Le Net n'est pas le diable. Pas plus que du "journalisme poubelle", selon Dominique Wolton cité par Gérard Courtois dans Le Monde.
Il n'est plus temps de s'émouvoir devant la surabondance des informations qui nous arrivent par toutes sortes de canaux, des médias traditionnels comme de la Toile. C'est un fait dont nous devons nous féliciter au lieu de ressembler à ces personnages repus qui se plaignent d'avoir trop à manger quand à côté d'eux on meurt de faim. Cette profusion de nouvelles, importantes ou dérisoires, graves ou anecdotiques, constitue à l'évidence une chance. Mieux vaut un monde saturé de cette manière démocratique qu'un univers atteint de faiblesse et de langueur à force de pureté éthique et de discrimination sévère. Convient-il de perpétuellement sonner le tocsin pour alerter journalistes et politiques sur les risques de délégitimation que les uns et les autres encourraient, à la suite de cette effervescence lançant une infinité de messages comme autant de "bouteilles" aux esprits et aux curiosités ? Je ne le crois pas sauf à aspirer à la dénaturation d'un bienfait indiscutable en une menace sans cesse évoquée et susceptible à la longue de corrompre le plaisir civique de la lecture, de l'écoute et de la vision, chacune apportant aux autres sa saveur singulière.
Le Net n'est pas le diable et il serait illusoire de prétendre départager le bon grain et l'ivraie en donnant quitus à telle approche de l'actualité et en condamnant telle autre. Je suis persuadé que l'impérialisme bienfaisant de la Toile, ne se substituant pas aux médias classiques mais leur ajoutant une pincée de soufre, un zeste d'audace, une curiosité moins élitiste, une inquisition à la fois plus modeste et plus fouillée, une obsession d'aller débusquer les petits secrets dans les grandes affaires, les grands ressorts des petits arrangements, n'est pas plus discutable que le message pluriel, inégal et contrasté qu'elle épand avec générosité, sur un mode erratique ou réfléchi, au coeur de nos interrogations simples ou complexes. Le Net est indissociable de la fulgurance chaotique ou maîtrisée de ses élans, de ses avancées. Il serait absurde de rêver d'une régulation morale, à la supposer techniquement possible, comme si le cours d'un torrent appelait un regard d'affliction courroucée parce qu'il est trop puissant, intense, imprévisible.
Le Net n'est pas le diable. Pas plus que le message. C'est notre capacité à analyser ce dernier, notre aptitude à le mêler à la somme d'informations qu'une journée transmet pour mieux le hiérarchiser, le décrypter, qui constitueront la meilleure méthode pour nous sauver demain non pas de la Toile ni de ce qu'elle dispense mais de la médiocrité d'une société incapable de s'enrichir de ce formidable capital. Le désordre ne vient pas de la masse mais de l'infirmité ou de la paresse du regard. Ce qui nous est donné, offert ne doit pas être gâché. Citoyens, journalistes, blogueurs et politiques, forcément réunis dans cette vaste entreprise d'intégrité intellectuelle et d'exigence républicaine, n'ont pas besoin d'être dressés les uns contre les autres mais au contraire devraient épouser avec bonheur l'opportunité d'une contradiction acceptée et sans commune mesure avec les débats limités d'antan.
Puis-je prendre un exemple qui m'a frappé et qui va me faire demeurer aux portes du procès Clearstream ? On a pu trouver grandiloquente ou flamboyante, enflée ou déchaînée, la déclaration de Dominique de Villepin avant son entrée dans la salle d'audience. Elle s'inscrivait en tout cas dans le registre politico-judiciaire et, par sa fureur préparée, échappait à la pire des attitudes dans ce type de conflit : la dérision. Les chaînes de télévision l'ont diffusée et la presse écrite l'a publiée (Le Monde). Mais qui aurait pu connaître la réplique de Pierre Charon, conseiller de l'Elysée, partie civile dans ce même procès, si un site ne l'avait pas reprise dans le détail (lenouvelobs.com) ? J'ai été effaré de lire, de sa part, pour accabler Dominique de Villepin, des références au "Club Med", aux "Chippendale", une grossièreté qui indirectement atteignait son épouse et ses enfants dont il aurait été "flancardé" - une tonalité qui, s'efforçant à la méchanceté, pâtissait de la vulgarité reprochée aux propos de Dominique de Villepin et qu'ils ne contenaient pas. Me Herzog, devant les micros, a su donner à sa réponse pourtant vive une tout autre tenue. Chacun est libre, comparant l'intervention de l'un et les ripostes des autres, de se forger un point de vue grâce à la télévision et au Net. Cette démarche peut, pourrait être multipliée sans modération.
Si le Net est parfois poussé sans contrôle à diffuser du poison, vers un débridement malsain, il trouve immédiatement son contre-poison, le remède dans les réactions nombreuses, les rectifications pointilleuses et pointues, les indignations ou les approbations que la moindre nouvelle, le message le plus lourd comme le plus anodin, politique ou de divertissement, suscitent chez les internautes. Il n'y a pas pires censeurs, heureusement, que ces sourcilleux de la vigilance et ces adeptes obsessionnels du mot, de l'idée, de la part qui manquent.
Pour être sincère, ce billet ne m'a pas seulement été inspiré par la controverse relative à la Toile et à son rôle prétendument négatif après le campus d'été des jeunes UMP à Seignosse mais aussi par le débat passionnant de Mots croisés sur le Net et les vidéos. Dominique Wolton, effrayé par le flot d'informations, enjoint aux journalistes et aux politiques de prendre garde à eux. Sa sinistrose - je l'espère - va constamment anticiper une réalité qui toujours la démentira. Il a été courtoisement mais vigoureusement contredit par David Abiker dont l'intelligence époustouflante a offert, en l'occurrence, la plus brillante des plaidoiries aux épris sans état d'âme de la Toile et, en même temps, des médias qu'elle ne tue pas mais stimule.
Chère Catherine,
Hmmmm.... Désolé, je pense avoir été trop sec et avoir coupé court la discussion. Ce n'était pas l'intention. Je pense que mon désaccord n'est pas avec vous, mais avec les priorités de ceux qui prônent un "muselage" d'internet. Il me semble que s'il y a des choses à combattre sur internet, ce n'est pas la liberté que l'on donne aux gens pour dire ce qu'ils ont envie de dire, ce n'est pas non plus le téléchargement, mais plutôt les activités qui relèvent des délits, des crimes, et choses similaires. Il y a des choses qui sont faites dans ce sens, mais j'estime que ce n'est pas assez. Et pour cela, il faut investir.
Par contre, je pense, et c'est aussi mon humble avis, qu'il y en a beaucoup plus de naïfs qu'on le croit : aussi bien parmi les jeunes que parmi les gens plus expérimentés.
