Que les conservateurs se rassurent, cette interrogation n'est pas destinée à mettre le feu à la société. Elle est née du couac qui, après avoir déclaré facultative la lecture de la dernière lettre de Guy Môquet à ses parents, l'a rendue obligatoire pour les enseignants.
Je me garderai bien de me prononcer sur la personnalité de Guy Môquet, fusillé à l'âge de 17 ans par les Allemands le 22 octobre 1941 à Chateaubriant. Sa mort a fait de lui un jeune héros et je rejoins assez Gilles Perrault dans son analyse. Guy Môquet a été arrêté à Paris le 13 octobre 1940. Son père était député communiste et lui-même appartenait à ce parti. Celui-ci ne s'est lancé résolument dans la résistance qu'au mois de juin 1941 après le déclenchement des hostilités entre l'Allemagne nazie et l'URSS. Lors de son arrestation, Guy Môquet distribuait d'ailleurs des tracts n'appelant pas à résister mais dénonçant "le caractère impérialiste de la guerre". Toutefois, Gilles Perrault, en admettant ces données de fait, considère qu'on n'a plus à discriminer et que Guy Môquet, jeune fusillé communiste, appartient à la cohorte des glorieux. Pourquoi pas ? Il serait indécent, à l'abri, si longtemps après, de passer au crible le destin tragique et courageux de ceux qui ont affronté une Histoire bouleversante.
Guy Môquet, soit. C'est lui que le candidat Sarkozy puis le président de la République ont élu. C'est sa lettre qui, chaque 22 octobre, devra être lue obligatoirement par les professeurs à leurs élèves.
Henri Guaino s'est permis, sur France Info, de traiter de manière infiniment cavalière, pour ne pas dire méprisante, les enseignants qui exercent un métier à la fois prestigieux et déclassé (Le Monde). En substance, les professeurs sont là pour obéir, ils doivent appliquer les directives de l'Education nationale, silence dans les rangs, un point c'est tout. Le conseiller spécial (est-il toujours spécial ?) du président de la République se persuade que la plupart, dans leur loyauté, respecteront l'injonction de lecture en rappelant que les "profs", après tout, ne pratiquent pas une profession libérale. J'avoue être choqué par cette désinvolture intimidante qui prend les enseignants pour des enfants qu'on mettra au coin s'ils n'obtempèrent pas. Qu'un haut conseiller du président s'autorise de tels propos avec la volonté affirmée de manifester le peu de cas qu'il fait de la liberté et de l'intelligence des professeurs me fait craindre le pire. J'y vois sans doute déjà la trace de frustrations personnelles. Quoi qu'on pense d'eux collectivement, on ne traite pas les éducateurs sur ce ton. C'est vouloir saper par avance la considération qui leur est due et ruiner une légitimité déjà quotidiennement mise à mal dans beaucoup de lycées et de collèges. Comment s'étonner demain de la désobéissance, violente parfois, à leur encontre, avec ce décret sommaire d'obéissance qui leur est signifié et qui les infantilise ? On les dépouille d'une autorité dont par ailleurs ils ne feraient pas assez preuve dans les classes. La République affaiblit le métier républicain par excellence et se tire une balle dans l'esprit.
Les professeurs doivent-ils obéir ? Doivent-ils courber leur être devant toutes les obligations qu'on fait peser sur eux ? Tout doit-il être mis au même plan dans la démarche de l'Etat ? Convient-il, pour des enseignants, de ne jamais avoir à s'interroger sur la nature de ce qu'on leur ordonne d'enseigner, de lire, de transmettre ?
La cousine de Guy Môquet, Michelle Bouhours, âgée de 76 ans, déclare que "la lecture de sa lettre ne doit pas être imposée" (Le Parisien). Avant même d'examiner l'opportunité du facultatif ou de l'obligatoire, il me semble qu'il serait nécessaire de juger le fond même de la démarche de l'Etat. Que ce dernier ait évidemment le souci et la charge de diffuser dans tous les établissements scolaires et pour l'ensemble des enseignants un contenu pédagogique unifié et cohérent, indiscutable et à respecter, me paraît une évidence. C'est ce qui nourrit la substance même de l'enseignement, dans toutes les matières concernées. En ce sens, un professeur qui oserait refuser la loi commune serait à blâmer, à sanctionner. Il défierait des prescriptions que l'Etat a pour mission d'édicter.
Mais pour la lecture de la dernière lettre de Guy Môquet, nous ne sommes plus dans ce cadre. Il s'agit d'une vision éthique, historique, mémorielle que les pouvoirs publics ont décidé de propager et de rendre obligatoire. Cette contrainte résulte d'un dessein présidentiel qui a choisi de généraliser sa sympathie citoyenne sans se soucier des aléas de l'Histoire et de l'autonomie des professeurs. Difficile en effet de soutenir que ceux-ci seraient tenus, comme pour le pédagogique, au respect de toutes les sollicitations à la fois subjectives et politiques d'un Etat dont on peut sérieusement se demander s'il est fondé à les imposer et donc à en exiger l'application une fois par an. C'est prendre le risque grave de poser une chape uniforme sur la conscience et la culture de chacun.
Je ne suis pas sûr que ce rituel scolaire célébré par beaucoup dans notre démocratie - même si d'excellents historiens, comme par exemple Jean-Pierre Azéma, dénoncent "cette caporalisation mémorielle et le dirigisme" envers les enseignants -, ne soit pas lourd de menaces pour l'avenir. L'ordre donné par un Etat à des fonctionnaires dont l'obéissance, l'absence d'esprit critique sont désirées, sur des sujets qui ne relèvent pas du champ strict de la compétence du premier ni des devoirs des seconds laisse imaginer ce que pourrait devenir une telle pratique sous d'autres cieux politiques.
L'Etat généreux mais qui se mêle de ce qui ne le regarde pas, devrait prendre garde à ce que ce mélange détonant pourrait entraîner comme catastrophe démocratique si nous nous laissions aller. Nous ne sommes à l'abri de rien. Des fonctionnaires tristement passifs, un Etat omniprésent et impérieux, demain, pour de mauvaises causes : le totalitarisme serait à craindre.
« pourquoi, avant la demande présidentielle, ne parlait-on pas dans toutes les chaumières de cette histoire de France qui nous appartient à tous ? » écrivez-vous monsieur JPLedun.
Sans doute tout bêtement, monsieur Ledun, sous forme d’une lapalissade, parce que les questions n'ont reçu aucune réponse ? Parce que dans les familles françaises on ne « devait » pas en parler ? Ou parce qu’il y avait un manque de curiosité et que les enfants d’anciens lorsqu’ils s’y intéressèrent, si toutefois ce fut le cas, leurs parents étaient partis ? Un manque d’intérêt envers la vie, la jeunesse des parents peut-être tout bonnement ?…. Une autre génération.
Et puis c’était « la drôle de guerre ». Après la guerre certains n’avaient sans doute pas envie d’expliquer : quinze jours de combat : la défaite, la retraite, les prisonniers, l’exode, l’occupation, la collaboration…
Les poilus de 14 ne parlaient pas de leur guerre. Sauf entre eux ! Du moins très peu, en dehors des écrivains…
La lettre de Guy Môquet, thème de ce billet, couvre une des périodes particulièrement tragiques de notre Histoire et qui n’est pas le reflet d’une époque glorieuse pour bien des français. Beaucoup furent prisonniers, puis volontaires ou enrôlés au STO… Certains n’ont pas résisté…
Période où il y eut beaucoup de délations, de dénonciations, de trahisons… de collaboration qui touchèrent toutes les classes sociales. Même celles dites supérieures.
C’était aussi le régime.
Cette période a permis l’assouvissement de vengeances, d’envie, de convoitise, de règlements de compte, de spoliations, d’humiliations…. La jalousie envers un(e) rival(e), un statut, un niveau de vie, un réfractaire au STO, un communiste, un étranger, un « juif camouflé» qui exerçait une activité interdite, un marché noir, un mariage indésirable……
Des parents dénonçaient leurs enfants, les enfants leurs parents !
Période noire !
Au début de la guerre, les allemands réquisitionnèrent les fusils, les voitures… mon grand-père fut dénoncé par ses voisins parce qu’il en possédait un… tout comme fut réquisitionné son logement….
Il est vrai qu’il y aurait eu bien des faits à collecter…
Tous les récits auraient-ils été réels ou avec quelques arrangements ?
Et nous-mêmes qu’aurions-nous fait si nous avions vécu cette période ? Surtout lorsque l’on connaît tout particulièrement l’issue de cette guerre.
A la libération, le nouveau pouvoir obligea les Alsaciens à remplir des formulaires détaillant leurs activités entre 1940 et 1945 que tous les habitants pouvaient consulter et compléter, porte ouverte là encore à la délation et à la dénonciation qui étaient considérés comme un acte citoyen.
Alors la lettre de Guy Môquet demeure l’hommage à « une jeunesse » résistante, d’un parti pas très clair, alors qu’il y en eut tellement d’autres, de tous âges !
