Guide suprême, démocratie religieuse : des expressions, des concepts qui font froid dans l'esprit. C'est en Iran. C'est si près de nous depuis une semaine.
Alors que la France s'est distinguée dans l'abstention - 60% - lors des élections européennes, alors que nous avons la chance d'être une démocratie et de pouvoir compter sur un vote clair et transparent, nous faisons les dégoûtés, les blasés.
En Iran, une part importante des citoyens derrière Mir Hossein Moussavi réclame justice. Elle aspire seulement, comme ce dernier l'a souligné, "à obtenir ses droits et à récupérer ses votes " (nouvelobs.com). Une immense espérance était née lors de la campagne présidentielle même si à l'évidence les médias français, plus obnubilés par leurs désirs que par la réalité, ont abusivement laissé pressentir une victoire de l'opposition.
Depuis la réélection du président Ahmadinejad, personne ne semble discuter sérieusement l'existence de la fraude. La controverse porte sur l'étendue de celle-ci. Elle aurait été massive (Rue89). Le Guide suprême, partisan du président contesté et fort des 24 millions de voix obtenues par ce dernier, minimise pourtant les effets d'une tromperie que même lui n'ose plus exclure. Mais son soutien politique et religieux, étant acquis à Ahmadinejad, risque de faire pencher la balance iranienne vers le passé, la régression et la chape de plomb plutôt que vers l'avenir et un possible changement.
Il ne s'agit pas de surestimer le progressisme d'un camp pour accabler l'autre. On peut comprendre Barack Obama dont la prudence et le pessimisme éclairé sont à la mesure de la partie capitale que les Etats-Unis sont appelés à jouer. Il n'en demeure pas moins que la réaction française, heureusement et sans détour, a été ferme et que la fraude au bénéfice du président iranien réélu a été dénoncée. Pour se convaincre de la nature des antagonismes et de la cause à défendre, il suffit de constater que les pays et les chefs d'Etat, rares, qui viennent conforter Ahmadinejad - la Chine, le président Chavez notamment - se trouvent aux antipodes de nos valeurs démocratiques. Qui se ressemble s'assemble.
Le Guide suprême, l'ayatollah Khamenei, la plus haute autorité de la République islamique manifestement, lors de son sermon si attendu et qui a déçu hors d'Iran tant de gens, a pris un mauvais chemin. Il a mal orienté son pays. De quoi nous faire regretter - c'est un comble - l'ayatollah Khomeiny !
On voudrait être avec ceux qui protestent, défilent et espèrent. Sept morts au moins déjà parmi ces combattants pacifiques. On a peur, on tremble. Chaque matin, on s'interroge. La main de fer ou la révolution de velours ? Le rouleau compresseur du Pouvoir va-t-il les écraser à Téhéran comme dans le reste du pays ou, à force, l'obstination et le bon droit vont-ils triompher (Le Monde ) ?
Et nous, on ose ne pas aller voter !
J'en connais un ramassis de ces penseurs «profonds» médiatisés ou moins qui ne manquent déjà pas de s'indigner publiquement ou en privé au pire, de s'étonner pareillement au mieux, de l'ampleur des manifestations populaires de désarroi de par le monde qui font suite à l'annonce de la mort de Michael Jackson … A ceux-là il suffit de répondre pour mettre un peu d'intelligence dans leur tête via leur bouche, leurs yeux et leurs oreilles, que Neda Agha-Soltan, cette adolescente tuée ces jours derniers dans la rue d'une balle dans la poitrine par les milices ordurières d'un régimes iranien totalitaire, dont on vu tous le visage se recouvrir brusquement de sang et ses derniers moments, a manifesté et a exposé sa vie précisément pour cela aussi: AVOIR LE DROIT DE DANSER LIBREMENT SUR DES AIRS DE MICHAEL JACKSON ...
Bandes de cons qui glosez dans le vent pour vous rendre intéressants!
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 26 juin 2009 à 23:15
Bien sûr, Monsieur Bilger que le pire est à craindre, comme toujours lorsque l'on hésite et que l'on fait de la philosophie à l'abri des violences derrière son ordinateur. L' Ayatollah "Rèteteconnery" comme disait Michel Colucci, reçu, protégé, hébergé dans notre belle France n'aurait pas fait mieux ni pire, en son temps. Le langage du peuple iranien n'est pas différent du nôtre, les Ayatollahs de l'Iran sont nos Enarques, nos Polytechnyciens, nos Magistrats (sauf votre respect), en quelque sorte. Il est singulier que l'on puisse s'indigner d'une organisation soit disant anti démocratique alors qu'il ne s'agit que de manoeuvres (de malices) seulement destinées à préserver des prébendes. Appuyez-vous toujours sur le peuple Monsieur le Magistrat, aujourd'hui il crève de faim, demain, vous l'aiderez et il vous élira, de toute façon, vous ne lui devrez rien. Mornet, toujours et encore sale bonhomme !
Rédigé par : ROUTA VILLANOVA | 23 juin 2009 à 00:27
Merci aussi à vous cher Ludovic, je suis très touché que vous ayez eu la gentillesse et la curiosité de vous intéresser à ma modeste prose ; mais, comme je l'ai écrit à Aïssa, je préfère évoquer cela ailleurs que sur le blog de Philippe Bilger ; je crois qu'il ne serait pas correct, en effet, d'y parler de mon travail. Merci encore à vous.
