qui, seul, laisse son hermine au placard pour dialoguer avec moi, d'homme à homme.
L'honneur du citoyen, face à l'honneur perdu des juges, est de ne pas tomber dans le mépris qu'on leur reproche à notre endroit. Ils sont autistes, nous ne le serons pas, ils sont infatués, nous ne le serons pas, ils sont confits dans leurs certitudes, nous ne le serons pas. Nous respecterons les hommes pour qu'ils ne nous imposent pas le respect de leur robe, chiffon dans l'univers des chiffons.
Merci Philippe, très cordialement et avec tout mon respect.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 10 février 2009 à 12:02
A Madame la garde des sots...
Je ne sais si vous lisez cet excellent blog de notre non moins excellent avocat général préféré, mais je ne résiste pas à la tentation de vous proposer un conseil précieux pour mener à bien l'indispensable réforme de notre Justice.
Rassurez-vous, puisque je n'ai pas la compétence pour vous donner un conseil avisé, je me contenterai de suivre celui qu'a émis un certain Beauvais...
non non, pas le José... l'autre, le Didier...
Je vous conseille donc de demander à des ethnologues et sociologues d'apporter l'éclairage de leur compétence pour mieux comprendre le monde judiciaire.
Mais attention, pas n'importe quel ethnologue, il faut qu'il soit spécialiste des ethnies vivant en autarcie. Pas n'importe quel sociologue, il faut qu'il soit spécialiste des sociétés tribales.
Et si j'osais (osons donc pour le même prix) bien que Beauvais ne l'ait pas proposé, vous pourriez leur adjoindre les compétences d'un linguiste, spécialiste des langues minoritaires seulement utilisées par un petit groupe d'initiés.
Cordialement et avec respect (dû à votre fonction)
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 10 février 2009 à 10:20
Les propos de Didier Beauvais auraient été sortis de leur contexte ?
A ce niveau là... à cette compétence là... c'est tout simplement inadmissible d'avoir associé les "acquittés d'Outreau" à ces crimes là pour dédouaner le juge Burgaud.
ah... si l'audience avait été publique et si le peuple avait été associé à cette pantalonnade...
Attention quand-même à pas trop tirer sur la corde... sinon le peuple risque de délaisser le goupillon pour ne prendre que le sabre...
Bon allez, cher PB, parce que c'est sur votre blog, je termine en disant du bout des lèvres...
Cordialement.
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 10 février 2009 à 10:07
Je suis un peu étonnée, peut-être parce que c'est ma première visite, de voir autant de hargne dans les commentaires, et finalement autant de points de vue purement subjectifs.
Pour ma part, je suis heureuse de voir qu'outre mon confrère Eolas, il y a des magistrats qui gardent un point de vue, à mon sens, objectif.
On reproche de "juger" (au sens commun) à l'aune de votre position de fonctionnaire, mais c'est oublier que la plupart des grosses sociétés, pourtant commerciales, ne fonctionnent pas plus rapidement. J'en fais l'expérience tous les jours, et je vois que, comme les magistrats ou les auxiliaires de justice, ils se plaignent du manque de moyens, du manque de souplesse, de la hiérarchisation trop importante et de règles désuètes pour ne citer que ces plaintes.
S'il avait été un salarié, Monsieur BURGAUD n'aurait pas été viré et si par hasard son employeur avait décidé de faire sauter ce fusible, on peut imaginer sans peine les syndicats et autres représentants du personnel s'insurgeant de cette mesure alors qu'il avait fait son travail dans les règles.
Ce qui choque, ce n'est pas l'erreur à quelque niveau qu'elle se trouve, car elle est humaine, c'est que, pour le vulgum pecus pour reprendre une expression lue ci-dessus, la Justice est infaillible. Or, elle ne l'est pas et elle ne peut pas l'être car elle est rendue par les hommes. Seule la justice de Dieu est infaillible (pour certains en tous cas) mais c'est un autre débat.
@ Aïssa : eh ben, blasé...
Rédigé par : oneiros | 09 février 2009 à 23:38
Comme tout ceci est minable quand on a encore vu la finitude humaine, comme je l'ai vue tout à l'heure ... Comme c'est petit, mesquin, rien du tout, un trou en terre comme en triste devenir ... Mais show must go on, chantait Freddy Mercury ...
