Dans le Figaro Magazine, un entretien avec Michel Boujenah, dans la rubrique : Dans la tête de...
Aucune de ses réponses ne laisse indifférent. Deux en particulier m'ont troublé parce qu'elles révèlent la personnalité complexe et contradictoire de cet "heureux troubadour", acteur et humoriste de grand talent. En le qualifiant ainsi, j'ai conscience de réduire l'artiste multiple qu'il est.
A l'interrogation : Peut-on rire de tout ?, il réplique par : Oui, mais cela dépend comment. Cette réflexion n'est pas aussi banale qu'elle peut sembler de prime abord. La plupart des comiques, questionnés de la sorte, adoptent la citation de Pierre Desproges, qui a beaucoup servi et n'est pas aussi pertinente que la réputation de ce dernier a pu le laisser croire. Desproges considérait qu'on pouvait rire de tout mais pas avec n'importe qui. Si la première partie de la phrase est indiscutable, la seconde laisse à désirer. Rire de tout, bien sûr, c'est possible et même souhaitable. Refuser cette liberté, définir des critères et assigner des limites au rire, distinguer le rire honorable du rire odieux et donc faire tout pour éradiquer celui-ci reviendrait à faire mourir peu à peu une vivacité drôlatique, aussi décapante et acerbe qu'elle puisse être. Je rejoins Michel Boujenah qui souligne que l'essentiel est non pas de ne pas rire de tout avec tout le monde mais la manière dont on rit. L'adaptation du rire au sujet dont il se moque. Il est évident que si on applique une grille unilatérale à la multitude et à la diversité des thèmes qu'une société, une vie intellectuelle ou politique suscite quotidiennement, on manque aussi bien la qualité du rire que sa moralité en quelque sorte. Car il en a une qui est précisément de s'attacher à respecter l'esprit de ce qu'il aborde. Le rire doit avoir l'intelligence, du plus dérisoire au plus important, d'épouser le léger ou le grave et d'en faire son miel. La difficulté n'est donc pas de faire rire de tout - l'exercice est à la portée de beaucoup - mais de le faire sur un mode qui rende le rire inattaquable sur le plan éthique. Le rire vrai et talentueux ne bafoue pas les principes, il les intégre dans un mouvement gai et sombre qui convainc même les plus rétifs à la part fantaisiste de la vie. Michel Boujenah a raison: il ne faut pas faire rire n'importe comment.
Cet analyste lucide répond pourtant à une question sur "le chef-d'oeuvre qui vous tombe des mains" par "Voyage au bout de la nuit, à cause de ce qu'était Céline". Combien sont à juste titre horrifiés par les pamphlets antisémites de Céline, écrivain génial fourvoyé dans le délire, qui n'oublient pas précisément "l'écrivain génial" du "Voyage au bout de la nuit" ! Il est très rare d'entendre une affirmation comme celle de Michel Boujenah qui fait se téléscoper absolument l'oeuvre et son auteur, le caractère bouleversant de la première et l'immoralité du second, pour, en définitive, se dénier le droit de lire ce qui ne serait plus de la littérature mais du mal imprimé. On peut comprendre le jusqu'au-boutisme d'une telle dénonciation mais il me semble que cette dernière se prive d'une pierre essentielle pour appréhender notre monde et aussi le pire de Céline qui ne gangrène pas tout à mon sens mais laisse déjà apparaître dans le Voyage un bout encore honorable de son museau. Avec un style qui subvertit et un langage qui réveille. Le classicisme sort pour laisser entrer les temps modernes.
J'aurais aimé que Michel Boujenah puisse s'expliquer sur l'ouverture et la fermeture de son esprit et de sa sensibilité. Cette contradiction, si c'en est une, c'est sans doute aussi ce qui permet de mesurer la richesse inquiète et imprévisible d'un homme ?
Pour le rire, pas de complications : ou c'est drôle ou ça ne l'est pas !
Par exemple, ici, les commentaires manquent singulièrement d'humour à mes yeux !
:-))
Rédigé par : Monsieur Poireau | 02 août 2009 à 10:43
@Rantanplan
"J'aimerais également avoir l'avis de X et de 007 sur le réquisitoire de Philippe Bilger. »"
D'après mes renseignements personnels, il était dans les bras de Kissy Suzuki, la pêcheuse de perles de "You Only Live Twice", et donc non pas neuf comme le chat de Shiva, mathématicien émérite mais fort distrait et incroyablement paresseux, qui somnole à l’entrée. Amnésique suite à un choc à la tête , il ne rappelle plus si Miss Moneypenny lui a dit que l'avocat général avait dit "« … Vous rendez-vous compte que vous rendez l’antisémitisme odieux ?... »" ou « … Vous rendez-vous compte que professant l’antisémitisme vous vous rendez encore plus odieux si possible?... ». Mais, il croit plutôt que la première version est due à Irma Bunt dont les écouteurs ne fonctionnent plus très bien. D'ailleurs le SIS confirme.