Rédigé par : jmarcio | 26 septembre 2009 à 21:46
Les propos de Kassovitz sont une bonne illustration de ce qu'une parole étouffée amène comme excès des deux côtés.
J'ai regardé un "documentaire" qui étayait la thèse que les explosions avaient été provoquées. Dans leur "démonstration", ils superposaient des armatures découpées net avec un certain angle qui correspond exactement à l'angle utilisé pour la destruction provoquée.
Cet effet d'image était très éloquent... sauf pour qui a des notions de résistance des matériaux, qui sait que cet angle précis est le plus probable lors de la propagation rapide d'une fracture. C'est justement pour cela qu'on dispose les explosifs suivant cet angle. Exactement comme une cheminée a tendance à céder à 1/3 de sa hauteur sous son propre poids, ou comment un magazine pré-déchiré sur sa reliure offre une résistance ridicule comparée au même journal étiré dans sa longueur.
Bref, un ensemble de "preuves" mais, quand il s'en trouve une qu'on peut appréhender par sa propre connaissance, elle vole en éclat.
Une autre idée est très gênante: croire que si on ne peut pas TOUT expliquer, il y a forcément complot pour cacher quelque chose. Car la vérité sur des faits exceptionnels est forcément compliquée. Pour moi, dans ces cas là, au contraire une théorie qui prétend tout expliquer de bout en bout me semble suspecte.
C'est un peu comme ça que je repère les mythomanes: en général ils se croient obligés de fournir une profusion de détails où tout découle de la logique, profusion qui n'est pas naturelle.
Même si émettre l'hypothèse d'un complot est très insultant pour nos amis américains, il ne faut pas se priver de poser des questions, là-dessus Kassovitz a raison. Surtout que la chute de la tour 7 n'est pas très bien comprise pour le moment. Pas plus que le crash du Rio-Paris...
Peut-être que le Net est le dernier endroit qu'il reste pour ce type de débat.
Rédigé par : Alex paulista | 26 septembre 2009 à 01:36
« Si le Net est parfois poussé sans contrôle à diffuser du poison, vers un débridement malsain, il trouve immédiatement son contre-poison, le remède dans les réactions nombreuses, les rectifications pointilleuses et pointues, les indignations ou les approbations.. etc »
En somme, internet c'est comme le marché, il s'autorégule... oups, c'est vrai, on a vu ce que ça donnait.
Enfin bref, cet article est très naïf, et n'est finalement qu'une inversion simpliste du point de vue des détracteurs d'internet.
Rédigé par : Henri | 25 septembre 2009 à 15:04
@PB
"Trop d'informations tue l'information" comme disait Mamère Noël *, in "La dictature de l'audimat".
Le temps qu'il faudrait passer pour faire le tri, se fait au détriment de la vraie et seule information qui présente un réel intérêt à chacun et chacune "celle de notre vie personnelle".
Alors devant cette profusion, la plupart des "surfeurs" se contentent de ne retenir pour vraie que celle qui correspond à son opinion, ses attentes ou ses fantasmes.
Et lorsqu'on s'en abreuve, on tombe vite dans une addiction psychique proche du lavage de cerveau.
Cordialement
Pierre-Antoine
* oui je sais, jeu de mot c'est trop facile à faire... et pourtant je l'ai fait...
Rédigé par : Pierre-Antoine | 25 septembre 2009 à 14:52
Oui, Monsieur Reffait, je suis d'accord avec vous. Nous n'en "sommes qu'à la préhistoire d'internet". Il va falloir apprendre.
Pour moi, il y a eu le même phénomène au début du portable. C'était de la folie. Les situations des plus insensées avaient droit de cité.
Ainsi lors d'un spectacle, un monsieur assis derrière moi, appelle (délibérément, appelle) un ami ou sa femme ou que sais-je, á l’aide de son nouveau jouet.
Je me suis gentiment permis de lui faire remarquer que sa conversation gênait la poésie du spectacle.
Il m'a répondu que je n'y connaissais rien en télécommunication, que ça c'est moderne et moi un retardé (moi ! moi qui ai connu l'un premiers portables suisses (Natel c) qui avait tout copié sur le téléphone de campagne des trouffions : 5kg environ !).
Bon voilà, entretemps les comportements se sont quand même améliorés.
Les téléphones aussi...
Je ne désespère pas que nous, et nos enfants, apprenions á nous servir de ce fantastique outil.
Rédigé par : [email protected] Reffait | 25 septembre 2009 à 00:51
Chers Catherine et Jean-Dominique,
Posons la question autrement :
Si l'Etat doit concentrer ses forces à chercher des "malfrats" sur internet, quelle devrait être la priorité ? Chercher les gens qui racontent que M. le député untel a été vu avec le doigt dans le nez, que untel autre a été remarqué en train de télécharger de la musique piratée ou alors essayer d'enrayer les réseaux de prostitution, d'escroquerie, etc... ?
Je crois que vous interprétez mal mes propos.
P.S. - j'ai bien aimé votre texte.
Bien à vous.
Rédigé par : jmarcio | 24 septembre 2009 à 20:36
« … des médias qu'elle (la Toile) ne tue pas mais stimule.». Alors stimulons-les puisqu'il est patent depuis hier, les parcourant ici et là, qu'ils n'y sont plus à ce procès Cleastream, qu'ils n'en comprennent plus la tournure fondamentale et les enjeux … Ce n'est plus le procès de Villepin ni de Lahoud ni de Gergorin ni des RG ni de la banque, ce n'est plus le procès de personne depuis quelques heures sinon celui de l'indépendance de la Justice. Tout a basculé en quelques secondes; comment le Président de la République a-t-il pu tomber dans un tel panneau innocemment tendu par une Laurence Ferrari qui à mon avis est encore à mille lieues de mesurer l'ampleur de ce qu'elle a déclenché … Tout a basculé et tout fut inversé. Les avocats des accusés sont devenus les accusateurs quasi publics; l'avocat général, les juges d'instruction témoins, les Chambres d'accusation, le président du tribunal et ses assesseurs sont devenus les défenseurs et l'accusée ayant désormais pris place dans le box à la place des accusés n'est plus une personne physique ni une société de droit moral quelconque mais une Idée fondamentale, le principe judiciaire suprême: l'indépendance. Par extension, la séparations des Pouvoirs. Par extension encore, la démocratie. Dans cette inversion totale des conditions et situations du procès, les défenseurs, c'est-à-dire l'ensemble du tribunal hormis les avocats de la défense devenus accusateurs, seront amenés à chaque instant à prouver leur innocence, soit leur indépendance face à une accusation qui n'aura pas même à apporter de quoi étayer leurs accusations puisque cela aura été fait publiquement par le magistrat suprême garant de la Constitution et de la séparation des Pouvoirs, donc de l'indépendance de la Justice. C'est intenable; ce procès tourne d'ores et déjà à l'absurde, au ridicule, il faut cesser; la Cour de cassation est déjà en train de préparer les motifs à cassation de tout ce qui émane de cet abracadabrantesque judiciaire … Villepin a gagné sans avoir rien fait pour; à chaque fois qu'on l'interrogera, il n'aura plus qu'à répondre aux juges et de la façon la plus légitime et formelle qui soit: Je répondrai, soit mais prouvez d'abord et maintenant que vous êtes indépendant. Mais comment le prouver sinon en faisant peser davantage de suspicion et de culpabilité sur le Président de la République; en faire en quelque sorte une partie civile plus coupable qu'elle ne le dit à la manière de ces femmes violées qui l'auraient un peu cherché et provoqué selon les termes qu'on entend parfois au tribunal … Villepin n'est plus à ce procès, il devrait même s'en retirer ou à tout le moins pratiquer une attitude absolue de rupture que nul ne pourrait décemment lui reprocher; il n'a plus qu'à laisser s'expliquer la Justice et le garant constitutionnel de son indépendance, ces deux-là régler leur compte entre eux … Mais c'est intéressant car finalement n'est-ce pas là une question en forme d'injonction liminaire à toute action judiciaire, qui ne fut jamais aussi franchement et publiquement posée à la Justice: Prouvez que vous êtes légitime en regard du principe républicain.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 24 septembre 2009 à 19:19
Tout comme la langue d'Ésope, Internet, le réseau, dans la mesure où il est "libre", peut être la meilleure ou la pire des choses !
