Le président de la République a prononcé à Gagny un discours où il a annoncé seize mesures policières et judiciaires pour combattre le phénomène des "bandes violentes" (le site du Nouvel Observateur).
Pour cinq d'entre elles, il s'agit d'assurer la protection des personnels et établissements de l'Education nationale.
Nicolas Sarkozy a souhaité également la création d'un "fichier des violences urbaines et du phénomène de bandes", dont il est persuadé qu'il va faire "hurler" mais qui est en effet nécessaire (Le Figaro et Le Parisien).
Ce qui me semble le plus intéressant dans l'allocution présidentielle, c'est le projet de définir une nouvelle infraction qui serait caractérisée par la participation en connaissance de cause à une bande désireuse de s'en prendre aux personnes ou aux biens. Je préfère citer exactement le passage : "...pour participation en connaissance de cause à un groupement, même formé de manière temporaire, poursuivant le but de commettre des atteintes volontaires contre les personnes ou contre les biens".
Cette volonté de réprimer les ententes collectives destinées au pire pourrait relever d'une tendance, que j'ai souvent dénoncée, à pallier l'impuissance de l'action par la solennité de l'interdiction ou de la prescription. Toutefois, si notre code pénal connaît déjà des dispositions prenant en compte le pluriel pour la délinquance et la criminalité, il s'agit soit d'une circonstance aggravante (la bande organisée) soit d'un délit spécifique mais apparaissant, à l'expérience, plus comme une solution de repli ou de raccroc que pour une infraction pleine et entière. Les avocats ont beau jeu, avec cette dernière, de la tailler en pièces quand elle est retenue seule, ce qui est tout de même assez rare. J'ajoute que les tribunaux correctionnels, dans ce cas, répugnent aux condamnations parce que la justice est mal à l'aise avec tout ce qui se rapporte à l'incrimination des projets délictuels ou criminels sans suite effective.
La proposition présidentielle ne fait donc pas double emploi avec le dispositif pénal existant. Un délit particulier de participation à un groupement aux visées agressives non seulement ne serait pas inutile mais répondrait surtout à une difficulté quotidiennement constatée par les services de police et de justice confrontés à des violences collectives : celle de la preuve. Nous avons un système que certains qualifient de peu exigeant pour la preuve mais qui en tout cas constitue une protection quasiment absolue pour les phénomènes de bandes. En effet, sauf à considérer transgressive l'implication volontaire dans une bande délinquante ou criminelle - une sorte d'être unique composé de personnes dont chacune serait responsable des agissements même d'une seule -, il est impossible, aujourd'hui, de déterminer avec précision la culpabilité d'un seul (noyée dans la confusion, le désordre et les mensonges collectifs) et, évidemment, de mettre en cause une responsabilité qui dépasserait le strict plan individuel. Autrement dit, dans un groupe clairement destiné à semer la violence, on n'est pas assuré d'identifier celui qui par exemple a porté le coup de couteau ou le coup de tête et on n'a aucun moyen de retenir dans les liens d'une quelconque prévention la bande pourtant collectivement agressive, par les buts indiscutables qu'elle manifeste . En l'état, la bande protége à cause de l'individualisation de la preuve et est elle-même protégée en raison de cette même individualisation.
Il faut donc substituer aux impossibilités ou aux défaillances de la preuve condamnée à n'être que singulière la force d'une incrimination réprimant une volonté collective de faire mal, de porter préjudice à autrui. Il convient de prendre garde au fait que l'annonce du président évoque un groupement "poursuivant le but de commettre...". Retenir le texte tel quel risque de nous plonger dans les mêmes affres judiciaires qu'avec l'association de malfaiteurs. Pourquoi ne pas considérer qu'une infraction ayant été commise par l'un des membres d'une bande hostile unie et solidaire, la bande elle-même deviendra coupable ? Plutôt que de viser le groupement ayant un but, il vaudrait mieux accabler le groupe ayant atteint ce but par l'un ou plusieurs de ses participants.
La bande est coupable parce qu'elle a accueilli en son sein tel ou tel qui a commis un délit ou un crime et qu'elle l'a abrité de son anonymat bienveillant et de sa force muette. Elle fait bloc pour le pire. Il est légitime que, pour la poursuite, on la prenne pour ce qu'elle était : un bloc.
Je ne me fais pas d'illusion, cependant. Si ce texte entre un jour dans notre code pénal, j'espère que sa rigueur théorique (3 ans d'emprisonnement seraient prévus au maximum) ne serait pas trop altérée par la pratique judiciaire et qu'on ne verrait pas des magistrats, dans une totale liberté, mettre à bas ou affaiblir les conséquences d'une loi votée par la représentation nationale mais qui aurait le tort d'avoir été inspirée par le président de la République. Sans une solidarité entre le législateur, la police et les juges, sur ce plan en tout cas, les bandes pourront continuer à sévir et à répéter à plusieurs sans pouvoir être démenties :" C'est pas moi !".
@ Véronique Raffeneau
En effet Philippe Bilger était, en tant que juriste, celui à qui s’adressaient ces questions. Je regrette qu’il n’ait pas développé la problématique, peut-être par manque de temps. Il a je pense été l’intervenant le plus intéressant, mais j’ai peur d`être partial car fréquentant ce blog.
Mais il y a un angle spécifique à l’émission. Regardez : un criminologue, un policier, un avocat général, un sociologue. Que des représentants des intérêts de l’Etat, plus un sociologue pour caractériser le phénomène. L’angle pris est : des bandes de voyous nous attaquent (l’Etat), les propositions de lois proposées pour nous défendre sont-elles applicables ?. Le décor est posé, c’est eux contre nous, ces nouvelles lois sont là pour nous défendre et les détracteurs sont des empêcheurs de sanctionner justement. Le même "eux contre nous" que pour les lois sur l`immigration, en passant.
Aucune difficulté dans cette ambiance pour conclure naturellement que quelque réticence sur le concept de sanction collective sur une bande (concept vague) serait évidemment « animée par de l’hostilité politique ».
Personne pour dire que « eux », c’est « nous » : demain vous allez voir un match de foot avec des amis. Vous vous retrouvez dans les tribunes à côté de trois excités violents et hop, à l’ombre. Certains étudiants gentillets à côté de voyous connus ont été condamnés déjà à du ferme pour des poubelles incendiées par d’autres. C’était lors des manifestations contre le CPE, je vous le rappelle. Tout ça n’est pas théorique.
Comment ne pas voir que ce concept sera soit inapplicable, soit applicable à n’importe quelle manifestation, groupe de supporters. Bien sûr les promoteurs de ces lois n’imaginent pas que cela puisse s’appliquer à eux. Soit ils sont déjà vieux, n’ont aucune activité de groupe ni de manifestation donc ne se sentent pas concernés, soit ils imaginent une société à deux vitesses où ces lois seraient laissées à la discrétion des juges qui sauront les utiliser à bon escient contre « les jeunes ».
Je comprends que Philippe Bilger souhaiterait que la société signe des chèques en blanc aux magistrats pour leur donner des outils répressifs efficaces.
Avec toute l’estime que je porte à Philippe Bilger, je ne suis pas prêt à lui signer ce chèque sans explications. Les principes juridiques de base me semblent malmenés.
Quant au sociologue, il m’a donné l’impression de quelqu’un qui dresse un tableau de corrélations entre des paramètres, puis qui se raconte une histoire compatible avec ses chiffres et sa vision du monde déterministe animé par des « forces » sociales.
Il raconte juste une histoire « plausible » autant que plein d`autres. Elle me semble juste coller un peu trop avec des clichés. En général, les conclusions qui ont le bon goût de correspondre à la projection de présupposés sur le phénomène étudié, sont hautement suspectes, à l’image des extra-terrestres qui ont 2 bras, deux jambes et parlent anglais dans les films américains de SF.
Sans vouloir sonner le tocsin, gardons la vigilance et toujours le souvenir de:
(cf lien)
Não ande nos bares, esqueça os amigos
Não pare nas praças, não corra perigo
C`était au Brésil il y a quelques années, installé par les "grandes démocraties".
Rédigé par : Alexandre | 27 mars 2009 à 16:01
@ Alexandre
Philippe Bilger n'a pas cessé de dire tout au long de C. dans l'air que le projet de NS de créer un nouveau délit était beaucoup trop imprécis.
