« Les Kennedy over troubled water | Accueil | Abus de conscience »

30 août 2009

Commentaires

Dominique

En me promenant, je suis tombée sur votre billet. Merci de l'avoir écrit.

Nous ne sommes pas égaux devant l'échec (même momentané) de nos idéaux. Ceux qui partent évitent peut-être de se faire broyer par la machine, et ceux qui restent ont peut-être besoin de s'abreuver aussi à ces sources "libres"...

Nous ne rendrons jamais inutiles les libres marcheurs car ils auront toujours une étape d'avance.

Dans la meilleure des sociétés, dans la plus idéale communauté, nous aurons toujours besoin de notre sauvage, de notre vagabond, pas forcément rebelle, mais forcément hors passage piéton. Car sans un idéal d'avance, nous cesserions d'avancer, enfin, je crois...

Béatrice

"On voudrait, sans fatuité aucune, pouvoir proposer sa lecture au-delà du cercle de ses commentateurs habituels".

Permettez-moi de rebondir sur cette phrase car je suis réellement en dehors de votre cercle. Simple citoyenne, après vous avoir vu dans une émission sur France 5 avec Yves Calvi, j'ai eu envie de comprendre le monde judiciaire, donc le vôtre. Eh bien si vous voulez intéresser les Français aux affaires judiciaires, commencez donc pas faire des billets compréhensifs pour les simples lecteurs comme moi. Grâce à vous j'ai acquis du vocabulaire mais je suis toujours aussi perdue dans vos revendications. Je ne vous demande pas d'avoir le langage des Grosses têtes mais juste leur humour. Soyez une vraie "Grande Gueule" compréhensible pour le peuple. Et si le mot "Grande Gueule" ne vous semble pas approprié, alors soyez tout simplement pédagogue.

Je fais l'effort de venir à vous, ayez la modestie de venir à moi.

Béatrice35 : élève persévérante si on lui donne envie d'avoir envie.

SYLVAIN

@ Ludovic
Vous dites "revoyez Mai 68 etc. ; moi je vous dis : regardez aujourd'hui, les socialistes ont tellement la trouille de perdre en 2012 qu'ils frayent en douce avec l'extrême gauche ; en outre la conduite des socialos pendant les émeutes, les blocages des facs, qui n'ont jamais condamné ces hors la loi alors que c'était de leur devoir de rappeler à l'ordre républicain... C'est facile de renommer un acte délictueux en acte de lutte sociale ; par conséquent je trouve que ceux qui ne disent mot et appuient ces fauteurs de troubles sont eux-mêmes des complices, donc des élus délinquants... Quant au terme facho, désolé mais si vous parcourez le Net et certains médias : Sarko et la droite sont jour après jour traités de fachos nazis etc... Alors les leçons de discernement... voyez ce que je veux dire...

Ludovic

@Sylvain,

Il faudrait un jour que quelqu'un vous apprenne à distinguer "gauchiste" et "de gauche". Revoyez l'histoire des événements de mai 68, l'opposition entre communistes et maoïstes, vous finirez peut-être par faire preuve de discernement.
Moi par exemple je ne confonds pas être "de droite" et être fasciste.

panoptique

Cher Monsieur,

J'ai comme l'impression que l'essentiel de votre billet a été occulté, à mon sens du moins. Mais il est beaucoup plus facile de s'en prendre à "l'exécutif", aux "statistiques", au "manque de moyens", qu'au manque d'idéal de chacun...
La justice manque d'objectif commun, manque de sens vers quelque chose qui la dépasse et qui nous unit. Je lisais tout à l'heure un article dans "Le Monde", où un sociologue écrivait qu'il nous manquait une "police générale" assurant le lien social. Du lien social, il en manque assurément, mais je peine à croire que ce soit le rôle de la police, ou alors nous sommes en URSS.

Je ne dirai pas "qu'on a le droit d'agir plus haut que soi", et à vrai dire ça m'inquiète! mais je crois qu'on a le "devoir" d'agir "pour" plus haut que soi...
Mais il n'y a plus rien ou presque, aujourd'hui, qui soit plus haut que nous. Dostoïevski dirait peut-être que nous ne savons plus qui ou quoi admirer. La liberté peut-être? Les libertés, à coup sûr, mais la liberté je ne sais pas.

Je lisais, il y a quelque temps, les souvenirs d'un procureur gonflé de son idéal. C'était assez drôle en fait, il me faisait penser à une sorte de chevalier vengeur du style fin fond du Moyen Age, qui se croirait tout permis en vertu justement de son... idéal... Puis plusieurs mois après je trouve son incarnation romanesque, je lis enfin "Don Quichotte". C'était lui !