S'agissant de X, Mylène Farmer dit que c'était une belle journée à Bercy, que son coeur a lâché à l'Instant X x'mas, mais que bon l'amour n'est rien et le réquisitoire pas franchement Innamoramento! Elle chante pour les filles qui n'ont pas de mari. Pour moi ne chante guère car j'en ai un joli. Il est dans la Hollande les hollandais l'ont pris! Puis m'ont appelée vilaine avec mes sabots; Je ne suis pas si vilaine avec mes sabots dondaine, Oh! Oh! Oh! avec mes sabots, Je ne suis pas si vilaine avec mes sabots, puisque le fils du roi m'aime avec mes sabots dondaine, Oh! Oh! Oh! avec mes sabots ; Il m'a donné pour étrenne avec mes sabots dondaine, Oh! Oh! Oh! avec mes sabots, Un bouquet de marjolaine avec mes sabots dondaine, Oh! Oh! Oh! avec mes sabots ; Je l'ai planté sur la plaine avec mes sabots, s'il fleurit je serai reine avec mes sabots dondaine, Oh! Oh! Oh! avec mes sabots, S'il y meurt je perds ma peine avec mes sabots dondaine, Oh! Oh! Oh! avec mes sabots... Dondaine! Comme dirait l'aut'là "On est des oufs, on est à donf, mais on est tous, tous à l'ouest," et rim et ram rapataplan!
Rédigé par : Catherine JACOB@Rantanplan | 01 août 2009 à 17:52
"Peut-on rire de tout ?, il réplique par : Oui, mais cela dépend comment"
C'est sans doute mieux que le "pas avec n'importe qui" qui finalement est sectaire.
Le "cela dépend comment" permet de rire avec tous, il permet l'ouverture dans la mesure... selon les sensibilités. Une délicatesse doublée du respect de l'autre,
Le "pas avec n'importe qui" dénote une vanité, un étiquetage qui ne fait pas avancer l'humour vers le plus grand nombre, une limite qui cantonne et n'ouvre pas l'esprit de moins bien ou différemment loti.
Desproges par cette phrase montre la limite de son ouverture d'esprit.
Je suis un peu étonné de cette sensibilité chez Michel Boujenah que je ne considère pas comme un "grand artiste".. mais finalement être un "grand artiste" qu'est-ce que c'est ? Considérations ne pouvant être que personnelles puisque nous sommes tous issus de sensibilités et de cultures différentes.
Dans le fond, la sensibilité, c'est une toute autre affaire, une pulsion émotionnelle...
Une vue d'esprit parmi des milliards d'autres.
Rédigé par : Patrick Marguillier | 01 août 2009 à 10:39
Quand je travaille avec des personnes qui ont "une valeur ajoutée" (traduisez handicapé) je ris de tout. Nous rions de tout. Aussi de leur handicap.
On peut vraiment rire de tout mais il faut que la personne concernée soit conviée á la fête et il faut beaucoup de finesse pour avoir un joli rire franc plutôt qu'un rire moqueur.
Rédigé par : jpledun | 31 juillet 2009 à 22:47
@ Sbriglia,
Bravo, monsieur Sbriglia pour ce témoignage de sympathie envers monsieur l'avocat général. Pour une fois qu'un avocat "mouille" sa chemise, c'est à noter !
A ce propos, Le Magazine littéraire de juillet-août est particulièrement destiné à l'avocat Szpiner étant donné que le thème est : "La méchanceté" !
Ainsi j'ai relevé que Me Szpiner serait plutôt tel décrit par Paul Valéry :
"Toute discussion se réduit à donner à l'adversaire la couleur d'un sot ou la figure d'une canaille"
Tandis que monsieur Bilger lui serait plutôt :
"Tout petit, ma mère m'a flanqué au séminaire. J'ai gardé de cette expérience une espèce de charité et d'amour du prochain. Vous me présentez un con, j'essaie de trouver l'heure où il ne l'est pas..."
Daniel Boulanger.
Votre montre est-elle à l'heure, monsieur Bilger ?
