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02 août 2009

Commentaires

Serge ULESKI

Il faut dire qu’Adler prend souvent ses rêves pour des réalités ; rêves qui ont la fâcheuse habitude de se transformer en cauchemars - du moins, telles peuvent être ses prévisions ou plus exactement : ses prophéties -, chez quiconque (Peuple ou Etat) ne partage pas ses analyses et ses options toujours supposées porter la marque du bon sens, ou bien lorsque le bâillement irrépressible d’un de ses interlocuteurs vient perturber son exposé d’oracle.

A ce sujet, il serait bon de préciser qu'Adler a dans sa musette de chasseur d’audience, autant de discours que d’interlocuteurs même si… in fine, le message est toujours le même (1) - entendez : l’Occident (Europe, USA et Israël) c’est bien (et plus encore lorsque c’est “la droite” qui conduit les affaires de la planète) ; le reste du monde et la gauche, c’est caca.

Autant pour l’objectivité, ou à défaut, pour l’honnêteté du point de vue de tous ces « experts » dont les analyses nous renseignent davantage sur les intérêts et sur l’idéologie (2) qu’ils servent et défendent que sur tout autre sujet d’actualité.

Péril islamiste – avant le péril jaune ? -, renégats sud-américains, gauche occidentale naïve, sinon pacifiste…

Circulez ! Y’a plus rien à voir ! Védrine n’a qu’à bien se tenir.


***


On serait vraiment tentés de souhaiter qu’un éditeur puisse un jour s’intéresser au “cas Adler” (et à d’autres cas similaires dont je tairai ici les noms - à charge pour les lecteurs de nous les dévoiler) ; on y côtoiera une indécrottable mégalomanie impénitente et récurrente accompagné d’un complexe de supériorité à peine contenu de la part de ce tâcheron de l’analyse géopolitique, un temps spécialiste des Pachtouns d’Afghanistan…

Mais… où est le rapport ? On se le demande ; d’autant plus que… ça lui a passé d’puis.


__________________________________


1 - dernière publication d'Adler : "Le monde est un enfant qui joue" chez Grasset & Fasquelle.

2 - Leur idéologie est la suivante : les gagnants doivent continuer de gagner, et les perdants continuer de perdre s’ils ne veulent pas se soumettre au diktat dit « occidental » quand on sait que ce diktat n’est déjà même plus celui des peuples de cet Occident tant décrié, mais bien celui d’une poignée d’élites économiques et financières sans visage, sans morale et sans frontières qui n'a plus de comptes à rendre à personne.

jpledun@Véronique Raffeneau

Chère Madame le secrétaire administratif,

Je cherche du boulot dans une préfecture.
Pouvez-vous me pistonner ?

Je me vois bien (un vieux rêve) amuseur public pour détendre les fonctionaires et régler les conflits entre les étages...

Véronique Raffeneau

@ Sylvain

Enfin quoi !

Parler de l'échec policier dans cette affaire est se gargariser dans de l'anti Sarkozy.

Or un journaliste, Alexandre Lévy, qui a écrit un livre "Le gang des barbares" sous-titre pourtant son ouvrage :

"chronique d'un fiasco policier".

Je n'ai aucune qualité, aucun savoir, ni aucune compétence pour juger du bien-fondé du propos de ce livre. Mais en tout état de cause son enquête, très documentée, a amené ce journaliste à poser très sérieusement la question de la pertinence de la stratégie policière retenue alors par la Brigade criminelle.

Je redis. Aucun procès d'assises ne pourra rattraper pour le compte du ministre de l'Intérieur d'alors le fiasco policier - je reprends le qualificatif employé par un journaliste 10 000 fois plus informé et documenté que moi.

Ce ministre de l'Intérieur devenu président de la République peut, comme nous l'avons vu, être on ne peut plus perméable à des croyances minables, comme celle de le génétique comme explication aux malheurs du monde, proférées par un avocat d'une partie civile qui a échoué à convaincre dans un prétoire, mais que vous le vouliez ou non, Nicolas Sarkozy ne peut pas dicter mot à mot un réquisitoire, et il ne peut dicter un verdict à la place d'un jury populaire. C'est ainsi.

Si vous souhaitez que cet état de fait soit transformé, faites le siège de votre député afin qu’il confie au président les pleins pouvoirs.

Par ailleurs aucun procès en appel des condamnations n'aura la moindre influence pour déstocker les 82 000 peines prononcées par des magistrats - les gauchistes dont vous parlez - et non exécutées par incurie gouvernementale, absence de volonté et excès d’indifférence du politique pour la question de l’exécution des peines depuis des années. Y compris les peines qui concernent les condamnations prononcées depuis le début de la présidence Sarkozy.

Des peines non exécutées, et quand elles sont aménagées qui restent non encadrées ou mal encadrées, sont une machine très sûre pour fabriquer de la violence, de la récidive, de la multi-récidive et de l'insécurité.

Et pour finir de vous démoraliser, sachez que la loi pénitentiaire en projet élargit les alternatives à la prison. En escomptant là aussi juste la mise en place "de bonnes pratiques" préconisées par le ministère de la justice.

SYLVAIN

@ Véronique Raffeneau
Arrêtez de vous gargariser avec les éternelles jérémiades : "si Sarko, Sarko ceci, Sarko cela..." Vous n'êtes plus crédibles, faites votre boulot au lieu de passer votre temps à vous pavaner et parader contre le pouvoir, appliquez les peines maxi, arrêtez de relâcher des bourreaux comme vous avez l'air de vous en réjouir si ce n'est jouir ; vous êtes responsables de votre chienlit judiciaire et les citoyens vous désignent comme les coupables, vous les humanistes sauce Badinter...

Véronique Raffeneau

" Sarkozy a eu raison d'intervenir pour changer cette décision de justice et a eu raison de dire que la délinq...génétiques " (Sylvain)

Eh bien, on se demande alors pourquoi Nicolas Sarkozy n'a pas usé de toute sa capacité persuasive et de toute sa force interventionniste comme ministre de l'Intérieur pour changer, quand il était encore possible de le faire, les policiers chargés de l'enquête au moment de l'enlèvement et de la séquestration d'Ilan.

Là il y avait peut-être une chance, peut-être infime, de protéger Ilan et de l'arracher à ses tortionnaires.

Dites-vous bien que cette tragédie est d'abord un échec policier.

Ce n'est ni le rôle, ni la fonction d'une cour d'assises d'assumer cet échec policier pour le compte du ministre de l'Intérieur d'alors.

Même si le président de la République obtenait mille procès et mille appels, il sera toujours trop tard pour arracher Ilan à cet enfer.

82 000 peines non exécutées, un ministre de la justice qui n'envisage qu'un très vague catalogue de "bonnes pratiques" pour espérer professionnaliser son administration pénitentiaire, croyez-moi, les multi, multi récidivistes dont vous parlez ont eu et ont devant eux des boulevards pour reproduire leurs forfaits.

SYLVAIN

tetuniçois a dit :
""...Et que dire de Sarkozy et de son intervention pour faire changer la décision de justice...
Cet avocat et Sarkozy se ressemblent puisque pour eux la délinquance ou la traîtrise sont génétiques...

Leur attitude est à vomir, à votre place j'aurais porté plainte......""""

Sarkozy a eu raison d'intervenir pour changer cette décision de justice et a eu raison de dire que la délinq...génétiques ;
Il a eu une attitude digne, cette attitude et ce sens de la justice que ne connaissent plus la majorité des magistrats avec leur idéologie gauchisante et permissive, leur laxisme pro délinquants et anti victimes.
Il n'y a qu'à voir ce qu'il ont fait du tribunal de Bobigny : une usine à multi multi.....multi récidivistes ; leur morgue et leur arrogance a perverti l'institution judiciaire ; honte à eux qui nous donnent envie de vomir, s'il fallait porter plainte c'est justement contre eux et leur supporter tétuniçois pour diffamation et calomnie...

Au passage je félicite les commerçants de Royan qui ont fait le boulot à la place des institutions prévues à cet effet, qui se cachent par lâcheté et baissent leur froc devant les délinquants comme d'hab...
Mais ce sera censuré ce que je dis là et que pensent des millions de gens qui n'ont plus du tout confiance en la justice.

Véronique Raffeneau

Je me permets de signaler à vos lecteurs les prises de parole de Jean Daniel dans Le Nouvel Observateur et de Maurice Szafran dans Marianne en réponse à la tribune d'Alexandre Adler.

