Cesare Battisti échappera toujours à la justice qu'il affirme, comme un hypocrite, souhaiter.
Homme de fuite, son obsession est de demeurer sans cesse dans ce halo brumeux, littéraire et mondain qui évite l'affrontement brutal et impitoyable avec la réalité des quatre meurtres auxquels il a participé en Italie, en 1978 et 1979, avec ses camarades des Prolétaires armés pour le communisme. Evadé de sa prison italienne en 1981, il est condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité. Il gagne le Mexique puis la France.
En 2004, notre pays, ne violant pas un engagement qui n'a jamais été pris par François Mitterrand puisque celui-ci avait exclu de sa bienveillance les crimes de sang (Bénédicte Charles dans Marianne 2), met en oeuvre le processus d'extradition à l'encontre de Battisti dont la présence est réclamée par la démocratie italienne. On oublie trop souvent en effet que c'est une République qui vaut la nôtre qui exige justice.
Homme de fuite, Battisti, en dépit du contrôle judiciaire auquel la cour d'appel de Paris, en le remettant en liberté, l'avait soumis, viole la confiance qu'il prétendait devoir inspirer et disparaît. Il sera arrêté, en 2007, à Rio de Janeiro, au Brésil où il s'était réfugié.
Le ministre de la Justice Tarso Genro, plus soucieux d'une solidarité discutable entre anciens subversifs violents que de favoriser le respect, sur le plan international, de l'Etat de droit et et la cause des victimes, a accordé à Battisti, le 13 janvier 2009, le statut de réfugié politique, ce qui a évidemment suscité un tollé justifié en Italie où les autorités publiques espéraient enfin son extradition. Le Tribunal suprême fédéral doit statuer prochainement sur la demande de liberté présentée par Battisti et ses avocats et on peut craindre, dans le contexte brésilien, qu'elle soit accueillie positivement.
Homme de fuite, Battisti fait connaître le 30 janvier une lettre de quatre pages où il se défausse de sa responsabilité criminelle sur ses anciens camarades, affirmant que la personne qui l'a accusé avait été "torturée" (site du Nouvel Obs ). Il déclare : "Je ne peux pas payer pour ce que je n'ai pas fait". A ses protestations d'innocence qui se gardent bien, aujourd'hui comme hier, de se confronter aux accusations qui l'accablent, je répliquerai seulement par la certitude exprimée par Pietro Torno, procureur adjoint du parquet de Turin : "Personne ne peut soutenir qu'il est innocent" (le site de l'Express).
Il n'est pas indifférent non plus de relever que deux anciens membres des Prolétaires armés contre le communisme se sont insurgés contre les propos de Battisti - ce n'est pas moi, ce sont les autres ! - rejetant sur eux la responsabilité des meurtres commis en 78-79. Ils soulignent : "Nous avons été condamnés et nous avons payé pour les événements dramatiques dans lesquels nous avons été impliqués il y a trente ans. Nous n'avons pas marchandé notre liberté contre celle des autres. Nous jugeons infamant que Battisti nous traite de repentis" (Rue 89).
Dans ce même courrier, Battisti implique les services secrets français dont des membres lui auraient conseillé le Brésil comme lieu de fuite et l'auraient aidé à rejoindre ce pays. Si cette dénonciation est fondée, elle est gravissime et mériterait d'être tirée au clair et d'aboutir éventuellement à des sanctions. Mais est-elle plausible ? Ne s'agit-il pas à nouveau d'un écran de fumée destiné à faire croire à des soutiens officiels pour brouiller sa propre responsabilité et tenter de la réléguer au second plan ? Homme de fuite toujours, peut-être ?
Ce n'est pas tout. Il exonère aussi de toute intervention en sa faveur l'épouse du président de la République. Faut-il rapprocher cette affirmation de Battisti de ce qu'a déclaré Carla Bruni-Sarkozy lors d'une interview sur la RAI le dimanche 25 janvier 2009 ? Cette dernière se défendait d'avoir eu le moindre rôle dans l'octroi du statut de réfugié politique à Battisti par le Brésil et dans le refus de son extradition vers l'Italie. Elle répondait, après une première réaction des autorités françaises, à l'insinuation d'une association italienne des victimes du terrorisme selon laquelle, au contraire, Carla Bruni-Sarkozy aurait été mêlée à ce processus favorable à Battisti. Pourquoi celui-ci, sans qu'à l'évidence on l'ait sollicité, éprouve-t-il le besoin de renchérir sur l'épouse du président, ce qui remet les dénégations de celle-ci dans l'actualité et le constitue, lui, comme un témoin honorable ? Désire-t-il ainsi s'immiscer dans un jeu international où il n'a théoriquement rien à faire ? Se donne-t-il de l'importance ? Veut-il créer l'illusion d'un lien même implicite entre Carla Bruni-Sarkozy et lui-même, fût-ce en confirmant les dires de celle-là (le Parisien) ? Homme de fuite capable dans n'importe quelle circonstance et sur n'importe quel registre - judiciaire, intellectuel et politique - de troubler, d'éluder, de se soustraire, de jeter le soupçon, de faire oublier ses crimes et de jouer - il est vrai, de plus en plus difficilement - le personnage du persécuté.
