Dominique de Villepin a suscité de l'irritation, voire de la moquerie lorsqu'il a évoqué "une situation révolutionnaire" en France. On perçoit bien, chez lui, le syndrome du "Levez-vous, orages désirés" mais il n'empêche.
Le contraste était saisissant - au-delà des séquestrations multipliées et choquantes - entre le discours politique classique, pertinent et mesuré et les scènes largement médiatisées du saccage de la sous-préfecture de Compiègne et d'une partie de leur usine de Clairoix par des salariés de Continental en rage. Entre les réponses rationnelles et, selon lui, rassurantes du Premier ministre sur France Inter et le sac frénétique opéré la veille par des hommes en colère qui se vantaient de n'être plus "des moutons mais des lions" (Le Parisien). J'avoue que, sur France 2 notamment, les images de cette dévastation accomplie avec méthode et sans l'ombre d'une réticence puis les explications vindicatives et satisfaites d'un délégué syndical étaient propres à susciter plus que l'étonnement du téléspectateur : sa stupéfaction indignée devant des séquences qui semblaient relever d'un autre monde que le nôtre. Pourquoi pas en 1792, avec la mise à sac des Tuileries racontée par les historiens ? Jamais autant qu'au cours de cette vision - anéantissement des choses quasiment en direct !-, je n'ai éprouvé la sensation non pas de l'impuissance du politique mais de sa totale inadaptation au surgissement sombre et violent des profondeurs sociales et collectives.
La démarche politique, par elle-même, quelle que soit la nature de sa substance, cherche à offrir de la lumière, de l'intelligible et du sens. Elle a conscience de ses limites et de ses forces. Elle rêve de rendre le nécessaire possible mais ne s'illusionne pas. Elle tente de gouverner le chaos imprévisible et de mettre de l'ordre et de la cohérence là où la multitude désespérée, légitimement ou non, a créé parfois de la confusion et du bouleversement. C'est cette aspiration de la politique à maîtriser les pulsions douteuses qui généralement conduit à écarter du jeu traditionnel les mouvances extrêmes qui introduisent, elles, le trouble et l'instinct pour bénéficier, dans l'espace public, d'une part spontanée, voire délétère.
La volonté de lumière contre les dérives d'une société qui hurle sa détresse par des actes et des comportements qui deviennent presque l'expression immédiate d'une contestation. On n'attend même plus d'avoir épuisé tout ce qui pourrait ressembler au langage naturel d'une démocratie. On passe d'emblée à la rupture radicale comme s'il y avait une forme d'insupportable connivence dans le moindre dialogue civilisé, dans la possible compréhension de l'autre et dans l'éventuelle présomption de bonne foi de l'Etat et des entreprises directement concernées. Le pire est à présumer sans cesse et il y a comme une tentation de l'intolérable à laquelle on ne désire plus résister. Au contraire, on s'y abandonne, parce qu'on a mal socialement, pour faire mal. Devant de telles fatalités qui sont bien plus que le lot de la modernité - mais l'outrance douloureuse et fièrement incontrôlée d'un monde qui ne se reconnaît plus dans le visage familier de la République et de ses règles -, que peuvent les propos même les plus sensés ? Lorsque le Premier ministre évoque l'importance du dialogue social et le fait que ce gouvernement a reçu plus que tout autre les syndicats, il a raison mais cette raison n'est plus audible parce qu'un discours globalement lucide n'a plus aucune incidence sur les catastrophes singulières qui jalonnent aujourd'hui notre chemin démocratique. Les généralités s'effondrent, négligées, méprisées, sous les coups d'un malheur collectif qui privatise ses modalités de ressentiment. La France est clairement coupée en deux. Le dialogue social existe peut-être avec des syndicats qui pèsent peu et ne représentent guère mais le dialogue civique est mort qui permettait de se retrouver si peu que ce soit dans une même adhésion à ce qui est admissible et à ce qui ne l'est pas. C'est cette disparition du lien même le plus ténu entre des univers contrastés qui est porteuse, sans faire dans le catastrophisme, de gros dangers pour l'avenir. De mon point de vue, le saccage de la sous-préfecture de Compiègne, c'est bien plus - et c'est déjà beaucoup - que la destruction méthodique et scandaleuse d'un lieu officiel, c'est la détestation de l'Etat auquel, pourtant, par une contradiction très française, on va réclamer de l'aide et reprocher son éventuelle abstention, c'est la haine d'un classicisme de la vie publique, de sa raison, de son possibilisme, des remèdes abstraits qu'elle pose sur des plaies brûlantes. La France qui casse est totalement étrangère à la France qui lasse. Les mots puis la violence puis quoi, plus tard ?
Je ne doute pas de la sincérité du Premier ministre quand il affirme que "l'Etat engagera des poursuites" à la suite de ces événements. Eric Besson vient à sa rescousse et confirme (Le Monde, Le Figaro, le site du Nouvel Observateur) et le ministre de l'Intérieur "veut des interpellations" (JDD). Je souhaite bien du courage aux politiques et à mes collègues si les premiers s'en tiennent à cette ligne et si les seconds sont un jour saisis. Il est vrai que Continental a déposé plainte mais qui peut nier qu'on va arbitrer avec vigilance entre l'autorité de l'Etat à faire respecter et la fronde énorme que suscitera l'action judiciaire si elle arrive à son terme ?
Le recours à la justice, dans une démocratie, me semble la sagesse même mais devant de tels épisodes où le désespoir social s'en donne à coeur joie et avec bonne conscience, je me demande si les remèdes traditionnels demeurent appropriés. Un monde déteste l'autre et leur communication est rompue. Cette donnée change tout. Comment réconcilier, apaiser ? Comment faire revenir la paix même armée de la République à la place de ce bout, de ce fragment, de ce morceau d'inconnu, d'étrangeté et de chaos ?
De révolution ?
Ainsi le caractère de l’accusé n’aurait pas son importance. Qu'en est-il de l’expertise psychiatrique qui semble devoir prendre de l’importance (la loi de rétention de sûreté en étant le paradigme) ? Le hiatus décrit entre magistrats/journalistes et citoyens n’existe-t-il pas aussi entre le désir de « punir et prévenir » d’une société sécuritaire et le singulier du jury ?
Rédigé par : Sylvain Lemoine | 01 mai 2009 à 18:36
J'ai personnellement, Monsieur le Procureur Général, le sentiment qu'on entre dans une phase nouvelle (ou on y retourne à grands pas, je ne sais).
