Une mère de famille landaise, Dominique Broueilh, sera entendue le 11 juin au commissariat de police de Dax par un fonctionnaire parisien pour avoir posté ce commentaire "Hou la menteuse" sur le site Internet Dailymotion, sous une vidéo diffusant une interview agitée de la secrétaire d'Etat à la famille, Nadine Morano, sur i-télé (Le Figaro). Cela semble compliqué mais vous verrez que c'est simple !
Nadine Morano avait en effet déposé plainte au mois de février contre X pour injure publique à la suite de commentaires virulents, pour beaucoup infiniment plus que celui laissé par Dominique Broueilh. Une enquête préliminaire était diligentée afin de connaître les adresses IP des internautes étant intervenus sur Dailymotion et You Tube. Dominique Broueilh apparemment ne serait pas la seule à être ainsi traitée (Rue 89 et le Post).
Un émoi considérable et justifié a saisi la Toile qui s'est mobilisée pour la défense de la liberté d'expression en rappelant certaines outrances de langage déjà ciblées et poursuivies (l'Express.fr).
Je comprends la réaction de Dominique Broueilh qui perçoit plus son propos comme "une boutade" que comme "une injure" et estime disproportionné l'appareil mis en place pour une telle affaire.
Cependant, ce qui m'intéresse au premier chef, c'est l'attitude de Nadine Morano, qui renvoie à un comportement habituel de la secrétaire d'Etat et que j'ai déjà pu relever. Quel que le soit le registre, Nadine Morano est en effet une adepte des avancées et des retraits, non pas par faiblesse, puisqu'à l'évidence elle se félicite de la rudesse de son caractère, de la singularité brute de sa personnalité qu'elle cultive avec application. Non pas parce qu'elle serait velléitaire mais par démagogie, par un souci de ne jamais paraître "hors du coup". Elle désire sans cesse, aussi bien pour le fond de la politique qu'elle a en charge que pour ses démarches personnelles mais publiques, cumuler les avantages d'un solide conservatisme avec l'éclat et la provocation d'un progressisme dérangeant. Elle est mue par la volonté obsessionnelle de déranger et d'apparaître différente des autres ministres de son sexe au point de frôler une virilité que son apparence contredit. Elle ne choisit pas, elle prend tout pour qu'à droite on l'applaudisse et qu'à gauche on lui reconnaisse du tempérament. Il y a un incroyable besoin d'être aimée coûte que coûte dans cet accaparement.
On retrouve exactement le même processus dans l'initiative qu'elle a prise au mois de février. Elle dépose plainte et se situe clairement, par cet acte, dans le camp de ceux qu'affecte la liberté d'autrui, surtout poussée à l'extrême. Elle définit d'ailleurs la liberté d'expression acceptable d'une telle manière que ses débordements et son intensité inévitables seraient fatalement sanctionnables. Premier mouvement donc : on met en branle une procédure qui sera traitée avec attention puisqu'elle résulte de l'initiative d'une secrétaire d'Etat. Il n'est pas concevable "qu'Internet soit un espace de non-droit".
Mais, dans la même phrase, et à cause de l'ébullition suscitée par la convocation de Dominique Broueilh pour le 11 juin, elle ajoute : "Internet est un outil essentiel au débat démocratique". C'est tout elle ! Second mouvement : on se replie, on se rétracte presque. "Je n'entends pas poursuivre cette personne... Je le répète, ma plainte ne vise que les auteurs de propos gravement injurieux. Une enquête est en cours. J'ai demandé à mon avocat de veiller à ce que la procédure respecte bien l'esprit de ma plainte" (Le Parisien). Nadine Morano se dit même "choquée" par la convocation (lenouvelobs.com). Cette tactique qui consiste à favoriser le pire puis à prétendre par opportunisme qu'on aspirait au meilleur et même à dénoncer la police qui n'en peut mais me semble inélégante. Il est trop commode de croire qu'on peut jouer sans risque de toute la gamme des possibles, privilégier le répressif, se tromper sans conséquence et se parer, après l'action, de plumes progressistes et compréhensives qu'on ne mérite pas. La seule interrogation qui vaille est celle-ci : la plainte portée, dont les effets seront évidemment décisifs, met-elle la secrétaire d'Etat dans la catégorie des défenseurs de la liberté d'expression, même à leur détriment, ou dans celle des censeurs ? La réponse est limpide.
Cet épisode qui manifeste sur un registre mineur la difficile gestion de la communication entre les politiques et les citoyens est emblématique d'une période que la présidence de Nicolas Sarkozy a inaugurée. A la fois, sûrement, une libération du langage, une décrispation des mots et des réactions, moins de majesté dans le style, plus de spontanéité dans les répliques mais aussi, pourtant, le désir de sauvegarder l'honneur de l'espace politique, une injonction de politesse et de retenue, l'aspiration à demeurer dans les chemins courtois d'hier. Je perçois comme une hésitation chez le responsable politique d'aujourd'hui. Supporter que le citoyen le traite comme n'importe qui ou tenter de maintenir tant bien que mal un bout de dignité, un zeste de pompe ? On retrouve cette même ambiguïté dans le dialogue direct entre des adversaires confrontés médiatiquement. Sans minimiser l'importance de l'altercation entre François Bayrou et Daniel Cohn-Bendit qui résulte d'un rapport de force à maîtriser dans l'urgence, je ne crois pas qu'Arlette Chabot, qui n'a pas dominé son sujet dans "A vous de juger" sur France 2, ait raison lorsqu'elle affirme l'irruption de la "culture banlieue dans le débat politique" (Marianne 2, lepoint.fr). Il me semble plutôt que le langage politique se trouve à la croisée des chemins. On lui a tellement reproché de ne pas parler "vrai" et de nous occulter, dans une représentation convenue et aimablement antagoniste, ses arrière-pensées qu'il cherche maintenant des "marques", un style qu'il n'a pas encore su inventer. Il oscille entre la tradition et la convention d'avant et ce que lui impose la modernité, l'authenticité revendiquée et la proximité harcelante du citoyen qui n'est plus dupe. Aussi, une forme de grossièreté éclate qui n'a rien à voir avec la "culture banlieue" mais avec l'ébauche d'un genre d'expression nouveau, discutable certes mais moins faux. S'il pèche par outrance, l'hypocrisie, heureusement, n'est plus son fort.