Aussi je terminerai par Georges Bernanos :
"Le cerveau de l'imbécile n'est pas un cerveau vide, c'est un cerveau encombré où les idées fermentent au lieu de s'assimiler, comme les résidus alimentaires dans un côlon envahi par les toxines."
Toute ma sympathie, monsieur Bilger.
Rédigé par : Marie | 31 juillet 2009 à 22:29
Cher Monsieur, croyez que je regrette de rédiger un premier commentaire à vos très intéressants épîtres en vous contredisant (un tout petit peu).
Primo, pour l'adage Desprogien, je serais plutôt d'avis qu'on peut rire avec tout le monde, car il n'y a pas de discrimination à faire sur les personnes, mais pas de tout - il existe des sujets suffisamment pénibles pour que certains traits d'humour soient trop déplacés. Sur un point, je suis d'accord avec vous néanmoins, la citation de Desproges a été trop utilisée.
Secundo, pour Céline, je ne le trouve personnellement pas génial. En quoi est-il génial ? En proférant dans des phrases dépourvues de verbe, des insultes argotiques susceptibles d'impressionner le lecteur ? Je crois qu'on oublie trop souvent certains de ses écrits, et qu'on n'analyse pas assez les autres. Pour plus d'informations, je vous recommande cet article :
http://blogspotdoris.blogspot.com/2009/07/pourquoi-je-vomis-ce-louis-ferdinand.html
et ce site :
http://pagesperso-orange.fr/d-d.natanson/celine.htm
Rédigé par : Salamandre Bleue | 30 juillet 2009 à 15:15
@sbriglia,
« J'ai été, il y a plus de trente ans, aux côtés de Francis Szpiner à la Conférence du stage des avocats à la cour d'appel de Paris.
J'admire son talent. »
Vous admirez quoi, monsieur sbriglia ? Quel talent ?
Allez, on vous pardonne, vous étiez tout jeune avocat. La mémoire a parfois des troubles que l’humain ne maîtrise guère ou enjolive !
……..
Je hais le rock… hé, hé…. le rock… hé, hé…. le rock… hé, hé…. le rock… hé, hé…. le rock… hé, hé…. oh, oh, depuis trente ans, le saphir est usé et le disque rayé !!!!
……..
Par ailleurs, j’avais prévu de répondre ceci à monsieur JD Reffait, après sa réflexion :
« Dites-moi, c'était un huis-clos percé ce procès. B. a tout entendu. C. est arrivé dix minutes en retard. Et Z. il était où ? On ne l'a pas lu ici... J'aimerais également avoir l'avis de X et de 007 sur le réquisitoire de Philippe Bilger. »
En tant que XX 006 :
N’en déplaise à monsieur Reffait, je fais irruption sur ce blog, moi, l’anti héros, XX 006 :
XX parce qu’extra large… 006 parce que anti-jocrisses !!! Bon !
Comme beaucoup, je n’étais pas au procès Fofana.
Eh oui !
Mais… !
Selon les références données par monsieur Bilger, j’ai écouté le représentant du CRIF s’exprimer sur l’affaire Halimi. J’ai compris alors qu’un procès type « Nuremberg » lui aurait convenu ! Duquel aurait été extirpé, voire « essoré », l’antisémitisme de chaque protagoniste du crime, même si non retenu pour l’ensemble des prévenus sauf pour deux accusés dont Fofana.
Selon Wikipédia qui depuis fut modifié !
Le représentant du CRIF ne porte pas monsieur Bilger en odeur de sainteté…. ! Chacun s’en est aperçu. Celui-ci n’était pas au procès mais il a eu écho, d’écho, d’écho, d’écho… encore un problème de disque…. de paroles qui lui furent rapportées et que l’avocat général aurait prononcées lors de son réquisitoire. Ainsi aurait-il été choqué que monsieur l’avocat général osât déclarer à Fofana, je cite : « … Vous rendez-vous compte que vous rendez l’antisémitisme odieux ?... ». Par ces quelques mots, monsieur l’avocat général aurait donc eu l’audace de faire une distinction dans l’antisémitisme… Une nuance, des degrés sur une échelle inconnue !
Paroles sorties de son contexte, bien sûr ! Nous ne savons pas ce qui fut dit avant et après… !
Propos relevé lors du journal de 18 H sur Public Sénat le 13 juillet 2009 !
Le huis-clos était un droit pour une mineure. Le huis clos n’a pas permis à monsieur Szpiner de faire des effets de manche. Le huis-clos n’a pas permis à Fofana de rendre le procès aussi « cahotique » voire « cathodique » que le fut celui de Colonna !