C'était aussi un peu inquiétant tout de même ; mais je préfère accepter les (mes) potentielles dérives d'un homme qui a un idéal, que celles de celui qui n'en a aucun.

Bien à vous.

Jean-Dominique Reffait

Que je sache, Aïssa, Laurent Lecquevaque est le vrai nom de cet ancien magistrat. Son livre est excellent.

SYLVAIN

Mr Noured 92 : "Pauvre Justice tu es en train de perdre ton âme !!!"

Ah bon ??? et c'est de la faute à Sarko sûrement ; encore lui ???

Cher Monsieur, mais Sarko était "en culotte courte" quand vous avez commencé à la perdre votre âme ; l'état de déliquescence de la justice vient du fait de sa politisation forcenée par les syndicats gauchistes qui se sont infiltrés pour la déstabiliser, en faire une arme pour combattre la droite, comme ça se passe à l'Education nationale et autres corporations axées viscéralement à gauche.
En outre l'idéologie badintérienne en a remis une couche : la victimisation des délinquants criminels etc., concept très mode chez les bobos qui en arrivaient à insulter eux-mêmes leur profession, pointant du doigt la droite fasciste réac et autres amabilités qui leur demandait seulement de faire leur travail, au lieu de passer leur temps à faire de la politique ; si ces magistrats sont trop sensibles et émotifs à l'idée de prononcer une sentence méritée à l'encontre des délinquants, qu'ils fassent un autre métier au lieu de passer leur temps à gémir ; une sélection plus pointue doit être la règle à l'embauche des candidats à ce métier qui demande une autre personnalité, un mental à toute épreuve et l'interdiction de faire de la politique, comme l'a fait en son temps le Syndicat de la magistrature avec son égérie gauchiste Mme Sire-Marin qui, invitée à l'époque sur les plateaux télés, en profitait pour participer à la chasse à courre contre Sarkozy, le fameux TSS qui finalement s'est retourné contre elle et la gauche en général.

signé : SYLVAIN, simple citoyen...

Denis Monod-Broca

La justice idéale est dans cette injonction aux accusateurs : "que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre".

Elle est dans cette injonction à la coupable sauvée et libérée : "va, et ne pèche plus"

Elle est en chacun de nous, à condition de comprendre ces injonctions : ne pas accuser autrui, de ne pas le juger, de ne pas le condamner.

L'administration de la justice ne peut se rapprocher de la justice idéale qu'à la condition que chacun s'efforce de comprendre ces injonctions et de les appliquer.

Une justice à laquelle on demande rétribution, élimination de la délinquance, résultats chiffrés, sécurité publique... perd de vue l'idéal. Partant, elle se perd.

Le drame de la pensée politique moderne, c'est que ses aspirations (fraternité, paix, justice...) sont bibliques mais que pour rien au monde elle ne citerait la Bible. Prisonnière de cette irréductible contradiction, elle erre comme un homme ivre, comme une poule à laquelle on a coupé le tête... Et la justice est une des victimes de ses errements.

Catherine JACOB

"Les futurs magistrats vont être soumis désormais à des tests psychologiques et une expérience à l’international sera requise, selon la garde des Sceaux, pour les titulaires des postes les plus importants (Le Figaro)."

« La réforme de la justice s’annonce sur un mode explosif, voire révolutionnaire, car l’ambiguïté entre la soumission hiérarchique des magistrats du parquet et leur indépendance statutaire affichée provoque un sentiment schizophrénique »

En dehors du mot 'schizophrénique' employé cependant au sens métaphorique, au fond assez peu adapté, je ne vois pas présentement le lien entre ces deux questions, ni comment on pense résoudre un problème de soumission hiérarchique dans les faits tranchant avec une indépendance purement affichée, en faisant passer aux futurs magistrats des tests psychologiques, sinon à les faire sélectionner sur ce plan capables de faire le grand écart entre leurs aspirations légitimes et celles du pouvoir. Encore moins bien évidemment, l'expérience à l'international, dès lors que cette expérience ressemblerait à la mini-schule du château de Malbrouck et se limiterait à quelques séminaires à l'étranger dans un cadre confus qui autoriserait à ne pas parler parfaitement la langue vernaculaire des pays concernés.

Ce qui est important et profitable, en dehors de l'anglais dans lequel tout un chacun, même magistrat est censé se débrouiller peu ou prou, c'est se frotter à des systèmes linguistiques et de pensée très éloignés, de même sur le plan de la culture juridique parce que l'intérêt, du moins il me semble, de telles expériences c'est de pouvoir imaginer l'inimaginable et non pas de pouvoir communiquer avec des justiciables issus de la diversité et tenus, via un interprète ou non, de respecter la législation du pays dans lequel ils ont choisi de résider, point final. Ce n'est pas non plus d'américaniser la hiérarchie, mais simplement d'ouvrir l'esprit et peut-être de mieux comprendre par là, notre propre culture, y compris la juridique!

jmarcio

"La justice ou le simulacre", dit Alex. Dans un monde idéal, on aurait aimé que les magistrats ne forment pas leur opinion définitive, qu'à la dernière minute, après avoir écouté tout le monde.

