J'étais en Normandie quand lisant Le Monde, sous la signature d'Yves Bordenave, j'ai appris la mort de Dominique Charvet.
Tout est remonté d'un coup.
A Lille, mon premier poste en qualité de juge d'instruction, j'ai fait la connaissance de ce collègue déjà emblématique parce qu'il avait été le cofondateur du Syndicat de la magistrature.
Impossible d'échapper à la séduction qu'exerçait cet être d'élite. Il vous prenait dans son intelligence comme dans une nasse, dans sa dialectique éblouissante comme dans un piège, et vous vous retrouviez conquis sans savoir comment. Epoustouflant d'aisance dans son maniement des idées et des concepts, il y avait chez lui, en même temps, une infinie capacité d'écoute qui tranchait avec les décrets roides du subversif qu'il ne cessait de vouloir incarner. Prêchant la nuit la révolution, entouré moins de syndiqués que d'admirateurs, dominant, en dépit de sa volonté affichée d'égalitarisme, la masse de ceux qui l'écoutaient, heureux de sentir que sa parole englobait à la perfection la leur, il s'acharnait à penser collectivement alors que tout, dans sa personnalité, révélait la force et même le triomphe d'une solitude impériale qui ne laissait pas d'autre choix que la rupture ou la soumission. Le jour, magistrat instructeur de haute volée dont seuls les imbéciles s'étonnaient de la rectitude et de la rigueur. Sans doute avait-il besoin de cette alternance entre le rêve d'une autre société et la régulation judiciaire de cette société si réelle. Antigone nocturne, il n'oubliait pas Créon dans la clarté du jour. Jamais, devant qui que ce soit, je ne l'ai surpris en contradiction avec ses exigences d'urbanité et de vérité. Il ne mentait pas mais respectait tout de même chacun. J'avais l'impression, bénéficiant de sa sympathie (je l'espérais) et de son aura, de pouvoir profiter du privilège rare d'échanger avec un Saint-Just mais compassionnel, avec un idéologue mais profondément attentif à la vie, à ses désordres et à ses imprévisibilités. Il était trop intelligent pour mettre son intelligence partout. Il ne refusait pas que l'existence lui donnât tort parfois. La politique était seulement une partie de sa vie. Abrupt, il ne dédaignait pas la douceur. Sec, il ne méprisait pas le velouté de la tolérance. On pouvait n'être pas d'accord avec lui mais on ne pouvait pas le jeter, lui, avec l'idée qui vous déplaisait. On tenait à lui comme il tenait à vous. Il dispensait une affection sans fioritures : on ne pouvait pas la manquer.
Loin de lui, il restait dans votre mémoire.
J'ai suivi son parcours. Ses postes de pouvoir, notamment à Djibouti, à la tête de la Protection judiciaire de la Jeunesse ou à la direction des Musées de France, ont vraisemblablement dû offrir à sa puissance de travail et de création de quoi la stimuler, à son autorité de quoi la satisfaire, à son esprit critique de quoi le combler, à son aspiration au changement de quoi la décevoir. Durant cette longue période, je n'ai jamais eu la chance de le revoir. Je ne connaissais rien de sa vie personnelle et familiale. Il demeurait l'étoile de Lille dans ma tête.
Heureusement, le cours judiciaire l'a repris dans ses enchantements douloureux. Premier président à Bastia, il s'est illustré de manière éclatante en présidant en appel le procès du Préfet Bonnet et unanimement ont été célébrées son intelligence, son humanité, sa classe. C'était un bonheur sans mélange, pour ceux qui avaient croisé son chemin, de voir vérifiée cette intuition que le grand magistrat est d'abord celui qui s'est donné la peine de réfléchir sur la magistrature et sur la Justice. Lors d'un colloque sur la liberté d'expression organisé à Cargèse, j'ai pu longuement m'entretenir avec lui. Il n'était plus le même mais la fascination qu'il inspirait n'avait pas pris une ride. Bien qu'attentif aux propos de l'autre, présent dans l'échange, il semblait aussi détaché, ailleurs, comme si un peu de lui se détournait de la réalité immédiate, comme si, plus que jamais, il cherchait à sauvegarder des brouillards, un mystère, sans aucune affectation mais avec résolution. Je me souviens de son regard sur moi et de sa tolérance souriante devant les manifestations de mon enthousiasme juvénile et excité sur tel ou tel thème que lui-même abordait avec retenue. Ce n'était plus le Révolutionnaire mais le Sage, si ce raccourci a du sens. Le rêveur sur soi, sur sa condition, plus du tout le rêveur d'une autre société. Il avait réintégré ses pénates intimes. Pourtant, en Créon, flottait encore un parfum d'Antigone.
