Je ne me prends pas pour Jules César, rassurez-vous. Mais sa parole célèbre légèrement modifiée me semble parfaitement correspondre à l'équipée qui m'a conduit samedi dans ma ville natale, Metz.
A peine étais-je revenu que je pouvais lire (nouvelobs.com puis le JDD) que Claude Allègre faisait don de sa personne au gouvernement de la France en imposant ses conditions au président de la République. Il voulait ci mais pas ça. La vanité et l'exigence. Il croit vraiment qu'on n'attend que lui ! Le comble, c'est qu'à force de s'offrir, on va finir par le prendre !
Quel contraste entre ce dérisoire épisode et le colloque organisé par le MoDem à Metz sur "l'Europe des libertés" !
Comment me suis-je retrouvé là-bas ?
Il y a quelques jours, j'ai reçu un coup de téléphone de Jean-François Kahn qui m'a invité à participer à ce débat sur l'Europe et les libertés. J'essaie toujours de répondre de manière affirmative à une demande inspirée par l'amitié après m'être assuré, ce dont je ne doutais pas une seconde, que je ne serai pas l'otage d'un parti aussi respectable soit-il. J'étais poussé, en même temps, par une grande curiosité intellectuelle et politique au sens large et j'étais ravi, grâce à ma modeste personne, de mettre un peu de pluralisme et de dissidence dans cette enceinte. Il y a quelque chose de presque jouissif à aller en territoire inconnu pour tenter de demeurer soi.
Parfaite organisation en amont, arrivée à Metz et une salle d'environ 300 personnes, adhérents du MoDem, sympathisants et curieux. François Bayrou au premier rang, très attentif tout au long de la matinée avant de la clôturer par un discours de trois quart d'heure environ.
Marielle de Sarnez anime avec autorité et gentillesse les deux débats. Je participe au second en compagnie notamment de Jean-François Kahn, d'un avocat grec et d'une collègue, Fabienne Nicolas, représentant le Syndicat de la magistrature. Je suis placé à côté d'elle et nos discours contradictoires démontreront s'il en était besoin que cette réunion, devant des auditeurs à l'écoute de tous avec tolérance, ne relevait pas de la catégorie des grandes "messes" inconditionnelles. Avec Fabienne Nicolas, nous nous sommes accordés tout de même sur un point central : l'Europe des libertés ne peut pas, ne doit pas être un succédané à nos insuffisances, à nos impuissances françaises. Elle ne sera une chance que si la France judiciaire se crée un Etat de droit digne de ce nom aussi bien avec humanité (les prisons : dramatique problème) qu'avec efficacité (le service public de la justice répondant vite et bien aux attentes des citoyens), sans oublier le respect, par les titulaires des plus hautes charges, de la morale et de l'impartialité.
Ce qui a constitué, de mon point de vue, l'axe central de ces discussions passionnantes est double.
D'une part, j'ai perçu dans certains propos une globalisation gênante, une critique abusive, comme si une forme de paresse de l'esprit venait interdire la nuance et rendait trop difficile de circonscrire la dénonciation dans le champ limité et ponctuel qui aurait dû être le sien. J'analyse cette attitude comme la conséquence d'une démarche politique qui condamne quasiment à l'approximation, avec la volonté sans cesse affirmée de sauter de la relation du particulier au procès expéditif du général. Le souci de la vérité dans son intégrité et son pointillisme est évidemment aux antipodes de ce que requiert un discours militant. C'est à cause de ce constat que j'ai souligné à Metz comme je préférais une solitude même imparfaite à un collectif , même répugnant à l'étouffement de ses membres.
