L'Express était trop tentant avec son titre choc : Sarkozy-Main basse sur la justice. On allait lire ce qu'on allait lire ! On a lu. C'est du vitriol doux. C'est, derrière l'apparence, beaucoup de complaisance avec une sélection des "Hommes du Président" qui va plus rassurer ceux-ci que les inquiéter. Il me semble d'ailleurs singulier de mettre sur le même plan, par exemple, Jean-Claude Magendie qui agit publiquement, sous le contrôle médiatique, et Yves Bot, Patrick Ouart, personnalités d'influence mais ravies d'apparaître ostensiblement pour des importants de l'ombre. Où se trouvent par ailleurs dans ce tableau de voisinage présidentiel Gilbert Azibert et Jean-Claude Marin ?
Tout, pourtant, n'est pas à rejeter dans cette analyse qui s'affiche critique même si, au reste, elle n'apprend rien et recycle du déjà connu. Il me semble qu'elle opère une confusion entre d'une part les annonces du chef de l'Etat et les réformes envisagées et d'autre part, un certain ton, une familiarité et une proximité présidentielles, une atmosphère qui ne situe pas forcément Nicolas Sarkozy au-dessus de la justice mais à l'intérieur de celle-ci, non plus comme un arbitre mais comme un acteur qui, là pas plus qu'ailleurs, ne peut se résoudre à demeurer impartial et désengagé, quel que soit son statut théorique.
Sur le premier plan, on ne peut évoquer "main basse sur la justice" au prétexte, par exemple, que la suppression du juge d'instruction vivement recommandée a été avalisée par le Comité Léger et qu'on met notre espoir dans la fronde d'une centaine de députés du parti majoritaire pour qu'au moins le débat se poursuive. Une politique de la justice peut être contestable et contestée sans qu'on tombe forcément dans une justice politique. Tout ce qui se déroule sous le ciel de la démocratie, sans être récupéré par les officines du pouvoir, ne saurait être qualifié d'offense à l'encontre de l'Etat de droit de la part du président puisque rien n'interdira aux magistrats du Parquet, s'ils le souhaitent, de tirer la réforme, même limitée, dans le bon sens. Eva Joly, évidemment, ne laisse même pas une chance à l'avenir. Il y a des certitudes contre lesquelles on a le droit de se battre à visage découvert ou qui peuvent être approuvées de manière transparente. Elles ne sont pas en elles-mêmes porteuses de mauvaise foi.
Il y a les certitudes mais aussi les soupçons. C'est ce second plan qui nourrit les controverses et crée un état intermédiaire entre une justice à l'évidence exemplaire et une institution totalement aux ordres. Le magistrat que je suis n'en sait pas plus long, au sujet de cette zone imprécise propice aux fantasmes et aux procès en partialité politique, que le citoyen éclairé. J'espère que rien de ce qu'on ose supputer au pire n'est exact. Je veux croire que les affaires les plus sensibles sont traitées de manière ordinaire, dans la bonne acception de l'expression. Je ne suis pas naïf mais je ne pousse pas tout au noir par masochisme. Dominique de Villepin est-il renvoyé devant le tribunal correctionnel seulement à cause d'une ardente obligation juridique ? Le procureur de Paris qui change d'avis en trois semaines le fait-il parce qu'il est heureusement intelligent et mobile ou seulement pour complaire ? Est-il exact qu'on désire à toute force sauver Julien Dray, un socialiste auquel le pouvoir, paraît-il, veut du bien ? L'appel interjeté concernant les trois présidents africains était-il motivé par un désir de rectitude judiciaire ou par souci de leur sauvegarde ? Rachida Dati est-elle, en effet, préoccupée par le sort de Christophe de Margerie (nouvelobs.com) ? Pour résumer, l'Etat de droit, dans les affaires qui de près ou de loin intéressent le pouvoir, est-il déjà une nostalgie ou encore une exigence ? Contrairement à tant d'autres dont le pessimisme est sûr et certain, je m'interroge. Le pire, c'est qu'au sujet de ces questions centrales pour une démocratie judiciaire de qualité, je ne pourrai jamais avoir une réponse claire.
