Je demande à tous mes commentateurs de ne plus faire référence au procès Fofana parce qu'étant l'avocat général, mon devoir de réserve interdit de l'évoquer si peu que ce soit sur ce blog.
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@Guile
Je partage votre avis.
@Catherine A.
Vous vous revendiquez future viande froide. Je vous crois volontiers puisque vous y tenez. Mais sachez que vous n'êtes pas le centre du monde et que des milliards d'hommes et de femmes ne partagent pas votre point de vue.
Il y a même des gens qui affirment que c'est quand les hommes ont commencé à enterrer leurs morts que la Civilisation est née.
Figurez-vous qu'il y a aussi des gens, en Pologne notamment, qui, plus de 60 ans plus tard, n'ont de cesse de retrouver les restes des victimes de la barbarie nazie pour leur donner enfin une sépulture digne.
Civilisation, barbarie : qu'est-ce qui les sépare ? Peut-être la vision de l'homme comme "future viande froide".
Rédigé par : Florence | 20 mai 2009 à 14:50
@ tous: Au sujet de l'exposition "Our Body", certains veulent être libres de décider, d'autres contestent parce que les corps exposés sont ceux de gens qui n'ont pas donné leur accord...
Ceci dit, bien au-delà des considérations de consentement de la personne, je rappelle simplement que la dignité humaine ne nous appartient pas.
Ainsi, un individu qui de son plein gré voudrait porter atteinte à sa propre dignité, pourrait se voir interdire de le faire...
Cf: CE 1995 Morsang-sur-Orge et bien d'autres...
Même si ces gens ont choisi, la mise en scène macabre est une atteinte à la dignité humaine, qui survit à la mort, nous dit la Cour de cassation (Arrêt Erignac)
Je sais que j'arrive après la bataille, mais ça me démangeait...
Rédigé par : Guile | 20 mai 2009 à 10:07
Je sais maintenant ce que c'est que l'affaire Fofana, grâce à TF1. C'est une affaire vieille comme le monde où le prédateur chasse avec des appâts. Le problème c'est que ce n'est pas du gruyère qu'il y avait dans le piège à souris, et que ce n'était pas des souris qui étaient chassées.
Rédigé par : Catherine JACOB | 06 mai 2009 à 10:33
JDR, arrêtez de vous prendre pour le défenseur des opprimés et de penser que pour les autres les Chinois ne sont que des chinetoques et les noirs des sales nègres. Comme l'a dit un jour quelqu'un, vous n'avez pas le monopole du coeur. Hé bien oui figurez-vous que je m'en fiche complètement d'être découpée en brochettes ou autres joyeusetés quand je serai morte et même si cela vous choque, que l'on fasse de même avec quelqu'un que j'aime je m'en fiche aussi ; un cadavre n'est rien, seulement de la viande froide qui va être incinérée ou bouffée par les asticots. Les hommes qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs ils m'intéressent quand ils sont vivants.
Pour pleurer sur des cadavres il y a les pleureuses, payées pour ça. Ce n'est pas ma vocation.
Rédigé par : catherine A | 03 mai 2009 à 14:12
Tout à fait d'accord avec ce qu'écrit Jean-Dominique Reffait, aussi bien sur l'interminable citation d'Aïssa (pitié pour moi aussi !) que sur l'exposition de cadavres chinois.
Rédigé par : Laurent Dingli | 02 mai 2009 à 17:34
Aïssa, pitié, pas des kilomètres de Jehan Rictus, crampe sur la molette ! Je peux faire ça très bien aussi, avec l'annuaire du téléphone. Si tout le monde s'amuse à faire le copier coller des oeuvres complètes de ses auteurs préférés : j'adore Proust, ça vous dit toute la Recherche en commentaire ?
Catherine A. Vous ne m'avez pas compris. Il ne s'agit pas de censure ici concernant l'exposition "Our body", mais de la provenance du matériau utilisé.
Si demain une exposition se monte avec des cadavres de personnes ayant accepté de leur vivant l'utilisation de leur corps à des fins artistiques ou pédagogiques, je dis oui. Le tribunal n'a pas jugé le principe de l'exposition mais l'incapacité des organisateurs à préciser l'origine des cadavres.
