Le Monde nous indique, dans son édition du samedi 23 mai, que "M.Obama (serait) sur la défensive à propos de Guantanamo". Sûrement, mais il me semble que l'exercice politique est très largement occulté par ce que l'on pourrait qualifier de débat moral à ciel ouvert. Depuis les attentats de 2001, il est vrai que les Etats-Unis n'ont jamais vraiment abordé le problème de la relation entre les valeurs démocratiques et la sécurité, comme le souligne Corine Lesnes. L'ancien président Bush préférait s'enfermer dans une autarcie qui lui faisait percevoir toute discussion sur l'Etat de droit comme une lamentable retraite. Dick Cheney, non sans franchise, continue à soutenir la politique antiterroriste d'hier et dénonce "la fermeture programmée de Guantanamo et l'interdiction de certaines techniques d'interrogatoire". Ce maintien sûr de soi n'est pas passionnant à analyser car il a choisi un parti sans le moins du monde se préoccuper de l'éthique qui pourrait sinon le contredire du moins l'amender.
Ce qui est extraordinaire avec le président Obama, c'est de le voir se colleter en direct avec une réalité qui vient emplir de ses pesanteurs et de ses nécessités les discours généreux et théoriques du candidat, c'est de le sentir arc-bouté sur des convictions fortes en tentant de ne pas céder, plus qu'il ne conviendrait, aux dures leçons d'une vie internationale qui ne laisse guère de place à la naïveté. Cette lutte permanente entre l'idéal et le réel, à propos de Guantanamo, est exemplaire. D'une part, il n'hésite pas à nous dévoiler explicitement toutes les phases de ce combat clairement intime avant d'être parlementaire. D'autre part, rien ne nous est dissimulé de sa volonté de sauver l'éthique comme il le pourra en tenant compte de la raison d'Etat comme il le faudra.
Pour ses adversaires républicains qui s'offrent le confort d'un manichéisme sommaire, je veux bien croire que les états d'âme du président Obama apparaissent ridicules, voire indignes du chef de l'Etat le plus puissant du monde. Je suis persuadé que pour ses opposants au sein du parti démocrate, Barack Obama représente, au contraire, un réaliste qui s'est déjà trop engagé dans des compromis douteux. Rien ne me semble plus aberrant que d'appréhender cette controverse de haut niveau sous le seul angle de la tactique politique, d'avancées et de retraits traditionnels pour un pouvoir responsable, de promesses et de reniements. C'est bien plus que cela. C'est "une tempête sous un crâne" à laquelle depuis des mois nous avons la chance d'assister aux premières loges. En en sens, Barack Obama dépasse de très loin ce qu'un président des Etats-Unis pourrait légitimement susciter comme intérêt parce qu'il met sur la scène de l'univers l'affrontement inéluctable et inexpiable entre Créon et Antigone.
Le nouveau, c'est qu'il cherche désespérément à donner son dû à Créon sans désobliger Antigone. Il n'a rien oublié de ce qu'il était mais les yeux ouverts, prend de plein fouet ce que la réalité lui impose de regarder. C'est à cause de cette douloureuse tentative de conciliation qu'il se trouve à la torture.
Grâce au président Obama, nous, citoyens du monde, pouvons au moins constater que le véritable chef d'Etat n'est pas celui qui se débarrasse de la morale mais, au contraire, celui qui vaillamment cherche à l'inscrire, tant bien que mal, au coeur de son action. La synthèse imparfaite que Barack Obama parviendra à réaliser vaudra mieux que toutes les réussites du pragmatisme qui efface ce qui gêne pour ne garder que ce qui plaît.
Décidément "l'aplaventriste" Obama me fait regretter G.W.Bush qui lui ne s'aplatissait pas comme une carpette partout où il passait. Quelqu'un l'avait surnommé : le Ségolène Royal américain... Je comprends mieux pourquoi ; son attitude de faux jeton qui bat sa coulpe partout où il passe rappelle celle de notre Madone du repentir. Il y en a qui confondent gouvernement et association humanitaire, mais la cruelle réalité le rattrapera et il devra manger l'autre avant de se faire manger.