Homme de fuite : la lâcheté pour système.
L'avenir, probablement, va lui permettre de remettre sur le métier une gloire douteuse. Il exploitera ce qui lui est advenu depuis qu'il a quitté la France. Ses partisans inconditionnels (facile quand on oublie le poids des morts et des souffrances qui, avec d'autres, lui incombe !) vont continuer à porter l'homme et l'écrivain aux nues. Il publiera encore des romans policiers qu'on se fera un devoir et un honneur de vendre en France. Il sera invité au Brésil ou ailleurs à la télévision. Il vivra et fuira à l'abri. Faux persécuté comblé.
Mais sa conscience ?
@ Aïssa (votre du 03-02)
Je sais que vous respectez beaucoup la carrure de l'homme Philippe Bilger. Comme nous tous ici.
Dans mes commentaires, ce n'est pas que je m'attache à approuver tout le temps PB. Sa sincérité et son originalité intellectuelles et humaines me font simplement craquer.
Et puis, il est THE magistrat qui me fait aimer et me donne envie de respecter la Justice.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 05 février 2009 à 19:08
@Aïssa
Ton coup de grâce envers PB n'en est pas un : aussi acérées que soient les dents de Philippe à l'égard de Battisti (c'est fou comme ce type m'indiffère!), il appartenait à l'Etat italien de demander son extradition, ce qui n'a pas été fait avant le premier gouvernement Berlusconi, dont j'ai rappelé ici le passé bien trouble lors des années de plomb.
Philippe a réagi à sa manière, que je ne partage pas, à une situation juridique nouvelle qui n'existait pas auparavant. Et si PB avait tenu ce blog lors de l'expression de la doctrine Mitterrand, je ne doute pas qu'on l'aurait entendu !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 04 février 2009 à 18:16
@Noël
L'oubli?
On peut invoquer des raisons humanitaires, ce qui fut le cas pour Marina Petrella... Mais l'oubli ne constitue-t-il pas une injure à l'égard des victimes et plus encore à l'égard de l'Etat de droit? Suffit-il de le récuser, ce qui est le mode de justification, pour se dérober à l'accusation?
Au-delà des considérations purement juridiques et celles liées à la diplomatie, suffit-il qu'un criminel se place hors de portée d'une juridiction pour éteindre l'action publique et satisfaire le légitime besoin de justice des victimes et de la société?
Je ne pense pas.
S'agissant de l'oubli, nul ne peut l'accorder. Le pardon, les victimes le peuvent, mais cela suppose que l'intéressé se présente devant elles, expie d'une manière ou d'une autre.
Je n'ai pas le sentiment que telle soit l'attitude de CB.
Il risque de finir invertébré.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 04 février 2009 à 13:46
"Dans ce même courrier, Battisti implique les services secrets français dont des membres lui auraient conseillé le Brésil comme lieu de fuite et l'auraient aidé à rejoindre ce pays. Si cette dénonciation est fondée, elle est gravissime et mériterait d'être tirée au clair et d'aboutir éventuellement à des sanctions. Mais est-elle plausible ? Ne s'agit-il pas à nouveau d'un écran de fumée destiné à faire croire à des soutiens officiels pour brouiller sa propre responsabilité et tenter de la reléguer au second plan ? Homme de fuite toujours, peut-être ?"
Vous qui vous interrogez sur la conscience morale qui peut bien être encore active chez ce réfugié politique italien au Brésil, vous devriez savoir que la conscience morale est très parcimonieusement accordée par la nature et que cela ne va pas beaucoup s'arranger. Dès lors quelle utilité de s'interroger sur celles de nos services secrets sinon pour se demander si l'intégration d'un service dit secret se fait en règle générale sur le critère de présence ou au contraire d'absence de conscience morale chez le candidat. Mais c'est là néanmoins une bonne question et qui mérite réflexion, je vous l'accorde.