En l'occurrence, cette exposition a été montée en Chine avec des cadavres chinois dont on ignore la provenance. Ces pauvres gens, au lieu de reposer là où ils le souhaitaient, conformément à leurs croyances, sont trimballés sous les sunlights, pour l'édification d'un public occidental qui hurlerait au scandale s'il apprenait qu'on s'était servi sans prévenir personne dans une morgue française.
Catherine, ces gens ont vécu, ils ont peut-être été pleurés par une femme, des enfants et, parce qu'un régime dictatorial se permet tout et n'importe quoi, ces familles sont privées d'une sépulture où ils pourraient se recueillir. Vous trouvez ça normal ? Et si demain vous perdiez un être très cher, seriez-vous enthousiasmée qu'on le subtilise à votre insu pour exhiber son appareil uro-génital (un des thèmes de l'expo "Our Body") à New York ?
Après tout, on a fait tout un foin pour ce vieux monsieur du cimetière de Carpentras qui fut déterré et orné d'un manche de pioche : n'était-ce pas une démarche artistique dont la censure eut été intolérable ?
A moins que ce que nos fins esprits ne supportent pas pour eux-mêmes ils l'admettent aisément pour des pégreleux chinetoques ?
Nein, Madame, pas d'accord.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait@Catherine et Aïssa | 02 mai 2009 à 03:36
@ Sbriglia,
Merci, monsieur Sbriglia, pour ce brin de muguet que j'accepte d'autant plus que je vous ai chahuté sur ce blog, gentiment. Vous n'êtes pas rancunier, j'en suis touchée.
Rédigé par : Marie @ Sbriglia | 01 mai 2009 à 21:01
Je suis un peu perplexe devant "l'insupportable" atteinte à la liberté individuelle que représenterait l'interdiction d'une exposition transgressant le tabou de la mort à travers l'utilisation de cadavres humains.
Que tout soit permis et l'intelligence fera le tri entre l'art et la fumisterie ??
Si l'intelligence suffisait à rendre la société humaine harmonieuse, il n'y aurait pas besoin de magistrats et Philippe Bilger serait poète.
Rédigé par : carredas | 01 mai 2009 à 09:22
Où ça fait mal, où ça fait mal, c'est vite dit ... Moi je redoute moins le taon que la tique, c'est un professionnel des maladies infectieuses qui vous le dit. Je crains surtout la grippe du cochon-volaille et j'en passe qui nous vient désormais par la bouche et les mains du voisin. N'embrassez plus, saluez de loin ... A vos masques, prêts, fuyez!... C'est de l'humour, stoïque soye ... Allez, un petit bout de poésie, lisez, ça réveille ...
________________________
"Ouvrier mon frère, Ouvrier ;
crois que ma parole est profonde.
Avant de dominer le monde
commenc’ par te laver les pieds.
Et pas seul’ment qu’ les trottignolles
mais encor ton gniass’ tout entier :
les crocs le cul les roubignolles
que t’ as tendance à oublier.
Car, sous prétexte de labeur
tu thésaurises ta sueur
et la crasse de ton métier,
Ouvrier mon frère, Ouvrier,
et dis des choses dérisoires :
« Pas de pain blanc sans les mains noires »,
en exhibant avec orgueil
tes mains sal’s, tes ongles en deuil.
Je sais que, forcé d’ te grouiller
pour aller reprendr’ le collier
chaqu’ matin, à peine réveillé,
t’ as pas l’ temps d’ te débarbouiller.
Mais le soir, après ton boulot,
au lieu de t’élancer vers l’eau,
tu préfèr’s aller chez Bistrot
sucer la « bleue » et godailler,
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Si des fois un peu tu t’ récures,
c’est l’ Dimanche et les jours de fête ;
mais tu n’ mets d’ l’eau qu’ dans eune assiette,
pis t’ emploies que l’ bout d’ la serviette,
et jamais pus bas qu’ la ceinture,
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Ou ben tu vas chez l’ perruquier
et faut qu’on t’ fout’ de l’eau d’ Cologne
su’ l’ coin mal gratté de ta trogne.