PB a souligné que l'évidente et fondamentale question que ce projet ne manquera pas de poser est celle de la limite et/ou celle de l'impossibilité pour la justice à juger non plus une délit individuel, mais un délit collectif.
Quant au sociologue, j'ai trouvé ses interventions intéressantes. C'est bien aussi, des personnes qui mettent les choses en perspective et les relient entre elles.
Par ailleurs, dans un des reportages, concernant les médiateurs dans les quartiers, je pense qu'un autre sociologue a posé le doigt là où il le faut.
A savoir l'isolement professionnel, les missions mal définies, non encadrées et non suivies de ces médiateurs par les responsables et les cadres des collectivités territoriales.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 27 mars 2009 à 13:26
M. Philippe Bilger
J’ai pu regarder avec intérêt votre intervention dans l’émission de France 5, sur le site de la chaîne. J’ai regretté qu’Yves Calvi n’ait pas invité un avocat ou un magistrat opposé aux peines collectives pour nous expliquer les risques de ce nouveau train de lois. Car vous avez balayé d’un revers de main (pas de manche !) les éventuels dangers de voir son gamin embarqué et condamné parce qu’il aurait suivi des manifestants dont une partie aurait commis un délit.
« Il y en a assez de cette contradiction permanente entre d’excellentes lois qui facilitent le travail policier et qui sont parfois obérées par une mansuétude judiciaire de la part de quelques-uns ou d’une catégorie animée par de l’hostilité politique. »
Hop, emballez c’est pesé, en raccourci la qualité des lois se mesure à la facilitation de condamner quelqu’un, les spécialistes qui y verraient une contradiction avec les principes juridiques de base sont forcément animés par de l’hostilité politique.
Un peu court je trouve.
Sinon, j’ai été très déçu par ce sociologue sympathique, qui après tant d’années d’études confond encore corrélation et causalité. C’est un peu grave, c’est comme si un scientifique déduisait qu’il faut être intelligent pour faire des enfants parce que sa population représentative des déficients mentaux contenait des trisomiques, par nature stériles.
Rédigé par : Alexandre | 27 mars 2009 à 05:10
Parmi les bandes de casseurs, n'oublions pas ceux qui bénéficient systématiquement d'une complaisance des gouvernements, de droite comme de gauche, et en particulier de celui-ci : je veux nommer certains chasseurs. Comme ils représentent une force électorale et un lobby puissant, tout, ou presque, leur est permis. Le gouvernement nous a déjà offert cette mascarade que fut le "Grenelle des animaux", consultations patronnées par... un député, champion du lobbying pro-chasse, Jérôme Bignon... Un peu comme si l’on confiait des négociations sur la corrida à un torero, ou un référendum sur le nucléaire à Areva… Vous savez que je suis loin d’être un opposant au gouvernement, mais - et je le dis sans démagogie - j’aimerais qu’il condamne les chasseurs, auxquels il fait déjà tant de cadeaux, avec la même fermeté qu’il se dresse sur ses ergots et entonne un discours martial lorsque de jeunes voyous de banlieue enfreignent la loi. Il y a là deux poids et deux mesures. Il est vrai que les casseurs des Fédérations ne représentent pas le même intérêt électoral…
Rédigé par : Laurent Dingli | 22 mars 2009 à 09:46
@ Jean-Dominique Reffait
Sur votre étonnement que les bandes attirent toutes sortes de couches sociales.
La réponse se trouve dans les 30 secondes de pur bonheur dans le lien sous mon prénom.
Rédigé par : Alexandre | 22 mars 2009 à 05:05
Exemple caricatural mais parlant : un soir de match, des centaines de hooligans surexcités se livrent à des violences. Comment distinguer le coupable du supporter innocent car étranger aux délits commis, mais pas forcément irréprochable car lui aussi surexcité, voire aviné, voire injurieux etc. ? Quittons maintenant cet exemple caricatural et transposons-le sur du plus courant : une bagarre entre bandes. Entre les auteurs réels, ceux qui accompagnaient les copains par désoeuvrement, les curieux qui venaient voir, et ceux qui passaient par là par hasard, il me semble qu'il y a quand même de grandes différences. Ce sont précisément ces différences que l'individualisation des peines (malgré ses contraintes et ses défauts) a pour but de distinguer. La suggestion présidentielle (dont je suis par ailleurs persuadé qu'elle restera sans lendemain et qu'elle finira comme tant d'autres au cimetière des effets d'annonce) porte en elle les germes d'une grande confusion. A ce sujet, lisez (mais vous l'avez sans doute déjà fait) l'excellent article de F. Ploquin dans Marianne de ce samedi. il en dit long sur les limites du tout répressif et de la démagogie sarkozienne.
Rédigé par : Yonathan | 21 mars 2009 à 23:20
Le "Sciences Humaines" de février a consacré un long article sur le thème : « Voyage au coeur des bandes ». S’y trouve référencé le livre de l'ancien chef de gang Lamence Mazdou, « J'étais un chef de gang » issu d'entretiens avec la sociologue Marie-Hélène Bacqué.
Puis, également, l’entretien avec l’historien Robert Muchembled qui a écrit : « Une histoire de la violence de la fin du Moyen Âge à nos jours. »
Selon ce dernier, les bandes contemporaines offrent aux jeunes une socialisation par les pairs qui s’apparente à des traditions juvéniles anciennes. Mais elles signalent aussi un dérèglement dans le pacte tacite de la transmission des biens, des pouvoirs et des valeurs d’une génération à une autre…
Aux sources de la violence de l’enfance à l’adolescence
www.psy-colloque-2009.org
Rédigé par : Marie | 21 mars 2009 à 21:02
Pour compléter, Jean-Dominique ... Le Coran est -aussi- traduit en français. C'est celui-là que ces jeunes lisent ou en tout cas possèdent ou s'y réfèrent lorsqu'ils prétendent "tenir" d'une religion, et c'est logique, ils lisent, dans le pire des cas, quand même un peu le français, quand ils savent zéro l'arabe ... Ainsi, s'il est aussi et déjà écrit en français, où serait l'obstacle qui ferait rédhibition à son enseignement dans la même langue?... Où serait l'obstacle qu'à des français on parle en français, même de religion?... Je le répète, c'est tellement évident que j'en souris ... Tant il est vrai que chez nous, les choses évidentes nous échappent, nous aimons à compliquer toute chose pour on ne sait jamais quelles obscures raisons ...
Transition
"La journée de la jupe", hier soir, était formidable! Quel téléfilm réussi! Et quelle Adjani! Elle écrase de son talent toutes ces innombrables starlettes peu ou prou débiles qu'on nous présente chaque jour telles actrices et comédiennes ... Quand je pense qu'elle a étudié cet Art l'essentiel ici à Reims, elle y a même passé son Bac ... Vraiment la grande classe!... Cependant, à chaque fois qu'un film ou téléfilm français est réussi (sur le plan technique et du jeu), faut-il toujours que ce soient les "flics" qui viennent tout gâcher de l'harmonie, la fluidité ... Tous les rôles de ce téléfilm sont portés à merveille par chacun des acteurs ... sauf, sauf, évidemment, qui d'autre, les rôles des flics, en l'occurrence ici ceux du RAID. Si ces flics à la télé hier soir sont crédibles, alors moi je suis stupide à fesser ... S'agirait-il uniquement de ce téléfilm et de ces flics que je n'en dirais rien ... Trouver une création ou une adaptation télé ou ciné française où des flics y sont joués, qui tienne la route, relève, je le crains fort, de la gageure ... Est-ce que la police voire la justice française sont imperméables au réalisme cinématographique? Ce serait étonnant et singulier ... Ce cher PB, érudit du grand et du petit écran, ayant vu les deux "Mesrine" dernièrement, quand bien même il n'a aimé que le premier vu qu'il s'est tu quant au second, nous en dira peut-être un mot substantiel ... Etaient-ils crédibles? Je n'ai encore vu aucun des deux ... Eclairez ma lanterne, cher Maître, celle où je ne serai jamais pendu, eh eh!... Je suis avide de savoir. Quel est le problème entre la police et souvent aussi la justice française et le cinéma français? C'est une vraie question, je ne plaisante pas ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 21 mars 2009 à 18:47
@Jean-Dominique Reffait
"Mais une révolte, que j'estimerais juste, est construite intellectuellement vers des cibles identifiées. Le peuple ne se révolte pas contre lui-même, il n'incendie pas les voitures des plus pauvres mais va chercher les berlines des puissants voleurs."