Puisque c'est la résistance que l'on veut souligner, je me demande si la « chanson de la résistance » ne seraient pas plus appropriée ?
Complainte du Partisan
http://www.dailymotion.com/video/xn8x7_complainte-des-partisans_creation
Paroles : Emmanuel d’Astier de la Vigerie dit " Bernard ".
musique : Anna Marly.
Ecrit à Londres en 1943.
Les Allemands étaient chez moi
On m’a dit résigne toi
Mais je n’ai pas pu
J’ai repris mon arme.
J’ai changé cent fois de nom
J’ai perdu femme et enfants
Mais j’ai tant d’amis
J’ai la France entière
Un vieil homme dans un grenier
Pour la nuit nous a cachés
Les Allemands l’ont pris
Il est mort sans surprise.
Personne ne m’a demandé
D’où je viens et où je vais
Vous qui le savez
Effacez mon passage.
Hier encore nous étions trois
Il ne reste plus que moi
Et je tourne en rond
Dans la prison des frontières.
Le vent souffle sur les tombes
La liberté reviendra
On nous oubliera
Nous rentrerons dans l’ombre.
Léonard Cohen
(Pour ceux qui écouteront Léonard Cohen les paroles sont placées telles qu'elles sont chantées.)
Maintenant peut-être qu'un historien de ce blog a une version à faire partager ! Plus logique.
Rédigé par : Marie @ JPLedun | 31 octobre 2009 à 18:53
"L'Histoire de France appartient à tous et non comme outil de propagande à un parti. “
Je suis bien d'accord avec vous.
Je me pose tout de même la question : pourquoi, avant la demande présidentielle, ne parlait-on pas dans toutes les chaumières de cette histoire de France qui nous appartient à tous ?
Si cette lettre n'avait servi qu'à nous réveiller, ce serait déjà beaucoup.
Rédigé par : jpledun@Marie | 27 octobre 2009 à 23:08
@ Marie
Très intéressant votre commentaire écrit avec passion : à méditer !
Rédigé par : J.A | 26 octobre 2009 à 19:55
Avertissement, mon commentaire est fort long, désolée pour les lecteurs pressés, pardon par avance, mieux vaut pour eux passer !
La lettre de Guy Môquet.
A mon humble avis, cet écrit doit rester dans le libre choix de l’enseignant.
Le candidat NS : « Ceux qui ont osé dire que je n’avais pas le droit de citer Guy Môquet parce que je n’étais pas de gauche, je veux dire que je demeure stupéfait de tant de sectarisme. Guy Môquet appartient à l’histoire de France et l’histoire de France appartient à tous les Français. » (Discours du 18 mars 2007)
En 2008, le ministère EN évoquait la liberté pédagogique des enseignants pour marquer cette journée.
Il y a utilisation de l’Histoire comme une propagande à l’usage de l’Etat.
Tout d’abord, à l’occasion de la lecture de la lettre de Guy Môquet est-il prévu de rappeler l’attitude du Parti communiste de l’époque, sa collaboration, son antisémitisme, à savoir :
Le PCF fut antisémite, traître à la Patrie, valet du totalitarisme soviétique, et, en 1940, de l’occupant nazi.
« Des négociations furent engagées par le Parti communiste français, dès le 18 juin 1940, avec les autorités allemandes d’occupation le lieutenant Weber de la Kommandantur par Denise Ginollin, militante, (puis député communiste), arrêtée deux jours plus tard par la police française en même temps que Maurice Tréand.
Sur celle-ci fut trouvé un carnet de notes dans lequel figurait l’argumentaire pour la négociation entre Maurice Tréand, responsable PCF, et Otto Abetz, représentant de Von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères allemand, visant la reparution de l’Humanité et la légalisation du PCF.
Quelques citations :
« Vous avez laissé paraître journaux communistes dans d’autres pays : Danemark, Norvège, Belgique. Sommes venus normalement demander autorisation…
Sommes communistes, avons appliqué ligne PC. Sous Daladier, Reynaud, juif Mandel. Juif Mandel nous a emprisonnés et [a] fusillé des ouvriers qui sabotaient Défense Nationale…
Pas cédé face dictature juif Mandel et du défenseur des intérêts capitalistes anglais Reynaud… Notre défense du pacte (germano-soviétique) vous a avantagé. Pour l’URSS nous avons bien travaillé, par conséquent par ricochet pour vous. »
Ce texte antisémite (archivé) avoue que le PCF sabota les usines d’armement, en 1939-1940. Cette démarche auprès des Allemands était souhaitée par Jacques Duclos, chef du parti en France, et Maurice Thorez, réfugié à Moscou, qui envoya à Duclos ce télégramme, daté du 22 juin 1940, cosigné par Georgi Dimitrov, secrétaire général de l’ITC (Internationale des travailleurs communistes) : « Utilisez moindre possibilité favorable pour faire sortir journaux syndicaux locaux, éventuellement l’Humanité […] ».
Juin 1940 la négociation secrète
Jean-Pierre Besse et Claude Pennetier
S’il s’agit uniquement d’évoquer les valeurs d’une jeunesse énergiquement tournée vers le sacrifice patriotique. La guerre de 1914 a révélé des foultitudes d’exemples de valeureux patriotes qui ont eux aussi sacrifié leur vie pour la France.
Nous aurions alors pu lire pour exemple un extrait du livre de Blaise Cendrars : « J’ai tué »
« Mille millions d'individus m'ont consacré toute leur activité d'un jour, leur force, leur talent, leur science, leur intelligence, leurs habitudes, leurs sentiments, leur cœur. Et voilà qu'aujourd'hui j'ai le couteau à la main. L'eustache de Bonnot. "Vive l'humanité!" Je palpe une froide vérité sommée d'une lame tranchante. J'ai raison. Mon jeune passé sportif saura suffire. Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J'ai bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute la machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle. Je vais braver l'homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. À nous deux maintenant. À coups de poing, à coups de couteau. Sans merci, je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J'ai tué le Boche. J'étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J'ai frappé le premier. J'ai le sens de la réalité, moi, poète. J'ai agi. J'ai tué. Comme celui qui veut vivre. »
Pas assez pathos…. Trop violent, peut-être !
Et...... il n'est pas mort à la guerre !
En réalité, à travers la lettre de GM, il a détournement de personne historique, instauration d’une mémoire officielle qui opère par amalgame en gommant tout effet de contexte ou de divergences politiques avec en partie une visée électoraliste.
Dans la France de la fin du XIXème siècle, l’école fut investie comme l’un des lieux stratégiques d’intégration nationale. L’histoire scolaire s’est posée comme un outil de fabrication et de légitimation de ce sentiment national. Nicolas Sarkozy ne cache pas aujourd’hui son admiration pour l’école de Jules Ferry : « Nous ne referons pas l’école de la IIIème République à l’heure d’internet, de la télévision ou du portable. Mais nous pouvons, nous devons en retrouver l’esprit. » (Discours du 23 février 2007 à Perpignan).
L’« affaire » de la lettre de Guy Môquet prend tout son sens.
La lecture d’une même lettre de résistant témoigne d’une forme de parrainage du récit historique scolaire dont il ne faut pas sous-estimer la portée idéologique. Lue hors programme, et quel que soit le niveau de classe, cette lettre est déconnectée de son contexte et servira de véhicule à des valeurs données comme universelles, mais totalitaristes. Elle ne devient qu’un contenu au service de la transmission d’une idéologie d’État : le message adressé aux adolescents pourrait se réduire à des qualités morales : « Qu’il étudie bien [Guy Môquet parle de son petit frère] pour être un homme » ; « Petit papa, j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracée » ; « Ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose (…) Vive la France »…
Le travail, la famille, la patrie… triste rappel….
Activer le pathos est un procédé démagogique (pédagogique) efficace, la lettre de Guy Môquet permet à Nicolas Sarkozy de policer la jeunesse lycéenne et la mobiliser autour de la vision sacrificielle de la nation et de l’identité nationale qui chosifie l’usage de l’Histoire.
Des enseignants préfèrent de loin utiliser la lettre de Manoukian. Louis Aragon, poète engagé, écrit en 1955 : « Strophes pour se souvenir », poème extrait du Roman Inachevé, en mémoire du groupe Manouchian, résistants étrangers fusillés par la Gestapo en 1944. L'annonce de leur condamnation avait été faite par le biais d'une affiche reproduisant leurs photographies, et qui est restée sous le nom de l'Affiche rouge. Mais ce sont des étrangers ! La mort a-t-elle des frontières ?
Strophes pour se souvenir
Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant.
Louis Aragon, Le Roman Inachevé
Chanté par Jean Ferrat et Léo Ferré.
L'Histoire de France appartient à tous et non comme outil de propagande à un parti !