Je me suis permis de le signaler dès janvier dernier ( cf. http://infreequentable.over-blog.com/article-26339438.html ) dans un post où il m'a paru facile, presque évident de faire la comparaison avec Lamartine (bien que je n'en ai pas l'ombre de l'once du talent, naturellement) prévenant d'une "Révolution du mépris" avant la chute de la restauration en 1848.
Nous sommes, nous entrons, dans la "zone" de la "Révolte des méprisés".
Pas tout à fait les mêmes qu'en 1968, pas vraiment ceux de 1789.
Le "pouvoir", politique, judiciaire, "intellectuel", le pouvoir "économique" ne le voit pas venir alors même que le NPA semble vouloir "surfer" sur ce "fonds de commerce" tout à fait inattendu depuis peu.
Et tant d'autres.
Aucun ne le voit et c'est pourtant du "MEPRIS", affiché ou diffus que vient le malaise...
Vous-même le dites dans vos colonnes ici ou là sans le nommer (je pense aussi à votre post relatif à la décision du CSM sur l'avatar de l'affaire Outreau.)
Décision à mon sens fondée sur le "bon sens" (un pour connaître l'un des magistrats du "contentieux" de ce Conseil, que je sais être un homme intègre), deux parce qu'on ne voit guère une décision non-contestable se dessiner autrement), mais qui ne peut être reçu que comme du "mépris" par les victimes collatérales de ce désastre.
En fait, c'est bien le fondement de toutes ces exactions sans retenue, par des adultes responsables, "bons pères de famille" au sens du Code civil, qui se sentent "méprisés".
C'est grave, savez-vous !
Ca plus la "catastrophe financière mondiale" prévue pour l'été 2009, ça pourrait faire "chaud" dans les têtes à la rentrée !
Bien respectueusement à vous !
I²
Rédigé par : L'ignoble Infreequentable | 29 avril 2009 à 15:55
Monsieur Bilger, il me semble que vous sous-estimez fortement cette première forme de violence qui est l'opulence extrême des plus riches et de ces grands patrons en particulier qui licencient à tour de bras. L'exigence populaire de la limitation des inégalités n'a jamais été aussi puissante. Les plus nantis ne voulant pas renoncer d'eux-mêmes à leurs exorbitants privilèges et les politiques publiques s'avérant impuissantes, comment ne pas envisager la violence révolutionnaire ?
Rédigé par : Bernard GOVILLER | 27 avril 2009 à 08:53
@Ludovic
Je suis confus que vous vous soyez senti visé.
Moi je n'ai rien contre la critique. Je déplore les pleurnichards, qui s'occupent plus de l'aspect que du fond.
Comme si ici, nous étions tous des experts en gouvernance.
A part évidement B.L.A - B.L.A (Boukachache Lacheb Aïssa).
Mitterrand-Jospin. Jamais je n'ai perdu mon temps á commenter leurs faits et gestes comme le font les commères de ce blog. Même PB se perd parfois á ce petit jeu…
Comme je le disais : "Il n'y a pas de mal á se faire du bien".
Rédigé par : jpledun | 27 avril 2009 à 02:22
Bonsoir Monsieur
Je ne suis qu'un citoyen ordinaire jamais condamné, je vis modestement, j'ai subi déjà un licenciement économique, injuste, car après un passage aux prudhommes j'ai gagné et reçu une somme en guise de compensation, mais le mal était fait.
Depuis, pour me protéger contre des malfaisants de toute sortes, je me suis investi dans un syndicat et je suis représentant au comité d'entreprise, et là je comprends mieux mon licenciement économique. L'argent domine tout et les humains sont faibles.
La justice est faite aussi par des individus humains.
En tant que citoyen sans histoires et pacifique, voyant ce que je vois et ce que j'entends, je peux vous dire que je comprends le monde ouvrier travailleur car quels sont ceux qui ont "séquestré" les premiers sinon ceux qui délocalisent les productions sans se préoccuper du sort des familles qui ont besoin de ces boulots.
Ces gens qui empochent des stock options ou des parachutes dorés et qui ont des salariés.
Si cela ne change pas monsieur, je vous le dis ici en toute liberté, moi citoyen pacifique sans histoires, je viendrai rejoindre ceux qui défendent leurs droits au travail et advienne que pourra.
Alors monsieur si vous le pouvez, dites à tous ceux qui ont le pouvoir de faire en sorte de nous rendre la vie paisible, pour ne pas arriver à cette extrémité.
Je vous remercie.
Alexandre
Rédigé par : goalexandre | 26 avril 2009 à 21:49
Sans les "violences sociales", en France, les enfants travailleraient encore, les semaines seraient de 60 h, sans congés payés ni Sécurité sociale ni retraites. Le patronat français reste un des plus réfractaires à tout véritable dialogue social.
Rédigé par : Jef | 26 avril 2009 à 15:26
Bonjour
Je comprends votre inquiétude mais la lucidité pousse à dire que c'est aussi le résultat d'une "classe politique" coupée des réalités, réduite aux manoeuvres de cabinet. Une situation exacerbée par un gouvernement qui parle de dialogue et ne le pratique pas et rend ainsi inaudible ses interventions. Et l'oubli enfin que la justice n'est pas seulement celle des affaires criminelles mais aussi civiles et que cette dernière devient une justice de classe par désintérêt des politiques... Quand j'écrivais qu'ils étaient coupés des réalités... Alors comment ne pas comprendre ces réactions à l'abandon... qui offrent l'image de notre démocratie dégradée. Il ne suffit pas de les censurer pour que la réalité disparaisse.
Rédigé par : Patrice Devos | 26 avril 2009 à 10:38
Vous ressemblez à un persan, qui s'étonnerait de la violence de la société.
Mais contrairement aux lettres persanes vous proposez non pas la prise en compte des personnes en souffrance et/ou en révolte mais la prise en compte de la souffrance.
Position assez logique et pas du tout "dixhuitièmiste" d'une préservation de l'ordre par des moyens de justice tel que vous la concevez et non pas de police tel que vous le craignez.
Il y a longtemps que les jacqueries font partie du paysage social, leur nouveauté est d'arriver à l'existence médiatique sans avoir été encadrées par un dispositif d'endiguement.
Il y a toujours un risque dans des évenements qui ne sont pas catégorisés et la catégorisation ne sert pas qu'à penser les événements elle sert aussi à les stériliser.
Comprenez-moi bien, quand j'entends M. de Villepin parler de révolution, c'est comme quand j'entends M. Sarkozy parler de réformes.
il s'agit de tout changer pour que rien ne change, il s'agit de la préservation des situations de propriétés.
Objectif premier de la justice depuis le Code Napoléon.