Tes dents ? Jamais tu ne les brosses,
avant comme après ton repas.
Quant au devoir de t’ nettoyer
le trou du figne et les balloches,
tu ne t’en doutes même pas.
Aussi vieil ami, tu schlipottes,
en plein air comm’ l’acétylène :
et quand tu souffles ton haleine,
la mouche à merd’ tourne de l’œil,
bien qu’a soye habituée aux chiottes.
Sans compter qu’ t’ es pas fréquentable,
on peut pas y faire avec toi :
si on t’ rencontre en bateau-mouche,
en métro, en « bus », en tramway,
suffit qu’on port’ la requimpette
pour qu’ tu vienn’s te frotter su’ vous
et qu’ tu vous traites de « borgeois ».
Toi, pass’ que t’ es un « travailleur »
méprisant les aut’s voyageurs,
tu rot’s tu crach’s tu louf’s tu pètes,
et, si t’es saoul pour not’ malheur
tu dégobill’s su’ la banquette
et tap’s dans l’ blair au contrôleur.
Hélas ! C’est si vrai c’ que j’ prétends
que, lorsqu’après un accident
on t’emmèn’ chez le pharmacope
à Tenon Cochin ou Saint-Louis
et qu’y faut te déshabiller ;
le carabin prend la syncope
ou le potard s’évanouit
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Et ça c’est sur toi, rien qu’ sur toi !
Mais chez toi, malheureux, chez toi !
Chez toi les puces les punaises
vivent à l’aise ;
les asticots de ta paillasse
donnent le soir des « sleeple-chases »
et y a des araignées si grasses
qu’ faut les tuer à coups d’ revolver.
Quand tu vas aux wouaters-clozettes,
tu... vis’s à côté d’ la lunette
et, déconcertante coutume
dont les murs peuvent témoigner,
tu prends ton doigt pour porte-plume
et ton cul pour un encrier,
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Jeun’, vigoureux et bien planté,
tu touches, sans être ébloui,
aux délicats et blancs tétons
de ta femme ou de ta maîtresse
avec tes doigts gourds et brutaux
aux amoureuses maladresses
gantés de crotte ou de cambouis.
Si, pour te plaire elle se soigne
parfume ou lave au savon fin,
tu l’appell’s aussitôt « putain »
ou ben « vache » et « saloperie ».
Jaloux mesquin et envieux,
tu la veux sale et abrutie,
comme toi, comme toi mon vieux.
Alors la pauvre se néglige,
elle se dégoûte et comment !
Plus de soins, de coquetterie,
grâce et beauté foutent le camp ;
avant l’âge elles sont flétries.
Comm’ t’as toujours les roupett’s grasses
et qu’ ça t’ démange aux environs,
t’ es tout l’ temps d’ssus à la... crocher,
(qu’elle en ait du plaisir ou non),
à y en coller des pétées,
à transformer la malheureuse
en fabrique de malheureux !
Ceux-ci, le fruit de tes rudesses,
tu les laisses livrés aux bêtes ;
on pourrait sur leurs jolies têtes
inscrir’ ces mots : « Chasse gardée » ;
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Pas plus que toi tu n’ leur apprends
à se baigner, à s’étriller,
et tu les laisses croupir dans
la gourm’ la morve et le pipi ;
puis tu déclar’s : « C’est la santé ! »
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Et les soirs ousque tu rentr’s mûr,
tu leur cogn’s la tronch’ dans les murs ;
et là, despote sans contrôle,
la borgeois’ les môm’s et les bois,
tout l’ mond’ pass’ à purg’ dans la tôle !
(C’est p’têt’ aussi pour leur santé ?)
Ouvrier mon frère, Ouvrier !
Et toujours tu groum’s ou rouspètes ;
tu n’as qu’ des Droits, jamais d’ Devoirs ;
toi seul a besoin d’ boulotter,
et, dans la lutte qu’est la Vie,
tu crois qu’y a qu’ toi d’exploité.