Ou comment la parole de deux intellectuels s'oppose et, parce qu'elle reste authentique, apaise.

Merci à eux.

Véronique Raffeneau

Je voudrais juste réagir au commentaire de Têtuniçois.

Je veux redire qu'entre l'exigence de Nicolas Sarkozy et celle de Me Szpiner il aurait dû exister, normalement - dans le minimum du minimum de l'observation des obligations d'une pratique professionnelle basique -, la volonté du garde des Sceaux à s'imposer à elle-même une analyse du dossier, et un temps pour l'écoute de la position du procureur général de Paris.

Ce qui n'a pas été le cas de la part de MAM.

Par ailleurs un GDS on ne peut plus perméable à des considérations qui tiennent du plus grand obscurantisme intellectuel et moral, comme celui de l'invocation d'une prétendue identité génétique comme explication et comme vengeance aux malheurs du monde, ne laisse envisager rien de bon, quand ce même GDS acceptera dans l'instant de se plier à la seule injonction présidentielle, et/ou à celle de n'importe quelle sollicitation ou pression, quelle qu'elle soit.

Par son silence le GDS a AUSSI validé l'injure proférée par Me Szpiner.

Quant au président de la République.

L'échec policier dans cette affaire pouvait rendre on ne peut plus sensible le ministre de l'Intérieur qu'il était alors au moment de cette effroyable affaire.

Mais devenu président de la République, ND aurait dû faire preuve de distance, savoir dépasser et surmonter l'idée que ce procès ne pouvait pas, en aucun cas, et certainement pas à n'importe quel prix, rattraper, faire oublier et assumer pour lui l'échec policier. Lequel comme ministre de l'Intérieur était AUSSI le sien.

Têtuniçois

Monsieur Bilger, bien que n'étant pas du même bord politique, je tiens à vous exprimer mon plus profond soutien face aux insultes ignobles dont vous avez été victime de la part d'un avocat dans une célèbre affaire récente .
Et que dire de Sarkozy et de son intervention pour faire changer la décision de justice...
Cet avocat et Sarkozy se ressemblent puisque pour eux la délinquance ou la traîtrise sont génétiques...

Leur attitude est à vomir, à votre place j'aurais porté plainte.

oursivi

Oui, Cath, le blog de M. Uleski est si confus dans sa présentation et ses à côtés que l'on ferait presque comme Tintin dans "Les cigares du pharaon" (après avoir rencontré pour la première fois M. Figueroa (?) et accessoirement, c'est le cas de le dire, Henry de Monfreid) on y serait venu chercher des idées et on en repartirait avec une douzaine de slips en promo, une cage à oiseaux et un abonnement au NObs.

AO

Catherine JACOB

@Serge ULESKI
Qu'est-ce que vous avez à voir exactement avec Le Nouvel Obs ?

Serge ULESKI

Au sujet du procès Fofana...

Pour rebondir et à toutes fins utiles, merci de vous rendre à l'adresse suivante : http://sergeuleski.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/07/12/un-nouveau-proces-halimi-oui-non.html

oursivi

Aissa, voilà qui va infirmer votre thèse du 2 août...

http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/08/06/pour-marc-gentilini-on-assiste-a-une-pandemie-de-l-indecence_1226376_3244.html

étant assez d'accord avec B.Debré mais pas à même d'argumenter efficacement, j'attendais tel soutien avec impatience.

AO

oursivi

peu soucieuse... on va y arriver (pan sur la truffe de l'ours)

oursivi

Alex est effectivement un homme bien prévisible. Toujours du côté du manche, communiste pro parti quand on ne pouvait gagner ses galons d'intellectuels de rang A sans y être (son "maître" Louis halte tu sers doit s'en retourner dans sa camisole) affilié, puis gauche douce quand elle eut le vent en poupe, puis passage du Monde au Figaro et ralliement au monde le plus libéral quand celui-ci devint le grand axe du monde décisionnel et le côté où étaient réfugiés argent et pouvoir sans limite.
Les intentions réelles de son papier sont-elles si complexes que cela ?

Pas si sûr.

Me revient un débat, chez Taddéï justement, où opposé à Ramadan la double langue (comparer ses prises de position en large public et celles devant un public de convaincus est assez sidérant), il ne voulut condamner le déséquilibre des morts dans les conflits récents entre Israël et ses adversaires accréditant la thèse que pour lui un mort juif ne pèse pas du même poids qu'un autre. Alors effectivement, les vingt-deux années de sûreté de Fofana comparées à l'éternité subie par le pauvre Halimi doivent lui sembler bien légères. Bon, cela dit, dans le fond je l'aime bien le gros, mon philosémitisme sans doute, sa culture de cacique « ulmien » me bluffera toujours, et ses incapacités à raisonner dès qu'il doit intégrer un aspect quantitatif à son argumentaire me fait le considérer avec tendresse, ayant aperçu son talon d'Achille, son humanité s'en est trouvée grandie à mes yeux.

Quant à la place de l'artiste face au pouvoir, je ne ferais pas le même distinguo que notre hôte, pour moi, le bon concept est celui de transcendance.
Je m'explique.
Nos atomes - nos supports - sont ceux qui constituaient bien d'autres objets hétéroclites avant de se rassembler en nous, qui en sommes l'ensemble des fonctionnalités "hautes" dans la complexité et la diversité de réaction à l'environnement que cet agencement constitue et que l'on nomme, « Homme » peuvent composer (selon quelle loi ?) du nouveau ou du déjà vu. Force est de constater que sous certaines formes, en certains arrangements les atomes ne font que reproduire ce que des grandes finitudes d'autres ont reproduits avant eux (à des variantes epsilonesques près). Même évidence à constater que dans sa course à la complexité (constations évidentes dans la façon dont les hommes maîtrisent de plus en plus leur environnement, en bien ou en mal, là n'est pas la question, en quoi ils structurent de manière toujours plus complexes, tous les outils dont ils s'offrent la disposition) l'univers, déjà à travers ce que notre échelle de conscience perçoit comme le plus développé de ses produits, "en l'instant", c'est-à-dire « l'homme », privilégie certains chemins, certains arrangements comme ceux porteurs d'une nouveauté de réarrangement des briques communes en un schéma inédit (vrai en art, en sciences et techniques mais aussi en morale, en philosophie...). Ces arrangements qui créent de la novation, finalement indépendamment de leur vrai vouloir (Stefan Zweig "l'artiste est l'agent hypnotisé d'une volonté supérieure") conscient, même si l'abnégation de celle-là aide à l'accouchement de ses processus inconscients, sont nombreux et récurrents chez les grands créateurs (Platon, Shakespeare, Chaplin, Kubrick, Rembrandt, Welles, Proust, Picasso, Joyce, Schopenhauer, Hegel, Kant, pour prendre quelques noms au hasard et situer l’exigence... des dizaines de savants majeurs à citer, bien évidemment aussi) occasionnels et de moindre écart chez les « moindre transcendants », et quasi nul sous toutes les autres formes passagères que les atomes prennent dans leur assemblage éphémère, y compris sous leur forme humaine.

Selon moi, l'artiste comme l'intellectuel est pleinement utile s'il participe le plus efficacement aux déploiements nés de ses transcendances.

Le reste, c'est du spectacle, au sens balzacien de la comédie humaine ou debordien d'une structuration hiérarchique mal grimée, juste repeinte sous les traits d'un spectacle appelant la passivité et l’absolue dissymétrie des rôles, apaisant les consciences des lucidités nuisibles au jeu des vanités immanentes de qui les dirigent. Tout le contraire de la transcendance qui se fiche de l'état mais n'est que flèche pointant le sens d'un éternel déploiement peu soucieux de « par qui » elle transite.

AO

jpledun@ Monsieur Reffait

M. Reffait,

Un artiste qui exécute son art "peinardement" n'est pas un artiste.
C'est un fainéant.
Comme les autres.

Spécialité presque uniquement française : Les intermittents du spectacle !

Tous protégés par les deniers publics. Sont-ils pour autant tous des accrocs du pouvoir ?

Il y a quelques stars, et des milliers de petits (mais géniaux) qui n'ont pas besoin de s'accrocher aux basques d'un pouvoir.

Ils font. Pour eux. Pour leur public.

Point á la ligne.

jpledun

Merci cher Philippe, pour votre belle et forte définition de l'artiste face au pouvoir.