La diabolisation du système est une réaction par trop simpliste. Cependant, l'on peut percevoir que certains "gourous" de la pensée, qui se voudraient seuls maîtres de la parole et surtout de l'écrit, trouvent sur le réseau des lieux (comme celui-ci) où la réflexion égale ou dépasse leur propres capacités ! D'où une réaction négative face à ce que l'on ne peut pas contrôler, le lecteur étant enfin libre d'apprécier par lui-même la qualité de la pensée des autres et d'exprimer de manière intelligente un avis avec toute la modestie qui sied.
Rédigé par : Robert | 24 septembre 2009 à 18:45
J'ai fait une petite expérience après avoir lu et répondu une première fois à ce post de PB : je suis allé voir sur youtube les vidéos concernant la Seconde Guerre mondiale. Parmi ceux qui laissent des commentaires, de très nombreuses personnes semblent être totalement négationnistes quant à la réalité des camps, ou sur l'intention même d'Hitler de vouloir exterminer les juifs.
Si vous cherchez sur Google la phrase suivante : "preuve des chambres à gaz", vous allez trouver encore une fois, un nombre incroyable d'articles et de forums dédiés au négationnisme. Bref, sur internet prolifère l'inculture crasse.
Avec un public aussi inculte, Faurisson a encore de beaux jours devant lui...
Finalement, internet véhicule beaucoup de choses idiotes et sans aucun fondement, mais beaucoup y croient, naïvement...
Rédigé par : Guile | 24 septembre 2009 à 18:15
@jmarcio
"Mais on n'est peut-être pas dans le même contexte que le billet de PB : ce n'est pas un dialogue d'idées d'égal à égal (comme ici dans ce blog), mais dans un rapport entre un malfrat et une victime naïve et sans défense.
En fait, tout cela est très difficile à combattre (voire même impossible), mais s'il y a un nettoyage à faire sur internet, c'est plutôt dans ces délits que dans la censure."
De nos jours, un jeune armé d'une souris et d'un clavier est à mon humble avis, beaucoup moins sans défense que vous-même qui estimez le danger à l'aune de l'idée que vous, vous vous faites de l'Internet. S'agissant de la censure et des diverses formes d'interdit, soit vous réussissez à vous faire obéir en général, soit ce n'est pas le cas et ça c'est déjà beaucoup plus grave et dangereux en soi et condamner le web pour tout le monde n'y changera rien. Tout est souvent une question de mesure et d'équilibre. Si vous usez trop de pesticides pour protéger les cultures, vous mettez en danger les abeilles qui rendent aux plantes, y compris les potagères, le service de transporter un grain de pollen depuis l'étamine (organe mâle) afin que celui-ci rencontre les organes femelles de la même espèce, rendant possible la fécondation. Plus d'insectes pollinisateurs, plus de fécondation, plus de fécondation, plus de ces plantes qu'on avait pourtant cherché à protéger. Et d'une façon générale, tout est également souvent dans l'idée qu'on s'en fait, y compris le diable (autrement dit aussi, le danger)!
A la recherche sur le net du tableau précédemment évoqué, j'ai rencontré cette intéressante étymologie du nom de cette province qu'est l'Alsace : "Le mot Alsace est la traduction française du 'Elsass' de l'alsacien. Qu’on décompose par Els et Ass, signifiant Diable et Cul. Conclusion : 'Elsass' signifie 'le cul du diable', appelée ainsi à cause de sa localisation géographique, car l’Alsace se trouve dans une plaine entourée de deux montagnes, les Vosges du côté français et la Forêt noire du côté Allemand."
Autrement dit, largeur environ 30 km et longueur environ 170 km, soit
1. L’Unterland : 'pays d'en bas' ou la partie couverte de forêts.
2. Le Ried : Ancienne zone de marais, au sol tantôt sablonneux et tantôt tourbeux avec des paysages de prairies humides ou de forêts hygrophiles.
3. L’Ackerland ou « Pays des labours » et les riches terroirs du lœss du Kochersberg : ce sont les terres où l’on cultive essentiellement du blé, du houblon, du tabac et des betteraves à sucre, des plantes fourragères..."
Cette dernière partie m'évoque 'Le diable et le laboureur' (F.Rabelais, Tier Livre ) qui nous apprend où se trouve le plus souvent le diable en effet et comment l'épouvanter et le faire fuir par plus formidable que lui - je laisse le texte dans sa langue originale de façon à préserver d'éventuels jeunes lecteurs de passage par ce blog sur leur planche à roulettes ou plutôt à molette - :
"Seulement pour prendre de l’eaue beniste & à Dieu nous recommander, entrasmes dedans une petite chapelle près le havre ruinée, desolée, & descouverte, comme est à Rome le temple de sainct Pierre. En la chapelle entrez & prenens de l’eaue beniste, apperceusmes dedans le benoistier un home vestu d’estolles, & tout dedans l’eaue caché, comme un Canart au plonge, excepté un peu du nez pour respirer. Au tour de luy estoient troys prebstres bien ras & tonsurez, lisants le Grimoyre, & coniurans les Diables."
Or, donc le diable se trouve là où on s'attendrait plutôt à voir coasser une grenouille de bénitier.