Rédigé par : Laurent Dingli | 22 juin 2009 à 09:11
@Laurent Dingli,
Si j'ai bien compris le dernier commentaire d'Aïssa, vous êtes sur le point de publier un roman historique. Je les dévore littéralement, je vous serais reconnaissant de m'en révéler le titre. J'ai lu avec beaucoup de plaisir votre "Robespierre" et "Colbert, marquis de Seignelay, le fils flamboyant". De très bons ouvrages, riches et écrits avec beaucoup d'alacrité. Je n'ai pas lu vos ouvrages consacrés à Louis Renault, ni "Une pureté sans nom", mais je préfère la période moderne, que voulez-vous.
Rédigé par : Ludovic | 21 juin 2009 à 22:49
Toute pudeur gardée compte tenu des événements qui ensanglantent Téhéran et tant d'Iraniens et Iraniennes, il me semble que l'abstention peut être revendiquée car elle dit toujours quelque chose. Que ce quelque chose puisse avoir une valeur, trouver une traduction politique, ce sont là d'autres questions.
Une chose est sûre et en cela je ne suis pas en accord avec M. Bilger, il n'y a pas d'un côté des nantis blasés et de l'autre des déshérités emplis d'un désir démocratique qui ne demande qu'à être assouvi.
L'histoire est pleine de révolutions qui ont accouché de grandes déceptions. Où l'exaltation originelle débouche sur l'ordinaire décevant de la démocratie.
L'Europe connaît ce paradoxe de constituer un dessein si grand qu'on devrait pouvoir y accrocher des wagons entiers de projets, de volontés, de rêves, pour plusieurs générations et de demeurer incapable de décoller dans l'imaginaire collectif européen.
Il n'est que source de querelles sémantiques - et vous ? approfondissement ou élargissement ? - récupération par des forces centripètes à des fins nationales... Un continent fatigué - vieux ? - avec une France qui a déposé ses propres rêves de fraternité et d'universalité, qui ne sait plus trop ce qu'est l'esprit de pionnier, et ne sait plus donner de souffle tant ce qu'elle a à gérer - une modèle économique et social à bout de souffle, et un train de vie financé depuis des lustres par nos enfants - l'accapare.
Elle a partagé avec les Pays-Bas un privilège dont elle se serait passé selon moi.
Alors, ceci n'étant pas un réquisitoire exhaustif, je crois que l'abstention n'est pas toujours une maladie du citoyen mais le symptôme de la maladie de la démocratie.
A la presse, si elle a la sensibilité nécessaire, de sonder cela, cette lassitude. Aux hommes politiques de s'accorder à nouveau aux citoyens, à réapprendre quelque chose d'eux... Mais, et c'est là finalement que le système me semble avoir atteint ses limites et qu'il nous faudrait, tous, réinventer la démocratie, de sorte qu'elle passe par d'autres clés que celles qui consistent à piloter des marges et des antagonismes pour constituer des majorités.
Il y a un jeu, dans ce domaine, qui est selon moi réducteur et puéril et qui ne satisfait pas mon ambition de citoyen, mon ambition d'intelligence pour mon pays et mon continent.
C'est sans doute cette frontière là que nous devons franchir et je donne mon ticket qu'elle ne le sera pas par plus de fatuité, de querelles, de polémiques, fussent-elles d'un très grand brio intellectuel, mais par plus de concorde, de souci de justice partout, de scrupule... Tant de choses dont le défaut fait que des gens sont désenchantés et récite les alléluias de la démocratie par conformisme et parce qu'ils se retrouvent du point de vue de leur conviction dans les différents combats ou débats.
Pour le reste, c'est-à-dire l'Iran, qu'espérer sinon que le vent qui s'y est levé poursuive son oeuvre tout en épargnant un maximum de vies. Même si la peur produit son effet dans les prochains jours, il me semble que quelque chose a atteint la Révolution islamique profondément et durablement.
Sur le sang de ces quelques dizaines de manifestants, c'est elle qui s'est montrée mortelle.
Cela, qui n'a que peu de choses à voir avec la démocratie et plus avec la nature du pouvoir, pénètre profondément, je le crois, tous les esprits en Iran.
Le temps, ensuite, fera son oeuvre.
Il y a encore des choses inéluctables.
Rédigé par : Daniel Ciccia | 21 juin 2009 à 21:12
Merci, cher Aïssa, mais le blog de Philippe Bilger n'est pas l'endroit le plus approprié pour parler de cela.
Rédigé par : Laurent Dingli | 21 juin 2009 à 19:31
Et maintenant on n'a(urait) même plus le droit d'être blasé par nos politiciens ?
Nul besoin d'envolée lyrique pour comprendre le dégoût qu'inspirent ceux qui nous disent de "nous serrer la ceinture" en ces temps de crise : lisez Le Point de cette semaine qui évoque le train de vie de nos élus, et leurs multiples avantages dont, en parfaite opacité, ils ont décidé de n'avoir aucun compte à rendre (et ça, c'est lamentable en démocratie, c'est ce type de comportement des élus qui disqualifie une démocratie ; au moins en Angleterre, ils doivent rendre des comptes sur l'utilisation de l'argent publique, notre argent). Se déplacer pour élire ces tartufes ? à quoi bon ? mieux vaut bêcher son jardin, malheureusement.
Quant à rendre obligatoire le vote pour masquer la désaffection citoyenne, autre supercherie que celle-là.
Si les élus n'insufflent pas l'envie d'aller voter, c'est que la démocratie est déjà essoufflée.
