Pourquoi le ministère de la Justice, qui n'est pas allergique à la bureaucratie et à l'inflation des structures, ne créerait-il pas un Bureau de la Légitime Défense Judiciaire (LDJ) ?
En effet, je suis frappé de constater comme tout ce qui de près ou de loin touche au judiciaire - magistrats, procédures, procès et décisions - fait l'objet d'une contestation permanente et de plus en plus vindicative. Quand l'indifférence - qualité ou défaut, je ne sais - manque, on souffre ! Mais pourquoi se laisse-t-on faire comme si les attaques étaient toujours justifiées et notre opprobre toujours indiscutable ? Doit-on courber le dos et l'esprit au lieu de tenir tête ?
Mille exemples de cette guérilla pourraient être cités. Loin de moi l'idée de prétendre que toute mise en cause est inutile et néfaste. Il y a évidemment des polémiques de fond qui, en définitive, servent plus la cause de la justice qu'elles ne lui nuisent. Mais il en est d'autres de pure aigreur, de ressentiment absolu qui ne sont inspirées que par le désir de se faire valoir. Elles offensent, insultent sans rien démontrer.
Ce qui m'a fait sursauter récemment, c'est une interview donnée par Karim Achoui au Parisien : "Ces cinquante jours de prison m'ont laminé". Je veux bien le croire.
Il répond aux questions de Geoffroy Tomasovitch. Le journaliste lui demande notamment "quel souvenir il garde de son procès". Aussi scandaleuse qu'elle soit, je cite la réplique d'Achoui dans son intégralité : "En tant qu'avocat j'ai plaidé près d'une centaine de fois aux assises. Accusé, je me suis présenté sereinement devant la cour, j'avais absolument confiance par rapport au dossier. Dès le premier jour, à la façon dont la présidente Dray (sic) m'a regardé, j'ai compris qu'elle m'était hostile, que j'étais condamné. Cette magistrate répressive a été "choisie" pour le procès Ferrara, elle avait un ordre de mission. Au fil des audiences, ça a été de pire en pire, je savais qu'elle ne désarmerait pas. Ce procès, c'était une farce, une parodie judiciaire" et il ajoute ailleurs: ..."Je serai acquitté, il ne peut en être autrement".
Comment un accusé qui a été condamné à sept ans d'emprisonnement par une cour d'assises, après de très longs et difficiles débats, peut-il oser s'en prendre ainsi à la présidente, un magistrat dont il prétend, sans rien savoir, qu'elle avait reçu "l'ordre de mission" de le déclarer coupable et de le sanctionner ? Neuf jurés et deux magistrats ont délibéré avec elle durant plus de trois jours et elle serait créatrice, par malfaisance, d'une erreur judiciaire ? Le comble, c'est que Karim Achoui sera peut-être en effet acquitté en 2010 par la cour d'assises d'appel et il peut être sûr qu'aucun magistrat, même ulcéré comme lui affirme l'être, ne se permettra de vitupérer l'arrêt et de soupçonner les quinze juges qui auront tranché en sa faveur.
Je devine la perversion de cette tendance qui conduit de plus en plus souvent les avocats qui ont perdu non seulement à relever appel - ce qui est leur droit - mais à tenter de disqualifier le président de la première instance. Faute d'avoir convaincu, on délégitime. La ficelle est grosse. Mais quelle certitude de son impunité doit habiter Karim Achoui pour que celui-ci puisse, aussi violemment, dénoncer un comportement qui n'a eu que le tort, partagé avec d'autres, de ne pas lui complaire! Venir de la sorte raviver un débat au lieu de l'apaiser dans l'attente de l'appel relève à l'évidence d'une politique du pire qui, par le terrorisme qu'elle induit, n'a pour but que de tétaniser les prochains juges et de les avertir qu'on ne leur passera rien et, surtout, de n'être pas conquis par l'accusé Achoui et ses avocats. "Une farce, une parodie judiciaire" que ce premier procès à Paris, paraît-il, alors qu'il a été un enfer pour la présidente, à cause de certains accusés et de quelques avocats ! La honte, c'est la manière dont on a tout fait pour qu'il ne parvienne pas à son terme et la justice, c'est qu'il y soit parvenu.
Cette réponse de Karim Achoui est d'autant plus surprenante dans sa virulence qu'elle suit une décision de la chambre de l'Instruction de Paris qui l'a remis en liberté en le plaçant sous contrôle judiciaire. C'est une manifestation, quoi qu'on en pense, de l'Etat de droit, qu'on invoque pour son bénéfice d'avocat mais qu'on transgresse pour son sort d'accusé.
C'est cette ambiguïté, cette manière de jouer sur deux tableaux et un double rôle qui ne laissent pas de m'intriguer dans la démarche de Karim Achoui. Il jouit de sa qualité d'avocat, occultant l'accusé, pour profiter du corporatisme et de la solidarité du barreau à côté desquels ceux de la magistrature pèsent peu. Il s'autorise comme accusé des propos et des dénonciations indignes d'un avocat digne de ce nom. Autrement dit, mettant toutes les chances de son côté et n'ayant peur d'aucune dérive parce que sûr (trop sûr ?) de soi, Karim Achoui n'a jamais été plus présent que depuis qu'il devrait se taire et favoriser la sérénité de la justice, qu'il mentionne souvent mais qu'il altère au fil de chacune de ses interventions.
Le bureau de la LDJ aurait beaucoup, trop de travail. Pas un jour qui n'appellerait une riposte, pas un jour qui ne susciterait une défense, pas un jour sans réaction. Cela impliquerait une connaissance approfondie de ce qu'écrivent et disent les médias. Cela impliquerait qu'on ne traite rien à la légère au prétexte que ces joutes et ces offenses sont trop bénignes pour être prises au sérieux. Cela imposerait qu'on vienne au secours des magistrats qui le méritent et qu'on se batte pour les causes qui en vaillent la peine. Je crains qu'à force de ne jamais dire non, la justice ne soit plus jamais perçue comme une force. Se laisser traîner dans la boue, ou laisser accabler ceux qui ont bien servi l'institution, n'est pas la marque d'une grandeur d'âme mais d'une petitesse d'ambition et de pouvoir.
Karim Achoui a bien raison d'exploiter notre faiblesse. Jusqu'à quand ?
Karim Achoui a été reconnu coupable par 3 magistrats et 9 jurés. Il a été condamné à 7 années d'emprisonnement.
Cette décision a été rendue au nom du peuple français.
Alors pourquoi discuter sur la légitimité de la décision ? Monsieur Achoui pourra faire appel s'il estime être innocent.
A ce propos, il a plus de 5 avocats pour lui, il est millionnaire et il ne pourra pas ensuite dire qu'il y a eu une erreur judiciaire s'il est de nouveau condamné en appel.
Monsieur Achoui, svp, si la justice en France ne vous plaît pas, vous êtes libre d'aller voir comment ça se passe en Algérie... la justice est différente la-bas et la défense n'a pas vraiment son mot à dire...
Enfin, pleurer pour 5 semaines en prison est tout à fait compréhensible quand on s'appelle Karim Achoui. Vu qu'il a l'habitude de s'habiller en Berluti, en Smalto et de vivre dans les grands appartements chics de Paris...
Rédigé par : David | 27 mars 2009 à 17:19
Alexandre, lit-on la "Tribune de Genève" au Brésil ?... J'espère...
"ATS | 18.02.2009 | 13:12
Le Ministère public zurichois ouvre une enquête pénale contre la Brésilienne trouvée tailladée la semaine dernière à Zurich-Stettbach. La jeune femme de 26 ans est soupçonnée d'avoir trompé les enquêteurs en affirmant avoir été victime d'une agression.