Vous êtes politiquement incorrect (sur ce sujet, j'entends) mais c'est si bon...

Quant á Monsieur Adler, j’avoue être étonné de sa sortie.

Etonné et déçu.

Véronique Raffeneau

"Alexandre Adler a déserté dans ce papier ce qui fait l'intellectuel" (pendragon)

Je voudrais ajouter, selon la formule consacrée d'Alexandre Adler, que "ce que révèle" la gestion politique et intellectuelle de l'après procès Fofana, est la désertion du politique et de l'intellectuel englués et piégés dans ce qui les force à se renier eux-mêmes.

Je n'arrive pas à me faire à l'idée d'un garde des Sceaux a priori très construite intellectuellement, et selon ses dires voulant se placer dans le sillage, excusez du peu, d'un Jean Carbonnier, renier ainsi en l'espace d'une quinzaine de jours, ce qu'elle affirme publiquement.

"Je souhaite que les magistrats voient leur autorité reconnue. Je n’admettrai aucune attaque contre un magistrat, y compris émanant d’un avocat" (MAM au Figaro le 10 juillet dernier)

Qu'est-ce qui est arrivé à MAM pour dégrader ainsi ses engagements, et faire de de ceux-ci une parole si friable, si peu fiable et si peu crédible ?

Comment le GDS a-t-il pu accepter d'être utilisé de la sorte au point de se dissoudre elle dans l'exigence forcenée d'autrui, et au point de massacrer ce qui l'a construite et structurée ?

J'ai toujours pensé que les enseignements des intellectuels, au-delà des savoirs spécifiques qu'ils nous transmettent, étaient de formidables outils dans l'apprentissage de l'autonomie, du libre arbitre et de la liberté de soi.

Egalement les enseignements des intellectuels restent des pièces maîtresse dans l'élaboration et la structuration de de nos morales et de nos éthiques individuelles.

Même dans le plus abrupt, le plus rigide ou le plus rigoureux des enseignements il y a toujours la générosité d'un homme ou d'une femme qui transmet et qui partage ce qu'il a appris.

Il m'est arrivé d'avoir eu des larmes aux yeux de reconnaissance quand un intellectuel, un scientifique ou un écrivain exprime ou écrit au mot près ce que trop confusément je pense, et dont j'ai seulement l'intuition.

Cette délivrance dans d'expression de nos pensées, de nos points de vue trop confus ou de nos sentiments trop captifs parce que trop passionnels, est une clarté bienfaisante qui marque et qui balise pour toujours notre progression dans notre perception des choses, c'est-à-dire dans notre rapport aux choses et aux autres.

Quelle déception de constater que les esprits brillants n'ont plus cette générosité et cette considération envers ceux qui ne savent pas, et qui permet à ceux-là de construire des pans entiers de leur identité profonde avec des ancrages essentiels.

Quel chagrin de se dire que les circonstances, parce qu'elles dépassent trop les esprits formés à la distance et à la réflexion, les entraînent à se renier eux-mêmes, et à oublier ce qu'ils sont et ce qui les a faits.

pendragon

Alexandre Adler a déserté dans ce papier ce qui fait l'intellectuel, et nous renvoie à cette antienne insupportable qui veut que toute personne qui ne souhaite pas participer à l'invraisemblable instrumentalisation de l'appel du procès Fofana soit un ami des bourreaux et/ou un antisémite qui s'ignore.

Sans comprendre le redoutable effet boomerang de cette stratégie.

Consternant de méconnaissance de la réalité...

Jean-Dominique Reffait

Si nous considérons la proximité du pouvoir politique aux artistes, portons le regard sur l'architecture qui, pour des raisons évidentes de moyens, de gestion de l'espace, est directement dépendante du pouvoir politique.

En vérité, il y a plus d'imitateurs que d'artistes véritables en architecture, quand bien même ces imitateurs seraient fort talentueux. Rien ne ressemble au style d'un architecte que le style d'un autre. Parce qu'ils sont dépendants du pouvoir politique. Lorsque le pouvoir politique est détenu par un esthète visionnaire, comme le fut Pompidou, cela donne le centre Beaubourg (que j'ai toujours trouvé magnifique dès sa création), quand le prince est traditionnaliste comme Giscard, cela donne le Musée d'Orsay, quand le prince est académique comme Mitterrand ou Chirac, cela donne la BNF ou Branly. Sans parler de l'architecture monumentale du fascisme ou du stalinisme. Pour que l'architecture innove, il faut qu'elle soit dégagée de l'influence du pouvoir, par exemple à Bruxelles dans l'émergence de l'Art Nouveau, ou avec Le Corbusier dans les commandes privées de villas. L'invention architecturale se développe hors du champ politique (sauf exception rare d'un prince éclairé) et intègre le champ public et politique par imitation.

Si cela est voyant pour l'architecture pour des raisons structurelles, nous pouvons étendre ce constat aux autres disciplines artistiques où le pouvoir académique est entretenu par le pouvoir politique.

Je ne dirais donc pas que l'artiste véritable doit s'opposer au pouvoir politique, pas plus qu'il ne doit en être proche : il doit être indifférent à ce pouvoir.

Tandis que cette indifférence est une vertu pour l'artiste, elle n'est évidemment pas permise à l'intellectuel qui a pour mission, non pas là également, d'être en opposition, mais en situation permanente d'examen critique.

Indifférence d'un côté, examen critique de l'autre, deux éloignements indispensables du regard.

Véronique Raffeneau

Nous avons eu droit ce week-end dans Le Figaro à une hagiographie du garde des Sceaux.

Et dans la page Débats, Alexandre Adler nous racontant que le procès Fofana a fait du Badiou. Et bien entendu AA s'est senti dispensé d'apprendre ce qu'il ignore au sujet du code pénal, pour se contenter de nous asséner ses arguments d'autorité.

Il y a un moment où les complaisances à répétition sont extrêmement fatigantes.

Et on se demande quelle valeur intellectuelle accorder aujourd'hui à des universitaires type MAM ou Adler qui semblent oublier d'un coup la rigueur et les fondamentaux, que normalement leur parcours et leur formation universitaires auraient dû leur faire obligation d'au moins respecter.

Laurent Dingli

Jean-Dominique Reffait,
Si votre propos consiste seulement à dire qu'un artiste novateur doit être en rupture avec le conservatisme académique, cela ne va pas chercher très loin, cher confrère, et personne je crois ne pourra contredire un tel lieu commun, mais, vous l'aurez compris, il s'agissait de réfléchir sur le rapport de l'artiste et/ou de l'intellectuel au pouvoir. Dans quelle mesure cette proximité peut-elle brouiller le caractère universel de la création ou, du moins, en atténuer, l'écho. Selon Philippe Bilger, l'artiste n'est pas soumis aux mêmes contraintes que l'intellectuel dans ce domaine. Ce qui est exact en grande partie, mais j'ai considéré pour ma part que la proximité avec le pouvoir politique (et même académique) n'induisait pas forcément un appauvrissement de ce message universel. Les révolutions se font aussi de l'intérieur.
Quant au "cher confrère", Ludovic a bien voulu m'en gratifier, et je lui réponds avec la même courtoisie. N'y voyez aucune forme de corporatisme, mais seulement un trait amical mâtiné, pour ce qui me concerne, d'un soupçon d'autodérision.

PRINCE

Intellectuel : conscience sans science ?
Heureusement pas toujours, mais, bien souvent !

papet croûton

Cher monsieur,
Je serai bref : même si je suis pas toujours d'accord avec vous, je trouve minable de vous utiliser comme tête de turc.
"Les chiens aboient et la caravane passe"...

LABOCA

Monsieur l'Avocat général Bilger fait trop d'honneur à Alexandre Adler en le présentant comme un intellectuel. Celui-ci est certainement doté d'une certaine culture; il a peut-être fait une grande école. Mais il n'est que cela.
Alexandre Adler fait simplement partie de ces quelques types qui cherchent à abuser de leur pouvoir médiatique - (le pouvoir médiatique est le pouvoir de parader dans les journaux, à la radio ou à la télé).
C'est malheureusement un type qui est capable de se montrer extrémiste quand il le veut.
Il faut donc oublier Alexandre Adler car trop souvent il dit des choses insensées.
On aimerait qu'outre leur travail de propagande, des gens comme Adler, BHL et Finkielkraut écrivent des livres susceptibles d'intéresser les étudiants en lettres ou en sciences humaines de nos universités.