Une position doloriste est le contraire de la justice et je vous suspecte de charité ( qui comme chacun sait est bien ordonnée et commence par soi-même ).
Rédigé par : pasdesarkozy | 26 avril 2009 à 07:30
Voilà que des médecins français, s'inspirant du docteur tirelire qui fit une fortune en dispensant non des soins mais du vent, viennent de créer, tenez-vous bien, la médecine anti-âge ... Qu'est-ce que c'est? Ah ne me le demandez pas! je n'en sais rien si ce n'est ce que j'en ai entendu de la part d'une doctoresse à la télé, que c'est anti-vieillesse et peut-être même anti-mort ... Mais c'est on ne peut plus sérieux, j'ai vu ça il y a quelques jours au journal 13 heures France 2. Je digresse? Ah non, pas de ça, suffit! C'est tout à fait dans le ton de la lettre de ce cher PB "Une société qui ne se reconnaît plus" ... A propos, cher PB, si vous vous sentez affaissé (et non à fesser selon la désormais jurisprudence Burgaud hum hum, au cas où certains malins voudraient me faire dire ce que jamais je n'oserai ...), si affaissé vous vous sentez donc, vieilli, ridé, fripé, trop bedonnant, naufragé ou si proche voire franchement noyé jusqu'au nez, n'hésitez plus: MEDECINE ANTI AGE! c'est nouveau, ça vient de sortir, d'authentiques médecins doctorants vous rendront en quelques séances à vos vingt ans!
Sans transition ni digression ...
Le tribunal administratif de Châlons en Champagne vient de condamner la municipalité socialiste de Reims chez moi à verser 800 euros dommages intérêts à ... Dieudonné. En effet, la ville ayant pris il y a quelques jours un arrêté pour lui interdire ses rues, places et avenues, enfin à son bus spectacle, arguant le trouble potentiel causé à l'ordre public, le TA jugea et décida en conscience que l'on ne saurait sous ce motif prendre un arrêté d'interdiction à un roulant, en d'autres termes que n'étant pas en mesure de préciser où le trouble à l'ordre public pourrait se produire car le bus n'a pas précisé ni sollicité d'aire de stationnement, la ville devait donc être débouté. Elémentaire, mon cher juge ... Le TA précisa également ... Je préfère transcrire, tiens (Sources: L'Union de Reims): " ... Qu'en l'absence de circonstances particulières à la ville de Reims et notamment de l'existence avérée d'éléments réputés pour leur volonté et leur capacité à troubler l'ordre public (...) il ne ressort ni des pièces du dossier ni des précisions apportées au cours de l'audience que la tenue du spectacle litigieux présenterait pour l'ordre public des dangers auxquels l'autorité compétente ne serait pas en mesure de faire face par des mesures appropriées". Ouf, un peu plus de liberté dans cette bonne vieille ville de Reims! Quand je pense que l'aïeul de Dieudonné fait peut-être partie de ces dizaines de milliers qui durant quatre années 14-18 se sont sacrifiés pour sauvegarder Reims et qui l'ont sauvegardée effectivement et qu'il est peut-être également inhumé non loin, tout près, dans une de ces nombreuses nécropoles où ils reposent si nombreux pour "AVOIR COURAGEUSEMENT ET AU PRIX DE LEUR VIE DEFENDU NOS LIBERTES" ... Peut-être même est-ce lui que des agriculteurs viennent accidentellement de mettre à jour, enfin ses ossements et son armement, dans leur champ, aujourd'hui, 90 ans après, ils sont encore des millions ainsi ensevelis dans la région ... Ce n'est que justice, n'est-ce pas, qu'on laisse aujourd'hui l'arrière arrière petit fils se promener libre dans la ville et y faire son spectacle ... Il serait temps que notre société se reconnaisse enfin.
Sans transition ni digression mêmement (quel mot horrible ce "mêmement"!)...
Il nous vient, me semble-t-il, non la grippe espagnole mais ... la grippe mexicaine, mélange de cochon, de volaille et d'humain ... Redoutable virus donc susceptible de palier à toutes les mauvaises volontés, les défaillances et les impuissances de nos élites mondiales politico-socio-économiques ... A coup sûr, après lui la croissance reprendra, la société se reconnaîtra, comme après 18, comme après 45 ... Cependant, contrairement aux milliers de commentaires que je parcours ça et là sur la toile, je n'accuse ni Hortefeux ni Besson ni le gouvernement ni encore moins notre Président d'être à l'origine de la création de ce monstre viral, bref je n'accuse pas la Droite, non plus que la Gauche ni le Centre ou les Extrêmes, personne en fait précisément ... J'accuse le poulet, le cochon et aussi un peu l'humain, ils n'avaient qu'à pas forniquer!... C'est tout de même inquiétant ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 25 avril 2009 à 23:09
@jpledun,
Cher ami, n'exagérons rien, personne ne doute de la légitimité du Président de la République. Ceci dit, son score au second tour de l'élection présidentielle ne l'exonère en rien de la charge à laquelle il est confronté. Je l'ai déjà dit, je n'ai pas voté pour Nicolas Sarkozy, mais une fois élu, je le reconnais comme Président de tous les Français, et je ne cherche en rien à le délégitimer (le mot n'existe pas mais c'est mon côté Ségolène). Nous n'en sommes pas encore à l'heure d'un quelconque bilan, il est sans doute moins mauvais qu'on ne nous le laisse entendre, mais, tout de même il n'y a rien d'éblouissant non plus.
Je ne sais pas s'il s'agit de masturbation (cérébrale j'espère) mais la critique n'est pas non plus dénuée de sens.
Rédigé par : Ludovic | 25 avril 2009 à 21:48
@ Ludovic
Vous vous leurrez sur mon commentaire, car je suis bien d'accord avec vous sur le fait qu'il y aura au maximum une révolution ratée du style de celle de 68. Mais cela, ailleurs dans le monde, avait servi d'épouvantail à la droite réactionnaire (désolé Philippe Bilger, c'est comme ça que ça s'appelle aussi) pour faire reculer la démocratie. Ce qui est bien moins romantique et plus réel que les grands soirs.
Mais je maintiens que ce président génère une division du peuple de France totalement délétère pour notre pays. Je crois que c`est la carte que Villepin veut jouer en contraste, lui qui a su représenter l'union de notre pays contre l'intervention en Irak. Mais comme d`autres commentaires le suggèrent, sa lacune est de ne jamais avoir remporté de mandat électif important.
Peut-être parce que "le bruit et l'odeur", lui, il ne sait pas faire. En revanche les coups foireux en douce à la Clearstream... Ha ha ha...