Aussi, il est vrai que l'on peut regretter l'utilisation d'une identité anonyme pour transmettre un message autre que la fiction du roman et c'est ça qui semble vous poser un problème. Mais il faut bien, comme vous avez dit, même si l'on condamne l'attitude, essayer de voir ce qu'il y a d'utile dans son roman.

En rapport avec ça, Roman ou Cirque ? Panis et Circenses. Ce qui fait vendre maintenant, ce sont les thrillers, les histoires des commissaires baroudeurs qui ont, eux, des principes solides, prêts à passer outre les procédures pour défendre leur éthique... Un Bernard Tapie (quel baroudeur...), Alain Delon, Yves Rainier et autres... Eux, ils font de la vraie justice que les téléspectateurs souhaitent voir... Des commissaires toujours en service, malgré l'âge de plus de 65 ans (mais que font les syndicats de la police ???), toujours prêts à défendre les vraies victimes du mal... A force de passer ça tous les jours, on finira par croire que c'est ça la police.

Des programmes comme "Faites entrer l'accusé" permettent de rattraper un peu la vérité sur le fonctionnement de la police et de la justice.

Je pense me souvenir aussi d'un face à face entre Yves Rainier et un ex-commissaire (le chinois, je crois). Ce dernier disait que les épisodes de Moulin étaient de la gnognote comparés à ce qu'il avait déjà fait dans la police. J'ai failli croire.

Je salue votre blog, M. Bilger. Il faudrait aussi qu'un jour un commissaire divisionnaire se prête au même jeu.

oursivi

"Je me demande si le cœur du problème ne réside pas là"
PB
Le coeur du problème réside plutôt à mon sens dans l'habituelle hypocrisie qui gangrène toute société hiérarchisée dont les rouages hauts essaient de gagner sur tous les tableaux, donner l'impression de laisser à chacun la responsabilité qui semble raisonnable de lui confier tout en immiscant plus ou moins discrètement d'autres règles contradictoires d'inféodations bien utiles au maintien de la dite hiérarchie.

Le spectacle debordien, toujours.

"Le spectacle n'est pas un ensemble d'images mais un rapport social entre des personnes médiatisées par des images."

AO

Aïssa Lacheb-Boukachache

Mais pourquoi Laurent Lecquevaque -ou un autre- se cache sous un pseudonyme pour non révéler des choses qui mettraient en péril la République et ses juges mais pour dire ce qu'il pense de la Justice et son métier? Il y a quelque chose de méprisable dans ce genre d'attitude. A ciel ouvert on dénonce si on est sûr qu'on le fait justement et pour le bien commun; sinon on ferme sa gueule ou on écrit des fictions, des polars … Quelle crédibilité accorder à un fantôme? à un auteur des ombres? Pourquoi pas Corto Maltes tant qu'il y est ou le Surfeur d'argent ou Betty Boop ou le juge masqué, tiens c'est pas mal ça le juge masqué … A moins que … que … mais oui j'y suis! c'est ce bon vieux Beig … Beigbeder, c'est toi ma poule, on t'a reconnu, enlève ta cagoule … Ah tu rêves d'une autre Justice, la vraie, l'idéale!... Mais t'as repris de la coke, ma parole! tu délires ... Qu'est-ce qui t'arrive? tu sais que c'est interdit, t'as pas vu Marin en garde-à-vue, il te l'a dit pourtant que c'est interdit de renifler cette saleté, t'as vu son doigt menaçant comme il tournait sous ton nez … C'est lui, sûr, c'est Beig …, il a remis ça, l'enfoiré, il cherche l'embrouille, veut en découdre … Le prochain c'est pour vous, cher PB … Philippe Bilger n'est pas fat quand il tient pour quelqu'un le vengeur masqué … J'affirme qu'il faut tenir pour rien ceux qui dénoncent et invoquent et évoquent avec la tronche dans l'obscurité, des lunettes noires et une fausse moustache. Ils déconstruisent et construisent mais qu'on ne s'y trompe pas, c'est du carton tout ça, ça vaut pas un légo … Va te rhabiller, Corto Machin et si t'as quelque chose à dire qui dénonce, montre ta tronche avant, on n'est plus en quarante sous l'Occupation, fini les livres, les libelles, les lettres anonymes, personne ne t'arrêtera ni ne te fusillera, il n'y a plus de Montfaucon … Sans courage, action vaine. Il leur manque souvent quelque chose substantielle entre le haut des cuisses et le bas du ventre à vos confrères, actuels ou anciens, cher PB ... Un castrat, ça compte pour bien chanter, c'est tout ...