Milla

L'intellectuel de nos jours fait dans le comportementalisme qui lui-même a supplanté la pensée et la philosophie ! Je pense qu'extrapoler sur la fin de cette histoire est plus commode, puisque personne n'en pose, ou même ne pense à poser la vraie question !
Suffit-il à un intellectuel ou à un penseur de remettre en question tout le cheminement du procès Fofana et son jugement ?
En gros je vous suis dans votre raisonnement M. Bilger.

Jean-Dominique Reffait

Laurent Dingli, vous m'aurez très mal lu concernant la notion de pouvoir, de conservatisme et d'artistes et vous aurez déniché un contresens qui n'est, du moins, pas là où vous le situez, cher confrère (on moque le corporatisme des magistrats, de grâce, que tous les profs d'histoire que nous avons été, sommes ou serons ne se balancent pas ici un ridicule "cher confrère"). J'évoquais le pouvoir académique auquel se soumettent les artistes, et, dans le temps qui est le nôtre, le pouvoir du principal prescripteur d'art qu'est l'argent (star, cote, spéculation).

Le pouvoir académique est immanquablement conservateur : les baroques tenaient à la basse continue, les classiques ont été insultés de l'avoir abandonné, Corneille et la bataille du Cid, Hugo et la préface de Cromwell ou la bataille d'Hernani. Le véritable artiste est celui qui s'oppose au conservatisme qui le précède, mais ce faisant, il institue une nouvelle norme qui deviendra un conservatisme à casser sous les huées.

Politiquement un artiste a souvent besoin de stabilité et peut assez bien s'arranger d'une dictature dans la mesure où celle-ci lui permet d'exercer son art peinardement. Chostakovitch ou Rachmaninov ont négocié avec le régime soviétique sans renoncer à leur art.

Pour Adler, je suis passé de la grande estime au doute, pour finir par le décryptage de l'escroquerie intellectuelle qu'il représente. J'ai été, comme beaucoup, très séduit et il m'a fallu quelques années pour dénicher les vices profonds de la manipulation. C'est perfide, insinueux, ah que BHL est rafraîchissant en comparaison !

Catherine JACOB

Je reviens de lire la chronique de monsieur le professeur Adler, l'agrégé d'histoire sur
http://www.lefigaro.fr/debats/2009/08/03/01005-20090803ARTFIG00001-ce-que-revele-l-affaire-fofana-.php

Je constate que vous ne nous aviez pas tout dit ! Il a aussi :
1)"En sorte que, lorsque les parties civiles - lisez la communauté juive de France - se portent en appel, elles agiraient sinon contre la légalité qui leur laisse tout de même cette possibilité, en tout cas contre l'équité, et attiseraient une guerre ethnique que le verdict équilibré du tribunal cherchait au contraire à prévenir. "

Depuis quand les parties civiles ont-elles la faculté d'interjer appel du verdict rendu par une cour d'assises ?

D'autre part, les seuls arrêts dont n'importe qui n'était pas partie prenante, en serait-ce que tierce, dans un procès, est admis à en interjeter appel, sont les arrêts rendus par une juridiction administrative, et à condition de démontrer leur intérêt propre d'administrable à agir ainsi !

2)"Me Szpiner a certes demandé la publicité des débats au nom de la norme supérieure que serait la pratique européenne, mais on peut tout à fait comprendre que le tribunal n'ait pu le suivre sur cette voie".

"Le tribunal", lisez : "La Cour" il me semble !

3)"le procès à huis clos aura permis de limiter le débat à la matérialité des actes commis. On aura ainsi assisté à une élision totale de l'acte antisémite."

4)"Cela me rappelle mon adolescence
lycéenne où, m'étant battu avec un quidam qui m'avait traité de «sale juif», nous fûmes ramenés dans la salle de classe par un surveillant qui bredouilla une phrase incompréhensible sur deux lycéens qui auraient échangé entre eux des «gros mots».
Cela me rappelle que pas plus tard que ce matin, bloquée par un camion de livraison qui avait du mal à obtenir de faire abaisser un plot qui lui barrait le passage, j'ai disposé mon véhicule sur le côté de la chaussée, en prenant garde au passage pour piétons, puis je me suis mise en demeure d'attendre patiemment qu'il libère la voie, quand une seconde voiture survient qui se met à klaxonner impatiemment. Je descends de mon véhicule pour aller expliquer posément à sa conductrice qu'il n'y en avait vraisemblablement plus pour longtemps. Qu'à cela ne tienne, elle me jette une phrase dans une langue inconnue de moi, monte à demi sur le trottoir et me double sauvagement sur la droite. Je hurle : "Et le code de la route!" Réponse: "Le code j'm'en tape, SALE PUTE!" Sous le propos injurieux, j'ai réagi par un gros mot à mon tour, qui n'était à connotation ni raciste, ni sexuelle, mais qui m'a valu un majeur dressé par la fenêtre, puis la conductrice mordant sur le trottoir opposé réussit à se faufiler malgré tout le long du poids lourd, triomphante de m'avoir grillé la place de parking que pensait-elle je devais viser, alors qu'il lui eût été si facile de déposer gratuitement, sans danger et dans les temps, sa passagère ( il s'agissait de la place de la gare), en profitant d'un dépose minute en aval.

Personnellement, je me demande si les gens ont toujours réellement conscience de dire autre chose qu'un gros mot quand pour blesser, ils s'écrient «sale juif» dans une cour de récréation, ou «sale pute!» sur une place publique devant des abris bus noirs de monde, foule parmi lesquels peut-être des gens me connaissant ?!

5)"D'autres abominations de ce genre peuvent avoir encore lieu et la prochaine victime n'avoir rien à voir avec le judaïsme. Mais pour l'instant, la motivation antisémite de l'acte, facteur aggravant, doit être jugée en droit. Il ne manquait pas en Allemagne, avant 1933, de gros bras violents et criminels de droit commun mais ces voyous ne peuvent pas être jugés de la même manière lorsqu'ils revêtent la chemise brune des SA ou la casquette à tête de mort des SS pour accomplir leur forfait. Le tribunal n'a nullement examiné cette dimension et c'est cela qui provoque l'indignation et le malaise d'une communauté juive dont le professeur Prasquier est évidemment l'honneur."

C'est la première fois que le lis que Fofana avait arboré des insignes nazis pour accomplir son forfait. D'autre part, les SA et les SS ne s'en sont pas pris qu'aux membres de la communauté juive, et ne se sont pas montré moins brutaux avec leurs autres victimes, et je ne pense pas que mes grands-parents, interrogés pendant trois jours et trois nuits par la gestapo qui voulait savoir où étaient leur fils, aient bénéficié d'un traitement de faveur! Ou que mes autres grands-parents qui ont caché dans leur cave un colonel de l'armée française au péril de leurs cinq enfants, aient été favorisés d'une quelconque façon quand on a brûlé leur propriété pour les punir d'avoir caché un "terroriste"! Quels que soient l'uniforme et l'insigne, c'étaient là des faits de guerre. Ce qui fait l'abomination de l'extermination, ce n'est pas l'insigne, ni l'uniforme de l'époque, c'est le projet en lui-même et sa mise en oeuvre! Ce qui, de nos jours, est susceptible d' ajouter à une insulte, dont on ne peut plus dès lors prétendre ignorer le sens et la dimension, c'est le renvoi symbolique à l'extermination que prend le fait d'en arborer éventuellement de surcroît, l'insigne et l'uniforme sous lequel elle s'est mise en oeuvre. La dimension de l'insulte à caractère antisémite a bien été examinée par la Cour, cette qualification ayant été retenue contre deux des accusés, elle ne pouvait se dispenser de l'examiner. Soyons sérieux! Je ne pense pas qu'il eût été sage d'en prendre prétexte à faire le procès de la société française qui avec tous ses défauts, offre malgré tout une protection des droits de tout un chacun qui est à l'honneur de cette Nation même s'il faut parfois tempêter pour les activer, et je trouve, personnellement, fort mauvais qu'on ait trop souvent tendance à l'oublier!
Allez donc traiter de sale pute, en public, par ex. une iranienne en Iran, qui plus est dans son droit, et vous verrez ce qui arrivera!
On ne voit pas bien non plus ce qui justifie de convoquer dans ce discours enflammé, la personnalité éminente du président Prasquier qui pour sa part, a appelé à la décence et condamné tout débordement de quelque bord qu'il se manifeste! Quelle responsabilité de l'avocat de la partie civile qui, pour l'heure, n'inclue pas le CRIF, dans tout ce roulement de tambour!