D'autre part, - et sur ce plan je me suis trouvé en opposition courtoise avec François Bayrou dont j'ai pu apprécier l'aptitude au dialogue -, il me semble qu'au sujet de la justice et de son fonctionnement , le MoDem donne trop d'importance au statut et à la loi, persuadé, par exemple, que protégé par des textes le Parquet deviendrait tout naturellement indépendant. Cette illusion, cultivée aussi par ma collègue, résultait sans doute du tableau excessivement sombre dressé par les uns et les autres, qui n'était pas loin de présumer de l'héroïsme chez ceux qui, dans la quotidienneté, accomplissaient avec conscience et liberté leur mission. J'ai dénié la validité d'une telle approche et tenté de mettre l'accent plutôt sur les faiblesses et faillites personnelles qui, demain, même avec des garanties infiniment protectrices, continueraient à produire leurs tristes effets. Cette manière, en toute bonne foi, de vouloir agir par la loi au lieu de laisser agir, n'aurait aucune incidence sur des comportements professionnels qui continueraient à être déterminés par la personnalité forte ou complaisante des magistrats concernés. Pour peu que dans une affaire importante, un de nos collègues du Parquet prenne la décision de s'affranchir des considérations opportunistes et des injonctions politiques pour accomplir tout simplement son métier, je suis sûr qu'aujourd'hui, s'il fallait le défendre, bien au-delà du syndicalisme, le corps judiciaire se mobiliserait. En tout cas, j'en serai. Je persiste dans cette intuition que le salut viendra de nos personnes plus que des structures. Rien n'interdit à quelque magistrat que ce soit, actuellement, de mettre en oeuvre une pratique qui ne soit pas gangrenée par le soupçon d'être partisane. Il suffit de le vouloir. Je me demande si présenter l'univers judiciaire comme un bagne n'offre pas l'avantage de justifier par avance les vilénies. Si les coupables, c'était nous ?
Cette matinée - et ce n'était pas le moindre de ses mérites - m'a offert l'avantage de pouvoir observer, même de manière fragmentaire, le fonctionnement et l'état d'esprit d'un parti, incarnant un centrisme vigoureux, presque sulfureux, - rien de plus grotesque décidément que l'injure de "Le Pen light" appliquée à François Bayrou par Alain Minc ! - à la suite du centrisme caricatural, mou et effacé qu'on moquait hier parce qu'il ne faisait peur à personne. Le MoDem, je l'ai vu à l'oeuvre comme de l'artisanat de très haut niveau, efficace et déterminé. J'ai remarqué moins de "minets" et "de petits marquis" qu'à l'UMP lors de la Convention Justice en 2006 et j'ai eu l'impression, qui m'a fait plaisir, que le contenu comptait plus que le contenant, la substance que le cadre.
Je suis reparti heureux. Ce qui rend la démocratie familière et chaleureuse, comme du bon pain et le sourire, fait du bien. J'y ajoute aujourd'hui le remarquable article, dans Le Parisien, de Nathalie Segaunes qui a parfaitement rendu compte de la réunion à Metz. C'est trop rare pour ne pas être loué.
Je suis venu, j'ai vu, je n'ai pas vaincu. A l'évidence je n'ai pas convaincu dans cette joute rapide. Qu'importe puisque l'essentiel était ailleurs.
Un équilibre quasi parfait pour un bonheur qui se partage à la lecture.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 18 mai 2009 à 19:38
"et j'étais ravi, grâce à ma modeste personne, de mettre un peu de pluralisme et de dissidence dans cette enceinte."
Oh oh, n'est-ce pas trop lourd pour vos frêles épaules ?
Rédigé par : Bourguignon | 17 mai 2009 à 14:26
M. Bilger,
J'étais à cette convention en tant que militant démocrate. Alors évidemment votre propos ne m'a pas entièrement convaincu mais j'estime la façon dont vous l'avez défendu.
C'est de cela que nous avons besoin au MoDem comme dans la société française : de débat et de dénominateur commun. J'apprécie votre attitude aujourd'hui comme à cette réunion... sans partager tous vos arguments.
Rédigé par : Y.Forget | 14 mai 2009 à 20:52
Bonjour Monsieur l'Avocat Général.
Je n'ai pu participer au colloque, bien que membre en tant qu'avocat de la commission LSJ animée par Madame Griesbeck. J'userai de moins de circonvolution de langage que vous. Oui, je suis d'accord sur le fait de dire que ce n'est pas le statut qui fait le bon parquetier, mais qu'un bon statut ne peut qu'y contribuer dés lors qu'il est ordonné, respectueux de l'homme de droit qui doit être avant tout chercheur de vérité juridique, et rigoureux quant au degré de responsabilité que nos concitoyens sont en droit d'attendre des autorités de poursuite. J'ai fait un peu la surprise en disant que j'étais à cet égard opposé à un parquet indépendant ; un parquet doté d'une déontologie et dépendant du garde des Sceaux lui-même responsable devant le Parlement et l'opinion publique, me semble une bien meilleure solution.