Cher PB, mon expérience m'autorise à vous dire ainsi qu'à tous nos ami(es) d'ici que des de votre corps de métiers, instruction, parquet et tutti quanti, je n'en finirai plus d'énumérer les abruti(es) fini(es) avec lesquel(les) j'ai eu affaire ... Plus cons que ça, tu meures ... Au cours de cette plutôt longue "carrière", qu'est-ce que j'ai bien ri! Des demeuré(es) et compagnie ... Alors un Montfort, un Beauvais, de plus, tu parles!... Allez, quatre, cinq mettons, magistrats vraiment intelligents et redoutables, j'ai connu en tant d'années ... Et, étonnamment, leur dénominateur commun était que c'étaient ceux-là les plus déconneurs, les plus sympas, et pour tout dire ceux les plus empreints d'humanité ... J'en garde encore un sacré souvenir, c'est dire ... Les autres, poubelles de ma mémoire comme les êtres les plus stupides qu'on puisse rencontrer dans une vie ...
Vous pourrez maintenant, cher PB, vous écrier à votre tour: Burgaud m'a tuer ... Mais soyez fort, que diable! ne courbez point l'échine ... Affirmez: s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là! Bilgérien je suis, bilgérien je reste! hé hé!...
Sans transition
La presse et le Président de la République ... On glose, on glose sur leur soumission, enfin cette presse écrite un peu plus que l'autre, mais ils sont asservis ... Comment ne le seraient-ils pas qui sont allés avant hier et hier en groupe à l'Elysée quémander au Prince des prébendes et un financement ... Et celui-ci, magnanime, leur a distribué (aux frais du contribuable, il faut le dire) toutes ses largesses ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 09 février 2009 à 22:09
La justice qui se juge elle-même... je ris (jaune) !!!!
Rédigé par : Helene | 09 février 2009 à 21:33
PS : lisez ceci, c'est que l'intéressé ne croyait pas que ses propos seraient répétés, il a été pris la main dans le sac, si je puis dire, il est bien embêté à présent et cherche à se défausser.
http://www.20minutes.fr/article/298871/France-Didier-Beauvais-Ses-propos-sur-le-Nord-Pas-de-Calais-ont-ete-deformes.php
Rédigé par : Nathalie | 09 février 2009 à 19:45
Eh bien, comme la dame de cœur ou de pique dans Alice, je dirai : "qu'on lui coupe la tête !"
Tout cela après le succès du film "Bienvenue chez les ch'tis" !
Ces propos emplis d'ignominie ....
Rédigé par : Nathalie | 09 février 2009 à 19:26
@Sbriglia
L'alliance de la mitre et de la crosse... Chapeau !
Rédigé par : Daniel Ciccia | 09 février 2009 à 18:56
...Montfort décrivant Burgaud comme l'honneur de la magistrature : c'est Paul Didier qui a dû se retourner dans sa tombe !
...comme quoi les idées changent à l'ENM puisqu'en 1997, le nom de ce magistrat, seul à refuser de prêter serment au maréchal Pétain, fut donné à la promotion.
Paul Didier, "moment de la conscience humaine" (éloge par l'avocat général Lambert en 1961)
Fabrice Burgaud, "honneur de la magistrature"
...cherchez l'erreur...
Jean-Yves Montfort, brillantissime magistrat, intelligence acérée (j'en fis l'expérience) recourant à des procédés oratoires dignes de Collard...
Là aussi, cherchez l'erreur...
PS : On vit une époque formidable : Mgr Gaillot, au premier rang des soutiens à Colonna, à l'ouverture de son procès... l'alliance de la mitre et de la crosse...
Rédigé par : sbriglia, en "montfort" intérieur | 09 février 2009 à 16:45
Burgaud, l'honneur de la magistrature, on croit rêver !!
Je me souviens d'un de vos billets, dans lequel vous évoquiez la complexité - sans cesse croissante - de la procédure pénale, avant de conclure: "on n'arrive plus à rien, mais dans les règles".
Eh bien c'est un peu le cas du juge Burgaud : voilà quelqu'un qui a manifestement mal fait son travail, mais dans les règles.
Burgaud, l'honneur de la magistrature. Et pourquoi pas un exemple de réussite pendant qu'on y est ?