Le coeur du reportage de L'Express m'inquiète précisément à cause de cela, de cette justice qu'on devine dans les marges, dans les coulisses, de ces influences occultes, de cet officieux qui vient réduire à rien les processus qu'un débat public, contradictoire et réellement libre sublimerait, de ces coups fourrés qu'on pressent, de ces ententes clandestines mais redoutablement efficaces qu'on devine, de ces camarillas. J'ai toujours détesté, qu'elles soient judiciaires ou non, les coteries, celles du pouvoir comme les autres. Ce qu'on confisque est pris à la République. J'éprouve le sentiment très désagréable parfois, que magistrat et citoyen, je prends la justice officielle et publique au sérieux alors qu'elle est gouvernée en douce, au regard de considérations qui n'auraient rien à voir avec les miennes.
Le pouvoir mais aussi la peur. J'ose dire que cette oscillation de la magistrature entre une révérence et une courtisanerie que je récuse et une peur du dialogue et de la contradiction que je mesure chaque jour, est à la fois décevante et cohérente. Qui cède au pouvoir abuse du sien propre et s'enferme dans une autarcie où il sera assuré d'avoir raison. Un exemple m'a été rapporté qui est très significatif du fait que nous continuons à choisir nos interlocuteurs, à aspirer à des formations indolores et tranquilles et à nous persuader que nous sommes les meilleurs puisque nous n'affrontons que nous-mêmes. J'ai appris que, dans le cadre d'une formation pour les futurs présidents d'assises, Me Dupond-Moretti avait été convié à l'Ecole nationale de la magistrature, le 9 juin, pour exposer son point de vue de grand avocat sur cet univers qu'il connaît à son niveau mieux que beaucoup d'autres. Avoir recours à lui aurait stimulé, instruit, désorienté, hérissé même. Une expérience passionnante, donc. Cette invitation vient d'être annulée comme si ce conseil avec lequel je me trouve en désaccord quasi constant mais vivifiant et nourri d'une forte estime, se trouvait sur une liste noire parce qu'il ne conviendrait pas au discours que la magistrature désire entendre sur elle-même. Si on ne désire entendre que des propos approbateurs à Bordeaux, on pourra fermer "la boutique" ! Je suis d'autant plus sensible à cette absurdité que l'ENM est dirigée aujourd'hui par Jean-François Thony, incapable d'un tel défaut de clairvoyance et d'intelligence, et que son prédécesseur Gilbert Azibert me jugeait également indésirable à Bordeaux ! Autre temps, mêmes moeurs apparemment ! Rien n'aurait été plus utile pourtant à nos collègues appelés à présider les assises qu'une confrontation avec une personnalité qui les aurait obligés à penser aussi contre eux-mêmes. Il n'est pas d'exercice plus salutaire, pour qui que ce soit.
La justice : entre peur et pouvoir. Le prochain garde des Sceaux, pour affronter le réel, pour dissiper le soupçon, pour chasser la crainte, devra avoir de l'énergie à revendre. Bon courage.
"Si le gouvernement a autorisé en 2005 la Cimade à témoigner de ce que techniquement l'étranger reconduit ne subit pas des coups ou autres sévices..."
Ben voilà ! Merci pour votre honnêteté.
Donc c'est le méchant ministre de l'Intérieur de cette époque qui a donné l'autorisation.
Pour le reste je suis d'accord avec vous.
Rédigé par : jpledun | 01 juin 2009 à 12:25
JP Ledun
Vous me voyez ravi de nous voir d'accord sur la décision de justice déboutant M. Besson.
Le service DER de la Cimade est la Défense des Étrangers Reconduits.
Si le gouvernement a autorisé en 2005 la Cimade à témoigner de ce que techniquement l'étranger reconduit ne subit pas des coups ou autres sévices, il faut remarquer que dans les centres de rétention administrative l'appel d'offre de M. Besson a supprimé de la mission l'aide juridique avant la décision d'expulsion en la remplaçant par une mission d'information.
Le stratagème est clair: on éloigne des associations compétentes capables d'aider les expulsables à faire valoir leurs droits, on leur baisse brutalement leur budget pour les faire mourir. D'un autre côté, on utilise un collectif fantôme comme Respect qui effectue depuis 2 ans des missions fictives (tellement fictives que cette association se targue d'aider les conseils généraux... à faire une mission réalisée par les Préfectures). Cela permet de détourner des millions d'euros vers des amis UMPs. Cette association n'a pas de locaux, prétend en regrouper d'autres qui demeurent introuvables. Quant à la compétence juridique, qu'ils n'ont pas de manière indéniable, qu'à cela ne tienne: le Ministre la remplace au dernier moment par une mission d'information (un prospectus en Français juridique distribué à l'arrivée).