Rédigé par : Catherine JAC OB | 04 février 2009 à 13:08
@Daniel Ciccia
Vous avez en effet raison, c'est à cette affaire que je faisais allusion.
En fait je voulais insister sur l'humanité des réquisitions de P. BILGER que j'avais trouvé émouvantes par comparaison à sa sévérité actuelle.
Mais il est vrai que je n'avais pas pris en compte l'absence de crime de sang..
Je vous remercie de me l'avoir rappelé..
Mais ne pensez-vous pas, malgré tout, qu'après de si longues années CB ne puisse bénéficier de l'oubli ?
Rédigé par : noel | 04 février 2009 à 10:52
@ Daniel Ciccia
Pas crédible, Besse était en cavale.
Plutôt Samba de Orly:
http://www.batidamusiquebresilienne.com/textes/samba%20de%20orly.htm
Rédigé par : Alexandre | 04 février 2009 à 01:41
Cher PB,
Vous fustigez M. Battisti mais et les Etats ? N’ont-ils pas leur part dans ce fiasco ?
Tout d’abord, l’Italie juge par contumace un individu qu’elle condamne à une peine extrêmement sévère. Comment les droits de la défense peuvent-ils être assurés en l’absence d’un prévenu ? Quelles que soient les précautions prises, un procès par contumace demeure une farce judiciaire ne serait-ce que parce que celui qui est jugé ne peut se faire entendre de visu. Et on sait l’importance du verbe dans un procès !
Ensuite, la France, ce chantre des droits de l’homme, « protège » durant quelques années un homme recherché par la justice italienne au mépris du « droit au juge » que lui impose l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’homme. A tout le moins, elle aurait dû extrader l’homme ou le faire juger sur son territoire conformément aux règles du droit international.
Aujourd’hui que M. Battisti est au Brésil, un Etat qui – hasard ? - n’a pas ratifié de convention d’extradition avec l’Italie. Deux possibilités :
1°) En l’absence de convention d’extradition entre les deux pays, l’Italie peut réclamer l’application du droit international coutumier notamment du principe « extrader ou juger ». Si l’extradition n’est pas accordée, le Brésil est tenu de juger M. Battisti : le meurtre est réprimé partout dans le monde et on ne me fera pas croire que les juges brésiliens seraient incompétents !
2°) Les victimes présumées peuvent demander aux juges brésiliens de contraindre le Brésil à respecter le « droit à un jugement » qu’elles tirent de l’article 14 du Pacte international des droits civils et politiques auquel le Brésil est partie.
Si ces deux solutions échouent, c’en sera bel et bien terminé (le Comité des droits de l’homme des Nations Unies et la Cour internationale de Justice sont hors jeu) ! Encore un déni de justice dans ce monde merveilleux de justice et de concorde…
Rédigé par : William | 03 février 2009 à 21:52
Véronique, Véronique, c'est me faire de la peine que d'affirmer que je crache sur notre cher PB... Modérez-vous, je vous prie. Si je n'avais du respect pour cet homme, croyez-vous une seconde que je resterais ici ? Puis, il est assez grand pour me dire lui-même ce qu'il a à me dire si besoin est et/ou nécessité... Quant à vous, je vous suggère amicalement d'être un peu plus critique avec PB ; ce n'est pas lui rendre service que d'abonder sans cesse dans son sens, pour un peu on dirait de la flatterie voire de la flagornerie, et si ce ne serait cela, on penserait comme de la soumission béate et benoîte... Je vous estime ; ne m'agressez pas... Tel ce Bruno qui ramène sa fraise ci-dessus à mon sujet... A qui je dis : si vous avez quelque chose à me dire ou à commenter quant à un sujet donné, développez... Sinon, la ferme ! Je commente ici par ma volonté, ma liberté et l'autorisation de PB... Et le "etc.etc.etc." dont vous faites suivre mon nom, montre comme un relent pourri chez vous qui suinte et pue... Je signe tout ce que j'écris, sans complexe. Ayez ce courage, petite taupe dissimulée...
Sans transition
Il faut en finir avec cette histoire qui met, de jour en jour, notre cher PB dans un drôle de pétrin dialectique, je veux dire Cesare Battisti... J'ai attendu, mais, puisqu'il semble s'obstiner, alors le coup de grâce... Désolé, cher PB, vous me pardonnerez mais c'est pour votre bien...