Rédigé par : Alex paulista | 25 avril 2009 à 20:53
Bonjour M. Bilger,
A vous lire, j'avais bien compris que vous n'étiez que rarement impliqué dans un mouvement social, ce qui sans doute explique chez vous la conviction que "Lorsque le Premier ministre évoque l'importance du dialogue social et le fait que ce gouvernement a reçu plus que tout autre les syndicats, il a raison (...)."
Au contraire, bien au contraire, ce gouvernement plus que tout autre se démarque par son refus de la discussion, de la concertation, et par l'établissement quasi-systématique d'un rapport de force entre lui et les syndicats.
Regardez la Guadeloupe : aussitôt un accord est-il conclu qu'Yves Jégo est rapatrié, séance tenante, avant qu'une longue contestation, qui s'annonçait de plus en plus radicale, ne fasse changer d'avis le gouvernement.
Regardez les enseignants-chercheurs : 10 semaines maintenant qu'ils sont en grève, qu'ils multiplient les actions et qu'ils tentent d'être entendus par les pouvoirs publics, sans aucun autre effet que des mascarades de dialogues, ou aucune négociation n'est possible.
Regardez les lycées et vous verrez qu'il s'y passe la même chose : la masterisation, la réforme des programmes, sont instaurées sans aucune discussion avec les principaux concernés.
Regardez la loi "Création et Internet", pour laquelle Christine Albanel ne trouve aucun autre soutien que les majors : ne sera-t-il pas repassé aux voix, alors que les députés de la majorité ont clairement exprimé leur désaccord avec ce projet de loi, par des amendements d'abord, par l'abstention ensuite ?
Regardez même le traité européen : y a-t-il du dialogue quand le gouvernement décide d'imposer au peuple une loi qu'il a refusée, sans autre forme de procès ?
Et si j'étais compétent pour en parler, je glisserais également deux-trois mots sur la justice, la police, l'armée, ou la santé... Qui peut dire que la négociation est le maître mot de ce gouvernement ?
Les ouvriers ressentent la même chose. Comment peut-il y avoir négociation quand les promesses du président sont trahies sans remords ? Comment dialoguer quand on sait que notre interlocuteur a menti, à de nombreuses reprises, aux marins-pêcheurs ou aux ouvriers de Gandrange ?
Bien sûr que notre démocratie a un problème, Monsieur Bilger. Mais en imputer la faute à des ouvriers qui s'excitent face à un gouvernement empli de bonne foi me semble manquer de subtilité.
"La démocratie ne se définit pas par le moyen d'obtention du pouvoir, mais par le contrôle des gouvernants par les gouvernés."
A méditer, non ?
Rédigé par : El Charpi | 25 avril 2009 à 15:35
Maintenant je comprends mieux Villepin... Que si mettons allons on lui demandait du pied du coude de loin de près gentiment ronds de jambes et affectueusement supplication saint-Dominique ayez pitié de nous sauvez nos enfants et la patrie, il se présenterait à la présidentielle... Son discours insidieusement alarmiste s'inscrit effectivement dans cette stratégie : la Révolution, oui, mais n'ayez crainte je suis là, enfin si vous le voulez bien, autrement gare à vous chaos tueries et pire encore lanternes vos gosses pendus là par les chevilles et saignés à blanc vous-mêmes découpés en rondelles les plus gros et gras comme en Vendée 1792 fumés au charbon de bois et récupération des graisses fondues...
Minable attitude! Qu'il commence déjà par se faire élire à l'amicale de son quartier... Ce sera déjà beaucoup.
Une pensée me vient soudain à l'esprit, je veux la dire : il est plus facile de tuer que de laisser vivre... En toute chose.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 25 avril 2009 à 12:32
Il est plus facile de faire une image au 20h que de se plonger dans la complexité d'un dossier, la réalité d'une économie locale, la difficulté d'appliquer, de comprendre ou de "vendre" une loi, un plan.
Cette société des médias effectivement ne m'intéresse pas, et me fâche.
La démagogie de certains ici ne supprimera pas la victoire démocratique du président de la République.
Cela restera, que vous le vouliez ou non SON quinquennat.
Le simple fait d'encore devoir en discuter montre bien le niveau masturbateur de vos (D)ébats. Faites-vous plaisir. Il n'y a pas de mal.
Mais cessez de vous prendre au sérieux.
Rédigé par : jpledun@ | 25 avril 2009 à 12:18
J'ai beaucoup de mal à comprendre la position de D. de Villepin évoquant la révolution à propos des actualités sociales.
Car enfin des outils industriels, des secteurs entiers de "l'économie réelle" ont sombré depuis près de trente ans. Avec des politiques qui s'obstinaient à ne rien vouloir avoir à faire avec les règles simples de l'économie.
Je pense que le discours qui n'est plus tenable de la part des politiques est l'évitement des réalités et des conséquences, bonnes et mauvaises, d'une économie mondialisée depuis longtemps.
Et puis comme cela a été dit dans les commentaires. Quelle est la part entre casser parce qu'il y a de la désespérance et casser parce que la télé est là pour montrer "la révolution" aux JT du 20 heures ?
"Un monde déteste l'autre et leur communication est rompue" écrivez-vous.
Je me demande si la stratégie n'est pas tout simplement de ne fabriquer à tout prix que de l'événementiel imagé et spectaculaire.
Au fond, ce qui semble prévaloir à tout prix aujourd'hui dans le politique au sens général et dégradé, c'est une mise en images pour une diffusion optimale au 20 heures. Non ?
Comme construction d'un dialogue social, on peut tout de même espérer mieux que l'arbitrage de la télé. Vous ne pensez pas ?
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 25 avril 2009 à 07:53
N'ayons pas la mémoire courte et souvenons-nous du saccage du ministère de Dominique Voynet par le syndicat de droite : la FNSEA.
Saccager un ministère c'est plus grave que de saccager une sous-préfecture.
Ce qu'il y a de plus grave c'est que ce syndicat de droite avait prémédité son vandalisme (pour démolir le gouvernement de gauche) alors que dans la sous-préfecture, les ouvriers ont agi sur l'instant en entendant la décision au téléphone.
La préméditation est plus condamnable que la simple altération passagère de son esprit cartésien et de sa conscience.
Quand Sarkozy casse tout le mobilier de l'Elysée parce que Rama Yade lui a dit non, quand il brûle les livres de la bibliothèque du palais pour se chauffer, quand Carla nous saccage les oreilles avec son bruit musical, combien ça nous coûte à nous citoyens français ?