Voilà ce que fait le gouvernement: empêcher la Cimade d'utiliser sa compétence pour défendre les étrangers qui auraient le droit de rester en France. Mais en même temps se servir de la réputation de sérieux de la Cimade comme alibi, les autorisant juste à valider les modalités d'expulsion une fois que la décision est irrévocable.
C'est comme ça qu'ils arrivent à expulser des conjoints de Français dont le mariage n'a jamais été contesté et qui justifient d'une longue communauté de vie, comme Hicham (cf lien dans mes commentaires antérieurs).
Contre la loi en la mettant devant le fait accompli, à l'image de Besson qui accorde le marché des CRA 3 jours avant le jugement sur la validité de l'appel d'offre.
Se servir des compétences d'opposants comme alibi en les empêchant d'agir sur le fond est aussi une pratique rodée à l'intérieur du gouvernement, c'est ce qu'ils appellent l'ouverture.
Quand l'État montre ouvertement qu'il se moque de la Loi, c'est le début de la fin. On commence à voir les oreilles du loup qui dépassent du chapeau.
Rédigé par : Alex paulista | 31 mai 2009 à 23:52
M. Reffait
Je ne comprends pas bien votre attaque.
Je ne me suis pas encore exprimé sur la décision de justice car je viens de la découvrir.
J'essaye simplement (et c'est la seule chose que j'ai écrite sur le sujet) de faire dire á Alex Paulista, qui a autorisé la présence de la Cimade dans les opérations de reconduites á la frontière ?...
La question vous dérange-t-elle ?
Maintenant sur la justice a bien fait de débouter Mr Besson. Il était carrément hors procédure (si j'ai bien compris)
Pas besoin d'un juge " gauchiste" pour cela. Un juge bien indépendant et non syndiqué me convient parfaitement.
Rassurer?
Rédigé par : jpledun | 31 mai 2009 à 19:44
Très juste, et très amusante petite démonstration Aïssa Lacheb-Boukachache,
J'approuve à 100%.
Pour autant - et cela ne remet pas en cause ce que vous dites - il existe de véritables abus causés par la mondialisation (qui par ailleurs a bien sûr de très nombreux avantages). Un seul exemple : les supermarchés sont remplis de pommes venues, non pas de cette bonne vieille Normandie, mais du Brésil, du Chili et de Nouvelle-Zélande par cargos frigorifiques. Malgré la distance, ils parviennent à vendre leurs fruits bien moins chers que ceux de Normandie ; peu importe l'empreinte écologique et la misère des agriculteurs qui produisent à perte et s'endettent : seul compte le prix dans cette logique purement financière et mercantile. (Les Français ne manquent pas d'alimenter la guerre des prix, quand celle-ci est à leur avantage).
Il suffirait pourtant de manger des fruits de saison qui sont produits dans la région.
Bon, je ferme la parenthèse, car je devine déjà le sourcil de Philippe en train de froncer.
Rédigé par : Laurent Dingli | 31 mai 2009 à 10:27
Et aussi j'ai oublié de dire.
Me Dupond-Moretti est refusé à l'ENM !
Alors quoi !
Ne me dites pas que les enseignants de l'ENM tremblent à l'idée que Me Dupond-Moretti puisse ENSEIGNER, lui, aux étudiants l'obligation de lire un dossier d'instruction et des expertises psychologiques, et le comment les lire et les analyser intellectuellement, et non seulement médiatiquement et politiquement.
Pourtant, là, EDM rendrait un fier service aux étudiants et à l'Institution judiciaire.
Vous ne pensez pas ?
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 31 mai 2009 à 09:39
"Contrairement à tant d'autres dont le pessimisme est sûr et certain, je m'interroge. Le pire, c'est qu'au sujet de ces questions centrales pour une démocratie judiciaire de qualité, je ne pourrai jamais avoir une réponse claire. "
Voilà, je pense, ce que le jeune Guile (un commentateur que nous lisons ici et ailleurs, ailleurs - chez Eolas -), ne supporte pas chez vous et qu'il nomme votre "servilité intellectuelle" vis-à-vis de Nicolas Sarkozy et de Rachida Dati.
Dans son esprit, le fait que vous vous interrogiez en live et à découvert, et que vous ne nous serviez pas d'un coup d'un seul, une logique du pire définitivement sûre, qui ne souffre aucune discussion quant à la relation Sarkozy / justice, marque de toute évidence, dans la tête de Guile, votre entière allégeance au pouvoir en place.