Ca me fait penser à ce mot qu'aurait eu le Général de Gaulle : "Réformer, le peuple veut donner des coups de pied au cul, mais il oublie qu'il a un cul lui aussi".
La question que je me pose, c'est de savoir comment inciter ceux qui brûlent la voiture de leur voisin smicard à changer de cible...
Surtout quand on a un oeil sur le cul à botter et l'autre sur son propre nombril...
Cordialement avec soupir...
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 21 mars 2009 à 14:44
@Lisa Sion
A mon humble avis, votre énoncé est un peu éminc :-)
Enlevez le chef de la bande et vous verrez un autre chef prendre sa place...
De plus, à moins de le "neutraliser" définitivement, l'ancien chef se reconstruira une autre bande ailleurs, ou juste à côté.
Un chef de bande ne s'appuie pas sur d'autres pour compenser les qualités qu'il n'a pas (sinon il ne serait pas chef), mais les capacités qu'il n'a pas...
Capacité d'étendue de territoire compensée par des lieutenants.
Capacité de force compensée par des hommes de mains.
Capacité de pouvoir par des alliances avec d'autres hommes de pouvoir... et là... on touche au noeud du problème...
En effet comment un chef subsiste-t-il ? sinon avec des alliances avec ceux qui détiennent un pouvoir...
Une bonne question à poser : quel pouvoir ? politique, financier, policier, judiciaire, social ?
Deuxième question corolaire : quels sont ces hommes qui détiennent un pouvoir ?
Paix sociale… que de délits ne commet-on pas en ton nom…
Cordialement et sans illusion
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 21 mars 2009 à 13:42
Jean-Dominique, il faut inviter à s'exprimer publiquement les musulmans éclairés et leur faire confiance ... Rien n'est jamais figé, ni en religion ni en toute chose ... C'est le grand drame -et la misère et la psychose- des arabo-musulmans que d'être persuadés qu'on ne peut amender la liturgie et ses fondamentaux sans commettre le plus grand péché. Nous sommes au delà même des obstinations artificielles des Témoins de Jéhovah, par exemple, qui refusent, entre autres, toute transfusion sanguine, au motif, etc. C'est plus profond. Le Témoin de Jéhovah qui, aux affres, acceptera in fine une transfusion, s'en accommodera psychologiquement toujours, d'une façon ou d'une autre, sans s'en sentir pour autant moins Témoin ... L'arabo-musulman (pratiquant) souffrant voire mourant que l'on informera que l'on vient de lui greffer une valve cardiaque issue du coeur d'un porc, comme cela se pratique souvent, quand bien même il en aurait la vie sauve, ne s'en remettra jamais en son for, il se sentira toujours, même sans le dire, même sans qu'on le sache, hors l'Oumma, souillé en son être, en sa foi ... C'est une des raisons pourquoi, chacun à son schisme des débuts, les dogmes n'ont jamais changé depuis la création de cette religion qui en est resté figée voire vitrifiée, hors du temps ... Il est écrit dans le Coran que c'est ainsi qu'il faut pratiquer, comme cela, en telle langue, etc. Et bien, c'est là que le défi commence et que la République peut -ET DOIT- s'imposer de concert avec les plus avancés des musulmans, jusqu'à ce qu'ils puissent eux-mêmes, en toute responsabilité, connaissance et intelligence du monde dans lequel ils vivent, le faire seuls ... Comme elle l'a fait pour le catholicisme, etc. Comme les Conciles servent -aussi- à cela ... Un pas en arrière, certes, parfois, comme actuellement le Benoît, mais inexorablement toujours deux pas en avant comme, par exemple et dernièrement, Vatican II.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 21 mars 2009 à 12:38
Encore une énième suggestion de loi dictée par l'émotion! Comme les faits divers sont pères nourriciers de quantités de lois nouvelles... C'est à croire que seul un fait divers -brutal et retentissant si possible- déclenche la gestation d'une loi pénale nouvelle. Quel appauvrissement de la pensée politique. Appliquons plutôt les lois existantes et souhaitons que les policiers soient capables d'identifier ces fauteurs de troubles plutôt que de rendre notre code pénal encore davantage obèse. La difficulté actuelle tient davantage dans le fait de savoir, lorsque des fauteurs sont interpellés, qui a fait quoi que de combler un vide législatif que nul ne dénonce réellement. Il faut avoir l'humilité d'admettre que la prolifération législative n'est pas un remède efficace aux maux de notre société et que les causes diffuses de ce mal sont identifiées; reste qu'il faut avoir le courage de s'y attaquer. Promettre une loi nouvelle dans l'avenir, c'est concéder que l'on n'a pas eu la clairvoyance d'anticiper la manifestation bruyante d'un fait social dont la survenance était bien prévisible.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 21 mars 2009 à 11:46
Aïssa,
Je suis d'un naturel indulgent et je m'efforce de l'être toujours. Je fais bien la différence entre le pauvre type suiveur et le salopard fou de violence aveugle. La condamnation en bloc, je ne la promeus pas, je la justifie, c'est une nuance importante. Et cette justification repose sur l'observation des intérêts multiples, y compris de celui qui n'a presque rien fait de mal mais qui préfère prendre une peine plus lourde plutôt que d'être soupçonné d'avoir passé un marché avec les keufs.
Je ne trouve pas illégitime la révolte sociale, bien au contraire : notre société nous donne, particulièrement ces derniers temps, un tel spectacle de décomposition, avec ces gangs de banquiers qui semblaient piaffer d'impatience d'empocher l'argent du contribuable sous forme de bonus. Il y a de quoi mettre le feu. Mais une révolte, que j'estimerais juste, est construite intellectuellement vers des cibles identifiées. Le peuple ne se révolte pas contre lui-même, il n'incendie pas les voitures des plus pauvres mais va chercher les berlines des puissants voleurs.
Ce qui me répugne, c'est justement la lâcheté qui permet à certains de s'en prendre aux plus faibles, aux plus pauvres. Les bidonvilles de Rio, de Dakar ou d'Abidjan vivent sous la coupe réglée de gangs qui tuent pour s'emparer du maigre pécule d'une petite vendeuse de beignets. Pour ceux-là, excusez moi Aïssa, mais je n'ai aucune indulgence, pas l'ombre car non seulement ils martyrisent une population déjà misérable, mais ils bloquent, par leur main-mise, tout processus de révolte politique : leur petit pouvoir repose sur cette misère qu'ils n'escomptent pas voir disparaître.
S'agissant du contenu social des membres d'une bande, c'est hélas plus compliqué. C'est majoritairement ce que vous dites. Mais là où je comprends moins bien, c'est que les bandes attirent à la périphérie du milieu social modeste, dans la classe moyenne. Le fils crétin de ma belle-soeur que j'ai évoqué, et qui s'est collé 3 ans pour braquage, a fait des études convenables jusqu'au bac, un joli pavillon de banlieue dans un quartier calme. Oui, mais il s'appelle Charaf et là est tout le problème je crois.
De la même façon que je vous soutiens dans l'idée que l'islam de France doit devenir un islam français, de la même façon, je fulmine lorsque je vois en maternelle des enfants qui sont français, qui sont destinés à vivre en France et dont on plombe une partie de l'avenir avec un prénom arabe ou africain. Je vais faire hurler en disant cela, mais une jeune adolescent déteste une chose : être différent des autres et si son prénom est marqué à l'origine, il aura tendance à se replier dans un communautarisme de prénom, qui n'a pas de culture autre que celle de regrouper ceux qui ont un prénom arabe ou africain, groupe où il ne sera pas différent. Mohammed ira vers Mounir et jalousera les Kevin et les Julien, sa culture se réduira à cela car, pour le reste, Mohammed n'est ni arabe, ni musulman, ni bouffeur de couscous, ni amateur de raï. Il ne perçoit pas sa différence parce qu'elle est imperceptible mais il l'a ressent comme très forte cependant. Illusion pernicieuse de la différence.
Philippe, ce débat est passionnant, non ? Créditons-en N. Sarkozy !