Rédigé par : nicolas | 09 février 2009 à 15:51
Burgaud est à l'honneur de la justice ce que Kerviel est à la moralisation du capitalisme : deux alibis crétins à souhait dont les chefs aveugles veulent crever les yeux inutiles. Si ce n'est que Kerviel prendra tout dans la figure parce qu'il se trouvera une foule de magistrats disposés à lui donner les leçons de morale dont ils s'exonèrent entre eux.
Le plus inquiétant n'est plus tant que le peuple n'ait pas confiance en ses juges car, après tout, il y a toujours les coups de pied au cul de la force publique pour lui rappeler le respect de la chose jugée.
Non, c'est bien plutôt désormais que l'institution judiciaire, qu'on n'ose plus nommer Justice, prenne le peuple en grippe pour lui faire ravaler l'outrage.
Ce gugus - est-ce encore un magistrat qui s'exprime ainsi - postillonnant dans son hermine ses accusations pédophiliques dignes de la tribune Boulogne du PSG ou cette promotion Burgaud morte-née, c'est là le signe de la hargne magistrale : tous coupables sauf nous.
Un système n'est perfectible que si ceux qui le composent le sont. C'est donc foutu.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 09 février 2009 à 15:22
Philippe Bilger a une connaissance certaine du monde criminel. A ce titre il peut nous prendre de haut sur les questions de peine de mort ou de grande criminalité, par un "vous n'avez qu'une relation théorique et idéalisée de cette réalité sordide". Il ne s'en prive pas.
En revanche sur le monde du travail... raisonnement de fonctionnaire. Car enfin, tout ce drame pour un employé dont l'activité professionnelle a été évaluée (à ce jour, comme le soulignent Françoise et Karell Semtob) à un fiasco total. Dans une entreprise, on ne finasse pas autant, on ne fait pas dans le simulacre: un tel cadre moyen serait viré. S'il est bon il se débrouillera de toute façon, à la Messier.
En revanche, l'entreprise doit RÉPARATION pour les dégâts occasionnés.
Là M. Bilger pleure sur l'avenir de ce pauvre sous-cadre, ne veut pas le sanctionner ni admettre qu'il travaille bien, histoire de conserver dignité, sécurité et marge de manoeuvre. Il faut trancher, pour une fois ce n'est pas une tête, juste une carrière. Ah mais c'est un con-disciple.
Quand on pense que M. Bilger fustige l'extrémisme des syndicalistes qui se sont battus pour qu'un salarié du privé ait droit à juste un entretien accompagné pour se faire lire les motifs avant de se faire virer.
Sans parler des normes de sécurité que le privé se doit de respecter sous peine de plier boutique, quand l'État ne respecte aucune des normes électriques, de l'amiante. C'est que l'État est son propre assureur, mais surtout possède le tribunal administratif, dont les longueurs sont organisées pour faire craquer les plaignants et s'en tirer avec une transaction pour cesser les poursuites contre quelques milliers d'euros.
Le jour où l'État s'appliquera les mêmes contraintes que le privé, nos hauts fonctionnaires pourront fustiger les syndicalistes.
Pour l'instant en France on tire sur un élastique dont 70% est rigide, obligeant les 30% qui restent à être hyper productifs et hyper flexibles, jusqu'à rompre. Les syndicats des transports vivent difficilement le passage d'un côté à l'autre de l'élastique.
Le secteur public, du haut de son traitement maigre mais assuré, avec ses logements réservés, ses avantages et son accès garanti au crédit, distribue les bons points et décide des élections. Aujourd'hui les étrangers prétendent aux mêmes avantages, Sarkozy prend la vague.
Qu'un ordre des magistrats se réunisse, décide entre eux s'il faut virer ce juge, et que l'État indemnise correctement les victimes, histoire d'organiser une force de rappel - même imparfaite - aux dérives de la Justice. Le reste c'est du pipeau.
Rédigé par : Alexandre | 09 février 2009 à 12:41
Bonjour,
Je tiens à réagir sur ce sujet déterminant pour une bonne administration de la justice.
Coupable ou innocent, d'une façon ou d'une autre son image est ternie, il est la pomme pourrie du panier déjà bien atteint.
Il n'a fait qu'apporter la preuve que si la base d'un système est défaillante, c'est tout une organisation qui s'ébranle.
Je maintiens mon souhait de voir disparaître les juges d'instruction.
Vous vous devez de mettre en place une nouvelle organisation du système judiciaire.