Voici :
Depuis le jour où François Mitterrand a accordé l'asile à Battisti et les autres, jusqu'au jour où Nicolas Sarkozy décida d'y revenir, que ne vous a-t-on entendu et lu aussi longuement et fort, publiquement, médiatiquement, pour protester et exiger au nom du Droit qu'on le livrât... Où étiez-vous durant ces plus de vingt années où il était concierge et écrivain tout près de vous et le Palais ? Que faisiez-vous ? Qu'est-ce qui vous retenait de vous taire et d'accepter implicitement qu'il vécut là ? Puis quand la meute fût lâchée récemment, quand il dut fuir, vous vous mîtes soudain à courir avec elle, hurlant avec elle, invoquant tous les principes, voulant mordre avec elle... Mais durant tout ce temps, trois septennats et demi, où étaient vos dents ?
Le Droit, c'est tout le temps ou jamais, vous ne l'ignorez pas... Le courage, c'est permanent, sinon ça porte un autre nom.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 03 février 2009 à 21:13
@Noël,
Je suppose que vous faites référence sans le nommer à François Besse, l'ex-lieutenant de Mesrine... Mais avant de nous lancer sur la comparaison entre ces deux hommes, il convient de signaler que Besse n'avait pas à ma connaissance de sang sur les mains.
Pour la très très petite histoire, j'ai été parmi les premières personnes (était-ce fin 1993 ?) à avoir su qu'il était repéré.
Sa compagne ayant accouché de leur enfant à la maternité de Carcassonne, que le couple a abandonné très vite, malgré un dispositif Epervier sur lequel un de mes ex-informateurs de la gendarmerie m'avait tuyauté.
Je l'ai suivi à ce titre et je dois noter que sa réhabilitation civile, à laquelle M. Bilger a donné un relief particulier, m'a plu.
Outre le fait de ne pas avoir de sang sur les mains, Besse lui était un fugitif sans refuge et, d'une certaine manière, c'est par la famille, son épouse au prénom espagnol que je ne parviens pas à me remémorer et son bébé, qu'il a affronté son passé plutôt que de se dérober.
Cette qualité-là, il me semble, manque à M. Battisti.
J'ignore si Chico Buarque a chanté quelque chose sur cela. Alexandre ne manquera pas de le dire.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 03 février 2009 à 20:09
Qui est notre hôte ?
Philippe Bilger ou Aïssa Lacheb-Boukachache etc etc etc etc ?????
BRUNO
Rédigé par : bruno | 03 février 2009 à 18:00
Monsieur Bilger
Je ne partage pas votre sévérité.
Depuis son 'refuge' en France, CB semble avoir eu un parcours exemplaire.
Je n'ai plus souvenir de la formulation exacte de F.MITTERRAND, mais il n'en demeure pas moins que CB a bénéficié durant de longues années de la bienveillance de notre pays.
La lui dénier soudainement et sans véritable motif, hormis plaire, non pas à un pays, mais à un dirigeant de ce même pays, est plutôt inacceptable et ne peut être compris.
Dès lors la fuite sous d'autres cieux de l'individu concerné peut paraître autre chose que de la lâcheté.
Je songe simplement à un homme qui a changé depuis les faits et qui sans doute craint plus une vengeance d'Etat qu'une justice sereine.
Peut-on rendre une vraie justice après de si longues années ?
L'homme jugé sera-t-il le même que lors de la survenance des faits ?
Je me souviens, il y a déjà quelques années, combien j'avais été ému lorsque je lisais le compte rendu du procès d'un gangster repenti qui après de longues années, se trouvait devant ses juges.
J'ai découvert à cette occasion un représentant du ministère public que je souhaite à toutes les juridictions.
Cet homme avait compris le chemin parcouru par l'accusé, savait que celui-ci s'était amendé et sans excuser les faits passés avait été d'une infinie modération dans son réquisitoire.
Ce procureur était un "homme bien".
Vous savez qui est l'homme dont je parle.
Etes-vous certain que CB bénéficiera lors d'un procès du même traitement ?
Moi j'ai des craintes alors je préfère l'oubli.
Rédigé par : noel | 03 février 2009 à 11:54
@sbriglia
Je passerai sur la condescendance de votre non-critique, Aïssa saura vous en remercier lui-même.
Opposer la géométrie à la finesse. Malheureusement un cliché chez les ‘littéraires’ français : les sciences ne feraient pas partie de la culture, ou seraient plus grossières. La culture serait un club fermé où l’on se pâme en écoutant des phrases fines évoquant quinze concepts flous simultanés. La pensée esclave du langage, du pays, propriété d’une caste.
