Franz-Olivier Giesbert a écrit, dans Le Point, un éditorial où il vante la presse écrite dont l'aptitude à la dérision et l'esprit critique seraient irremplaçables. Je me demande si nous lisons les mêmes publications. Je crois que nous pouvons déjà nous estimer heureux quand des informations fiables nous sont communiquées et qu'elles nous permettent à peu près d'appréhender la réalité de notre pays et du monde. Mais j'avoue que, pour le reste, je ne vois pas dans la presse écrite, en dehors du sérieux dont elle se pare, la moindre tentation de briser les idoles, de se moquer des "vaches" et des idées sacrées, de pourfendre la bêtise et l'arrogance. Certes, FOG cite Le Canard enchaîné qui demeure en fait l'unique référence pour cette causticité-là mais il ose mentionner aussi Jean-Marie Rouart qui a du talent mais dont les capacités polémiques restent dans un champ raisonnable et de bon ton. Si toute analyse qui met un peu de noir ou de gris dans le rose est qualifiée de provocatrice et de dissidente, je comprends que FOG congratule la presse écrite et s'émerveille de ce qui m'apparaît comme un indiscutable minimalisme.
La dérision, la moquerie, les sarcasmes, les boutades, les anecdotes montées en épingle et révélatrices de bien plus qu'elles, les indiscrétions, les échos, les dévoilements parfois insignifiants, on les trouve sur la Toile. La presse écrite constitue un appareil trop encombrant pour suivre à la trace le cheminement de l'apparemment futile et du léger lourd de sens. Elle agit mais ne réagit pas. Elle n'a pas l'envie ni le temps de mettre en oeuvre un droit de suite qui consisterait à ne jamais tenir quitte quelqu'un pour ses contradictions, ses absurdités ou ses reniements. Elle ne va jamais véritablement à l'affrontement avec les autres médias de sorte qu'une immense chape de complaisance, en dépit des troubles et des controverses superficiels, est épandue sur le monde de la communication. La rectitude et la vérité sont trop explosives pour être maniées sans précaution et les précautions prises sans cesse font que ce qui crève l'esprit n'est plus dit ni écrit.
Deux exemples qui m'ont conduit à ce billet et qui sont unis par une même curée facile à l'égard d'un homme et d'un camp qui ont perdu lors des élections européennes.
Je lis dans Marianne un article d'Alain Minc étrangement qualifié de "conseiller" en plus de l'essayiste qu'il est. Conseiller mais de qui et de quoi ? On devine derrière ce terme si riche et si vague des murmures et des coups fourrés, la modestie ostensible de celui qui prétend se montrer en affectant de se cacher, le confort d'une personnalité qui n'est jamais jugée véritablement puisqu'elle n'accomplit rien mais suggère tout. Décidément, je n'aime pas ces parasites de l'ombre.
Alain Minc soutient que les électeurs ont "tiré sur l'ambulance Bayrou" et qu'il n'a pas besoin de le faire. Pourtant, sans élégance, il en "rajoute" et vient accabler encore davantage une personnalité déjà blessée. Dans cette attitude, il y a tout ce que je n'aime pas. Conseiller des puissants et des riches mais sicaire de haute volée intellectuelle qui ne dédaigne pas les coups de main.
Le "conseiller" en vient à l'essentiel qui consiste à imputer à nouveau à François Bayrou d'être un "Le Pen light" et de se situer dans la lignée de "la vieille droite nationaliste, catholique, inconsciemment xénophobe". Quel mélange des genres qui signifie beaucoup sur celui qui le pratique ! Stupéfiant comme Alain Minc va chercher, dans le champ infini de ce qui aurait pu être reproché à François Bayrou au cours de cette récente campagne et auparavant, le seul grief absurde en "gonflant" son dérapage si vicieusement provoqué par Daniel Cohn-Bendit ! Paradoxal de s'enivrer d'une comparaison avec un Le Pen "soft ou light" quand Nicolas Sarkozy - dont Minc n'est pas éloigné, il le "conseille" - n'a pas hésité, et heureusement pour la droite classique, à vider le Front national de sa substance "sécuritaire" pour engager une vraie et efficace politique de sécurité ! Faudrait-il alors baptiser Nicolas Sarkozy de "Le Pen dur ou lourd" ? Alain Minc aurait plus fait progresser la lucidité politique et l'introspection de François Bayrou s'il avait été plus inventif.