Toi seul support’s des injustices,
et toujours y faut qu’on subisse
ta mauvaise foi, tes caprices
et surtout ta mauvaise odeur.
Tu cries qu’ l’Ovréier « meurt de faim »
mais quand tu touch’s de bonnes paies
tu sais plutôt t’ taper la tête,
quitte el’ restant de la semaine
à t’enfoncer de l’eau d’ vaisselle.
Et à c’ temps-là, encore eun’ fois
dans les quartiers que tu habites
les « Bains » et « Piscin’s » font faillite,
mais les beuglants font l’ maximum
les cinémas te décervellent
les claqu’s t’assurent la vérole
et les « Bars » à trois sous flamboient,
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Quand tu t’ dis « Révolutionnaire »,
à part quéqu’s uns, ce n’est guèr’ mieux ;
tu fais tout comm’ les religieux,
qu’ os’nt pas se r’garder le derrière,
de peur qu’ ça leur crève les yeux.
Tu gazouilles la « Carmagnole »,
mais t’ as d’ la boue aux roubignolles ;
tu clames « l’Internationale »,
mais t’as les dents et les pieds sales !
Et, trop romantique Insurgé
tu t’ mets des rouges églantines
mais t’ as l’ prépuce enfromagé !
Des mangins qu’a des noms en isse,
vienn’nt te donner du « citoyen »
et t’app’lant « Peuple-Souverain »
te mett’nt en mains un bout d’ papier
sans penser à t’ laver les pieds.
D’aut’s, échappés de la Garonne
qui abusent de la Parole,
vienn’nt te causer de « Genre Humain »
d’ « Fraternité Universelle ».
Nul ne te dit : « Lav’-toi les mains
les dents le figne et les aisselles. »
Beaucoup jouent avec tes souffrances
en te menant par l’Espérance :
puis, quand y sont d’venus menisses
et qu’ tu leur rappell’s leurs promesses
y sont tout prêts à t’ fusiller,
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
D’autr’s, en flattant ta vanité,
t’expliquent qu’y a qu’ toi d’utile
que C’lui qui n’ manie pas l’outil,
le marteau, la pioche ou la pelle,
n’est qu’eun’ vach’ « d’intellectuel » ;
que c’lui qui trim’ du ciboulot
n’est qu’un feignant ou qu’un salaud ;
et que « Demain » ou... après-d’main...
« conscient et organisé »,
par la bombe ou les bras croisés,
n’ sachant pas t’ gouverner toi-même,
tu gouverneras l’Univers !
En attendant par les journaux
les cafés-concerts, les phonos,
t’es dans la main des Financiers
dans celle des Distillateurs,
et tous les genr’s d’ spéculateurs.
En attendant Vautour-Premier,
Grand Maître de la République,
t’ vide à la rue, toi et ta clique,
et refuse de vous loger
(bien qu’il veuille aussi des soldats
pour le défendr’ contr’ l’Étranger !)
En attendant que par Jaurès
triomph’ la « Société future »,
j’ crois qu’ tu peux t’ passer eun’ ceinture !
En attendant, t’es pas l’ pus fort,
Jean Grave avec ses « Temps Nouveaux »
ne semblent pas tout près d’éclore,
malgré l’appui d’ Sébastien Faure
d’Anatol’ France et de Mirbeau !
Et les Bourgeois font tout c’ qu’y veulent
et quand tu renaud’s un peu trop,
frère Flick te jambonn’ la gueule
et t’es ben forcé d’ rengracier.
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
En somm’ ton sort n’a pas changé
au contraire, il s’est aggravé,
malgré des monceaux d’ « Lois Sociales »
leur prétendue « Humanité »
qui tombe toujours à côté
Et toi toujours tu vis ta vie,
(avec ou sans bell’s théories),
le cul merdeux la gueul’ pourrie,
emboucanant le rat crevé,
les pieds dans des chaussett’s de suie
et l’ cœur de haine empoisonné
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Ben moi je te le dis dans l’ blair
en vrai Poète populaire,
pas d’autre cause à ta Misère
que ta crasse et que ton fumier,
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
La saleté c’est l’Esclavage,
c’est l’absence de Dignité,
c’est aussi l’Imbécillité,
c’est la Tristesse et le Dégoût.