Rédigé par : Bob | 21 juin 2009 à 15:12
Mon cher Laurent Dingli, je lirai ça avec délectation... Rien ne me plaît tant que les vrais romans historiques... Oups ! ai-je éventé ?
Ma chère Catherine Jacob, dans mon allant à gloser j'ai oublié de vous remercier pour, disant comme Marie, ce ravissement de l'oeil... Je ne connaissais pas ce peintre et, chose certaine, il gagnerait à être connu. Souvent je me demande si le marché de l'art ne se fait pas au détriment de ceux-là...
Bon dimanche toutes tous...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 21 juin 2009 à 13:12
@ Aïssa
Sans pédanterie, l'Iran n'a à ce jour que 70 voire 75 millions d'habitants ce qui, au reste, n'enlève rien au fond de votre propos.
Rédigé par : mike | 21 juin 2009 à 11:29
"nous avons la chance d'être une démocratie et de pouvoir compter sur un vote clair et transparent"
C'est précisément sur ce désaccord que je n'ai pas voté aux européennes de juin dernier et que jamais plus je n'irai voter pour des européennes.
Décision lourde de sens pour moi car c'est la première fois que je m'abstiens pour une élection.
Lors du référendum on nous a carrément expliqué que l'Europe a mieux à faire que l'avis de ses citoyens, ça tombe bien j'ai mieux à faire de mes dimanches.
Pas de procès inutiles, j'ai pourtant voté oui à ce référendum. mais lorsque l'on nous explique que des gens qui ne sont pas d'accord avec un choix qu'une technocratie leur impose sont de mauvais européens, ben ça me rappelle trop de mauvais souvenirs.
L'Europe n'a rien d'une démocratie, le seul vote qui m'intéresse est de sortir de ce machin où l'on n'a rien à faire.
Rédigé par : fred | 21 juin 2009 à 10:43
Ludovic,
Je ne crois pas que la comparaison de Philippe Bilger soit hasardeuse. Il ne compare évidemment pas les deux systèmes, mais rappelle simplement que voter est une chance dont il ne faut pas se blaser. Enfin, j'imagine qu'il a dû vous le dire lui-même.
Encore une fois, je respecte votre choix, comme celui d'A. Lacheb-Boukachache et de D. Ciccia, même si je ne le partage pas. Vous évoquez la commission et son président, José Manuel Barroso, mais vous savez qu'on reproche justement à ce dernier d'être trop influencé par les chefs d'Etat. La gouvernance européenne n'obéit pas seulement au mécanisme "théorique" des institutions, il y a aussi tout un jeu de réseaux d'influences et de pressions politiques qui se révèlent souvent déterminantes. Chacun a son rôle : le parlementaire, le fonctionnaire européen, le ministre, le lobbyiste et le citoyen comme vous et moi qui vote (et manifeste dans la rue). Quoi qu'il en soit, je ne crois nullement qu'il soit inutile de voter aux européennes. Et puis, pour que les choses changent, il faut déjà y croire soi-même. Pour le reste, je suis d'accord avec ce que vous écrivez sur Rachida Dati.
De Gaulle, le dimanche ! Vous êtes impitoyable avec moi cher confrère !
Rédigé par : Laurent Dingli | 21 juin 2009 à 10:06
@Têtuniçois,
Cher ami, je ne suis certes pas juriste, et je ne sais pas si Philippe Bilger va vous répondre mais j'en doute.
N'ayez crainte, les carnavals ne sont pas visés par la Loi, il me semble d'ailleurs qu'on ne parle plus de "Gay Pride" mais de "marche des fiertés" LGBT.¨
Personnellement, même si je suis homosexuel comme vous, ce genre de parade m'indiffère, je me demande bien en quoi on se devrait d'une quelconque fierté. Que l'on reconnaisse nos droits comme pour tous les autres citoyens et ce sera déjà bien.
Rédigé par : Ludovic | 21 juin 2009 à 00:40
Il y a 35 ans en Iran l'homme à abattre c'était le Shah, et l'homme à soutenir c'était l'ayatollah Khomeiny.
On connaît la suite.
Alors depuis je me méfie des opinions toutes faites à propos des dirigeants iraniens et de leurs opposants.
P.S. : le 7 juin, délibérément, je n'ai pas voté. Parce que je considère ces élections européennes comme un simulacre d'élections démocratiques. Elles sont un simulacre car elles n'ont pas la moindre espèce d'influence sur quelqu'aspect que ce soit de la politique européenne.
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 20 juin 2009 à 23:50
"mal orienté ?"
plutôt derviche détourneur que guide suprême là, non ?
Bien à vous !
Rédigé par : Cactus respectueux désorienté | 20 juin 2009 à 23:43
@Aïssa,
Très bon commentaire que le vôtre au sujet de l'Iran et de l'Islam. Vous avez tout à fait su restituer la teneur du discours d'Obama au Caire. Je n'irais tout de même pas jusqu'à soutenir qu'Ahmadinejad est "un Hitler à sa façon", disons qu'il instrumentalise comme tant d'autres avant lui, l'Islam dans sa lutte contre l'Occident.
Vous avez bien raison de souligner que l'Islam ne se résume pas au monde arabe, amalgame très fréquent chez nos concitoyens, les Iraniens ne sont nullement des Arabes mais des Perses, le premier pays musulman du monde (s'agissant du nombre de fidèles) étant l'Indonésie et non pas l'Arabie Saoudite.