"Pantagruel trouva le cas estrange. Et demandant quelz ieux c’estoient qu’ilz iouoient là, feut adverty que depuys troys ans passez avoit en l’isle regné une pestilence tant horrible que pour la moitié & plus, le pays estoit resté desert, & les terres sans possesseurs. Passée la pestilence, cestuy home caché dedans le benoitier, aroyt un champ grand & restile, & le semoyt de touzelle en un iour & heure qu’un petit Diable (lequel encores ne sçavoit ne tonner ne gresler, fors seulement le Persil & les choux, encor aussi ne sçavoit ne lire, n’escrire) avoit de Lucifer impetré venir en ceste isle des Papefigues soy recreer & esbatre, en laquelle les Diables avoient familiarité grande avecques les hommes & femmes, & souvent y alloient passer temps. "
La pestilence, voilà toute l'astuce qui fit que :
"Ce Diable arrivé au lieu s’adressa au Laboureur, & luy demanda ce qu’il faisoit. Le paouvre home luy respondit qu’il semoit celluy champ de touzelle, pour soy ayder à vivre l’an suyvant.
"Voire mais (dist le Diable) ce champ n’est pas tien, il est à moy, & m’appartient. Car depuys l’heure & le temps qu’au Pape vous feistez la figue, tout ce pays nous feut adiugé, proscript, & abandonné. Bled semer toutesfoys n’est mon estat. Pourtant ie te laisse le champ. Mais c’est en condition que nous partirons le profict.
Ie le veulx, respondit le Laboureur."
Mais à trompeur, trompeur et demi ! Ce n'est cependant pas si facile que de tromper longtemps le diable quand on est laboureur à moins... d'être flanqué d'une bonne femme:
"Le Diable vint à la porte du Laboureur, & sonnant s’escria.
O villain, villain. Cza, ça, à belles gryphes.
Puys entrant en la maison guallant & bien deliberé, & ne y trouvant le Laboureur advisa sa femme en terre pleurante & lamentante.
Qu’est cecy ? demandoit le Diable. Où est il ? Que faict il ?
Ha (dist la vieille) où est il le meschant, le bourreau, le briguant ? Il m’a affolée, ie suis perdue, ie meurs du mal qu’il m’a faict.
Comment ? dist le Diable : Qu’y a il ? Ie le vous gualleray bien tantoust.
Ha, dist la vieille, il m’a dict le bourreau, le tyrant, l’esgratineur de Diables, qu’il avoit huy assignation de se gratter avecques vous, pour essayer ses ongles il m’a seulement gratté du petit doigt icy entre les iambes, & m’a du tout affolée. Ie suys perdue, iamais ie ne gueriray, reguardez. Encores est il allé ches le mareschal soy faire esguizer & apoincter les gryphes. Vo’ estez perdu monsieur le Diable mon amy. Saulvez vous, il n’arrestera poinct. Retirez vous, ie vous en prie.
Lors se descouvrit iusques au menton en la forme que iadis les femmes Persides se praesentèrent à leurs enfans fuyans de la bataille, & luy monstra son comment à nom ?
Le Diable voyant l’énorme solution de continuité en toutes dimentions, s’escria : Mahon, Demiourgon, Megère, Alecto, Perséphone, il ne me tient pas. Ie m’en voys bel erre. Cela ? Ie luy quitte le champ."
Illustration : http://www.tierslivre.net/spip/IMG/jpg/RABroberto3.jpg ( interdit aux moins de 16 ans)
Rédigé par : Catherine JACOB | 24 septembre 2009 à 17:28
Il faut cesser de considérer internet comme un espace homogène. Il y a des milliers d'internet qui correspondent à des milliers de pratiques utilisant les mêmes protocoles techniques. Il y a les jungles et les jardins français, les quartiers bourgeois et les bidonvilles, les colloques savants et les cafés du commerce. Il y a des rôdeurs, des virus, des délinquants mais aussi des talents, des saints. Tout cela donne un sentiment d'unité technique, puisque les mêmes techniques produisent jungles et jardin français, et de chaos sémantiques. C'est une illusion, presqu'une simple illusion d'optique : comme tout arrive sur notre même écran d'ordinateur, nous avons le sentiment d'une avalanche incontrôlable qui se déverse sur nous.
Nous posons-nous la question lorsque nous nous promenons dans la rue et accusons-nous nos yeux ou nos oreilles d'être incontrôlables et anarchiques ? Non, car nous sommes éduqués à filtrer par nous-mêmes ce que nous voyons et entendons, nous ne voyons pas tout ce qui est dans notre champ de vision, nous n'entendons pas tous les bruits qui frappent nos tympans.
Avec internet, nous passons par un média artificiel : attention, le média, ce n'est pas internet ! Le média, c'est notre écran et notre pratique technique d'internet. Nous manquons d'éducation à la perception de ce média nouveau. Tout nous devient visible car notre esprit n'est pas éduqué au filtre nécessaire. Internet est beaucoup moins désordonné que le monde réel environnant, mais nous ne filtrons rien de ce désordre. Nous faisons dix fois le tour de la planète sur internet tandis que nous restons dans notre village dans le monde réel : ne nous étonnons pas d'en prendre plein les mirettes !
Il va bien falloir s'éduquer car nous ne sommes qu'à la préhistoire d'internet. Je ne me lancerai pas dans l'exposé théorique de la régression technologique que constitue internet (Oui, oui, internet est une régression technologique ! Les langages et programmes internet savent faire infiniment moins de choses que votre Word habituel, mais cette régression a été le prix à payer pour l'universalité du système et la capacité réduite des réseaux à transmettre).
Lorsqu'internet aura rattrapé le retard technologique qui est le sien - cela prendra encore de nombreuses années - la profusion deviendra envahissante à qui n'aura pas été éduqué à filtrer.
Le problème d'internet, c'est nous, pas lui.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 24 septembre 2009 à 17:09
Chère Catherine,
"Internet ou comment faire sa sauce tomate soi-même:"
Par ce que j'ai dit, il faut comprendre : beaucoup des bonnes choses qu'on a aujourd'hui existent grâce à internet et il n'y a pas que la disponibilité de l'information. Je n'ai pas dit que la recherche est le but d'internet.
"En dehors des spams et de virus qui, spécifiques au domaine du virtuel, ne s'attaquent qu'à votre machine qu'ils s'efforcent de rendre inutilisable, les délits que vous évoquez ne sont pas nés avec internet..."
En fait, même les spams et les virus existaient déjà avant internet. Internet a un effet amplificateur permettant de cibler beaucoup plus large : des naïfs ou des personnes plus fragiles dans l'autre bout du monde. Ces naïfs et ces fragiles, il faut les protéger : il y en a beaucoup plus qu'on ne pense.