Et v’là pourquoi t’ es méprisé,
berné, maltraité, exploité,
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
La vérité la vérité,
le secret même de la Vie
de la chance et de la santé,
d’ la richesse et d’ la Liberté
réside dans la Propreté !
Parmi ceux qui vienn’nt t’exciter
à foutre en bas « la Société »,
en s’ faisant nommer Députés
ou membres de tes Comités,
Nul n’a l’ courage ou la franchise
de t’ reprocher ton manqu’ de soins,
ainsi qu’aux Hébreux fit Moïse
et Mahomet à ses Bédouins.
Moi, je n’ viens pas t’ parler d’ mensonges
ni d’un paradis incertain,
j’ viens t’ parler d’eau fraîche et d’éponge.
J’ viens t’ dir’ d’ commencer par toi-même
la « sociale transformation »,
la célèbre « Révolution ».
Ainsi triomphera « la Cause » ;
le « Grand Soir » c’est d’ se laver l’ prose,
la « Prochain’ », c’est s’ poncer les pieds !
Si tu veux que l’on te respecte,
commenc’ par t’ respecter toi-même !
N’ crains pas d’ passer pour aristo
si tu te mouilles les orteaux.
Et si drôl’ que ça t’ paraîtra,
qu’avant tout ta peau se blanchisse :
« Individu », « Individu »,
que la Cellule s’affranchisse,
et le Corps entier guérira.
Car c’est très bien de fair’ l’apôtre;
mais avant d’éduquer les autres
il faut d’abord s’éduquer soi :
Et c’est parfait les Syndicats ;
mais si tes fess’s sont au caca,
tu auras des idées merdeuses.
Ah ! Ouvrier, pauvre Ouvrier,
mon copain, mon poteau, mon frère,
souvent mon cœur se désespère,
comme il est dur de « t’affranchir ».
Non seulement de ta misère,
donc, de ton enduit séculaire,
mais encor de tes préjugés,
aussi de tes illusions
des sophismes et des clichés
du jargon révolutionnaire.
Sans oublier la Politique,
Poison de l’Énergie Pratique
et de la Beauté poétique
dont meurent Gaulois et Latins.
Car mêm’ parmi les Compagnons,
combien peu, à ma connaissance,
savent la mystique importance
de se noyer le troufignon
chaque jour de son existence.
Ah ! Ouvrier, pauvre Ouvrier,
je ne voudrais pas t’avilir,
mais bien plutôt t’encourager,
te relever et t’ennoblir,
et si je ne puis te guérir,
du moins puis-je te soulager.
Sûr que t’ es bon, sûr qu’ t’ es honnête ;
mais, vaudrait mieux encore avoir
la conscience un peu moins nette
que le cul sale et les pieds noirs.
Pas d’autre moyen de lutter
contre l’aveugle Autorité
que la maîtrise de soi-même
Sobriété et Chasteté,
par conséquent la Propreté.
D’ailleurs en princip’ quoi qu’il fasse
qu’il soit Patron ou Employé
Paysan, soldat ou rentier
L’Homm’ qui, à moins de maladie,
ne se lave pas chaque jour
les dominos les paturons
le double-blanc et les marrons
le périné le péritoine,
en un mot le Corps tout entier
n’est qu’un compagnon d’ saint Antoine
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Ne m’objecte pas qu’ les Bourgeois
ne sont guèr’ plus propres que toi :
raison d’ plus pour que tu t’ nettoies.
Ne dis pas comm’ les Catholiques
que ton Corps n’est qu’une guenille
qu’il importe peu de soigner.
Jésus lavait les pieds des Pauvres,
mais les Prêtres l’ont oublié
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Mécanicien Mécanicien,
tu comprends la nécessité
de nettoyer ta rotative
ton moteur ta locomotive ;
mais ton rouage particulier
tu le laiss’s toujours se rouiller,
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Or ton Corps est la Mécanique
merveilleuse,
le chef-d’œuvre unique
qu’il faut sans cesse surveiller,
graisser polir de tout’s manières.
de la soupape à la chaudière
en passant par le cendrier.