Bizarrement, à l'émission Ripostes de Serge Moati où son invité était Guy Bedos, j'ai ressenti le même malaise. Certes traité à mon sens avec une révérence excessive puisque, paraît-il, emblématique du "peuple de gauche", il s'est contenté, avec condescendance et sans véritable profondeur, de pourfendre le parti socialiste qui avait eu le tort de ne pas l'écouter et tous ces citoyens qui n'avaient rien compris. N'oubliant pas au passage la promotion artistique familiale, il a tenu certains propos qui auraient scandalisé dans la bouche d'un amuseur ou d'un politique de droite. Pour rire, comme il l'affirme à chaque fois que sa roublardise lui signifie qu'il a été trop loin, il a exprimé son mépris à l'égard d'un électorat qui ne mériterait pas, trop bête, de voter. Derrière cette gouaille et ces grincements, beaucoup de contentement de soi intime. Avec quelle volupté n'a-t-il pas répété qu'il avait été reçu à plusieurs reprises par Nicolas Sarkozy, oscillant entre le désir de dénigrer et la vanité de la proximité ! J'ai été déçu par cet histrion amer et conscience surestimée dans cette mélancolique avant-dernière émission. Nicolas Demorand va venir sur France 5 - et c'est une consolation - mais quelle médiocre conception du changement que de supprimer ce qu'il y a de meilleur !
La presse écrite se serait-elle moquée d'Alain Minc qui se repaît de la défaite de François Bayrou ? Aurait-elle jugé ridicule l'intervention de Guy Bedos qui ridiculise volontiers les autres ? Je ne crois pas. Ce sont des tâches subalternes pour des journalistes qui prétendent ne pactiser qu'avec l'intelligence et laissent le menu fretin de la vie et de la pensée, la comédie sociale, politique et médiatique, à l'instantanéité d'Internet et des blogs.
Mais il y a une grande force dans notre faiblesse. On ne se plaint pas.
Lu et approuvé, Monsieur Bilger. Quand l'esprit critique oublie de se critiquer, c'est la liberté d'expression qui perd sa valeur.
La liberté d'expression est morte, c'est le trollisme qui la remplace. C'est navrant. C'est le nivellement par le bas, par ce qu'il y a de plus médiocre. On voit difficilement comment sortir par le haut de cette crise, puisque le bon peuple approuve. Il a toujours aimé les jeux du cirque.
Ceci dit, si le bon peuple rit, je suis convaincu qu'il rit jaune et ressent lui aussi le malaise. C'est peut-être du bon peuple que viendra le remède, parce que c'est lui qui décide en bout de ligne. Je crois qu'il faut laisser pisser.
Pierre Meur,
Belgique
Rédigé par : Pierre Meur | 01 juillet 2009 à 09:07
Remettez vos lunettes d'écaille, cher drôle, j'ai parlé dudit conseiller pas plus tard qu'hier.
Rédigé par : Laurent Dingli | 18 juin 2009 à 14:44
Laurent Dingli
J'ai bien noté également.
Cet effet faisait partie du constat recherché: la juxtaposition du coup de boule d'un sportif adulé pour ses coups de pieds avec les vers de Victor Hugo ne s'en trouve qu'accentuée.
Content de voir que vous êtes sensible à mon style qui, je le concède, s'emploie facilement à souligner le vulgaire.
C'est d'ailleurs un avantage notable à écrire sans prétention.
A l'inverse, vouloir en remontrer en permanence sur la forme peut vous éloigner d'un style neutre artificiellement.
Je vous souhaite d'être aussi acerbe sur vos écrits que sur mes commentaires postés en quelques minutes lors de ma pause café.
Sur le fond, je conçois bien que vous préfériez parler de Victor Hugo que du principal conseiller économiste de votre champion, qui est en train d'enfoncer le pays dans la dette, le chômage...
Avec style sans doute, la Rolex au poignet.
Rédigé par : Alex paulista | 18 juin 2009 à 11:19
Alex paulista,
Lire votre lamentable prose après la poésie de Victor Hugo, c'est un peu comme visiter les égoûts en sortant d'un jardin fleuri. Epargnez donc à nos sens, cher drôle, un contraste aussi violent.
Rédigé par : Laurent Dingli | 18 juin 2009 à 10:24
@Noured92
La médiocrité de la presse écrite actuelle découle évidement de la médiocrité des journalistes (á part quelques exceptions).
Cessez de tout vouloir excuser.
(Ceci n'est pas un ordre, c'est une prière. Amen)
Rédigé par : jpledun | 18 juin 2009 à 01:53
A noured92
Les libertés reculent, mais ce n'est pas la cause première.
Souvenez-vous de Victor Hugo et du Manteau Impérial
Ce qui sort de la fange y rentre.
Va trouver Tibère en son antre,
Et Charles neuf sur son balcon.