Rédigé par : Ludovic | 20 juin 2009 à 23:17
@Laurent Dingli,
Pour finir je voudrais juste rappeler la célèbrissime citation de Charles de Gaulle du 14 décembre 1965 lors d'un entretien avec Michel Droit, je vous taquine un peu, mais sans méchanceté : "Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l'Europe ! l'Europe ! l'Europe !... mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien".
Rédigé par : Ludovic | 20 juin 2009 à 22:20
@Laurent Dingli
Rassurez-vous mon cher Laurent, l'affaire du vin rosé n'est pas à l'origine de mon abstention, je n'en bois quasiment jamais, ce n'était qu'une illustration et j'aurais pu trouver d'autres exemples.
La question n'est pas là, je n'ignore nullement l'importance de l'Europe, gage de paix entre des Etats qui nous le savons bien, ont passé près de deux millénaires à en découdre. La Cour européenne de Justice et le droit européen sont, bien entendu, des avancées historiques sans précédent.
Je ne doute nullement de l'utilité de l'Union, elle est une évidence.
Tout de même, vous savez aussi que le véritable pouvoir ne se situe pas au niveau du Parlement européen de Strasbourg, mais au sein de la Commission européenne de Bruxelles. M. Barroso, bien plus que les présidents qui changent tous les six mois, est le véritable Président de l'Union, les commissaires sont ses ministres.
On peut aimer l'Europe et ne pas vouloir du système en vigueur. Quel que soit le vote que nous puissions émettre, il n'est pas question, que je sache, d'aboutir à des Etats-Unis d'Europe.
Dans ces conditions, le résultat des élections européennes m'importait peu. Je vote lors de tous les scrutins nationaux et locaux, je participe par conséquent au choix de mon gouvernement, de mon maire, de mes conseillers régionaux et généraux. Je participe également aux référendums.
S'agissant du Parlement européen, et de la campagne de 2009, j'ai été consterné par le vide sidéral de la campagne électorale et par le désintérêt que les candidats eux-mêmes ont manifesté.
Il suffit de voir la mine de Rachida Dati, pourtant élue, pour se convaincre du peu d'intérêt que nos politiques portent au Parlement européen. On peut la comprendre, fini la médiatisation, fini les robes Dior, un revenu mensuel passant de 19000€ à un peu plus de 5000€, pas de quoi être enthousiaste. Mais si l'Europe l'ennuie tellement, elle pouvait toujours demander sa réintégration dans la magistrature.
J'ai par ailleurs trouvé que notre hôte, et je le lui ai fait savoir en message privé, s'était risqué à un bien hasardeux rapprochement entre l'abstention aux européennes et la présidentielle en Iran.
On ne peut comparer que ce qui est comparable.
Cordialement.
Rédigé par : Ludovic | 20 juin 2009 à 21:59
Les choses, côté Iran, son gouvernement plutôt, sont allées à ce point d'escalade, de menace, d'insulte et de surenchère que ce serait difficile, avec les mêmes, ne serait-ce que d''espérer revenir en arrière. Depuis quelque temps, on le sait, la voie, entre ce pays et les USA et Israël et plus globalement l'Occident, est plus que large qui mène à la guerre. J'avais signalé il y a peu ici même ce fait historique que les Démocrates américains ne sont pas ces doux et paisibles du centre Gauche qui n'aspirent qu'à se retirer des affaires du monde «qui ne les regarderaient pas» pour se recentrer sur leurs situation et problèmes internes, bref ces sympathiques et naïfs gens que notre presse plus qu'éclairée s'est toujours complu à nous décrire ainsi; j'avais écrit qu'en toutes les situations critiques et dangereuses pour les Etats-Unis et le monde libre, c'étaient toujours les Démocrates qui étaient alors au pouvoir et que lors qu'ils étaient en ces moments au pouvoir, cela augurait de bien mauvaises choses pour certains. Hiroshima, Truman, c'était encore eux …
Nous y sommes encore une fois et la main tendue d'Obama n'est certainement pas destinée à Ahmadinejad et la clique d'ayatollahs qui le porte. Elle est une main tendue au Peuple iranien et ce n'est certainement pas un hasard si elle intervient, ainsi que le discours du Caire, à quelques semaines de ces élections. Le discours du Caire prononcé en pays arabe et musulman disait clairement ceci que quoi qu'il advienne ce n'est pas la culture ni la religion musulmanes qui seront visées mais les représentations et manifestations perverties de celles-ci où qu'elles se trouvent. Ces représentations et manifestations ont une de leurs sources et non des moindres en Iran et, quoique non Arabes mais Perses, les iraniens étaient de ce fait implicitement appelés à entendre cette profession de foi et cet avertissement. Il est manifeste qu'Ahmadinejad est un Hitler à sa façon, qu'il cherche la guerre, espérant à ce moment entraîner à sa suite de nombreux pays musulmans, arabes ou non, et ainsi créer comme une sorte de front anti Occident, en tout cas à créer un tel chaos du Pakistan et au-delà jusqu'au plus loin possible à l'Ouest de l'Asie et l'Afrique que le monde assurément n'en sortirait pas indemne et pour longtemps. La menace d'Ahmadinejad c'est ça et l'arrêter avant qu'il commence est le but souhaité par tous -et c'est là que les Iraniens eux-mêmes s'inscrivent aujourd'hui dans cet élan salutaire. Ahmadinejad fait son anschluss avec la bombe atomique et ses provocations constantes et répétées; il espère Munich et le renoncement du monde pour continuer d'aller Dieu seul sait où. Mais les