Rédigé par : SYLVAIN | 09 juin 2009 à 13:29
@M.Reffait
Je connais très bien l'Amérique profonde, mais je ne donne pas de leçon. Je maintiens : Obama a été élu parce que noir et parce que McCain était un peu âgé. Wait and see, mais je ne crois pas qu'un télé-évangéliste puisse devenir un grand président...
Rédigé par : bruno | 26 mai 2009 à 21:36
@Françoise et Karell Semtob
Je ne suis pas historien, mais j'ai gardé quelques photos du Sri Lanka de février 1998, du Temple de la Dent de Buddha qui portait encore les stigmates de l'attentat en son sein. J'ai une photo de la gare de Colombo avec des fillettes qui passent, à l'endroit et l'heure même où ça a pété peu après (une semaine je crois).
J'ai pris personnellement ces photos, j'ai rencontré des gens de 20 ans qui sont morts peu après dans une attaque kamikaze au zodiaque d'une frégate (c'est pas du "terrorisme" mais de la guerre civile).
Vous êtes libres de dire que tout ça est inventé, ou bien de faux attentats organisés par le méchant gouvernement pour discréditer les gentils Tigres Tamouls à la moustache si sympathique. C'est juste nier la réalité.
Comme il serait nier la réalité de dire que les Tamouls ne sont pas discriminés.
Mais imaginez que des terroristes catalans fassent exploser Notre-Dame pendant la messe, qu'ils mettent une bombe au marché Saint Antoine faisant 100 débris humains, puis à la Gare de Lyon. Cela pendant 30 ans, ainsi que se lancer en zodiaques kamikazes sur notre (unique !) porte-avions juste pour tuer du matelot.
Et que les terroristes occupent Perpignan et y soient soutenus par la population catalane. Qu'ils vivent en castes, considérant la femme plus bas que terre, ou bien dans une idéologie radicale type FARCs, s'attaquant parfois aux "gabatches" qui osent pénétrer leurs terres.
Vous les aimerez peut-être moins.
Et il y a fort à parier qu'à des élections nationales, leur point de vue ne serait peut-être pas représenté.
Un problème compliqué donc, de poule et d'œuf. Pour donner une idée, l'espérance de vie est bien supérieure (75 contre 60 ans en 1998 je crois) au Sri Lanka qu'au sud de l'Inde, où vivent les Tamouls indiens liés aux Tamouls Sri Lankais. Ils sont poussés par la misère, aussi.
Mais on ne peut qu'être très admiratif de la diaspora tamoule qui s'est intégrée souvent avec succès. Comme quoi, sans la misère et la radicalisation, les données changent. En tout cas, la plupart forcent le respect en Australie, aux US, en UK.
Et les tamouls n'ont évidemment aucune chance de rentrer dans l'enseignement supérieur qui est très lié au gouvernement et à l'armée, dans ce petit pays. Ils sont condamnés à la misère matérielle et intellectuelle s'ils restent là.
Difficile de prendre parti donc. Permettez-moi de m'abstenir.
PS: je n'ai rien contre les Catalans, bien au contraire.
Rédigé par : Alex paulista | 26 mai 2009 à 19:10
@ Bruno
Si vous connaissiez un peu l'Amérique profonde, vous auriez plutôt écrit qu'Obama a été élu bien qu'il fut noir. Il était de loin le meilleur et tend à le démontrer.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 26 mai 2009 à 15:47
Voilà un homme, Barack Obama, qui pourrait par facilité ou calcul politique céder aux sirènes de la sécurité. A condition de le faire plus finement que son prédécesseur, les Américains lui seraient reconnaissants de privilégier leur sécurité à des considérations morales qui ne concernent que quelques étrangers exilés sur une île.
Pourtant, Obama a choisi la voie difficile, tentant de faire comprendre à ses concitoyens que leur sécurité ne peut être assurée au prix de la trahison des principes mêmes qui ont fondé les sociétés occidentales.
Puisse cet exemple atteindre nos rivages où la voie facile de la démagogie sécuritaire dirige l'action présidentielle.
Rédigé par : Laurent | 26 mai 2009 à 11:30
Cher Philippe,
Vous est-il arrivé de vous imaginer un instant dans le cerveau de Gandhi ?
Juriste, avocat du barreau, je ne sais plus quoi à la Cour de Cassation, il a su dépasser ses convictions de non violence, ses engagements, enseigner la non violence, voir et comprendre et dénoncer des situations de discriminations en Afrique du Sud, faire de la prison pour défendre ses idées, agir le Droit.