Rédigé par : Marie | 25 octobre 2009 à 11:22
« Nous ne sommes à l'abri de rien. Des fonctionnaires tristement passifs, un Etat omniprésent et impérieux, demain, pour de mauvaises causes : le totalitarisme serait à craindre. »
Il y a plusieurs décennies un ministre du nom de Haby avait réformé la méthode de lecture d’alors par celle de « Paul et Valérie » qui s’est avérée catastrophique pour certains enfants du primaire qui la subirent. Résultat une incapacité à lire correctement et une orthographe désastreuse, puis des parents qui se tournèrent toujours et encore vers la traditionnelle méthode « Boscher » !
Le totalitarisme !
Les journalistes critiquent la politique, les polémiques du moment et hop, il est question de créer un « Ordre des Journalistes » afin de mieux museler et diriger l’information ! Cette hypothèse me ramène aux livres de Karl Kraus : « Derniers Jours de l’humanité » et « Troisième nuit de Walpurgis », deux ouvrages majeurs publiés récemment.
Extrait d’un article de Alain Accardo
Le Monde diplomatique, août 2005
« Ces ouvrages, élaborés quasiment à chaud, dans un esprit militant, l’un dans le contexte de la Première Guerre mondiale, pour stigmatiser la guerre et le bellicisme, l’autre dans le contexte de la montée du nazisme en Allemagne et en Autriche, pour en dénoncer la folie criminelle, conservent néanmoins une réelle actualité et ont encore quelque chose d’important à dire aux Français, et plus largement aux Européens, de ce début de XXIe siècle célébré à l’envi comme une ère de paix, de prospérité et de liberté pour tous.
Justement, une démarche dont on pourrait dire qu’elle est d’inspiration krausienne consisterait à dénoncer le règne du faux-semblant généralisé dans lequel la France et les autres puissances occidentales, sont installées. Contrairement aux apparences, ce monde « développé » moderne, ne connaît ni la paix, ni la prospérité, ni la liberté pour tous, sinon en trompe-l’œil comme privilèges de minorités dominantes, masquant une réalité fondamentalement faite de violence, d’inégalité et d’oppression. La barbarie moderne n’a pas diminué, mais elle a appris à se farder davantage.
On fera remarquer que cette dénonciation est déjà, de façon de plus en plus explicite, à la base du refus que beaucoup de gens opposent au système établi. Il n’est pas douteux, en effet, que des personnalités, voire des petits groupes militants, font preuve d’une lucidité, d’une rigueur de pensée et d’un courage intellectuel et moral qui pourraient être qualifiés de krausiens, même si ces qualités ne s’accompagnent pas nécessairement d’un égal talent de satiriste. Mais l’existence d’un courant de critique radicale ne saurait faire oublier la persistance massive de ce qui constituait la cible centrale de Kraus et qu’il désignait globalement du terme de « bêtise ». Pratiquement tous les ingrédients de l’effarante stupidité qu’il stigmatisait sans relâche dans sa revue Die Fackel et dans ses livres, sont toujours agissants dans le monde actuel, et souvent même se sont renforcés.
Kraus ne s’attaque pas à une idée métaphysique de la bêtise, mais à ses manifestations et incarnations concrètes dans la société de son temps. En démontant ses multiples formes environnantes, il en dégage des aspects essentiels, parfaitement reconnaissables à notre époque encore, dont le trait commun est l’incapacité d’analyser rationnellement la réalité et d’en tirer les conséquences. L’hitlérisme par exemple est pour Kraus un fatras d’insanités idéologiques et de mensonges éhontés qui ne saurait résister à un examen de la saine raison. Mais ce qui rend ce délire irrésistible, dans l’Allemagne des années 1930, c’est que les nazis sont passés maîtres dans l’art de soumettre l’intellect aux affects, de rationaliser des émotions viscérales, de « faire passer la bêtise, qui a remplacé la raison, pour de la raison, de transformer l’impair en effet, bref dans ce que l’on appelait autrefois : abrutir ». Comme le commente de son côté Bouveresse, (dans sa préface) cette entreprise de « crétinisation caractérisée » a pour résultat de faire « perdre tout sens de la réalité, aussi bien naturelle que morale » aux individus soumis en permanence au pilonnage de la propagande.
C’est très exactement l’état dans lequel la propagande d’aujourd’hui, développée, systématisée et euphémisée (dixit dans le texte) sous les espèces de la « communication » et de l’« information », tend à mettre les populations, au bénéfice des grands exacteurs de l’ordre établi. L’honnêteté oblige à dire qu’aujourd’hui comme hier, et peut-être plus encore, le processus d’abrutissement par l’évacuation de la réflexion critique, par le martèlement des slogans exaltant le vécu immédiat, le pulsionnel et le fusionnel, par la réduction du langage au boniment publicitaire et par l’appauvrissement intellectuel qui l’accompagne, a pénétré profondément l’ensemble de la culture et de la vie sociale et provoqué de terribles dégâts. Lorsque le discours public ne sert plus qu’à masquer le vide de la pensée, à proférer avec aplomb des arguments spécieux ou controuvés, à habiller d’une apparence de bon sens le déni de toute logique rationnelle, à rendre admirables et honorables des actes ou des idées ignobles et méprisables, lorsque parler et écrire ne sont plus, pour beaucoup, que des moyens, non pas de chercher vérité et justice, mais de séduire et de mentir aux autres comme à soi-même, bref quand le langage n’est plus que le véhicule d’une manipulation démagogique et un instrument de domination parmi d’autres, mis au service des puissants par des doxosophes de tout acabit, alors c’est une tâche primordiale, pour ceux qui savent encore ce que parler veut dire et refusent de s’en laisser conter, de mettre méthodiquement en lumière, comme faisait Kraus, le fonctionnement de la machine à abêtir.
Si Kraus pourfendait impitoyablement la bêtise sous toutes ses formes, ce n’était pas tant la bêtise puérile et honnête, si l’on peut dire, celle des esprits simplets, que celle des intelligents, la bêtise chic et distinguée, instruite et éloquente, spécialement chez ceux des intellectuels qui utilisent la culture et le raisonnement à rendre acceptable, par eux-mêmes et par les autres, la démission intéressée de l’entendement en face de certaines situations réelles. Ainsi, pour n’en donner qu’un exemple particulièrement significatif, Kraus fustigeait-il « ces hommes de main qui font dans la transcendance et proposent dans les universités et les revues de faire de la philosophie allemande une école préparatoire aux idées de Hitler ». Parmi eux, il s’en prenait particulièrement à Heidegger, dont les nazis avaient fait un recteur de l’université et qui « alignait ses fumeuses idées bleues sur les brunes » en appelant ses étudiants au culte du Führer et au « service militaire de l’esprit ». Sans aucun égard pour la réputation de philosophe éminent que s’était acquise Heidegger, Kraus décoche ce trait, qui n’est pas chez lui simple banderille : « J’ai toujours su qu’un savetier de Bohême est plus proche du sens de la vie qu’un penseur néo-allemand. »
Plus généralement Kraus excelle à mettre le nez dans leur incohérence à tous les faiseurs de démonstrations qui s’ingénient à bricoler des prémisses rationnellement acceptables pour justifier des conclusions dictées d’avance par des croyances affectives et des intérêts partisans, tels que les préjugés racistes ou nationalistes, ou, davantage encore, à tourner en dérision ceux qui, abdiquant toute exigence intellectuelle, se félicitent de faire partie des gens qui, comme l’écrivait un éditorialiste, « ont appris, comme nous, à renoncer à tout degré dans l’ordre de l’intellect pour non seulement vénérer un tel Führer mais l’aimer tout simplement ».
Alain Accardo
Le Monde diplomatique, août 2005
Quant à la lettre de GM, demain peut-être.
Je m'arrête là pour ce soir.
Bonne nuit à tous.
Rédigé par : Marie | 24 octobre 2009 à 22:16
La vie est très belle M. Ludovic (?)
Je rentre d'une très belle soirée. Le cirque de mes débuts est dans la ville. La direction a eu la gentillesse de m'inviter. Ce soir c'était la première. Chapiteau bondé, bonne ambiance, des rires et de l'étonnement toutes les deux minutes. Standing ovation.
Alors oui, nos petites polémiques virtuelles me semblent bien dérisoires comparées á la réalité de ces 1.800 personnes mélangées, contentes d'être là, curieuses et étonnées.
Vraiment la vie ici sur ce blog et la vie dans la vie, cela n'a rien á voir.
Devinez ce que je préfère des deux ?
"All you need is laugh"
C'est le titre du spectacle...
Rédigé par : jpledun@ Ludovic ? | 24 octobre 2009 à 02:56
J'ajoute, M. C., que je ne suis pas ici pour dispenser mes leçons en politique mais simplement vous soumettre MON opinion.
Vous m'avez posé une question j'y réponds. Si vous ne supportez pas la réponse, ne me posez pas de question svp.
Puisque vous ignorez la moitié de mon post, je vous le soumets une seconde fois.
BUZZ :
200 journalistes accrédités pour "faire une image" sur l'élection du président de l'Epad. Combien d'entre eux nous ont tenu informés sur l'Epad ? Combien d'entre eux ont développé ? Combien d'entre eux ont investigué ?