Aïssa.

Alex paulista

Comme dans toutes les dictamolles on peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein:
d'un côté on peut s'offusquer qu'on ne prenne même plus le soin de faire semblant, de l'autre on peut trouver que pour une fois la langue de bois tombe et qu'on arrête de se foutre de notre gueule...

Avec toute ma considération, cher Philippe Bilger, êtes-vous plus énervé par le tort fait à DdV, ou bien à l'image de l'institution...
Espérez-vous sauver la Justice ou bien le simulacre, en d'autres termes ?

Le sujet ni l'enjeu de cette polémique ne valent pas tripette, et c'est bien triste, je vous l'accorde.

oursivi

"On voudrait, sans fatuité aucune, pouvoir proposer sa lecture au-delà du cercle de ses commentateurs habituels."

Sacré PB... on ne lui suffit plus. (sanglots) Lui qui vilipendait les coucheries, il voudrait nous tromper avec le tout venant, le garnement !

"Vanitas vanitatum et omnia vanitas"

L'Ecclesiastes

Existe une version shakespearienne, aussi.

AO

Ludovic

Bonjour M. Bilger,

Je ne connais pas Samuel Corto mais sa dénonciation d'une justice qui condamne plus qu'elle ne juge me rappelle un autre magistrat, Daniel Stilinovic, surnommé "le proc aux tiags", qui après des revers de carrière, immérités semble-t-il, est devenu très critique sur le système judiciaire dans un style très fleuri.
Je vous laisse en juger avec cet extrait d'une interview de Stilinovic par Théophraste Lorrain datant du 21 octobre 2005 : "Requérir cher Théophraste, un procureur requiert, un avocat plaide. Dans les deux cas ils parlent pour gagner leur bifteck, car pour le reste ça ne sert souvent à rien, la religion du tribunal étant déjà faite. Quand ? Jamais nom de Dieu jamais ! J’ai commencé ma carrière comme magistrat au parquet, c’est-à-dire, malgré les apparences, en homme à peu près libre. Je l’aurais finie en fonctionnaire de parquet : les gratte-papiers de la Chancellerie nous font marcher aux statistiques, nous ont même pondu une prime de rendement, à nous autres magistrats, démontrant par là qu’il ne s’agit pas tant de poursuivre à bon escient ou de bien juger, mais de faire du chiffre... J’ai le droit de parler, j’ai donné ! On m’a poursuivi dans l’affaire des Disparues de l’Yonne alors même que le rapport d’enquête initiale de l’inspection générale des services (nos boeuf-carottes à nous) reconnaissait que j’avais fait mon travail. Mais il fallait une tête de turc. Il n’y en avait qu’une de Yougo disponible, elle a fait l’affaire. Cette justice n’est pas ma justice, la justice républicaine en laquelle, pauvre naïf, j’ai cru en choisissant ce métier". (pour ceux qui souhaitent lire l'interview complète :
http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article1561)
Difficile d'être plus incisif et plus désabusé.
Ceci dit, les propos tenus par le procureur Marin ne sont pas pour rassurer, à quoi bon un procès puisque De Villepin est déjà présumé coupable.
Finalement, Frédéric Beigbeder n'avait peut-être pas complètement tort.

Pierre-Antoine

J'ai comme un doute... "machiavellesque".

Et si M. Marin avait sciemment parlé pour retrouver un peu de cette liberté qu'on lui dénie (à juste titre ?) à tout bout de commentaires.

En effet si c'était comme un suicide de la part d'un homme incarcéré dans les arcanes du pouvoir et qui ne voit que cette possibilité pour passer du côté de la lumière de la vérité : jeter a priori le discrédit sur le jugement à venir !

On ne sait pas à quelle extrémité un homme peut être acculé.

Certains se suicident avec un drap, pourquoi d'autres ne le feraient-ils pas avec des mots ?

"machiavellesque" j'avais dit !

Cordialement

Pierre-Antoine

Pierre-Antoine

@PB
"Ce mouvement devient préoccupant car il donne l’impression d’un clivage de la justice entre fiction et réalité, entre le conceptuel et le concret."

N'auriez-vous pas oublié le clivage "justiciables et magistrats" ?

Je viens de lire sur 'National Geographic" un très bon article sur le Far-West. Page 8 il y a un chapitre sur le cimetière de Boothill, un excellent raccourci sur la justice de l'époque. Il commence ainsi :
"Il avait raison, nous avions tort. Mais nous l'avons pendu haut et court"!