Va! sur ta pourpre il faut qu'on mette,
Non les abeilles de l'Hymette,
Mais l'essaim noir de Montfaucon !
qui en substance envoie l'empereur se faire bouffer par les mouches à merde...
Mais Hugo était quasi intouchable à l'époque, à peine exilable.
Aujourd'hui il nous manque encore plus une élite intellectuelle courageuse et respectée du peuple.
Parmi les personnalités incontestables, on avait l'Abbé Pierre.
Aujourd'hui, on a encore Zidane. Et encore, qu'il fasse attention, une critique et un conseiller obscur (j'allais dire une mouche) va lire dans le coup de boule un antisémitisme inconscient...
Rédigé par : Alex paulista | 17 juin 2009 à 22:37
Bonjour M.Bilger,
La médiocrité de la presse écrite actuelle découle du recul évident de la liberté d'expression ces dernières années dans notre pays.
La plupart des journalistes pratiquent la langue de bois et sont bien intégrés dans "la pensée unique".
Pour en avoir le coeur net essayez de demander à un quotidien ou hebdomadaire économique de dénoncer des malversations (preuves à l'appui) de certains patrons notamment dans des banques, vous aurez une fin de non recevoir.
J'en ai fait l'expérience.
La presse qui est censée être un quatrième pouvoir, au même titre que la Justice, a été ramenée au rang de serviteur du pouvoir exécutif.
N'en déplaise à certains, notre pays tend à devenir plus une démocrature qu'une démocratie.
Rédigé par : noured92 | 17 juin 2009 à 20:40
La droite catholique, nationaliste et xénophobe, mais c'est elle qui a bâti la réconciliation franco-allemande, quelque chose dont je peux mesurer à mon âge l'aspect extraordinaire, et même miraculeux. Peut être qu'Alain Minc n'apprécie pas ou pas à sa juste valeur ce pas décisif.
Pour avoir été en Angleterre en 2003 je peux aussi en mesurer l'étrangeté au sein même de l'Europe de ce début du 20ème siècle : nationaliste peut être mais combien de façon moins chauvine que l'Amérique, xénophobe soit, mais je n'ai jamais entendu depuis aussi loin que remonte ma mémoire, c'est-à-dire la toute fin des années 40, des propos aussi violents contre nos voisins, les anglo-saxons si chers à Alain Minc eux je vous assure n'étaient pas inhibés !
Rédigé par : Jean-Marie | 17 juin 2009 à 19:20
Cher Monsieur,
J'adhère entièrement à vos propos concernant la presse inodore et sans saveur qui se meurt par autocensure.
Quant aux informations fiables, vous êtes encore trop bon dans votre opinion car nous pouvons quelquefois en douter.
Concernant Monsieur Minc la réalité se charge de le discréditer.
Conseiller de tout et de rien, il s'accroche aux basques du pouvoir tel un Casanova de salon (sans le bel esprit de l'époque).
Rédigé par : Artémis | 17 juin 2009 à 17:44
Ai-je bien lu : le "dérapage" consiste à rappeler à Dany qu'il se laissait tripoter par les petits enfants pendant les glorieuses 70's ?
Rédigé par : Irnerius | 17 juin 2009 à 16:50
"Mais il y a une grande force dans notre faiblesse". Que oui, que oui : j'en suis l'ongle réincarné moi le porteur de Marcel
ça tombait bien, je cherchais soit un prêtre soit une curée pour ma confirmation de 40 ans de bonheur : se lever de bonne heure souvent de bonne humeur ! Il y aurait donc des mariages heureux !?
Bien à vous !
Rédigé par : Cactus à récurer | 17 juin 2009 à 15:49
Cher Philippe,
La provocation ne donne pas tous les droits.
La lumière du bruit, les aboiements, l'agitation stérile est l'objet de pensée des imbéciles qui sont bien quelque part.
Si vous courez les rues et les gazettes comme un chat maigre en quête d'une proie, D. sait si un jour nous n'allons vous voir chevauchant un vélib en petit slip cet été.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 17 juin 2009 à 02:33
La presse écrite n'a pas besoin de se moquer d'Alain Minc et de sa crédibilité.
La réalité économique s'en charge déjà...
@ Jeeves
Sur Valls, dans le petit film de Direct 8 (à votre lien) qui fait le "Buzz" hautement provoqué, il y a un détail qui en dit plus long sur le personnage que la bande son.
Juste avant les mots qui choquent, regardez comment il serre la main du monsieur moustachu et répond à son salut tout en tournant la tête de l'autre côté.
Insupportable.