Buzz : mort de rire sur France 2 ce midi, où la journaliste russe nous avoue être venue pour rien, que son reportage ne servira á rien, puisque le dauphin qui craint les requins, a, la veille, brillamment expliqué aux Français pourquoi il se retirait...
C'est ce que j'appelle être mal informé.
Alors qui croire ?
Rédigé par : jpledun@ C. | 24 octobre 2009 à 02:34
Laissez le soin á PB de décider de publier ou non un post hors sujet.
Décidément vous vous comportez comme un vrai petit "dictateur" en herbe.
"Faites ceci, faites cela, expliquez-NOUS, JPL au poteau" (Totalitaire, quoi)
Dernier essai :
Ce n'est pas le canular qui est important Monsieur C., ce qui compte, c'est nous. Nous tous capable de croire á celui-ci.
Sur cette base, moi je prétends que nous sommes, en général, très mal informés.
Que vous trouviez cela suffisant de ma part, je n'en ai rien á cirer. Ce n'est d'ailleurs pas le but du jeu.
Si je devais dénigrer comme vous le faites, en plus dans l'anonymat total, chaque commentateur qui ne me plaît pas, je passerais mes nuits à taper sur mon clavier...
"All you need is laugh“
(Cherchez pas á comprendre)
Rédigé par : jpledun@ C. | 24 octobre 2009 à 02:23
Rebonjour,
Cette coïncidence de l'affaire Jean Sarkozy et Guy Môquet, hasard ou nécessité ?
En tout cas le Président n'est pas superstitieux.
Ha ! Le Destin !
Ali soutek ali soutek bel rena...
Moi je dis à Jean :
Laisse tomber ces tours et va faire du vélo au bois de Boulogne.
Il ne faut pas toujours penser à son papa chéri.
Je n'aime pas cette lettre.
Si j'étais enseignante je me serais laissée virer plutôt que de la lire.
Elle a un parfum de kamikaze.
Je préfère : "Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie...
Jean Jean vis !
Rédigé par : Duval Uzan | 23 octobre 2009 à 21:19
Pour répondre à la question titre de Philippe Bilger : mieux, il pourraient montrer comment la liberté peut aussi naître de la contrainte...
La désobéissance pure, les élèves l'ont déjà assimilée.
Rédigé par : Alex paulista | 23 octobre 2009 à 19:12
Cruel rime avec Axel, cher Ludo. D'ailleurs, j'ose ici la question, va-t-il enfin s'inscrire en seconde année de droit ?
Pas notre ex détenu en Sarkozy (quoique le soyons un peu tous, mais soyons honnête, si c'est un pays médiocre, ce n'est en rien le bagne, PB a glissé sur sa métaphore totally out of mind), notre privé de magistrature, l'O2, non non, pas lui, je veux parler du brillant filleul de la toujours délicieuse Mme Balkany.
Quant aux gardiens de prison, vu le boulot qu'ils se coltinent, si sont bien des gens à épargner, ils en sont... c'est pas du côté des conseils d'administration pénitentiaires qu'on fait ses choux gras. Tous ces types auxquels ils n'ont pas trop intérêt à tourner le dos, brrr... qu'il y fait froid.
AO
Rédigé par : oursivi | 23 octobre 2009 à 19:08
jpledun, vous me voyez ravi de vous amuser. Ayant renoncé à trouver une définition de ce que pourraient être des propos "totalitaristes", je vous dispense néanmoins de chercher à m'éclairer.Je crains le pire.
Je ne vous demandais pas, par ailleurs,une définition du buzz, mais de nous expliquer vos propos obscurs relatifs à la "presse MONDIALE", je vous cite :
« Vu l'état de la presse MONDIALE avec leurs buzz, bugs, fausses infos et coups publicitaires á répétition, cela fait vraiment trembler. »
Vos allusions à un canular publicitaire américain ont peu à voir avec le sujet du billet de Philippe Bilger.
Vos leçons politiques dispensées hors de propos sont bien à l’image de votre idole : suffisantes, mais pas nécessaires.
Rédigé par : Christian C | 23 octobre 2009 à 18:56
@J.P. Ledun,
C'est de bonne guerre, je vous ai attaqué le premier, mais vous êtes un peu rancunier.
Rassurez-vous pour vos enfants, mon établissement n'est pas en Autriche.
"Va, je ne te hais point" Corneille, Le Cid.
Rédigé par : Ludovic | 23 octobre 2009 à 18:46
@ Catherine Jacob
Parquet ou moquette ?
La classe s'amuse !
Rédigé par : mike | 23 octobre 2009 à 18:32
@Oursivi,
"Je sais de quoi je parle puisque j'ai donné ma démission en 1989 au Ministère de la Justice pour aller dans le privé."
Rédigé par: fanfan O2 | 23 octobre 2009 à 11:47
Qu'y étiez-vous ? Détenu ? Ce ne sont plus des moulins ce sont des courants d'air"
Vous êtes cruel cher Axel, moi je penchais pour gardien de prison, vu le niveau des arguments de l'impétrant ce n'était pas magistrat en tout cas. Sans mépris de ma part pour les gardiens de prison dont le métier n'est certainement pas une sinécure.
Rédigé par : Ludovic | 23 octobre 2009 à 18:23
L’Humanité du 13 juillet 1940 :
"Les conversations amicales se multiplient entre travailleurs parisiens et soldats allemands : nous en sommes heureux. Apprenons à nous connaître, et quand on dit aux soldats allemands que les députés communistes ont été jetés en prison et qu'en 1923, les communistes se dressèrent contre l'occupation de la Ruhr, on travaille pour la fraternité franco-allemande"
Ce texte a été soutenu par la famille Môquet puisque le père de Guy était député et presque toute sa famille au parti communiste.
Quant à Guy Môquet lui même, a-t-il été fusillé comme otage résistant ou comme communiste ? Nous sommes le 22 octobre 1941 et l'Allemagne et l'URSS sont en guerre depuis le 22 juin 1941. Il y a comme une antinomie entre l'Humanité du 13 juin 1940 et la lecture de la lettre de Guy Môquet. Si le Président tenait à la lecture d'une lettre écrite par un adolescent avant son exécution, et hélas Guy Môquet ne fut pas le seul, il aurait été préférable que cette lettre soit sur le fond plus neutre politiquement.
Rédigé par : Bernard-27400 | 23 octobre 2009 à 18:18
Dans un éditorial du journal gratuit Directsoir, Michèle Cotta reprend à son compte, sans la moindre nuance ni la moindre réserve, l'imposture de Guy Môquet héros de la Résistance. Pourtant, Michèle Cotta n'est pas n'importe qui, elle a la culture historique d'une autre époque, que n'ont plus les contemporains du Président de la République, elle a été aussi l'auteur d'un travail universitaire sur la période de l'Occupation... et pourtant, elle participe à l'imposture et contribue à la diffuser dans un média populaire ! Pourquoi ?
Rédigé par : Guzet | 23 octobre 2009 à 17:28
Concernant les conseils d'admin, si y sont parfois des gens intelligents (pas de la seule intelligence d'avoir su arriver là), ceux-là sont aussi le cadre d'extravagants cadeaux (je sais ne rien vous apprendre sauf à notre glorieux libéralo-avancé JPL), telle cette histoire narrée par une amie polyglotte y ayant accompagné un de ces "fils à" et paradoxalement ami (...?) et même l'y aida lors d'un conseil où le vieux et inabouti vieux jeune homme n'avait pied*, la réunion se tenant dans la langue de Shakespeare là où il ne maîtrisait que celle de Guy Lux. On ne rit pas, c'est aussi là que nos destins se font, que les grands groupes et la société qu'ils entendent modeler à leur avantage, se "modernisent".
AO
* malgré ses 6-8, je ne sais plus, mille euros de jetons de présence
Rédigé par : oursivi | 23 octobre 2009 à 16:13
Cher fanfan O2
Vous écrivez
"Les profs et tous les autres fonctionnaires ont signé un contrat avec leur employeur qui est en l'occurrence l'Etat et s'ils ne sont pas d'accord ils démissionnent (ce serait comme ça dans le privé n'est-ce-pas !)."
Non, ce n'est pas comme ça dans le privé. Un exemple typique : si vous êtes responsable local d'une multinationale française à fort savoir-faire, vous aurez de grosses pressions de la holding pour exporter le profit vers des pays moins taxés (de plus en France les syndicats ne la ramènent que lorsque la boîte fait du bénéfice). Ou pour exporter le savoir-faire en formant des collègues des unités étrangères.
Cela est en toute rigueur illégal (c'est piller le capital social), mais improuvable car il faut être expert pour évaluer le juste prix de transfert entre deux unités d'un produit non fini.
Eh bien, dans ce cas, dans le privé aussi, les patrons qui ont un peu de c...ourage refusent les ordres et disent à ces grands gestionnaires : ok, si vous voulez faire ça il faudra me virer.