Au contraire, ce fut un procès qui a pu se dérouler dans la sérénité.
Mme Halimi qui a eu un procès lorsque d’autres n’arrivent pas à la Cour d’Assises, a démontré qu’elle était une femme haineuse, membre d’une communauté haineuse…. En dehors de toute considération compréhensible de sa peine.
De surcroît, pour raison de religion, elle n’était pas présente à l’audience le jour des réquisitoires…. Combien de familles qui pratiquent une religion se retirent sous ce prétexte dans un procès qui concerne l’un des leurs ?
Vouloir modifier la loi sur les droits d’un mineur protégé par la loi française actuelle du fait de ce statut, me paraît extrêmement alarmant. Cette modification éventuelle voudra t-elle inclure :
- L’interdiction du huis-clos au mineur,
- D’où l’interdiction de relever l’excuse de minorité
- et par effet l’interdiction de la remise de peine qui y est attachée lorsque cette excuse pouvait être retenue…
Pourquoi ne pas rétablir la guillotine en France ?????... juste pour une certaine communauté, évidemment...
Monsieur Reffait, si je ne me trompe, a écrit que la jeune femme visée aurait bénéficié de l’excuse de minorité. Donc sa peine, selon la loi, devait être réduite de la moitié de celle d’un majeur. Elle aurait donc pris le maximum… !
Autre question :
Que deviendra la loi au sujet du futur jury ?
Y aura-t-il alors un questionnaire pour connaître avant le réquisitoire futur les idées et les valeurs des futurs jurés ???
Madame le garde des Sceaux va-t-elle leur indiquer la peine qu’ils devront débattre, plafonnée bien sûr au départ à celle déjà reçue lors de la précédente décision, avec interdiction de la diminuer… ?
Si de ce futur procès en découlait des peines inférieures, la Cour de Cassation trouvera bien une fois encore une erreur de procédure pour casser le dossier…. Jusqu’à l’obtention finale de celles recherchées….
Cela augure d’une belle sérénité tant pour les futurs jurés, que pour la future équipe des magistrats qui devront relever « le défi » !
Cela ne ressemble t-il pas à de la pression sur le futur procès ???
Quelle belle justice que celle de la France !!!
Dans Libération il fut écrit :
[« L'avocat général, Philippe Bilger, s'est exprimé publiquement en considérant le verdict rendu comme «exemplaire». N'a-t-il pas un devoir de réserve?
Il ne donne que son sentiment personnel d’un point de vue très professionnel. Ayant terminé son travail, son point de vue n'aura pas d'incidence sur le procès qui est achevé. Il ne risque pas d’être désigné pour le procès en appel car la composition de la cour d’assises doit être différente. »]
On comprend pourquoi monsieur Bilger a déclaré ne plus vouloir s’exprimer.
Par ailleurs l’attaque ignominieuse à l’encontre de monsieur Bilger est non seulement odieuse mais elle atteint également toute l’équipe qui a travaillé avec lui sur ce dossier. Monsieur Bilger avait salué l’ensemble de ses collaborateurs qui l'avaient assisté avant le cirque Szpiner & Cie !
Comme elle atteint l’ensemble des jurés qui eux, en leur âme et conscience, ont jugé des individus après 24 jours d’audience.
Vos homologues hollandais, monsieur Bilger, doivent, d’une certaine façon, bien sourire, sinon rire. Lorsque l’un d’entre eux vous avait déclaré, qu’en Hollande « un procès qui dure plus de 4 jours est un procès qui traîne », ce qui leur permet par ailleurs d’éviter de subir des avocats aux effets de cou(ps)… on peut en prendre bonne note !!! Et eux aussi !
Enfin, il est curieux de constater cette attaque personnelle après le billet que monsieur Bilger écrivit suite à des propos déjà peu amènes en décembre dernier de l’avocat Szpiner dans l’affaire Ferrara, alors qu’il représentait l'avocat Karim Achoui condamné par la cour d'Assises de Paris à 7 ans de prison, Me Szpiner était alors celui qui déclarait qu'en France : « il ne faut être ni avocat, ni arabe, on s'en sort mieux » !
On peut constater qu’il a depuis ouvert son registre !
Est-ce une coïncidence ???