Mais on n'est peut-être pas dans le même contexte que le billet de PB : ce n'est pas un dialogue d'idées d'égal à égal (comme ici dans ce blog), mais dans un rapport entre un malfrat et une victime naïve et sans défense.
En fait, tout cela est très difficile à combattre (voire même impossible), mais s'il y a un nettoyage à faire sur internet, c'est plutôt dans ces délits que dans la censure.
Rédigé par : jmarcio | 24 septembre 2009 à 13:07
@jmarcio
"Comme vous dites, les gens doivent être suffisamment intelligents pour savoir choisir l'information pertinente. Et là, le débat est complétement différent.
On n'en parle pas beaucoup, mais Internet a été créé par la communauté de la recherche. Aujourd'hui, on ne peut pas envisager de faire de la recherche scientifique de qualité sans internet. Je parle de la recherche médicale, mathématiques, intelligence artificielle, matériaux..."
Internet ou comment faire sa sauce tomate soi-même:
Prenez de semences de qualité sans vous tromper sur leur devenir. Autrement dit, ne semez pas des courges si vous pensez à récolter des tomates. Semez les à bonne époque si vous ne volez pas récolter des fruits verts qui ne mûriront plus. Une fois levées, repiquez les sur un lit d'orties et derrière un rideau de 'mauvaises' herbes côté exposé au vent, rideau destiné à les préserver au maximum des pollutions dispatchées par ce dernier, mais qui autorise cependant une bonne nouaison sur un plant vigoureux capable de se défendre par lui-même contre diverses attaques de polynuisibles.
Récoltez, lavez, pelez les fruits mûrs à point et préparez la sauce à votre façon. Personnellement, je l'aime réalisée avec des fruits pelés, grossièrement concassés et rapidement revenus en deux ou trois aller-retours de poêle dans de l'huile d'olive avec une gousse d'ail. Saler très peu. Au moment de servir mêlez-y quelques herbes fraîches ( basilic ou estragon etc..) qui peuvent également provenir de votre pré carré.
Maintenant vous pouvez également vous fournir en ketchup {qui viendrait du chinois 'Qié zhi' ou selon les dialectes 'Ké Tsiap' (茄汁) : que pour ma part, je lis 'suc d'aubergines' - mais s'écrivant actuellement : 番茄醬 de 番茄 (tomate) et 醬 (sauce comme dans 'sauce de soja'- et dont, pour leur part les japonais voient l'origine dans le nước mắm vietnamien} chez la concierge du coin de la rue, ou mieux, vous limitant à ce que ce que vous consommerez sur l'heure en vous servant à volonté de la bouteille de la première baraque à frites venue dont vous pimenterez alors la première feuille de chou qui vous tombera entre les mains.
C'est donc une question de goût et des goûts et des couleurs, comme dit, y en faut pour tout le monde!
"Mais il est vrai qu'il y a des dangers dans internet : la pédophilie, la pornographie, l'escroquerie et des arnaques en tout genre, les spams, les virus... Mais cela ne semble pas gêner ceux qui veulent censurer internet."
En dehors des spams et de virus qui, spécifiques au domaine du virtuel, ne s'attaquent qu'à votre machine qu'ils s'efforcent de rendre inutilisable, les délits que vous évoquez ne sont pas nés avec internet, ils s'y sont simplement développés de façon spécifique grâce aux outils et techniques adéquats. Ainsi, on ne fait plus sauter votre coffre-fort, on pirate vos données insuffisamment protégées. On ne cherche plus à vendre à un prix faramineux des encyclopédies à des gens qui n'en n'ont nul réel emploi, ou à attirer le chalant par des boniments à la mord moi le noeud sur les foires et les marchés, mais on vous vend des produits dont vous ne découvrez les défauts ou l'inexistence qu'au moment de rentrer en leur possession. Quant à la pédophilie, le prédateur hors cercle de proches, ne guette plus ses futures victimes à travers les grilles des jardins d'enfants ou dans les cafés qui prospèrent en face des établissements scolaires, mais s'insinue dans les communautés virtuelles avec le masque adéquat au domaine considéré. Mais, tout comme il existe pour chaque système de sécurité le passionné qui n'aura de cesse de le déjouer, il existe pour chaque danger potentiel, sa botte de Nevers ou Florentine ou Gasconne etc. autrement dit la parade adéquate qui ne saurait consister que dans extrêmement peu de cas, à ne pas quitter sa chambre ou son lit et à dormir avec deux pistolets sous chaque oreiller et trois gardes du corps à la porte, deux sous le lit et dix sur le toit, sans manger dans la crainte également du poison, mais à apprendre et s'entraîner à repérer, jauger, évaluer et combattre au besoin le bon adversaire!
Comme le dit en effet si bien PB, non seulement le Net n'est pas le diable, mais le diable est partout et de préférence où on l'attend le moins. Toutefois, il se reconnaîtrait paraît-il à l'odeur et aux sabots. J'ai en mémoire en ce moment un tableau où un grand diable vert sec comme un coup de trique discute avec un évêque sous un porche de cathédrale, et qui donne une représentation extrêmement intéressante du 'malin' mais je ne sais plus à quel pinceau il est dû. Peu importe en fait, l'important c'est de pouvoir en produire un schème ou une image qui pourra absorber et focaliser des angoisses qui autrement seraient abyssales et dès lors difficilement maîtrisables.
Rédigé par : Catherine JACOB | 24 septembre 2009 à 12:07
Cher Guzet
"D'autant que les exemples de fabrication de l'information par les médias ont tendance à se multiplier..."
Je ne peux m'empêcher de penser à l'animateur-député Wallace Souza, le chancre des émissions chocs sécuritaires qui se targuait d'arriver sur les lieux de crime avant la police. Il semblerait qu'il organisait lui-même les crimes pour éliminer les concurrents de son trafic de drogue, une troisième activité (ahh le stakhanoviste !).
Ils sont en train, ici au Brésil, de lui faire sauter son immunité parlementaire.
Ridiculiser la police, telle a été son erreur. Est-il coupable ? La police est-elle innocente ?
Près de Manaus la jungle est pire qu'à Calais...
Rédigé par : Alex paulista | 24 septembre 2009 à 11:38
Merci! Vous venez de mettre des mots sur ce que je pense de tout cela et que je n'arrivais pas à exprimer.
Le net n'est pas le diable non, mais certainement le pire ennemi de ceux qui souhaiteraient que tout ne soit pas dit.
Rédigé par : Elaïs | 24 septembre 2009 à 11:30
Hoo... sans conteste mon billet préféré de ces derniers mois ;-)
La référence au diable, et à travers lui à la religion en général, est particulièrement pertinente à mes yeux, dans le sens où je suis assez profondément convaincu que la situation actuelle ressemble de très près aux débuts de la réforme protestante.