Comme les patrons au niveau de la holding ont trop peur d'assumer de détruire l'organisation d'une boîte qui marche, en général ils font marche arrière.
Les syndicats n'y comprennent rien et attaquent de plus belle le patron qui les protège en gardant le bénéfice au niveau local.
Voilà, c'était juste un exemple. Le privé et le public ont besoin, de manière identique, de personnel avec un peu de courage et de principes.
Rédigé par : Alex paulista | 23 octobre 2009 à 15:58
"Frédéric Mitterrand trouvera certainement quelqu'un pour réaliser une sculpture du jeune communiste éphèbe héroïque"
Rédigé par: david | 22 octobre 2009 à 19:56
Et 'Fred' nous fera même l'économie de son entretien, il viendra la polir lui-même.
Le premier qui dit que celle-là sera traitée
"aux petits oignons" gagne une tournée de plumes goudronnées.
Cela dit ce même neveu est à mes yeux tout à fait compétent pour le job confié, il a la culture le bagage le parcours qui va, quelques écarts aux "bonnes moeurs" (tant qu'ils sont dans les limites précisées par mes précédents envois) qu'il ait faits. Il n'a rien d'un parachuté, lui. Il a lui oeuvré avant de pouvoir parler des oeuvres des autres.
Les propos de beaucoup incluant la fille de Jacques Delors les enfants Giscard ou Mitterrand, propos ouïs même chez l'intéressant Zemmour, sont d'une rare impertinence - pas au bon sens de railleur de notabilité - mentionnant des gens qui ont tous fait leurs preuves théoriques avant qu'on ne leur confie du pratique, tous complétant des parcours d'études complets, confiant leur écrits bientôt jugés à des copies au nom masqué d'un pli, comme vous et moi.
Même les enfants Dassault (X) ou Largardère (DEA Dauphine) ont appris à se mesurer à des manants de condisciples et cette règle est en général vérifiée avec peu de contre exemples (Bouygues a étrangement confié son groupe au plus cancre de ses fils).
Là, avec JS partout, nous avons une belle illustration de ce milieu où il ne s'agit pas de savoir maîtriser - encore moins élargir-approfondir - un contenu
transcendant (c'est-à-dire existant en dehors de la comédie humaine), mais où seul diriger ceux qui ont eu l'humilité d'apprendre comme tous les autres hommes estimables, compte. Savoir s'exprimer, au sens de contrôler la bonne inflexion sociale et hiérarchique qu'auront ses mots, l'avantage managerial immédiat qu'il permettront, savoir faire oublier ses lacunes sous des tonnes d'autorité inventée, sous un sérieux inentamable, tel est le fonctionnement de tels hommes.
Me revient la scène où en chasse aux votants dans les rues de Neuilly, il les hypnotisait d'un simple, "NOUS avons rendez-vous dimanche" avec le regard atroce de circonstance, avec ce côté "en l'instant il n'y a que vous et moi" que n'osent même plus les marchands d'aspirateur, ensemble de techniques qui ferait presque passer un fantoche comme Séguéla pour un penseur.
Nous en sommes là.
AO
Rédigé par : oursivi | 23 octobre 2009 à 15:51
@Monsieur Christian C.(?)
Vos propos totalitaristes m’amusent.
"Je tenais surtout à vous rassurer, jpledun. Même si vous le demandiez, nous resterions, je crois, assez nombreux à ne pas partager votre opinion. Et puis quoi encore ? "
Puisque je vous demande de tout mon être de ne pas partager mon opinion ! Et puis, dans l’anonymat, contentez-vous de parler pour vous.
Qu’est-ce qu’un buzz ?
International : je ne reviens pas sur cette histoire de ballon dirigeable avec soi-disant un enfant á son bord, qui a fini par être un coup publicitaire organisé par le papa (ha, ha). Et tout le monde d’être pendu au poste pour voir ça. Et tout le monde d’y croire. Information reprise en boucle par tous (BMF TV comprise)
National :
200 journalistes accrédités pour "faire une image" sur l'élection du président de l'Epad. Combien d'entre eux nous ont tenu informés sur l'Epad ? Combien d'entre eux ont développé ? Combien d'entre eux ont investigué ?
Buzz : mort de rire sur France 2 ce midi, où la journaliste russe nous avoue être venue pour rien, que son reportage ne servira á rien, puisque le dauphin qui craint les requins a, la veille, brillamment expliqué aux Français pourquoi il se retirait...
Finalement nous avons quand même vu 6 personnes joliment habillées en costume d'époque. Les journalistes ne sont pas venus pour rien...
Ils en ont des ronds les journaux pour payer des frais de déplacement á leurs journalistes.
Allez, bon courage.
Rédigé par : jpledun@Christian C. | 23 octobre 2009 à 15:25
@fanfan O2
Les gouvernements passent, les fonctionnaires restent. Sauf les préfets, les D.D.S.P et certains procureurs généraux que l'on limoge pour un oui ou pour un non.
Rédigé par : Ludovic | 23 octobre 2009 à 15:00
Cher ami,
Vous posez en réalité au moins trois problèmes dans l'approche de ce dossier :
- premièrement : cette lettre, et à travers elle son auteur, est-elle un choix judicieux pour montrer ce que fut cette période ô combien difficile de notre histoire ?
- deuxièmement : l'Etat peut-il imposer à ses professeurs une lecture comme celle-ci ?
- troisièmement : l'indépendance des professeurs face au pouvoir politique ?
J'aurai pu ajouter le rôle et la légitimité des conseillers de la présidence et des cabinets ministériels... bref le débat est large et probablement très polémique. Chacun y répond selon sa sensibilité, sa nature et son état....
Je laisse à chacun le soin d'apporter sa réponse. Pour ce qui me concerne je pense qu'il eut été sans doute préférable que le président et ou ses conseillers se fussent abstenus sur ce sujet : dans la situation actuelle imposer quoi que ce soit relève aussi de la maladresse politique voire d'une maladresse de gouvernance.
En effet dès lors qu'on s'aventure sur le terrain de l'éducation, tous les clignotants se mettent à clignoter, à bon ou à mauvais droit d'ailleurs.
Bien cordialement à vous
Jean Pierre FRUGIER
Rédigé par : FRUGIER Jean Pierre | 23 octobre 2009 à 13:53
"Je sais de quoi je parle puisque j'ai donné ma démission en 1989 au Ministère de la Justice pour aller dans le privé."
Rédigé par: fanfan O2 | 23 octobre 2009 à 11:47
Qu'y étiez-vous ? Détenu ? Ce ne sont plus des moulins ce sont des courants d'air.
AO
Rédigé par : oursivi | 23 octobre 2009 à 13:35
@fanfan02
L'enseignement a déjà démissionné depuis longtemps.
Rédigé par : Bernard-27400 | 23 octobre 2009 à 13:19
Je ne suis pas d'accord avec vous M. Bilger. Les profs et tous les autres fonctionnaires ont signé un contrat avec leur employeur qui est en l'occurrence l'Etat et s'ils ne sont pas d'accord ils démissionnent (ce serait comme ça dans le privé n'est-ce-pas !). Y'en a marre de tous ces fonctionnaires qui veulent tout régenter ! Je sais de quoi je parle puisque j'ai donné ma démission en 1989 au Ministère de la Justice pour aller dans le privé.
Rédigé par : fanfan O2 | 23 octobre 2009 à 11:47
Dans un pays qui a consenti aux lois mémorielles, Gayssot, Taubira, etc., on a admis que le vote populaire avait le dernier mot dans l'appréciation du passé du pays. Sarkozy est élu au suffrage universel, il a donc plus de légitimité qu'un professeur pour dire la vérité historique. Pourquoi lui chercher noise ?
Et si beaucoup de professeurs s'efforcent à une neutralité "laïque", une proportion non négligeable n'hésite pas à faire de l'enseignement de l'histoire, de l'économie, de la philosophie ou même des langues vivantes, une tribune pour leur tropisme politique.
Je rêve d'un pays où ni le Parlement, ni le Président ne se mêleraient de réécrire l'histoire et où tous les professeurs s'abstiendraient de prosélytisme.
Je suis un grand naïf.
Rédigé par : Aristote | 23 octobre 2009 à 10:59
J'aurais préféré que dans nos écoles et en vertu d'un droit de mémoire à nos résistants, l'on puisse chanter en choeur sous l'occupant : "Une jolie fleur dans une peau de vache... une peau de vache déguisée en fleur" !...Oui ce 22 octobre 1941, malgré bien des malheurs en période d'occupation, Georges BRASSENS fêtait ses vingt ans ! Pour sa mémoire...
Rédigé par : J.A | 23 octobre 2009 à 09:17
N’en déplaise à ce cher jpledun,
On peut être français et trouver déplaisant que les policiers français contrôlent l’identité de citoyens uniquement en fonction de leur couleur de peau.
On peut être français et considérer comme assez ignoble de renvoyer dans leur pays en guerre trois personnes qui avaient trouvé refuge - pensaient-elles - en France.