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Quand Jésus éveilla Lazare
saucissonné de bandelettes
plein de la crasse du tombeau
il lui dit :
— « Mon ami va fair’ ta toilette
et après ça nous causerons ! »
Eh bien ! mon Ami mon Pareil,
crasse morale ou corporelle,
tristesses, poux, haines, fumier,
laideurs ou sophismes bizarres,
je suis Qui vient te nettoyer,
et, dans ce cas particulier
je suis Jésus, tu es Lazare
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Par conséquent éperdument,
chaque matin à ton lever,
chaque soir avant d’ te coucher,
rinc’-toi les dents, les pieds, la gueule,
le trou du cul les roubignolles,
et fais-le faire à ta famille,
Ouvrier mon frère, Ouvrier.
Mêm’ dès ce soir en rentiffant,
que tu m’aies entendu ou lu,
je t’ordonne de m’obéir
et de rebiffer tous les jours.
Si tu t’ nettoies comme je dis,
chaque soir et chaque matin,
non seulement, fleur arrosée,
ta peine sera reposée,
mais avec la bonne santé
tu retrouveras ta gaieté.
et je te le prédis soudain
tu verras clair dans ton Destin.
Il t’apparaîtra tout à coup
que la vraie « Société future »
s’rait de lâcher le Machinisme
pour retourner à la Nature
en plaquant délibérément
ce dont tu souffr’s obscurément
ainsi d’ailleurs que tous les Hommes
La « Grand’ Laideur Mathématique »
et ton labeur automatique
impersonnel et sans amour.
Et puis enfin tu s’ras plus chaste,
ça t’ gratt’ra moins où ça t’ démange
et tu n’engross’ras plus ta femme
à tous les coups comme à présent.
Car du moment qu’à chaque enfant
on n’augmente pas ton salaire,
tu sais ce qu’il te reste à faire,
ou, pour mieux dire, à ne pas faire.
Dis à ceux qui viendront t’ crier :
« La France va se dépeuplant
nous comptons sur toi, Ouvrier ! »
— « Eh ! bien, prêtez-moi votre Épouse.
La mienn’ ne sera pas jalouse
seulement vous paierez la sag’-femme
les mois d’ nourrice et le loyer ! »
Je te l’ crierai jusqu’à la mort :
tu n’ sortiras d’ ton esclavage
du salariat et du servage
que par le quotidien lavage
Si on vient te d’mander d’ voter,
afin d’élire un député,
un d’ ces marchands de boniments
qui viv’nt toujours à tes dépens :
Réponds : « Oui oui, causez toujours ;
mais avant tout veuillez m’ donner
du temps pour me débarbouiller,
« d’ l’eau, du savon à bon marché,
« gratuit » « laïque » « obligatoire »
de bell’s piscin’s dans mon quartier
pour moi ma femme et mes amours ;
tant qu’ j’aurai pas ça j’ vot’rai pas.
« Car,
comment voulez-vous qu’on m’ nomme
un Homme
si j’ai des bestiaux dans les poils
et du fromgi dans les doigts d’ pied ?
« Oui, moins d’emblèmes symboliques,
moins d’ mairies comm’ des basiliques
(histoir’ d’embêter les curés),
« Des piscines, un peu moins d’ musées,
moins de discours idéalisses,
un peu plus de réalité,
« moins d’ cours du soir, moins d’ conférences
gardez pour vous votre instruction ;
j’ veux pus aller dans les U. P.,
mieux vaut me laver les arpions
que d’aller écouter des pions.