Rédigé par : Roulleaux Dugage | 13 mai 2009 à 18:21
"Je ferai mes choix comme présidente à Cannes en m'appuyant sur mon intime conviction." (Isabelle Huppert)... Hummm, quelle réflexion délicieuse.
Rédigé par : SR | 12 mai 2009 à 19:38
@jpledun
je vous remercie d'avoir pris la peine de reprendre le clavier.
Votre réponse à ma question est bien formulée, mais peu tranchée:"Je ne sais pas si cela augmente ma liberté individuelle".
Alors, pour vous aider à y voir plus clair: non, cela ne contribue pas à l'amélioration des libertés publiques.
Rédigé par : Christian C | 12 mai 2009 à 15:55
@Christian C
Extrait de la loi sur l'audiovisuel
"Le Président de la République nommera les présidents des sociétés nationales de programmes après avis conforme du Conseil supérieur de l'audiovisuel et mise en œuvre, conformément aux dispositions du projet de loi organique, de la procédure de consultation des assemblées parlementaires prévue au cinquième alinéa de l'article 13 de la Constitution."
Rien ne me choque dans cet extrait.
Je ne sais pas si cela augmente ma liberté individuelle. Je sais que cela ne l'entrave pas.
D'ailleurs là n'est pas la question.
J'ajoute que l'argument massue de Mamère dans ce débat, c'était l'enrichissement de TF1 par l'apport de nouveaux annonceurs...
TF1 est en pleine perte de recette !
Je vous souhaite une bonne soirée avec
"Le grand Meaulnes" (ce soir France3).
Par exemple...
Bien á vous.
Rédigé par : jpledun | 12 mai 2009 à 03:42
"L'Europe des Libertés ne sera une chance que si la France judiciaire se crée un Etat de Droit digne de ce nom..."
Aujourd'hui nous en sommes encore très loin.
Je suis profondément choquée en qualité de pénaliste et de citoyenne tout simplement lorsque j'apprends que le ministre de l'immigration attribue le marché de l'assistance juridique aux étrangers placés en centre de rétention administrative à 6 associations, sans attendre la décision du tribunal administratif de Paris qui doit se prononcer et qui avait déjà annulé précédemment l'appel d'offres du ministère.
Rédigé par : Helena | 11 mai 2009 à 22:56
Philippe Bilger,
vous êtes souvent agaçant mais votre plume vous rend lisible et, pourquoi le cacher, passionnant.
Je craignais le pire en apprenant que vous alliez croiser le fer dans un meeting politique. Je suis rassurée: il est encore possible d'échanger des arguments, de ne pas partager la même opinion sans s'injurier ou se maudire. C'est rassurant pour le débat démocratique. Il est important de se parler, de tenter de se convaincre, d'écouter l'autre et de le respecter. Bref, de rester civilisé...
Rédigé par : anne l | 11 mai 2009 à 22:10
On attend avec curiosité votre commentaire sur la façon dont une justice exemplaire a condamné sans faiblir l'instituteur émasculateur... Décidément, Jupiter fend fous ceux qu'il veut perdre....
Rédigé par : guzet | 11 mai 2009 à 20:51
Véronique, vous avez tout à fait raison. Moi non plus, depuis que la loi, donc le texte, existe, je n'ai jamais vu cesser les comportements qu'elle condamne et réprime. Elle n'a jamais protégé contre (je vous cite) "la médiocrité intellectuelle, professionnelle et morale", elle n'a jamais émancipé l'homme "du désastre d'être un zéro en tout" ... La preuve en est que, malgré qu'elle est implacable, le crime existe toujours. Comme c'est troublant ... On est tenté, à ce point, de questionner celle-ci: Oh loi, à quoi sers-tu puisque toujours les faiblesses, puisque toujours tout ce que tu interdis?... Depuis le temps qu'ils sont condamnés, il ne devrait plus y avoir de vol, de viol, de meurtre, etc. La loi pénale est un échec permanent. Je comprends, à partir de ce constat, qu'il n'est pas très intéressant d'en ajouter encore en la faisant viser les juges influencés, soumis, dépendants et/ou corrompus ... Faisons confiance en la morale de chacun plutôt. Oui mais chacun dans ce cas, c'est-à-dire tous les hommes. En d'autres termes: Effaçons la loi, cette chose inutile qui a prouvé de siècle en siècle son impuissance et son incapacité ... C'est intéressant, n'est-ce pas? je suis sûr qu'on devrait creuser par là, on trouverait quelque chose nouvelle qui ferait la vie plus belle ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 11 mai 2009 à 18:27
Lorsque François Bayrou fut ministre de l'Education nationale il ne pratiqua certes pas l'abus de pouvoir qu'il reproche à d'autres : il ne fit aucune réforme et son ministère restera comme un exemple de pouvoir laissé totalement aux syndicats. Bel exemple de démocratie inefficace !