Nous ne sommes pas éloignés de Nadine Morano qui aurait dû d'autant moins protester qu'elle s'autorise peu ou prou, avec son discours dru, ce qu'elle dénonce. Pour ne pas avoir à regretter les suites d'une plainte, on ne dépose pas plainte. On se contente de laisser vivre la liberté d'expression, même si elle fait mal. Mais il est impossible d'avoir le beurre et l'argent du beurre. De souffler le froid puis le chaud. On "encaisse" ou non "Hou la menteuse".
C'est aussi simple que cela.
Je voudrais juste ajouter suite à l'évocation de Pierre Bérégovoy que celui-ci était aussi et surtout un homme d'appareil, et qu'il avait parfaitement intégré le non-dit de la langue de bois.
Je pense qu'on se trompe quand on considère que le reproche fait au politique réside dans la forme de leur langage : langue de bois pour les uns, style trop décontracté et vulgaire pour d'autres.
Ce qui est reproché, toujours, ce sont l'inaction et le renoncement à vouloir transformer ce qui fige et plombe l'intérêt général au profit des clientélismes, du poids des habitudes et des immobilismes.
En clair, ce qui compte c'est ce qui est fait, et non ce qui est dit.
Maintenant la vulgarité affichée et revendiquée comme façon de gouverner et de diriger est de la poudre aux yeux. Au même titre que la langue policée et de bois, qui ne trompe personne.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 11 juin 2009 à 08:37
@ Aïssa
Ce qui est encore plus mystérieux c'est le caractère répété de ces grossesses. Pourquoi ne pas prendre un contraceptif permanent ?
A ce titre, je tiens à signaler aux Françaises qu'il existe au Brésil un petit implant dans le bras qui diffuse le contraceptif à faible dose: plus de règles, les ovules sont économisés.
A tout moment on peut l'enlever, et le cycle reprend. Cela semble beaucoup moins violent pour le corps que la pilule.
Comme l'avortement est encore interdit au Brésil, ils trouvent des solutions qui sont à regarder également.
Mais bien sûr, c'est beaucoup moins rentable que la pilule, et les gouvernements occidentaux veulent des enfants pour payer les dettes...
250000 avortements par an, c'est sûrement un problème moral important pour Nadine Morano, après "Hou la menteuse" et les plaintes en cours bien sûr.
Rédigé par : Alex paulista | 09 juin 2009 à 23:47
Si l'Europe pousse les politiques à devenir des acteurs aux grosses enveloppes, il est normal que les mots deviennent leurs outils. Imaginons en exemple un honnête homme qui dénonce une atteinte à la dignité humaine, son salaire va être de deux ans de placard sans téléphone ni ordinateur, sans patron pour poser ses congés, puis trois ans dans une pièce sans ventilation ni fenêtre à bidouiller de vieux ordinateurs et enfin il pourra s'entendre dire qu'il pourra réintégrer un service normal s'il fait ses preuves. Comme s'il pouvait être coupable des crimes commis contre lui.
Cordialement
Rédigé par : temps | 09 juin 2009 à 23:30
Véronique Courjault passe aux assises en ce moment ... C'est cette femme qui mettait fur à mesure ses bébés dans le congélateur ... Déni de grossesse quoi ... C'est intéressant car à ceux qui nieraient ce fameux déni de grossesse, je renvoie à cette jeune femme que l'on vient également, chez nous en France, d'incarcérer pour les mêmes raisons il y a à peu près un an de cela, après l'affaire Courjault. Elle avait congelé juste après sa naissance son second bébé ... Si j'étais Maître Leclerc, j'évoquerai ce fait à décharge de sa cliente. En effet, cette jeune femme alors incarcérée, donc surveillée, vient de mettre au monde un bébé ... Elle était enceinte au moment de son incarcération et durant celle-ci jusqu'à l'accouchement, personne, encore moins elle, ne s'est aperçu de sa grossesse. Au moment d'accoucher, elle était dans sa cellule, c'est dire que les matonnes et tout le staff médical de la prison en sont restés stupides et cois ... Je digresse? Absolument pas; Nadine Morano est Secrétaire d'Etat à la Famille, c'est dans ses cordes ... Tout de même, c'est incroyable qu'alors que la Justice et de nombreux doutaient -et doutent encore- même un peu de la réalité de ce déni de grossesse malgré les publications scientifiques, cette femme accusée d'infanticide et qu'on justifiait en invoquant le déni de grossesse, portait durant tout ce temps, lors des interrogatoires, de sa détention, un enfant et l'accouchait, à la stupéfaction de tous, sous leurs yeux, dans sa prison ...
Bonne nuit.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 09 juin 2009 à 23:01
Cher Philippe Bilger
Merci pour votre lettre nouvelle.
Honnêtement si un citoyen lambda avait déposé plainte pour la même chose c'est lui qui aurait été poursuivi pour "procédure abusive" et condamné sûrement, car ce genre de procédure encombre la justice. J'ai déjà vu cela arriver.
De l'autre côté Mme Morano dit qu'elle était officiellement invitée à débattre lors de cette réunion. Si tel était le cas pourquoi est-elle partie dès que Mme Royal est arrivée alors que normalement un débat de ce type est contradictoire, bilatéral et les deux protagonistes restent afin de débattre ensemble.
Concernant cette procédure où elle dépose plainte puis se retire afin de passer pour une gentille compréhensive, cela semble relever plutôt de la manipulation. Quand on dépose plainte on ne s'étonne pas que la police fasse son boulot et on ne parle pas d'excès de zèle... Je ne pense pas qu'elle se serait retirée si ceci n'avait pas été médiatisé de la sorte.
Rédigé par : Un ami | 09 juin 2009 à 21:55
L'affaire de "Hou la menteuse"!