Et puis que se serait-il passé si Dominique Voynet avait été capturée par les laquais de la droite ?
Elle aurait sûrement été brutalisée comme savent si bien le faire les hordes néo-fascistes.
Rédigé par : Têtuniçois | 24 avril 2009 à 22:11
@ Alex Paulista,
Vous vous leurrez vraiment dans l'attente du grand soir, bien entendu, le contexte aidant, les mouvements sociaux iront croissant quantitativement et formellement, c'est à craindre. Une révolution c'est autre chose, et très franchement, je le réitère, je ne crois nullement à cette perspective et c'est heureux. La révolution ce n'est pas la fête, c'est le chaos, l'arbitraire, la guerre civile. Je maintiens que sans véritable leader, sans théoricien, il n'y a pas de révolution possible.L'échec politique de mai 68 s'explique avant tout par l'impossibilité de fédérer à la fois gauchistes, communistes, ouvriers, étudiants, maoïstes, que sais-je encore. Il ne s'agissait pas de prémices d'une révolution, mais d'un "bordel" cacophonique, une "chienlit" comme le disait alors le Général. Une révolution présuppose une certaine philosophie de l'histoire, le marxisme en fût une, ou encore l'aspiration d'une classe sociale à en remplacer une autre, ce fût le cas de la bourgeoisie qui avec 1789 se substitue à l'aristocratie. Je ne vois rien aujourd'hui qui aille en ce sens.
Rédigé par : Ludovic | 24 avril 2009 à 22:09
@Aïssa
Et Ypérite, si l'on tient à l'orthographe. Hypérite serait plutôt une forme de maladie imputée par la gauche à Nicolas Sarkozy.
A mon avis, M. Bilger, on peut envisager les séquestrations et les saccages comme une extension de la négociation sociale. Celle-ci est un rapport de force qui se fait en dernier ressort par média interposé, et la visibilité médiatique impose des actions d'éclat. Ce petit jeu est parfaitement intégré par les manifestants : il s'agit bien plus d'interpeller l'opinion que d'en découdre réellement avec l'ordre (la même logique est à l'oeuvre dans le terrorisme).
Si le gouvernement (ou le pouvoir judiciaire) souhaitent exclure ces moyens régressifs et illégaux du champ de la négociation, il leur suffit de sévir un peu mais pas trop, et surtout d'arrêter de récompenser les contrevenants avec un maternalisme gnangnan et des subventions.
J'ai bien peur qu'un tel changement ne soit pas pour demain.
Rédigé par : Gaétan B. | 24 avril 2009 à 21:36
Pendant sa campagne des Présidentielles, Nicolas Sarkozy avait engagé un débat sur le caractère français face à la dette, au monde qui avance, à la réforme, etc, mais avait habilement jalonné ce questionnement par une formule de politique: "Il ne s'agit pas de changer ce que nous sommes mais ce que nous faisons", avait-il dit en substance.
J'avais admiré, entre guillemets, ce sens dialectique.
Depuis 1995-1996, et ses si fameux "mouvements" sociaux -Tous ensemble, tous ensemble -, je considère notre démocratie comme une caricature d'elle-même, hypertrophiée, irréaliste, idéologique, irrationnelle...
Je sais notre hôte "amoureux" de la démocratie et je l'envie de conserver cette sorte de feu sacré... Mais c'est l'observer, la nourrir et l'attendre en idéaliste, alors qu'elle est à l'image des atavismes politiques originels.
Je pense que la France devra un jour les dépasser.
Pour tout dire, je pense qu'à la faveur de la révision constitutionnelle, il aurait été pertinent d'aborder la proclamation de la République Française comme une république "sociale". Cette affirmation m'a toujours semblé inquiétante et aussi contestable objectivement que l'affirmation d'une République islamique, une démocratie populaire, etc.
La République est la République.
La loi est la loi.
Par ailleurs, cette violence sociale, légitimée moralement par la gauche - ce en quoi elle a un problème existentiel avec la République - me gêne aussi par l'abandon de dignité qu'elle entraîne et à propos duquel, médiatiquement, on laisse à nos compatriotes l'illusion d'une légitimité.
Cette légitimité n'existe pas.
C'est peut-être une des raisons pour lesquels notre nation ne fait plus rêver à l'étranger et cette "singularité" de nation politique dont beaucoup s'enorgueillissent vaudra peu lorsqu'il s'agira pour nos enfants et petits-enfants d'éponger les dettes sociales et publiques que nous avons - tous ensemble - laissé filer.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 24 avril 2009 à 20:41
Belle écriture, comme d'habitude, cher Aïssa Lacheb-Boukachache.
Rédigé par : Laurent Dingli | 24 avril 2009 à 20:27
Dans mon dernier commentaire : lire évidemment acabit, et non pas "accabit"
Rédigé par : Laurent Dingli | 24 avril 2009 à 20:09
De Révolution, il n'y en aura pas, cher Laurent Dingli car il ne s'agit pas tant de détruire un système pour un autre -d'ailleurs lequel, ce dernier?- que d'obliger celui-ci à ses devoirs et sa responsabilité. C'est tout le fond du problème actuel. Comment contraindre les tenants des Pouvoirs (politique, économique, social, judiciaire ...) de ne pas trahir ni obérer leur mission sacrée qui n'est rien moins que le maintien de la cohésion sociale dans le plus d'équité possible?
Quant aux deux exemples auxquels vous me renvoyez, je n'accuse ni l'une parce qu'elle serait riche et présidente du Patronat ni ne défends l'autre car elle viendrait d'un milieu modeste qui plus est immigré, ce serait trop facile ...
Sans transition
Cher PB, comme je devine que les armes sont fourbies, les canons graissés, les munitions prêtes, les hommes prêts à sortir de leurs tranchées pour l'assaut final et vous estourbir pour de bon, rapport à la réprimande du CSM donnée comme on donne une légère fessée à ce votre cauchemar judiciaire Fabrice Burgaud, je vous promets quant à moi de ne point vous envoyer ni schrapnel ni obus de 75 ni encore moins du 210 ou pire du 420, de n'user ni de l'hypérite ni d'aucune autre substance chimique contre vous, de ne vous attaquer ni par air ni sous terre minant votre cagna où je vous sais méfiant et attentif ... Sur ce coup, je serai seigneur et, vous sentant seul, isolé et en grande faiblesse, je n'en profiterai pas à l'instar d'autres qui déjà vous bombardent de loin, je l'entends ... Hé hé!
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 24 avril 2009 à 19:28
"Le recours à la justice dans une démocratie me semble la sagesse même" dites-vous. J'en suis d'accord, à condition que la justice soit sage et responsable.