Un excellent raccourci sur notre justice ?

Cordialement.

Pierre-Antoine

Aïssa Lacheb-Boukachache

Seul un procureur indépendant peut s'exprimer publiquement a priori quant à une affaire dont il sera partie au nom du ministère public. L'inconvénient -et il est de taille ici- c'est que cette affaire est une affaire politique où le pouvoir en place actuellement et encore au moment du procès est précisément partie à celle-ci … Ou c'est un leurre et dans ce cas Marin est un larbin ou c'est sincère et audacieux et dans ce cas pas très judicieux. On serait tenté de pencher pour la première hypothèse étant connu la séculaire immixtion du politique dans les affaires judiciaires surtout quand elles le concernent aussi près mais dans ce cas ce serait par trop flagrant et là encore peu judicieux si on garde à l'esprit l'acharnement à convaincre que met ce même pouvoir politique de sa volonté de rendre absolument indépendant le Parquet. En tout état de cause, quel argument formidable donné par cette accusation à la défense de l'accusé! Comment les avocats de celui-ci, après cet entretien public de l'accusation à venir, ne saisiraient-ils pas avec brio cette perche … Au pire, la cassation est déjà assurée sauf à ce que Marin in extremis se désiste et cède sa place à un confrère; au mieux les juges du Siège soucieux de lui opposer leur vraie indépendance face à son indépendance singulière dont on ne comprend pas vraiment à ce jour les réelles intentions et motivations, iront contre sa démonstration. Est-ce qu'il y aurait déjà une affaire juridico-judiciaire dans l'affaire politico-financière? Hum … Et puis je rentre du taf, je m'en fous royalement et je pense sûr, cher PB, qu'à part ce microcosme (c'est devenu un microcosme, le tribunal, vous le savez …) particulier, tout le pays entier s'en tamponne … D'autres contingences, vous comprenez, faut trouver à bouffer chaque jour, le terme aussi, la rentrée, les fournitures scolaires des trois derniers, la grippe … Alors les histoires de juges et procureurs qui veulent leur petite heure de gloire, vous pensez comme ça passe en dernier … Et puis il l'a eue Marin en allant voir au dépôt si Beigbeder était bien installé, bien mangé, bien bu, s'il avait deux couvertures non puantes, s'il était bien seul et protégé dans la dernière cellule impeccable, celle qu'on montre à tous quand on fait visiter, sans omettre que désormais il figure à jamais dans un de ses ouvrages à peine paru déjà classique de la littérature mondiale … Qu'est-ce qu'il veut de plus? Il n'a qu'à écrire à son tour des romans, tiens si ce n'est que ça … Comme ils sont chagrineux (néologisme, priorité!) vos billets quand ils s'apitoient sur vous … Ca me donne envie de dormir, tout ça, même pas envie d'aller voir la Jeanne à coté qui s'imagine que je vais débouler comme ça l'esprit et le reste frais après vingt quatre heures de garde consécutives … Allez, bonne nuit, ruminez sans moi, la Jeanne aussi ... On y reviendra, Inch Allah!


Aïssa.

SR

L'ancien avocat et magistrat qui écrit sous le pseudo de Samuel Corto laisse une impression bizarre : celle de la supercherie, notamment par le fait de citer un article de loi comme un écolier. La photo qui l'accompagne est ridicule : on voit un homme en chapeau et lunettes noires façon night clubber visage creusé par les excès de poudre poser devant un graffiti ridicule et grossier qui exhibe un collage enfantin avec des oreilles géantes qui ressemblent à celles de Nicolas Sarkozy.

Il me fait penser à ce mec qui a eu les honneurs de la presse pendant des mois, pour finalement être découvert par une enquête. Il se faisait passer pour un ancien sans papier qui avait connu les embarcations de la mort en haute mer, les assignations dans les camps à Malte. En fait c'était un banal étudiant à Paris. Bref.

Jean-Dominique Reffait

Faire de la justice un enchantement, en somme, c'est ce que vous évoquez. Un enchantement au sens d'une magie alchimique d'où un nouvel élément, la vérité, se crée à partir d'éléments qui ne la recèlent pas. C'est ce que devrait être le procès, un athanor où le mensonge, les partialités, les omissions, les hésitations se transforment en une vérité qui, sous la conduite d'un juge démiurge dépassant sa petite personne, se conclut par le jugement idéal, celui qui s'impose à la raison de tous.

Vous avez, semble-t-il, eu le sentiment de vivre cette transmutation du plomb de la réalité en or d'une justice idéale lors du procès Fofana. Et voyez comment l'on met en pièce cette tentative, comme on transforme en tas de sable la belle construction. Les enfants gâtés aiment briser leurs jouets.