XX 006
Rédigé par : Rantanplan @ Sbriglia, JDReffait & qui le veut bien.... | 30 juillet 2009 à 12:08
Cher monsieur Bilger,
Vous avez parfaitement raison sur un point : se priver du "Voyage au bout de la nuit" en raison des pamphlets qui l'ont suivi est absurde. Néanmoins, sur le lien entre l'auteur génial du Voyage ou de "Mort à crédit" et celui de "Bagatelle pour un massacre", je vous invite, si ce n'est pas déjà fait, à lire le Céline de Philippe Muray, auteur que vous appréciez sans doute. Il démontre avec un certain talent qu'il n'est pas possible de séparer le Céline génial du Céline impardonnable.
Encore bravo pour vos interventions concernant le procès Halimi. Vous avez fait, comme toujours, preuve d'une grande mesure.
Bien à vous
Samuel
Rédigé par : Samdji | 30 juillet 2009 à 00:17
Je rejoins Sbriglia.
J'ai de l'amitié pour Francis Szpiner mais je ne comprends pas - ou du moins je me refuse à comprendre - la trajectoire douteuse qu'il emprunte. Les propos rapportés, s'ils sont exacts, ce dont je ne me suis pas assuré, sont stupides et insupportables.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 29 juillet 2009 à 23:12
@ sbriglia
Je crains fort que les propos de Me Szpiner ne soient que la énième manifestation d'une stratégie médiatique vénéneuse, élaborée pour achever de discréditer le dossier d'instruction, le procès et le réquisitoire du procès Fofana.
C'est répété à l'envi dans les médias depuis le verdict par ceux qui se font forts de confondre et de faire fusionner l'exécutif avec le judiciaire.
Le "pitch" de ceux-là est de dire que Philippe Bilger, de par son héritage "génétique", de par son opposition exprimée à la loi Gayssot et par son insupportable ligne de conduite de ne pas placer son réquisitoire sous l'entière sujétion de la thèse de la partie civile ne devait pas être désigné comme avocat général dans ce procès.
Sur le site de L'Express votre talentueux confrère nous explique que PB a trahi son procureur général et le GDS, rendant ainsi la décision de notre MAM plus difficile.
Un GDS qui décide en toute précipitation, c'est-à-dire, en réalité, qui ne décide de rien, qui ne sait pas et qui ne veut pas faire valoir à un président de la République un temps d'analyse et de réflexion se place d'entrée dans une situation fantôme, précaire, vulnérable et difficile.
On se demande pourquoi à la suite de l'ensemble des verdicts rendus, qui ne sont que relativement conformes et/ou inférieurs aux réquisitions de ses préfets, le GDS n'ordonne pas de suite un appel de ces jugements.
Je serais curieuse de savoir combien de verdicts de cours d'assises ont été rendus depuis quinze jours, relativement conformes et/ou inférieurs aux réquisitions des avocats généraux, et qui ont donné lieu à un ordre d'appel du GDS.
Car selon la piètre justification de MAM, il y n'y a pas de raison d'envisager que ces condamnations prendront, elles aussi, le chemin des arrières-cuisine de l'exécution des peines, et que les velléités de vengeance des parties civiles s'exprimeront, elles aussi, au moment des libérations conditionnelles.
J'ajoute que je pense profondément, que concernant les temps de détention, s'il y a des dossiers de libération conditionnelle qui auraient été, à mon avis, particulièrement, fermement et attentivement suivis, ce sont bien les détentions qui concernaient les condamnés du procès Fofana.
Il y a quelque temps, une jeune femme est sortie de prison en ayant accompli la totalité de sa peine. Aucune règle écrite ne fait état d'une fermeté particulière dans l'exécution d'une peine prononcée pour le meurtre ou la complicité de meurtre de policiers.
Pourtant cette règle non écrite a été respectée à la lettre par la justice.
Il est très regrettable que MAM n'ait pas eu en tête cet exemple.
Cela lui aurait évité de donner prise par son ingérence à la mise en cause, non pas seulement du verdict comme MAM s'est plu à le faire croire, mais cela lui aurait évité de justifier ainsi la contestation de l'instruction, de l'accusation, du procès, du réquisitoire, et de valider de cette façon la mise en question de la désignation de l'avocat général... au regard de son identité "génétique".