PS : Aïssa, vous aviez auparavant pris l'habitude de me tutoyer dans vos commentaires. Je ne le fais pas pour de multiples raisons qui ne tiennent pas à vous : je vais jusqu'à vouvoyer mon chien, c'est dire si je suis atteint ! Cela pour dire que je n'ai pas répondu à votre familiarité amicale par la réciproque mais je n'en ai nullement été choqué et je n'ai pas voulu établir une distance entre nous.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 21 mars 2009 à 11:33
Un peu comme ici, Lisa Sion ??? Vous nous enlevez le chef de ce blog (le leader of the gang, roucoulait Gary Glitter) et on va droit dans les plates-bandes, non ?
Sissi !!!
Rédigé par : Cactus à Lisa | 21 mars 2009 à 10:59
@ Alexandre
Vous avez raison et j'ai fait, sur un précédent billet "Le traître Besson a raison", le distinguo indispensable entre dénonciation d'un esclavagiste et la délation de quelqu'un qui aide. Cela n'a rien à voir et nous sommes d'accord.
@ Aïssa
Je crois que vous vous trompez en mettant toutefois le doigt sur un point important.
L'islam radical, les imams ne sont pas les organisateurs des bandes ou leurs initiateurs, bien au contraire. Pour sortir de la bande, un jeune va souvent vers l'imam. Là où le politique est impuissant, la mosquée le remplace très efficacement (voir le FIS en Algérie qui suppléait l'Etat en matière sociale, le Hamas et ses milliards pour la reconstruction à Gaza) et recrute. L'islam radical lutte contre les bandes, parvient à en démanteler pour canaliser l'énergie des jeunes vers d'autres buts qui passent parfois par un stage Afghanistan. Si la République ne trouve pas de réponses à cette violence des jeunes en banlieue, les imams l'ont déjà trouvée.
Sur la deuxième partie de votre commentaire, 200% d'accord. Mais vous savez aussi que l'une des sourates du Coran stipule que la seule langue admise pour prier Dieu est la langue des Qoreichite, l'arabe. C'est un commandement divin...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 21 mars 2009 à 10:55
Au-delà du volet purement répressif, sur lequel porte votre article, se pose aussi la question de l'origine du phénomène et de son augmentation (d'ailleurs discutée). La bande - c'est une évidence - n'a pas qu'un aspect purement négatif - j'emploie ce terme sans aucune connotation éthique - elle a aussi un aspect "positif" dans le sens où elle vient remplir un vide : manque de repères familiaux, affectifs, socio-professionnels, culturels, etc. Le volet répressif est important dans la mesure où il vient pallier la carence, ou plutôt l'inexistence de l’autorité paternelle, mais il est bien évidemment insuffisant, parce qu’il ne se penche pas sur le problème de fond. Comment remplir le vide de repères auquel la bande vient donner un semblant de solution ? Certains ont évoqué la suppression du service national, et il est en effet regrettable que rien de sérieux n’ait pu le remplacer : une sorte de service civil qui, tout en assurant la cohésion sociale, eût permis d’assurer certaines formations professionnelles, etc. Mais cette solution, si elle est intéressante occulte un point essentiel : beaucoup de membres de ces bandes sont des mineurs, et parfois de très jeunes mineurs. La bande vient offrir des repères à qui n’en a plus. Et la répression seule ne pourra régler totalement le problème parce que la sanction n’empêchera pas de s’exprimer le besoin irrépressible qu’a l’être humain, et en particulier l’adolescent, de se forger une identité, même par la violence, même par des moyens les plus condamnables. Quels étaient par le passé les repères de l’individu : la famille, la religion, le service national, etc. - tous ces encadrements ont perdu de leur importance ou ont purement et simplement disparu. Sortir l’individu de la bande, comme le suggère JDR, est une idée intéressante, mais pas toujours praticable (pas facile de placer un mineur de dix ou de onze ans dans une autre région). Il faudrait prendre en charge les enfants, le plus tôt possible. Je remarque que, lorsque Nicolas Sarkozy a évoqué cette piste, en parlant de détection des difficultés précoces de l’enfant en milieu scolaire, certains ont immédiatement crié au « flicage » par hostilité de principe au président de la République, sans même chercher à savoir si cette piste n’était pas intéressante. Je la crois pour ma part essentielle. Quoi qu’il en soit, il serait sans doute possible de mettre en place un double système plus performant : affiner le volet répressif, l’adapter à l’évolution (souvent catastrophique) de nos sociétés urbaines, et en même temps développer le volet « éducation-accompagnement », offrir davantage d‘alternatives à ces jeunes. Enfin, sur le long terme, il faudra bien repenser notre organisation urbaine - les projets actuels concernant la région parisienne me semblent aller dans le bon sens. Mais il n’y a pas de solution miracle et le chemin sera long.
Rédigé par : Laurent Dingli | 21 mars 2009 à 09:52
Hier soir sur Arte : "La Journée de la jupe".
Remarquable.
Rédigé par : Blanc Cassis | 21 mars 2009 à 08:26
Bonjour,
Ce n'est pas la bande qui présente un danger, mais bien le chef de bande, pas toujours facile à reconnaître. Séparez-le de la bande qui reste, et vous verrez que la bande n'est plus rien sans son chef.
A noter également que le chef use et abuse des bras du plus costaud, ce qui n'est pas en soi une infraction, pour mener à bien ses campagnes. Il fait usage de qualités qu'il n'a pas.
A y regarder de plus près, l'Etat lui-même n'est-il pas une bande avec son chef et ses mille six cent hommes de mains prêts à en découdre à la moindre quest... CLORPS !
Rédigé par : Lisa SION | 21 mars 2009 à 01:50
Il est établi que les membres de ces bandes dont on cause ont ceci de commun qu'ils sont ethniquement "différents", quand bien même, pour la plupart, ils sont français. La déshérence professionnelle et sociale qui les frappe induit chez eux un comportement naturel de repli et une quête, consciente ou non, de l'identité. La religion -en l'espèce, l'islam- trouve son nid tout fait là. Puis des auto-proclamés imams d'ici ou des imams d'ailleurs, trainant avec eux majoritairement leur wahabisme insidieux, apparaissent qui ne trouvent aucune difficulté à bourrer ces crânes désoeuvrés de plus que souvent tout et n'importe quoi ... Mais comme ils sont français, souvent nés ici et n'ayant jamais vécu ailleurs, on assiste à ce singulier paradoxe qui fait ces bandes violentes, sans respect pour rien ni personne, s'affirmer par devers tout et tous musulmans ... Or un musulman, au sens respectueux et respectable du terme, est à mille lieues de ce comportement destructeur et auto-destructeur. C'est qu'en place de ce désarroi socio-professionnel où ils se trouvent a pris désormais racine comme une sorte de schizophrénie "culturelle" sous des apparences cultuelles.
Je n'ai de cesse de m'étonner à ce sujet, que personne, parmi tous ceux qui se gaussent de se pencher -parfois avec sincérité- sur le problème de ces -nos- jeunes, personne, je dis bien personne, n'a ne serait-ce qu'avancé l'idée que l'enseignement de la religion musulmane, somme toute une religion comme les autres, aussi valable, respectable et discutable mais ceci n'est pas le sujet, soit dispensé, en tout cas ici, en France, dans nos Mosquées, en langue française. Comme si il était entendu que cette religion ne pouvait s'enseigner que dans l'Arabe, arabe auquel la plupart de ces jeunes ne comprennent rien ou à peine, c'est dire ... Commencer déjà par ça, ce serait commencer de faire concrètement, subtilement et intelligemment, quelque chose dans la voie de l'insertion et/ou la re-insertion de ceux-là. C'est tellement évident que je ne peux m'empêcher d'en sourire ... Que n'assimileraient-ils mieux les préceptes sains de cette religion -puisqu'ils ont souvent décidé d'aller à la religion et à celle-ci précisément, comme on va à un repère, une identité cherchée- s'ils leur étaient expliqués dans leur langue maternelle, au moins leur langue, déjà leur langue ... Et leur Mère, c'est la France, qu'ils le veuillent ou non. Le Verbe, oui, à condition qu'on le comprenne ... Les politiques seraient un peu mieux avisés d'étudier ma proposition, au lieu de voir de l'ennemi social partout et d'en surenchérir dans le pire avec du répressif partout auquel même des magistrats avisés n'y comprennent plus rien ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 20 mars 2009 à 23:00
Le phénomène de bandes est particulièrement inquiétant, ne serait-ce que parce qu'il va s'amplifier rapidement. Pas besoin d'être très malin pour comprendre que quand on est nombreux et déterminés, tout est possible. A cinquante gars jeunes, en bonne forme, je casse tout où je veux, quand je veux. C'est tellement tentant que cela ne peut que s'accentuer. Il faudrait frapper fort tout de suite pour tuer dans l'oeuf le phénomène mais je suis optimiste, le stade de l'oeuf est largement dépassé. Ceci étant, on ne frappera pas fort maintenant alors que c'est encore possible à peu de frais mais avec une forte détermination.