6)"Il faut en effet affronter un phénomène nouveau et inquiétant, celui de la négation pure et simple de l'existence de l'antisémitisme, voire des juifs eux-mêmes. "

Je ne voudrais pas dire, mais, et avec tout le respect que je dois au digne universitaire journaliste, par les temps qui courent, ça me paraît difficile.

7)"Nous passons ici de la relativité restreinte à la relativité générale : pas de peuple juif, pas d'antisémitisme. C'est l'esprit du verdict du procès Fofana. "

Je crois également qu'il a manqué à lire BHL sur le point de qui est victime ou susceptible d'être victime d'antisémitisme!
Enfin, en quoi l'esprit du verdict du procès résiderait dans la négation d'un antisémitisme dont le procès n'a nullement négligé de prendre en compte la dimension quant à ceux des accusés qui se sont situés relativement à celle-ci?

Mais bon, finalement il en a beaucoup plus après Badiou qu'après vous, vu que, ma foi "les réquisitions de l'avocat général Bilger sont assez conformes à la pratique courante."
Je me demande s'il y a tant de condamnations que cela à la perpétuité, pour qu'on puisse parler de pratique courante, et qui fait des procès normaux...en apparence!

En conclusion, si monsieur le professeur Adler n'était pas un honorable membre et de la communauté juive en particulier, et de la communauté universitaire en général, la citoyenne lambda lui dirait bien de réviser la logique du concept avec sa philosophe d'épouse et/ou de se faire prescrire quatre grains d'ellébore!

Laurent Dingli

Pardonnez-moi, cher Ludovic, je constate en effet que je vous avais mal lu et que les propos que je discute sont davantage ceux de Jean-Dominique Reffait. Je crois toutefois que la nuance apportée par Philippe Bilger est exacte : un artiste peut être conservateur intérieurement et novateur dans sa création. Je continuerai cette passionnante conversation dès que j'aurai une minute.

THOMAZEAU Bernard

Alexandre Adler défend le pouvoir pour lequel il travaille via ses écrits dans "Le Figaro", qui comme chacun sait n'est pas le journal d'opposition le plus virulent vis-à-vis du pouvoir en place !
Ce matin j'ai écouté J-F Kahn sur France Inter sur l'affaire Fofana et je lui donne entièrement raison !

Laurent Dingli

Jean-Dominique Reffait,
Vous pouvez condamner ses propos, mais Alexandre Adler ne mérite vraiment pas la charge agressive et, pour tout dire, assez ridicule, que vous nous infligez aujourd'hui. Vous avez vos têtes, j'ai les miennes, passons.
Je voulais surtout revenir d'un mot sur le commentaire de Frédéric Taddéï suivant lequel l'artiste doit être contre le pouvoir, maxime un peu simpliste que vous vous empressez d'approuver. "En vérité, dites-vous, l'artiste novateur s'oppose au pouvoir tandis que ses continuateurs s'y soumettent". Mon Dieu comme tout est simple ! Je retrouve encore une fois la structuration binaire de votre pensée, celle-ci étant souvent enrobée d'une ambiguïté formelle. Contrairement à vous, je ne crois en aucune manière que l'artiste ait besoin de se positionner pour ou contre le pouvoir (même si vous prenez ce terme dans son acception large, ce qui vous permet toutes les généralités : pouvoir politique, pouvoir académique, etc). Jérôme Bosch, Michel-Ange, Mozart, ne créent pas pour établir je ne sais quelle rupture avec le pouvoir, mais parce qu'ils ressentent le besoin vital d'exprimer une puissance intérieure dont nous n'avons pas fini de discuter l'essence. En d'autres termes, vous projeter votre vision d'intellectuel de gauche sur l'art : c'est-à-dire qu'il doit répondre à la sempiternelle opposition conservatisme/progressisme.
PS : vous m'avez fait rire l'autre jour quand vous avez comparé le désir mimétique de Girard à la théorie de la sexualité de Sigmund Freud. C'est vraiment placer un nain à côté d'un géant.
Désolé, Ludovic, mais vous faites le même contresens quand vous confondez pouvoir et conservatisme : ce ne sont nullement deux choses équivalentes. Le pouvoir est souvent une rupture qui entraîne les artistes dans son sillage ou qui sait mettre à profit leur talent. De cet accouplement sain ou monstrueux (ce n'est jamais tout l'un ou tout l'autre) naît souvent de grandes choses. Je pense bien évidemment aux Médicis. Mais il y aurait tant d'autres exemples. Tenez encore, la peinture de David, étonnant mélange d'académisme pompeux et de création novatrice, le tout au service du pouvoir révolutionnaire puis impérial. Mais peut-être vous ai-je mal lu, cher confrère.

Vartan

Modeste contribution pour aider à cerner le personnage Alexandre Adler :
M. Adler se manifeste chaque fois qu'il est question de légiférer sur la reconnaissance du Génocide des Arméniens :
En 1987, la question ayant été portée devant le parlement Européen, il a déclaré devant la caméra de "La 5", "bien que je sois conscient de la réalité de ce génocide, je ne vois pas l'utilité de promulguer une reconnaissance" et, après quelques secondes de silence, comme s'il lisait mes pensées il a ajouté "je ne suis pas favorable non plus à la reconnaissance du génocide des juifs".
Lorsque cet événement (Génocide de 1915) est revenu sur le devant de la scène à propos de la pénalisation de la négation (par l'Etat turc et ses relais) du génocide des Arméniens (votée par l'Assemblée Nationale et non inscrite au Sénat depuis deux ans), Monsieur Adler s'est récemment manifesté sur Radio-France en essayant de noircir la communauté arménienne dans son ensemble par le biais du contentieux israélo-libano-syrien et, en "blanchissant" les Turcs. "Les dignitaires de la diaspora arménienne(*) de Syrie font la politique (NDA: néfaste?) de ce pays, ils occupent les plus hauts postes de l'Armée...", " l'épouse du Président libanais Emile Lahoud est d'origine arménienne, son chauffeur, son cuisinier de même..."
(Chacun peut imaginer les réactions à ces déclarations si elles avaient concerné la diaspora juive.)
Quant aux relations entre les juifs émigrés d'Espagne après l'inquisition espagnole et les ottomans elles ne furent rien moins qu'excellentes jusqu'à nos jours, selon Monsieur Adler.
Je me permets de vous proposer les liens suivants où vous constaterez sous la plume d'un Historien turc le "bien fondé" des déclarations de Monsieur Adler :

http://collectifvan.org/article.php?r=0&id=33946

And in English :
http://www.hairenik.com/weekly/2009/07/20/the-jews-of-turkey-and-the-armenian-genocide/

Vous comprendrez pourquoi, et depuis 22 ans, je n'use pas d'un qualificatif flatteur à propos de ce personnage.
(*) la diaspora arménienne en Syrie est une minorité chrétienne en pays musulman...

Polochon

M. Bilger,

Votre conclusion sur les intellectuels est terrible... pour tous ceux qui prétendent l'être.
"L'intellectuel n’a pas le droit de penser sans avoir tous les hommes dans sa tête".

Avec Alexandre Adler, on en est loin. J'admire ses connaissances mais il en montre peut-être trop, au risque de s'embrouiller et sa vanité est immense.
Un de vos correspondants cite Michel Onfray qui est un spécialiste des procédés intellectuels douteux : démagogie, caricature, fausses analogies…
Que dire de tous ceux qui se pavanent à la télé !
Il n'y a donc plus actuellement sur terre de modèle incontournable et c'est peut-être mieux ainsi.

Alex paulista

En l'occurrence, il s'agit moins de certaines personnes voulant complaire au Pouvoir que de l'inverse.

Laurent Dingli

Je viens de lire la chronique d'Alexandre Adler. Il me semble que vous lui avez très bien répondu dans ce billet. Ce qui me gêne le plus chez Adler, que j'apprécie par ailleurs beaucoup, c'est l'assimilation du verdict du tribunal aux thèses de Badiou.

Laurent Dingli

Ludovic,
Mon cher confrère,
Vous avez raison de remonter à Voltaire. Poussons même un peu plus loin. Vous savez que Sébastien Le Preste, marquis de Vauban a été l'un des rares personnages de son temps, (côté catholique s'entend), à dénoncer les conséquences désastreuses de la politique anti-huguenote de Louis XIV. Vauban, lui aussi, n'était pas hors du pouvoir, il en faisait intimement partie. Mais je suis persuadé que nous pourrions trouver encore bien d'autres exemples antérieurs.