Lundi de la semaine dernière, elle avait indiqué aux policiers avoir fait une fausse couche après que trois néonazis lui ont gravé les initiales «SVP» (abréviation allemande d'UDC) sur le corps près de la gare RER de Stettbach. Vendredi dernier, l'Institut médico-légal de l'Université de Zurich révélait que la ressortissante brésilienne n'était pas enceinte. Il privilégiait la piste d'une affabulation et d'une auto-mutilation.
Le Tribunal de district de Zurich a attribué un avocat d'office à la jeune femme, indique le Ministère public mercredi dans un communiqué. Celle-ci se voit en outre interdite de quitter la Suisse aussi longtemps que l'enquête l'exigera. Par ailleurs, la procédure de plainte pour agression déposée par la ressortissante brésilienne se poursuivra en parallèle."
Rédigé par : sbriglia@Alexandre | 19 février 2009 à 08:39
"Alexandre"
Merci pour avoir éclairé nos concitoyens. Ceci étant, citer l'original bien connu en manière de clin d'oeil et assener un sens brutal en traduction ne revient pas exactement au même.
Rédigé par : L'âne | 15 février 2009 à 18:45
@Pierre-Antoine : Oups ! :o)
Rédigé par : Nathalie | 14 février 2009 à 21:35
@Mike
Et encore, 900 c'est un minimum en sur-représentant certaines populations puis en appliquant des pondérations.
Ce qui revient à blanchir une information colorée...
Rédigé par : Alexandre | 14 février 2009 à 18:03
@Nathalie
J'ai été tiré au sort pour être juré, mais il se trouve qu'en ma qualité d'aumônier de prison, je me suis senti obligé de demander à la présidente de ne pas avoir mon numéro dans l'urne pour un prévenu, car je l'avais rencontré plusieurs fois dans sa cellule dans l'exercice de mon ministère.
Les autres fois mon numéro n'est pas sorti, sauf à la dernière affaire où j'ai été désigné sans être récusé, mais les avocats se sont mis en grève et je n'ai eu que le temps de m'asseoir sur le banc des jurés.
J'avoue qu'entre la frustration de ne pas vivre cette expérience et le soulagement de ne pas juger un homme, c'est le soulagement qui l'a emporté en moi.
Du coup j'ai eu l'impression que mon œil brillait mieux et que mon poil se lissait sur ma peau.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 14 février 2009 à 10:53
J'espère que dans notre pays démocratique et rebelle au racisme on acceptera des jurys composés éventuellement de neuf hommes ou femmes ou blancs ou colorés et non particulièrement représentatifs des différentes communautés; sinon il faudrait prévoir des jurys de neuf cent personnes environ. C'est ce que nous disent les instituts de sondage.
Rédigé par : mike | 14 février 2009 à 10:18
PS : Je dirai que notre curé à l'oeil vif et le poil brillant.... (nooon, je déconneeeee)
;))
Rédigé par : Nathalie | 13 février 2009 à 21:10
Notre curé a été tiré au sort pour être juré dans 3 affaires : il a été récusé 2 fois.
Une fois par la défense, une fois par l'autre partie. Allez comprendre ?
Mais il est persuadé que sa qualité de curé y est pour quelque chose.
Rédigé par : Nathalie | 13 février 2009 à 21:08
La Morale, cette vieille chose qui n'est pas punie par la loi ...
- Un jour, je serai moral, dit le petit Bernard K. à ses parents.
- Alors, tu seras célèbre et riche, mon fils, répondit sa maman ...
Le papa, quant à lui, qui lisait beaucoup Victor Hugo, le prit sur ses genoux et lui dit en caressant ses cheveux blonds:
- Tu sais, fiston, la Morale c'est la Conscience, une seule et même chose, et, tu dois le savoir dès aujourd'hui, elles sont maintenant toutes deux à la Monnaie ...
- Alors, je serai à la Monnaie, dit le petit Bernard K. qui courut jouer dans le jardin. Là, il vit une petite fille pauvre, de son âge, assise sur le trottoir en face, avec une vieille poupée qu'elle avait rapiécée et qu'elle tenait dans ses bras ... Le petit Bernard K. se glissa jusqu'à elle et, sans qu'elle le vit, il lui fit un gros bisou d'amour sur la joue en même temps qu'il profita de la surprise pour dérober la poupée ... La petite fille ne le remarqua pas, et elle pensa, frottant encore sa joue de ce baiser chaud, que ce joli garçon était amoureux d'elle. Elle oublia sa poupée et se mit à sangloter car c'était la première fois, à part sa mère, qu'on s'intéressait à elle et que quelqu'un l'embrassait ... Quand elle rentra chez elle, sa mère lui demanda: "Où est ta poupée?". Mais la petite fille ne répondit pas, elle essuyait ses larmes de joie et rêvait encore de Bernard K. qui l'aimait si fort ...
En vérité -car il faut le dire et le condamner-, ce fut la première et unique bêtise de Bernard k. Il n'y en eu plus d'autre car il fit de brillantes études et devint, comme il l'avait promis ce jour-là à ses parents, Moral ... Il épousa une fort jolie dame qui devint aussi célèbre et riche que lui en trouvant et brevetant le moyen qu'on croyait de toujours impossible -tous les savants s'y étaient essayé en vain-, de faire de la Monnaie à la Conscience ... La découverte fit grand bruit, et on parla longtemps d'elle. Ce fut un grand mariage et ils eurent de beaux enfants ... Ils vivent toujours heureux ...
Quant à Maître Achoui dont nous avons relaté les aventures dans notre précédent volume des éditions pour enfants, il nous semble opportun d'ajouter ici, pour que l'histoire ait une leçon et une fin, que SANS MORALE, ON NE VA PAS LOIN.
La prochaine fois, nous parlerons du procureur qui allait doucement et du voleur qui courait vite ... Et n'oubliez pas, les enfants, demain vous avez révision!
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 13 février 2009 à 20:04
Comment a-t-on pu pondre une loi qui met en liberté quelqu'un qui a été condamné à sept ans de taule par un jury populaire ?
M° ACHOUI (parmentier) se vautre dans les médias complaisants (pléonasme...)
Mais il devrait purger sa peine...
Rédigé par : bruno | 13 février 2009 à 18:05
@ JDR,
« Voilà qui s'appelle mettre la charrue avant les boeufs. Vous auriez sans doute dit "S'il y a eu acquittement, c'est donc qu'il n'y a rien dans le dossier !". En vérité les couples condamnation/culpabilité et acquittement/innocence sont des sophismes pratiques, ce que je développerais à la manière socratique pour les amateurs de siestes philosophiques. »
Il me semble, Monsieur, que la cour d’assises de Paris a condamné le 15 décembre 2008 à 7 ans de prison pour complicité d’évasion aggravée du braqueur Ferrara par l’usage d’explosif et de participation à une association de malfaiteurs. La chambre de l’instruction a ordonné sa libération sous condition d’une caution de 50.000 euros. Cela ne veut pas dire, il me semble, qu’il est acquitté voire blanchi de cette condamnation ! Monsieur l’Avocat général Bilger nous donnera peut-être une réponse sur ce point !
Par ailleurs, ce qui est intéressant avec ce dossier, le 15 janvier 2009, KA a vu sa condamnation pour « complicité de faux et usage de faux » dans une affaire qui l’opposait à son ex-femme devenir définitive, après le rejet de son pourvoi en cassation : 12 mois avec sursis, 20.000 euros d’amende, et interdiction d’exercer la profession d’avocat durant 5 ans…
Alors, selon vous, les jurés y sont pour quelque chose également ?
KA crie-t-il au loup ?
Rédigé par : KozEris | 13 février 2009 à 16:51
"Cette réponse de Karim Achoui est d'autant plus surprenante dans sa virulence qu'elle suit une décision de la chambre de l'Instruction de Paris qui l'a remis en liberté en le plaçant sous contrôle judiciaire. C'est une manifestation, quoi qu'on en pense, de l'Etat de droit, qu'on invoque pour son bénéfice d'avocat mais qu'on transgresse pour son sort d'accusé."