Une fois de plus, on attendra que ce soit trop tard. L'homme est ainsi fait. Il ne se résout à agir que quand la crise est là bien profonde et bien complexe à juguler. On le voit une fois de plus avec la crise économique d'aujourd'hui mais le constat est le même depuis la nuit des temps. C'est quand il est trop tard que l'on fait quelque chose. Les Cassandre de tous temps n'y changeront rien. C'est leur destin.
Je souhaite à chacun de ne pas être victime directement ni indirectement mais les victimes seront nombreuses avant que l'on réagisse enfin. Hélas, encore hélas.
Rédigé par : Florence | 20 mars 2009 à 22:53
@ Aïssa et Jean-Dominique Reffait
Votre vision des passeurs et des exploiteurs me rappelle les paroles de Gainsbourg
Je dis dites-leur et dis-leur
De casser la gueule aux dealers
Qui dans l'ombre attendent leur
Heure
C'est très joli mais assez loin de la réalité:
- la plupart des étrangers sans titre de séjour sont entrés légalement, avec un visa valable non renouvelé ou comme touristes
- vous êtes un épicier, vous tenez un bazar. Vous voyez un jeune (du style de celui du film Welcome) qui zone dans les rues de Paris, et vous propose ses services pour aider à organiser le magasin, aider les personnes âgées, quoi que ce soit pour avoir quelques sous. Vous refusez. Vous le voyez rôder là un peu tous les jours, il dort chez un ami dans une chambre de bonne du quartier. Finalement vous acceptez, il vous semble honnête. Mais vous lui dites bien que vous ne pouvez pas le payer, vous lui donnez juste quelques euros pour qu'il aille s'acheter un en-cas. Au fil des jours, une complicité s'installe, vous avez confiance et le laissez seul à la caisse pendant votre courte pause déjeuner.
Voilà un profil d'exploiteur dégueulasse que j'ai eu l'honneur de rencontrer. Il s'agit souvent d'anciens immigrés eux-mêmes qui risquent leur carte de séjour à ce jeu.
Le bourgeois "bon chrétien" qui a du mal à tolérer la charité, lui, ne sera pas inquiété... du moins jusqu'à Saint Pierre.
PS:
La réalité du cœur des gens dépasse de beaucoup ce qu'un film peut montrer et rester vraisemblable. Je connais un vieux gardien portugais aux revenus modestes capable de recueillir dans sa loge quelqu'un qu'il surprend caché en train de pleurer sous son porche parce qu'on lui a tout volé, et après une discussion d'aller retirer 1000 francs et de les tendre en disant vas-y, tu en as plus besoin que moi.
Et ces gens-là sont très gênés quand on les retrouve plusieurs années après, et qu'on veut rendre la somme.
Il est vrai que ces gens extraordinaires donnent envie de rester en France. Et pour ceux qui restent, de reproduire le geste.
Double crime.
Rédigé par : Alexandre | 20 mars 2009 à 21:35
Tout à fait, Pierre-Antoine, on est dans la démagogie pure et, pire, les atteintes forcenées aux libertés sous le prétexte de la sécurité ... Il est certain que des crève-la-dalle laissés sur le carreau socio-professionnel sont à surveiller et plus que cela et à inculper à la moindre occasion fictive ou réelle. Ceci me ramène à Jean-Dominique ... Votre commentaire est intéressant, c'est pourquoi il me retient, car il y s'agit d'une condamnation en bloc d'un état de fait qui mérite pourtant, surtout de votre part, une plus grande objectivité et une non moins grande impartialité. Je ne prendrai pas la défense de certaines crapules que je connais parfaitement; cependant, pourquoi omettre de mentionner que souvent de ces bandes, ici comme ailleurs, au Brésil par exemple tiens, beaucoup assurent de cette façon un peu plus que la simple subsistance biologique d'eux-mêmes ainsi que leurs familles? Quelle légitimité à la société, en tout cas un gouvernement quel qu'il soit, de condamner ceux à qui ni lui (le gouvernement) ni personne du monde du travail, n'a plus rien à offrir, à proposer comme alternative mettons légale et digne? Si c'est "crève mais sois honnête", non merci, vous en conviendrez ... Beaucoup de jeunes de ces bandes, s'ils trouvaient l'issue, c'est-à-dire un emploi, une place digne dans la société, que ne quitteraient-ils pas celles-ci, en tout cas que ne participeraient-ils plus de celles-ci en ses vols, pillages, trafics et autres ... En de nombreux cas, ce phénomène n'est rien autre qu'une attitude de légitime défense contre un état social qui les agresse auparavant. Alors, certes, cela dérape souvent, s'aggrave ... On passe de l'attitude grégaire de survie sociale à celle du crime sordide telle jeune fille brûlée vive dans un local à poubelle, de trafics des pires drogues poisons, des agressions terribles contre les personnes âgées, etc. On n'est plus dans l'atteinte aux biens, simplement, mais dans celle des biens en les personnes également voire les personnes uniquement ... On ne peut que le condamner, c'est certain, mais avouez tout de même que c'est plus compliqué que vous laissez à le croire et que cela mérite d'être explicité de façon, mettons, holistique, tant de paramètres entrant dans cette dure équation sociale ... Vous la faites aujourd'hui procureur aux oeillères, comme il s'en trouve tant, chien de garde en quelque sorte, c'est décevant ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 20 mars 2009 à 20:32
Oui ! Je sais ! Mon commentaire va être contesté dans sa démonstration et critiqué dans ses termes !
Quand j'entends NS notre bien-aimé président de la République parler de bande, j'en tombe sur le cul... (excusez-moi mesdames, mais c'est la formule qui me vient sous le clavier)
Attention Monsieur le Président, ne confondez pas bande de délinquants avec groupe de jeunes personnes.
Une bande est organisée, dixit la loi (ça notre ami PB vous le dirait mieux que moi) tandis que le groupe n'a de structure que temporaire et d'existence qu'éphémère. Sauf qu'un groupe peut se confondre avec une bande si ce groupe se retrouve souvent dans un même lieu dans un même temps (ça Domenech vous le dirait mieux que moi)
Je m'explique… Ben oui… Je ne doute pas de vos capacités intellectuelles, mais vaut mieux, compte tenu de votre emploi du temps chargé qui nécessite que vous ayez un service spécial pour vous transporter d'un lieu à l'autre.
Imaginons des personnes nées entre 1995 et 1985, dont les parents habitent par nécessité sociale une même ville dortoir. Imaginons-les fréquentant les mêmes établissements scolaires depuis la maternelle, utilisant les mêmes moyens de transports aux mêmes horaires, n'ayant qu'une seule grande ville aux lumières dorées comme lieu de villégiature où se rendre. Imaginons toujours ces mêmes jeunes personnes en fin de semaine :
Qui après avoir terminé ses devoirs ?
Qui après avoir terminé son travail temporaire ?
Qui a simplement envie de combler ses lacunes culturelles ?
Mais tous se rendant de manière hebdomadaire et répétitive avec le même moyen de transport, à la même heure, dans la même grande ville enluminée.
Et voilà une bande organisée qui se déplace… dixit les braves gens… (ça, quelques commentateurs de ce blog vous le diraient mieux que moi).
Bien sûr, comme à Londres, ou à Monaco (il y fait plus souvent soleil) les caméras de surveillance le prouveraient facilement.
Regardez Monsieur le juge, ils sont ensemble dans le même lieu, à la même heure, ils vont dans la même direction, de plus ils se parlent, donc ils se connaissent, c'est la preuve irréfutable qu'ils sont complices… Et si besoin était d'une preuve supplémentaire, ils étaient face à une même compagnie de CRS qui les chargeaient tous ensembles…
Et les journaux du lendemain matin de titrer "une bande organisée d'une centaine de jeunes a envahi les rues semant la panique dans les rangs de la population."