Comme chacun sait, je ne suis pas juriste mais, avec votre permission bien sûr, j'ai envie de me payer une petite pinte de pastiche !
Sur l'injure : La loi ne précise-t-elle pas qu'il convient que l'allégation n'ait pas de rapport avec les faits qui sont semble-t-il non imaginaires. Elle précise également, il me semble, mais je n'ai présentement pas le loisir de le vérifier, qu'il convient d'apporter la preuve que l'auteur des faits ait eu véritablement l'intention d'attenter à l'honneur et à la réputation de la victime par ses paroles ou ses écrits.
Sur la diffamation : S'agissant en effet de la réputation de qui, en effet, "s'autorise peu ou prou, avec son discours dru, ce qu'elle dénonce.", on ne voit pas vraiment où est le préjudice porté à Mme le secrétaire d'Etat à la famille par cette gaminerie de jeune mère de famille qui n'a peut-être pas eu tout à fait conscience qu'elle ne discutait pas "entre copines" en attendant la sortie des classes, mais au vu et au su de n'importe quelle connexion internet, la preuve en est donnée par la veille informatique !
En revanche, le fait qu'elle ne se soit pas contentée d'en rire porte à croire qu'il n'y a que la vérité qui blesse comme dit l'adage populaire, pas toujours exact, il est vrai, mais bon ! Personnellement je pense qu'elle devrait garder son énergie pour de plus nobles et plus utiles combats contre de vrais adversaires !
Personnellement encore, je me suis forgé ma première opinion à son sujet le jour où elle est intervenue auprès de Mme le garde des Sceaux dans une absolue ignorance, hélas partagée de part et d'autre, des textes, puis quand je l'ai vu arpenter (à la télé) son nouveau bureau de secrétaire d'Etat nouvellement nommée, mon impression à son sujet n'a pas beaucoup varié. Mais si elle s'était contentée de faire observer que "les chiens aboient, mais bon la caravane passe !"... là, peut-être bien qu'elle aurait commencé à susciter mon intérêt, mais bon qui suis-je ?!
Rédigé par : Catherine JACOB | 09 juin 2009 à 17:49
Cher Monsieur Bilger,
Je ne rentrerai pas dans la polémique, parce que sur le fond je suis entièrement d'accord avec vous. Sauf sur un point, le vocabulaire de banlieue, surtout masculin, est bien plus violent. Enfin peu importe.
Je vous écris juste pour vous dire que je suis admiratif de votre style d'écriture. J'en fais même des complexes, je ne vous arrive pas à la cheville.
Comment rentrez-vous dans votre processus d'écriture ? Est-ce que vous mettez du temps ? Comment choisissez-vous vos termes, vos formules ? N'avez-vous pas pensé vous lancer dans le roman, un genre plus majeur que l'essai ? Vous resteriez de cette façon à jamais dans la postérité ? Je suis très intrigué. Peut-être que vous avez écrit un roman ? Si oui où, quand, quel en est le prix ?
Rédigé par : politoblog | 09 juin 2009 à 15:04
N'oublions pas Dario Moreno qui dansait si bien la samba quand il z'allait à Rio...
Rédigé par : SYLVAIN | 09 juin 2009 à 13:23
@Christian C.
A part m'insulter, c'est tout ce que vous avez á dire ?
J'en connais un à qui ce système a coûté très cher (8,4%).
Continuez.
Pour ma part je ne retiens qu'un chiffre :
60%.
Est-ce de la morgue et de la suffisance ?
Avez-vous passé une mauvaise soirée ?
Oui ?
Moi aussi.
Rédigé par : jpledun@ | 09 juin 2009 à 01:01
Jean-Dominique, on est d'accord mais il ne s'agit pas précisément de cela ... Christiane Taubira ainsi que Roselyne Bachelot, pour ne citer qu'elles, ont un langage parlé qui m'épate, que j'aime, vraiment ... Toute la différence est qu'elles ne font pas semblant, on le voit aisément, elles sont ainsi. Il s'agit, dans l'espace public comme dans l'autre, d'être soi-même, simplement, dans le discours comme dans le reste, qu'on soit ministre ou non. Autant je trouve ridicule et lamentable Nadine Morano faisant son aristocrate pincée pour un rien parce qu'elle est au gouvernement, autant Giscard Président jouant de l'accordéon et faisant son populo me fait de même marrer pour son ridicule et est lamentable ... Dans un cas comme dans l'autre, on se force, on n'aime pas ce qu'on fait ni ceux pour qui on le fait, on plaide contre soi en vérité et on le sait, tous le savent ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 08 juin 2009 à 23:40
Exact, chère Florence ... Et celui-là même qui signalait ses chaussettes roturières, son parler roturier même, était son ministre de l'Intérieur socialiste, Pierre Joxe ... Mais il est vrai que les Joxe sont de cette aristocratie des écoles, une dynastie, voyez son père, ses cousins ... Le malheureux Béré qui s'exprimait encore comme quand il était cheminot n'avait aucune chance, Premier ministre ou pas ... Nadine Morano devrait ruminer cela plutôt que de faire de l'agitation sotte et vaine, prendre des allures de ... En ce sens, Nicolas Sarkozy est comme un grand courant d'air sanitaire, il repousse cette pourriture, ces vieilleries, cette poussière qui rend mou et infecte les esprits ... Par ses manières, il aère ... Le reste, c'est autre chose, c'est de la politique mais il est vrai qu'elle peut s'en ressentir d'une certaine manière quand elle est contaminée.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 08 juin 2009 à 22:53
Aïssa, permettez-moi de n'être pas d'accord avec vous, sans risquer de prendre l'immeuble sur la figure.
L'authenticité ne réside pas dans la grossièreté ordinaire dont nous pouvons faire usage par facilité, ni dans l'inélégance du langage. A parler comme tout le monde, on ne parle comme personne et rien n'est moins authentique que cette uniformisation de la vulgarité publique.
S'il y a bien une authenticité réelle, c'est celle que l'on se construit, dans l'indépendance de son propre examen : "le style est l'homme même".