En effet, par lassitude d'un pouvoir devenu excessif de l'église catholique, monopole idéologique quasi-total, et pouvoir auquel les dirigeants nationaux semblent s'être largement soumis, un renouveau s'opère au sein des peuples en s'appuyant sur une nouvelle technique de diffusion des idées: l'imprimerie.
Aujourd'hui, la pensée unique économico-financière est le nouveau catholicisme (au sens étymologique d'universel), les dirigeants y font allégeance en prenant soin de faire taire les alternatives autant que possible, mais les indulgences sont devenues si criantes, en partie du fait des nouvelles techniques d'information et de communication, qu'elles ne peuvent que démolir la légitimité de ceux qui les octroient.
Mais au temps de la réforme cela a conduit à des guerres civiles particulièrement douloureuses... saurons-nous, cette fois, éviter les erreurs du passé ?
Rédigé par : Abiram | 24 septembre 2009 à 09:25
Wolton a bien perçu que la suspicion systématique que cultivent les médias à propos de tout et de n'importe quoi est effectivement en train de se retourner contre les médias. A force de dénoncer et de prétendre dévoiler les vérités "qu'on nous cache" il est évident que, logiquement, cette suspicion généralisée peut ne pas s'arrêter aux médias, qui seraient seuls préserver du mensonge universel... Les politiques mentent, mais pourquoi les journalistes ne mentiraient pas ? D'autant que les exemples de fabrication de l'information par les médias ont tendance à se multiplier... C'est ce phénomène que n'ont pas voulu voir les interlocuteurs de Wolton...
Rédigé par : Guzet | 23 septembre 2009 à 23:06
Vous, cher PB, restez aux portes du procès Cleastream ... Permettez que moi j'y glisse un nez, un petit ... Tout présumé innocent sera désormais coupable du seul fait d'être traduit ... Le Président de la République, premier magistrat de France, ne pratiquant pas la langue de bois comme chacun sait, vient -et c'est historique!-, depuis l'étranger, de formaliser enfin ce que tout le monde sait et fait mais ne dit pour sauver les principes et leurs apparences. Et dire qu'il veut supprimer le juge d'instruction parce qu'il serait partial et n'instruirait qu'à charge, le "présumé coupable" à l'instruction à la trappe dès le commencement, la poubelle du Net ou d'ailleurs mais au rebut sans débat ni discussion ... Vivement demain la Une du Monde et des journaux sérieux, s'ils se décident à sortir enfin de Giscard et ses histoires de cul avec une princesse inconnue ... Quoique Giscard, c'est important, fut premier magistrat et le demeure en titre ... L'ex élyséen présumé coupable dorénavant d'avoir commis des choses inavouables mais il les avoue à une dame noble avec ses armes, ses blasons et toutes ses armoiries puisque déjà renvoyé au tribunal de la question littéraire mondaine, qui vient du monde, du Monde ...
Bonne nuit.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 23 septembre 2009 à 22:56
Vu que le procès commence par l'examen des origines, j'aimerais lister plusieurs manques qui me choquent profondément dans cette affaire:
- manque de sérieux de la banque: il faut vraiment s'appeler ClearStream pour laisser accéder sans retenue au listing de ses contreparties. Les contreparties se remplacent par des numéros avant extraction d'une copie de la base de données. On travaille avec la base cryptée autant que possible. L'originale est maniée avec discrétion et délicatesse, a minima et entre seniors.
- manque de sérieux du cabinet de conseil: ne pas contrôler l'accès à des données aussi sensibles (qu'un juge aurait beaucoup de mal à obtenir, même avec des raisons et partiellement) au point qu'un stagiaire de 23 ans y ait accès illimité. En plus, ce n'est pas les comptes du boucher du coin, mais d'une institution mise en cause par des journalistes.
Le Club Med, c'est plutôt chez Clearstream et chez feu Andersen. Je peux vous dire qu'au Brésil on essaie d'être plus sérieux.
Il faut arrêter de considérer de manière poujadiste que le secret bancaire doive être violé, que toutes les transactions puissent être balancées en pâture au premier journaliste, histoire de voir s'il y trouve quelque chose.
Il y a des règles pour encadrer cela. Sinon demain, votre banque vendra vos relevés de compte aux annonceurs. À la Google, le côté anonyme en moins...
Parce que le petit jeune qui baisse la tête en disant "j'ai rien fait de mal", il n'a pas tout compris. Si son avocat ou son médecin se mettaient à sortir de leur secret professionnel, il comprendrait peut-être un peu mieux à ses dépens.
Rédigé par : Alex paulista | 23 septembre 2009 à 22:12
«VGE et Lady Di, des amours de papier?», titré le 23 septembre 2009 ... Suit un long article dont on ne sait plus dans quelle rubrique le caser tant il pue la connerie massive …
«L'idylle avec Lady Di?, «J'ai inventé» concède Giscard», titré en date du 23 septembre 2009 et suivi là encore d'un article long tout aussi aberrant et d'une stupidité crasse fleurant absolument la déchetterie urbaine …
D'où cela vient? Voici? Gala? Ici Paris? Le Net, ce démon? Non. Le Monde. Voici à quoi en est réduit ce «prestigieux» journal entre autres Dominique Wolton qui, sans rire, prétendent à donner des leçons à ceux du Net, des leçons de sérieux, de propreté (forcément, le contraire d'une saleté jetée et trouvée dans une poubelle ...), de dignité et de décence … Participer de ce buzz «littéraire et culturel» -au nom de l'information de haute volée, je suppose-, ce buzz sordide comme un hybride lamentable de l'ex Présidence française académisée et de la néo-nécrophilie, voilà cette «grande et noble» presse à l'oeuvre qui mépriserait à ce point les bassesses de l'Internet et des blogs … Ce Wolton qui enjoint aux journalistes et aux politiques de prendre garde à eux désormais; ce conseil afin que, j'imagine, la «poubelle» ne s'avise pas de puer autant qu'eux … Sacré PB, un rien de cette sorte vous inspire un si long billet … Vous m'épatez! J'espère que c'est réciproque …
Bientôt je vaccine à tour de bras … Grippe A mon amour, frappe les cons en premier! Je ne vise pas vous, cher PB, j'ai trop d'estime et puis ce ne serait pas convenable …
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 23 septembre 2009 à 21:43
M. Bilger : superbe billet !!! Je l'attendais.
Mais en fait, vous avez restreint le champ du Net. Et sur d'autres champs (pas tous), je pense que le Net est un danger.
D'après ce que j'ai compris, ceux qui veulent "museler" le net sont plutôt des gens qui n'apprécient pas qu'on parle d'eux pour montrer leur côté négatif. Mais ils sont tout contents quand ça montre leur "bon côté". Bon, c'est mesquin.