Rédigé par : Alex paulista | 16 juin 2009 à 23:20
Il ne vous a sans doute pas échappé que le clown a annoncé le plus sérieusement du monde qu'on allait 'commémorer' son anniversaire, dérapage linguistique rectifié aussitôt par l'animateur en 'célébrer' !!
Quant au polyadministrateur plagiaire il n'a jamais été ma tasse de thé bien que je le trouve assez... urticant!
Rédigé par : Catherine JACOB | 16 juin 2009 à 22:44
Et oui, Jean-Dominique Reffait, assimiler Bayrou à l'extrême droite ou le faire passer pour antisémite signe bien la petitesse et la lâcheté du conseiller en question. Il y a bien d'autres griefs à faire audit Bayrou, pas besoin pour cela d'aller fouiller dans les poubelles.
Rédigé par : Laurent Dingli @ Marie | 16 juin 2009 à 20:39
Cher Philippe vous avez bien raison d'être troublé.
L'avant-dernière émission de "Ripostes" fut complètement ratée.
Christian C. dresse un portrait très juste de M.Bedos.
Bedos presque "gaga" quand il parle le nez plongé dans son verre d'eau.
Triste image d'un comique de talent, il faut le dire.
Quant á Mamère, une fois de plus n'ayant rien á dire de sérieux, il nous a fait son petit numéro indolore sur "Sarko et ses amis du Béton". N'essayez pas de comprendre, c'est du Mamère.
C'est mauvais, cela n'apporte rien au débat de fond. Il est le seul á rire de sa "verve", quémandant á chaque fois, par des regards soutenus, un improbable soutien auprès de son voisin de table.
Hier soir, dans "Mots croisés", qu'ils étaient calmes et posés nos représentants de la presse écrite... Joffrin qui murmure, JF Kahn silencieux. J'ai pensé un instant que, enfin nous allions avoir une discussion constructive. Malheureusement cela n'a pas duré. Kahn, face á ses contradictions, n'a pas pu s'empêcher de retomber dans ses vieux trucs de "monarchie" et "médias vendus au pouvoir".
Il n'y avait que Jaffré pour mettre tout le monde d'accord :
le PS n'a pas perdu son électorat.
Les Français ne se sont pas réveillés dimanche 7 juin, tout de vert vêtus.
"Europe Ecologie" est en fait calqué sur le modèle allemand de "Budniss 90" (certainement sur les conseils de Dany).
Ce "Budniss", après quelques jolis succès, est en perte de vitesse dans les Länder.
Europe écologie ne sont pas les Verts.
(Scoop !)
Je suis d'accord avec son analyse.
Rédigé par : jpledun | 16 juin 2009 à 18:56
Et, sur un autre aspect de cet excellent billet, la dichotomie affirmée entre presse écrite et Internet est tout bonnement crétine. Que je sache, Internet est une source écrite bien plus dense que la presse dite écrite qui devrait plutôt s'annoncer comme imprimée.
C'est sans doute cela que suggère FOG : imprimer un texte confère à celui-ci une légitimité sacrée dont ne peut bénéficier le texte publié électroniquement. Si l'on a trouvé une place entre deux publicités pour imprimer un article, c'est que ce privilège gagné de haute lutte est mérité, bien plus qu'un libelle d'internet qui ne souffre d'aucun filtre technique pour trouver où s'afficher.
Il n'en demeure pas moins que, depuis quelques temps, FOG oublie que les scoops journalistiques sortent d'Internet, de Rue89, Mediapart, Slate, Bakchich et que s'il est vrai qu'il y a effectivement le pire sur la Toile, il y a désormais le meilleur.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 16 juin 2009 à 17:45
Alain Minc est mon préféré, j'avoue. Il a tout du Mascarille des Précieuses Ridicules, grand expert de l'enfonçage des portes ouvertes, distillant des évidences économiques de première année de BTS comme une poule pondrait un oeuf en or.
Que l'on apprécie ou non Bayrou, il mène un combat politique, d'une lisibilité certes malaisée, mais respectable. Ce n'est pas une saillie stupide sur Cohn-Bendit, accident de parcours d'une campagne électorale qui n'aura brillé que par cet éclat, qui le rend illégitime sur l'échiquier politique.
Le Marianne de Jean-François Kahn, journal superficiel et racoleur que je n'ai jamais aimé, fit campagne pour lui en 2007. Kahn fut récompensé avec une place éligible aux européennes. Dépité d'avoir à céder la place à sa suivante, député sortante qui n'a pas été réélue en raison de la faiblesse du score, voici qu'il crache dans la soupe dont il pensait se repaître en ouvrant ses colonnes à l'intellecticule Minc.