Alors on a envie de répondre à Guile que l'indépendance et le courage intellectuels sont d'abord et avant tout une vigilance et un combat contre soi. Qu'on perd, qu'on gagne, qu'on reperd, qu'on regagne. Inlassablement.
Et qu'il faut des années et des années de maturation, de pratique et d'expérience pour conquérir la liberté d'être soi.
Je peux me tromper. Mais je pense qu'il faut être sacrément jeune mec et dans le genre tête à claques comme le jeune Guile, pour ne douter de rien à ce point.
Juste un truc.
Les évocations dans L'Express des magistrats qui illustrent le propos de l'article qui, à la vérité, m'est tombé des yeux tellement cet article est ennuyeux à lire, eh bien je vous assure que ces évocations sont tellement communes et banales, qu'on n'arrive pas à savoir QUI sont ces gens dont on nous parle.
Ils restent pour le lecteur sans identité professionnelle judiciaire. Interchangeables, dans le plus petit dénominateur commun.
Vous, au moins, nous savons qui vous êtes et où vous vous situez.
C'est-à-dire, tel que vous êtes, tel que vous aimez, tel que vous détestez, tel ce que vous pensez.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 31 mai 2009 à 07:59
@Alex Paulista
Vous ne répondez pas á ma question alors je vais préciser.
Qui demande á la Cimade de faire rentrer ses pôles Enfermement-Eloignement dans les DER des aéroports par exemple ? (justement pour éviter les contestations)
Merci pour les liens et votre cours d'histoire, inutile en ce qui me concerne, mon grand-père est rentré du Stalag VIII-A de Görlitz par leurs soins (entre autres)...
Rédigé par : jpledun | 31 mai 2009 à 03:07
@Aissa
Bravo !
Sincèrement.
@Catherine Jacob
Aussi bravo ! Pour la main á la pâte et le savoir-faire (entre autres)
Sincèrement.
Rédigé par : jpledun | 31 mai 2009 à 02:52
JP Ledun ne manque pas d'air, assurément !
Ce que Vichy n'a pas osé faire, virer la Cimade, ce gouvernement le fait, et au profit de qui ? D'une officine de l'UMP, le Collectif Respect, qui n'a strictement aucune compétence dans le domaine des réfugiés ou sans papiers, dont les statuts on été modifiés en catastrophe en 2008 pour pouvoir s'aligner sur l'appel d'offres. Et quels CRA attribue-t-on à ce groupuscule présidentiel ? Les trois CRA d'Outre-Mer qui totalisent plus de la moitié des reconduites à la frontière !!
Nous sommes là dans le cynisme politicard le plus complet, la magouille des copains à ciel ouvert, l'éjection de tout point de vue critique. D'un bout à l'autre de la chaîne judiciaire, tout doit devenir strictement sarkozien. Et c'est là que j'ai un doute, un vrai gros doute sur la capacité du Parquet à tirer la justice vers le haut, comme le rêve Philippe. Ca n'est vraiment pas la tendance actuelle.
Le juge des référés vient de donner raison à la CIMADE et a annulé l'attribution des marchés effectuée hors de toute légalité par Iago Besson. Pauvre JP Ledun, encore un juge gauchiste...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 31 mai 2009 à 01:07
J'avoue, j'ai volé ... Quoi? Du lait. Je n'aime pas le lait mais j'ai voulu confronter, pour des ami(es) surtout qui m'accompagnaient en retrait, la théorie à la réalité, tester et prouver à mon tour le coefficient d'élasticité des lois dont je faisais part tantôt à ce cher PB lui expliquant les raisons qu'il doit connaître par ailleurs cependant... Cas concret: Cet après-midi, supermarché Leclerc pour mes courses hebdomadaires ... Rayon laitage, impressionnant, très beau, alléchant ... J'approche, pousse mon caddie, m'empare sans coup férir de deux bricks de lait frais de Normandie (volons