Ses contradictions ont toujours été en
pleine harmonie avec ce qu'il ressentait.
C'est toute la différence des grands ancrés dans le réel. Si on creuse un peu plus, il devient apparent qu'il a vectorisé des élans de justice économique, sociale, qu'il a souligné des sources de discrimination et qu'il a perdu son sens de l'honneur dans des combats contre des minorités en particulier les Zoulous, les Tamouls.
A son honneur, il a rejoint les forces britanniques pour combattre le nazisme.
Les Britanniques ont utilisé ses convictions de non violence pour expulser les Tamouls, très grande civilisation, vivant depuis trois siècles avant notre ère en Inde du Sud et sur les îles environnantes.
Si un historien parvient à prouver que les Tamouls sont des terroristes, qu'il en présente les preuves. Combien de temps faudra-t-il aux descendants des Burghers pour avouer leur manipulation honteuse sur un peuple persécuté. Combien de temps faudra-t-il aux journalistes et aux historiens pour évoquer la réalité ?
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 26 mai 2009 à 02:19
Bonjour
Un fin politicien dit ce qu'une majorité de la population veut entendre, ce qui le confortera dans l'échiquier politique et les futures élections.
Un politicien marque l'histoire s'il change le point de vue de la majorité populaire afin de lui donner le sien, puis passe en douceur.
D'autres passent en force contre l'avis de la population, au péril de leur carrière.
C'est dans ces situations que l'histoire choisira ces hommes qui auront le privilège de graver leur nom dans la pierre.
D'un autre côté la démocratie prend toute sa place lorsque les démocrates du Parlement ne votent pas les yeux fermés les demandes de leur président du même camp.
Amicalement
Rédigé par : SAHEBJAM N. | 26 mai 2009 à 00:30
@ Denis Monod-Broca
"Nous nous interdisons d'exécuter un seul coupable mais pas des milliers d'innocents : il faudrait savoir."
Je ne comprends pas bien votre comparaison.
Le concept de tuer comme une sentence de justice n'a rien à voir avec celui de tuer par acte de guerre. Ou alors voulez-vous dire qu'il faut aussi échanger nos fusils pour des pistolets à bouchon ? Ou bien confondez-vous la notion innocent/coupable avec civil/militaire ?
Et nos soldats, alors, vous les considérez comment...
Serait-ce un ravage du culte de la "victime", avec son adjectif "innocente" qui donne une plus-value ?
J'ai pourtant plus d'admiration pour l'allemand (juif ou non) de la Seconde guerre qui est rentré en résistance (avec la Rose Blanche par exemple) que pour celui qui s'est fait cueillir tout en espérant que ça ne le concernerait pas lui (parce qu'il ne résistait pas...).
Bref, encore du boulot pour nos têtes pensantes tant la confusion paraît encore grande entre toutes ces notions...
Rédigé par : Alex paulista | 25 mai 2009 à 22:56
Obama a été élu parce que noir.
Depuis quand la couleur d'un individu fait sa qualité ?
Je crains que ses admirateurs béats soient rapidement déçus...
Rédigé par : bruno | 25 mai 2009 à 18:49
Il me semble que la question n'est pas tellement de savoir si on doit continuer à remplir Guantanamo (Obama a été assez clair sur le fait que globalement cela n'était pas une bonne chose).
Il s'agit plus de savoir comment gérer les gens qui ont été enfermés et torturés là, et qu'on peut difficilement garder par manque de preuves. Ils risquent de ressortir en vrais terroristes, et on peut imaginer la suite éventuelle qui ne serait pas en faveur des démocrates...
Je vois plus cela comme de la théorie des jeux avec le passif à gérer sans se renier ni se détruire.
Car on ne peut pas être Créon et Antigone en même temps.
Rédigé par : Alex paulista | 25 mai 2009 à 16:00
Je me demandais ce matin comment il se faisait que cette "tempête sous un crâne" la France ne la vive pas.
Mais depuis j'ai lu l'entretien de Julien Coupat dans Le Monde.
Il s'y place, avec ses camarades, en Antigone face à l'idéologie antiterroriste, Créon mondial d'aujourd'hui...