La décision du CSM de ce jour à propos des retombées d'Outreau laisse sans voix et sans espoir.
Je souhaite qu'une révolution soit évitée qui balaierait toute cette inconvenance.
Rédigé par : mike | 24 avril 2009 à 17:10
@Alexandre
Alexandre, arrêtez de vous cacher derrière votre nez de Paulista. Votre haine pour Sarko et vos arguments (toujours les mêmes) vous ont confondus.
Hypocrite un jour hypocrite toujours.
Et vous voulez nous faire la morale ?
Rédigé par : jpledun@ | 24 avril 2009 à 16:55
Cher Monsieur l'avocat Général,
Il est très difficile de reconnaître dans ce tumulte médiatique ce qui est le germe ou non d'une révolution.
Il est vrai qu'à chaque mouvement social important (en 1986, en 1995 entre autres) on nous prédit (les médias et les syndicats) qu'il va y avoir un nouveau "mai 68", une révolution du même acabit que celle de 1789.
C'est à croire qu'on en rêvait ! Qu'on n'attendait plus que cela, que le peuple reprenne le pouvoir...
Cela tient peut-être au fait que les acteurs de la politique et les médias, les uns impulsant un souffle de colère et d'opposition, les autres amplifiant, déformant parfois l'actualité, les informations. De cette union particulière naît un surenchérissement de l'émotion que le citoyen subit.
Si bien qu'aujourd'hui, dans un contexte tel que nous le connaissons et subissons, change "la donne".
En effet, les individus démontrent leur indignation, leur colère avec force et même physiquement, car le citoyen pris pour plus bête qu'il n'est se rebelle d'avoir subi ce qu'il considère comme injuste. Mais il est évident que les citoyens qui commettent des débordements, ne les font que pour démontrer qu'ils existent et qu'ils n'ont plus rien à perdre, et que, leur dignité perdue, ils sont prêts à tout pour la récupérer.
Enfin, il faut bien admettre qu'entre les livres relatant la révolution française, la pratique du pouvoir par M. Nicolas Sarkozy rappelant celle d'un monarque par une certaine catégorie de la population et toutes les allusions permanentes à la révolution française influencent énormément les citoyens. Du coup, aujourd'hui plus qu'hier, la société se reconnaît non plus en temps actuels mais dans les temps jadis en mettant en parallèle la situation économique, politique et sociale de 1789 et celle actuelle avec beaucoup d'amalgames et en prétextant que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Personnellement, je crois qu'à trop jouer, les acteurs de la politiques et les médias commettent une énorme erreur en agitant des chiffons rouges de colère qui se retourneront contre eux car nous ne nous croyons pas plus civilisés que les citoyens de 1789 ; la dignité, l'honneur et l'estime des autres et de soi sont des choses qui justifient la colère et qui n'ont pas de siècle.
Rédigé par : David Todaro | 24 avril 2009 à 13:57
Aïssa Lacheb-Boukachache,
Qu'allez-vous chercher ? "Accusation", "coupable". N'aviez-vous pas trouvé juste toutes ces prophéties révolutionnaires, ne l'aviez-vous pas écrit à diverses reprises ? J'ai seulement rappelé vos propres termes. Il n'y a là ni accusation, ni culpabilité. Détendez-vous donc un peu.
Sans transition itou :
Je vous rappelle aussi, cher gentilhomme, que vous vous étiez imaginé Laurence Parisot (ou quelque riche de son acabit) pendue à la lanterne avec des billets de banque enfoncés dans la bouche. Même de manière cynique, il y a tout de même plus élégant que cette incantation à l'ironie douteuse.
Je me permettrai donc de ne pas retenir votre remarque concernant la critique que j'ai formulée à l'égard du garde des Sceaux. Je me suis suffisamment gaussé de S. Royal et de F. Bayrou pour ne pas accorder un régime de faveur à R. Dati.
Et oui, je crois que la politique est une chose sérieuse, qu'à l'heure d'une crise mondiale, au moment où tant de gens désespèrent et remettent même en cause nos institutions, ce genre de bouffonneries est du plus mauvais goût.
C'était pour rire, nous disent en choeur, Rachida Dati et Michel Barnier, avec en prime la petite colère un peu théâtrale de Xavier Bertrand en fond de toile (ou de commerce). Cela ne m'impressionne pas et, pour une fois, je suis d'accord avec le parti socialiste.
Je vous connais suffisamment, Aïssa, pour ne pas croire que vous vouez Laurence Parisot à la lanterne (pour rire !), parce qu'elle a la double tare d'être riche et présidente du MEDEF, et que vous vous offusquez des critiques adressées à Rachida Dati parce qu'elle est d'origine marocaine et issue d'un milieu modeste.
Alors sans rancune, cher gentilhomme.
Rédigé par : Laurent Dingli | 24 avril 2009 à 10:56
"Le dialogue social existe peut-être avec des syndicats qui pèsent peu et ne représentent guère"
Certes. Mais l'antisyndicalisme pratiqué par nombre de patrons n'aide pas non plus. Aidé en cela par le faible nombre de condamnations de patrons voyous.
Les parquets semblent plutôt timides à poursuivre les employeurs délinquants.
"Pourquoi pas en 1792, avec la mise à sac des Tuileries racontée par les historiens ? Jamais autant qu'au cours de cette vision - anéantissement des choses quasiment en direct !-, je n'ai éprouvé la sensation non pas de l'impuissance du politique mais de sa totale inadaptation au surgissement sombre et violent des profondeurs sociales et collectives."
Je me laisse à imaginer que si le peuple se comporte comme cela, c'est qu'il a pris une part d'exemple sur les corps intermédiaires et nos élites, qui se comportent avec leur environnement social de manière étrange. Certes, de manière différente sur la forme, mais peut-être plus sur le fond.
Le poisson pourrit toujours par la tête.
Rédigé par : didier Schneider | 24 avril 2009 à 08:14
Très bel article, Monsieur Bilger, vous m'avez inspiré.
Je vous ai repris un passage dans le dernier billet de mon Blog, car votre position finale est très ressemblante aux craintes d'un professeur d'Harvard, de voir s'installer une guerre froide entre puissants et non-puissants dans les nations développées suite à cette crise économique.
Si je vous ai trahi sur votre pensée, dites-le moi, j'opèrerai la correction.