Qu'elle soit virulente dans la forme ne me surprend pas si l'on considère qu'il se proclame innocent depuis le début et que tout ce qui a précédé son jugement a été tout aussi virulent et paraît-il, si j'en crois les médias, tout aussi surprenant par l'absence de preuve.
Si en appel il est jugé innocent on assistera encore au procès de l'instruction qui a décidé de l'envoi devant les assises d'un homme sur simple "intime conviction" d'un magistrat indépendant.
Vivement le contradictoire public avant clôture d'un dossier d'instruction.
Ça évitera au moins le malaise ressenti d'une "probable-possible-certaine" influence corporatiste exercée sur un juge indépendant qui n'a que sa seule "intime conviction" pour envoyer des innocents en préventive.
Juste pour mémoire, bien après l'affaire d'Outreau, ne pas oublier que lors du procès de Pierre Bodein, dit Pierrot le fou, ses seize, oui vous avez bien lui seize (16) co-accusés ont été acquittés en première instance à l'issue du procès devant les assises du Bas-Rhin. Il y avait un mineur acquitté par la cour d'assises des mineurs. Le parquet avait décidé de ne pas faire appel de cette décision.
Alors quand on dit qu'Outreau n'a servi à rien… je ne m'interroge plus, j'affirme qu'il faut vraiment avoir le courage d'une Réforme avec un "R" majuscule pour que la justice retrouve son "J" majuscule.
Cordialement avec lassitude
Pierre-Antoine
PS : lassitude pour la situation et non le propriétaire de ce blog. On ne se refait pas... LOL
Rédigé par : Pierre-Antoine | 13 février 2009 à 15:57
@JDR
Vous avez raison : 4,5 femmes et 4,5 hommes c'eut été rudement mieux.
Rédigé par : catherine A àJDR | 13 février 2009 à 11:46
@Hélène Nigen
Madame,
Me croyez-vous assez sot pour "gober" tout ce qui est rapporté par les médias ?
Faites-moi confiance, je sais trier, analyser et rejeter ce qui doit l'être.
Rejeter la presse comme vous le faites est hélas tellement simpliste que je crains de votre part un soupçon de corporatisme.
Le procès fut mal conduit et vous ne pouvez le nier.
Nul n'est besoin d'être magistrat pour le constater.
Le simple bon sens suffit.
Pour le reste, heureusement que nous avons la presse, sinon malheur à notre démocratie.
Rédigé par : noel | 13 février 2009 à 11:38
@KozEris
"S’il y a eu condamnation c’est qu’il doit bien y avoir quelque chose dans le dossier !"
Voilà qui s'appelle mettre la charrue avant les boeufs. Vous auriez sans doute dit "S'il y a eu acquittement, c'est donc qu'il n'y a rien dans le dossier !". En vérité les couples condamnation/culpabilité et acquittement/innocence sont des sophismes pratiques, ce que je développerais à la manière socratique pour les amateurs de siestes philosophiques.
Aux assises, la délibération échappe à tout état de droit, toute loi est évacuée puisqu'il n'est imposé qu'une seule consigne aux jurés : "Avez-vous une intime conviction". Aucune autre considération, y compris la loi, n'est admise.
Les récusations sont pour la plupart du temps préparées à l'avance avec la liste des jurés : tout élément qui apparaît défavorable au point de vue de l'accusation ou de la défense justifie une récusation, la consonance du nom, la profession, le sexe, l'aspect physique. Le problème est que lorsqu'on use de son pouvoir de récusation, qui est limité, on ne sait pas qui va être tiré au sort derrière et ça peut être pire ! Exercice très aléatoire.
Je suis personnellement très opposé au jury populaire qui n'est qu'une traduction républicaine de l'immanence divine : le peuple ne peut pas se tromper comme jadis le roi de droit divin. Lire "Justice sans dieu" de Thierry Lévy. Mais je ne suis pas un démocrate acharné, en somme je suis un réac libertaire (de gauche, tout de même, de gauche !)
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 13 février 2009 à 10:24
Sur le racisme et la xénophobie, je crois que le problème est bien pire dans la Police. Du moins c’est mon expérience qui ne vaut pas comme statistique, bien sûr.
Etes-vous au courant de cette affaire suisse qui traumatise le Brésil ? Lundi, une jeune juriste brésilienne (fille de notables d’ici) qui rentrait chez elle en Suisse allemande parlait dans le tram au téléphone avec sa mère à Recife. A la sortie du Tram, 3 skins l’ont tabassée, piétinée, elle a perdu les deux jumeaux dont elle était enceinte de 3 mois, et ils lui ont incisé au cutter sur l’ensemble du corps le sigle du parti d’extrême droite local (SVP). Elle vit avec un Suisse et devait se marier dans un mois. Les policiers qui l’ont recueillie et ont pris sa déposition l’ont limite menacée quand elle décrivait les faits, lui disant qu’une mauvaise description pourrait se retourner contre elle. Il est vrai que ce parti est très populaire dans la Police… Au-delà de l’horreur, c’est vraiment le comble de l’ethnocentrisme. Voilà pourquoi :
ces skins l’ont probablement attaquée parce qu’en Suisse ils viennent de voter oui à la libre circulation des travailleurs de l’Union Européenne. Ils l’ont probablement prise pour une Portugaise et l’ont agressée à ce titre. De manière symétrique, les médias brésiliens voient ça comme une agression d’extrémistes européens contre les immigrants d’Amérique du Sud, et rapprochent ça des affaires de Brésiliens embêtés par les PAF européennes dans les aéroports.
Contresens du début à la fin !!! TF1 pourra recruter des journalistes au Brésil.
Rédigé par : Alexandre | 13 février 2009 à 04:19
Cher Philippe,
Personne ne prend très au sérieux le problème d'une impartialité possible à
l'intérieur d'un jury.
Les Anglais ont étudié un certain nombre de cas:
- le cas Grégory U.K du 25.02.1997
- le cas Gough
et d'autres, le plus connu étant le cas Mirza de 2004
La justice française ne pourra faire l'économie de ce problème réel.
J'aimerais savoir s'il est fréquent que des juges se dispensent de l'avis de certaines personnes dont les facultés de jugement sont perturbées par le fait d'être raciste?
Il me semblerait pertinent dans un but de transparence qu'avant l'annonce de chaque décision soit précisé si le délibéré s'est
passé dans de bonnes conditions, si aucun propos discriminatoire n'a été énoncé.
La dernière question posée aux jurés devrait avant qu'ils ne soient condamnés au silence sous peine d'amende être quelque chose comme : avez-vous constaté des irrégularités pendant la délibération ? De
quelle nature (manipulation d'un ou de plusieurs juges, propos racistes etc...).
Ces observations devraient être rendues
publiques. Cela ne remettrait pas en cause
le secret du délibéré mais serait une avancée certaine...
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 13 février 2009 à 01:18
A lire certains, on croirait qu'un juré en France est choisi tel un vulgaire poisson sur un étal : « celui-là à l'oeil torve, à jeter ; cet autre à l'oeil vitreux, on prend... ! »
Un proche parent fut deux fois « juré », n'a, jusqu'à preuve du contraire, rien perdu de sa capacité de discernement et je ne l'ai jamais entendu se plaindre de la magistrature quant à ces deux affaires... !
Mais on ne peut pas en dire autant des avocats.
J’ai assisté personnellement à une scène scandaleuse d’un avocat qui pour défendre son client, a harcelé un couple qui avait perdu leur enfant dans un accident provoqué par un adolescent, durant les pauses d'audience, dans la salle des pas perdus d’une cour d’assises. Cet avocat leur a dit à peu près ceci : « Si vous êtes croyants, vous ne pouvez pas faire condamner ce jeune… » (celui-ci fut à l’origine du décès de 4 personnes).
Au final, l’avocat obtint ce qu’il avait recherché, au grand désarroi des autres familles de victimes...
L'affaire KA, en est encore un exemple.