temps ont changé et si hier les Allemands ont dit oui majoritairement à Hitler, c'est qu'ils étaient affamés et soumis au joug du Traité versaillais. Les quelques qui avaient dit non se sont fait massacrer dans l'indifférence générale et les médias ne l'ont répercuté qui n'avaient pas la puissance de réaction et de diffusion de ceux d'aujourd'hui. Aujourd'hui et en Iran, certes si le Peuple iranien est sous le coup d'embargo et de sanctions économiques peu ou prou réels et efficients, il n'est ni affamé et s'il est sous un joug quelconque, c'est bien celui de cette nomenklatura pseudo religieuse, ces Ahmanidejad et consort, c'est-à-dire des siens. Puis certes si ces derniers ont eu hier et encore aujourd'hui des partisans par millions, il est fort à parier que de nombreux parmi eux sont aujourd'hui eux aussi dans la contestation, le rejet, la révolte, le refus. Le refus, c'est de cela dont il s'agit: le refus d'être anéanti. Les Iraniens nombreux et même dans le camp du dictateur élu ont vu et compris que le danger pour leur Peuple est plus grand qui viendra de l'extérieur que d'un certain totalitarisme peu ou prou accepté à l'intérieur. En d'autres termes, ils ont compris qu'ils sont allés trop loin et que la fin de tout ceci sera la destruction de leur pays, qu'ils aient ou non une quelconque arme nucléaire; qu'aucun ne les suivra dans cette voie où ils auraient cru, au nom des Islams et d'une hypothétique communauté Oumma, être suivi … C'est l'instinct de conservation qui est à l'oeuvre en ce moment en Iran qui se fera peut-être tuer par les siens mais dont désormais l'Occident ne pourra pas dire a posteriori: Vous étiez et vous êtes coupable car vous l'avez choisi, vous l'avez voulu, vous l'avez voté. Ils nous montrent qu'à la volonté de grandeur par la puissance et la force, ils (nombreux, peut-être majoritaires) préfèrent et choisissent la paix et la sauvegarde de leur Peuple en son pays. C'est la main tendue qu'ils tiennent et s'ils n'y renoncent pas, nous ne devons pas la lâcher.
L'Iran actuel est de ces quelques pays et Peuples -peu nombreux au demeurant- capables d'entraîner au conflit mondial, il faut bien comprendre cela … L'Iran n'est pas Madagascar, l'Iran n'est pas un quelconque Gabon politique ou le Rwanda voire même le Venezuela … C'est aujourd'hui plus de cent millions d'habitants mais c'est surtout 5000 ans d'Histoire qui ont maintes fois façonné et refaçonné et toute cette région et le monde entier, qui ont pesé décisivement sur son destin.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 20 juin 2009 à 19:35
Je comprends déjà à peine comment les Français fonctionnent en matière politique aussi suis-je perdu quand il s'agit des Iraniens.
Il est probable qu'il y a eu bourrage des urnes mais ce n'est sûrement pas à nous de nous en mêler. Laissons l'Iran aux Iraniens.
Pour ce qui est de l'abstention française à propos des européennes chacun jugera de ce que la démocratie mérite ou pas de la part des électeurs.
Je crois qu'être démocrate c'est de choisir et de l'affirmer ; l'hésitation ou l'alibi de ne pouvoir choisir peuvent se révéler dangereux à terme.
Rédigé par : mike | 20 juin 2009 à 19:10
Monsieur Bilger, j'ai une question importante à vous poser.
Un décret vient de paraître au Journal officiel qui interdit désormais masques et cagoules lors de manifestations.
Or le 11 juillet, j'ai décidé de participer à la Gay Pride de Nice avec un masque d'Obama, non par honte de mes opinions mais pour mettre en évidence ma pancarte qui mettra en accusation le dictateur Ahmadinejad.
Pensez-vous que je sois en infraction et susceptible d'être arrêté ?
Merci pour votre réponse.
Rédigé par : Têtuniçois | 20 juin 2009 à 15:53
Aïssa Lacheb-Boukachache et Ludovic,
Je respecte les raisons qui vous ont conduits à ne pas voter, même si je ne les partage pas.
Comment voulez-vous changer ce qui ne vous plaît pas autrement que par le vote ? Je suis d'accord avec vous, Ludovic, quand vous évoquez le mauvais exemple donné par les responsables politiques eux-mêmes dans le cadre des élections européennes et du manque d'intérêt qu'elles suscitent. Mais vous devriez savoir que l'Union a aussi et surtout des conséquences très positives sur nos vies, sur la garantie des libertés publiques, en matière de sécurité sanitaire et sociale, de revenus agricoles, de développement durable, de protection animale, etc., etc. Dans bien des domaines, elle est même en avance et donne le la au reste du monde. Franchement, nous sommes assez loin de l'anecdote du vin rosé que vous évoquez...
Et puis, Aïssa et Ludovic, si vous attendez le gouvernement de vos rêves pour voter, vous ne risquez pas de mettre un bulletin dans l'urne avant longtemps.
Aïssa Lacheb-Boukachache, ne pas voter ce n'est pas "ôter de sa légitimité au mensonge, à la duperie, à la corruption, à l'indécision, à la forfaiture, aux collusions, au mépris", c'est au contraire les alimenter. Vous dénoncez encore la méconnaissance qu'aurait Philippe Bilger "de l'essence même du Principe démocratique", ajoutant d'autorité : "S'ils avaient comme nous deux siècles de démocratie derrière eux, dans les mêmes conditions de vie qui sont leurs ou les nôtres, les Iraniens auraient «voté» l'abstention". Vous n'en savez rien, et je vous rappelle que les pays de l'Est, qui n'ont pas joui d'une grande liberté au cours de ces 60 dernières années, se sont massivement abstenus.