Bien à vous,
Thierry
Rédigé par : thierryl | 24 avril 2009 à 07:12
Cher Philippe,
Permettez que je vous appelle ainsi... En revenant d'un rendez-vous où j'avais eu un entretien avec une famille complètement anomique, n'ayant pour support de son analyse que des formules alimentées par les "guignols de l'info", les "grosses têtes" et autres émissions du même niveau intellectuel, dont les effets comico-approximatifs n'ont d'autres visées que les zygomatiques du citoyen lambda, ou son appendice sexuel, j'ai voulu écouter les infos sur la première radio de France (luxembourgeoise). Là, surprise, j'ai entendu une voix au phrasé reconnaissable entre mille, je me suis dit mais qu'est-ce qu'il f… là en si piètre compagnie, quelle mouche l'a piqué ? aurait-il lui aussi été victime d'un microbe médiaticoradiotélévisuel pour se commettre ainsi en si piètre compagnie ?
Ne me dites pas que c'est sur les conseils à visée mercantile de votre éditeur...
Puis je lis votre billet et là… je ne peux que réagir…
Que DdeV oracle de mauvais augure prédise une révolution, ne m'inquiète guère, si révolution il doit y avoir, révolution il y aura, et il n'y sera pas pour grand-chose, il n'est qu'une petite roue dans un gros engrenage.
La société à laquelle j'appartiens se reconnaît, mais se sont ses élites intellectuelles, morales, sociales, culturelles, politiques qu'elle ne reconnaît plus.
Elles ne sont plus ses repères, elles ne servent plus de balises ou de garde-fou. Oui je sais les repères ont disparu, mais la faute à qui ? à un laissez-aller ? à une dérive insidieuse qui lentement a orienté la société vers d'autres valeurs, d'autres repères ?
Je le crains, quand je vois, j'entends des hommes d'Etat se tromper au point de confondre la cause avec l'effet et tout mettre en œuvre pour supprimer l'effet derrière un écran de fumée, je me dis, révolution il va y avoir…
Pourquoi ? Tout simplement parce que la société a besoin de Justice (avec un J majuscule), et qu'à défaut de pouvoir lui assurer sa sécurité, le respect de ses droits et les moyens de ses devoirs, on confond Justice avec code pénal.
En effet quand vous dites "Le recours à la justice, dans une démocratie, me semble la sagesse", je n'ai lu dans ce qui a précédé que textes de loi, articles du code, mesures de sécurité et action de police.
La Justice que reconnaîtrait la société, serait tout d'abord équitable, impartiale, et surtout, surtout, surtout "humaine".
Désolé je ne vois rien de l'ordre de l'humain dans les discours sécuritaires actuels.
Non ! je n'excuse pas les violences, ni ne leur trouve de circonstances atténuantes, mais la Justice que reconnaîtrait la société dans laquelle je vis, refuserait la violence non seulement dans ses effets, mais dans ses causes et mettrait tout en œuvre pour qu'elles tarissent.
Je prendrai un tout petit exemple qui, lorsque je l'ai entendu m'a fait m'écrier "ho le con" tellement j'ai été choqué. Bien sûr l'expression ne s'adressait pas à l'homme lui-même, mais à la situation.
Il y a peu, dans une émission tardive traitant du mensonge, j'ai entendu M. Charasse (celui de Mitterrand) dire qu'il y avait des mensonges d'Etat. Et d'expliquer que lorsqu'il était à Bercy, il lui arrivait, alors qu'on lui remettait les chiffres assez catastrophiques des indices économiques, de dénaturer la vérité et d'annoncer autre chose avec un autre langage. Avec comme excuse (je cite de mémoire) : "auriez-vous voulu qu'on aggrave la situation en faisant reculer la bourse et augmenter le nombre des chômeurs avec les vrais chiffres ?" et là mon expression "ho le con" a fusée… et j'ai rajouté : "et t'es content de toi de toi en plus… maintenant à force d'avoir caché la vérité on se retrouve avec une crise mondiale. Au lieu d'avoir eu un petit choc à l'époque, on a une grosse claque aujourd'hui, et ce que tu ne voulais pas hier est encore pire aujourd'hui…"
Mon fils qui fait un peu d'économie au lycée m'a dit "tu as raison papa, j'avais pas vu ça comme ça", et je lui ai dit," non ce n'est pas moi qui ai raison, c'est eux qui ont tort. C'est le résultat de l'incurie de ceux qui ont préféré le mensonge à la vérité".
Et quand je vois, j'entends que ce sont les guignols de l'info ou les grosses têtes qui alimentent en formules l'analyse des citoyens que j'ai rencontrés cet après-midi, je me dis "la révolution arrive", parce que la sagesse et la vérité n'ont plus de droit dans la cité et que la Justice ne se résume qu'à des mesures qui ne prennent pas en compte l'humain. La révolution arrive parce que l'iniquité du plus grand nombre est en train de s'accroître.
Cordialement avec un optimisme en béton armé.
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 23 avril 2009 à 23:41
@ Ludovic
Au Mexique.
Il en revient.
Rédigé par : Fleuryval | 23 avril 2009 à 22:58
Laurent Dingli, ne m'accusez pas, je vous prie, de ce dont je ne suis pas coupable … En d'autres termes, vous me lisez mal, encore une fois. Je n'ai fait que citer D.de Villepin (révolution) et F.Chérèque (insurrection) puis j'ai interrogé PB quant à cela. PB ne répond pas mais il commet une lettre, matière à moudre cependant mais que cela se fasse intelligemment et de manière responsable. Relisez ce que j'écris: Un changement de mentalité. C'est de cela dont il s'agit et dont nous autres français n'avons que difficilement l'habitude. Puis, je vais vous dire: ce n'est pas tant ce que je pourrais quant à moi conditionnellement avancer, révolution insurrection n'importe, qui compterait et l'emporterait -pourrait l'emporter-, loin de là, que ces mêmes mots dans la bouche de responsables politiques et syndicaux de premier plan … Ainsi, la population -cette population laissée sur le carreau économique-, entendant et interprétant ces termes par ceux-là plus que crédibles et au fait des choses, se sentirait alors plus que jamais justifiée voire approuvée dans ses actions et les poursuivrait jusqu'au pire peut-être, que cela nous plaise, vous et moi, ou non.