Claude Allègre, au moins, avait eu l'audace de mettre le doigt sur la plaie et de dire tout haut ce que la plupart pensent.
Son Premier ministre n'eut comme courage que celui de le désavouer et de s'en séparer.
Rédigé par : mike | 11 mai 2009 à 18:01
J'adore la formule de ce grand cabotin d'Arnaud Montebourg quand il dit que Bayrou fait de l'anti-sarkozysme pavlovien. Belle formule qui irait aussi comme un gant à quelques autres...
Rédigé par : Laurent Dingli | 11 mai 2009 à 17:24
"ma ville natale, Metz."
Or donc, comme Verlaine, vous voici messin...!
Pour ma part, trop émotive, de peur que ne m'échappe quelque mot malheureux, j'évite les réunions politiques et pendant que le MoDem débattait de "l'Europe des libertés" je me préoccupais d'examiner 'comment la sorcière Huld tua le roi Vanlandi', opération magique qui fait l'objet du ch.13 de l'Ynglinga saga de Snorri Sturluson et j'ai conclu qu'il s'agissait en fait là de l'interprétation débridée, c'est le cas de le dire, d'un mot du vocabulaire magico-religieux pour évoquer la mort d'un personnage de haut rang et dont le sens s'est délité. Il disait en effet que le défunt a été tué par son rêve...
Et c'est vrai quelque part que quoi de pire pour un homme politique que d'être la proie de quelque rêve qui aura mal tourné!
Pour en revenir à votre débat, vous dites :
"Avec Fabienne Nicolas, nous nous sommes accordés tout de même sur un point central : l'Europe des libertés ne peut pas, ne doit pas être un succédané à nos insuffisances, à nos impuissances françaises."
Ce en quoi le délégué du syndicat et vous-même avez parfaitement raison. Quelle que soit la question en fait, il n'est jamais très profitable de se reposer sur autrui de ce que nous répugnons ou peinons à traiter nous-mêmes quand bien même nous ne serions pas des no-vices!
"D'autre part, - et sur ce plan je me suis trouvé en opposition courtoise avec François Bayrou dont j'ai pu apprécier l'aptitude au dialogue -, il me semble qu'au sujet de la justice et de son fonctionnement , le MoDem donne trop d'importance au statut et à la loi, persuadé, par exemple, que protégé par des textes le Parquet deviendrait tout naturellement indépendant. Cette illusion, cultivée aussi par ma collègue, résultait sans doute du tableau excessivement sombre dressé par les uns et les autres, qui n'était pas loin de présumer de l'héroïsme chez ceux qui, dans la quotidienneté, accomplissaient avec conscience et liberté leur mission. J'ai dénié la validité d'une telle approche et tenté de mettre l'accent plutôt sur les faiblesses et faillites personnelles qui, demain, même avec des garanties infiniment protectrices, continueraient à produire leurs tristes effets. Cette manière, en toute bonne foi, de vouloir agir par la loi au lieu de laisser agir, n'aurait aucune incidence sur des comportements professionnels qui continueraient à être déterminés par la personnalité forte ou complaisante des magistrats concernés."
Là vous me posez un sérieux problème de réflexion.
Ceci étant, avec le fameux art. 5 qui règle l'indépendance de la parole des magistrats à l'audience, on a bien vu à quoi servait le texte: A rien! Vu qu'il suffit de ne pas le lire complètement pour agir à sa guise.
Malgré tout, le texte là, eh bien ma foi, il est là et il peut toujours être reproché de le contourner. Autrement dit, si le texte n'est pas toujours la panacée, au moins il est l'obstacle!
Toutefois, vous n'avez pas tort de mettre l'accent sur les singularités en particulier lorsque vous dites :"Je persiste dans cette intuition que le salut viendra de nos personnes plus que des structures."
Ce tout bonnement pour cette banale raison que le meilleur architecte n'est rien sans le charpentier et tout les autres corps de métier qui sont dans 'le faire' et qui à proprement parler édifient!