Je l'ai quitté le soir et ne l'ai plus revu.
Premier président à Chambéry, il a terminé en 2008 sa carrière.
Il est mort le 25 octobre 2009 à Caen.
J'éprouve le sentiment inusité et puissant d'avoir frayé trop peu de temps avec un homme exceptionnel, avec un magistrat exemplaire, avec un défricheur d'idées incomparable. Je voudrais faire une suggestion qui lui aurait profondément déplu. Des ministres remettent la Légion d'honneur à des magistrats. Le président de la République s'est déclaré, en l'honorant, l'ami d'un magistrat que la rumeur judiciaire annonce à Paris comme procureur de la République. Puisque politique et justice sont déjà accordées pour le meilleur, les réjouissances, pourquoi ne pas les allier pour le pire, les tragédies, la mort ? Quand un Dominique Charvet disparaît, la moindre des délicatesses serait que le président de la République ou au moins le garde des Sceaux lui rendît hommage. Le Pouvoir ne s'en prive pas pour des gens qui ne le valent pas.
Je vais m'arranger avec les souvenirs qu'il m'a laissés.
N'est-ce pas le même Dominique Charvet qui disait, en novembre 1973, lors d'une table ronde au SNM, quelque chose comme :
«Le problème est de savoir si les avocats et les magistrats auront le courage de saborder leurs professions pour faire place à cette justice spontanée qui a surgi dans les favellas du Chili ou dans certains grands ensembles de nos régions. Il y a dans les arrière-salles des cafés de Bobigny ou de Nanterre des juges populaires qui se lèvent pour rendre la justice dans leur propre milieu : ce devrait être là, la justice de demain. »
Ceux qui semblent l'avoir connu peuvent-ils me dire si, à la fin de sa vie, il professait les mêmes utopies, sources de bien des maux tragiques de notre société ? N'a-t-il pas ainsi participé à cette dérive d'une partie de la justice, décadente et totalitaire qui, comme disait un autre maître à penser du SNM, Oswald Baudot, privilégie le voleur devant le policier, aboutissant par exemple à libérer les pires crapules et à emprisonner les honnêtes gens ? Dans ce cas, au nom du long cortège des victimes innocentes de ces utopies criminelles, un tel hommage est-il vraiment justifié ?
Rédigé par : DUTHOIT Philippe | 29 mai 2010 à 20:23
J'ai connu Dominique Charvet dans les années 70, au ministère de la Justice, alors qu'il dirigeait le bureau du Plan. Je le reconnais tout à fait dans le magnifique portrait que vous en faites, et je vous en remercie.
Rédigé par : Nelly Costecalde | 06 novembre 2009 à 11:35
Je m'associe à ce qu'a écrit Ninon 75 : apparemment le président Charvet - que je n'ai jamais connu et dont j'ai ignoré l'existence avant le billet de l'Avocat général Bilger - fut un magistrat très exemplaire. Paix à son âme !
Rédigé par : LABOCA | 05 novembre 2009 à 16:25
Merci M. Bilger pour cette prose magnifique rendant hommage à votre pair Dominique Charvet qui vient de nous quitter en cette période de Toussaint. Ne faisant pas partie du "sérail", je ne connaissais pas l'homme, ni de près ni de loin, mais votre description de celui-ci est telle qu'elle me donne envie de me renseigner.
Rédigé par : Ninon75 | 04 novembre 2009 à 16:09
Quelques commentateurs utilisent ce billet pour saluer au passage l'un de nos plus illustres académiciens, l'ethnologue Claude Levi-Strauss. Je pense toutefois que la stature du personnage devrait bien lui valoir à lui aussi un billet même si les accents ne sauraient en être aussi personnels et donc aussi touchants que dans le cas de l'hommage rendu à Dominique Charvet son collègue, par notre hôte.