Allez appréhender le procès de l’amiante avec vos concepts grossiers de « principe de précaution », de manichéenne « intention de nuire ».
Un tuyau à mon tour : allez du côté anglo-saxon (http://www.wjh.harvard.edu/~jgreene/ par exemple), vous pourrez avoir quelques outils formalisés de philosophie de l’action, avec même des dessins. Triste qu’en France on n’étudie ces concepts de sciences cognitives et de théorie des jeux que dans les écoles scientifiques, au CREA par exemple.
Bien sûr la conclusion à la fin du cursus sera que l’éthique ne peut pas se baser sur du rationalisme pur, mais vous aurez acquis des outils indispensables de géométrie de l’action. Et vous commencerez à comprendre les allusions dans la série « 24 heures », le clin d’œil d’un titre comme « Vivre et laisser mourir », les clefs pour comprendre le pragmatisme anglo-saxon. Sartre n’est pas tout. René Girard a dû s’exiler pour être reconnu et nous parler du concept de bouc-émissaire, de désir mimétique.
A moins que le fond du problème ne soit que « la géométrie ça fasse mal à la tête » de beaucoup de littéraires ou juristes. Vous voyez la condescendance est une pente facile chez tout le monde.
Je tiens à saluer ici Philippe Bilger, dont la démarche de blog ouvert et l’amabilité avec laquelle il corrige mes quelques fautes d’orthographe montrent à quel point il est étranger à ce découpage de la pensée en catégories.
Alex, sem compromisso, sem relógio e sem patrão.
Rédigé par : Alexandre | 03 février 2009 à 08:52
Objection, maître Sbriglia ! Ma connaissance des choses sanitaires m'autorise à vous dire et confirmer que les recueils de sang et autres produits assimilés (plaquettes, plasma, etc.) ne sont pas permis auprès de personnes non saines... Rapidement, une personne malade, a fortiori porteuse d'un virus, quel que soit celui-ci, ne saurait être donneuse de son sang.
Les milliers de poches de sang contaminé ont été écoulées auprès des hémophiles, en toute connaissance de cause, c'est-à-dire que le CNTS de l'époque savait qu'elles étaient infectées de ce virus. Le fait même d'ignorer, comme cela a été dit au procès, la dangerosité du virus en question, ne saurait les exonérer d'une réelle intention de nuire dès lors que les poches n'étaient pas saines et indemnes de contamination quelconque comme l'exige le plus élémentaire protocole de soins en l'espèce... Le seul fait qu'elles aient été contaminées et qu'on le savait exigeait -exige- qu'on les détruise. Ne pas l'avoir fait était transfuser un virus à des malades, et cela seul en soi constitue déjà une intention de nuire. Pour des raisons économiques, on a empoisonné volontairement ces gens, point barre !
Votre tuyau, cher Sbriglia, pas terrible... J'en ai un meilleur et de la plus autorisée des source médicale et paramédicales : le prochain et proche scandale -et drame à l'échelle du monde- c'est le H5N1 ou grippe aviaire ou encore légère variante de la fameuse et historique grippe "espagnole" qui fit en 1917-18 environ trente millions morts en quelques mois... Les traitements actuels sont plutôt à la ramasse... Tamiflu, moyen... et encore, l'Armée le stocke officiellement par millions et vous les juristes et autres procureurs, désolé, mais vous serez servis après nous les soignants, s'il en reste, du Tamiflu, pas des soignants... La recherche peine pour trouver une véritable prophylaxie médicamenteuse à ce fléau qui se trouve déjà là et qui tue... Fred Vargas, que j'adore, après avoir aidé à sauver la mise à Cesare Battisti, nous la sauvera peut-être à tous maintenant... Ses recherches confidentielles et à ses frais semblent ne pas être vaines... Il s'agit d'une combinaison en première intention... Nous en reparlerons certainement... Merci Fred, femme généreuse, femme du monde... Allez, Sbriglia, remerciez vous aussi Fred Vargas, elle fera peut-être de vous ainsi que de notre cher PB deux avocats survivants... Commençons par deux déjà... (sourire).