Or, donc homo laborans du corps judiciaire, le citoyen lambda, petite souris de l'audacieuse demeure aux trop souvent périlleux échafaudages, considère votre ouvrage avec respect mais aussi circonspection, vu que ... quand c'est mal ficelé, c'est sur lui que ça tombe au final!
Rédigé par : Catherine JACOB | 11 mai 2009 à 16:47
"...Justice, libertés, presse, discriminations... Au micro défilent, ce n'est pas si courant en période électorale, des avis plutôt divers. Au grand dam de la représentante du Syndicat de la magistrature, Fabienne Nicolas à son côté, Philippe Bilger, avocat général près la cour d'appel de Paris, proteste de « l'exigence morale » de chacun à revendiquer sa liberté et son indépendance...
« Fort bien, il y a une conscience qui se lève et qui dit : ce que vous êtes en train de faire est un abus de pouvoir », reprend Bayrou, entre humour et immodestie, « mais vous ne pouvez pas effacer la faiblesse des êtres, c'est la loi qui protège, qui émancipe et quelquefois la liberté qui opprime... » Juges d'instruction, journalistes, pdg de l'audiovisuel public..."
Extrait de l'article de Philippe Jarassé dans L'Est républicain du 10/05/09
"mais vous ne pouvez pas effacer la faiblesse des êtres"
vous a répondu François Bayrou.
Mais moi, tout comme vous, Philippe, je n'ai encore jamais vu un texte de loi qui, par magie, protègerait contre la médiocrité intellectuelle, professionnelle et morale, ni qui, d’un coup d’un seul, émanciperait le professionnel du désastre d'être un zéro en tout.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 11 mai 2009 à 10:08
@jpledun
J'ai regardé in extenso la séquence au cours de laquelle François Bayrou était interviewé par L. Ruquier et ses chroniqueurs. J'ai gardé l'enregistrement, que je tiens à votre disposition. Je crois comprendre que vous n'aimez pas (plus) F. Bayrou. C'est votre choix et il n'y a rien à dire contre cela. Comme d'autres, il dit des bêtises de temps en temps. Mais votre présentation de ses propos est assez éloignée de la réalité. J'aurais juste une question à vous poser : en quoi la nomination par l'exécutif (autrement dit, par le président de la République) des présidents de chaînes télé et radio publiques, est-elle une contribution à l'amélioration des libertés publiques ?
Rédigé par : Christian C | 11 mai 2009 à 09:33
Le jour où le bulletin blanc sera pris en compte dans le comptage des votes, alors l'offre médiocre concentrée sur des personnes imbues d'elles-mêmes s'effacera progressivement pour apporter des projets construits et sérieux centrés sur l'intérêt général.
PS: pour revenir sur ma ville, des élections municipales ont lieu en juin, en raison d'une invalidation du scrutin entaché d'irrégularités. Le MoDem qui avait siégé pendant un an avec le PS a décidé cette année de s'allier avec l'UMP. Donc, un jour avec le Front national, un autre jour avec le PS, et aujourd'hui avec l'UMP. Bref, du grand guignol.
Rédigé par : SR | 11 mai 2009 à 08:02
Cher Philippe,
Vous avez eu la chance d'avoir le Bayrou du matin. Moi je me suis payé 45 minutes de Ruquier, pour écouter le Bayrou du soir...
J'ai beaucoup ri (si l'on veut).
Entendre François dire pendant 30 minutes (minimum) que depuis Sarko, les libertés reculent (quelle nouveauté ! Le Général de Gaulle a eu droit à la même insulte) et que l'ont ne peut plus s'exprimer librement...
(Ruquier lui faisant quand même remarquer que trois minutes auparavant, Sarko était de nouveau roulé dans la farine comme toutes les semaines et qu'il n'avait pas encore perdu son poste)
Bref le décalage dans le discours de M.Bayrou le rend, á mes yeux, pitoyable et triste.
J'ai voté pour lui un jour (au premier tour, au lieu de Chirac).
Il m'avait convaincu avec son idée de faire travailler tout les talents et de ne plus penser clivage Gauche-Droite (car je pratique cette philosophie depuis ma tendre jeunesse).
En pleine campagne européenne, sortir une publication CONTRE une personne au lieu de parler POUR un projet...
Cela ressemble énormément au PS avant 2007... Cela ne fonctionne pas auprès des Français.