Mais si l'on demande à ces mêmes jeunes personnes qui faisait réellement partie de la bande, ils vous répondront "dix tout au plus quinze".
Faux, tous des menteurs… tous complices… ils étaient une centaine en même temps dans un même lieu allant dans la même direction… la preuve, les journalistes en ont parlé, même que TF1 en a fait sa Une…
Devant cette situation, Monsieur le Président, je vous proposerais de faire voter une loi interdisant à de jeunes personnes de se rendre en même temps, dans la même ville en empruntant le même moyen de transport sans 'être assuré que celui qui voyage avec lui ne fait pas partie d'une bande mais seulement du même groupe de voyageur que lui...
En plus cette Loi aurait le double avantage tout en responsabilisant les personnes concernées de ne nécessiter aucune ligne de crédit supplémentaire.
Cordialement et respectueusement Monsieur le Président
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 20 mars 2009 à 19:20
Non Aïssa, il n'y a pas, selon moi, de contradiction.
La condamnation en bloc est déjà une pratique judiciaire dans les conditions que j'ai décrites. Si le principe de l'individualisation des peines n'y trouve pas son compte, tout le monde s'en contente.
De la même façon, je comprends la difficulté pour un clandestin de dénoncer son passeur, pour les raisons que vous évoquez.
Mais le clandestin qui, tout bien pesé, sans risque pour ses proches (parce qu'il n'en a pas ou qu'ils sont inconnus), a l'assurance d'une protection et d'une vie nouvelle s'il dénonce l'esclavagiste qui l'a amené et qui continue sans doute de l'exploiter pour lui faire payer le trajet, moi je trouve cela convenable.
Si la police française pouvait assurer une protection des familles terrorisées par les caïds de banlieues, la justice aurait plus de salopards sous la main, les vrais salopards, pas les pauvres types sur lesquels elle s'acharne.
Et de la même façon que les mères de banlieue connaissent les auteurs de délits ou de crimes mais ne peuvent rien dire, de même le clandestin se tait pour protéger les siens.
Votre comparaison est judicieuse car elle fait référence au terrorisme ordinaire qui pétrifie des familles, qui interdit que l'on mette un terme aux plus sordides des criminalités et qui permet à la plus grande lâcheté de s'épancher sous les jupons frissonnants de peur des mamans. Il y a des mères (je ne parle que d'elles car, dans ces contextes, les pères ont disparu depuis longtemps abandonnant tout le monde à la providence) qui sautent le pas, qui ne supportent plus, qui dénoncent : elles quittent la ville et perdent leur fils qu'elles en sont venues à détester. J'en connais une.
Pas de contradiction, ça se tient bien tout ça.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 20 mars 2009 à 19:01
Vous n'auriez pas, par hasard, des enfants ou petits-enfants qui dilapident leurs économies au poker sur internet pour vous poser des questions sur les amis casinotiers de Sàrközy non ?
Ou un dictionnaire pour vérifier la signification de "sanctuariser" et mesurer ainsi le degré de culture de votre président ?
Rédigé par : Soleil2B | 20 mars 2009 à 18:25
Je trouve essentielle la nuance que vous apportez en écrivant :
"Plutôt que de viser le groupement ayant un but, il vaudrait mieux accabler le groupe ayant atteint ce but par l'un ou plusieurs de ses participants".
Rédigé par : Laurent Dingli | 20 mars 2009 à 17:58
La notion de bande organisée ne convient pas à la situation générale en France. Dans les banlieues, la bande se constitue et de décompose au cours d'une même journée. Elle se constitue avec les uns pour aller boire un coup, puis 3 partent, 3 autres arrivent et on envisage d'aller jeter des pierres sur un commissariat, puis le lendemain, ce seront encore d'autres gus qui agiront ou pas. Avant l'acte, il n'y a pas de bande, après il n'y en a plus. Il n'y a donc aucun moyen d'identifier des intentions sauf lorsqu'il s'agit de la préparation d'un vol, d'un braquage comme pour toute association de malfaiteurs, avec ceux qui sont impliqués et rien que ceux là.
Il semble qu'il y ait une confusion dans certains esprits avec le phénomène des gangs en Amérique (Nord et Sud) et dans certaines capitales africaines (Dakar, Abidjan). Le gang est structuré, il y a une hiérarchie, une organisation, des filières d'approvisionnement en armes, en drogue, en alcool. Il y a une adhésion au gang, un rite de passage, parfois un tatouage d'appartenance. Dans ce cadre, on comprendrait la proposition présidentielle : l'appartenance à un gang, même si l'on n'est pas présent lors d'un délit, suppose l'acceptation et le soutien du délit.
Mais le phénomène de gang n'est pas celui qui préoccupe aujourd'hui notamment les établissements scolaires. Attention, les gangs arrivent en France, importés de Dakar ou d'Abidjan (voir Tribu KA) et ça va chauffer très dur lorsqu'ils seront structurés. Il faut que la société prépare les réponses, mais nous n'en sommes pas là aujourd'hui.
En confondant bande et gang, NS met à côté de la plaque. Les bandes sont informelles et informes et la justice ne peut agir, même en bloc comme le suggère Philippe, que contre ceux qui sont effectivement impliqués dans un acte délictueux ou criminel. Boire une bière avec celui qui va violer une fille deux heures plus tard ne signifie ni acceptation, ni même nécessairement connaissance de l'intention.
@ Blanc Cassis
La grande faute fut la suppression totale du service militaire, je suis d'accord. Tout le monde a souri à la proposition de Ségolène Royal de placer les jeunes délinquants sous encadrement militaire, pas moi. Je suis peut-être déjà un vieux con, mais trois tours de parcours du combattant sous la conduite d'un sergent d'infanterie de marine, ça canalise les hormones. 15 jours de stage commando sont plus utiles que 3 ans de prison.
Eh ! Je suis de gauche les amis ! Don't forget !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 20 mars 2009 à 12:32
Jean-Dominique, je ne comprends pas que vous puissiez constater (quoique cela soit discutable) que les tribunaux français condamnent -ou ne condamnent pas- en bloc la bande pour éviter des représailles contre les membres de la famille de celui qui serait le moins condamné, etc.; qu'on pourrait en déduire, poursuivant la lecture de votre propos, que c'est le moindre mal; et que dans l'autre topic "Le "traître" Besson qui aurait raison" selon PB, vous approuvez les dénonciations des passeurs et profiteurs de ces hères clandestins venant chez nous ou ailleurs via chez nous, sans retenir précisément cela, c'est-à-dire ce que je vous ai opposé à ce moment, savoir que cet appel à la dénonciation "civique" de leurs passeurs criminels et profiteurs par ces victimes (c'est ainsi que vous avez exposé les choses), convoyées par certaines organisations internationales évidemment, serait dans les mêmes temps et mouvement mettre en danger autrement plus grave et immédiat les familles restées aux pays de ces susdits. Il y a à cet endroit comme une énorme contradiction chez vous qui affaiblit considérablement voire réduit dès l'incipit à néant votre long argumentaire ci-dessus ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 20 mars 2009 à 11:39
Bonjour M. Bilger,
Mon coeur est plutôt à gauche, mais pour une fois, je souscris pleinement aux mesures proposées par le président de la République concernant la lutte contre les bandes organisées. Si le phénomène des bandes n'est pas nouveau, il s'amplifie en toute impunité, sans que la police et la justice aient réellement les moyens de réagir. Les délits ou les crimes, perpétrés par des bandes de jeunes, souvent mineurs, sont de plus en plus graves et de plus en plus fréquents, pour des mobiles le plus souvent futiles. La justice des mineurs est trop souvent complaisante pour atténuer la responsabilité de ces derniers. Les récentes intrusions de Gagny et hier encore à Garges les Gonesse montrent à quel point les établissements scolaires sont particulièrement concernés par ce phénomène. Alors oui, même si je risque fort de passer pour réactionnaire, je suis favorable à ce que tous les membres d'une bande délinquante ou criminelle soient solidairement condamnés de la même manière nonobstant la responsabilité des uns et des autres qu'il est de toute façon quasi impossible de déterminer.