Véronique Raffeneau

@ Laurent

"Je lis bien sous la plume de Philippe Bilger :
"Avant l’ouverture du procès Clearstream, Jean-Claude Marin a décidé de répondre aux interrogations d’Europe 1 (Le Figaro et Stéphane Durand-Souffland). Etonnante démarche de la part de celui qui va requérir, et qui donne l’impression que les jeux sont faits en ce qui concerne Dominique de Villepin, assuré qu’il serait « de ne pas avoir tort » ? Les audiences vont-elles se tenir pour rien ? Le ministère public n’aurait-il plus le droit de changer d’avis ? S’il est une affaire où il fallait plus que dans toute autre veiller à ce que « la justice paraisse juste », c’est bien celle-là où de multiples péripéties ne laissaient pas d’intriguer !"

Très honnêtement je pense que Philippe exprime ici A MINIMA ce qu'il pense de l'initiative de M. Marin.

Je ne suis pas gênée du tout par le fait qu'un procureur s'exprime publiquement. C'est même très souhaitable dans certains cas. Par exemple, quand il y a eu un huis clos ou une publicité restreinte des débats.

Par ailleurs le parquet étant une partie au procès comme la défense et la partie civile, il n'y a pas de raison que le parquet soit dans l'obligation de se taire, alors que la partie civile et la défense peuvent s'exprimer librement.

Mais là, je me demande quand même dans quelle mesure l'initiative de M. Marin ne constitue pas une redondance de la position d'une des parties civiles les plus repérables de ce procès. Auquel cas, l'expression publique de l'avocat de cette partie civile devrait pouvoir suffire.

Le gros souci c'est que l'identité professionnelle de M. Marin, procureur à Paris, qui déclare devoir lui-même monter au filet car, selon lui, lui seul peut faire le poids dans ce procès hors normes, est de toute façon perçue depuis l'épisode MAM comme étant un instrument du pouvoir exécutif.

En raison de cela, je me demande si en fait, en qualité de procureur de la République de Paris, genre numéro 2 du parquet de Paris, M. Marin était le magistrat le mieux indiqué pour être le représentant du ministère public de ce procès.

Sauf à savoir dire dans un entretien sur Europe 1 que oui, pour certains procès à grand retentissement sociétal, l'indépendance du parquet n'existe pas, la liberté de parole de l'avocat général à l'audience et dans son réquisitoire n'existe pas, que le représentant du ministère public n'est là que pour défendre au mieux les intérêts du gouvernement et/ou des groupes de pression qui ont son oreille.

De la part de M. Marin, nuancer son propos sur l’indépendance des magistrats du parquet est une question de crédibilité vis-à-vis de la société dont il est chargé de défendre en premier les intérêts.

Car pour le coup, depuis MAM, il faudrait quand même être stupide pour considérer que les magistrats du parquet exercent leur fonction en toute indépendance.

Pour la seconde partie de votre post, je suis d'accord avec votre analyse.

L'absence de loyauté d'un employeur vis-à-vis de son employé ou d'une hiérarchie vis-à-vis de qui lui est subordonné est un total désastre.

christophe

Ceux qui, comme vous et moi, sont passionnés par leur métier l'exercent avec un certain idéal, et se sentent parfois découragés des dysfonctionnements constatés. C'est ainsi. Mais, effectivement, cette rancœur ne doit pas nous détourner de la mission de service public qui est la nôtre, et nous devons, au quotidien, œuvrer pour faire en sorte que cet idéal soit le plus ressemblant possible avec les faits et fonctionnements dont nous avons connaissance.
Pour autant, j'ai là un point de désaccord avec vous, sur votre dernier paragraphe.
Vous fustigez quelque peu Jean-Claude Marin pour son "parti pris", dans le cadre de l'affaire "Clearstream", en dénonçant cette incapacité qui serait la sienne à changer d'avis au cours d'un procès.
Cela me fait dire que, dans notre système, il y a là comme une forme d'hypocrisie.
L'instruction est faite, telle une enquête, pour rechercher les éléments de preuve. L'enquête permet donc, lorsqu'elle est en présence d'éléments matériels, d'acquérir des certitudes.
J'imagine donc que Jean-Claude Marin est dans ce cas de figure. Ce n'est pas le jour du procès où l'on verra apparaître des pièces venant de nulle part. L'instruction a déjà, dans ses bagages les déclarations des uns et des autres. On sait ce que chacun va dire.
On oppose ce genre d'affaires à celles, comme le sont parfois les affaires de viol, où l'on ne dispose que des déclarations des uns et des autres, où l'instruction n'a permis d'acquérir aucun élément matériel ; où l'enquête ne repose alors que sur des éléments objectifs.