Si les Pouvoirs politiques ne prennent pas dès maintenant leurs responsabilités quant à cela qui s'annonce de manière terrible, et si la recherche médicale reste impuissante, il ne se passera pas vingt ans que la pandémie sévira comme à l'avance une des pires catastrophes humaines de ce XXIème siècle commençant...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 03 février 2009 à 01:10
Comme j'ai envie de me marrer ce soir, je vais vous remémorer un sketch de Fernand Raynaud que seul(es) les gérontes fréquentant ce blog se peuvent connaître et souvenir si la mémoire leur demeure... C'est de ce petit village bien de chez nous dont il s'agit, qui se retrouve un matin sans plus de pain car le seul boulanger a été expulsé du pays, c'était un "Arabe" sans papier... Eh bien, il est un village ici, non loin de Reims, que je traverse presque quand je vais bosser, que j'adore pour son pragmatisme. C'est que, comme dans le sketch de Fernand Raynaud, l'unique boulanger n'est pas absolument français, sic. Disons qu'il se nomme Nabil et qu'il aurait des coreligionnaires musulmans, comme dirait si bien cette inénarrable Nathalie... Précisément, il est d'origine algérienne, Kabyle... Et pas n'importe quel boulanger, que l'on me croie... Officiellement vice-champion du monde, oui du monde, de la boulange et pâtisserie ! Pains et autres certifiés cent pour cent français, tradition, labellisé et reconnu comme tel mondialement, que même les plus franchouillards des boulangers à l'entour ne savent plus faire dans les règles et la manière. Si vous passez un jour par Sillery, arrêtez-vous-y et prenez du pain, vous ne le regretterez pas... C'est qu'il devient de plus en plus rare de trouver du vrai pain fait par un vrai boulanger, le métier se perd, ma mie, un scandale... Le pain maintenant, c'est souvent de la daube, il faut courir loin -et encore- pour en trouver du bon... Même les boulangers dépriment, ne sont plus motivés, veulent plus pétrir... En tout cas, celui-là, personne ne l'expulsera... ce serait émeutes et révolution à cinquante kilomètres de là... C'est qu'il y a deux comptoirs : un pour les clients, mettons, ordinaires ; l'autre pour les réservations... Et on réserve de loin ! Personnellement, il m'est arrivé, client ordinaire, de patienter jusque sur le trottoir 57 minutes exactement, montre en main, pour atteindre à mon comptoir et y prendre mon gros pain... 57 minutes ! Heureux tocsin...
NB/ C'est un peu plus cher qu'ailleurs, mais on comprendra pourquoi...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 03 février 2009 à 00:19
Ah, cher Aïssa, comme je savoure votre prose ! Vous êtes au judiciaire ce que Besancenot est à la politique : bien sûr, il faut préférer la grosse caisse à la flûte mais pour des esprits plus sensibles à la géométrie qu'à la finesse, l'effet est toujours assuré...
Avez-vous lu le jugement sur l'hormone de croissance ? Les arrêts sur le sang contaminé ? Je vous invite à cet effort, ne serait-ce que pour savoir ce qu'est, en matière pénale, l'intention de nuire...
Tiens, un tuyau : le véritable scandale, les morts à venir par milliers, la connaissance centenaire du caractère mortifère de la substance et la perpétuation criminelle de sa diffusion, c'est dans le procès à venir de l'amiante : là, vous aurez du grain à moudre...
Ne prenez pas ce qui précède comme une critique : le monde progresse par les extrêmes, il dure par les milieux.
Sur ce blog, il faut les deux : c'est donc ainsi que vous êtes, comme la minute de monsieur Cyclopède, indispensable !
PS : Comme vous, j'imagine qu'un déjeuner avec Battisti serait plus... "réjouissant" qu'avec Burgaud : le revolver a toujours été plus excitant que le tampon encreur.
Rédigé par : sbriglia | 02 février 2009 à 23:26
Je suis certain que les services secrets italiens se feront une joie de pourchasser et de cueillir Battisti pour le ramener dans les geôles italiennes où il croupira jusqu'à la fin de ses pauvres jours...
Rédigé par : bruno | 02 février 2009 à 22:40
Cher Philippe,
De quoi s'agit-il à ce jour ?
Lorsque se cristallisent sur une personne des émotions, des manipulations politiques,
des honneurs de justice internationaux, des paroles d'Etat données, il ne reste de place que pour la diplomatie. Il me semble qu'il est plus facile d'agiter cette affaire et ses passions diverses que de régler d'autres
affaires de fuite au Japon, Argentine et autres pays. Il est peut-être plus facile de
redorer l'image d'une justice en s'attaquant
à certaines cibles médiatisées que d'aborder
les vrais sujets de corruption généralisée,
d'assassinat de certains juges...