Toutefois, il faut être vigilant, la proposition actuelle de Nicolas Sarkozy consiste à établir un délit d'intention, les membres d'une bande organisée pourraient être poursuivis avant même que le délit ou le crime n'ait été commis. On voit bien les dérives qu'une telle loi pourrait entraîner et ce serait là bien mauvaise justice. Votre position, M. Bilger, est bien plus juste et affinée sur ce point que le projet présidentiel.
Rédigé par : Ludovic | 20 mars 2009 à 10:04
Franchement, je pense que le souhait de Nicolas Sarkozy traduit surtout notre impuissance à savoir répondre à ces violences.
Est-ce possible d'obtenir quelque part un bilan des actions opérées dans tous les sens par les différents gouvernements depuis près de trente ans pour combattre ces insécurités qui explosent le tissu social ?
Politiques de la Ville, Plans X et Y, Zones d'Education Prioritaire, création de référents en tout genre et de toutes sortes. Même que ce mot de "référent" on ne supporte plus de le lire et de l'entendre etc., etc.
Dans son blog, Eolas en ce moment enseigne à ses jeunes confrères la méthodologie à adopter côté avocat de la défense dans les comparutions immédiates.
Où l'on observe la fibre particulièrement développée "conseiller d'insertion genre ANPE" des magistrats et des avocats...
Croyez-moi, lisant en simultané votre billet et lisant Eolas, le lecteur non judiciaire a vraiment le sentiment qu'au sujet de cette délinquance cagoulée ou non, organisée ou non, l'appareil justice et tous ses relais institutionnels et associatifs dérivent inexorablement.
Une énième loi... Pour quoi faire ?
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 20 mars 2009 à 09:24
Encore un effet d'annonce. Pourquoi donc Fadela Amara était-elle absente lors de cette visite ?
C'est comme Sangatte qui est devenu Calais.
Et si on revenait au bon vieux Service militaire qui donnait des repères, brassait les différentes couches de la société, permettait de vider son énergie dans des marches nocturnes ou lors de parcours du combattant épuisant, qui organisait des formations pratiques ou qui organisait des cours pour apprendre, tout simplement à lire et écrire pour certains, etc.
La création de ce nouveau service "Civique" sortirait les bandes des quartiers et leur ouvrirait de nouveaux horizons.
La crise étant là, ce n'est pas quelques milliards de plus ou de moins qui affecteront la dette colossale de ce pays.
Les statistiques du chômage des jeunes baisseraient et ce serait un investissement grâce à la formation dispensée.
Au lieu de casser et d'agresser, ils pourraient ainsi exister positivement tout en vivant en groupes structurés et encadrés.
Il est vrai que l'économie parallèle pourrait être déstabilisée et que ce projet sera considéré comme étant réactionnaire par certains humanistes qui verraient le cours du joint ou de la poudre augmenter en raison des difficultés d'approvisionnement.
La Belgique, sous couvert du besoin de recrutement dans ses armées, a pour projet d'y revenir.
Rédigé par : Blanc Cassis | 20 mars 2009 à 06:52
J'écoutais le député M. Jean-Jacques Urvoas mercredi á l'Assemblée Nationale (questions au gouvernement).
Il déplorait la disparition des libertés publiques (dont nous sommes ici la preuve flagrante) depuis que NS est á l'Elysée.
Il se plaignait également de tous ces fichiers et dispositions qui risqueraient d'attraper le fautif d'un délit plus rapidement.
Et puis je lis JDR et A.
La liberté m'est très chère évidement.
Je n'ai pourtant aucun problème á ce que la justice, la police améliore ses outils de travail sans cesse.
Le jour où il n'y aura plus de criminalité, il n'y aura plus besoin de police.
Ce n’est pas demain.
Il n’était que temps de prendre ce paramètre de bande en compte.
Dommage que se soit Sarko qui doive s’y coller.
JPLEDUN en toute humilité et avec la permission exceptionnelle de M.Haïssa L.B.
Rédigé par : Ledun JP | 20 mars 2009 à 03:15
C'est absurde.
Une bande n'est ni une association de malfaiteur, ni un groupe para-idéologique de type Tribu KA. Il n'y a pas de carte d'adhésion. Il s'agit de groupes fluctuant au gré des intérêts conjoncturels des uns ou des autres, sans but déterminé, avec des cercles plus ou moins larges en fonction des activités des membres du groupe. Sait-on seulement qu'on appartient à une bande lorsqu'on se contente de zoner avec certains en buvant de la bière ? D'aucuns rentreront chez eux. D'autres seront appelés pour venger tel autre. Ce ne seront jamais les mêmes. Tel jour, Ducon sera de la partie pour tabasser un insolent, tel autre jour, Ducon sera sagement en classe tandis que Duconneau ira racketter à la sortie d'un collège avec d'autres.
En vérité les bandes ne se définissent que négativement, face à d'autres bandes : ceux de Vitry contre ceux de Champigny. En dehors de cette identification territoriale, il est impossible de déterminer qui est de la bande et qui ne l'est pas. La bande n'existe pas positivement.
Que cela ne facilite pas le travail de la justice en présence de violences souvent aveugles, comme celle dont a été victime un principal de collège, j'en conviens. Mais il faut connaître son sujet : il est préférable pour le membre d'un commando qui n'a rien fait de très grave de prendre une peine équivalente aux autres, une sorte de moyenne pondérée, plutôt que d'aider la justice à déterminer les responsabilités individuelles exactes. Parce qu'à la sortie de la garde à vue ou de la prison, c'est le règlement de compte qui passe par la famille, les soeurs, les mères. Il s'agit de situations humaines inextricables dont on n'a pas idée.
Ayant à connaître ce type de situation dans ma belle-famille à cause d'un fils con comme un manche, je puis vous assurer que je fulmine : comment se débarrasser du crétin familial sans voir sa voiture brûler parce qu'on n'a pas payé... La police elle-même recommande la prudence aux familles, ne portez pas plainte pour racket si vous n'êtes pas en mesure de vous protéger. J'ai tout essayé pour aider ma belle-soeur, rien ne fonctionne et la police elle-même considère comme une folie de recevoir une plainte si l'on n'est pas capable, tout de suite après, de filer aux Bahamas.
Une bande, c'est flou, mouvant, ce sont des caïds décervelés, des suiveurs, des buveurs, des lâches qui ont en partage un front bas et une absence complète de sens commun. Un bloc ? Non. Ils n'ont rien dans le cerveau, pas un neurone qui vibre, ils ne conçoivent rien, ne projettent rien, la testostérone leur tient lieu d'intellect.
Derrière, il y a des familles terrorisées que la police est impuissante à rassurer, à aider. Telle mère se retrouve avec des motos volées dans son jardin, elle crie mais au final, elle a peur. Son fils lui pique sa voiture, pleure comme un minable parce qu'il lui faut 500 euros à donner au caïd, la mère prend un crédit Cetelem pour payer...
Les mesures proposées par NS sont grotesques car elles ne reposent sur aucune réalité palpable. Parce que nous concevons ces phénomènes de violence en groupe comme l'acte d'une bande, celle-ci existerait de facto ? Ca n'est pas le cas.
La bande est coupable ? Mais, Philippe, c'est déjà le cas ! Les tribunaux condamnent volontairement à la même peine les membres d'un groupe de braquage, malgré les différences évidentes de responsabilité, parce que les juges de banlieue savent que c'est préférable pour tout le monde, parce qu'ils savent que celui qui prendrait du sursis finirait à l'hôpital sitôt les autres sortis. Et c'est avec soulagement que le lampiste apprend qu'il a la même peine que l'organisateur, il a donné des consignes à son avocat de ne pas se désolidariser, parce que dehors, il y a sa mère, ses soeurs qui vont déguster s'il se démarque des autres. Pas besoin d'un appareil législatif supplémentaire, les juges ont bien compris que l'intérêt de tous était de condamner en bloc. Et même celui qui n'a rien fait ne fait pas appel.
Pas de solutions ? Si, je n'en vois qu'une. L'éloignement, l'interdiction de séjour, l'éclatement géographique. Un énième fichier ne servira qu'à ficher l'intégralité d'une population de moins de 30 ans vivant dans un même endroit car tous, vous entendez, tous font partie de près ou de loin de la bande, ne serait-ce que pour avoir la paix. Alors oui, il faut virer au sud ceux qui habitent au nord et vice-versa, couper les liens autoritairement, libérer les familles aussi.