français, au moins ça, diable!...). Plus tard, à la caisse je dépose toute ma nourriture sur le tapis, la caissière commence, bip bip bip, tous les articles passent par elle sauf le lait, les deux bricks que je soulève et passe ostensiblement par-dessus sa tête pour les redéposer dans mon chariot ... Elle m'interpelle tout sourire: "Monsieur, le lait?..." ... "Ah, lui réponds-je aussitôt prenant ma voix la plus grave, le lait je ne le paie pas, je prends, c'est gratuit ...". Etonnée, elle réagit toujours tout sourire ... Un gorille rapplique ... Je ne me démonte pas, le gaillard peut faire deux fois mon poids, je ne le crains pas ... La foule derrière attendant son tour la caisse observe dubitative ... "Monsieur, dis-je au mastard qui est payé pour surveiller les petites vieilles qui piquent des yaourts sans parler des collants et autres petites culottes, quand c'est les agriculteurs qui comme hier viennent rafler tout le rayon de lait, saccageant même à côté les légumes et le poisson, tout ça sous votre nez et celui des directeurs de votre hypermarché, vous êtes tout sourire, vous laissez faire, c'est normal vous pensez, même le Préfet laisse faire, le juge, le tribunal, le procureur, tout le monde laisse commettre et trouve naturel ce délit caractérisé de saccage et vol en bande organisée ... Et moi, moi, là, tout seul, pour deux malheureux bricks dont un de lait caillé, vous m'embêtez, vous voulez m'interpeller, la police, la Justice, le tribunal, la prison peut-être, la presse, tout un scandale ... Mais c'est une honte! (là je crie, prenant les autres clients à témoins, tout le monde), c'est un scandale!...". Le Peuple commence à prendre parti pour ma cause, j'entends des murmures, les femmes surtout, certaines regardent déjà si elles ont du lait dans leurs caddies ... L'ours, voyant cela, se rembobine, fissa fissa qu'il dit à la caissière ... Celle-ci imprime ma facture (hors le lait, bien sûr), je paie carte bleue, salue poliment et suis le gorille qui me raccompagne jusqu'à la sortie ... Là, il se marre, moi aussi, me serre la pogne et me balance comme ça que deux c'est pas assez, j'aurais dû prendre un carton, une palette ...
Voila, cher PB et vous surtout mes ami(es) qui ne compreniez pas, c'est ça l'élasticité des lois, ses degrés, sa gymnastique car c'est ce mot surtout qui vous a interrogé ... Maintenant vous savez ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 30 mai 2009 à 20:42
Votre billet de ce jour est trop important pour que je risque deux mots au hasard. Je préfère donc provisoirement, retourner aux confitures rares, aux tisanes d'orties et à toutes ces bonnes choses que le vulgaire qui vous met martel en tête ignore ou simplement méconnaît parce qu'on ne les trouve pas en grande surface et qu'il ne suffit pas non plus d'ouvrir son porte-monnaie pour y goûter, mais qu'il convient de mettre la main à la pâte et de faire preuve de savoir-faire et d'imagination !
Rédigé par : Catherine JACOB | 30 mai 2009 à 17:21
M. Ledun
Ne soyez pas tendu.
La Cimade a commencé en Allemagne, s'est occupée des camps en France en 1940 (la plupart en Catalogne française), est rentrée en résistance quand elle en a été chassée en 42, les Allemands entrant en zone libre.
Elle a commencé sa mission dans les centres de rétention en 1984.
Plus de détails à
http://www.cimade.org/la_cimade/cimade/rubriques/4
et
http://www.cimade.org/la_cimade/cimade/rubriques/4-histoire?page_id=74
Rédigé par : Alex paulista | 30 mai 2009 à 00:31
Cher Philippe,
Si vous croisez votre voisin de la 17ème,
souhaitez lui un très bon anniversaire.