Comme vous dites, les gens doivent être suffisamment intelligents pour savoir choisir l'information pertinente. Et là, le débat est complétement différent.
On n'en parle pas beaucoup, mais Internet a été créé par la communauté de la recherche. Aujourd'hui, on ne peut pas envisager de faire de la recherche scientifique de qualité sans internet. Je parle de la recherche médicale, mathématiques, intelligence artificielle, matériaux...
Et que dire alors de la diffusion des logiciels libres ???
Mais il est vrai qu'il y a des dangers dans internet : la pédophilie, la pornographie, l'escroquerie et des arnaques en tout genre, les spams, les virus... Mais cela ne semble pas gêner ceux qui veulent censurer internet.
Rédigé par : jmarcio | 23 septembre 2009 à 21:38
Oui, oui ....
Mais pour que le net ne soit pas le Diable, il faut revoir la copie pour ce qui concerne la diffamation, aujourd'hui alignée sur la Loi sur la presse.
Il y a des gens qui s'en trouvent salis à vie, face à une publication perpétuelle, sans pouvoir faire grand-chose et ce n'est pas normal.
Autrement, vous avez raison pour l'impertinence et l'air frais. Dommage tout de même que la presse pro ne fasse plus son boulot !
Cordialement
Rédigé par : david | 23 septembre 2009 à 20:51
Puisqu'on parle du procès Clearstream, je propose un titre pour le film à venir : "le mytho, le parano et le mégalo". Il ne faudra pas oublier les "deux nigauds" en préambule.
Tout ceci est bien consternant.
Rédigé par : Florence | 23 septembre 2009 à 19:43
@[email protected] Jacob
"Si chaque mot y est à sa place, inutile de reprendre le texte... à mon avis."
Oh mais si, on peut *Q* *¬* = 8-0~ et malgré tout reprendre un petit ourlet par ci et une petite pince par là. :3
Rédigé par : Catherine JACOB | 23 septembre 2009 à 19:04
@Valérie
"comme lieu "d'ébats",
Il y a aussi les piscines comme parfaits lieux pour de joyeuzébats (dans l'eau) ainsi que pour de sérieux débats (sur le bord) ^_^
Rédigé par : Catherine JACOB | 23 septembre 2009 à 18:23
3 commentaires ont été retenus ici : http://5xblah.blogspot.com/
Merci !
Rédigé par : 5xblah | 23 septembre 2009 à 16:15
"...tellement chaque mot y est à sa place."
Si chaque mot y est á sa place, inutile de reprendre le texte... á mon avis.
Rédigé par : [email protected] Jacob | 23 septembre 2009 à 14:18
'ses enfants dont il aurait été "flancardé"'
Au fait, ce ne serait pas 'flancardé' mais 'flangardé' (= 'gardé sur les flancs', comme dans "Père gardez-vous à droite, Père gardez-vous à gauche" - à savoir la célèbre phrase qui aurait été prononcée par Philippe, quatrième fils du roi de France Jean II et de Bonne de Luxembourg, le 19 septembre 1356 lors de la bataille de Poitiers.-, je pense.)
["J'étais quand même consterné de voir Dominique Galouzeau de Villepin ‘flangardé' de sa femme et de ses trois enfants insulter le président de la République et confondre le Club Méditerranée, dont il est un adepte, avec la 11ème chambre correctionnelle. Il ne manquait plus que les palmes et la planche à voile"" s'est emporté Pierre Charon mardi sur RTL] (TF1)
Ceci dit, si Me Herzog devait estimer que la défense a insulté les parties civiles à l'audience, il a toujours le loisir de solliciter du Tribunal que les propos visés soient rayés des notes d'audience (=/= répliquer vigoureusement devant les seuls médias.)
Rédigé par : Catherine JACOB | 23 septembre 2009 à 13:50
Rédigé par : Guile | 23 septembre 2009 à 12:08
"Je reste donc un fervent défenseur du net, comme lieu de débat, il n'y a pas mieux, à mon avis..."
En parcourant votre commentaire trop vite, j'ai mal lu et cela donnait : Je reste donc un fervent défenseur du net, comme lieu "d'ébats", il n'y a pas mieux, à mon avis !!! Heureusement, j'ai relu !
Bonne journée
Rédigé par : Valerie | 23 septembre 2009 à 13:39
C'est l'entier texte de votre billet qu'il conviendrait de reprendre, tellement chaque mot y est à sa place et suscite l'approbation. Je limiterai toutefois à évoquer ces quelques passages dont la justesse est de toutes les époques à tel point qu'on comprend difficilement comment il se fait qu'il faille le rappeler encore et encore!!
"C'est notre capacité à analyser" - EXACT
"Le désordre ne vient pas de la masse mais de l'infirmité ou de la paresse du regard. " - Encore Exact
Ils ne voient rien, n'entendent rien, tout secoués qu'ils sont par leur propre voix occupée à conspuer pour conspuer, d'écho en écho, dans le vide sidéral de la cougourde séchée qui leur sert à la fois de téléphone et range cervelle!!
"J'ai été effaré de lire, de sa part, pour accabler Dominique de Villepin, des références au "Club Med", aux "Chippendale", une grossièreté qui indirectement atteignait son épouse et ses enfants dont il aurait été "flancardé" - une tonalité qui, s'efforçant à la méchanceté, pâtissait de la vulgarité reprochée aux propos de Dominique de Villepin et qu'ils ne contenaient pas."
Si j'ai bien compris, D.de V. a dit que les dés étaient pipés. Des dés pipés ne sont cependant pas des objets qu'on fume devant un spectacle de streap tease au masculin (Chippendale), mais de petits objets cubiques ou polyédriques dont, par ex., une arête aura été rabotée de façon à trafiquer l'équiprobabilité de l'apparition de l'une de ses faces une fois lancé. Or donc, si c'est effectivement le cas, quelle face a bien pu être rabotée et par qui? Est-ce l'estrade de l'erreur de menuiserie de telle sorte que pour qu'elle ne s'effondre pas il aura été nécessaire de la recaler par un pré réquisitoire médiatique? Ou est-ce quelque autre face qui se perdra une fois connue?
Personnellement, si je pense qu'un procès ne doit pas être un coup de dés, ou alors, il faut tout de suite le jouer à pile ou face de façon à éviter de faire perdre son temps à un maximum de monde, je pense également qu'on ne parle pas ainsi d'un ancien Premier ministre présumé innocent sans insulter par là même la France elle-même!
"Me Herzog, devant les micros, a su donner à sa réponse pourtant vive une tout autre tenue."
Et, quelque part, la vulgarité et la grossièreté de l'un aura renforcé la vigoureuse tenue de la réplique de l'autre. Ceci dit, ça va pour cette fois, mais qu'on n'y revienne pas si on ne veut pas voir le public s'intéresser de trop près à quelques grosses ficelles (je ne parle pas là du string des Chippendale)!!