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 29 juillet 2009 à 08:36
Loana: entre George Sand et Louise Michel ... Je me suis amusé, cher PB, à remplacer et adapter tous les noms de votre billet par ceux-là et leurs oeuvres et à le relire à haute voix ... Quelle rigolade, nom d'une pipe! je n'ai pas pu terminer ainsi qu'on l'a lu avec moi ... SR a raison: Boujenah associé à Desproges et surtout Céline, vous filez vraiment un mauvais coton ... Est-ce que c'est l'agité du Barreau qui vous met dans des convulsions pareilles? Allons, consacrez-lui un morceau, puisque je vous le dis ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 28 juillet 2009 à 18:51
Etrange époque, Charles Gaillard, où l'on se doit d'écarteler son prochain entre les judéophobes et les judéomanes ! Etrange étrangeté que vous projetez sur des mots qui n'ont pas été écrits par l'auteur, ni en faveur des écrits antisémites, ni à propos d'un verdict jamais qualifié de "parfait". Etrange nécessité d'être, sous peine de mort, contre si l'on n'est pas pour et réciproquement, et de n'avoir pour choix que d'être à la porte de la synagogue pour se convertir ou à la porte d'Auschwitz pour y faire périr ses prochains. Etrange soupçon qui transforme un sujet quotidien et actuel en une obsession intime coupable, l'expression du respect d'un artiste en une résurgence "génétique", dira-t-on, d'un atavisme antisémite.
Votre fiel est étrange, en effet.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 28 juillet 2009 à 13:26
@Charles Gaillard,
On voit bien où vous voulez en venir même si le courage vous manque d'aller au bout de vos insinuations. C'est proprement scandaleux. Prenez la peine de rechercher dans google la vidéo du passage de Philippe Bilger sur France Inter le 13 juillet dernier, peut-être comprendrez-vous.
Rédigé par : Ludovic | 28 juillet 2009 à 13:20
@Charles Gaillard, Philippe Bilger et quelques autres...
J'ai été, il y a plus de trente ans, aux côtés de Francis Szpiner à la Conférence du stage des avocats à la cour d'appel de Paris.
J'admire son talent.
Je n'en suis que plus à l'aise pour dire combien je suis profondément blessé par les inqualifiables propos tenus par lui à l'encontre de Philippe Bilger et tels que rapportés par le Nouvel Observateur (article du 23 juillet).
Je veux exprimer ici, publiquement, mon aversion et ma répugnance pour ces termes qui disqualifient son auteur.
La lecture des pages consacrées par l'auteur d' "Etats d'âme et de droit" à son père, pages où l'émotion ainsi que le chagrin sourdent à chaque mot, rend insupportable et odieuse l'écoute de tels propos.
J'assure Philippe Bilger de ma profonde et affectueuse estime.
PS : chacun pourra se faire sa propre opinion en se rendant sur le site du Nouvel Observateur consacré à l'affaire Fofana.
Rédigé par : sbriglia | 28 juillet 2009 à 11:31
Est-on obligé de dire qu'on aime Michel Boujenah quand on est accusé d'antisémitisme par des imbéciles ?
Il ne me déplaît pas comme acteur, mais j'ai un peu de mal avec ses sketches trop niais à mon goût.
On peut appeler ça de la sensibilité, aussi...
Rédigé par : Alex paulist'à Paris | 28 juillet 2009 à 01:59
Etrange fascination, M. Bilger, que la vôtre tant pour les Juifs que pour, et en corollaire, la parole libérée dans l'humour comme dans l'antisémitisme. Etrange comme un procureur qui juge "parfait" un verdict différent de son propre réquisitoire.
Rédigé par : Charles Gaillard | 27 juillet 2009 à 22:20
Je n'ai pas trouvé à lire l'article du Figaro Magazine.
En revanche et à toutes fins utiles, voici deux liens vers une philosophie du rire bien connue :
Le rire. Essai sur la signification du comique. (1900)
http://classiques.uqac.ca/classiques/bergson_henri/le_rire/le_rire.html
Du comique au burlesque : Bergson
Article publié dans Art Press, hors-série n°24, « Le burlesque : une aventure moderne », octobre 2003
http://classiques.uqac.ca/classiques/bergson_henri/le_rire/le_rire.html
Extrait : "A la phénoménologie de la conscience rieuse et à l’analyse des effets de sens, Bergson préfère le démontage des effets comiques et l’explication de leur propagation. Non pas l’expérience dérisoire du monde dans l’ironie ou l’humour (termes fortement "chargés" pour les philosophes), non pas la poétique du jeu de mots, mais une pragmatique des modes de production du rire envisagé comme activité vitale et nécessaire au sein de la machine sociale. Avant de caractériser le ridicule, dans le sillage du romantisme allemand, comme "inversion du sublime" ou dégradation de l’idéal, il se demande pourquoi le ridicule fait rire, et ce qu’il y a de particulièrement comique dans le procédé de l’inversion. Autrement dit : comment fabrique-t-on du ridicule, que faut-il inverser et comment ?"