J'ai émis l'hypothèse qu'il serait possible que le juge passe dans le secteur privé.
Avec le même système déjà utilisé que pour les huissiers de justice ou les avocats.
A quoi servent les avocat si c'est pour vous défendre quand c'est trop tard ?
Pour respecter l'équité chère à tous, un peu de bon sens. Mais surtout beaucoup de courage, ce qui n'est pas la tasse de thé de tous.
J'attends vos commentaires M. Bilger.
Rédigé par : rachide litim | 09 février 2009 à 09:31
..."ce remarquable collègue aille jusqu'à soutenir que Burgaud serait "l'honneur de la magistrature"
C'était, en effet, une plaidoirie "épousse toute fiente..."
Avoir été un brillant spécialiste de la diffamation, ça laisse des traces...
Rédigé par : sbriglia | 09 février 2009 à 01:41
Cher Philippe,
C'est très troublant cette histoire d'honneur !
La justice souhaite faire un exemple de principe.
Elle, je parle de la Justice, devrait faire un exercice de franchise et admettre au grand jour que oui, il arrive aux juges d'être maladroits, d'être débordés, d'être incompétents, d'être source d'erreur et de
défaillance. D'admettre aussi que plusieurs avis valent mieux qu'un.
Les comportements français suivent de 15 ans les comportements américains.
Que fera la justice lorsque des groupes d'investigation disposant de nouvelles techniques scientifiques mettront en évidence que le juge Burgaud était plutôt un bon juge à côté de bon nombre de juges infiniment moins compétents.
La confiance repose très souvent sur la sincérité.
françoise et karell semtob
Rédigé par : semtob | 09 février 2009 à 01:01
"L'évidence que l'indépendance n'est pas un dogme mais doit se démontrer n'a suscité de leur part aucune réaction négative."
Et la séparation des pouvoirs ? Quelle indépendance par rapport au pouvoir lorsque celui-ci pourra à la fois jouer pour les juges le procureur et le juge ?
Rédigé par : Paul | 08 février 2009 à 21:50
On peut deviner le résultat.
Tous étaient responsables et on ne peut rien retenir contre Burgaud seul.
Toute cette énergie inutile à chercher des poux dans la tête du juge Burgaud, cela fait penser à l'une des raisons invoquées pour la suppression du juge d'instruction et à la reprise des affaires par le parquet. Des instructions qui durent des années, des gens connus dont la réputation a été ternie, des carrières brisées, et finalement non lieu général .
Il va y avoir 2 raisons de maudire la justice.
- pas de coupable après Outreau, (et ce ne serait pas la faillite du système puisque à Angers une affaire équivalente a été menée normalement à terme)
- toute cette déperdition d'énergie judiciaire pour rien alors que la justice est considérée comme lente et qu'elle dit manquer de moyens.
Rédigé par : Mm | 08 février 2009 à 20:09
Le bon sens coutumier de Philippe Bilger ne va pas déranger. En somme, vous ne contestez pas la faute du juge Burgaud, mais seulement qu'il soit le seul fautif reconnu.
Les témoignages des victimes de l'affaire Outreau sont fortement à charge contre un juge prétentieux et hautain. Difficile de passer l'éponge.
D'autant que réclamer une année sabbatique de suspension, alors que ce juge a laissé ses victimes effectuer 2 à 3 ans de détention provisoire, la peine semble bien légère.
Qu'importe la curée populaire, que vous avez raison de critiquer, mais la raison nous contraint à répugner ce genre d'individu qui ne rehausse pas le système judiciaire mal en point.
Rédigé par : ingenys | 08 février 2009 à 19:57
"Son extrême intelligence ne lui a jamais interdit de faire preuve d'un courage certain, ce qui est rare dans notre métier où la lucidité conduit le plus souvent, au mieux, à une "sage" abstention."
Drôle de métier! Et il y a encore des candidats!
Des courageux...... sûrement.
Rédigé par : Bourguignon | 08 février 2009 à 19:51
Je formule une autre hypothèse, celle que Je nommerai "coup tordu pour sauver le soldat Burgaud" consistant à tenter de lui faire porter le chapeau avec une telle outrance qu'il ne puisse qu'être absous ou légèrement admonesté, et hop le tour est joué, plus personne ne pourra être poursuivi.