Je me trompais, il y a encore des têtes pensantes qui pensent.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 25 mai 2009 à 15:32
@Aïssa Lacheb-Boukachache
"Ce Créon que vous évoquez n'a aucune légitimité, c'est un usurpateur."
L'optique philosophique traditionnelle est qu'Antigone enfreint le droit au nom de la justice, elle agit de façon illégale mais légitime, mais c'est là un point de vue à mon sens un peu simpliste.
Si toutefois la question de la légitimité de Créon le régent, statut qu'on n'aime pas beaucoup car il évoque toujours plus ou moins Iznogoud (Is no good) qui veut être calife à la place du calife vous intéresse voyez Kathreen Holzermayr Rosenfield Les études philosophiques n° 772006/2 : "Le conflit tragique chez Sophocle et son interprétation chez Hölderlin et Hegel" dont le sommaire paraît prometteur. ( 22€ )
ISBN : 978-2-13-055533-9
Rédigé par : Catherine JACOB | 25 mai 2009 à 14:59
Face à Al Qaida, Obama montre qu'il est celui qui ne cède pas, car c'est bien l'entreprise perverse que d'amener l'autre à une telle extrémité qu'il se perd, devenant à ses propres yeux une farce inconsistante.
Al Qaida veut nous dire : votre démocratie, c'est du vent, et vous n'êtes rien. Guantanamo donnait raison à ce propos.
Tenir face au pervers, voilà l'autorité. Et la leçon d'Obama résonne effectivement bien au-delà des Etats-Unis.
Rédigé par : Olyvier | 25 mai 2009 à 13:42
"... parce qu'il met sur la scène de l'univers l'affrontement inéluctable et inexpiable entre Créon et Antigone."
Affrontement dont Antigone sort vaincue sur le moment, mais Créon vaincu à tout jamais.
"vainqueur déjà vaincu" comme dit de Créon le choeur dans l'Antigone d'Anouilh.
Nous devrions en prendre de la graine : cette "tempête sous un crâne", comme vous dites si bien à propos d'Obama, comment se fait-il que la France ne la vive pas, elle aussi. Où sont donc passées nos têtes pensantes ? A quoi pensent-elles ? Pour ne prendre qu'un exemple, mais décisif, comment arrivons-nous à concilier, nous qui sommes si intelligents et si rationnels, la disparition de la guillotine et la bombe atomique ?... Nous nous interdisons d'exécuter un seul coupable mais pas des milliers d'innocents : il faudrait savoir.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 25 mai 2009 à 12:23
C'est en certaines façons «le choix de Sophie» … On cède à la menace pour sauver une partie du tout qui serait englouti sans ce renoncement … Mais on n'en demeure pas moins amputé d'une chose de soi … Quoi qu'il en sera, on vivra soit honteux soit malheureux soit les deux ... Que songeait Giscard chaque veille où il devait décider de la vie sauve ou la guillotine, lui qui à ce moment déjà réprouvait la peine de mort? Qu'il fallait trancher pour protéger la société de ces criminels abominables?... Le lendemain, un crime encore plus épouvantable avait lieu … Mitterrand: 1983, quelle tempête sous ce crâne ce jour lors qu'il lui fallut revenir sur la socialisation?... Mitterrand, encore lui, lors qu'il devait, sous la cohabitation, signer les décrets de privatisation … Mitterrand -décidément- quand il lui fallut, avant l'élection, se prononcer sur la peine de mort … Mitterrand -mais oui- graciant une mère de famille condamnée à de la prison ferme pour avoir volé de la nourriture dans un magasin ... Puis plus loin, puis à l'échelle du monde, Munich, Chamberlain, Daladier (Le choix de Sophie, évidemment …), céder ici à Hitler pour maintenir la paix dans le monde … On a cédé, la suite on la connait … Et de même qu'Erostrate for ever, Antigone for ever … En ces choses, c'est l'Histoire toujours qui juge quand tout est fini. .Obama aujourd'hui, c'est Lincoln hier devant choisir maintenant entre l'abolition de l'esclavage et la cohésion de l'Union quand fut terminée la guerre de Sécession... C'est Ponce Pilate franchement … Vous citez uniquement Antigone -sans condamner Créon- car vous aimeriez qu'il (Obama) demeure fidèle à lui-même, tout en doutant que cela, en ces choses qui engagent les Peuples et le monde, soit possible sans danger. Car c'est là le noeud gordien si on peut nommer ce dilemme ainsi … Quand on est seul soi-même en cause et engagé, quand sa décision ne lie pas les autres en leurs institutions démocratiques, encore moins une nation ou le monde, les choses sont simples et l'éthique -son éthique- toute entière préservée. Ainsi Albert Camus qui préféra sa mère à la Justice et le dit à tous à ce moment particulier, ces circonstances déchirantes … Mais qu'il le dise ou pas, cela n'avait aucune importance … Avec ou sans lui, les choses seraient -ont été- ce qu'elles ont été … Vous ne condamnez pas Créon car la loi est nécessaire et pas nécessairement morale. Vous ne le condamnez pas encore car la loi ne serait plus la loi si on la transgressait même au motif de la morale, même au motif de l'éthique … Mais il s'agit de la loi. De la loi voulue et décidée par un groupe, une communauté. Or dans le cas qui vous chagrine, cher PB, il n'y a pas de loi. Guantanamo est illégal, la torture est illégale, c'est la Constitution américaine qui l'affirme, c'est la Cour suprême qui le confirme, ce sont les tribunaux qui le disent, les Traités, le Droit international, c'est donc la loi en le Droit positif qui le pose et l'édicte clairement tel l'édit de Créon. Il n'y a donc pas de Créon qui s'opposerait, juste Antigone et la loi avec elle, pour elle, cette loi qui cette fois s'inscrit entière dans l'éthique et la morale, son éthique et sa morale … Ce Créon que vous évoquez n'a aucune légitimité, c'est un usurpateur. Et c'est à lui qu'on enjoint Obama de faire allégeance … Même au plus fort de la guerre «froide», les américains n'ont pas cédé à ce démon … Même au moment des attentats d'Oklahoma-city … La victoire de ce Créon ou celle d'Antigone? Comment même une telle question se peut-elle être?... Le Créon antique s'opposait légitimement à Antigone. Ce Créon-là, celui d'Obama-Antigone, est celui qui dit: tu ne tortureras pas mais … en certaines circonstances tu le feras; tu ne tueras pas mais … en certaines circonstances tu le pourras … Il dit même: tu ne violeras pas ma loi mais en certaine circonstances tu la nieras. Autrement dit, il veut intégrer Antigone à sa chimère, sa dialectique illusoire, la faire plier et rendre à son infamie … C'est la pire des aberration et un reniement grave. Cette «synthèse imparfaite» par laquelle vous concluez et qui vaudrait toutes les réussites des quelconques pragmatismes, c'est encore et toujours l'éthique prostituée.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 25 mai 2009 à 10:42
C'est très juste, tout à fait mon sentiment.
Obama assume l'immoralité nécessaire, sans la draper de vertus illégitimes : j'ai une main propre et une main sale, la main sale est très sale, la main propre est très propre, l'une et l'autre existent dans le même corps mais je ne confonds ni l'une ni l'autre.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 25 mai 2009 à 09:06
"Le nouveau, c'est qu'il cherche désespérément à donner son dû à Créon sans désobliger Antigone. "
Créon, comme son nom l'indique, c'est le cru, le steak bleu dit en langage cow boy, le spectacle des chairs vouées à la décomposition sous le soleil des chiens et des vautours dont les vagues successives de charognards spécialisés n'en laisseront pas même les os à blanchir! Antigone c'est la pudeur blessée, la compassion pour l'esprit errant, le rite et la loi, la réflexion et la détermination, le sacrifice de soi!
"La synthèse imparfaite que Barack Obama parviendra à réaliser vaudra mieux que toutes les réussites du pragmatisme qui efface ce qui gêne pour ne garder que ce qui plaît."
Et il n'aura pas tort cet homme de penser que sans inspiration (tension) - expiration (relâchement), il n'y a pas de vie viable mais seulement une tension dont l'expérience nous dépasse à jamais, ni de mort véritablement non plus mais seulement un champ gravitationnel si intense qu'il empêche à jamais tout rayonnement etc. de s'en échapper!
Autrement dit une pensée du point critique qui s'il échappe à notre juste évaluation nous entraîne inexorablement et c'est surtout de cela dont il convient de prendre conscience, vers la crise.
Rédigé par : Catherine JACOB | 25 mai 2009 à 08:39