Peu me chaut que le quidam comprenne ou pas pourvu que cela soit compréhensible : Etre citoyen est une dignité exigeant un minimum d'effort pour élever son regard vers l'intérêt général. J'ai, pour ma part, suffisamment tenu de bureaux de vote pour m'être constitué une opinion peu glorieuse d'une démocratie où une moitié de l'électorat vote n'importe comment et s'en félicite.
Je ne suis pas loin de penser que la participation de dimanche correspond en vérité à la totalité de l'électorat citoyen véritable, ceux qui savent ce qu'ils mettent dans l'urne, toutes tendances confondues.
Foin des facilités de l'instant et j'apprécie qu'un responsable politique s'exprime avec une élégance soutenue plutôt que de suivre à perdre haleine le moindre des électeurs dans les caniveaux de l'esprit.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 08 juin 2009 à 22:03
@Aïssa,
Je ne cherchais pas à vous provoquer et ne mets pas en doute votre culture. Mais, tout de même, les mots ont un sens. Roture et roturier ne se référent pas à un langage ou à des arguments. J'ai parfaitement compris où vous vouliez en venir, mais l'exemple de Bush était mal choisi. Je crois au contraire, et pensez bien que je n'ai pas une once de sympathie pour George Bush, que ses convictions et son discours manichéen se sont construits sur des valeurs héritées de ses racines, qui n'ont rien de roturières. Les références constantes au calvinisme, à la prédestination, le soutien aux créationnistes, la dichotomie simpliste entre les valeurs du bien et l'axe du mal, qu'on retrouve par ailleurs chez Ronald Reagan, sont intrinsèquement liées à ce passé. C'est ce que je voulais souligner.
Parlons d'ultra conservatisme et nous serons d'accord, mais pas de roture.
Rédigé par : Ludovic | 08 juin 2009 à 22:02
@Laurent Dingli
Si j'avais un champion politique qui me représentait, au moins... je ne connais pas vos tristesses et vos joies de militant.
Mais vous avez raison, autant lâcher l'affaire sur les libertés publiques, ces détails-là commencent à fatiguer tout le monde. Surtout avec la crise qui enfle bien cachée dans sa cocotte minute made in USA.
Pour revenir sur Nadine Morano, admettez pour le moins qu'elle fait preuve d'inconséquence.
Rédigé par : Alex paulista | 08 juin 2009 à 21:50
Aïssa
je comprends très bien ce que vous voulez dire avec la "roture des manières".
Les Américains, et c'est une de leurs grandes qualités, n'ont pas ce travers que nous Français avons et partageons peut-être avec d'autres peuples (les Britanniques sont pires que nous à mon avis).
Dans votre post précédent, vous avez omis de parler de Bérégovoy et pourtant, il fut une des principales victimes politiques de l'"aristocratie" à laquelle vous faites référence. Rappelez-vous comme "ils" se moquaient de ses chaussettes...
Nous avons coupé les têtes mais nous n'avons pas changé de mentalité : les "aristocrates" continuent d'écraser les "roturiers" de leur mépris souverain, en dépit de leurs éventuels talents. Nous avons gardé une société hiérarchisée et rigide où chacun se doit de cirer les chaussures de son supérieur, tout en lui savonnant la planche discrètement, et de marcher sur les inférieurs.
Gare à celui qui enfreint ces règles tacites.
Rédigé par : Florence | 08 juin 2009 à 20:25
Jean-Dominique, pas d'accord ! elle est "bonne", la Nadine... Cher PB, si ce compliment populaire à la Secrétaire d'Etat nous risque police judiciaire et procès, de grâce ne le publiez pas... De toute façon, vous je ne sais mais moi j'ai déjà ma défense : Bonne est bien qui est bonté, etc. Aucune confusion possible... Imparable face aux juges !
Allez, bon appétit, ça m'a donné faim...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 08 juin 2009 à 19:51
@Ludovic
J'ajoute - car vous me prenez le chou pour pas grand-chose - qu'il s'agit d'une roture des manières et façons et non d'une quelconque histoire de compte en banque et fortune... Voilà, vous avez compris ? est-ce plus clair, monsieur le docteur her professor ?
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 08 juin 2009 à 19:38
@Ludovic
La roture telle que je l'entends en mon propos comme en ma pensée veut dire le populaire actuel a contrario de l'élite dirigeante en République ... Cessez un peu cette petite arrogance qui ne veut rien dire, c'en est ridicule ... Vous n'avez rien à m'apprendre quant à l'Histoire de l'aristocratie française, même américaine. Tout le monde m'a compris sauf vous, c'est significatif. Repassez, vous, plutôt ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 08 juin 2009 à 19:34
@Aïssa,
Présenter Bush junior comme un roturier est un tantinet abusif ou alors le terme vaut pour tous les Américains. Dans un pays dépourvu d'aristocratie, une certaine forme de "noblesse" consiste en l'appartenance aux grandes familles anglo-saxonnes des origines. Il se trouve que la famille Bush est l'une des plus anciennes des Etats-Unis,le premier du nom, Richard Bush (1696-1732) était un notable de la colonie de Plymouth, et cette famille trouve ses racines chez les "pilgrins fathers" du Mayflower. J'ajoute encore que la famille Bush était apparentée à G. Washington, F. D. Roosevelt et C. Coolidge. Alors pour la roture vous repasserez.
Rédigé par : Ludovic | 08 juin 2009 à 18:59
Bonjour M. Bilger,
Si l'on rapproche le "hou la menteuse" de l'affaire récente du "sarkozy, je te vois", on peut s'inquiéter en effet pour la liberté d'expression voire même pour la démocratie. Dans les deux cas, il n'y a, à l'évidence, pas d'injures, la police y trouve tout de même matière pour engager une procédure.
Vous m'objecterez que dans le cas de Dominique Broueilh, la convocation fait suite à une plainte de Nadine Morano. Certes, mais tout de même le zèle policier confine ici au ridicule, il ne me semble pas que Nadine Morano ait souhaité aller jusque là.