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 02 février 2009 à 18:51
Lisez ça, plutôt : Il me semble que M.Battisti a révélé le portrait psychologique de M.Bilger.
N'est-ce pas drôle?... Cher PB, permettez qu'on use de l'humour sur votre dos ... Vous semblez triste, désemparé, haineux pareil à moi quand je vois la tronche à l'apothicaire Roselyne Bachelot à la télé ... Derrière Battisti goguenard, il y a -aussi- Bernard-Henry Lévy triomphant ... Crénom! encore lui!!!
Les 4 morts de Battisti, écrivez-vous encore comme une sourde antienne, une vieille et longue lamentation, les 4 morts ... Pensez plutôt aux 117 enfants morts -et ce n'est pas fini, il en mourra encore de cette terrible maladie, l'incubation est très longue- que certains de nos pontes es médecine ont tué non d'une balle de revolver -ce qui eut été plus charitable et miséricordieux- mais d'une redoutable hormone de croissance qui les a réduit ... oh, je n'ose le décrire ..., et dont vos pairs, magistrats, ont aujourd'hui proclamé solennellement l'absolution ... Pensez-y fort ... Songez pareillement à ces milliers tués il y a vingt ans par d'autres pontes, les transfusions de sang ..., et dont le premier d'entre eux a, de même de par vos pairs magistrats, si doucement été condamné, puis a "fui" lui aussi, au Canada, largement récompensé et indemnisé au préalable par l'Etat ... 4 contre 10 000, et vous insistez ... Allons, que diable! cher PB, que vous arrive-t-il?
Puis Burgaud, paf! Je vous l'écris comme nous sommes des millions à le penser: Je préfère manger avec Cesare Battisti -et chaque jour même, j'en fait mon ami- qu'avec Fabrice Burgaud, votre collègue, comme vous le fîtes ... Que vont-ils lui faire, au fait, le CSM? Combien en a-t-il tué, lui? Va-t-il fuir? Le Canada, au Brésil, l'Inde ou la Chine? ou au Palais de la Cité, son bureau près le vôtre, continuer de juger ...?
Puis le mot de la fin, excellent, à Dereck, ci-dessus: La conscience, mais mon cher, ça s'opère très bien, ça ...".
Aïssa.
PS/ Je vous prie, monsieur l'avocat général Philippe Bilger, de respecter la souveraineté du Brésil, République indépendante et démocratique.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 02 février 2009 à 18:42
Cher PB,
Je vous propose une soirée TV...
Au choix :
TF1 : film "Mesrine, l'instinct de mort"
FR2 : pièce de théâtre "Roberto Succo, l'instinct de folie" de Koltès
FR3 : téléfilm "Cesare Battisti, l'instinct de survie" de Fred Vargas
PS : Aïssa, j'avais commencé, hier soir, la même phrase que vous, avec Javert... j'y ai renoncé, en me disant que... le vol de chandeliers, fallait quand même pas pousser dans la comparaison !
JDR : "vous vous perdez dans ce combat douteux"...
Chacun son combat... même celui de Fred Vargas, archéozoologue avant de devenir écrivain... auteur(e) d'une thèse sur"les chemins de la peste noire, les rats, la puce et l'homme"...
Chacun sa peste...
Rédigé par : sbriglia | 02 février 2009 à 17:29
Il me semble que M. Bilger a définitivement dressé le portrait psychologique de M. Battisti.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 02 février 2009 à 16:52
@Jean-Dominique Reffait
Heuu on parle bien du même homme, celui qui est accusé d'avoir tué 4 personnes non ?!
Rédigé par : reveillez-vous | 02 février 2009 à 14:56
Se pose, une fois encore, la question de la responsabilité du magistrat ayant estimé qu'un homme en fuite peut mériter une remise en liberté en attendant son extradition.
C'est tout de même une idée merveilleuse que celle de penser qu'un individu qui fuit la Justice d'un pays, qui vit clandestinement, offre des gages de représentation.
Ou bien une faute professionnelle.
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 02 février 2009 à 13:06
Petite question naïve...
Comment ce monsieur a-t-il procédé pour parvenir à toucher le sol brésilien ?
Rédigé par : pergolese | 02 février 2009 à 11:10
A-t-il seulement une conscience ?