"Il n'y a pas UNE, mais DES sagesses" se plaisait à répèter l'ethnologue, ainsi que l'ont rappelé les médias; et aussi: "Je n'aime pas mon monde tel qu'il est devenu" baissait les bras une fois arrivé à l'âge avancé de l'entrée sous cette Coupole sous laquelle il est bienvenu que 'l'homme s'habille comme femme', celui qui ne croyait plus à la possibilité d'élaborer une véritable sagesse de gestion de l'environnement de cet homo economicus violent et brutal qui n'aspire plus qu'à une Suisse universelle et à lui seul favorable, ainsi que l'a également rappelé Hubert Védrine.
Le côté qui chez moi est animé d'une très profonde, permanente bien que sourde, colère à l'égard des aveuglements de certains, tendrait à lui donner raison. Jusqu'à présent toutefois, c'est le côté optimiste qui a foi en la capacité de La Vie de triompher de l'homo cretinus qui tient la barre intérieure.
S'il fallait conseiller une lecture de Claude Levi Strauss en ces temps surtout préoccupés d'éviter aux enfants les traumatismes qui les conduisent, dit-on, à jouer les 'Supermans des enfants' pour réussir à en triompher, ce serait les "Structures élémentaires de la parenté". Livre compliqué, d'une lecture ardue mais ô combien profitable à qui aspire à lire autre chose que la bibliothèque rose ou le club des cinq des frères Goncourt!
Rédigé par : Catherine JACOB | 04 novembre 2009 à 13:46
Pour moi, c'était un inconnu. Un tel hommage, sincère et vrai, ne pouvait être rendu que par un collègue. Bravo pour l'avoir fait !
Rédigé par : jmarcio | 04 novembre 2009 à 10:31
Claude Lévi-Strauss a atteint un âge plus que respectable. Je crois qu'il regardait le monde actuel comme l'observateur extérieur qu'il a toujours été.
Il trouvait que la Baie de Rio ressemblait à une bouche édentée, préférait la vie à São Paulo.
Le Brésil se souviendra longtemps du passage de cet étranger, capable de voir le beau dans le laid, le civilisé dans le primitif... et inversement.
http://www.youtube.com/watch?v=uurtwNPyBt0
Rédigé par : Alex paulista | 04 novembre 2009 à 03:45
Bonsoir M. Bilger,
Je ne connaissais pas Dominique Charvet et j'imagine bien que vous n'avez pas écrit ce billet pour que l'on vienne vous présenter des condoléances, déplacées du reste puisque vous n'étiez pas des amis proches.
J'ai, comme vous, lu Le Monde et l'article d'Yves Bordenave, on vous compare, avec raison, à Bossuet dont vous avez le talent, votre hommage est admirable et magnifique.
Faute de mieux connaître Dominique Charvet, je voudrais à mon tour rendre hommage à Claude Lévi-Strauss qui vient, lui aussi, de nous quitter.
Je ne l'ai jamais rencontré mais je l'ai beaucoup lu.
Le père du structuralisme a révolutionné à lui seul le monde des sciences humaines. Tous ceux qui, au cours des quarante dernières années, ont étudié l'histoire, la philosophie, la géographie, l'anthropologie, l'ethnologie, la sociologie, enfin l'ensemble de ce que sont les sciences de l'Homme, savent bien ce qu'ils lui doivent. Un autre regard, une faculté à comparer sans jamais juger, une ouverture sur autrui, un respect des autres civilisations qui tranchait avec l'ethnocentrisme occidental si répandu jusque-là.
Un grand savant vient de nous quitter, je voulais juste le saluer.
Rédigé par : Ludovic | 03 novembre 2009 à 23:04
Thierry SAGARDOYTHO,
Vous savez ce que signifie une trêve ? La trêve des morts ? Ignorez-vous qu'il existe des moments où il y a une certaine élégance à abandonner ses inimitiés personnelles, ses petites mesquineries partisanes et sa volonté de régler des comptes, pour rendre seulement hommage à un homme ? Consternant !