Merci beaucoup à vous.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 30 mai 2009 à 00:09
Je crois un peu que c'est pour cette raison que le juge Boulouque s'est suicidé … Cette semaine, le médecin, maire depuis vingt ans de St-Cyprien près Perpignan et secrétaire départemental de l'UMP, Jacques Bouille, s'est suicidé de même, dans la prison, lui, où il était détenu depuis six mois pour de sombres affaires de corruption … Je pense que vous opposez -aussi- la raison d'Etat à l'état de Droit. C'est une vue de l'esprit, ça se défend … Tirelire l'a dit: le Droit (en l'espèce, le Droit suprême, celui de l'Homme, c'est dire des autres ...) n'a rien à faire aux Affaires étrangères, Rama est donc priée de faire sa petite Justice ailleurs … Un magistrat très haut placé en votre TGI, cher PB, m'a raconté comment un de ses honorables confrères de Nîmes échangeait une libération provisoire contre une partouze … C'était avant le juge des libertés et de l'incarcération. Tout ça est plutôt amusant, je trouve, les libérés contre orgies n'étaient jamais de vastes criminels, ce juge gardait en cette chose toute la mesure … C'est rassurant dans le fond, vous êtes humains, tellement humains, pareils aux autres, pareils à tous ... Vous voudriez quoi? Toujours l'inflexibilité au Parquet, à l'Instruction, à l'Application des Peines même, jamais de souplesse, de gymnastique?... De la rigidité à en avoir mal de la regarder, de la clarté à en être aveuglé?... Je comprends bien que vous savez, vous ironisez, c'est tant mieux … S'il n'en reste qu'un, je serai celui-là, semblez-vous dire en jetant à vos pieds ce maudit Express qui fait semblant de découvrir une chose … Est-ce que vous «menaceriez» puisqu'on vous chercherait noise? Allons, laissez faire Eva Joly à l'Ecologie avec Daniel Cohn-Bendit et José Bové … Vous êtes dramatiquement intègre, cher PB; on en reste le cul sur sa chaise … Gardez-vous en toutes choses du zéro microbe, de la totale aseptie, le monde serait sinistre et plus dangereux que jamais, l'humain serait d'un ennui et d'un pitoyable nulle part égalés ... Tenez, une anecdote en manière de parabole: lors que dans les années fin 80 les premières nouvelles prisons «modernes» furent construites, on y transféra des autres et vieilles prisons à l'entour chacune d'elles les détenus. Ce fut un choc constaté et pour les surveillants et pour la plupart des prisonniers, beaucoup de ceux-là déprimèrent, les suicides furent plus nombreux dans ces nouvelles incarcérations où tout était encore nickel à ce moment, propre et fonctionnel, respectueux au possible du Droit, on y sentait la peinture fraîche aux murs, un faux air de liberté ressemblant au vrai à s'y méprendre … Mais il n'y avait plus ce petit côté … ce petit côté … comment le nommerai-je?... mettons, ce dont vous faites part en votre lettre aujourd'hui, feignant de vous étonner, ce petit truc à côté, cette soutenable légèreté de l'être … Aujourd'hui ces «nouvelles» taules sont devenus des anciennes et les habitudes anciennes … En ce domaine des Pouvoirs que vous évoquez, de Gaulle que vous admirez tant, combien n'a-t-il cessé d'enjoindre pour ces mêmes raisons d'humanité, de Justice, de paix sociale, que vous invoquez, d'enjoindre donc aux vôtres de faire passer la Justice à côté, un peu plus loin voire très très loin certaines fois … Où donc la peur ici quand il ne s'agit simplement que d'évaluer, essayer et connaître le degré d'élasticité des lois ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 29 mai 2009 à 23:41
Alexandre, pardon Alex paulista.
Vous me fatiguez avec votre histoire personnelle, que vous ressortez chaque mois.
Dites-nous qui á installé la cimade ?
Cela me détendra (un peu).
Rédigé par : jpledun | 29 mai 2009 à 23:29
Tiens, alors que je viens d'écrire mon dernier post, je reçois encore de mes amis de la Cimade un appel à la mobilisation
Vous pouvez consulter l'histoire d'Hicham à ce lien. On y voit comment les préfets mettent directement un étranger dans un ferry quand ils savent qu'un juge ne laissera pas passer:
http://ase.emv3.com/HM?a=A9X7CkAqYF7QsJuXLOfG15vilg
Il ne s'agit pas de militantisme ici: même des militants FN auraient de quoi s'indigner, pour peu qu'ils soient attachés à l'application de la loi.
Rédigé par : Alex paulista | 29 mai 2009 à 23:22
Monsieur l'avocat général,
Comment, sans flagornerie, pouvoir vous remercier pour vos hauteurs de vue ?
A l'instar de celle du blog de Maître Eolas, la lecture de votre blog aide à conserver l'amour de la justice et le souci du justiciable.
Combien sommes-nous à vouloir simplement exercer notre métier et à croire en celui-ci ?
Comment travailler sereinement quand ne cessent d'être fustigées les prétendues incompétences et servilité du corps judiciaire ?
Puissent des jours meilleurs redonner espoir à ceux qui, chaque jour, en artisans, tentent d'exercer leur métier - loin des frasques médiatiques et du souci de leur carrière.
Rédigé par : Emmanuèle P. | 29 mai 2009 à 23:21
Dans notre univers médiatique où l'on parle surtout des trains qui n'arrivent pas, il faut parfois se faire un jugement par la petite lucarne de nos expériences.