Catherine A
1) La communauté internationale ne joue pas les vierges effarouchées, comme vous dites. Elle se montre au contraire très prudente depuis le début de cette crise.
Rédigé par : Laurent Dingli | 20 juin 2009 à 14:30
1/ en ce qui concerne l'Iran, la communauté internationale après avoir joué les vierges effarouchées regardera très vite ailleurs. Comme d'habitude.
2/ en ce qui concerne le vote en France ; tant que le vote blanc ne sera pas reconnu et que celui qui, dans un acte citoyen se déplace mais refuse de choisir entre la peste ou le choléra et /ou pour des listes qui recyclent des "amis" dont on ne sait que faire, sera considéré comme n'ayant pas voté, il ne faudra pas s'étonner qu'effectivement les citoyens soient de plus en plus nombreux à préférer aller à la pêche, en balade ou faire la sieste sous un cerisier.
Rédigé par : catherine A | 20 juin 2009 à 13:21
Démoralisant. Comment un homme doué de raison comme vous peut-il se laisser entraîner vers ce type d'analyse manichéenne ?
En 2000 c'est la Cour Suprême qui a validé l'élection de Bush après des péripéties en Floride soupçonnée de fraude massive.
En 2007 deux sages du Conseil constitutionnel ont bravé l'obligation de réserve qui s'impose à leur fonction pour soutenir officiellement le candidat Nicolas Sarkozy : Simone Veil et VGE.
Bref, vu de France pendant très longtemps l'Iran était dépeint comme un pays rétrograde sans infrastructure en dehors du monde moderne, et sans liberté d'expression.
Et puis soudainement surgi de nulle part - enfin si, aidé des services secrets américains - un ringard qui officiait déjà sous le régime du Shah comme ministre des Finances aidé de sa bourgeoise en foulard Hermès endosse la panoplie circonstancielle de réformateur.
Et ce pays catégorisé généralement de sous-développé brandit Twitter et Facebook comme armes de dissuasion massive pour faire tomber un régime. Les gros plans montrent des iraniens aisés en jean slim et souliers de belle facture qui se filment avec leur iPhone pour adresser aux rédactions du monde entier leur misère. L'ébullition internet témoigne d'une grande liberté et d'une évolution technologique incontestable, alors même que certaines de nos régions de France sont coupées du monde.
Je n'ai pas souvenir d'articles très critiques et subjectifs sur le véritable coup d'Etat qui a eu lieu à Madagascar, où un ancien disc-jockey affairiste s'est emparé du pouvoir sans réaction officielle française qui veut préserver ses intérêts financiers avec son éternel esprit colonial.
Subitement en moins de trois mois les occidentaux se sont entichés d'un ringard des années 70, c'est comme si à trois mois des élections présidentielles de 2012 Bernard Tapie décidait de se présenter à la plus haute fonction avec l'ambition de réformer la France. Gageons que les intellectuels iraniens soutiendront sans réserve sa candidature comme symbole de la démocratie retrouvée en France.
En France on n'a pas de pétrole, mais on a des idées bien collées aux basques des Américains.
Rédigé par : SR | 20 juin 2009 à 13:15
Il y a deux siècles, chez nous, c'était l'Etre suprême qui avait la cote, on s'en souvient, c'était 1789, le Champ de Mars, c'était notre guide et ça ne nous faisait pas froid dans le dos, au contraire, ça réchauffait comme un espoir … D'ailleurs cet espoir qui nous chauffe encore, ce guide, cet Etre suprême, n'avait et n'a toujours d'autre vocation que celle de la Liberté, l'Egalité et la Fraternité. Vous comprendrez, cher PB, que ne pas aller voter, c'est aussi un Droit que nous a conféré notre Révolution quand les prétendants à l'élection s'éloignent par trop de ces vocations érigées depuis en Principes absolus. Ne pas voter c'est ôter de sa légitimité au mensonge, à la duperie, à la corruption, à l'indécision, à la forfaiture, aux collusions, au mépris, que sais-je encore, quand on les sent violemment prendre le pas sur le service public, c'est à dire le service -désintéressé- rendu au public, donc au Peuple ou plutôt du Peuple au Peuple en ses hommes, ses femmes et ses Institutions. Ce n'est pas au citoyen électeur de faire ses preuves civiques; cela fait deux siècles, de lutte en lutte souvent sanglantes pour ce Droit longtemps discuté, remis en cause, dénaturé, sauvegardé, qu'il les fait à chaque échéance; c'est au prétendant à la responsabilité politique, la responsabilité suprême donc, à l'échelle d'une commune comme à celle de la Nation, à faire les siennes tout le temps et donner les gages les plus purs de son intégrité dans la parole comme dans les actes. Malgré les apparences qu'on lit dans votre lettre ce jour, il s'y trouve en vérité comme une simplification à peine croyable de la Chose publique. On y lirait presque du mépris pour elle quand ce ne serait une stupéfiante méconnaissance de l'essence même du Principe démocratique. S'ils avaient comme nous deux siècles de démocratie derrière eux, dans les mêmes conditions de vie qui sont leurs ou les nôtres, les Iraniens auraient «voté» l'abstention … Aujourd'hui ils croient en l'espoir du vote, chose nouvelle pour eux, comme nous hier; demain ils y croiront moins quand les vocations ultimes de cet autre Etre suprême seront moins que souvent portées par leurs élus, quand ils iront du sentiment de déception en sentiment de déception, comme nous aujourd'hui. Car les choses sont ainsi que la Démocratie, ce n'est pas uniquement ceci : choisis dans le tas, mets ton bulletin dans l'urne, signe et casse-toi … La Démocratie c'est aussi : je refuse de cautionner un système que je sens au plus profond de ma conscience et de ma réflexion perverti, dévoyé plus que de raison par ceux-là, individus et Institutions qui se sont proposés près de moi à le porter, le faire vivre et le représenter, je refuse d'aller voter et mon refus pèse moralement et déjà plus lourd que n'importe quelle acceptation à l'invitation au vote. Le Peuple de France c'est davantage, et il en sera toujours ainsi, 6 sur 10 que 4 sur 10. Vous semblez survoler ces sujets fondamentaux d'une légèreté presque coupable. En Iran en ce moment ce Peuple aux urnes hier et dans la rue maintenant n'est en rien ou si peu différent de notre Peuple s'abstenant massivement aujourd'hui d'aller aux urnes: Il s'agit du même désarroi.