Il n’est pas inconcevable, sauf par jpledun, que les entreprises de presse, de radio, de télévision, soient sous contrôle de « Sarko » (comme dit jpledun) mais pas les journalistes. Encore qu’avec la sulfureuse - pour le moins - Arlette, « Sarko » ait du souci à se faire. Plus anti-Sarko qu’Arlette, je ne vois que Frédéric Lefebvre.
On peut être français et trouver inquiétant de voir des fonctionnaires obligés de s’abriter derrière l’anonymat pour exprimer leurs opinions.
On peut être français et trouver déplaisant que la presse mondiale trouve la France ridicule du fait de « Sarko ».
Expliquez-nous donc, cher jpledun, qui semblez un expert de cette « presse mondiale », en quoi consistent donc ces « buzz, bugs, fausses infos et coups publicitaires á répétition » .
Je tenais surtout à vous rassurer, jpledun. Même si vous le demandiez, nous resterions, je crois, assez nombreux à ne pas partager votre opinion. Et puis quoi encore ?
Rédigé par : Christian C | 23 octobre 2009 à 09:12
Cher Philippe Bilger,
J'ai écrit un texte en réaction au vôtre. En tant que confrère blogueur associé de Marianne2, je me permets de vous en adresser le lien :
http://carnet.causeur.fr/antidote/oui-a-la-lecture-de-la-lettre-de-guy-mocquet,00433
Amitiés,
David Desgouilles - Antidote
Rédigé par : David Desgouilles | 23 octobre 2009 à 09:09
@Marcel Patoulatchi
"Est-il question de faire des dictées sur le parquet ?"
Vous voulez bien donner un petit exemple concret d'une dictée sur ce sujet SVP ?
Rédigé par : Catherine JACOB@Marcel Patoulatchi | 23 octobre 2009 à 09:06
Ah qu'il est beau le danger totalitaire en France.
Les policiers, depuis sarko, effectuent des contrôles d'identités… ouahh… (lu ici, un peu plus haut)
La presse entière est sous contrôle de Sarko.
Pour preuve, lisez les dernières parutions de vos quotidiens ou hebdomadaires. Que des papiers positifs…
La télévision est également sous contrôle.
"Ce soir ou jamais" édition du 22.10.09, vous a proposé ce soir un très joli plateau de fans du président. Ne manquait que PB...
Le proviseur anonyme se cache de peur des représailles pour ses prises de position très anti gouvernementales... lui qui comme tous ses collègues ne connaîtra jamais le chômage.
Ah oui, á propos, je comprends pourquoi maintenant les fonctionnaires de l'Education nationale, lors des dernières grandes manifs, étaient tous cagoulés. Ils risquent leurs jobs á contester impunément un régime totalitaire.
Je continue dans l'ironie, ou nous arrêtons de nous faire peur tous les trois post ?
Pour conclure :
Quel bel argument de dire que la France est ridicule (á cause de Sarko) dans la presse MONDIALE.
Vu l'état de la presse MONDIALE avec leurs buzz, bugs, fausses infos et coups publicitaires á répétition, cela fait vraiment trembler.
Ceci n'engage que moi. Je ne demande á personne de partager mon opinion (toujours en précaution d'un Ludovic gêné dans son travail. Dites-moi où vous exercez que je n'y mette pas mes enfants).
Rédigé par : jpledun | 23 octobre 2009 à 01:53
Marie C,
Vous écrivez : « Qu'au mois de juin 41 ? Vous laissez entendre que c'est un peu tard ?!!! Vous cherchez à influencer le lecteur de manière négative mais non justifiée. Guy Môquet adhère au parti communiste dès l'arrestation de son père en 1939.
Je crois qu'on peut lui pardonner de ne s'être pas engagé politiquement à l'âge de 10 ans dans le seul but d'arriver à vous complaire ! »
Je ne crois pas me tromper en disant que monsieur Bilger se bornait à rappeler que le PCF n'est entré en Résistance qu'en 1941. Et si son père fût arrêté, c'est du fait du pacte de non-agression signé entre l'Allemagne nazie et l'URSS.
Le propos n'est donc pas de nier l'engagement politique de Môquet, ni de contester au PCF son implication dans la Résistance française. Mais juste de rappeler que cette Résistance fut indéniablement tardive et liée à l'opération Barbarossa - une lutte contre le nazisme bien conditionnelle malgré tout.
Aïssa,
Vous écrivez « les peines planchers, vous y êtes plus que favorable et vous exigez qu'elles soient strictement appliquées … Voici que maintenant vous espérez un sursaut républicain plein d'intelligence et de bon sens de la part des instituteurs quant à ce que le gouvernement leur enjoint d'appliquer strictement, sans réflexion, donc stupidement, cette directive Guy Môquet, etc. Ce qui serait un totalitarisme (pour reprendre votre mot) en puissance et devenir pour eux ne le serait pas pour vous au tribunal … Qu'est cette contradiction singulière qui vous meut? A vous magistrats, appliquer en sa lettre la politique judiciaire gouvernementale; à eux, éducateurs, viser en son esprit sa politique scolaire, prendre du recul, réfléchir … »
Voyons ! Appliquer la loi pénale, mettre en oeuvre les dispositifs qu'elle prévoit, reviendrait à lire un texte précis selon un calendrier précis ? Est-il question de faire des dictées sur le parquet ? Ou bien n'est-il que question de suivre un programme, des lignes générales, comme en matière d'éducation ?
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 23 octobre 2009 à 01:53
Cher Philippe,
Le texte qui suit est inspiré d'une lecture de culture prospective sur les pratiques culturelles chez les jeunes et les institutions de transmission: un choc de cultures?
Les auteurs distinguent des situations constatées.
Alors que dans la famille il existe "un continuum de transmission" avec une tendance à la baisse d'opposition générationnelle, dans l'école apparaît ce que François Dubet appelle "La crise du programme institutionnel" avec
. crise des mécanismes de la transmission
. crise des statuts des transmetteurs
. crise des contenus
Les mécanismes traditionnels de transmission seraient fortement en concurrence avec les nouveaux modes d'accès au savoir.
L'autorité à l'école est remise en cause, oui, cher Philippe, parce qu'elle n'a plus le monopole du savoir et parce que les modes d'intervention ne sont plus en phase avec les aspirations et les compétences des digitales natives.
L'éducation ne pourra pas faire l'économie d'une remise en cause profonde de ses moyens de transmission du savoir.
Les jeunes générations ont de nouvelles aptitudes et il faut tenir compte des désirs d'interaction.
"L'éducation cartésienne, silencieuse et dissertative" doit s'ouvrir sur le monde.
La nouvelle génération ne veut plus subir le savoir mais se l'approprier.
L'enseignant de demain sera plus un médiateur, un conseil d'exploration, un créateur, un lien avec les milieux culturels, les entreprises.
Il devra trouver sa place dans de multiples sources d'acquisition, montrer les chemins, mettre en valeur les potentiels de chaque enfant.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 23 octobre 2009 à 00:28
Je nuance deux points de mon dernier commentaire.
1. On peut aussi servir utilement son pays sans avoir été élu. C'est pourquoi, Frédéric Mitterrand me semble tout à fait légitime au poste qu'il occupe.
2. Je n'ai pas entendu ou lu directement les propos d'Henri Guaino. Donc je ne saurais dire en vérité s'ils sont arrogants ou méprisants.
L'essentiel de mon désaccord tient au risque totalitaire évoqué par Philippe Bilger.
Jean-Dominique Reffait,
Oubliez mon dernier commentaire, si vous le pouvez, toutes ces polémiques finissent en fait par me lasser et je ne suis pas sûr de poursuivre à l'avenir de telles discussions.
Rédigé par : Laurent Dingli | 22 octobre 2009 à 22:47
@ VAN Aa
Très juste votre commentaire j'y souscris.
Je voulais le dire aussi mais je me suis rappelé que des membres de la famille de Guy Môquet étaient présents lors de la cérémonie du bois de Boulogne.
Cela m'avait beaucoup gênée.
Je ne pense pas que Guy Môquet aurait aimé que l'on lise ainsi une lettre aussi personnelle. Vous savez il faut se méfier, regardez bien le fond de vos tiroirs, ne gardez que ce que vous souhaitez diffuser ou faites-le savoir clairement dans votre
TESTAMENT.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 22 octobre 2009 à 22:26
Bonjour,
Voici un petit extrait du billet de Monsieur Bilger d'avril 2008 "Mai 68 for ever" :
"Mai 68 a inventé, en tout cas magnifié un personnage mythique dont on ne finit pas de subir les foudres et de tresser les lauriers. Vous avez compris que cet être, c'est le "jeune". Pour la première fois, et à ce point, on a prétendu donner au provisoire, au précaire et au virtuel le statut de l'immuable, du nécessairement pertinent et du respectable par principe. On a changé d'idoles et aux autorités établies d'avant mai 68, aux gloires illustres, aux personnalités enrichies de savoir, pétries de culture et riches d'un parcours de vie, aux officiels en quelque sorte, on a substitué, par un coup de force jamais remis en cause, au contraire amplifié, un jeunisme dévastateur, la révérence de l'improvisé et de l'officieux, l'adoration de ce qui n'est qu'un passage dont la fraîcheur viendrait faire oublier l'inévitable ignorance, les obligatoires limites..."