Christian C

Monsieur l’Avocat Général,
La question de votre billet : « L’intellectuel a-t-il par principe le droit de s’exprimer sur tout ? » n’appelle a priori qu’un « oui » ou un « non ».
Votre mise à égalité de l’analyse -écrite- d’Alexandre Adler quant à la sévérité d’un verdict de cour d’assises, et d’une réponse -peut-être relue- de Frédéric Taddéï à une question orale de portée générale posée par un interviewer me semble sujette à critique.
Dans le premier cas, le chroniqueur est censé avoir pesé tous les mots de son expression. En la circonstance, Alexandre Adler est pris en flagrant délit d’ignorance partielle de l’objet de sa chronique, qui n’entre d’ailleurs pas dans son champ habituel de compétence. La sanction est à son encontre le manque de professionnalisme dont vous ne manquez d’ailleurs pas de le stigmatiser.
Dans le second, Frédéric Taddeï se trouve confronté au journaliste de Télérama, en compagnie de Stéphane Guillon, à une série de questions posées aux deux compères simultanément. Il ne répond pas à la question du journaliste, qui était : « Et quels sont les grands sujets sur lesquels vous vous êtes positionnés récemment ? » Mais il commente la réponse apportée par Stéphane Guillon, par ces phrases qui complètent votre citation: « Un artiste digne de ce nom doit être contre le pouvoir. Pas forcément contre la personne qui le détient, mais contre le pouvoir en général. C'est le minimum, le smic, car le pouvoir tente toujours de récupérer le soutien des artistes. » Ce commentaire, de mon point de vue, ne s’applique pas à tous les modes d’expression artistique, mais spécifiquement à celui de Stéphane Guillon, celui d’ « humoriste » ou de « comique » selon qu’on aime ou non l’intéressé. Qui plus est, toujours selon moi, Frédéric Taddéï ne limite pas « le pouvoir » à tout détenteur actuel d’une parcelle du pouvoir, mais à tout candidat potentiel à la pratique du pouvoir, ce qui limite et universalise tout à la fois la population embrassée par le propos de Taddéï.
Pour ce qui est de la réponse à votre question, ma réponse est « oui », quels qu’en soient les inconvénients. C’est le prix à payer de la liberté d’expression.
Mais je vous rejoins sur votre quasi-conclusion : « L’intellectuel exemplaire, c’est celui auquel on ne peut se soustraire ».

Ludovic

M. Bilger,

J'ai écrit un peu vite que le premier intellectuel engagé était à mon sens Emile Zola avec son célèbre "J'accuse" qui lui avait tout de même valu à l'époque de comparaître en cour d'assises. Le premier intellectuel engagé me paraît être Voltaire. L'affaire Calas, à l'origine du "Traité sur la tolérance" ou celle du chevalier de la Barre ne comptent pas pour rien non plus.

Aïssa Lacheb-Boukachache

Poser ceci en Principe: Par tous moyens, les démentir.


Aïssa.

Jean-Dominique Reffait

Alexandre Adler m'est tout bonnement insupportable, c'est un manipulateur idéologique qui dissimule sous ses aspects rondouillards la plus cynique des malhonnêtetés intellectuelles. Son papier sur l'affaire Fofana est à vomir de sous-entendus d'où l'on peut conclure que l'absence d'antisémitisme est antisémite. Passons sur le circonstantiel et reprenons le fil du billet.

Le statut de l'artiste face au pouvoir est soumis aux prescripteurs, comme le rappelait justement Michel Onfray. Qui a le pouvoir de guider l'artiste, en lui commandant des oeuvres, en les achetant, en lui attribuant une renommée publique ? Lorsque Rembrandt peint sa Ronde de Nuit, il exécute la commande d'un portrait collectif d'hommes de pouvoir. Mais il l'exécute de telle manière qu'il contourne le pouvoir, il le ridiculise, tout en arguant de sa bonne foi dans l'exécution scrupuleuse de la commande. Le tableau est exposé à Amsterdam en compagnie d'autres grands tableaux de groupes réalisés par des contemporains. La comparaison est accablante : d'un côté nous avons de bons faiseurs qui ont traité avec dignité leurs sujets, de l'autre un trublion qui peint un réel désordonné et vaniteux. C'est criant.

S'opposer au pouvoir pour l'artiste, c'est justement créer le jamais vu : la création suppose la rupture avec les imitateurs académiques qui imposent le style précédent. Hugo disloquait "ce grand niais d'alexandrin" en rupture avec le pouvoir des académiques classiques. En vérité l'artiste novateur s'oppose au pouvoir tandis que ses continuateurs s'y soumettent en attendant le prochain artiste novateur qui tordra le cou aux règles qui précèdent.

Ludovic

Bonsoir M.Bilger,

Très intéressant billet que celui-ci, je ne reviendrai pas sur l'affaire Fofana mais Alexandre Adler, pour qui j'ai toujours eu une certaine admiration, me surprend. Aïssa a nécessairement raison, Alexandre Adler ne pouvait pas ignorer le droit à ce point. Tout de même, l'imaginer en manipulateur de l'opinion me surprend, lui qui est plutôt là pour nous éclairer.
J'adhère totalement à la démonstration de Laurent Dingli sur le rapport entre les intellectuels et le pouvoir, encore que, il me semble que le concept d'intellectuel, au sens de son engagement, remonte en fait à l'affaire Dreyfus, et par conséquent, Zola fût le premier du genre.

S'agissant des artistes il en va tout autrement. J'avoue ne pas bien comprendre la notion d'artiste conservateur, je vous cite "Un artiste véritable peut être conservateur dans ses principes et génial, inventif dans sa création". Un artiste se doit d'innover, de se démarquer, voire de provoquer. Même lorsque les artistes répondent à des commandes du pouvoir, ce qui était la règle à la Renaissance par exemple, ils savaient provoquer en s'appropriant le sujet et en en livrant leur conception subjective.
Je vois mal comment concilier pour un artiste conservatisme et "ce miracle qui fait surgir de ses tréfonds, par exemple, le JAMAIS VU".
Le conservatisme dans le domaine artistique se confond avec l'académisme.
Les plus grands d'entre eux ont fait scandale, à leur époque, par la rupture qu'ils ont su marquer de leur empreinte.
Mozart (des opéras en allemand, un scandale !), Picasso, les impressionnistes, les dadaïstes étaient-ils des conservateurs ?

david

Bonjour
L'artiste a besoin du pouvoir au sens où il a besoin d'un prince, bien plus que d'une commission pseudo artistique pour le reconnaître. Dernière illustration en date : les artistes russes qui ont pu éclore grâce à... la mafia russe et à son désir d'être "prince", et donc "d'en étaler".
Mais cette relation personnelle entre l'artiste et le prince conduit souvent le premier à être le fou du second, et ce n'est que très humain après tout.
Évidemment, la question se pose pour les artistes quand le prince n'existe plus et que les subsides, accessoirement la reconnaissance, viennent de commissions, de dossiers, de diplômes, de toutes ces choses si inhumaines qu'elles ne peuvent susciter que la révolte.