Comment peut-on faire preuve d’autant d’arrogance, même après quelques jours de prison, (ce qui ne doit pas être facile à vivre, surtout quand on est habitué au luxe…) après avoir été condamné à 7 ans de prison ? S’il y a eu condamnation c’est qu’il doit bien y avoir quelque chose dans le dossier ! On ne peut quand même pas accuser la magistrature de tous les maux de la justice.
Les avocats (en général) qui se pensent au-dessus des lois, font trop souvent preuve d’insolence… actionnant ensuite le corporatisme à fond la caisse !
Aussi, au final, résonne t-il, après le huchet, l'oliphant, la corne, le cor… (normal pour des baveux) le ton de vénerie, soutenu, dont vous connaissez certainement l’air à défaut des paroles… !
« Tayaut, tayaut, tayaut…
Ferme ta gueule, répondit l’écho… ! »
Rédigé par : KozEris | 13 février 2009 à 00:30
Sélectionnée pour plusieurs affaires, la stupeur était grande lorsqu'il a fallu désigner le jury populaire pour une affaire de viol. Le prévenu était un homme grand, la quarantaine et des dreads locks très longues. On en ressort lessivé et sceptique sur la justice des hommes. Le hasard avait installé dans la salle des hommes noirs et originaires d'Afrique du Nord. Mais à chaque fois qu'un numéro pioché dans l'urne désignait un homme de couleur, ce dernier se levait et aussitôt on entendait soit le juge, soit l'avocat général, soit l'avocat de la victime prononcer le mot "Récusé !". Bref, à la fin le jury était à 100 % blanc, avec des retraités, des femmes au foyer et des agents de la fonction publique. Il faut le vivre pour mieux comprendre les lenteurs dans le changement des mentalités françaises. L'idée qu'un homme noir nécessairement sera clément avec un prévenu noir revient à dire qu'un homme blanc est nécessairement clément avec un prévenu blanc. Cette conclusion suffit amplement.
Rédigé par : SR | 13 février 2009 à 00:28
@ Hélène Nigen
6 femmes et 3 hommes pour juger le tortionnaire stupide d'une jeune femme, cela vous paraît statistiquement représentatif du peuple français ? Deux tiers / un tiers, ça vous semble convenable ? Peut-être n'est-ce pas assez ? 12 femmes vous sieraient mieux ? Avec les 3 juges exclusivement femmes, tant qu'à faire ? Pourquoi éprouvez-vous le besoin de me balancer une cohorte de barbus chariaa sous le bras ? N'y a-t-il pas une mesure entre un excès et un autre ? Les hommes jurés vous sembleraient-ils suspects dans un cas de ce genre ? Curieux, vraiment curieux..
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 13 février 2009 à 00:26
@ Catherine Jacob
Pour les incultes qui préfèrent comme moi "En compagnie les oies se baignent" (proverbe du Gers) à "Asinus asinum fricat", j'ai retrouvé la traduction de la suite.
Je ne sais pas si ça s'applique si bien à Karim Achoui. Il s'est déjà pris du gros calibre dans la peau de provenance bizarre, 7 ans dans un procès désastreux, et maintenant qu'il sort provisoirement du trou vous le trouvez impudent de parler à un journaliste. Vous n'êtes pas très compassionnelle !
Jusques à quand abuseras-tu de notre patience, Catilina ? Combien de temps encore serons-nous ainsi le jouet de ta fureur ? Où s'arrêteront les emportements de cette audace effrénée ? Ni la garde qui veille la nuit sur le mont Palatin, ni les postes répandus dans la ville, ni l'effroi du peuple, ni le concours de tous les bons citoyens, ni le choix, pour la réunion du sénat, de ce lieu le plus sûr de tous, ni les regards ni le visage de ceux qui t'entourent, rien ne te déconcerte ? Tu ne sens pas que tes projets sont dévoilés ? Tu ne vois pas que ta conjuration reste impuissante, dès que nous en avons tous le secret ? Penses-tu qu'un seul de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et la nuit précédente, où tu es allé, quels hommes tu as réunis, quelles résolutions tu as prises ?
0 temps ! ô moeurs ! Le sénat connaît tous ces complots, le consul les voit ; et Catilina vit encore. Il vit? que dis-je ? il vient au sénat ; il prend part aux conseils de la république ; son oeil choisit et désigne tous ceux d'entre nous qu'il veut immoler. Et nous, hommes pleins de courage, nous croyons assez faire pour la république, si nous échappons à sa fureur et à ses poignards. Il y a longtemps, Catilina, que le consul aurait dû t'envoyer à la mort, et faire tomber sur ta tête le coup fatal dont tu menaces les nôtres.
Eh quoi ! un citoyen illustre, le grand pontife P. Scipion, frappa de mort, sans être magistrat , T. Gracchus pour une légère atteinte aux institutions de la république ; et nous, consuls, nous laisserons vivre Catilina, qui aspire à désoler l'univers par le meurtre et par l'incendie ? Je ne rappelle pas l'exemple trop ancien de C. Servilius Ahala, tuant de sa propre main Sp. Mélius, qui cherchait à faire une révolution. C'est qu'il y avait autrefois dans cette république, oui, il y avait des hommes assez courageux pour infliger des châtiments plus sévères à un citoyen pernicieux qu'à l'ennemi le plus acharné. Nous sommes armés contre toi, Catilina, d'un sénatusconsulte d'une rigueur terrible ; ni la sagesse ni l'autorité de cet ordre ne manquent à la république ; c'est nous, je le dis ouvertement, c'est nous consuls qui lui manquons.
Rédigé par : Alexandre | 12 février 2009 à 23:56
Bonjour,
Le terrorisme juridique peut-il être qualifié pénalement ?
Les avocats s'autorisent tout au nom de la défense de leur client. Parfois cela va si loin que votre adversaire n'a même pas besoin de prendre un avocat. Le vôtre lui suffit bien.
Rédigé par : Martin | 12 février 2009 à 21:46
@Aïssa,
Vous m'obligez, comme toujours, mais Aïssa que diriez-vous si siégeaient simplement des citoyens auxquels, par quelque générosité, nous accordions le bénéfice de la conscience (un peu), du scrupule (un peu).
Pourquoi toujours chercher midi à quatorze heures et être dans une fuite en avant communautariste, car c'est à cela que cette logique conduit.
Par ailleurs, par principe, je m'interdis de considérer autrui raciste en vertu de son apparence ou de sa couleur de peau, ou de la manière dont son oeil pétille.
Le système tel qu'il m'a été décrit de choix des jurés, avec la possible de récusation accordé aux différentes partis, le tirage au sort, me semble, somme toute comme on dit, une chose convenable.
Ah, l'horizon post-racial... Comment le construire ? En s'arc-boutant sur les critères raciaux ou en les transcendant ?
Par définition, l'horizon est transcendance.
Bien à vous.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 12 février 2009 à 18:39
"Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia nostra? quam diu etiam furor iste tuus nos eludet? quem ad finem sese effrenata iactabit audacia?" nous dites-vous. Vous connaissez la suite...
"Cette magistrate répressive a été "choisie" pour le procès Ferrara, elle avait un ordre de mission."
C'est vrai que cet outrage gratuit à l'indépendance d'un magistrat du siège est tout à fait choquant.
Pour plusieurs raisons dont celle qui revient à dévaloriser par de telles outrances de légitimes suspicions pour les cas où il y aurait malheureusement lieu, n'est pas la moindre.
"Cela imposerait qu'on vienne au secours des magistrats qui le méritent et qu'on se batte pour les causes qui en vaillent la peine."
Ça coule de source.
Du discernement, du discernement et toujours du discernement, de ce discernement qui veut que les faux problèmes et les manifestement fausses questions n'occultent pas les vrais, car ce serait également dommage que certains qui mériteraient effectivement d'être mis en cause tirent leur épingle du jeu grâce à l'outrance indifférenciée qui blesse les oreilles, d'un mécontent d'un sort qu'il a aussi un peu appelé si j'ai bien compris.