Depuis j'ai revu mon logiciel en ce qui le concerne.
Rédigé par : jpledun | 11 mai 2009 à 01:27
Les meilleures procédures ne peuvent pas faire abstraction du bon sens.
Ou alors elles sont trop rigides, et ne sont pas appliquées, ce qui a des conséquences encore plus terribles.
C`est ce qui est arrive à la Nasa en 2003, pour une histoire de boulons hyper-contrôlés:
http://images.spaceref.com/news/2003/9.6.2003_05.lrg.jpg
Rédigé par : Alex paulista | 10 mai 2009 à 23:51
Mr Bilger: ravi de voir que vous commencer à gouter à ce que raconte François Bayrou. Depuis de nombreux mois je lis dans vos billets comme des échos à son discours. Une impression ? Apparemment certains de vos lecteurs s'en alarment déjà... :) (A propos, avez-vous eu l'occasion de lire Abus de pouvoir ?)
Rédigé par : Pierre Guillery | 10 mai 2009 à 22:57
@S.R.
Je suis globalement d'accord avec vous, sauf sur votre vision de François Bayrou. Après sa victoire de 2007, Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse de le détruire, lui et le MoDem. En dépouillant ce parti de ses forces vives au nom d'une politique d'ouverture, Nicolas Sarkozy a bien cru en finir avec François Bayrou. Or non seulement l'homme n'est pas mort, mais si j'en crois le "Canard enchaîné" de la semaine dernière, il inquiète beaucoup l'Elysée, en cas de présence au second tour de la présidentielle de 2012. Peut-être François Bayrou est-il l'éternel troisième homme comme Raymond Poulidor fût l'éternel second, il ne faut pas pour autant insulter l'avenir.
@Elu local,
Avant de critiquer un ouvrage, le mieux est encore de le lire. Au moins on sait de quoi l'on parle.Quant à la pratique monarchique du pouvoir, encore une fois, elle est inhérente à la Vème République, c'est ainsi. Ce que l'on reproche à l'actuel locataire de l'Elysée est moins le côté monarchique que l'omni-présidence, le fait de phagocyter le gouvernement (c'est sans précédent), un certain côté clinquant, quelques amitiés douteuses et surtout de ne pas savoir (par impatience je présume) ménager les formes et respecter les règles de nos institutions.
Rédigé par : Ludovic | 10 mai 2009 à 22:54
Bonsoir M. Bilger,
Votre billet est un vrai bonheur pour moi. Un seul regret, celui de vous avoir manqué à Metz, moi qui suis à Nancy. J'aurais, sans hésitation aucune, fait le trajet pour vous applaudir si seulement j'avais su vous y trouver.
Un vrai bonheur car je trouve que François Bayrou, en chevalier blanc, a au moins le mérite de tenir le cap. J'ai d'ailleurs voté pour lui au premier tour de 2007, sans regret, car même si notre Président a réussi à faire exploser le Centre par sa politique d'ouverture (Santini, Morin, Cavada, etc.), je maintiens vis-à-vis de François Bayrou beaucoup d'estime pour son courage et sa sagacité. Quant à Fabienne Nicolas, je la connais depuis neuf ans déjà et nous avons travaillé ensemble lorsqu'elle était juge des enfants au TGI de Nancy, elle m'a appris, comme le vice-procureur Nativel, beaucoup de choses sur le fonctionnement de la justice. J'ai eu le privilège d'assister à des audiences du Tribunal des Enfants et je l'en remercie encore.
Je sais bien que vous ne souhaitez pas rencontrer vos commentateurs, vous l'avez fort bien expliqué dans "Etats d'âme et de droit", je le comprends tout à fait mais c'est agaçant de vous manquer quand vous passez si près de chez moi.