Cordialement
David

Aïssa Lacheb-Boukachache

Dans un autre registre, on retrouve actuellement exactement le même schéma de manipulation et provocation par l'instrumentalisation de l'ignorance des foules, en le cas Bernard Debré, éminent professeur es urologie, chef de service ici, là, un peu partout, député je crois, conseiller de Paris et j'en passe … Qu'est-ce qu'il nous dit du haut de son autorité médicale hyper médiatique? Que le H1N1 c'est du pipi de sansonnet, une «gripette», qu'il serait temps «de siffler la fin de la partie» … Il cite Ebola, Marburg … Il aurait pu citer encore le SIDA, le cancer, Alzheimer, la rougeole, la coqueluche, le suicide, l'occlusion intestinale, les globes vésicaux (c'est son truc), la migraine, les accidents de travail, le meurtre et l'assassinat naturellement, il aurait pu raconter n'importe quoi et cela aurait pris, la populace ignorante de ces choses médicales comme elle l'est des choses judiciaires se serait écriée: Mazette, si c'est Debré, c'est donc vrai!... L'inconvénient pour lui -et c'est heureux pour nous- c'est que de prestigieux professeurs et cliniciens es médecine, notre pays n'en manque pas et tous ne sont pas -heureux encore pour nous la populace (dixit Imbert)- liés par un quelconque pacte implicite qui les tiendrait chacun solidaires en tout à l'instar de certains -et non des moindres- de ce monde des médias institutionnalisés quasi fonctionnarisés. Ainsi, on peut entendre dans le même temps que s'exprime Debré pour dire d'une chose son ignorance crasse en vérité formelle et indiscutable, un professeur es médecine non moins prestigieux que lui, Didier Raoult, virologue lui et non urologue, qui connaît donc certainement mieux que ce dernier des sciences des bactéries, microbes et autres virus, qui sait donc de quoi il cause, informer loyalement les gens de la dangerosité de ce virus grippal pas si nouveau que cela puisqu'il s'agit à peu près, en sa variante H5N1 déjà à l'oeuvre, du même qui fit en quelques mois de l'année 1918 plusieurs dizaines de millions de morts, je veux dire la grippe dite «espagnole» et dont à ce jour encore on ignore à peu près tout et du virus et son fonctionnement et des moyens efficients de l'éradiquer, de la dangerosité donc de ce virus et des réelles inquiétudes qu'il lui inspire, ce d'autant, ajoute-t-il, que nous ne nous y sommes quasiment pas préparés malgré les gesticulations de la ministre Bachelot et, plus globalement, des instances sanitaires administratives.

J'arrête là … Tout ça pour mettre en parallèle et contradiction les deux exemples. Vous citez Sartre, excellent! Face à lui, il y avait alors Aron … Toute proportion intellectuelle gardée, où serait aujourd'hui le «Aron» de Adler? Non qu'il ne s'en trouve pas sur le plan strictement de la pensée et la réflexion, ce n'est pas de cela dont il s'agit mais le «Aron» qui, par son opposition, ne craindrait pas, s'attaquant dès lors à cette sorte d'icône médiatico-intellectuelle, de se voir marginalisé d'une façon ou d'une autre, tenu désormais à l'écart, étouffé, privé, censuré pour avoir osé?

Dans le précédent exemple, on ne peut se passer du professeur Raoult, de son savoir, ses connaissances, sa thérapeutique … Ceux qui le feraient s'exposeraient gravement; les virus, les bactéries, bref la maladie, sont ce qu'il y a de plus impartial et aveugle en ce monde; ils ne connaissent pas et se fichent de nos façons de nous concevoir ensemble en l'espace démocratique … Le «Aron» d'Adler, on peut sans débarrasser voire même l'empêcher d'exister, qui s'en apercevrait? Et ses censeurs aujourd'hui ne risquent rien, au contraire, se rangeant à l'icône ils consolident leur place et leur carrière en ce monde de plus en plus roide et figé mentalement, de plus en plus structuré, construit en somme …

Ne vous faites donc pas de bile, cher PB, tout ceci est normal. En tout cas, aujourd'hui, ces choses sont ainsi …


Aïssa.

Pierre-Antoine

@PB

Pourquoi comparer un intellectuel à un artiste ? Ils ne sont pas sur le même registre !
Attention tout de même, quand je dis "artiste" je parle de celui ou celle qui a acquis la maîtrise de son art.
Alors que l'intellectuel ne se sert que de son intelligence innée et assemble les mots et les idées pas toujours avec maîtrise.
L'art touche au sublime et parle à l'âme. L'intellectuel parle au cerveau et s'essaie à croire (il serait bien le seul) qu'il ouvre les portes de la révélation.

Puisque vous aimez les citations, permettez-moi de vous en offrir une de Lao Tseu
"Celui qui excelle ne discute pas, - Il maîtrise sa science et se tait."

Rassurez-vous je n'ai aucun mépris pour les intellectuels ! J'ai juste un peu d'angoisse devant le vide de certaines de leurs idées.

Cordialement

Pierre-Antoine

Catherine JACOB

"Une telle inexactitude manifeste qu’on veut faire passer ce qu’on pense avant ce qu’on a l’obligation de savoir. L’intellectuel a-t-il par principe le droit de s’exprimer sur tout ? Et même dans son champ de compétence !"

En l'espèce, il s'agit plutôt du champ de compétence de Blandine Kriegel, son épouse, fille d'un résistant communiste, membre de la Commission Truche (Pierre Truche = procès Klaus Barbie; Premier président honoraire de la Cour de cassation depuis 99), philosophe s'étant exprimée sur le procès du Sang contaminé (Le Sang, la justice, la politique -1999- ) et ayant publié ses réflexions suite à sa participation à la dite commission Truche (Réflexions Sur La Justice Et Sur La Loi -2001-) : Laquelle selon l'Huma de l'époque a été missionnée pour : " REFLECHIR à l’indépendance du parquet à l’égard du garde des Sceaux, créer les conditions d’un plus grand respect de la présomption d’innocence / de l’indépendance des magistrats soupçonnés d’être désignés dans les affaires sensibles, non pour leurs compétences mais pour leur soumission au pouvoir exécutif. « Désigner les meilleurs, sans autre considération que leurs qualités » / Le style de cordon ombilical qui relie le parquet à la chancellerie / préserver le droit du public à être informé tout en évitant la dérive médiatique qui consiste à attenter à la vie privée, ainsi que préserver parallèlement la liberté de la presse et le secret de ses sources." Autrement dit, modernes dôdekathlos à l'égard desquels, force est de constater qu'on en est encore à discuter si le plan des fondations des écuries à nettoyer doit être dessiné à l'encre bleue ou à l'encre rouge; or donc, ne parlons pas de la pose de la première pierre de l'escalier de la descente aux Enfers pavés de bonnes intentions!

S'agissant de s'exprimer sur tout, pour l'intellectuel en général je ne saurais répondre, mais pour ce qu'il en est du philosophe, par quelque magie particulière à la nature de sa discipline, tout ce dont sa réflexion s'empare entre derechef dans le champ de compétence d'icelle.

Or donc, le philosophe qui participe à une commission de réflexion, est tout à fait admis, il me semble, toutefois du point de vue de la philosophie et non pas du point de vue de la matière spécifique en cause, à s'exprimer sur les questions qui l'ont motivée. En l'espèce : "Comme l'a souligné le philosophe américain John Rawls, la demande de justice est au coeur des sociétés démocratiques modernes dont aucune n'aime à se dire injuste. Elle se traduit dans tous les pays développés par une montée en puissance des juges, par une multiplication des actions en justice, par une interrogation renouvelée sur la ou les valeurs de la justice. La France sur ce point ne fait pas exception : cependant et paradoxalement, sa classe politique, au moment même où elle est la principale victime d'une suspicion judiciaire accrue, n'a pas été capable de mener à bien la réforme de la justice qui permettrait aux magistrats de voir à la fois véritablement reconnue leur indépendance et d'être contrôlés par le peuple. Quel est l'obstacle à la mise en place d'une justice plus libre et plus responsable ? Pourquoi ne parvenons-nous pas à instituer une véritable séparation des pouvoirs ? Ni d'avantage à assurer la présomption d'innocence et une justice respectueuse des droits de la personne ? " Toutes questions au coeur du débat actuel!

Mais Alexandre Adler n'est pas Blandine Kriegel et il ne s'exprime pas du point de vue de l'historien qui impliquerait un nécessaire recul encore impossible, mais du point de vue journalistique de l'événement traité à chaud, dans l'effervescence des émotions, qui plus est, non pas tant du point de vue de la défense qui sous tend le résumé ci-dessus, que du point de vue des parties civiles dont il partage l'histoire compliquée, autre spécialité de Mme Kriegel qui est également membre du comité de parrainage de l'association Marianne de la diversité, cette «diversité qui veut se placer au cœur du pacte républicain », ce qui implique un pourtour au sujet duquel on est en droit de se demander par quoi il est occupé ainsi qu'une sorte de" mythe fondateur à interroger avec rigueur et sérieux, autrement dit tous points de vue à l'égard desquels sa formation de normalien, son métier de professeur des universités et d'enseignement dans une institution de l'Enseignement militaire supérieur français auraient dû lui brandir sous le nez la pancarte ATTENTION! Or, non seulement ce n'est pas le cas, mais encore, jetant par dessus les moulins le froc de l'historien méticuleux, il fonde son discours public sur des énormités. Et, quelque part, c'est bien cela qui interpelle. Comment une personnalité apparue jusqu'ici comme une intelligence, peut-elle se comporter comme elle ne l'aurait pas supporté du plus cancre de ses étudiants? J'ai l'impression que la réponse à cette énigme, se situe du côté des sentiments qui gouvernaient la conception et l'application du supplice chinois des cent morceaux...