Rédigé par : Catherine JACOB | 12 février 2009 à 16:33
@Daniel Ciccia
Je n'aime pas quand vous n'êtes pas judicieux ni pertinent dans vos réflexions, cher Daniel Ciccia ... Réfléchissez une minute ... S'il y avait des quotas (comme vous dites, et que j'appellerais, moi, une réelle démocratisation du jury), ne pensez-vous pas que ce serait déjà faire tomber une accusation récurrente et pour tout dire embêtante de racisme des cours d'assises en certains de leurs arrêts quand l'accusé est "différent"? S'il y avait eu, mettons, deux Beurs, un Black (c'est peu, pourtant) au sein de ce jury affaire Ferrara, Achoui et autres, ou lors du procès Omar Raddad, etc., les accusés et leurs conseils, j'en suis sûr, auraient été un peu moins fondés à prononcer l'accusation de racisme judiciaire à l'issue de ces procès ... En l'état actuel des choses, le doute leur profite et vous ne ferez croire à personne que le racisme est absent des Cours et tribunaux ...
Puis, oui, au nom de quoi toute cette partie de la population française serait-elle quasi systématiquement écartée de ces jurys, comme c'est plus que souvent le cas? Au nom de quoi? dites-le ... Le hasard du tirage au sort sur listes électorales? Allons, cher, allez dire ça à Tibéri et Xavière par exemple ...
Bonne journée.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 12 février 2009 à 11:15
Bravo SR pour toutes ces observations qui font ressortir la fine et hypocrite manipulation de chaque juré(e) quel que soit son niveau intellectuel et sa fonction professionnelle. Il est dommage que les ex-jurés ne s'expriment pas plus souvent pour informer le public qu'il n'y a pas que le droit et les faits qui sont à la base des décisions des jurys. La composante psychologique est capitale pour conduire le jury vers la décision finale. Les assises ne sont qu'une pièce de théâtre. Aucun juré ne dispose d'un document écrit pour se forger une intime conviction !
Rédigé par : calach | 12 février 2009 à 10:44
@ Noël
"Comment pouvez-vous soutenir que le procès s'est tenu dans des conditions normales ?
La presse unanime rapporte une tenue d'audience affligeante et une Présidente dépassée".
Monsieur, je vous conseille vivement de ne pas donner trop de crédit à ce que la presse rapporte. La justice manipule peut-être, les médias sûrement...
@ JDR
"Toutefois que penser de cette session d'assises qui juge actuellement ce jeune pakistanais qui a brûlé sa petite amie : 6 femmes et 3 hommes, par le jeu des récusations. Comme si l'on faisait juger un meurtrier de policier par un jury de policiers..."
Monsieur, qu'auriez-vous préféré ? Que cet homme soit jugé par des jurés masculins qui appliquent chez eux la charia ?
Rédigé par : Hélène Nigen | 12 février 2009 à 10:42
Il s'agit d'une catégorie socio économique qui s'en remet plus facilement à la réflexion du juge qui mène les débats dans la salle à l'abri des micros et des regards. Autour d'un café, le juge et ses assesseurs sermonnent et donnent leur vision des choses. Et lorsque vient votre tour de parler, le juge qui sent venir un point de vue différent regarde sa montre et prétexte un appel urgent ou décide la fin des discussions. Il faut savoir que ces procès sont longs, du matin au soir on est dans un groupe, et les récalcitrants à la pensée dominante sont exclus dans une démarche savamment organisée. On se retrouve seul(e) à déjeuner, dans la salle commune les conversations se font sans nous, et lorsque le juge déclame "On est bien tous d'accord", on attend "Oui oui Monsieur le Juge." Et les tapes dans le dos des rares récalcitrants finissent de rassurer tout le monde que le Juge est un homme bien.
Rédigé par : SR | 12 février 2009 à 06:12
@oneiros
J'ai la certitude que déjà ce blog ainsi que ceux qui le font vivre par leurs commentaires font beaucoup quant aux réponses qu'appellent vos trois dernières questions ... Maintenant, c'est vrai, l'écrit sans l'action, c'est du vent ... Mais l'action non précédée d'une réflexion même péjorative n'est que chaos sans but ni ambition. Soyez toujours sûr d'une chose: Vous faites ici déjà plus que ceux qui se taisent partout.
J'y go, ce coup-ci ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 12 février 2009 à 00:53
Que les magistrats manipulent les jurés, c'est un fait que je ne contesterai pas car c'est connu et les différentes personnes qui ont été jurées et que je connais, en ont souffert.
Ceci étant, ça me gêne que vous croyiez qu'on ne choisit que les personnes aux horizons limités, sans diplôme ou avec des yeux de poisson mort. D'abord parce que les possibilités de récusation sont limitées et parce que pour le reste, il y a une part de hasard. Alors, tous les jurés potentiels (c'est-à-dire les électeurs) sont des boeufs?
Peut être est-ce votre propos et faudrait-il réserver cette fonction à la couche supérieure de la société ? Allez jusqu'au bout de votre raisonnement !
En plus, pour connaître des ex-jurés, ils sont cultivés, intelligents, ouverts et, puisqu'ils sont ex-jurés, c'est qu'ils n'ont pas été récusés.
Vous devriez plutôt éviter, si possible, de faire des généralités, ça fausse le débat et le rend sans intérêt et surtout sans issue.
C'est vrai que la justice est décriée, c'est vrai qu'elle pourrait souvent marcher mieux ou au moins plus rapidement. Si vous voulez cette justice là, demandez là à vos élus, payez plus d'impôts et permettez l'augmentation de son budget qui est désespérant.
Quant à vider les prisons d'un tiers pour que les détenus soient dans des conditions correctes, je suis pour, mais que fait-on du tiers en trop. On les relâche ?
Probablement plus d'un tiers des détenus n'a rien à faire en prison et devrait bénéficier de soins adaptés. Pourquoi les met-on en prison ? Parce que les moyens de les prendre en charge médicalement n'existent pas.
Vous me faites bien rire à décrier le système judiciaire depuis l'écran de votre ordinateur.
Qui agit pour faire avancer les choses ?
Qui s'oppose à un Président de cour d'assises ouvertement pour lui signaler qu'il n'est pas dupe de ses manipulations ?
Qui se mobilise pour les droits des détenus ?
Rédigé par : oneiros | 12 février 2009 à 00:08
Et pour en finir une fois pour toutes avec la crédibilité judiciaire accordée aux jurés populaires, il n'est que de voir comment ils sont doucement mais fermement écartés de tous ces procès d'assises quand l'on juge des affaires dites sensibles, terroristes par exemple ... C'est dire combien le système "démocratique" de notre Justice les tient pour quantité importante, pierre angulaire de la Cour ... Si encore on leur mettait une cagoule pour les dissimuler lors de ces procès, puisqu'il s'agirait de les protéger, dit-on pour justifier cette absence ... Au moins, ils seraient là, comme dans tous les autres procès, certes cagoulés, mais là ... Mais non, même pas, on ne les y invite pas ... place aux professionnels place ... circulez du prétoire, la populace (dixit Imbert), la populace jurée, circulez ... Tiens, Rouillan et les autres, qui les a jugés? Le Peuple? La bonne blague!...
Allez, bonne nuit.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 11 février 2009 à 23:51
Oui, Daniel Ciccia, je sais et ma bonté d'âme sans mesure vous permet de vous baigner dans mes lumières ! Hourra !
L'évocation par SR de la condition de juré coïncide avec une étude dont je n'ai plus référence d'un sociologue appelé comme dernier suppléant et qui raconte comment le nombre des jurés possibles se réduit comme peau de chagrin à mesure que les excuses, certificats médicaux pleuvent au greffe.
Il notait particulièrement le refus moral de beaucoup de tirés au sort intellos de juger, mais ce faisant il observait que cela favorisait la sélection d'un jury plus répressif. Contre-productif, donc.