Et pour couronner le tout la Chancellerie se sera donné vis-à-vis de l'opinion l'apparence de vouloir punir le vilain petit juge.
Je ne suis pas sûr de fantasmer.
Rédigé par : ancien | 08 février 2009 à 19:07
Au delà des faits, ce qui dérange également, c'est l'instrumentalisation de cette terrible affaire à des fins évidentes de communication politique.
Selon la tendance, par trop en vogue aujourd'hui que tout problème a une solution forcément simple, que toute faute incombe à un coupable forcément seul en cause.
Une fois encore, des erreurs sont commises par une institution, peut-être davantage par certains représentants de celle-ci que par d'autres, sans doute d'ailleurs.
Las, un d'entre eux se retrouve brutalement, comme un lapin pris dans la lumière des phares, seul sous le feu des projecteurs, emporté par un courant médiatique contre lequel, tel le courant de baïne, il ne sert pas à grand-chose de lutter.
On me pardonnera cette comparaison, mais je suis surpris des similitudes dans l'attitude un peu raide, le regard un peu perdu et la stupeur muette que dégagent messieurs Burgaud et Kerviel, dont on a l'impression qu'ils nagent dans des vêtements infiniment trop grands pour eux, qui auraient été taillés par un autre et qu'ils auraient été forcés de porter.
Enfin, je ne suis pas persuadé du réalisme de votre proposition de mettre du "peuple" dans le processus d'appréciation des fautes et responsabilités.
Celles-ci ne relèvent-elles pas justement de procédures et textes par trop compliqués pour le vulgum pecus (dont je suis, sans l'ombre d'un doute !) pour qu'il puisse juger en toute connaissance de cause, avec équité et sans se laisser aller à un sentiment de vengeance, sentiment d'autant plus probable que l'affaire concernée aurait été douloureuse - et donc médiatisée ?
En m'avançant sur un terrain que vous connaissez mieux que beaucoup, on me disait il y a deux jours que dans le cadre d'affaires criminelles, les décisions rendues en appel étaient extrêmement différentes de celles rendues en première instance. Mon interlocuteur concluait que le jury populaire n'était pas forcément, dans les faits, le gage de sagesse qu'il est censé être.
Alors mettre du "peuple" dans l'appréciation des fautes et responsabilités judiciaires est sans nul doute une belle et généreuse idée, mais souhaitable ? Je ne suis pas certain...
Rédigé par : MB | 08 février 2009 à 19:00
"Seul à être condamné, ce sera forcément une injustice", dites-vous, monsieur l'avocat général.
Je ne vous suis pas du tout.
Ce sera une justice partielle. S'il est relaxé, ce sera une justice partiale.
Rédigé par : mike | 08 février 2009 à 18:58
Diego a fait remonter un billet intéressant que je n'avais lu tant il vient de loin: "Faites entrer les coupables", et, à la lecture de votre dernière intervention: "Burgaud, l'honneur de la magistrature?", (avec un point d'interrogation), je me demande si cela a été commis exprès tant on pourrait se servir du premier pour argumenter du second et inversement ou du premier pour taper sur le second et inversement ...
J'allais répondre sur "Faites entrer l'accusé", en disant: Cher PB, je crains fort, à la lecture de ceci, que vous auriez écrit exactement la même chose, dans les mêmes termes, sous Voltaire, sous Zola, si vous aviez vécu et été le même en ces temps-là, que vous grandissez (à juste raison) pour mieux rejeter à l'insignifiance générale les autres Rouart, Perrault et même, moins violemment certes car vous les respectez davantage, les frères Vidal-Naquet ... En vérité, vous êtes dur avec vous-même. Que savez-vous, vous, de la culpabilité de Ranucci, de Raddad et même de la première affaire où Tangorre fut impliqué, que vous ironisiez ainsi avec arrogance sur ceux-là qui ont pensé -et pensent encore- et soutenu leur innocence? Rien, vous n'en savez rien de plus, et ainsi leur propos égale encore le vôtre. Je finis de comprendre, en réalité, qu'à vos yeux il ne saurait être d'innocence ou de culpabilité qu'elles n'aient été dites -pas forcément démontrées, mais dites, simplement dites- par un tribunal. En cela, je comprends que pour vous, au-delà des cas individuels, il y a ce qui le transcende qui se nomme "Justice" ou "Tribunal" ou "Cour", enfin, cette Institution, sa suprématie, sa parole ... Qu'il ait fait ou pas, qu'importe; que le tribunal le dise et tous s'en tiendront là, c'est cela qui importe ... C'est ce qu'on appelle: se faire une idée totale de la Justice, et ce serait noble si de total à totalitaire il n'y avait si peu et si cette idée n'était que le résultat séculaires de tant d'artifices humains ...