Mais c'est surtout, dans cet article de Minc, la resucée explicite de l'accusation d'antisémitisme qui suinte des propos du Conseiller : assimiler Bayrou à Maurras ou à Léon Daudet lorsqu'il évoque - sans doute à tort - une camarilla des sondages contre lui ou lorsqu'il s'en prend à Cohn-Bendit, revient à conclure : être anti-Sarkozy, critiquer Cohn-Bendit, c'est faire preuve d'un antisémitisme larvé hérité du catholicisme nationaliste. Et pour mieux préciser le contour de sa vindicte, il cite les propos malheureux de Raymond Barre sur les "français innocents" tués lors de l'attentat de la rue Copernic. Que viendrait donc faire cette référence sans aucun rapport avec le sujet si le but poursuivi n'était de salir irrémédiablement F. Bayrou ?
Minc ne recule devant aucune malhonnêteté intellectuelle dans son énoncé perfide : Qui embraye le pas à Bayrou ? Marine Le Pen. "Un hasard sans doute" feint-il de conclure en suggérant l'inverse. Comme si Bayrou avait choisi les origines de ses deux adversaires principaux et se trouvait de connivence avec le FN quand celui-ci dit que le ciel est bleu.
Il s'agit bien davantage d'une curée sur le curé, nous sommes ici en présence d'une stratégie puante qui vise à discréditer un homme et, puisqu'on ne peut pas lui trouver une belle affaire de ballets roses à lui coller sur la figure, allons-y pour l'antisémitisme de Bayrou dont je devine qu'il va prospérer d'ici 2012.
C'est à dessein que je sépare Minc de Bedos car si ce dernier a effectivement perdu beaucoup de son acidité en s'installant dans la posture qui fut celle d'Yves Montand - le casse-couille de la gauche -, Minc sert la stratégie puante de ses maîtres.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 16 juin 2009 à 17:26
Effectivement, où aurait-on pu lire, ailleurs que sur le net, cette excellente chronique d'Élisabeth Lévy parue dans Causeur au sujet des propos de Manuel Valls ?
http://www.causeur.fr/valls-come-on-evry-body,2577
Rédigé par : Jeeves | 16 juin 2009 à 16:12
Daniel Ciccia,
Vraiment dommage que quelqu'un comme vous ne vote pas, même si je comprends l'écoeurement que vous éprouvez au sujet de l'instrumentalisation de la question turque. Cela justifie-t-il de vous priver de votre choix démocratique ? J'ai bien compris que l'abstention était pour vous un choix, mais qui l'interprètera comme une critique concernant l'adhésion d'Ankara à l'UE ? Personne, je le crains.
Rédigé par : Laurent Dingli | 16 juin 2009 à 15:30
Quoi de commun entre Alain Minc et Guy Bedos?
La position de distributeur de notes.
L'un l'a acquise par la connivence, le bluff, le verbe, l'autre par la posture morale et le verbe également. N'y a-t-il personne pour leur dire que derrière leur verbe il n'y a rien, et qu'ils mériteraient également eux aussi d'être, eux aussi, mal notés? Apparemment les éditorialistes ont identifié leurs semblables.
Rédigé par : arthur | 16 juin 2009 à 15:05
L'édito de FOG que vous rapportez, cher PB, me fait songer à ces éditeurs malins qui décident quelquefois, pour favoriser un auteur mais surtout pour renflouer leur trésorerie, de mettre en bandeau sur le livre publié «Déjà 100 000 exemplaires vendus» … Ce qui est faux, bien entendu mais l'effet est là et, jouant de la passivité naïve et suiveuse des gens, les 100 000 exemplaires et au-delà finissent bientôt et souvent d'être effectivement vendus car les gens, malgré tout, demeurent nombreux qui sont passifs, naïfs et suiveurs ... Au cinéma aussi on voit ça … «Déjà un million entrées», mensonge, duperie, c'est à peine si les 10 000 sont atteintes à ce moment … La musique n'est pas en reste ... En ces milieux comme de singuliers ghettos où ces manières sont sues et connues, on use de celles-ci avec parcimonie sinon ce serait par trop flagrant et le «secret» éventé … FOG n'en est pas là en Le Point quoique régulièrement il nous balance (notamment sur son défunt blog où il ne faisait quasiment que ça) du 400 000 exemplaires vendus chaque semaine, du 500 000 certaines couvertures, il ne lésine pas … La vérité, c'est que c'est une catastrophe et pour Le Point et pour les autres qui s'octroient l'apanage du sérieux de l'information politique et autres (d'ailleurs, c'est ça qui les tue, je crois, ce fameux sérieux qui s'autoproclame tel une étrange publicité ...). Je ne crois pas qu'en en rajoutant en affirmant cette fois qu'ils (eux, les journalistes de la presse écrite quasi institutionnalisée) manient mieux que quiconque la dérision et l'esprit critique