Pourtant, Mme Morano est procédurière, votre collègue le vice-procureur Nativel en sait quelque chose, outrancière aussi.
J'espère ne pas m'attirer d'ennui en le soulignant, mais Nadine Morano en fait toujours trop, au point de mettre en difficulté le candidat Sarkozy lors de la campagne de 2007, ce qui lui avait valu alors d'être écartée du premier gouvernement Fillon alors qu'elle s'imaginait déjà ministre de l'Education Nationale. Véritable "Rantanplan" de l'UMP, Mme Morano n'en rate pas une. On ne lui reprochera certes pas, comme à tant d'autres politiques, de parler la langue de bois, mais plutôt de manquer de finesse, de subtilité d'esprit, d'un minimum de recul et de retenue.
Faut-il y voir pour autant, comme dans l'altercation récente entre François Bayrou et Daniel Cohn-Bendit, le signe d'une nouvelle forme de communication politique, d'un nouveau style, je n'en suis pas si sûr. Je rejoins plutôt l'avis de Véronique Raffeneau lorsqu'elle énonce "Je pense que cette grossièreté révèle d'abord des esprits taillés au clinquant et au vulgaire. Bref le sens de la nuance ne les embarrasse pas."
Rédigé par : Ludovic | 08 juin 2009 à 18:21
Il n'y a qu'à visiter les sites de Dailymotion et Youtube pour comprendre la soudaine contrition de la Morano ! Ca se déchaîne, tout le monde y va, un déluge de quolibets qui lui fondent sur le râble, chacun veut son procès avec la ministre. Pour endiguer la fièvre, il lui faut bien bassement se faire tout miel, feindre l'étonnement de ce que l'on bastonne le peuple en son nom.
Le quart d'heure de célébrité, c'est désormais sous ce pouvoir, de pouvoir accrocher le trophée d'une plainte gouvernementale à son tableau de chasse. Certes c'est un peu la loterie, savoir brandir sa pancarte au bon endroit, croiser le scooter princier, pique-niquer sur la pelouse de l'histrion officiel ou railler une ministre au hasard d'un surf sur internet. Personnellement, je désespère de dénicher l'occasion qui fera de moi la prochaine star, ça n'est pas si simple, c'est un vrai boulot et cela mérite bien qu'un procureur de la République instruise des plaintes de cette importance capitale, tant il est vrai que la justice dont on sait la vénération que lui porte le peuple, ne risque aucun discrédit en diligentant avec force moyens des enquêtes aussi délicates.
Je ne sais pas si le langage politique est devenu plus libre ou plus décrispé : il est incontestablement plus vulgaire. De là à le considérer comme moins faux, je ne franchirais pas ce pas, les mêmes roueries s'exprimant indifféremment en bon ou en mauvais français.
La féminité de Madame Morano ne m'était pas clairement apparue sous ses allures de sergent-chef et la conclusion tacite de votre titre évoque des voluptés qui me font frémir dans son cas...
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 08 juin 2009 à 17:08
Voilà que jpledun se pique de nous faire des commentaires "politiques"!
Il est vrai que la splendide victoire affichée par son champion, qui a engrangé 11% des suffrages des électeurs inscrits, justifie la suffisance et la morgue dont il nous gratifie.
Rédigé par : Christian C | 08 juin 2009 à 16:36
Morano surjoue son rôle de "femme battante issue des classes populaires". Certes, Morano est une battante mais elle se bat pour quoi ? On se le demande encore.
C'est peut-être pour cela que cela ne prend pas. Elle devrait, en principe, nous être sympathique et bien non. On n'y croit pas et puis être issue des classes populaires, cela ne suffit pas pour avoir de la valeur.
Ce que l'on reconnaît aux gens, c'est leur talent. Quand on est en plus issu des classes populaires et qu'on s'est battu pour faire sa place, cela impose encore plus le respect.
Quand on n'a pas de talent, on n'a pas de talent, d'où qu'on vienne. Cela doit être le problème de Nadine Morano.
Cette femme est un boulet pour la droite.
Rédigé par : Florence | 08 juin 2009 à 14:58
Monsieur
Je partage totalement votre analyse.
Un point cependant me gêne.
Vous indiquez en effet: on met en branle une procédure qui sera traitée avec attention puisqu'elle est secrétaire d'Etat.
Soulignez-vous ainsi que la justice réserverait un traitement particulier aux personnes dites d'influence ?
N.MORANO ne serait donc pas une citoyenne comme les autres.
Je suis affligé que cette plainte n'ait pas été classée.
Je suis indigné que les moyens de la République soient utilisés pour ce que je qualifie une basse vengeance.
Et enfin, vous ne dites rien sur votre collègue qui ordonne une enquête préliminaire !!!
Rédigé par : noel | 08 juin 2009 à 14:45
Nadine Morano lutte contre sa nature populaire, y voyant comme un discrédit de sa fonction politique … Mais elle lutte en vain, on le voit là encore, elle s'offense puis elle regrette … C'est qu'à travers cette femme qui lui fait «Hou la menteuse», elle se voit comme dans un miroir, c'est sa soeur ... C'est une roturière qui pense qu'être ministre ne va pas sans les attributs aristocratiques. Elle s'inscrit en cela dans une vision arriérée de la chose politique. Dans un registre similaire, cela me fait songer à Fabius lors du débat contre Chirac; celui-là interpellant l'autre en roquet, celui-ci, outré, répondant de la manière qu'on sait, joignant le geste comme on repousse de façon dégoûtée un pestiféré … On aurait vraiment cru un marquis s'adressant à un infâme valet; s'il l'avait pu, il l'aurait fait rouer sur place ... C'est qu'il était -il l'a dit alors- le Premier ministre de la France, on ne s'adresse pas comme une populace au Premier ministre de la France, populace, soit-dit en passant, qu'il était censé représenter puisque élu par elle … On pourrait même aller plus loin en disant que pour Fabius, la populace ne s'adresse pas au représentant de la populace comme une populace qu'elle est et dont la nature est de s'exprimer ainsi familièrement. En agissant ainsi, on voit clairement tout le mépris de ce Fabius socialiste pour le Peuple ... Imaginez si ce n'était Chirac en face et lors d'un débat démocratique … Le cas Rachida Dati est plus passionnant car elle est une roturière mais elle réussit à donner le change. En ce sens, Morano culpabilise quant à ses origines quand elle croit les mépriser depuis qu'elle en est «sortie»; Dati absolument pas. Dans le fond, il y a de la tendresse mêlée de pitié dans l'attitude de Morano. On ne peut pas lui en vouloir de ne pas réussir à détester ce qu'elle a jusqu'aujourd'hui encore, malgré ses tentatives, été.