Rédigé par : Catherine JACOB | 27 juillet 2009 à 21:05
Bonjour M. Bilger,
Pour ma part je préfère encore me tromper avec Pierre Desproges plutôt qu'avoir raison avec Michel Boujenah.
Je n'ai rien contre cet artiste, d'une grande sensibilité mais je suis peu sensible à son humour. Michel Boujenah me fait souvent sourire, rarement rire franchement. Mais c'est toujours mieux qu'un Bigard en tout cas, vous savez l'auteur du "lâcher de salopes" que notre Président a cru bon présenter à Benoit XVI.
Une caricature du Canard Enchaîné m'avait alors vraiment amusé, on y voyait deux prélats embarrassés s'interrogeant ainsi : "Comment présenter au Saint Père un Président divorcé deux fois accompagné d'un comique vulgaire ?".
Quant à Louis Ferdinand Céline, vous avez bien raison, un auteur peut être indéfendable dans le choix de ses convictions ou de ses positions partisanes, tout en étant un génie de la littérature. Nombreux sont ainsi les auteurs maudits ou sulfureux de Maurice Barrès, avec un antisémitisme affiché lors de l'affaire Dreyfus, à Céline si bien déclamé par Fabrice Luchini, en passant par Drieu, Chardonne, Jouhandeau, etc.
Et que dire d'André Gide ? Son oeuvre lui vaudrait-elle encore aujourd'hui le prix Nobel de littérature ou une mise en examen pour pédophilie ?
Plus récemment, Pascal Sevran, un autre admirateur de ces auteurs maudits, était un an avant sa maladie violemment pris à partie dans une polémique absurde pour avoir écrit avec une certaine crudité ce qui pourtant tenait de l'évidence.
Rédigé par : Ludovic | 27 juillet 2009 à 16:08
Cher Philippe Bilger,
Vous découvrir Boujehniste plutôt que Desprogien ne surprend guère.
Ce qui surprend, c’est le point de rupture que vous évoquez : le « comment » du rire, plutôt que le « avec qui » ?
Vous évoquez « l’adaptation du rire au sujet dont il se moque ». Le rire ne s’adapte, à mon sens, pas. On rit, ou on ne rit pas, simplement. En revanche, la situation qui provoque le rire présente toute la fragilité du témoignage humain : elle diffère selon l’angle d’où on la voit.
Rappelez-vous ce sketch de Guy Bedos, intitulé, si ma mémoire ne me fait pas défaut, « mes vacances au Maroc ».
Dans ce sketch, Guy Bedos évoquait l’omniprésence, qui ne laissait pas de le surprendre au demeurant, des « arabes » dans ce pays du Maghreb. Il a rencontré avec ce sketch un énorme succès populaire, ce qui ne l’a pas empêché, après quelques représentations, de le retirer de son programme. Aux questions des journalistes étonnés de ce retrait, Guy Bedos a expliqué alors que les rires que ce sketch provoquait n’étaient pas ceux pour lesquels il l’avait écrit. En filigrane, il fallait entendre qu’une partie du public voyait en ce sketch une charge anti-arabe, ce qu’il n’était évidemment pas.
Vous devriez poser la question à Guy Bedos : qu’est-ce qui vous a dérangé dans cette situation ? Le « comment » ou le « avec qui » ?
Je pense que poser la question induit déjà la réponse.
J’ai peur que Michel Boujenah et vous n’ayez tort en l’occurrence ; le rire est comme la faim, et ressemble en tous points à n’importe quel réflexe.
Lorsque vous verrez tomber quelqu’un dans une situation ridicule, si vous vous mettez à rire, quelle qu’en soit la raison, ne battez pas votre coulpe si la victime en meurt, c’est la vie.
Mais ce n’est qu’après que le remords vous viendra, éventuellement.
Rédigé par : Christian C | 27 juillet 2009 à 11:16
Je suis pour l'essentiel votre analyse ainsi que le commentaire tout en nuances de Jean-Dominique Reffait. Comment ne pas comprendre Michel Boujenah ? Je ne sais pas, en revanche, si Pierre Drieu La Rochelle méritait son sort comme l'écrit votre fidèle commentateur (il s'est suicidé). Je vous l'ai écrit un jour, j'aime les oeuvres de Drieu, notamment Rêveuse bourgeoisie. Son journal - qui est le récit d'une déchéance - m'a aussi touché.
Rédigé par : Laurent Dingli | 27 juillet 2009 à 10:11
Michel Boujenah entre Desproges et Céline ? Vous filez un mauvais coton.