en une indépendance totale et qu'en ces choses ils sont irremplaçables le serve au lieu de l'enfoncer davantage dans le ridicule et la mauvaise foi. FOG mérite mieux que de passer pour un con … ou pour un commerçant aux arguments surannés. La vraie question est de savoir à qui il s'adresse en écrivant cela. Si c'est à des convaincus abonnés de toujours au Point, ma foi c'est inutile, ils n'en seront avec ou sans pas moins toujours abonnés et convaincus. Si c'est aux autres pour les attirer comme dans une nasse, c'est stupide car encore faudrait-il que ceux-là lisent déjà le Point et ses éditos pour y trouver cette invite à peine masquée d'y découvrir le plus d'indépendance, de liberté, de dérision et d'esprit critique journalistiques qui se puissent imaginer. Bref, je ne comprends pas … D'ailleurs, on voit plus que souvent FOG ainsi que les autres ces patrons et ces notoires rédacteurs de cette information qui se dit en tout ou presque légitime et prioritaire car elle serait la plus critique et la plus ironique, en un mot la plus fiable et sérieuse, distante et objective, à la télé et la radio en toutes les émissions peu ou prou annoncées crédibles. Ainsi si leurs journaux de qualité sont ce qu'ils disent être, que ne leur suffisent-ils pas tout le temps ni ne les accaparent pareillement? C'est que c'est un travail monstre que de tenir une presse de ce niveau, enfin je crois, on n'a pas le temps pour le reste ... Il y a comme une singulière vacuité à cet endroit qui en dit plus long que tous les éditos et professions de foi. Ils veulent être partout car ils sentent bien qu'ils (à tort certains tels FOG; à raison d'autres je ne les cite pas …) deviennent plus rien … Même sur Internet, leurs sites excroissances mal aimés d'eux, de leur journal et magazine imprimés où, soi dit et selon leur propre témoignage unanime entendu précisément sur Inter chez Demorand la semaine dernière, ceux qui y travaillent y sont traités comme des valets, des sans grade, des subalternes sans intérêt ni qualité par ceux-là des étages supérieurs qui font dans le bon vieux papier, la plume et l'encrier, la vraie pensée et l'analyse, qui seraient l'élite, eux, a contrario des précédents de la basse-fosse virtuelle … Tout ceci n'est pas bien compliqué pourtant; les gens n'y croient plus, c'est aussi simple que cela, ils n'y croient plus … Alors ils s'échappent et on les retrouvent éparpillés partout, y compris ici sur le Net, la Toile, ça vole dans tous les sens, ça ne dit pas moins vrai, ça ne dit pas plus faux, ça n'en tapine ni moins ni plus ni autrement, ça déconne et ça se prend au sérieux, c'est libre et ça ne l'est pas, c'est autre chose en somme comme le choix d'un inconnu même le plus sordide et terrifiant plutôt que le néant ... J'ai la conviction que la presse écrite et imprimée, mettons classique en sa forme, n'a rien à craindre d'Internet, qu'ils sont complémentaires et utiles tous deux … Mais de grâce, que cette presse soit à la hauteur, nom de Dieu, qu'elle se dépoussière et cesse d'être officielle quasi telle le Journal, qu'elle fasse une vraie place aux jeunes auteurs et journalistes libres de ces carcans anciens et périmés où elle s'est engoncée par l'habitude et le confort, tous deux sournois en bien des choses, qu'elle cesse de faire semblant, qu'elle se ventile l'esprit, qu'elle régime et se bouge cette vieille obèse, qu'elle se lâche ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 16 juin 2009 à 11:54
Alain Minc et Guy Bedos ont en commun d'être très abîmés ; par l'âge, les excès, les mauvaises fréquentations ? On se perd en conjectures…
J’ai vu l’entretien qui mettait face à face Serge Moati et Guy Bedos ; ce dernier ne s’y est pas montré, c’est le moins que l’on puisse en dire, à son avantage. Incohérence dans les propos, trouble manifeste à chaque intervention de Moati, incapacité à aligner deux phrases complètes, vraiment du Guy Bedos frelaté. Il semblait même perturbé par la présence d’Eric Woerth, ce qui est un indice sur sa vulnérabilité du moment…
Alain Minc, « conseiller », « ami » ( ?) de Nicolas Sarkozy, s’est fait, avec le soutien actif de Bernard de la Villardière (ce dernier se présentait naguère comme journaliste, mais on ignore depuis comment il assure la subsistance de sa famille) , le héraut de cette croisade anti-Bayrou, soupçonné de populisme parce que c’est commode, et surtout parce que, même si l’accusation est infondée, ça fera bien un peu de « buzz » pour employer un mot à la mode.