La proximité oratoire avec le Peuple ne peut pas être feinte. Ou vous en êtes ou vous n'en êtes pas. Et seuls ceux qui n'en sont pas reprochent, on le voit, par exemple, l'attitude à Sarkozy, sa proximité, sa familiarité … Il ne viendrait assurément pas au quidam populaire de dire: Mais qu'est-ce que c'est que ce Président qui parle comme moi?! Il lui reprochera tout mais certainement pas cela. D'ailleurs, aurait-il même conscience de cela? Rien n'est moins sûr … Voyez Ségolène Royal … On l'écoute parler, on ne peut s'empêcher de se demander d'où elle sort celle-là? qu'est-ce qu'elle raconte? C'est bien simple, elle sort des écoles, de l'ENA et autres où l'on y apprend essentiellement ce langage qui serait celui de la crédibilité mais surtout celui de l'intimidation, qui impressionne, qui en jette … C'est tellement vrai que, pour autre exemple, Chirac, encore lui, ne s'en défait pas alors que tout le monde sait qu'en privé il est la roture même, la familiarité incarnée, son authenticité en fait et que tous ou peu s'en faut l'auraient souhaité toujours ainsi. Combien cela lui a-t-il nui que ces manières artificielles d'école … L'authenticité, c'est de cela dont il s'agit et qui peu à peu imprègne notre époque et moque et/ou discrédite ce qui s'en éloigne. J'y vois là davantage de démocratie au sens large. Regardez Christine Lagarde, comment ne pas rire quand elle s'exprime publiquement? Mais depuis peu qu'elle se lâche, cela passe, on la comprend, on la prend au sérieux … Il y a comme un désir conscient ou non, je ne sais, d'américanisation dans tout ceci le rapport du Peuple à ses dirigeants et responsables élus ou non et inversement. Et ce désir n'est rien autre que de ne pas se forcer, faire semblant … Je dis américanisation car c'est l'exemple de Bush fils qui me vient aussitôt. Plus roturier et spontané dans l'expression, plus authentique donc, plus cohérent avec lui-même que lui, tu meurs … Il a été élu puis élu encore, c'est explicite. Imaginez encore si durant ses campagnes, il avait voulu se faire violence et faire son petit Fabius … De mémoire on n'aurait jamais autant ri. Et il en est de même de la plupart des hommes et femmes politiques américains. Songez: Sarah Palin vice-Présidente … Même aujourd'hui qu'on se décoince, qu'on revient à soi en somme, est-ce qu'on oserait cela chez nous? Cependant et pour conclure, qu'on ne croie pas qu'être soi-même c'est être vulgaire ou quoi que ce soit qui s'en approche, ce serait une erreur. Valls, Hamon, Cohn-Bendit, s'expriment comme ils sont et ce n'est certainement pas plus distant ni charabia que Fabius ou Martine Aubry; je ne crois pas que l'on puisse dire qu'ils sont vulgaires … Finalement, en ces choses c'est surtout le cas Rachida Dati qui pose question. J'y rumine de longtemps et je ne trouve pas de réponse qui s'inscrirait dans ce schéma qu'on serait politiquement bien mal avisé de négliger. En vérité, je crois que Rachida s'amuse sans rien renier et les gens en ont conscience qui l'aiment plus que les autres, d'où sa réelle popularité. Morano donne envie de pleurer et pour cela les gens ne l'aiment pas … Elle n'ira pas loin. On peut le dire, l'écrire dès maintenant: Hou la pleureuse!... Espérons pour elle que cela l'aidera.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 08 juin 2009 à 12:53
@ Laurent
Je ne suis pas sûre d'être le bon professeur en matière juridique et judiciaire pour Nadine Morano. Ce n'est pas mon domaine, très, très, loin de là.
Et puis, vous savez, il existe de très bons Que sais-je, des Découvertes Gallimard, des Repères La Découverte, Nathan, des guides pratiques aussi, etc, etc.
Pour revenir au billet de Philippe, je pense que la valse-hésitation de Nadine Morano trouve son origine dans un très peu d'assurance à savoir qui on est et où on se situe.
Je pense que c'est une des conséquences de cette formation au politique qu'au travers du tout communicant. Que ce soit à un niveau d'élu local ou à un niveau de secrétaire d'Etat ou de ministre.
Et ce nouveau discours qui se veut décontracté de la part des politiques masque peut-être également une sorte de pauvreté d'expression et de vocabulaire, donc de conception, du politique au sens haut du terme.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 08 juin 2009 à 12:45
Je me permets de rajouter que le dernier billet de PB n'a rien á voir avec le scrutin d'hier.
Comme nous le savons tous PB ne peut pas réagir á nos commentaires politiques.
Malheureusement.
Rédigé par : jpledun@ | 08 juin 2009 à 11:07
Je rejoins totalement Véronique au sujet du manque de culture juridique.
Jouer la carte de l'étonnement quand on découvre qu'après une plainte il y a une suite... Ce serait risible si ce n'était pas grave.
Puis, on décèle tout de même une tendance générale chez les hommes politiques, de tous bords, de toujours porter plainte dès qu'on les offusque. Ils sont pourtant personnages publics, souvent moqués, parfois insultés.
Si on utilise la voie judiciaire dès qu'on les traite de menteur, l'encombrement des juridictions françaises ne sera jamais aussi fort...