J'aimerais, oui j'aimerais infiniment, que ceux que vous moquez sévèrement dans le premier billet, Rouart, Vidal-Naquet, Perrault, d'autres également, tous, se constituent aujourd'hui en comité pour défendre dans cette affaire d'Outreau, du CSM et du reste, non l'honneur de Burgaud (là n'est pas la question qui vous taraude) mais celui de la Justice, l'idée grande de cette Justice avec laquelle vous les avez écrasés, ces auteurs, ces citoyens, sous le mépris et le déni ...
Mais personne ne vient, et vous semblez bien seul ...
Vous avez perdu, cher PB, vous avez déjà perdu ... que Burgaud soit condamné ou absout. Aucune porte de sortie pour vous à cet endroit, vous avez beau tâtonner, cogner, vous êtes fait ... Et ce sont vos pairs qui vous ont amoindri davantage que vous le fîtes avec les précédents qui défendirent d'autres accusés et pour l'un d'eux guillotiné, éternellement guillotiné ... D'où votre aveu terrible, maintenant: "... l'un des rares magistrats que j'admire". Et les autres, milliers d'autres?
Puis, mettre du "Peuple" dans ce processus ... Oui, bien sûr, Vidal-Naquet, Rouart, Perrault, d'autres encore, ils sont nombreux du Peuple qui ne haïssent toujours que ce qui s'érige encore en dogme et certitude, en intouchable, bref, qui vous haïssent ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 08 février 2009 à 18:54
Mesdames et Messieurs les Magistrats,
Le 27 mars vous aurez enfin le vrai visage de la justice de notre pays devant les yeux.
Simplement composé d'hommes et de femmes ressemblant étrangement à ceux qu'ils sont appelés à juger.
Ne ressentez-vous pas ce sentiment diffus qui étreint lorsqu'on voit comme au travers d'un miroir brisé en mille morceaux une vérité pourtant si limpide ?
Mesdames et Messieurs les Magistrats ! Combien de fois vous êtes-vous heurtés à un coupable enfermé dans son déni ?
Nous en sommes exactement au même point avec vous.
Cordialement avec lassitude
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 08 février 2009 à 18:11
Ce qui fait malaise, c'est le temps mis à réagir, et l'accumulation de bourdes sur bourdes commises dans cette affaire. Je crains que cette histoire n'apporte de l'eau au moulin et du grain à moudre aux tenants de la disparition des juges d'instruction.
Rédigé par : Nathalie | 08 février 2009 à 17:09
Lorsque, citoyen lambda, on passe au tribunal, il me semble qu'on y trouve, selon les cas, des juges, des avocats, une partie civile et des jurés.
Faisons donc passer devant un jury de citoyens cet homme et ces supérieurs hiérarchiques qui sous couvert de procédures soit disant correctement appliquées ont rayé d'un trait la face humaine que devrait avoir la justice.
Ils ont tenu pour plus important la lettre alors qu'on attend d'eux qu'ils mettent en oeuvre l'esprit de la loi.
Encore une fois je trouve insupportable que des professionnels soient sanctionnés par leurs pairs, comme si la justice du peuple ne pouvaient pas s'appliquer à eux.
Si un patron en BTP ne monte pas correctement un échafaudage, et que celui-ci en tombant blesse ou tue des gens, c'est devant un tribunal qu'il va se retrouver et non devant un conseil de discipline du BTP.
Un voleur de voiture ne passe pas devant le roi de la cours des miracles. Non il prend de 6 mois à 3 ans face à un juge!
Qu'il y ait une inspection des services judiciaires, un igpn de la justice, soit, mais ensuite ces gens doivent répondre de leurs errements devant la peuple représenté par des juges comme tout un chacun.
Le reste n'est que mépris des personnes qui ont été blessées, traumatisées, par cette monstrueuse affaire.
Des innocents qui n'auront plus jamais une vie normale.
Rédigé par : Hari Seldon ex Surcouf | 08 février 2009 à 17:02