Autant Guy Bedos m’a fait beaucoup rire, il y a très longtemps, parce qu’il n’a jamais ménagé la gauche qu’il aimait et que la cruauté de ses propos pouvait éviter à cette gauche parfois de se perdre, autant M. Minc ne m’a jamais fait rire. Il ne devait pas faire rire les PDG de certaines entreprises non plus lorsqu’il leur vendait ses services contre espèces sonnantes, dans le même temps où il conseillait leurs pires ennemis contre les mêmes espèces trébuchantes.
Je partage votre malaise, cher Philippe Bilger.
Rédigé par : Christian C | 16 juin 2009 à 10:50
Bonjour Monsieur Bilger,
Je suis tout à fait d'accord avec vous sur l'ensemble du billet mais l'expression "parasites de l'ombre" pour qualifier les conseillers comme Alain Minc me semble excessive.
Vous critiquiez Mamère pour avoir qualifié Bongo mort de "crapule", imposez-vous la même mesure, même pour un vivant !
Rédigé par : polo | 16 juin 2009 à 10:10
Hum ! J'oubliais. Pour moi, l'académicien Jean-Marie Rouart, c'est le désert de la pensée, le trou noir de la réflexion (heureusement que je me moque des prix littéraires !)
Idem pour le journaliste FOG, organisateur d'émissions ennuyeuses et discoureur creux (heureusement que je me moque des critiques littéraires !)
Vous voyez, je n'aime pas beaucoup les chasseurs, mais suis un des premiers pour la curée, sauf que celle-ci ne se limite pas aux prétendues ambulances du moment.
Rédigé par : Laurent Dingli | 16 juin 2009 à 10:05
1/Rouart rebelle, bigre. Sacré FOG !
2/Minc : entrepreneur il a beaucoup raté, conseiller c'est moins risqué.
3/Bayrou : l'homme à abattre, le cauchemar de Sarkozy . Et comme semble-t-il il a participé lui-même à sa destruction, ses "amis" sont trop heureux de lui donner un coup de main ; c'est la loi du genre.
4/Bedos : mauvais comme un cochon chez Moati, ne se faisait même pas rire...
Mais Moati content car ne recule jamais devant une démagogie.
J'ai envie de repartir de l'autre côté de la terre.
Rédigé par : catherine A | 16 juin 2009 à 09:57
Le malheur, c'est que ce que vous décrivez, en brocardant l'anémie de la presse, c'est l'actuelle démocratie.
Elle est aussi vaniteuse qu'elle est lassante.
Je ne suis pas sûr que plus de polémique, d'impertinence, de critique, change fondamentalement la nature de cette démocratie fondée sur l'opinion, qu'il convient de chauffer à blanc, de faire bouillir sur le feu.
La raison s'en accommodera-t-elle ?
A l'heure du web, qui vivifie, par les qualités que vous ne trouvez pas dans les médias traditionnels, la démocratie, d'autres dangers courent.
Ceux du cynisme ne sont pas les moindres.
La démocratie peut y succomber, lentement.
Entre parenthèse, ce cynisme n'est-il pas porté presque comme un étendard masqué par M. Coupat (les saboteurs de Tarnac) qui biaise la dispositif judiciaire en épousant une co-mise en examen qu'il n'avait pas le droit de voir.
C'est presque de la démocratie pied-de-nez.
Pour le reste, les taux d'abstention, à mes yeux, reflètent peut-être une part grandissante de lassitude chez nos citoyens pour ce folklore et la valse de ses tribuns.
L'Europe - puisque nous sortons d'un scrutin qui n'a pas été favorable à M. Bayrou - mériterait bien plus que les médiocres querelles, réductrices, caricaturales, auxquelles nous avons assisté.
Elle constitue un horizon qui devrait nous enflammer, nous porter, nous élever, nous faire rêver.
Personnellement, je n'ai délibérément pas voté. C'est un choix "politique", à mon échelle. Cela ne m'était pas arrivé depuis des lustres, mais à partir du moment où pour galvaniser ses troupes l'UMP s'est crue obligée de remettre la question turque sur le tapis, j'ai considéré que l'on réveillait à tort un doux monstre.
Avoir fait de cette question, en 2004, un instrument de marketing politique n'honore pas notre pays dit des Lumières.