Sans transition
Vous êtes sévère et injuste avec Rachida Dati … Laissez-la cafouiller et ignorer ces dossiers en paix, elle aura bientôt toute une législature européenne pour les apprendre à fond et les exposer comme vous n'osez l'imaginer. D'autres avant elle ont été pire en ces choses publiques; d'autres le seront encore n'en doutez pas … Que croyez-vous? Si je me présentais demain, ou vous, à une élection quelconque et que nous soyons élus, est-ce que nous connaîtrions d'avance tous les dossiers dont nous aurions à traiter?... Elle ne sait pas … Et alors?! Elle fera comme tous les autres: elle apprendra. Sur ce coup comme le précédent, vous n'êtes pas gentilhomme … Mais va, comme disait si bien ce cher Sbriglia paraphrasant un grand auteur: Je ne te hais point … :)
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 23 avril 2009 à 21:45
Comme le souligne le commentateur (la commentatrice ?) coco, le problème de ce président malgré ses 53% est qu'il divise profondément la France en deux. Il a ses clients, les mollement convaincus et ceux qui le détestent (pour des raisons différentes). Ces derniers, ajoutés à ceux qui viennent à subir une situation économique désespérée et espéraient du pouvoir d'achat, sont beaucoup plus nombreux que par le passé sous d'autres présidents de gauche ou de droite.
La situation est explosive. Je ne sais pas si le terme révolution est approprié, possible que la médiatisation confère aux événements une dimension faussement nouvelle.
Attention aux révolutions ratées, elles se payent cher en dictatures moins ratées, dans le monde entier.
En tout cas, je vous prédis que 2012 ne sera pas une bonne année pour Sarkozy. Je ne suis même pas sûr qu'il se représentera, car le bonhomme doit ressentir toute la haine accumulée contre lui.
Quant à l'argument de Ludovic comme quoi il n'y aurait pas de leader, je crois qu'il est mauvais. Les "événements" sont souvent l'occasion de voir surgir des leaders très rapidement.
Rédigé par : Alex paulista | 23 avril 2009 à 21:22
Bonjour M. Bilger,
A l'instar de mon éminent confrère Laurent Dingli, dont j'approuve mot pour mot le commentaire, je ne crois vraiment pas que nous soyons à la veille d'une révolution.
Il n'y a en effet rien de nouveau dans les formes de contestation sociale. Les occupations d'usines, la séquestration des patrons, tout cela est très classique.
Je me souviens dans ma jeunesse, j'habitais alors près de Longwy, des émeutes ouvrières lors de la crise de la sidérurgie entre 1982 et 1985. Les nuits étaient alors émaillées d'affrontements très violents entre ouvriers et CRS, des kilomètres de rouleaux de feuillard obstruaient les axes routiers, le Trésor public avait été incendié et la Banque de France prise d'assaut. Le désespoir des sidérurgistes d'alors valait bien celui des salariés de Continental aujourd'hui, il se manifestait de façon bien plus violente encore. Vous me rétorquerez que le contexte était différent, l'effondrement d'une mono-industrie n'affectant pas le pays dans son ensemble.
Bien que les crises économiques favorisent les révolutions, je ne crois sincèrement pas que les citoyens français dans leur immense majorité soient prêts à accepter une révolution. Des émeutes certes, le saccage de l'Elysée comme celui du château de Versailles en 1792, certainement pas.
Et puis une révolution ne se fait pas sans leader, j'imagine mal Besancenot dans le rôle de Robespierre ou de Lénine, et ce ne sont pas les socialistes, Bayrou et encore moins de Villepin qui s'érigeront en révolutionnaires.
Qu'il faille craindre une multiplication d'actes certes répréhensibles mais que le désespoir et la colère de ceux qui ont tout perdu permettent de comprendre (à défaut d'approuver) c'est probable. Peut-être aurons-nous des événements comparables à ceux de mai 68, je doute fort que la contestation aille plus loin. A défaut de Baden-Baden, où diable Sarkozy va-t-il trouver refuge et conseil ?
Rédigé par : Ludovic | 23 avril 2009 à 19:18
Je suis pleinement d'accord avec la fin de cette note.
En revanche quand vous dites que "l'on attend même plus d'avoir épuisé tout ce qui pourrait ressembler au langage naturel d'une démocratie" je ne suis que partiellement d'accord. Car dans les cas que vous citez, notamment pour Continental, le dialogue est impossible puisque le patron est inaccessible. Le partenaire social apte au dialogue n'existe plus. Cette absence de possibilité de dialogue est à mon sens une raison majeure de ce recours immédiat à la violence.
Rédigé par : Mandet | 23 avril 2009 à 17:47
M. de Villepin est irresponsable en jouant les pompiers pyromanes et Mme du POITOU ne conforte pas son image tant cultivée de madone en déversant de l'huile sur le feu en feignant d'oindre les blessures.
On s'interroge devant un pays arc-bouté dans la négation à côté d'une Amérique unie dans l'épreuve autour de son président.
La France ne mérite pas cela.
Rédigé par : coco | 23 avril 2009 à 17:46
Loin de moi, cher Philippe, la volonté de minimiser cette détresse sociale, mais je ne crois nullement qu'elle débouchera sur une révolution comme nous le prédit, pour des raisons sans doute tactiques, Dominique de Villepin.
Les saccages ? Rien de nouveau. Faut-il vous rappeler les régulières prouesses des agriculteurs et des pêcheurs en colère ? Faut-il vous rappeler ces actions qui allèrent jusqu'à mettre à sac le bureau d'une ministre de la République (Dominique Voynet) en pleine période de croissance et de gouvernement socialiste ; la menace de polluer une rivière par des salariés en colère, etc., etc.
La séquestration des patrons ? L'un de mes meilleurs amis, ouvrier et ancien communiste, membre de la CGT, a lui-même séquestré un grand patron... dans les années 70 ! Aujourd'hui, il raconte cela comme un fait d'armes de jeunesse. Rien de nouveau non plus de ce côté.
En vérité, rarement la situation aura été apaisée en France, sur les plans politique et social, de la Révolution à mai 68 en passant par la Commune ou les grandes grèves insurrectionnelles de 1947.
La situation est tendue ; elle nécessite beaucoup de vigilance ; mais elle requiert aussi du sang-froid. C'est pourquoi, plus qu'à d'autres moments encore, les détenteurs d'un pouvoir, qu'il soit médiatique, politique ou financier, doivent donner l'exemple (Cf le cas de Dexia et de Libération cité dans un autre post).
Encore une fois je ne veux pas minimiser ce désespoir, je sais à quel point il est réel, mais je suis persuadé que, s'il peut prendre des formes de plus en plus graves, ce ne sera sans doute pas celle d'une révolution, n'en déplaise à Dominique de Villepin ou à notre cher A. Lacheb-Boukachache.
Rédigé par : Laurent Dingli | 23 avril 2009 à 15:43
"Le désespoir social s'en donne à coeur joie". Bel oxymore!
Rédigé par : Fleuryval | 23 avril 2009 à 15:11