« Puis, si ce n’est exiger trop,
beaucoup moins de marchands d’ poisons,
moins de beuglants, moins de cinés,
moins d’ bistrots, surtout, moins d’ bistrots,
ce sera la fin des prisons
et des cellules d’aliénés. »
Car lorsque tu seras tout propre,
tu diras à ceux qui t’arr’fusent
le bain, l’estime et le loisir,
sous prétext’ que t’ es un cochon :
— « Pardon... esscuses,
présent j’ai mérité la Vie,
j’ai le cul net et les dents blanches,
je n’ me lav’ pus qu’ tous les Dimanches,
le Temps de Ma Merde est fini. »
Alors y pourront pus rien dire,
et y s’ront forcés d’ te céder,
car c’est là, c’est là le prodige
ton sort est dans tes mains te dis-je.
Mais jusque-là je te l’ répète,
tu n’ seras jamais qu’un Esclave,
la dupe d’un tas de chimères,
le remâcheur de phrases creuses
aussi creuses qu’humanitaires :
la victime des bonisseurs
d’ la Politique ou d’ la Sociale.
Ni émeut’s, ni grèv’ générale
ne te donn’ront la forc’ morale
qu’il faut pour vaincre ses enn’mis,
et que t’apporteront l’eau fraîche,
la brosse à dents la pierre ponce,
le tub la douche et le savon.
Voilà mon Ami mon Pareil,
ce que l’étude et l’expérience,
la pitié jointe à la gaieté
l’intuition, la verve joyeuse
ce soir tout à coup m’ont dicté.
Ce soir est un soir de Printemps ;
sur la Ville aux rues éclairées
par les derniers rayons du jour
flotte l’haleine de l’Amour.
Ce soir, tout est beau dans Paris.
Seul et veillant comme un prophète,
mon Cœur éclate de tendresse
et les Marronniers ont fleuri."
Jehan-Rictus
Conseil
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 30 avril 2009 à 22:33
@Chéricléon
(quoique les ouvriers de Renault soient sans doute moins... amoureux de leur lieu de travail !)
Que voulez-vous qu'il vous dise ? qu'il adresse ses félicitations à l'avocat, ancien président de la LDH, dont le MLF n'est visiblement qu'une des sous-composantes insignifiantes ?...
Remember, Jacques, Maurice A. !
Un brin de muguet à Marie, Véronique et les deux Catherine... sans oublier madame Columbo.
Rédigé par : sbriglia | 30 avril 2009 à 22:06
@sbriglia
Le taon est un petit insecte détesté des hommes bien qu'il ait démontré son utilité: piquer là où ça fait mal.
Rédigé par : SR | 30 avril 2009 à 21:50
L'art comme indicible fraternité humaine, bigre, j'en pleurerais presque tellement c'est beau et tellement peu politiquement correct ! L'art c'est tout ce qu'il y a de plus égoïste. L'artiste crée pour lui et uniquement pour lui me semble-t-il. Parce que la création lui est aussi vitale que l'air qu'il respire. Ou parce qu'il veut vendre/être riche et/ou célèbre. Mais où est alors cette "indicible fraternité humaine" ?
L'interdiction de cette expo m'insupporte. Il n'appartient pas au juge de censurer ce que je vais voir, lire. Je suis assez grande pour décider que cette expo me dégoûte et que je n'irai pas la voir.
Que l'art dérive depuis des années vers le toujours plus, comme le théâtre avec Jan Fabre qui présente à Avignon des "acteurs" qui pissent sur scène, se masturbent et j'en passe, c'est évident. Que certains crient au génie me fait rire mais libre à eux.
Dans cette décision d'interdiction intervient cette espèce de tabou lié à la mort. Vaut-il mieux devenir une pseudo oeuvre d'art ou être bouffé par la vermine ? A vrai dire ce que deviendront, à ma mort, les kilos de viande froide qui étaient moi je m'en fiche mais si ce n'était pas le cas je préfèrerais la première branche de l'alternative.
Rédigé par : catherine A | 30 avril 2009 à 20:35
Le verdict du procès Viguier est rassurant pour les maris trompés qui ne connaissent pas exactement le nombre de sacs à main que possèdent leurs épouses.
Rédigé par : SR | 30 avril 2009 à 20:00
Bon courage cependant
Rédigé par : noel | 30 avril 2009 à 18:41
Le procès Viguier est maintenant terminé... Il me tarde d'avoir votre analyse.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/04/30/01011-20090430FILWWW00422-justice-jacques-viguier-acquitte.php
Rédigé par : Chéricléon | 30 avril 2009 à 15:24
Le taon...