Véronique Raffeneau

Pour le roman de la justice, je ne suis pas sûre que des anciens magistrats soient les plus à même pour restituer le délétère, le désenchantement et la platitude d'un parquet ou d'un tribunal.

Pour cela il faut d'abord des écrivains avec des univers et des imaginaires forts.

Si M. Corto est écrivain avant d'être ancien magistrat, alors il est à même de créer une identité littéraire à un substitut de province.

Etienne et Juliette, les deux juges du tribunal d'Instance de Vienne sont devenus des personnages romanesques, au sens haut du terme, car il y a eu la grâce et la gravité de l'écriture d'Emmanuel Carrère.

Du reste, Etienne, le magistrat de Vienne ne s'y était pas trompé. C'est lui qui a demandé à EC d'écrire leur histoire.

La beauté de ce livre c’est Emmanuel + Etienne + Juliette. Des univers qui se sont reconnus et compris.

david

Bonjour
Effectivement, je partagerais votre analyse d'une justice "perdue" - entre les suicidés d'un côté et les apprentis romanciers de l'autre ?
Ayant été un client de votre système, et l'étant depuis à perpétuité suivant les usages (ce que je déplore mais qui reste un fait de base), je devrais enfoncer le clou du malaise, être le premier à entrer dans la danse du scalp autour du juge d'instruction, etc ..
Mais je suis désespérément matérialiste et préfère voir les choses ainsi.
Multiplions par 3 ou 4 votre budget, pour commencer, et les choses iront mieux !!!
Le problème n'est pas la prédisposition à la schizo du juge d'instruction, c'est avant toute chose la hauteur des dossiers derrière lesquels ses méninges essaient de faire de leur mieux !
La justice condamne, oui, ne juge pas, c'est vrai souvent, mais... comment pourrait-elle bien faire autrement ? Sous l'ancien régime, la contrepartie de la lettre de cachet, soit la détention préventive du temps, était le régime culinaire exceptionnel de la Bastille. Aujourd'hui, la lettre de cachet a été démocratisée et ce pouvoir distribué à des centaines de juges, mais on n'a ni reconstruit de bastilles trois étoiles, ni amélioré l'ordinaire des gens en détention provisoire !

Le roman est une échappatoire. Faites la grève ! Réclamez les moyens de votre fonction régalienne, car n'est-il est indigne de l'exercer sans moyen ?
Que penserait-on, ne condamneriez-vous pas celui qui emploierait des gens dans un cadre vétuste où leur sécurité est mise en péril ?

Quant à l'épanchement d'un procureur devant les médias, cela semble révéler un désir secret d'être approuvé, élu donc, par la société qu'il est censé représenter. Faut-il s'américaniser encore un peu plus et élire les procureurs ?

Cela me gêne car c'est faire passer la mode, l'air du temps, avant le droit - même si tous le monde s'en f... un peu depuis des années.
Bonne journée et gardez l'espoir.

Véronique Raffeneau

Ce qui n'est pas supportable dans l'initiative de M. Marin ce n'est pas le fait qu'il exprime la position du parquet sur l'affaire Clearstream.

Quand bien même sa position serait à géométrie très variable et particulièrement flottante en fonction des variations de la demande de son client partie civile, on se doute bien qu'un procureur n'arrive pas dans un procès, quel qu'il soit, les mains vides.

Mais normalement la position d'un procureur ou d'un avocat général ne devrait être arrêtée qu'à l'issue des débats. Sans cela on se demande vraiment à quoi sert un procès.

Ce qui me choque beaucoup c'est le soupçon d'un plan com de la part du procureur - cette vulgarité là -, le mal qu'il se donne, pathétique, à vouloir faire croire qu'il est un magistrat indépendant, et qu'il agit en professionnel autonome.

Même si c'est vrai que je ne décolère pas depuis l'appel de MAM imposé par la force au procureur général de Paris au mépris de toute analyse des débats et de toute réflexion, je ne comprends pas M. Marin, procureur à Paris, quand il s'obstine à déclarer agir en toute indépendance.

Cette affirmation n'est simplement plus crédible une seconde.

Laurent Dingli

Véronique Raffeneau,
Je lis bien sous la plume de Philippe Bilger :
"Avant l’ouverture du procès Clearstream, Jean-Claude Marin a décidé de répondre aux interrogations d’Europe 1 (Le Figaro et Stéphane Durand-Souffland). Etonnante démarche de la part de celui qui va requérir, et qui donne l’impression que les jeux sont faits en ce qui concerne Dominique de Villepin, assuré qu’il serait « de ne pas avoir tort » ? Les audiences vont-elles se tenir pour rien ? Le ministère public n’aurait-il plus le droit de changer d’avis ? S’il est une affaire où il fallait plus que dans toute autre veiller à ce que « la justice paraisse juste », c’est bien celle-là où de multiples péripéties ne laissaient pas d’intriguer !"