Voilà je pense important de relire ce formidable billet. On n'a jamais rien à rajouter.
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 22 octobre 2009 à 22:11
Injonction, ordre, on peut appeler cela comme on veut, il n'en demeure pas moins qu'un homme de cabinet s'octroie un pouvoir que le peuple ne lui a pas donné. Et qu'en plus, dans le style actuel de notre "Etat", il le fait de façon méprisante.
C'est effectivement : obéir, plier... C'est même renier un décret qui annonce cela comme facultatif. Alors oui, on peut se moquer des lois, des hommes et des femmes, les abaisser au rang de décervelés incapables de réfléchir seuls, ne leur laisser comme seul choix qu'obéir. C'est le bon vouloir du Seigneur et les serfs courbent l'échine. C'est terriblement effrayant pour l'avenir, pour la démocratie, grignotée sans bruit, en douce, jour après jour.
Rédigé par : Armell Reffait | 22 octobre 2009 à 21:39
Jean-Dominique, j'entends bien tout ce que vous écrivez et si je désapprouve par endroits, j'approuve néanmoins à d'autres mais une chose cependant me laisse perplexe et à laquelle vous répondrez si vous le voulez : pourquoi les gens (la populace dixit Imbert) ne se révoltent pas ? On sent bien que notre société française évolue lentement vers un totalitarisme soft mais tout de même totalitarisme inscrit ô paradoxe dans les limites de la démocratie; que celui-ci est peut-être nécessaire pour initier certaines réformes politiques et économiques d'ampleur auxquelles d'ailleurs la populace (dixit Imbert) n'y comprend le plus souvent rien; qu'en période de crise économique et sociale chronique faisant une poussée aiguë, il faudrait brimer certaines libertés pour mieux contenir les éventuelles paniques populaires; qu'il faut flatter le peuple (populisme) d'une part et l'effrayer (alarmisme) de l'autre pour au final mieux le contenir et le persuader qu'on a les solutions à ses périls et ses espoirs, etc.; qu'on pense pour lui à court terme alors qu'en fait on ne songe qu'au long voire très long... Qu'a priori le peuple ne semble pas dupe des mensonges de ceux qui le dirigent ; qu'il voit et ressent ces disparités voulues et à peine voilées de traitement entre ceux d'en haut et lui; qu'il subit sa misère générale faisant contrepoids à la fortune de quelques-uns qui va grandissant inversement proportionnelle à celle-ci; que sa Justice sert davantage à le tenir sous une certaine botte qu'à lui rendre la vie plus sereine et digne… Pourquoi ne se révolte-t-il pas ? Non forcément une révolte violente, destructrice à la manière, par exemple, de ce qui s'est passé ces jours à Villiers-le-Bel et à Poitiers; une révolte démocratique plutôt. Ainsi des élections… Les Partis ne manquent pas qui seraient prêts à faire la peau à ce système qu'il (le peuple) percevrait comme assassin; depuis le NPA jusqu'au FN; j'exclus naturellement le PS, le PCF, les Verts, etc., dont on sait bien qu'en aucune façon ils ne remettront en cause celui-ci en ses fondements; même, ils en profiteront, ils en profitent déjà ainsi une Dominique Voynet pestant contre le cumul des mandats et jurant avec force voix et publiquement qu'élue à la mairie de Montreuil elle renoncerait aussitôt à son mandat de sénatrice et qui une fois élue à ladite mairie se trouve finalement très bien aussi au Sénat… N'est-il pas plus pertinent de penser que le peuple, quoiqu'il en dise lui-même, accepte globalement ce qui se produit en son pays et y adhère même s'il pousse ça et là de petits grognements et sauts de chèvre ? Pourquoi ne se révolte-t-il pas ? Pourquoi vote-t-il pour les mêmes et revote-t-il contre ces mêmes pour les remplacer toujours par des mêmes, etc. ? Même, pourquoi - quand il est vraiment furax et qu'il proteste -, s'abstient-il de voter pour seul et unique et pour tout dire pitoyable acte démocratique de désapprobation ?
Que faire ? interrogeait Lénine… Hum… A condition déjà d'avoir envie de faire. Les choses sont telles aujourd'hui car le peuple en son for les accepte telles… La triste lettre de Guy Môquet, pour ne retenir que cet exemple, sera lue ici, ne sera pas lue là et demain on oubliera tout ça et passera à autre chose avec ici les mêmes zèles secrets contre et là les mêmes ostensibles zèles pour… Jean Sarkozy vient de renoncer à l'EPAD pour satisfaire aux uns sans y renoncer pour non moins satisfaire aux autres puisqu'il sera élu (nommé en vérité) demain à son conseil d'administration et dans un an ou deux à sa présidence, un peu de temps aura passé, personne ne se sentira perdant ni lésé, tous les honneurs seront saufs… Le secret de la politique c'est savoir gagner du temps en ménageant au possible toutes les susceptibilités; ainsi le peuple est content et a le sentiment (à tort, à raison, c'est une autre question...) d'être entendu et respecté. Mais pendant ce temps gagné, on fait des choses et dit leur contraire; on dit des choses et fait leur contraire ou on ne dit rien et ne fait rien ou on fait et ne dit rien, etc., bref, imaginez toutes les combinaisons que vous voulez… N'est-ce pas là un certain consensus sur l'essentiel ? Mais qu'est précisément cet essentiel ?
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 22 octobre 2009 à 21:25
Un prof, puisqu'il s'agit d'eux, se doit d'obéir à son employeur sauf si on lui demande quelque chose d'illégal, ce qui n'est pas le cas ici.
C'est un employé payé pour un job, qu'ils le fassent et arrêtent de nous prendre la tête avec des pseudo arguments et avec leurs états d'âme dont on se moque totalement.
Pour ceux qui refusent de faire le travail pour lequel ils sont payés, j'estime que c'est une faute professionnelle justifiant un licenciement pour faute et sans discussion aucune.
Qu'ils se contentent d'instruire correctement ; ce serait déjà pas mal, je crois, s'ils y arrivaient.
S'ils ne sont pas contents ils peuvent toujours aller dans le privé.
Sur la lettre, et à titre personnel, si tant est qu'il soit utile de lire une lettre, je n'aurais pas choisi celle-là je pense, mais je ne suis pas en charge du problème.
Elle n'a n'a rien de choquant et parle notamment de courage ce qui ne me semble pas stupide.
Rédigé par : Surcouf | 22 octobre 2009 à 21:05
Rassurez-vous, les profs en ont vu d'autres.
Ceci dit, en tant que prof de maths, je suis plutôt préservé de ce genre de propos.
Mais l'essentiel n'est pas là, je voulais juste préciser que, comme beaucoup de collègues, je suis fier d'être fonctionnaire.
Fonctionnaire en cela que je suis au service de l'Etat républicain pour effectuer une mission noble et non, comme le suggère ce "conseiller", aux ordres d'individus à l'ego hyper-enflé...
Bien à vous
Marc
Rédigé par : Marc | 22 octobre 2009 à 21:01
Je me souviens aussi Philippe, du temps où vous mettiez en perspective des mots comme résistance ou totalitarisme, où vous ironisiez même sur la facilité avec laquelle certains de nos compatriotes utilisaient des termes qui convenaient mieux au régime des mollahs qu'à celui de la France démocratique et républicaine, quelles que soient d'ailleurs les critiques que l'on pouvait légitimement formuler à l'égard de son gouvernement. Et voici que vous tombez vous-même dans ce travers. Le ton arrogant de Guaino n'induit aucun danger de ce type. Restons-en à la réglementation sur le sujet qui laisse une certaine flexibilité à l'enseignant et laissons grogner tout son saoul un conseiller qui n'a pas la légitimité d'un élu du peuple (ce peuple aveugle qui se moque de la démocratie, dixit JDR).
Vous vous souvenez aussi de ces profs syndiqués qui jetaient son livre à la figure d'un ministre de la République. Eh bien, voyez-vous, je ne parlerai même pas en ce qui les concerne de tentation totalitaire, mais seulement d'une entaille assez grave au jeu démocratique et d'un manque absolu de savoir-vivre. J'ai l'impression que vous voyez partout de l'autoritarisme et, de même que les politiciens de l'UMP seraient des godillots - ce que l'actualité dément chaque jour - de même vous soupçonnez une pente totalitaire dans un sot et banal rappel à l'ordre émis par le susceptible Guaino.
PS : brillant ce Jean Sarkozy...
Rédigé par : Laurent Dingli | 22 octobre 2009 à 20:54
Je crois finalement que J-P. Ledun a raison, votre développement, Jean-Dominique Reffait, est un chef-d'oeuvre de condescendance élitiste à l'égard du peuple qui ne comprendrait rien.