"Chacun est libre, comparant l'intervention de l'un et les ripostes des autres, de se forger un point de vue grâce à la télévision et au Net."
C'est une évidence.
"Il n'y a pas pires censeurs, heureusement, que ces sourcilleux de la vigilance et ces adeptes obsessionnels du mot, de l'idée, de la part qui manquent."
On ne saurait mieux dire.
Rédigé par : Catherine JACOB | 23 septembre 2009 à 12:25
A mon sens, le Net est le reflet de notre société. Il n'existe pas un forum sur lequel les racistes, les frustrés, les aigris, les riches, les pauvres, les athées, les croyants et toutes les autres "catégories" de français ne se soient pas exprimés.
Ces gens, c'est nous, c'est vous. Finalement, c'est la France, telle qu'elle est, sans faux semblant et sans hypocrite flagornerie que nous offrent, au contraire, les autres vecteurs d'information.
Je reste donc un fervent défenseur du net, comme lieu de débat, il n'y a pas mieux, à mon avis...
Mais parce que le net représente la France, s'y trouve aussi le pire. Ainsi va la démocratie.
Rédigé par : Guile | 23 septembre 2009 à 12:08
Le Net, c'est certain, est cet océan où quiconque peut lancer des "bouteilles", c'est-à-dire des informations, des opinions, qui seront peut-être un jour accueillies utilement.
Malheureusement, c'est le lieu aussi où des malfaisants jettent des "bouteillons" (au sens où Jacques Perret les décrit dans "Le Caporal épinglé") : mensonges destinés à détruire des réputations, démoraliser, faire mal.
Alors, on se résigne ?
Rédigé par : Yves | 23 septembre 2009 à 11:50
Je ne comprends pas le discours de Dominique Wolton.
Comme vous le signalez judicieusement dans votre billet, M. Charon n'a pas eu besoin d'Internet pour faire de son appréciation sur la déclaration de D. de Villepin un exemple de réaction se situant dans du très bas de gamme.
Un média on ne plus policé comme RTL sait être aussi une vraie poubelle quand il s'agit de relayer une réaction sans aucune importance d'un conseiller de l'Elysée.
La vulgarité des décontractions à la Hortefeux ou à la Charon sont d'abord la signature du ministre et du conseiller. Peu importe le vecteur qui diffuse. Ce vecteur se met juste à niveau.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 23 septembre 2009 à 10:35
M. Wolton a remporté mes suffrages face á un brillant Abiker.
Même s'il n'a pas raison sur toute la ligne, il sait de quoi il parle et j'aime bien la charge qu'il a eue sur le journalisme en général.
Ce n'était pas méchant, et salutaire.
Rédigé par : jpledun | 23 septembre 2009 à 02:12
Superbe plaidoyer, Maître !
Je me contenterais d'un zoom sur une partie de cet internet que nous connaissons bien ici : votre blog. Il constitue l'une des allées de cette immense forêt où nous sommes plutôt nombreux à aimer flâner, entre les drôleries parfois acides de la modernité et les méditations plus ombragées.
Je lis parfois ici que ce blog appartiendrait à tous et, si je ne le lis pas, je le constate tristement lorsque, de hors-sujet en hors-sujet, d'aucuns s'emparent de la patience des autres pour satisfaire leur hargne forcenée de s'exprimer. Alors, admettons, nous sommes sur Internet et ce blog appartient à tous : qu'en ferons-nous donc ?
Tout autour de l'allée, il y a les sous-bois, les ronces, les ornières, ce désordre naturel des expressions individuelles, des pensées délirantes, des audaces jaillissantes, cela a son charme, j'aime aussi chausser mes bottes et y plonger.
Mais il y a l'allée, notre allée, ce blog, un autre, l'allée que l'on préfère. Ni triomphale, ni sentier herbeux, cette allée va où son architecte a choisi qu'elle aille. Nous autres, jardiniers-commentateurs, co-propriétaires comme je l'ai admis, quel est notre rôle ? Devons-nous à toute force, par la vanité de nos expressions décousues, par d'interminables exposés illisibles, effacer toute trace de l'allée sitôt que l'auteur vient de passer ? Rendre ce blog aussi insignifiant que l'immensité des sous-bois d'Internet ?
Ne doit-on pas au contraire profiter de ce tracé en débusquant la ronce que la mauvaise foi légendaire de Philippe a laissé traîner derrière lui ? Scruter dans ses billets les jolies fleurs qu'il ne faut pas écraser et redresser celles que Philippe a négligemment piétinées ? Quelle victoire est la nôtre, celle des jardiniers-commentateurs, lorsqu'en nous contraignant à cette discipline de ne jamais dévier de l'allée, nous constatons que ce blog est plus beau, plus pertinent, plus fort après notre passage !
Un blog n'est pas un forum, ce qui, traduit du latin, signifie que ce n'est pas une foire. Pour les diarrhées, fussent-elles verbales, il y a les sous-bois. Il n'y a aucune urgence à commenter chaque billet lorsqu'on n'a rien à y apporter. Il n'y a aucune contrainte à lire un billet dont le sujet nous indiffère. Il n'y a aucune nécessité à pondre 10 pages quand 10 lignes suffisent. C'est une construction, pas un entassement informe. C'est l'intimité de pensées contradictoires, ça n'est pas le foutoir des sans-gêne. Le vrai pouvoir d'un commentateur, c'est sa pertinence, sa vraie liberté, c'est sa discipline.
D'un clic, l'internaute digresse et passe de la grosse blague cochonne au drame humain. En arrivant sur le blog, il n'y trouve pas d'images aguichantes, non, un billet tout de gris vêtu l'attend, écrit par un monsieur en cravate paré d'une fonction terrorisante. Il en veut, et il se tape la lecture du billet de Philippe parce que telle est son indéfectible volonté. Le commentateur n'a qu'un seul espoir d'être lu : lorsqu'il apporte un éclairage nouveau sur le coeur du billet, une contradiction, une confirmation, une autre pertinence, un décalage. Faute de quoi, non seulement il est lui-même zappé, mais son incorrection induit le zapping des autres commentaires.
Ainsi Internet, sans gendarme ni contrôle, peut aussi être un espace construit, structuré, par la volonté assidue de chacun. Egayons-nous dans les sous-bois, lutinons tout notre saoul dans les forums, et sachons garder propre notre allée.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 23 septembre 2009 à 02:02
Charon, compagnon de la lointaine planète naine Pluton, fait partie de ces astres gelés qui exhibent un étonnant cryo-volcanisme...
Rédigé par : Alex paulista | 23 septembre 2009 à 01:23