C'était bien le sujet de l'étonnement dont je faisais part à Philippe dans un autre post, après avoir écouté les déclarations de Jean-Claude Marin sur Europe 1.
Pour le fond du billet, je vais sans doute faire très vieux jeu, mais je crois que nous souffrons aussi du changement de certaines valeurs sociales, certaines règles non écrites, comme le respect de l'adversaire et de la parole donnée. J'ignore s'il faut incriminer certaines pratiques économiques et financières qui auraient déteint sur le reste de nos comportements sociaux, je ne sais pas si, comme l'avait dit Georges Duby à l'époque, l'effondrement ou la déliquescence des grands cadres sociaux qu'étaient l'église, l'école et l'armée de la République sont en cause, mais force est de constater que des rapports souvent détestables se sont instaurés. Je voudrais seulement prendre un exemple. Le fils de l'un de mes amis venait de trouver un emploi après une longue recherche. Son employeur lui a dit de passer son diplôme avec la promesse d'un CDI à la clef. Le gamin bosse comme un dingue, réussit l'examen. Mais, lorsqu'il revient voir son employeur, celui-ci lui répond qu'il doit prendre quinze jours de congé et venir demander son compte à l'issue de cette période. Quel enseignement pour un jeune ! Allez, sois un pourri, mon fils !

semtob

Cher Philippe,

Cette affaire n'intéresse personne.
Oui, les audiences auront lieu pour rien.
Les montages politiques sont des stratégies qui n'intéressent que les politiques et encore...
Nous ne sommes pas dans une période où la justice a du temps et de l'argent à perdre dans des histoires à dormir debout.
Les montages de ce style étaient bons pour les années 60. Ce n'est même pas un divertissement...
françoise et karell Semtob

noured92

La Justice n'est pas un roman, elle est devenue un instrument au service de l'exécutif.
Monsieur le Procureur Marin, qui s'exprimait sur Europe (une radio qui appartient à Lagardère, ami de Sarkozy) a sonné la charge contre Dominique de Villepin.
Il met, sans le dire, en garde les magistrats du siège contre un verdict clément pour De Villepin.
Il veut sa condamnation. Ces méthodes ne sont pas des méthodes d'un Etat de Droit mais celles d'une Démocrature (semblant de démocratie avec des pratiques d'une dictature).
Espérons que des magistrats réagiront à ce comportement scandaleux.
A moins que Monsieur Marin soit un carriériste et qu'il espère devenir Procureur Général de Paris sous peu, en servant la soupe au pouvoir exécutif de cette manière.
Pauvre Justice tu es en train de perdre ton âme !!!

Vérifiez votre commentaire

Aperçu de votre commentaire

Ceci est un essai. Votre commentaire n'a pas encore été déposé.

En cours...
Votre commentaire n'a pas été déposé. Type d'erreur:
Votre commentaire a été enregistré. Les commentaires sont modérés et ils n'apparaîtront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés. Poster un autre commentaire

Le code de confirmation que vous avez saisi ne correspond pas. Merci de recommencer.

Pour poster votre commentaire l'étape finale consiste à saisir exactement les lettres et chiffres que vous voyez sur l'image ci-dessous. Ceci permet de lutter contre les spams automatisés.

Difficile à lire? Voir un autre code.

En cours...

Poster un commentaire

Les commentaires sont modérés. Ils n'apparaitront pas tant que l'auteur ne les aura pas approuvés.

Vos informations

(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)

Ma Photo

MA CHAINE YOUTUBE

PRESSE, RADIO, TELEVISION & INTERNET

INSTITUT DE LA PAROLE

  • Formation à l'Institut de la parole
    Renseignements et inscriptions : [email protected]
  • L'Institut de la Parole propose des formations dans tous les domaines de l'expression et pour tous, au profane comme au professionnel de la parole publique. L'apprentissage et le perfectionnement s'attachent à l'appréhension psychologique de la personnalité et aux aptitudes techniques à développer. L’Institut de la Parole dispense des formations sur mesure et aussi, dans l’urgence, des formations liées à des interventions ponctuelles, notamment médiatiques. Magistrat honoraire, Philippe Bilger propose également des consultations judiciaires : conseils en stratégie et psychologie judiciaires.

MENTIONS LEGALES

  • Directeur de la publication : Philippe Bilger
    SixApart SA 104, avenue du Président Kennedy 75116 PARIS