Rédigé par : mike | 02 février 2009 à 09:57
Une condamnation par contumace pendant les années de plomb se doit d'être considérée avec bien plus de prudence que vous ne le faites, Philippe, et puisque vous vous répétez, je répète qu'hors de tout nouveau procès, le droit n'y trouve pas son compte. La lâcheté n'est pas un crime punissable de la perpétuité et vous seriez bien fou, Philippe, si, vous sachant condamné à la perpétuité, vous n'utilisiez pas tous les moyens pour y échapper.
Votre réquisitoire est très largement excessif (vous n'hésitez pas à mettre en cause la moralité des gouvernants actuels brésiliens qui ont eu, à un moment, à lutter contre une dictature et ils l'ont fait sans violence) comme sont excessives les protestations de solidarité à l'égard de Battisti.
Vous vous perdez dans ce combat douteux.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 02 février 2009 à 09:44
Je serais plus rassuré sur l'absence d'intervention de Carla Bruni dans ce dossier si je voyais par ailleurs la diplomatie française appuyer l'Italie dans ses démarches. Peut-être notre diplomatie a-t-elle choisi la voie de la discrétion par souci d'efficacité, ne nous interdisons pas de rêver.
Il n'empêche, nous avions Claude Chirac, nous avons maintenant Carla Bruni, nihil novum sub sole.
Bien à vous.
Rédigé par : Aristotes | 02 février 2009 à 09:26
Toute cette polémique depuis 15 ans nous aurait été épargnée si les institutions françaises avaient respecté le droit : M. Mitterrand n'avait aucune qualité à décréter l'immunité de M. Battisti et consorts. Tout au plus le président français pouvait-il faire voter par le Parlement à l'initiative du gouvernement, hors période dite de cohabitation, une loi en ce sens qui je pense aurait été nulle au regard des engagements internationaux et/ou européens, ce pourquoi, entre autres, on s'est sans doute bien gardé d'en tenter l'expérience. On continue de nous parler d'Etat de droit mais M. Battisti a beau jeu d'exploiter la carence des institutions françaises qui ressemble fort à de la connivence, alors pourquoi pas un vrai-faux passeport.
Rédigé par : ancien | 02 février 2009 à 08:24
Cher Philippe Bilger
Je ne connais pas l'affaire Battisti. J'avoue ne pas bien comprendre quel serait l'intérêt de Carla Sarkozy à défendre Battisti, elle dont la famille fortunée a fui l'Italie à cause des Brigade Rosse.
Je connais un peu le Brésil et connais les survivants miraculeux marqués au fer rouge des tortures de la dictature militaire, au sens propre. Evitez d'écrire "solidarité discutable entre anciens subversifs violents", vous n'avez pas idée de quel côté était la violence ici. Possiblement une solidarité entre anciens torturés.
Chacun peut juger au vu de la politique mesurée du Brésil en quoi les anciens exilés, torturés et "disparus" étaient bien des dangereux subversifs extrémistes violents. Vous vous discréditez en 6 mots. Vu qu'en Italie vos homologues seront 100 fois pire, on peut se demander s'il n'a pas quelques raisons de fuir.
Une traduction d'un extrait de Cálice de Chico Buarque, chanson censurée par la dictature militaire, malgré les doubles sens (Cálice=calice=tais-toi)
De trop usé le couteau
Ne coupe plus
Comme il est difficile,
Père, d’ouvrir la porte
(Tais-toi)
A cette parole
Coincée dans la gorge
(…)
Peut-être le monde
Ne serait pas petit
(Tais-toi !)
Ni la vie
Un fait consommé
(Tais-toi !)
(…)
D'ailleurs beaucoup de ces "subversifs violents" se sont réfugiés... en Italie. Preuve que quelques subtilités vous échappent.
Prière de respecter une "République qui vaut la nôtre". Je parle du Brésil bien sûr !
Rédigé par : Alexandre | 02 février 2009 à 02:57
Sa conscience ? Vous êtes d'un autre temps Monsieur l'avocat général. Ça s'opère très bien maintenant. À peine plus compliqué qu'une appendicectomie.
Rédigé par : Derek | 02 février 2009 à 01:16
Certes, s'il n'est pas Jean Valjean, vous, cher PB, vous ressemblez de plus en plus à Javert... Laissez-le fuir, puisque vous pensez cela, mais vous, vous, cessez de poursuivre, cela fait comme une persécution... Méfiez-vous du triste et pathétique héros de Victor Hugo... Puis ce vers de Niezstche, songez-y longuement : "Fuis, fuis, mon ami, et sur le tard tous te suivront en boitant..."
Bonne nuit.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 02 février 2009 à 01:02