Rédigé par : Ludovic | 10 mai 2009 à 22:18
En consultant récemment mon dossier Google, comme le font mes employeurs avant qu'ils me virent pour toutes les raisons d'infamie possibles, j'ai remarqué sur le Forum des sympathisants du MoDem une reprise intégrale d'un mien commentaire en votre blog, cher PB, celui où je conclus qu'il serait peut-être judicieux de faire examiner l'ensemble des magistrats par des psychiatres … Ils sont sympas; au moins ceux-là me citent comme l'auteur; j'en connais un ramassis qui me pillent joyeusement sans même citer mes initiales … Les vaches! Claude Allègre, oui oui, hum … Qu'est-ce qu'il veut faire à ce grand ministère du commerce international qu'il veut faire créer rien que pour lui? C'est mystérieux. Son bilan à l'Education nationale?... Tout de même, des années après, les universités sont toujours dans le sale pétrin, les étudiants crèvent toujours la dalle et dans la rue en plus, les chercheurs -dont il est un éminent- tournent nuit et jour en place de Grève protestant contre leur sort et celui de la Recherche en France … J'en passe … Alors le commerce international … Et le commerce national, ça ne l'intéresse pas plutôt? Il est brillant scientifique, il ferait mieux de se consacrer à ses laboratoires et travailler sérieusement aux découvertes des choses de la science plutôt que de faire le pitre en politique, il s'est déjà assez ridiculisé … J'écris ça mais, ma foi, docteur tirelire, quant à lui et pour exemple a contrario, la dernière fois qu'il a touché un stéthoscope et ausculté un malade c'était quand il était étudiant, c'est dire … Lui fait de l'Affaire étrangère désormais. Alors du Commerce international … Jack Lang fait bien le facteur en ce moment, les PTT gouvernementales internationales … Il exagère tout de même, plus d'un mois qu'il est parti à Cuba porter un courrier de Sarkozy à Fidel et Raoul … Il y a de l'abus, il en profite, fait le cake à Copacabana ... Le MoDem, je ne sais pas … Tout ce que j'ai vu de crédible en lui s'est effondré du jour où Jean-Marie Cavada … (Quand je pense que cette c... molle est docteur honoris causa de l'université de Liévain pour son apport, sic, à la langue française, j'en suis malade, je savais les Belges souples et libéraux mais à ce point, non, ça dépasse l'entendement …) … La Justice plutôt. Je ne suis pas d'accord avec vous, cher PB; les hommes sont ce qu'ils sont et vous ne trouverez pas un corps de métier où tous ceux qui le représentent sont de caractère parfait même au sens restrictif où vous l'entendez. Lorsqu'il s'agit des justiciables passibles de ces fameuses peines planchers, vous invoquez la loi et qu'elle, vous exigez qu'on ne s'y soustrait pas, ni les juges ni les condamnés … Quand il s'agit des magistrats, vous écarteriez la loi au profit de leur caractère personnel, leur morale individuelle en somme … Et puis quoi encore? Le Père Noël?... Puis comment décidera-t-on de la qualité de ce caractère? Quel La Bruyère de nos jours vous guidera en ces choix? Et à quel moment? Avant l'entrée en fonction? pendant? Allons, un peu de sérieux, s'il vous plaît. Le Parquet, naturellement, ne deviendra pas tout entier miraculeusement indépendant parce qu'un texte, une loi l'édictant … Mais au moins, en cas de suspicion ou de soumission constatée à des intérêts privés et/ou une autorité publique quelconque, de par le texte, de par la loi, on (le justiciable et ses avocats) pourra lui retourner en pleine gueule sa félonie qui ne sera pas simplement de la suspicion légale légitime mais plus que cela: de la mise en accusation formelle, légale, face un tribunal pour rien moins que le crime de forfaiture contre le Peuple qu'il avait -qu'il a- à charge de représenter … Vous nous dites en substance: pas de loi pour les juges, faisons-leur confiance ... Réfléchissez mieux car je crains fort que vous vous fourvoyez gravement en cela et déniez tout contre-pouvoir à votre autorité immense qui ne vient pourtant d'aucun suffrage mais d'une banale nomination, de la carrière, aussi des repas entre amis comme dit Courroye «je dîne avec qui je veux» et certes on ne peut lui ôter cela …
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 10 mai 2009 à 21:30
Ma fibre libérale m'inclinerait à faire confiance aux individus, aux professionnels de la magistrature et à vous suivre dans votre démonstration. Pour autant, ne peut-on pas considérer que certaines réformes sont nuisibles lorsqu'elles portent atteinte aux garanties d'indépendance de la justice ?
Une chose m'a frappé lors de cette convention thématique sur l'Europe de la justice, c'est l'accessibilité problématique de ces débats. Les élections du 7 juin établiront peut-être un nouveau record d'abstention. Je ne suis pas juriste, je suis un démocrate humaniste et un Européen militant. J'ai été ravi de faire connaissance avec le traité de Prüm, l'arrêt Medvedev et toutes ces choses... mais il me semble très difficile de mobiliser les Européens sur de tels débats de spécialistes, si loin des préoccupations quotidiennes des Européens concernant leur justice. C'est une exigence démocratique que de rendre accessibles ces questions au plus commun des mortels, moi par exemple...