Chez nous, le refus du vote est l'expression secrète ou dite d'un désarroi … Il n'y a aucun reniement démocratique dans cette attitude; au contraire, c'est une exigence d'une démocratie intègre et cohérente avec ce qu'elle signifie positivement. Ainsi, pour répondre dans le même temps à ce cher Laurent Dingli, je ne suis pas allé voter cette fois car les listes de ce grand Est où je demeure ne comptaient quasiment pas de mixité faisant et ayant sens quand dans le même temps on proclame cette élection comme un désir d'union des Peuples, donc des origines. Je l'ai dit ici même pour l'expliquer. Un autre n'ira pas voter pour une raison qui lui sera propre, un troisième pareillement et ainsi de suite … Nos refus ne signifient pas des renoncements absolus et ils ne sauraient être de ce fait discrédités ni a priori ni a posteriori. De même qu'ils signifient également et d'une façon certaine que chacun voudrait voir à l'oeuvre sa «part de démocratie», un peu à la manière des mandats impératifs démocratiquement et constitutionnellement interdits car il est manifeste que la démocratie ne saurait satisfaire chacun sans léser tous gravement. D'où l'acceptation in fine par ceux-là majoritaires qui se sont abstenus du choix et de la volonté de ces autres, minoritaires, qui ne se sont pas abstenus. De ce constat, on peut dire qu'il y a, a contrario des apparences, une grande maturité politique et démocratique chez les uns qui refusent comme chez les autres qui acceptent, ces derniers demeurant comme le noyau dur de l'esprit social démocratique, les garants respectés et respectables de cet Idéal, le Phare qu'on ne pourra démolir par une abstention ou un quelconque attentat sans sombrer tous dans les ténèbres. Mais qu'ils le demeurent est une chose acquise et noble; à ceux qui sont élus -qu'ils ont élus et élus pour tous- de le demeurer aussi fermement: Attachés loyalement et sincèrement à cet Idéal commun: Ne pas mentir, ne pas tromper, ne pas trahir.
Aussi un autre aspect de la situation iranienne qui explique ces manifestations, j'y reviendrai ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 20 juin 2009 à 13:08
Bonjour M. Bilger,
Tout d'abord, la France ne s'est pas distinguée particulièrement par l'abstention au dernier scrutin européen. Le taux moyen de l'abstention en Europe se situe à 57%, avec un record dans les pays de l'Est, la palme revenant à la Slovaquie (80.4% d'abstention). La Belgique et le Luxembourg, avec 90% de participation, semblent de prime abord des modèles de civisme, mais le vote y est obligatoire.
La vérité est que l'Union européenne ne convainc pas les Européens. Elle véhicule, à tort ou à raison, une image technocratique, une superstructure contraignante bien plus qu'un modèle de supranationalité. L'exemple de la Constitution, rejetée par référendum dans plusieurs Etats membres avant d'être adoptée au forceps au mépris du vote démocratique, est une bonne illustration de ce décalage entre les institutions européennes et les citoyens.
La campagne électorale, réduite à la portion congrue, n'a guère fait preuve de pédagogie, certains partis, comme le MoDem, omettant totalement l'enjeu européen, l'ont transformée en une campagne ad hominem contre Sarkozy.
Les candidats eux-mêmes, à l'exception notable des écologistes, ne semblaient guère convaincus, entre Bayrou rêvant déjà de 2012, Rachida Dati candidate forcée, menant campagne sans conviction et Hortefeux, élu à l'insu de son plein gré, comme aurait dit Virenque.
Faut-il donc s'étonner du résultat et vilipender les électeurs qui se sont abstenus ?
Je me suis abstenu car je n'ai pas été convaincu et parce que cette Europe là, qui prétendait nous faire ingurgiter du vin rosé constitué d'un mélange de blanc et de rouge, ne m'intéresse pas.
Quant à l'Iran, on peut se réjouir de la révolte des partisans du candidat modéré Moussavi, du mouvement d'une jeunesse qui n'accepte plus les élections truquées et le modèle islamiste.
Je ne sais si les manifestations à Téhéran sont le prélude d'une révolution, toujours est-il que notre regard sur l'Iran s'en trouve changé.