Nathalie, rassurez-vous, les femmes au foyer remontent singulièrement le niveau d'un jury d'assises. Presque seules elles sont susceptibles d'avoir les capacités intellectuelles, la disponibilité et les moyens financiers de cette disponibilité.
Toutefois que penser de cette session d'assises qui juge actuellement ce jeune pakistanais qui a brûlé sa petite amie : 6 femmes et 3 hommes, par le jeu des récusations. Comme si l'on faisait juger un meurtrier de policier par un jury de policiers...
L'exercice a de très courtes limites.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 11 février 2009 à 22:43
Monsieur BILGER
Je ne sais si KA est coupable des faits qui lui sont reprochés, en fait lui seul le sait !
Mais comment pouvez-vous lui reprocher de se battre et de maudire ses juges ?
Il vient d'être condamné à 7 ans et notre droit l'autorise à interjeter appel et y compris d'être relaxé au cours de cette instance. Pourquoi voulez-vous donc lui contester cette faculté ?
Le contestez-vous parce qu'il est avocat ?
Et pourquoi parlez-vous de corporatisme alors qu'il est en ce cas un justiciable comme les autres.
Comment pouvez-vous soutenir que le procès s'est tenu dans des conditions normales ?
La presse unanime rapporte une tenue d'audience affligeante et une Présidente dépassée.
Ne pas l'admettre tournerait en ce cas au corporatisme, ne croyez-vous pas ?
La justice s'honorerait d'accepter d'être observée avec sévérité par les citoyens que nous sommes. Car c'est ainsi que nous lui témoignons aussi notre confiance.
Laissez donc KA tempêter et user des moyens qu'il juge utile pour sa défense.
Au fait, avez-vous pensé qu'il puisse être innocent des faits reprochés ?
Moi je n'en sais rien, mais je lui accorde en tout cas le bénéfice de cette interrogation.
Rédigé par : noel | 11 février 2009 à 21:43
Le mieux, c'est de choisir des jurés parmi les magistrats, les professions libérales, et les gens à l'esprit vif et au regard pétillant.
Représenteront-ils la France, dès lors?
J'ai assisté à plusieurs procès d'assises et jamais je ne me suis posé ce type de question.
Par contre, il m'a toujours semblé, en dépit du fait que les départements ruraux sur certaines catégories de crimes sont plus sévères que les urbains et inversement, le fait qu'il n'y ait pas une unité me semble participer du fait même de cette représentation ou de ce panachage.
Maintenant, les goûts et les couleurs... Faudra-t-il introduire des règles de quota, ici aussi pour complaire à Aïssa.
Quand le sage montre la personne, l'imbécile regarde la couleur. (Lao-Tseu)
Rédigé par : Daniel Ciccia | 11 février 2009 à 21:40
Qui a vu "12 hommes en colère" ? Philippe, amateur de cinéma, l'a sûrement vu.
Je suis désagréablement surprise par les propos de SR qui stigmatisent les mères de famille, ne faisant pas partie des "personnes hautement qualifiées dont on pouvait légitimement connaître le degré d'intelligence et les qualités d'analyse", qu'en sait-elle ???? Est-ce que la qualité de mère de famille est prédictif du niveau de diplôme ? Idem pour fonctionnaire ? Mais, bien sûr, vous ne vous situez pas dans ce cadre, plus et mieux encore, vous dissimulez et vous vous faites passer pour, afin de faire partie des jurés. Et avec toutes vos hautes qualifications et vos diplômes bac+50, et votre intelligence hors pair, vous n'avez pas réussi à faire fléchir les magistrats et les autres jurés ?
12 hommes en colère peut vous montrer une possibilité de retourner une opinion, même manipulée.
Mais, j'avoue, tout de même c'est vrai, au seul procès en assises auquel j'ai assisté, que lorsque les jurés ont été choisis, ce ne sont pas ceux qui avaient l'oeil vif qui brille d'intelligence, et ensuite, tous assis sur leur siège et sur leur petit derrière avaient l'air et l'oeil d'un paon. Triste constat. J'en ai même vu un qui est resté raide comme assis sur un parapluie, tout le procès sans bouger, même la tête !!!!!
Rédigé par : Nathalie | 11 février 2009 à 20:04
NB/ Je sais ... on me dira tout de suite, là, si je n'interviens immédiatement, que Bigeard en a étouffé, lui, dans de quelconques prétoires "publics", et qu'en cela, naturellement, son propos ne saurait être un exemple judicieux ... Là n'est pas le débat, que l'on s'abstienne donc ...
Cordialement, avec potence, roue, gibet et piloris ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 11 février 2009 à 19:51
Le jury populaire ... L'alibi utile et pratique de la Cour ... Comme pour lui faire croire aussi qu'il compte pour quelque chose, que c'est lui qui décide ... A ce sujet, on l'oublie souvent dans l'ordure judiciaire d'Outreau, ce jury populaire ... Il les a condamnés tous en première instance, il me semble, ou peu s'en faut ... Un ramassis d'abrutis, le plus souvent, indigne, par sa veulerie et sa soumission, de sa responsabilité, et, effectivement, "trié sur le volet" ... Puis, en verra-t-on bientôt des jurés Black, Beurs et même de "plus loin", siéger plus que maintenant où ils ne sont quasiment jamais appelés, à ces places de juges, ou notre Justice aura-t-elle longtemps le privilège unique d'être "blanche" ...
Puis ceux d'Outreau ... Que serait-il advenu d'eux s'ils s'étaient tus comme vous le voudriez de Karim Achoui? s'ils n'avaient pourri médiatiquement Burgaud et cette clique judiciaire du Nord de ce moment, où seraient-ils aujourd'hui, tous ceux-là innocents? dans quelles prisons? oubliés, inconnus, définitivement condamnés ...
Il est singulier d'entendre sans cesse les magistrats -et vous aujourd'hui avec eux, cher PB- en cette étrange dialectique quant à un accusé quelconque qui dit son innocence et ne la manifeste pas bruyamment voire violemment tel Achoui par exemple: "Pour un innocent, il ne crie pas beaucoup, vous ne trouvez pas, cher confrère?". Et l'autre de murmurer en réponse: Oh oui, s'il n'était pas coupable, on l'entendrait davantage ... Gardons-le, il finira par avouer puis nous le condamnerons".
Ainsi, s'il gueule, dénigre et accuse à son tour, l'accusé commet une offense à la Cour ... S'il se tait ni ne proteste avec force geste et grands cris, c'est un aveu de culpabilité pour le cas où il nierait ... Sur quel pied voudriez-vous nous faire danser, cher PB? dites-le nous au lieu de louvoyer pour finalement semer du vide que personne ne comprend ...
Moi je vais vous dire quelque chose de bien plus concret que je tiens du général Bigeard pour lequel, malgré la clique pseudo humaniste qui le honnit, j'ai une grande estime. "Lorsqu'on vous tire dessus dans la rue, en public, que quelqu'un veut vous tuer de la sorte, même si vous êtes touché, gueulez, gueulez de toutes vos forces, tant que vous le pouvez, bougez, faites comme d'aller sur lui, même en vous traînant à terre si vous ne pouvez vous relever, et gueulez comme une bête, insultez, menacez en hurlant, cela effraie l'agresseur et souvent il n'insiste pas, il fuit, je sais cela d'expérience ...".
C'est ce que fait Achoui en ce moment et il a bien raison car il est plus digne de se sauver comme cela et même de crever ainsi si le coup est malgré tout irréversible, qu'étouffé en silence dans un quelconque prétoire public sous les ricanements sourds d'une quelconque Drai ou Dray qu'importe la dénomination mais qui fait de la Justice comme sa facile chose héréditaire ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 11 février 2009 à 19:23
Il me semble mon cher Philippe Bilger que vous faites tout autant preuve d'un excessif corporatisme. Je ne sais si Achoui est innocent ou coupable mais je ne suis ni étonné ni choqué qu'il se défende en attaquant la Présidente de la cour d'assises. Jusqu'à preuve du contraire, c'est Achoui qui risque 7 ans de prison. Il me semble trop lui demander en voulant qu'il garde le silence en attendant le procès en appel.