Merci M. Bilger de nous avoir apporté votre éclairage singulier lors de cette convention à Metz.
Rédigé par : Pierre Schweitzer | 10 mai 2009 à 21:09
"Je persiste dans cette intuition que le salut viendra de nos personnes plus que des structures" écrivez-vous.
Oui certes, mais non pas parce que les structures seraient secondaires, elles sont au contraire primordiales, mais parce qu'elles ne valent que par ce que nous en faisons.
Ce qui compte, c'est de croire en elles.
Ce qui compte, c'est de croire. En nos principes, en nos lois, en nos procédures, en nous-mêmes...
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 10 mai 2009 à 20:33
Bonjour Monsieur Bilger
Vous avez écrit :
"L'Europe ne sera une chance que si la France judiciaire se crée un Etat de droit digne de ce nom aussi bien avec humanité (les prisons : dramatique problème) qu'avec efficacité (le service public de la justice répondant vite et bien aux attentes des citoyens), sans oublier le respect, par les titulaires des plus hautes charges, de la morale et de l'impartialité."
Vous avez mis le doigt sur le problème de la Justice française qui malheureusement devient de plus en plus une Justice au rabais.
On a de plus en plus de mal à trouver la première qualité que doit avoir un magistrat c'est-à-dire l'impartialité et je ne parle pas des Tribunaux de Commerce ou des Conseils de Prud'hommes ou les jugements sont souvent rendus de manière discrétionnaire.
Vous avez raison, Monsieur Bilger, la Justice Française aurait besoin d'une remise à plat totale et d'une modification radicale de ses structures.
Quant au Parquet, avec la disparition du juge d'instruction, espérons qu'il ne devienne pas uniquement le bras armé des Puissants comme malheureusement il l'est actuellement pour les affaires financières.
Rédigé par : noured1987 | 10 mai 2009 à 20:07
Le seul reproche que je puisse faire aujourd'hui au MoDem, sur la forme (car le fond reste un perpétuel sujet de débat, et c'est d'autant plus intéressant), c'est dans la posture que François Bayrou prend publiquement. Il se discrédite régulièrement en attaquant Nicolas Sarkozy sur sa pratique monarchique du pouvoir.
Affronter le chef de l'Etat sur ce thème relève d'une véritable schizophrénie lorsque l'on prépare sa candidature aux élections présidentielles en 2012, pour la troisième fois à la tête de son parti.
Il tirerait un net avantage à laisser la place au premier allié charismatique qui trouverait le courage de publiquement le rejoindre.
Rédigé par : Elu Local | 10 mai 2009 à 18:25
Jean-François Kahn est un intouchable ? Il semble se complaire dans une nouvelle mission: siéger à Strasbourg pour s'assurer une retraite supplémentaire. Quel âge a-t-il ? Pendant les présidentielles de 2007 il avait passé son temps sur les plateaux télés à rappeler son âge avancé pour exprimer son souhait de se retirer du monde du travail.
Dans la réalité du terrain, le MoDem est un conglomérat d'individus sans structure, mais avec la ferme volonté de décrocher des mandats en s'acoquinant opportunément avec la gauche ou la droite. Bayrou c'est quoi ? Trois députés à l'Assemblée Nationale. Et pourtant la complaisance des médias le maintient à flot.
Dans ma ville, un élu socialiste a fait alliance avec le MoDem pour diriger la ville. Les élections précédentes l'élu MoDem était sur une liste Front national. Bref tout est démoralisant en politique, comme au football. Hier c'est Guingamp qui a reporté la coupe de France, c'est raisonnablement qu'on pouvait remarquer que l'équipe était dominée par des joueurs Africains. Le stade de France était rempli de Bretons fiers de leurs équipes respectives. Mais on ne peut pas occulter une réflexion sur la représentation des Noirs en France. Cependant des gros plans sur la tribune présidentielle laissaient à penser que le débat sur l'immigration devait se conclure par un renvoi aux calendes grecques, dès lors où un Africain c'est utile pour gagner un match. Le reste...
Rédigé par : SR | 10 mai 2009 à 17:57