M. Minc est à l'image de cette démocratie. Les médias, finalement, ne savent plus trop comment, au-delà de leur lectorat, inciter à la citoyenneté qui devrait être une propension naturelle, cultivée par l'esprit des jours, le goût du sérieux, l'envie de se projeter, et le souci constant de se tenir juste et responsable.
Au lieu de quoi, nous trouvons cette foire d'empoigne, avec ses polémiques et ses enjeux d'image, de stratégie, qui finissent par prendre le pas sur le reste.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 16 juin 2009 à 09:34
Tout est relatif, mon cher Philippe.
"mais quelle médiocre conception du changement que de supprimer ce qu'il y a de meilleur !" dites-vous.
Encore faut-il s'entendre sur "ce qu'il y a de meilleur". Manifestement, un certain nombre de vos fidèles commentateurs ne partagent pas votre enthousiasme pour la presque défunte émission "Ripostes".
Vous revenez sur la formule un peu ridicule de Minc concernant Bayrou, qualifié de "Le Pen light". Je vous suis toujours sur ce point. Mais pour le reste, cela m'amuse de voir tourner en ridicule un ridicule personnage comme le petit zorro du Béarn. Ce dernier n'a d'ailleurs pas besoin de Minc, en effet, pour se ridiculiser. Je ne crois pas non plus au coup fourré de Cohn-Bendit : Bayrou n'est qu'un médiocre pompier pyromane, un petit incendiaire qui s'est lui-même brûlé les ailes, une sorte de roquet qui, à force d'aboyer aux chausses des grandes personnes, a fini par souiller son pelage dans le caniveau. Je ne vais pas pleurer sur cette ambulance-là, ce fieffé hypocrite qui, hier encore, conspuait avec indignation le même Cohn-Bendit pour s'être rendu chez le Diable Sarkozy, et qui, aujourd'hui, se rend docilement à l'Elysée ; je ne vais pas voler au secours de ce vulgaire agitateur ultra-narcissique qui, tout en reprochant l'autoritarisme du chef de l'Etat, règne lui-même comme un cacique arrogant et omnipotent sur son royaume de pacotille, ou plutôt, sur ce qu'il en reste. Oui, j'ai une furieuse envie de m'en moquer et d'en rire.
Quant à la presse écrite, vous les trouvez vraiment sérieux, vous, les Jean-François Kahn ? Le café du commerce n'est pas l'apanage d'internet.
Rédigé par : Laurent Dingli | 16 juin 2009 à 09:25
Alain Minc est véritablement un parasite de la pensée française qui dispose d'une large audience auprès de tous les médias où il distille ses réflexions extraordinaires du type "Sarkozy est fait pour le job". Il est de toutes les fusions acquisitions sans la moindre gêne, il a des jetons au conseil d'administration de la plupart des entreprises cotées au Cac 40, il cultive l'entre soi et la cooptation avec délices depuis les années Giscard. C'est bel et bien un parasite de la pensée française.
Guy Bedos inspire effectivement du malaise, il use de son image d'homme de gauche depuis ses débuts sans en donner une véritable définition. Il y a toute une clique d'artistes qui se réclame de la gauche tout en affichant sa progéniture sur les plateaux télés comme des merveilles d'intelligence. Il y avait les artistes dits de gauche, et maintenant il y a aussi les enfants des artistes dits de gauche qui n'ont pas de talent particulier sauf celui d'appartenir à une caste qui se goinfre depuis 1981.
Rédigé par : SR | 16 juin 2009 à 04:59
De manière générale, les humoristes qui se spécialisent dans le politique s'y perdent. Guy Bedos a un talent indéniable dans ses sketches non-politiques, mais il est beaucoup moins drôle lorsqu'il fait son fond de commerce de Le Pen. Durant les 20 dernières années, il l'a ressorti périodiquement du placard à chaque intervention, trop inquiet de perdre son principal faire-valoir.
Dieudonné aussi possède un talent indéniable, mais dans ses derniers spectacles il porte moins à rire.
Cela ne tient pas seulement à son orientation politique extrémiste.
Un Gad Elmaleh, par exemple, se refuse à ce genre d'humour, poussé par la conviction qu'on ne rit vraiment que de soi-même. Dans une démarche intermédiaire, Le Luron et Desproges se mettaient eux-mêmes en scène dans la peau du franchouillard borné. Mais la diabolisation était absente.
Un Desproges, aujourd'hui, serait peut-être contraint à sévir sur internet. En téléchargement payant bien sûr, à en croire sa Lettre ouverte aux cuistres on ne peut plus actuelle...
Rédigé par : Alex paulista | 16 juin 2009 à 04:56