Ce qui est encore plus frappant c'est que non seulement vous ignorez ce fait comme si 7 ans c'est rien mais en en plus vous n'avez pas un mot sur le déroulement de ce procès qui a été décrié à maintes reprises par d'autres qu'Achoui. Peut-être à tort, je n'en sais rien. Mais il se passe tous les jours des procès en assises sans que l'on entende les accusés ou leurs avocats vitupérer et crier à l'injustice du tribunal ou attaquer personnellement le Président. Cela aurait dû vous suffire à vous interroger sur le déroulement du procès, pour nous dire si selon vous il s'est déroulé normalement ou pas. Mais malheureusement, le réflexe corporatiste que vous dénoncez chez les avocats semble tout aussi développé chez vous.
Rédigé par : Laurent | 11 février 2009 à 16:19
Le journaliste :
-Vous avez relu ? C'est bon ?
K.A. :
-Dans l'ensemble, oui... J'ai modifié quelques petites choses..."Drai", j'ai corrigé par un "Y" à la fin...
Le journaliste :
-?...
K.A. :
-Oui, elle a modifié son nom... c'est D.R.A.Y
Le journaliste :
-Qu'est-ce que cela apporte ? Vous ne croyez pas qu'on risque de vous taxer de...
K.A. (s'emportant violemment) :
-Nom de D... ! j'en ai rien à foutre ! est-ce que j'ai changé mon nom, moi ? on s'est payé l'arabe de service, ses costumes Smalto, sa gomina, ses revenus... Ils ont fait exprès de la choisir pour m'assassiner, me liquider professionnellement... alors j'ai bien le droit d'écrire son nom avec un "Y".
Le journaliste (terrorisé, un peu lâche...) :
-Bon, si vous croyez...
...Voilà, pour expliciter le "sic" de PB, soit : "il a osé !"
PS : cruellement fondé le commentaire de SR ; pour une fois je suis sur la même ligne !
Rédigé par : sbriglia | 11 février 2009 à 15:33
Philippe, vous n'auriez quand même pas imaginé qu'Achoui remercie pour les semaines où il fut nourri et logé aux frais de la République. N'est-ce pas la moindre des choses que quelqu'un qui se dit innocent vitupère, accuse voire insulte ?
Quant aux vertus des jurys populaires, je les ai rarement vues mais ne voulant pas radoter je n'entamerai pas une fois de plus mon couplet sur ce que je crois être une perversion de la démocratie. La preuve, comme le fait remarquer JDR, le Parquet lui-même qui devrait s'estimer lié par les décisions de ces jurys, fait systématiquement appel dès qu'elles ne lui conviennent pas. Pourquoi voulez-vous qu'un condamné, lui qui va passer une partie de sa vie en prison, les accepte sans moufter.
Rédigé par : catherine A | 11 février 2009 à 15:11
Les propos de M. Achoui sont-ils un outrage à magistrat(s), s'ils le sont que ne le poursuit-on ?
Pour ce qui est de la tenue de la cour d'assises présidée par Madame Drai, ce dont peut en connaître un citoyen qui a lu les comptes rendus, concordants, de journalistes spécialisés de bon renom est affligeant. Tout particulièrement ce qui a pu donner l'occasion et le prétexte à des prévenus chevronnés de mener leur cirque : les conditions de détention et de transfert au Palais de Justice, la remarque à tout le moins déplacée de la Présidente au sujet de la vie sexuelle d'un prévenu, l'absence de repas correct. Le déplacement inusité de la Cour dans le cul de basse fosse est éclairant, par son caractère inouï, du monde irréel dans lequel fonctionne le système judiciaire.
La Cour qui a rendu un verdict, que je ne discute pas en tant que tel, dans de telles conditions, ne doit guère s'étonner que les condamnés soient tentés d'en tirer argument, même à tort.
Ailleurs, où tout est loin d'être parfait, il s'est trouvé deux juges pour ordonner à l'Etat de Californie de réduire sa population carcérale d'un tiers pour satisfaire aux droits constitutionnels des prisonniers (cf http://www.nytimes.com/2009/02/10/us/10prison.html?ref=us).
Rédigé par : ancien | 11 février 2009 à 15:01
J'ai bien peur que le phénomène que vous déplorez au niveau de l'affaire Achoui soit un vrai phénomène de contestation des institutions.
Ce phénomène a ses partisans et il a le vent en poupe.
Je ne suis pas convaincu, ce qui est une litote, que ceux-ci aient pour préoccupation principale l'ordre et la justice, ou la justice seule, ou l'ordre seul.
Finalement, l'enjeu de fond (la vérité, l'objectivité) importe moins que le duel "politique", le biais, le rapport de force et les identifications médiatiques.
L'affaire des "saboteurs de Sarlat" manifeste parfaitement cette alchimie des tensions.
Il ne s'agit pas de savoir et conclure à la solidité des charges retenues contre cette équipée qui a peut-être renouvelé des actes que l'on n'avait pas vus - à ce degré d'organisation et de planification - depuis
l'Occupation, mais au fond de savoir si la justice a le droit de les enquiquiner eux qui dans le pire des cas portent désormais par procuration la colère que l'on prête au "peuple".
Nous avons des maires de la France d'en bas venus témoigner leur solidarité à Julien Coupat et ils invoquent une argumentation qui devrait faire florès : "Ne pas pouvoir croire".
Tout cela procède, selon moi, de la confusion érigée comme perspective médiatique, comme démocratie instantanée.
Tout y est par conséquent relatif et c'est à ce titre qu'il peut sembler naturel, plutôt normal car ce n'est pas naturel, de voir ici un accusé faire un procès d'intention au président de la Cour, à un autre, en appel aussi, de faire un procès au président de la République.
Fallait-il publier l'interview d'Achoui, personne publique? Si cela est publié, on accepte de développer une polémique.
L'habileté, la prestidigitation sémantique, l'éloquence, est au service d'une forme de sédition lente, invisible en quelque sorte, qui atteint la pensée et les comportements.
La victime, c'est la justice. C'est même la justesse des rapports, des équilibres, des cohérences auquel on substitue des extravagances.
"Peut-être est la société qui est en état de légitime défense contre une institution judiciaire sinistrée..." conclut JDR.
Il n'interroge pas, JDR, il psychanalyse, il sait et il nous le glisse, par bonté d'âme, à l'oreille.
Pourquoi, dans ces conditions, se priver de délégitimer ses accusateurs, ses juges et ses jurés.
Enfin, cette passion déçue pour la justice est peut-être instrumentalisée. Car, selon moi, c'est une institution essentielle pour la crédibilité d'une société et son organisation.
En l'attaquant et en la mettant en cause, il me semble évidemment, avec un peu de recul sur les situations, que l'on sape l'ensemble des institutions.
Si la première des institutions régaliennes est sinon corrompue du moins "sinistrée" que valent donc les autres dont elle a mission aussi de défendre les magistères.
Cela vaudrait un beau débat public, profond et exigeant et au-delà des passions préfabriquées, une vraie écoute citoyenne. Nous en sommes loin.
Ah, j'écoutais ce cher Besancenot, le soir où son NPA était porté on the fonts baptismaux, rendre hommage à nos frères guadeloupéens. "C'est rare, mais là ils nous montrent le chemin".