Ce doit être ça la politique décomplexée...
Rédigé par : Guile | 08 juin 2009 à 11:04
Quand arrêterez-vous de parler un langage que le peuple ne comprend pas ? Le conseiller municipal du village de Manon des Sources voulait son eau, l'ingénieur de l'administration lui parlait de diaclases, de siphons, de réamorçages, de tertiaire et lui disait accessoirement que l'Administration "l'emmerdait". Puisque l'administration "emmerde" la société civile, puisque les magistrats jugent sans vouloir être jugés, puisqu'il est impossible de traiter un con de con quand c'est la vérité sans se voir stigmatiser, je vais vous écrire une anecdote ancienne datant de la Françafrique :
Abidjan, Côte d'Ivoire, 1966, un français résident est poursuivi par un magistrat local pour propos injurieux : "Monsieur, nous sommes un pays démocratique et indépendant, or, le ... vous avez traité votre employé ( que vous appelez boy ) de con, vous êtes donc poursuivi pour ce chef !
Alors le Français n'est pas content, il rétorque au magistrat : Monsieur le juge, je lui ai demandé d'aller voir dans le jardin si j'y étais.... Il y est allé et m'a répondu : vous y êtes Monsieur ! Vous voyez bien qu'il est con ! Et le magistrat de répondre : Ah oui alors il est con... il aurait pu téléphoner !
Le magistrat qui poursuit pour "Hou la menteuse" ne vaut pas mieux. Pauvre France.
Rédigé par : ROUTA VILLANOVA | 08 juin 2009 à 10:46
Tout à fait d'accord avec votre analyse, mon cher Philippe, concernant cette hésitation, ce ton qui se cherche.
@ Véronique Raffeneau,
La classe politique devrait faire appel à vous, chère et modeste Véronique, pour parfaire sa culture juridique.
@ Alex Paulista,
Vous êtes bien à l'image du piteux champion politique qui vous représente, la même hargne impuissante, le même ressassement stérile.
Rédigé par : Laurent Dingli | 08 juin 2009 à 10:37
Nadine Morano est dans le registre de la rombière un peu vulgaire qui ressemble au peuple paraît-il : issue d'un milieu modeste c'est sa force de caractère qui l'a menée au plus haut. On en revient toujours au même débat : une élite admet en son sein quelques élu(e)s aux origines humbles. Et c'est ce parler vrai qui les caractérise, "Et ta mère, elle s'intéresse au VIIème" aurait prononcé Rachida Dati à un journaliste insistant. Le parler djeun de Fadela Amara ou la réussite par l'affirmation d'un esprit limité mais suffisamment opportuniste.
Daniel Cohn Bendit est sous la bienveillante protection des médias tenus par des hommes qui ont connu les mêmes travers dans les années 70. Il est vulgaire, cumule depuis quarante ans des mandats avec un air d'éternel adolescent et représente la dictature bio-boboisante.
On a même pu entendre Noël Mamère revendiquer la seconde force politique en France, alors qu'en 2006 les Verts avaient totalisé 1, 8 % des voix aux présidentielles. Le film Home financé par François Pinault groupe PPR - vous savez celui qui détient Conforama et ses canapés chinois qui donnent de violentes irruptions cutanées aux clients engagés sur un prêt de 36 mois - a suffi pour conforter les électeurs indécis d'un vote mêlant camembert français, paradis fiscaux et liberté sexuelle.
Bref, le peuple est berné, mais il a des images produites par Luc Besson et réalisé par le gourou Yann Arthus-Bertrand pour s'endormir le coeur lourd de culpabilité.
Rédigé par : SR | 08 juin 2009 à 10:36
"Nous sommes face à des inconscients qui font des tests ADN, interdisent des mariages mixtes, empêchent la défense juridique des étrangers..."
Les test ADN sont demandés volontairement par certaines personnes dans plusieurs pays, les mariages mixtes ne sont pas interdits en France, la Cimade assure la défense juridique des étrangers en France.
Qu'est-ce qui se passe M.Paulista ?
Vous avez un résultat électoral qui ne passe pas ?
Mauvaise soirée ?
Rédigé par : jpledun@ Alex Paulista | 08 juin 2009 à 09:49
Je ne partage pas votre analyse au sujet d'un prétendu nouveau discours politique qui, dans sa forme, chercherait son style en renouvelant l'ancien.
Nadine Morano, pour moi, est emblématique d'une génération d'hommes et de femmes politiques essentiellement formés par l'omniprésence de la communication et ses pauvretés politiques et intellectuelles.
Le vide et le rien.
Et je pense que cette dégradation était déjà très perceptible chez leurs aînés. Au fond, ils ne savent faire de la politique que dans et pour les médias.
Alors pour moi la décision de NM de porter plainte est à l'image de cette vacuité originelle et désespérante qu'on perçoit bien quand nous considérons, par exemple, son parcours professionnel et politique.
Je pense que cette grossièreté révèle d'abord des esprits taillés au clinquant et au vulgaire. Bref le sens de la nuance ne les embarrasse pas.
Et puis quoi à la fin ! Nous devrions supporter des députés qui ne maîtrisent pas le minimum du minimum d'une culture juridique de base. A savoir que quand on dépose une plainte, ben, il y a des conséquences...
Je crois, Philippe, que là et compte tenu de cela, ce n'est pas demain la veille que nous pourrons espérer engager un débat au sujet de la liberté d'expression.
Parce que pour cela, il faut quand même pouvoir compter sur l'existence d'un minimum du minimum de culture judiciaire, juridique et de culture un peu sérieuse tout court de la part de ceux qui normalement sont chargés de proposer ou de faire voter les lois.
Vous ne pensez pas ?
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 08 juin 2009 à 08:47
Je crois que Nadine Morano est sincère quand elle regrette que sa plainte importune cette mère de famille.