En proposant ces mesures, Nicolas Sarkozy pisse dans un violon, il sait que ça ne vaut rien et qu'on ne retient pas la mer avec les doigts. C'est du très grand n'importe quoi.
Boum !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 20 mars 2009 à 00:01
Encore une loi pour faire croire que ... C'est à penser que l'illusion paie politiquement ou à tout le moins donne un semblant de bonne conscience, d'acquis ... Les bandes ont toujours existé, depuis les "cours des miracles" du Moyen Age jusqu'aujourd'hui ... En le siècle dernier, les "Apaches" jusqu'en 1920 environ, les anarchistes aussi, considérés comme bandes, les "blousons noirs" et autres "hells angels" à la française des années soixante-soixante-dix, et même les bandes version Seine-St-Denis-2009 qui existaient pareilles fin soixante-dix et années 80 ... Le phénomène est constant, suit la marche du temps. L'homme est grégaire, c'est ainsi, la solitude ne lui sied pas, surtout quand elle s'accompagne de la misère sociale et tout ce qu'on sait ... On veut quoi? du répressif tous azimuts?... Pour rassurer qui? quoi?... Ou donner un semblant de légitimité et de légalité à tous ces contrôles d'identité arbitraires sous le prétexte de quelques jeunes -plus que souvent basanés, d'ailleurs- s'assemblant au bas de leurs immeubles de quartier?... Les lois existent déjà: "l'association de malfaiteurs", bien sûr, mais aussi "la bande organisée" ... Ce n'est pas suffisant qu'il faille en rajouter?... "la bande inorganisée" à présent ... Et puis quoi demain? Deux sera une bande?... Il y a une chose qui ne cessera de m'épater d'étonnement, c'est celle-ci qui consiste à croire -et faire croire- qu'il suffit de pondre un texte loi ou autre à l'Assemblée ou autre pour que le problème visé soit résolu ... Manière de Bachelot aux Sports qui dit, sans rire, que si Marseillaise à nouveau sifflée dans le stade, on légifèrera, on annulera illico la rencontre, on fera évacuer (j'ai adoré ce "évacuer" magnifique de simplicité et d'évidence, dans sa bouche, de naïveté) le stade, etc. Comme si, parce qu'il y aura eu législation, les choses désormais iront d'elles (pas mal, ça: hirondelles ...), iront de soi mettons ... Les mineurs et l'alcool pareillement ... Une loi et hop, sitôt promue, plus d'ados et plus de jeunes alcoolos, c'est entendu! ... Miracles! Mais c'est trop connu: quand on ne peut éliminer la cause, on fait comme si l'effet était celle-ci ... On inverse des termes d'un problème et puis on passe à autre chose ... En réalité, c'est franchement diminuer la symbolique et la force de la loi, son acceptation et son intelligence comprise par tous, que de la créer et la voter si légèrement. C'est la loi devenue truc comme un autre, tout simplement ... Juge, aujourd'hui je ferais, à la lecture de celle-ci, -encore-: slurp!...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 19 mars 2009 à 23:05
Ben et nous alors ?
La bande à Bilger ?
Les apaches de la littérature, les tatoués de la philosophie, les mecs de la droiture, "poursuivant le but de commettre des atteintes volontaires contre les incultes ou contre la sottise", on va se manger trois ans au milieu de cette surpopulation carcérale?
C'est Sbriglia qui va être content. Lui qui n'avait pas une soirée. On va enfin pouvoir dîner ensemble 1095 fois. (365x3)
Que d'avenir!
Familles et amis, demandez vos parloirs maintenant. Ca peut prendre "un certain temps".
Rédigé par : Fleuryval | 19 mars 2009 à 22:55
Cher Philippe,
A Londres, depuis quelques années presque chaque rue est sous la domination d'un gang.
A Paris, 2 gangs sont médiatisés par la presse.
En fait, 222 gangs sont connus par les forces de l'Ordre 79% oeuvrant en Ile-de-France (source: Le Figaro - exemplaire offert du Jeudi 19 mars 2009).
Nos sociétés doivent prendre conscience rapidement qu'à certaines heures non tardives de la nuit, il n'existe plus rien que l'hôpital, le poste de police et quelques rares lieux de spectacle inaccessibles à tous à cause de leur prix.
Le symbole de la réussite de la société occidentale et orientale n'est plus la consommation mais la célébrité.
La consécration des vies repose sur la mise en scène qui peut prendre des formes accélérées.
Dans des modes anorexiques, il existe un désir d'attirer et de détourner le regard d'autrui dans un jeu mortel et compétitif.
Dans l'appartenance à un gang, il existe la nécessité d'imposer sa propre loi. Le rite du passage en prison est devenu un grade honorifique, le seul lieu d'écoute possible.
Je ne pense pas que les gangs se mesurent à la loi de la République.
Il s'agit d'une volonté acharnée d'appartenir à une société, de défendre un territoire, des codes.
C'est une opportunité de désespoir qui voit le jour lorsque toutes les tentatives d'un jeune pour se faire admirer par ses pairs d'âge, sa famille, ses enseignants, son employeur éventuel ont échoué.
La réalisation de Soi étant impossible, il reste la réalisation en marge.
Il est dangereux de confondre groupe de jeunes et bandes organisées.
Le travail du juge doit être très précis dans son appréciation.
Les individus de groupe ont beaucoup de possibilités sociales en gestation.
Les individus de bande ont été trop abandonnés par la société et ont besoin d'autres modèles identificatoires et affectifs.
Il y a du dérapage ponctuel dans le groupe, de la non préméditation dans l'agi.
Il y a de l'organisation, du codage, de la pression sur les membres d'une bande.
Les deux phénomènes sont très distincts.
C'est l'affirmation malheureuse de la puissance de vie niée dans le second cas.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 19 mars 2009 à 21:36
"Je ne suis ni avocat ni juge mais je préfère l'analyse de Maître Eolas"(Bertrand Lemaire | 19 mars 2009 at 18:47)... plus lien consterné !
Si ça se trouve c'est Maître Eolas avec un faux nez et une fausse barbe, ici ! Pour moi ça fait vraiment fable de La Fontaine un tel com' chez Monsieur Bilger, ceci dit amicalement bien sûr !
Au fait, je note plus loin "je vous défie de prouver quoi que ce soit" ; rooo un défi comme au bon vieux temps (ah si monsieur Bilger pouvait choisir le cactus comme arme de points !!)
(Sinon pourquoi tant d'oeillères à droite comme..........à gauche, j'insiste ; ce n'est pas ainsi que l'on va beaucoup avancer, non ? )
Rédigé par : Cactus relève le défi . | 19 mars 2009 à 20:53
Un billet qui marche sur une jambe, celle de droite.
L`intérêt de cette loi comme outil répressif n`avait échappé à personne.
Mais sans présumer de son bien-fondé ou pas, il y a bien sûr une autre question à se poser, au-delà de savoir si cela sera efficace.
Il s`agit évidemment d`évaluer si ce dispositif ne serait pas un danger, une facilité pour mettre en tôle avec plus d`arbitraire, en assenant comme vous le faites que ce serait « au nom du peuple » comme dernier argument à ceux qui réfléchiraient aux abus possibles à éviter.
Et au final peser le pour et le contre, apporter d`éventuels amendements.
Omettez-vous ce pendant par réserve ou bien pure déformation professionnelle ?
N`est-ce pas aussi votre job de vous soucier des libertés (autres que celles de la victime de n`être pas massacrée, évidemment) ?
Rédigé par : Alexandre | 19 mars 2009 à 18:56
Je ne suis ni avocat ni juge mais je préfère l'analyse de Maître Eolas (http://maitre-eolas.fr/2009/03/19/1348-le-president-de-la-republique-annonce-une-spectaculaire-indulgence-a-l-egard-des-bandes) à la vôtre.
En effet, tout est un problème de preuve. Et à moins de réprimer le simple fait de se réunir, chose que la loi sur les syndicats puis celle sur les associations ont totalement exclue, je vous défie de prouver quoi que ce soit, sauf à tomber dans l'association de malfaiteur.
Rédigé par : Bertrand Lemaire | 19 mars 2009 à 18:47