De la démocratie, ça ? Pouah
Rédigé par : Daniel Ciccia | 11 février 2009 à 11:20
Excusez-moi de reprendre le clavier intempestivement mais je note une de vos phrases :
"Je devine la perversion de cette tendance qui conduit de plus en plus souvent les avocats qui ont perdu non seulement à relever appel - ce qui est leur droit"
Connaissez-vous beaucoup d'affaires, toutes juridiction confondues, où, lorsque le parquet a perdu, il ne fasse pas appel ? La décision de première instance étant rendue au nom du peuple français, le ministère public qui prétend défendre les intérêts de ce même peuple français, devrait toujours s'incliner, non ? Que ne le fait-il pas ? La perversion semble contagieuse...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 11 février 2009 à 10:28
Vous avez raison, Philippe, Janine Drai n'a aucun besoin d'un ordre de mission pour diriger les débats de façon calamiteuse : elle se débrouille très bien toute seule. Elle est une des rares à ma connaissance à avoir réussi le prodige de liguer contre elle tous les magistrats d'un TGI (Melun en 2000) dans une pétition qui fut évidemment bloquée au ministère. Et si le procès Ferrara a été pour Janine Drai un enfer, il le fut bien plus pour les participants.
Ca c'est pour commencer à alimenter le boulot de votre LDJ.
Philippe, le mal est profond. Outreau n'a fait que le révéler sans le créer. Il est dû, outre ce que vous évoquez vous-même régulièrement ici, à trois facteurs structurels.
La magistrature a consacré ces trente dernières années à remettre en question la moralité et la légitimité de tous les corps institutionnels de ce pays. Tous le monde y est passé avec heurs et malheurs. Jusqu'aux périphéries de la corporation (Tribunaux de commerce) qui n'ont pas la chance d'appartenir à la caste. Il est bien possible que ce travail devait être fait. Mais, miraculeusement, ces magistrats qui nettoient le monde politique, économique, social et péri-judiciaire n'ont jamais estimé possible que ce même travail devait être entamé au sein même du corps judiciaire. Tous coupables de tous les crimes, sauf nous. A trop se moquer du monde, ça casse. Et c'est cassé. En prétendant mettre en cause la respectabilité de tout un chacun dans la société, les magistrats n'ont jamais fait la démonstration, pour eux-mêmes, de leur respectabilité.
Le syndrome du doigt mouillé. Dès qu'une affaire, aussi banale soit-elle, sort du cadre strict et simple des articles de loi, la machine perd la boussole. Au civil comme au pénal, on se fout de la première instance, considérée comme un tour de chauffe, parce que l'appel a de fortes chances d'inverser la décision. Ignorance crasse de la jurisprudence, quand ce n'est pas son mépris affiché, évaluation hasardeuse du droit en s'appuyant sur un texte plutôt que sur un autre. Devenu malgré moi un technicien passable de la mécanique judiciaire, je conseille amicalement des proches et c'est fou comme, dans des affaires sans enjeux capitaux, il est aisé avec astuce de faire turbuler le système. Le parquet se fâche mais n'en peut mais.
Dernier point, qui vient en décharge des deux premiers : l'imbroglio législatif et jurisprudentiel. Il existera toujours, tapi dans un coin, un texte qui en infirme un autre. Un Etat de droit ne se conçoit que cohérent et il ne l'est pas, d'où il ressort que lorsqu'on a trop de lois, on n'en a plus aucune et que la justice se rend sur des fondements aléatoires, dépendant de l'adresse, de la maladresse ou de la rouerie des parties. La décision judiciaire repose sur des sables mouvants.
Dans l'affaire qui le concerne, Karim Achoui n'est pas son propre avocat : il n'est que l'accusé et il use des moyens qu'il estime utile à se tirer d'affaire. Est-il certain de son impunité ou plus simplement de son innocence ? Vous lui faites un procès d'intention comme si, étant accusé, il devait adopter une attitude de coupable.
Et je conclus sur ce que vous avez écrit à propos du magistrat Montfort dans sa défense de Burgaud. On sait ici en quelle sympathie je tiens ledit Burgaud. Et je trouve que Montfort, avec la maladresse consécutive au fait qu'on n'est pas avocat par hasard, n'a pas démérité dans sa défense de Burgaud : il était là pour défendre, il a défendu, sans toutefois en connaître la technique. Ce genre de magistrat, qui assume son rôle, est bien plus respectable que tous ceux qui se sont succédés dans cette affaire avec pour seul argument : "c'est pas moi, c'est l'autre" ou "les chtis sont pédophiles".
Peut-être est-ce la société qui est en état de légitime défense contre une institution judiciaire sinistrée...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 11 février 2009 à 10:17
J'ai été jurée d'assises, et après une telle expérience on est dubitatif sur la manière dont le juge et ses assesseurs travaillent le cerveau des jurés. Il y a un profond malaise sur la composition des jurés. Les personnes qui pourraient élever les débats, imposer leurs divergences de vue sont absentes, récusées ou dispensées. Alors on retrouve toujours le même profil: des retraités, des mères de famille, et des agents de la fonction publique dont l'absence au travail ne gênera pas. Suivant mon instinct j'avais écrit "mère de famille sans emploi" pour être désignée. Je me souviens que le juge accordait facilement les dispenses aux personnes hautement qualifiées dont on pouvait légitimement connaître le degré d'intelligence et les qualités d'analyse. De ce fait les intellectuels, les libre penseurs, tous ceux qui ne tremblent pas devant la parole d'un magistrat sont écartés. Mes semaines passées dans le tribunal ont été un enfer, un processus de stigmatisation très bien organisé réduisait mes propos en romance philosophique. L'issue du verdict est connue, mais la mise en scène est utile pour proclamer la justice. Il faut le vivre pour comprendre les propos de l'avocat Karim Achaoui.
Rédigé par : SR | 11 février 2009 à 10:14
L'incohérence de M. Achoui qui crie à "l'ordre de mission" et en même temps se dit confiant pour l'appel, n'a d'égale que celle de M. Bilger qui certifie que les verdicts sont le fruit d'une analyse objective des faits, et juste après gronde et menace, souhaitant que les justiciables se tiennent tranquilles par crainte que leurs paroles ne pèsent dans la décision en appel.
Après, si les soubresauts médiatiques de l'avocat-accusé qui a 7 plombes dans l'aile font trembler les juges en les influençant dans un sens ou dans l'autre, c'est qu'ils manquent de stabilité et ne "méritent pas leur indépendance".
A moins que tout ça ne soit que comédie d'innocence d'un côté, parodie de justice de l'autre.
Rédigé par : Alexandre | 11 février 2009 à 05:34
"Cela impliquerait une connaissance approfondie de ce que disent et écrivent les médias", écrivez-vous, cher PB ... Mais c'est vous, bien sûr, c'est de vous dont il s'agit; qui mieux que vous serait le patron de ce Bureau de la Légitime Défense Judiciaire? Si c'était le cas, embauchez-moi, nom de Dieu! j'ai le sens de tordre les phrases et les idées comme personne, vous verrez comment je vous aiderai à les pourfendre ces indignes contempteurs de la Justice ... Ah bandits! dénigreurs du Tribunal, je vous tiens, rendez gorge! Bilger seul, vous jubilez ... Pensez, un AG isolé, réduit, loin de ses troupes défaites, laminées ... Je serai là, vous fanfaronnerez, on rira ah ah ... Ramenez votre fraise, j'en suis déjà de ce Bureau, sous-directeur aux réclamations ... Qui qu'a quelque chose malveillante à dire de la Justice, hein, qui? qui qu'est pas content? qui qu'aime pas ça la Justice, qui qu'aime pas ... Qui qu'en veut pas? qui qu'en veut pas consommer qui fait difficile, qui ... Je décrète dès aujourd'hui l'ALEA JUDICIAIRE ... Menu unique, tarifs variables ... Qui qui fait dégoûté encore? qui qui fait grimace? qui qui touille dedans avec son doigt ...
Transition
De quels crimes est-il entaché ce drapeau qu'on ait honte de l'exposer à notre balcon qui signerait comme l'aveu d'une terrible notre accusation? de quels crimes ...
Aïssa
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 10 février 2009 à 23:40