C'est à mon sens encore pire. Nous sommes face à des inconscients qui font des tests ADN, interdisent des mariages mixtes, empêchent la défense juridique des étrangers, fichent tout le monde, détricotent les garde-fous pour empêcher une presse servile, considèrent que trois amis dans une cage d'escalier sont une bande dangereuse. Demain ils se réveilleront, avec leurs électeurs, au fond d'un trou creusé de leurs propres mains.
Il faut se souvenir que le premier dictateur brésilien n'était pas si terrible. Mais en quatre ans, de 64 à 68, cela a vite empiré.
A propos du débat, j'aimerais revenir sur 2 éléments que vous évoquez un peu.
- la connivence: elle est personnifiée par l'attitude de Cohn-Bendit et des journalistes. Sur la forme, tout le monde a noté le tutoiement et les insultes de Cohn-Bendit. Sur le fond, il est amusant de noter que l'ensemble de la presse connaissait les récits de touche-pipi de DCB avec des mômes de 3-4 ans. Moi, je suis désolé, je n'étais pas au courant et je trouve cela grave qu'un responsable politique se dédouane de telles horreurs en mettant cela sur le compte de "l'époque". J'étais petit à cette période autour de 1975, ai fait du nudisme avec mes parents, mais JAMAIS personne n'a eu l'idée de me chatouiller le zozio. Sinon, mon père aurait fait avec lui du Lars Von Trier avant l'heure.
Même si l'allusion de Bayrou est tombée comme un cheveu sur la soupe, je trouve ahurissant que cette histoire n'ait pas grillé DCB depuis longtemps. Je ne suis pas d'accord avec Philippe Bilger quand il déclare que le ton familier sonne plus vrai. Regardez comment DCB, sous le coup de l'émotion, adopte le vouvoiement.
- la déclaration de Chabot comme quoi ce serait la venue de la "culture banlieue dans le débat politique" montre à quel point elle a assimilé l'amalgame banlieue-voyous. Remarque gratuite, non avenue. La nullité décomplexée en marche.
Pour nous réconcilier avec mai 68, la banlieue et le verbe, rien ne vaut le bon vieux Léo:
LA BANLIEUE (Léo Ferré)
C'est pas tell'ment leurs yeux
Et leur manchon d'fusain
Qu'on allum'comme on peut
Dès que la nuit revient
Moi c'qui m'plaît chez les filles
C'est beaucoup mieux
C'est pas leurs longs cheveux
Largués sur l'oreiller
Comm' des voil's d'amoureux
Qui vont appareiller
Moi c'qui me plaît chez les filles
C'est la banlieue
C'est pas tell'ment leurs bras
Comme un' pinc' multiprise
Et qui vous prenn'nt comm'ça
Quand vient l'temps des cerises
Moi c'qui m'plaît chez les filles
C'est beaucoup mieux
C'est pas tell'ment leurs lèvres
A rougir les aveux
Ni leur gorge de sèvres
A chanter l'couvre-feu
Moi c'qui m'plaît chez les filles
C'est la banlieue
C'est pas tell'ment leur âme
Qui brill' dans leurs yeux las
Ces lampes de la femme
S'usent quand on n's'en sert pas
Moi c'qui m'plaît chez les filles
C'est beaucoup mieux
C'est pas leurs mains de fée
A coudre au petit jour
La nappe où l'on refait
La noce après l'amour
Moi c'qui m'plaît chez les filles
C'est la banlieue
C'est pas dans leur Pigalle
Et leurs dentell's western
Que j'm'en vais fair' la malle
Quand ma vie devient terne
Moi quand je vais chez les filles
C'est pour pas cher
Quant à brûler ma gueule
Au feu du nom de Dieu
Comme je ne suis pas beagle
Je fais ce que je peux
Quand je descend chez les filles
C'est en enfer
Rédigé par : Alex paulista | 08 juin 2009 à 05:03
"Hou la menteuse".
"Sarkozy je te vois"
Ce sont des buzz créés chaque jour par
"lepost" et "rue89", qui ont toujours un petit fond de vérité, et qui sont habilement détournés.
Ils n’attendent qu'une bonne âme comme PB qui les reprenne.
Morano est nulle si elle porte plainte contre la blogueuse. Elle a tout mon soutien si elle s'est fait insulter.
C'est vrai que Sarko n'a pas donné l'exemple en matière d'insulte...
PS :
Ce soir, je suis triste que 60% des électeurs n'aient pas été voter.
Je suis content quand même que l'anti sarkozysme primaire (ou de bon ton) n'ait porté aucun fruit.
Les problèmes de fond ne sont en rien réglés avec ce succès électoral (relatif).
Rédigé par : jpledun | 08 juin 2009 à 00:47
Tiens, j'allais dodo et je tombe sur cette nouvelle lettre ... Bien mon cher PB, avec tout ce que je leur ai foutu et fout encore sur la poire à ces politiques et ici même en votre espace, vous et moi ne devrions pas tarder à réserver une cellule vous à la Santé et pour l'avoir publié, moi à Robespierre (c'est le nom de la taule de Reims) et pour l'avoir pensé et écrit, si on nous plaint telle la Nadine et si les choses judiciaires vont en ce sens ... Quelle rigolade! on yoyotera chacun de notre côté ...
Ce qui est plutôt intéressant, c'est votre conclusion, vous appuyant pour cela sur l'altercation Cohn-Bendit-Bayrou chez Chabot. Je ne crois pas que l'on puisse en déduire qu'il s'agit de l'ébauche d'un genre d'expression politique nouveau, comme vous l'écrivez ... Cohn-Bendit s'est toujours exprimé ainsi, il ne se renouvelle pas, c'est son style, il est ainsi spontané et familier dans le meilleur sens du terme, personne n'aurait l'idée saugrenue de le soupçonner de faire semblant d'être ce qu'il est ou de vouloir de manière politicienne s'adapter à un nouveau temps qui serait aussi le sien; en face, ce soir-là comme toujours d'ailleurs, le discours de Bayrou, par contre, n'a rien montré d'ébauche nouvelle, il fut pareil d'un bout l'autre le sien ... Votre conclusion ne tient pas, j'y reviendrai ...
Bonne nuit.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 08 juin 2009 à 00:44