Au moment où une nouvelle polémique s'engage en France sur la recrudescence du port de la burqa par une frange salafiste des musulmans français, l'Iran donne des raisons d'espérer.
Rédigé par : Ludovic | 20 juin 2009 à 11:53
Qui "on" ? Qui "nous" ?
Rédigé par : phineus | 20 juin 2009 à 11:19
Bel article, cher Philippe.
Nous avons en effet la chance de voter, et nous oublions parfois combien de morts et de révolutions ont été nécessaires pour obtenir ce droit (il a même fallu une deuxième Guerre mondiale pour que les femmes en bénéficient).
Je n'ai pas bien compris pourquoi nos amis A. Lacheb-Boukachache et D. Ciccia n'ont pas voté, comme ils nous l'ont révélé sur ce blog.
Le glissement est parfois rapide et certains pays passent directement, ou presque, de la dictature au désintérêt pour le choix démocratique : ce fut le cas de la Pologne où l'on a enregistré un taux d'abstention record.
Pour autant, le mariage entre le vote et la démocratie débouche parfois sur un accouplement monstrueux. Chacun se souvient de la percée des islamistes en Algérie. Nul non plus n'a oublié la progression du NSDAP en Allemagne avant 1933. L'instrument démocratique doit s'accompagner d'une évolution parallèle des mentalités pour créer un véritable espace de liberté.
Ce rappel nous ramène à l'Iran. Nous pourrions aussi parler du Liban et du poids obtenu par le Hezbollah pro-iranien ou encore de la pression fondamentaliste dans les pays du Maghreb. Ces organisations religieuses et politiques se doublent d'une forte organisation sociale, ce qui explique en grande partie leur succès. Là où la misère fait des ravages, là où les pouvoirs publics n'assurent pas le minimum, c'est l'organisation fondamentaliste religieuse qui prend le relais (dans le cas de l'Iran, elle se confond bien entendu avec l'autorité publique). Elle est efficace et très structurée : ainsi les classes populaires sont plus proches d'Ahmadinejad et la classe plus aisée de Moussavi. Pour autant, je crois que ce serait une erreur de penser que ces deux leaders incarnent réellement la population dont ils sont pour l'heure les porte-paroles, du moins les manifestants pro-Moussavi utilisent pour beaucoup d'entre eux son nom à des fins bien plus larges ; il est possible que ce leader soit d'ailleurs très vite dépassé par la rue. Nous verrons.
Je suis d'accord avec ce que vous dites de l'ayatollah Khamenei, de là à regretter l'ayatollah Khomeiny... Mais j'imagine que c'était une boutade.
Pour terminer sur la crise iranienne, dont je n'ai malheureusement pas eu le temps de suivre les derniers développements, je dirai seulement qu'elle s'inscrit dans un vaste mouvement de réappropriation identitaire. Tous les pays qui ont été dominés par l'Occident (et ils l'ont quasiment tous été sauf le Japon), tentent de gérer à leur manière cette réappropriation identitaire, cette dernière prenant parfois l'allure d'un complexe d'infériorité ou de supériorité. Le cas de la Chine, qui n'a pas su tirer les leçons de 1989 et oscille entre l'ouverture à la mondialisation et le nombrilisme nationaliste, est sur ce point intéressant. Je crois que ce grand mouvement historique s'achèvera totalement d'ici une trentaine d'années au maximum. Déjà, pour de nombreux pays, même en Afrique subsaharienne, la jauge occidentale n'est plus de mise et le complexe est dépassé depuis longtemps.
Il faut toujours avoir à l'esprit cette fierté iranienne, cette susceptibilité politico-religieuse pour appréhender la situation. Il ne faut pas non plus oublier que le chiisme et le culte du martyr y sont des données fondamentales, que c'est aussi par ce biais que l'Iranien affirme sa particularité, son existence dans le monde.
Rédigé par : Laurent Dingli | 20 juin 2009 à 10:58
Cher Philippe,
Armin Arefi, journaliste spécialiste de l'Iran, dénonce "une vaste tricherie".
Selon des fuites des fonctionnaires chargés du décompte des voix le présumé élu aurait obtenu 28% des suffrages contre 57% à Moussavi.
Sous Moussavi, 8000 opposants ont été exécutés. Il est contre l'arrêt du programme nucléaire iranien.
Existait-il vraiment pour les Iraniens un choix réel pour se rapprocher du dialogue occidental ?
L'Iran est associé à l'Afghanistan et au Pakistan dans une nouvelle initiative triangulaire.
L'Iran seul ne pourra faire face au problème de trafic d'héroïne du Tadjikistan, frontalier de l'Afghanistan, ni à l'entrée des opiacés 2500 tonnes/an dont 700 tonnes consommées sur place. Il y a
1600 km de frontières avec le plus grand producteur d'opium à surveiller.
C'est ce qui alimente le terrorisme mondial et l'entrée d'uranium enrichi. source: Kaveh L. Afrasiabi Courrier International du 30 avril au 6 mai 09.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 20 juin 2009 à 02:27
Au Brésil, le vote est obligatoire.
Si l'on ne peut pas voter dans sa circonscription il faut se déplacer au consulat ou au bureau de vote le plus proche pour justifier de son impossibilité.
C'est un peu contraignant, mais je trouve que c'est une très bonne chose.
En général, le vote obligatoire est plutôt en faveur des partis progressistes, la jeunesse étant obligée d'aller voter.
Rédigé par : Alex paulista | 20 juin 2009 à 02:00