"Au-delà d’Alexandre Adler, cette interrogation m’est venue quand Frédéric Taddéï, dans une interview, a défini l’artiste comme une personne qui devait être contre le Pouvoir. Non pas forcément, bien sûr, contre le titulaire physique de celui-ci mais contre les dominations et les contraintes qu’engendre le pouvoir. Je me suis demandé si cette appréciation, assez souvent reprise, était pertinente."

Souhaitez-vous par là évoquer l'influence déterminante des Fleurs du mal sur les conceptions artistiques d'un second empire conformiste et la moderne perennité de la figure de l'artiste maudit, ainsi que de la primauté de la décadence dans l'ordre des qualifications artistiques qui positionnerait dès lors notre modernité en imitation de l'Empire?

L'art et la politique? Vaste programme de réflexion également que ce rapport de l'artiste au pouvoir tel que susceptible ou non d'influencer notre façon de le considérer aux divers sens du terme ( par ex. de l'écouter s'agissant de certains acharnés de la lutte contre le téléchargement de leurs 'oeuvres', ou encore de leur résidence sur les bords du lac de Chnèève, et enfin de leurs amitiés...) ! On peut également interroger ce champ conceptuel comme le fait Jean-Christophe Victor de façon passionnante à travers la superposition des cartes géographiques dues à des artistes inspecteurs généraux de l'éducation nationale de pays différents!!

Aïssa Lacheb-Boukachache

Ce que vous soulevez là, cher PB, sans le savoir peut-être, c'est le problème de la manipulation des foules par celui qui détient la force médiatique. Il faudrait être bien sot pour croire une seconde qu'Alexandre Adler, par son papier, s'adresse au monde judiciaire. Il faudrait l'être tout autant pour imaginer que cela serait également destiné à ses pairs intellectuels. Il faudrait l'être encore plus pour penser que ce brillant intellectuel, quand bien même il ne serait pas versé plus que cela en ces choses judiciaires, ne se soit pas auparavant renseigné sur les quantum des peines françaises et particulièrement celle-là. Puis il faudrait être vraiment demeuré pour croire qu'écrivant cela il forcerait un quelconque législateur qui proposerait et ferait voter une loi qui punirait davantage l'auteur visé de ce crime … La réalité est bien plus subtile et m'étonne que cela puisse venir d'un homme tel Alexandre Adler dont le sérieux, l'autorité et le crédit ne prêtent à aucun doute -ou plutôt ne m'étonne pas, j'y reviens- … En liminaire, il convient de préciser que les lecteurs réguliers ou occasionnels ou m'as-tu vu le journal que moi je «lis», du Figaro, ne sont pas tous des lumières versées en tout et particulièrement cette chose judiciaire. Il faut s'y rendre: la majorité des français ne connait rien ou à peine du fonctionnement de sa Justice qu'elle soit pénale ou autre. Il y a un véritable et global travail d'éducation à faire à cet endroit et précocement; c'est incompréhensible que l'on ne commence pas, matière à part entière, dès la sixième … Alexandre Adler vise ceux-là qui le croiront puisque cela vient de lui. Il induit les gens en erreur, il distille en leur esprit un mauvais ferment de doute et vous discrédite davantage que vous, magistrats et professionnels du pénal, l'êtes déjà auprès du plus grand nombre, ceux dont vous devriez être de facto la référence et la crédibilité incarnées, c'est-à-dire la population. Ses thèses seront reprises, certains journalistes généralistes peu ou très sérieux mais profanes de ces choses, les reprendront telles quelles, s'appuyant en toute confiance sur l'autorité de l'auteur et le buzzz ira son train … Certes, il sera interpellé par des avocats, des magistrats, des juristes ou même encore d'autres intellectuels au fait de la Justice et son fonctionnement mais soit il n'y répondra pas soit ces débats et confrontations demeureront «confidentiels» en regard de l'impact de sa provocation.

Provocation, c'est de cela dont il s'agit et provocation en instrumentalisant l'ignorance populaire. En vérité je suis le premier surpris qu'une telle attitude puisse être aujourd'hui celle d'Alexandre Adler. Quelle haine l'a motivé jusqu'à lui faire perdre la mesure et la prudence de son intelligence? Mais n'importe … Il convient, parce que c'est lui, surtout parce que c'est lui, de répondre point par point et aussi largement qu'il les a répandues, démonstration et preuves à l'appui, à ses inepties manipulatrices. Il convient de le corriger publiquement mais je conçois qu'il pèse lourd et que lourde est à raisonner et édifier la populace (dixit Imbert) … Lorsque j'ai écrit ici même que Fofana allait interjetter appel sur l'appel ministériel, nombreux autour de moi m'ont regardé d'un oeil torve comme si soudain je délirais, ne comprenant même pas qu'il puisse avoir le droit de faire appel et qu'en l'occurence cela servirait ses intérêts et verrait peut-être sa peine réduite … Tout est là et Adler ne l'ignore pas qui s'en sert hélas comme de singuliers coups bas.


Allez, bon dimanche, on a et j'ai quelque chose à me fêter aujourd'hui ....


Aïssa.

Laurent Dingli

Passionnante réflexion que vous entamez là, mon cher Philippe. Je rejoins ce que vous dites sur le rapport de l'artiste au pouvoir. En revanche, je m'interroge sur le rôle de ceux que vous nommez les "intellectuels". Ces derniers doivent-ils conserver une saine distance ? Je n'en suis pas persuadé et ne souscris pas à vos conclusions, lorsque vous écrivez notamment :
"Un intellectuel épris du pouvoir n’en sera plus un, ou alors d’une sorte spéciale : plutôt un partisan par l’esprit qu’une intelligence ouverte à tous, pour le bien de tous".
Prenez, par exemple, le cas de Jean Racine. Le poète tragique était, il me semble, une intelligence universelle ; il était pourtant très proche du Roi Soleil. Racine a été introduit à la cour pour avoir chanté les louanges de Louis XIV dans un poème. Il a été "gentilhomme ordinaire de Sa Majesté", trésorier de France et historiographe du roi (c'est-à-dire qu'il chantait la gloire de Louis et ses res gestae à longueur de journées). Tout cela ne l'a pas empêché de soutenir courageusement les Jansénistes après s'être brouillé avec eux.
Voyez encore Fénelon, précepteur du Dauphin, qui a pourtant dénoncé, avec des propos très durs, l'extrême misère dans laquelle Louis-le-Grand abandonnait "ses peuples", comme on disait alors.
A une toute autre époque, Sénèque était très proche du pouvoir impérial, ce qui ne l'a pas empêché d'être le philosophe et le dramaturge que l'on sait.
N'oubliez pas non plus que Tite-Live, Horace, Tibulle, Ovide et Properce gravitaient autour de Divus Augustus et n'hésitaient pas à se fendre des dythirambes les plus serviles et les plus boursouflés.
Faut-il encore évoquer les relations qu'avait Voltaire avec Frédéric le Grand ou Catherine II ?
Pensez au rapport de Berthold Brecht avec le pouvoir de la RDA (ce ne fut pas, il est vrai sa plus brillante période).
Et j'ai encore aux oreilles l'ode à Pétain, publiée dans le Figaro par Paul Claudel :
"France, écoute ce vieil homme sur toi qui se penche et qui te parle comme un père. Fille de saint Louis, écoute-le ! et dis, en as-tu assez maintenant de la politique ? Écoute cette voix raisonnable sur toi qui propose et qui explique"
Bien entendu, la courtisanerie ou la servilité brouille le caractère universel du message que prétend délivrer "l'intellectuel", mais je crois que le rapport entre ces derniers et le pouvoir est plus plus complexe, dans la mesure où il n'assèche pas, loin s'en faut cette dimension d'ouverture au monde dont vous parlez.

Marcel Patoulatchi

Tiens, je me suis heurté ce matin au même propos de Frédéric Taddéï, en lisant un entretien de ce dernier dans un Télérama vieux d'une semaine ou deux (sans doute la même interview). Le propos me semblait un peu biaisé. Ceci dit, je lui suis gré de reconnaître à Eric Zemmour le talent d'être en perpétuel décalage avec le cadre imposé de l'univers médiatique.

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