Personnellement, dans les affaires de droit des étrangers ou des petites choses où ma famille a été mêlée, les décisions prises par des magistrats ont toujours été équilibrées et motivées.
En revanche, quand la Police où la Préfecture ont été acteurs, c'était la plupart du temps avec vice et mauvaise foi. Et quand la loi nous était favorable, ils l'appliquaient avec mauvaise volonté dans des délais interminables, avec un sourire en coin. Ou ne l'appliquaient pas, et nous rétorquaient "je sais, mais faites un procès administratif si le cœur vous en dit, en attendant notre décision s'applique".
Il est vrai qu'au sujet des étrangers, chaque fois qu'un nouveau arrive pour remplir une formalité administrative, ils se délectent en espérant le transformer en quota rempli...
Si les juges étaient tellement aux ordres, le "Ministère de l'Identité Nationale" ne ferait pas tout pour virer la Cimade des CRA, elle qui apporte une aide juridique aux migrants et leur donne l'opportunité de faire évaluer leur situation par un magistrat. Un flyier en français juridique distribué par une association fondée par des UMPs il y a 1 an sans aucune expérience d'assistance aux étrangers, ça joint l'utile du détournement d'argent à l'agréable de l'expulsion arbitraire, parfois même de Français (véridique) qui ont l'impolitesse d'être trop noirs...
Rédigé par : Alex paulista | 29 mai 2009 à 21:01
Bonjour M. Bilger,
Je suis un peu effaré d'apprendre que vous seriez "persona non grata" à l'E.N.M.. Si cette institution se prive des esprits les plus brillants, des magistrats et des avocats les plus talentueux, pour on ne sait quelle obscure raison, il n'est pas étonnant qu'elle soit tant critiquée et décriée comme une fabrique à formater les futurs magistrats.
Le futur garde des Sceaux aura certes fort à faire avec la nouvelle réforme de la justice inspirée par le président de la République, mais lorsque vous écrivez "Je veux croire que les affaires les plus sensibles sont traitées de manière ordinaire, dans la bonne acception de l'expression" je peine à croire que vous soyez sincère. Vous connaissez mieux que nous vos collègues et la tendance servile de nombreux parquetiers à l'égard du pouvoir dans la gestion de ces dossiers sensibles. Sans faire de procès d'intention, on peut tout de même s'interroger sur les motivations profondes de la réforme annoncée. Il sera toujours plus facile de faire pression sur le parquet plutôt que sur un magistrat du siège indépendant.
J'ignore si, comme on l'évoque dernièrement, Fatine Layt, ancienne collaboratrice de Messier et de Naouri, sera la prochaine ministre de la Justice, ni si cette dernière dispose des qualités requises. Il est quand même dommage qu'une telle réforme soit engagée par un non juriste, il me semble qu'un certain Avocat Général serait bien plus avisé.
Rédigé par : Ludovic | 29 mai 2009 à 19:10
Soupçonnons, il en restera toujours quelque chose et le malaise ne fera que croître.
Le pauvre citoyen moyen ne comprendra plus rien et la société sera mûre pour une bourrasque d'où qu'elle vienne.
Où sont les repères ?
Rédigé par : mike | 29 mai 2009 à 18:46
Qu'il est délicat de soulever des montagnes !
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 29 mai 2009 à 17:07
Bonjour Monsieur Bilger,
Le constat que l'on peut faire est que la Justice est dans un triste état, pour ne pas dire en débris.
On peut craindre aujourd'hui que la Justice ne soit plus rendue "au nom du peuple français" lors d'un débat contradictoire mais par des gens de l'ombre et que le principe de proportionnalité n'existe plus dans la réalité.
Ne serait-il pas urgent aujourd'hui de convoquer des Etats Généraux de la Justice avec des magistrats, des avocats, des auxiliaires de justice et des justiciables pour mettre à plat ce système judiciaire digne de celui d'une république bananière.
Il faudrait un débat ouvert, sans tabou, où la liberté d'expression reprenne ses droits car malheureusement elle tend à disparaître.
La Justice aujourd'hui fait peur au citoyen car le droit n'y est plus appliqué.
Si l'on continue ainsi, nous allons vers une justice de castes et une société de castes telles que l'avait imaginé Aldous Huxley en 1931 dans son livre "Le meilleur des Mondes".
C'était un livre de science fiction, c'est aujourd'hui un livre d'actualité.