"Chez nous, dites-vous, c'est le mépris toujours plus grand pour tout ce qui pense, qui réfléchit et ça tombe bien, le peuple n'aime pas ce qui réfléchit. La démocratie n'est pas un bien précieux pour le peuple, il se contente d'agitations et de fumigènes".
Ah ! heureusement que vous êtes là pour l'éclairer, ce bon peuple qui ne comprend rien et se fout de la démocratie. J'avais oublié que vous étiez le Zorro de la ZEP ! Quelle morgue ! Quelle condescendance ! Il faudra que je vous prenne comme modèle au cas où j'écrirais un roman sur le complexe de supériorité du bobo socialiste de base...
Rédigé par : Laurent Dingli | 22 octobre 2009 à 20:34
Cher Philippe Bilger
Vous êtes rigolo à parler de totalitarisme - rien que ça - après les billets admiratifs que vous avez pondus juste avant l'élection.
Car enfin, les oreilles pointaient déjà, et le caractère excessif du discours était bien plus prononcé sur d'autres sujets que sur celui-là.
Il suffisait de ne pas voter pour M. Sarkozy. Je ne parle pas pour vous (je ne sais pas pour qui et si vous avez voté), mais il y a bien dû en avoir quelques-uns...
Totalitarisme non. Plutôt un abrutissement général au point de se retrouver avec Sarkozy/Royal au second tour, après avoir eu un Chirac/Le Pen...
@ Aïssa
Après la leçon de rébellion aux politiques, la voilà pour les professeurs. Je suis bien d'accord avec vous que malgré tout le courage de Philippe Bilger du haut de son poste de fin de carrière, la position de magistrat n'est pas très confortable pour donner ce genre de leçons...
Rédigé par : Alex paulista | 22 octobre 2009 à 20:21
Bonsoir
Lire la lettre est insuffisant. Je pense qu'il faut renommer l'esplanade de la Défense Cour Guy Môquet. Frédéric Mitterrand trouvera certainement quelqu'un pour réaliser une sculpture du jeune communiste éphèbe héroïque, et le prince héritier à présent en charge des lieux pourra faire un beau discours !
Cette injonction idolâtre est absurde et nous ramène à un mixte entre la République des bananes et la démocratie populaire.
Navrant !
Rédigé par : david | 22 octobre 2009 à 19:56
La perte de contact avec la réalité, les crocs de boucher...
Tout cela me fait penser à l'Ouganda d'Idi Amin Dada et au film Le Dernier Roi d'Écosse.
On va voir si notre système démocratique résiste à cela. Sur le totalitarisme aux USA, cher JDR, je ne vous suis pas tout à fait : c'est justement parce que les institutions des États-Unis sont protectrices qu'ils ont dû avoir recours à des mensonges d'État. Et n'oubliez pas qu'ils ont été attaqués le 11 septembre. Pourtant, le président actuel montre que la stratégie du mensonge n'a pas vécu plus de 8 ans.
Rédigé par : Alex paulista | 22 octobre 2009 à 19:27
Ce qui ne manque pas de m'énerver est cette appropriation d'une lettre personnelle par Nicolas Sarkozy. S'est-on posé la question de savoir si Guy Môquet aurait eu envie que sa lettre soit ainsi lue publiquement et qu'un monsieur aussi peu progressiste que NS s'en serve pour le compromettre, pour dévoyer son message ?
Je ne sais pas s'il y a encore des descendants indirects de Guy Môquet, mais ils devraient selon moi interdire la lecture de cette lettre ; après tout il existe des lois qui défendent les droits d'auteur, et dans ce cas les droits de l'auteur sont littéralement piétinés.
Rédigé par : Van Aa | 22 octobre 2009 à 18:27
Il me semble que la lecture de cette lettre pourrait être l'introduction à quelques notions d'instruction civique, à condition de bien rappeler :
- que Guy Môquet fut arrêté pour délit d'opinion ;
- qu'il fut livré à l'ennemi par le gouvernement de son pays ;
- qu'en conséquence un devoir de vigilance s'impose à tout citoyen, car on n'est jamais à l'abri que le chef de l'Etat ne devienne un parfait salaud.
Éduquer, c'est donner à réfléchir...
Rédigé par : Pilou | 22 octobre 2009 à 18:24
Bonjour M. Bilger,
Je souscris entièrement à votre billet.
Je n'ai pas du tout apprécié l'injonction d'Henri Guaino à l'adresse des enseignants.
D'ailleurs, je trouve singulier les interventions médiatiques quasi-quotidiennes des conseillers, spéciaux ou pas, du président de la République en lieu et place des ministres. Il me semble que le ministre de l'Education Nationale et porte-parole du gouvernement était seul habilité à s'exprimer sur le sujet.
S'agissant de la lecture de la lettre de Guy Môquet, vous avez bien raison de souligner que celle-ci ne relève en rien des programmes et de la pédagogie. Cette lecture est imposée à tous les lycéens, de la classe de seconde à la classe terminale, alors que la Seconde guerre mondiale et la Résistance ne figurent qu'au programme de terminale. Certes c'est toujours mieux que de faire chanter aux élèves "Maréchal nous voilà", mais le type de démarche n'est pas très éloigné.
Les enseignants sont à juste titre attachés à leur liberté pédagogique. S'il appartient à l'Etat de fixer les programmes et les méthodes (on dit savoir-faire aujourd'hui) que les élèves doivent apprendre, les enseignants sont parfaitement libres du choix des supports pédagogiques ainsi que de la construction de leurs leçons. Il n'est pas acceptable d'imposer à un professeur de Lettres le choix des textes qu'il devra faire étudier à ses élèves, non plus que d'imposer à un professeur d'histoire le choix des documents qui lui serviront de support pour étudier la Résistance.
La lettre de Guy Môquet, pour émouvante qu'elle soit, parle au coeur plus qu'à l'esprit. Sur un plan purement historique, elle n'est en rien un témoignage sur des actes de résistance et ne permet pas, par son contenu, d'éclairer les élèves sur cette période de l'histoire. Son plus grand mérite est d'avoir ému aux larmes Nicolas Sarkozy qui dans son élan a estimé qu'elle devait émouvoir tous les jeunes Français. Imaginez la lassitude de ces lycéens de terminale qui ont eu droit à cette lecture dès leur année de seconde puis en classe de première. De quoi être dégoûté de Guy Môquet.
Mais après tout, on peut encore faire pire. Nicolas Sarkozy voulait imposer que chaque écolier de cours moyen porte la mémoire d'un enfant juif victime de la Shoah, sans s'interroger sur les conséquences psychologiques d'une telle morbidité sur de jeunes enfants.Il y a finalement renoncé.
Cette affaire de la lecture de la lettre de Guy Môquet est pour le proviseur que je suis un vrai dilemme, je me trouve tiraillé entre l'obligation de faire appliquer une directive ministérielle (mon devoir d'obéissance) et mes convictions personnelles d'homme et d'historien. J'ai donc rédigé une note de service accompagnée de ladite lettre aux enseignants, tout en leur suggérant oralement de faire selon leur conscience.
Il y a des jours comme aujourd'hui où je n'aime pas mon métier.
P.S. à J.P. Ledun:
Comprenez-vous mieux pourquoi je tiens à l'anonymat ?
Rédigé par : Ludovic | 22 octobre 2009 à 18:23
"Qu'est cette contradiction singulière qui vous meut ? A vous magistrats, appliquer en sa lettre la politique judiciaire gouvernementale ; à eux, éducateurs, viser en son esprit sa politique scolaire, prendre du recul, réfléchir …"
Aïssa (qui a le feu au plancher, à s'en faire de la peine).
Il me semble que celles-là visent surtout les récidivistes, de ceux qui ne comprenant pas par la manière douce, comprendront peut-être par la forte ; en outre, comparer le sort à faire à ce type de délinquants à ceux de profs relève, again and again, du sophisme. On est d'un côté, de la lecture ou non lecture d'une lettre dans de ces artifices symboliques dont la société aime à gloser, de l'autre dans l'urgence et la rigueur de mettre, au moins un temps, fin aux exactions de quelques fâcheux.
Vous ne voyez pas la nuance ?
"Son entourage a conçu son accession au pouvoir comme une succession de rapines, de verrouillages, d'ententes et de compromissions. Ils ont davantage pris le pouvoir qu'ils ne l'ont gagné, en abusant ceux qui, tels que vous, n'ont pas vu ce qu'il y avait derrière l'écran de fumée du volontarisme populiste."
JDR
Très juste, mais l'accession de ses prédécesseurs (Chirac en étant probablement le pire) à leur Olympe de pacotille fut-elle faite d'un autre bois ?
La pensée du jour :
Mieux vaut un mot du Gai Mocky, qu'une lettre du Guy moquée*.
AO
* d'autant qu'ils finiront par nous le rendre agaçant, ce courage garçon. Eut-il voter NS, j'en doute...
Rédigé par : oursivi | 22 octobre 2009 à 17:59