Rédigé par : SR | 26 juillet 2009 à 22:51
Cher Philippe,
Du rire, de l'amour et du sexe.
L'origine du langage et du rire sont tributaires du partage de la surprise.
Pour que la surprise soit, cela nécessite qu'il existe une représentation de chose, et un écart entre la représentation de chose et la chose ou message qui apparaît.
Si la perception n'est pas actée ou partagée, il n'existe pas d'enrichissement de la pensée ou du moment vécu.
L'émergence du rire se situe et est soutenue dans le lien si le jeu qui s'opère est partagé.
L'enjeu de l'échange est très subtil.
Lorsque l'auteur ou le comique cherche l'écart délicat, il est comme un peintre contraint dans le cadre du code de partage, de complicité, de convivialité.
S'il donne dans l'échange du plaisir à l'autre, il renforce sa relation à l'autre.
Il en est de l'amour comme du rire ou du sexe, un échange ou l'autre existe.
Le lecteur, le rieur, le partenaire sexuel sont des sujets et non des objets.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 26 juillet 2009 à 19:25
Hélas, il ne lui serait pas venu à l'esprit de répondre qu'il hait Voltaire, que Candide lui tombe des mains … Pas plus que de Léon Bloy et d'aucune de ses grandes ou petites oeuvres. C'est toujours Céline qu'on assassine … Toujours lui sur qui l'on déverse l'ordure sans même l'avoir lu, l'avoir compris. Boujenah comme tant d'autres est victime du sort qu'on a fait à l'immense écrivain, c'est ainsi … Je serais très étonné de savoir qu'avant que le Voyage lui soit tombé des mains, Bagatelle lui brûla celles-ci. Je doute même que Bagatelle lui soit jamais arrivé à la lecture, en tout cas certainement pas avant le Voyage tant il est vrai que ce dernier est répandu partout et en toutes les langues, qu'il vous attrape en format classique, en poche, en BD, en tout ce qu'on veut, sans qu'on vienne le chercher, quand l'autre est encore aujourd'hui confidentiel et qu'il faut l'aller chercher difficilement (avant Internet) pour le lire ... Je préfère accorder plus d'importance et de crédit à ces nombreux Juifs que je connais qui, ayant eux tout lu et non pas seulement entendu dire, me racontent n'avoir jamais autant ri qu'à la lecture des pamphlets. Ils ignoraient -tout comme moi- que les crises de paludisme, ça pouvait engendrer ça! Le rire de ceux-là, c'est le rire intelligent des hommes forts qui ne craignent rien ni ne doutent d'eux-mêmes. C'est un rire de promesse et d'avenir; pas un rire qui hésite, qui se force, pas un rire qui réfléchit et verse souvent mortifère ...
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 26 juillet 2009 à 18:36
J'ai commencé de lire Drieu La Rochelle et Brasillach adolescent, en ignorant leurs prises de position pro-nazies. Sans prévention, je suis entré dans ces oeuvres telles qu'elles étaient et non pas tels qu'étaient leurs auteurs. J'ai aimé et suis resté fidèle à cet attachement, éprouvant par la suite un sentiment de gâchis, mais non de déception, en apprenant ce que devinrent ces deux auteurs. Ils n'ont, en tant qu'hommes, pas volé leur sort l'un et l'autre mais l'oeuvre dépasse les petits bonshommes.
Je comprends Boujenah, dans la mesure où il a sans doute appris à connaître le personnage Céline avant l'oeuvre qui se trouve ainsi polluée. Parce que la puissance du verbe célinien laisse entrevoir la dérive irréparable entre les lignes. Parce que la violence est là quand il s'emporte sur la misère et quand il fustige ignoblement les juifs. On sent la même rage. J'accorde à Boujenah la première volonté de passer outre, d'ouvrir le "Voyage" et d'essayer. Mais entre les lignes, il ne peut s'empêcher de lire autre chose, de projeter ce qu'il lit dans ce qui sera écrit plus tard, avec la même violence. Dans ces conditions, c'est difficile de passer outre, tant la personnalité de Céline est écrasante et globale.
Cela rejoint évidemment le "comment rire de tout". Je suis souvent tenté de rire ou de faire rire sur les drames, pour dépasser la condition dérisoire de l'humain dans ce qu'elle a de plus funeste. Il faut passer outre. Passer outre le Céline complice de l'extermination, passer outre la bienséance qui retient le rire devant les drames. Franchir les Rubicon intellectuels. C'est compliqué.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 26 juillet 2009 à 12:56