Rédigé par : noured92 | 29 mai 2009 à 14:40
Merci Véronique pour ces informations … Je connais la SOFIA mais je crains fort qu'elle ne soit pas au point et certainement loin d'être aussi efficace que la SACEM en son domaine.
Merci aussi Catherine Jacob pour la référence à ce livre que j'essayerai de me procurer …
Tiens, cher PB, puisque vous citez L'Express, j'écoutais hier matin sur Inter qu'ils seraient tendance esclavagistes en ce grand et historique magazine … Plutôt leur site L'Express.fr … Les témoignages des journalistes étaient édifiants tant sur la forme que le fond … L'Express ainsi que d'autres en leur version Internet les traiteraient, ces leurs employés, moins que de sales chiens … C'est du propre ça! Et ça fait ensuite des reportages sur l'éthique judiciaire! ça dénonce ici et ailleurs les manquements à la morale, à l'honnêteté, la Justice …
Dupont-Moretti … Savez-vous, mon cher, que je le croisais souvent il y a vingt ans de cela dans les couloirs de la maison d'arrêt de Douai … C'était déjà un ours à cette époque et fumeur comme pas deux … Mon instinct me disait que sa réputation ne saurait alors tarder de passer les frontières du Nord-Pas-de-Calais … Quand on a l'expérience de ces choses comme moi, on sait vite qui fera un grand avocat.
L'ENM refusant de le recevoir, c'est la preuve de l'aune intellectuelle à laquelle elle se mesure … Elle n'est pas à la hauteur, elle se débine, on pourrait presque, par pitié, lui pardonner … Quand on forme des Burgaud, ce n'est certainement pas grâce à l'instruction régulière et répétée des Dupont-Moretti, son attitude le confirme encore aujourd'hui … Qu'elle flétrisse encore et sente cette odeur particulière de vieux carton usé, de meubles anciens, c'est sa nature, on ne l'en sortira pas, c'est morne et rance là-dedans, figé, sinistre, silencieux, humide et sombre … Même les cloîtres sont plus vivants. Qu'elle évolue, qu'elle se civilise, modernise enfin, s'ouvre au monde, tiens, et m'invite également à la suite du Maître qui les terrifie sans raison cependant, j'irai dans sa poussière et leur expliquerai la Cour vue depuis le box des accusés … Ils n'imaginent pas ce qui s'y passe, ce qui s'y dit, ce qui s'y pense … Ils n'imaginent rien, ils en sont incapables, tout ça c'est de l'amidon jauni, des gris démodés costumes trois-pièces, des vieilles jupes jusqu'aux chevilles, des corsets à lacet certainement, des chignons et des cheveux coupés ras et bien gras … Doivent pas rire souvent dans cette école, nom d'une pipe! c'est effrayant ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 29 mai 2009 à 12:24
Je pense qu'il est clair que depuis toujours, les affaires politico-financières ne sont qu'une parodie de justice.
L'an dernier, une magistrate du pôle financier près du TGI de Paris a préféré changer d'affectation pour cesser de participer à ce simulacre de justice (voir son interview dans Le Figaro).
Pour les autres affaires, euh... je crains que ce ne soit pareil !
Et dire que je suis avocat dans un an !
Rédigé par : polo | 29 mai 2009 à 11:59
C'est fin, drôle, profond et il écrit bien le bougre !
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 29 mai 2009 à 11:08
Il est quand même étonnant de voir un haut magistrat se voir taxer d'"antisarkozysme" parce qu'il s'interroge sur le sort qui sera fait à l'indépendance de la justice lors de sa prochaine réforme. C'est ce genre de remarque qui est encore le plus inquiétant.
Rédigé par : Christian C | 29 mai 2009 à 09:34
"Une politique de la justice peut être contestable et contestée sans qu'on tombe forcément dans une justice politique", écrivez-vous, Philippe Bilger. Je respecte votre analyse, mais je la regarde sans oublier de quelle position vous pouvez l'exprimer. Quant à moi, simple justiciable, je crains qu'une apaisante sérénité ne me conduise à me réveiller un matin, me disant en constatant les dégâts : ça y est, ils l'ont fait. Mais ce jour-là, il sera trop tard. Alors je veille...
Rédigé par : Christian C | 29 mai 2009 à 08:06
Je crains de vous voir vous plier à la mode du temps c'est-à-dire l'antisarkozysme de bon ton.
Dommage vous m'aviez habitué à plus de hauteur de vue.
Rédigé par : cloclo | 29 mai 2009 à 07:26