Il agace aussi bien le boeuf que le destrier...
Il est répétitif...
Il est obsessif de sa piqûre quotidienne...
Il ne vole pas plus haut que la croupe de ses victimes, l'altitude lui donnant le vertige...
Quand le pur-sang dresse la tête, le taon continue à regarder le naseau...
SR, aimez-vous les taons ?
Rédigé par : sbriglia | 30 avril 2009 à 14:27
Ou cette histoire hallucinante d'exposition de cadavres chinois ! "Our body", titre de l'exposition, sauf que ce n'est pas nos corps mais ceux de pauvres gens qui n'ont jamais donné leur aval pour être exposés à bicyclette dans les belles capitales occidentales !
Je veux bien comprendre toutes les démarches artistiques, celle-ci comme les autres et je ne suis pas choqué par le principe. Mais l'art est d'abord un acte d'amour, un lien vers autrui, une expression de l'indicible fraternité humaine. J'aurais compris une exposition avec ces mêmes cadavres chinois qui les aurait mis en scène dans leur souffrances, s'il s'agit de condamnés à mort, ou dans leur vie misérable de paysans chinois, comme pour magnifier leur humanité qui aurait été déniée de leur vivant.
Mais non, il s'agit seulement de faire joli, de faire un peu de pognon, de considérer ces hommes et ces femmes comme une matière, sans se soucier des torrents d'émotion qui ont habité ces momies. Déni d'humanité, déni artistique.
La France est le seul pays à avoir interdit cette exposition : elle a bien fait. Par respect pour ces frères humains.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 30 avril 2009 à 14:23
Quand même il y a parfois des silences lourds d'ambiguïté même si imposés par la procédure...
Rédigé par : mimi | 30 avril 2009 à 13:46
Bonjour,
Il m'avait semblé que le législateur condamnait toute forme d'agression sexuelle qu'elle soit par surprise, avec violence etc... qu'elle soit de nature incestueuse ou non.
Par voie de conséquence, il me semble que le législateur a enfoncé une porte ouverte.
Une question se pose à moi: qu'en est-il de la relation voulue, consentie et vécue par un frère et une sœur comme j'ai pu le lire sur internet?
Est-ce une loi moralisatrice?
Rédigé par : David Todaro | 30 avril 2009 à 12:42
J'ignore ce procès donc...
Rédigé par : Catherine JACOB | 30 avril 2009 à 11:23
Bonjour
Si vous cherchez un sujet d'actu, la pénalisation de l'inceste en tant que tel m'a interpellé ces derniers jours.
Je n'ai pas compris ce que cette loi réprimandait (pour prendre un mot à la mode) que ne l'était déjà.
Un texte de plus pour rien ?
Bonjour chez vous et surtout bon courage dans votre actualité...
Rédigé par : Jean Meyran | 30 avril 2009 à 11:21
Eh bien, faites bien votre travail.
Rédigé par : Ancilevien | 30 avril 2009 à 03:47
Alors reprenons allègrement nos digressions sur le couple présidentiel qui arbore à chaque descente de leur avion de nouvelles tenues. Pour ma part la first lady est inappropriately sexy, and overly exposed (en anglais dans le texte). Elle s'entête à poursuivre sa démarche professionnelle de mannequin, exagérément cambrée et le port de tête arrogant.
Mais quel enfer nous vivons, nous sommes condamnés à commenter des petites phrases et des styles vestimentaires prêtés par les maisons de l'avenue Montaigne. Avec un ancien mannequin à la mine satisfaite, et l'époux nain qui roule des pelles en transpirant, des ministres qui étalent leur vie, qui ricanent bêtement, un garde des Sceaux qui jongle avec ses anti-sèches pour siéger à Strasbourg, les Français tripotent leur feuille d'impôt avec la désagréable impression que le pire est à venir.
Rédigé par : SR | 30 avril 2009 à 00:33