Rédigé par : Laurent Dingli | 03 novembre 2009 à 22:48
Vous nous donnez à voir une lumière quand elle s'éteint.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 03 novembre 2009 à 22:19
Superbe hommage ! Est-ce au nom de la séparation des pouvoirs, que le Président invoque pour s'abstenir de tout commentaire sur le renvoi Chirac après s'être copieusement assis dessus durant le procès Clearstream, que le pouvoir politique se garde de rendre hommage à un grand magistrat qui tire sa révérence ? Il y a de grands hommes qui servent la Justice. Il y en a aussi de très petits. Ce portrait élogieux et mérité que vous dressez de l'un de vos pairs souligne combien servir la justice suppose une humanité et une grandeur d'âme qui ne s'apprennent nullement à l'ENM.
Rédigé par : Thierry SAGARDOYTHO | 03 novembre 2009 à 20:26
Très bel hommage à un homme que je découvre avec votre billet, mon cher Philippe.
Aujourd'hui, il est vrai, toutes mes pensées vont au grand Claude Lévi-Strauss.
Rédigé par : Laurent Dingli | 03 novembre 2009 à 19:07
@Bernard-27400
"J'imagine pourtant très bien l'avocat général Philippe Bilger dans l'Antiquité au côté d'un Pline le jeune ou d'un Marc Aurèle. La puissance et l'humilité."
C'est vrai qu'il s'imagine peut-être bien plus facilement dans la dignité d'une toge qu'en trublion contemporain. C'est pourtant sous ce dernier aspect qu'il nous est le plus utile.
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 novembre 2009 à 18:00
Rédigé par Monsieur Alex paulista le 03 novembre 2009 à 15:31
"Les hommes sont les hommes, et la Résistance n'a pas été épargnée par les luttes de pouvoir qui laissent des traces."
Aïe, aïe, aïe, je redoute le hors-sujet qui va immanquablement suivre... Le domaine "casse-gueule" par excellence !
De toute façon, rien en ce bas monde ni personne n'est épargné par le goût du pouvoir et les luttes qui en découlent... Le tout étant de conserver en permanence un équilibre "pouvoir/contre-pouvoir"...
Rédigé par : Valerie | 03 novembre 2009 à 16:40
Un merveilleux hommage sous votre plume, Monsieur Bilger.
Je ressors un document imprimé qui concerne "la promotion de juillet 2009 - Légion d'honneur"
Entre autres :
Dignité de Grand Officier
Madame Simone Roussel, dite Michèle Morgan, artiste dramatique.
J'avoue ne pas comprendre...
Rédigé par : Valerie | 03 novembre 2009 à 16:09
@ Yves S
Caillou complètement fantaisiste en ce qui concerne Jean Moulin, comme Daniel Cordier (qui n'a jamais vraiment été un communiste !) l'a montré de manière étayée.
Il faut tordre le cou à cette rumeur en écoutant du Hervé Vilard devant des toiles de maître...
Les hommes sont les hommes, et la Résistance n'a pas été épargnée par les luttes de pouvoir qui laissent des traces.
Capri, c'est fini, ...
Rédigé par : Alex paulista | 03 novembre 2009 à 15:31
Juste pour signaler que Michel Huyette remet en ligne sur son blog un texte de Dominique Charvet sur la réforme de la justice des mineurs "Au revoir les enfants" :
http://www.huyette.net/
Rédigé par : Mussipont | 03 novembre 2009 à 13:05
Coïncidence?
Henri Frenay, le grand résistant, fondateur de Combat, a été un épouvantable petit caillou dans la chaussure du général de Gaulle et dans celle de Jean Moulin.
Son pseudonyme de guerre était... Charvet.
Rédigé par : yves s | 03 novembre 2009 à 12:35
Je ne connaissais point cet homme et sur le Monde.fr j'ai pu voir qu'il venait de mourir d'un cancer ... Au moment précis où le Président de la République posait les premières fondations d'un vaste plan national anti-cancer avec les financements et les mobilisations humaines nécessaires sans lesquels en ces choses plus qu'en toutes rien n'est possible. L'hommage indirect, il est peut-être là qui aurait sans doute davantage plu à votre ami qu'une médaille personnelle supplémentaire posthume ... Il y aurait tant à dire sur les soignants et médecins qui oeuvrent chaque jour au sein de ces unités de chirurgie et médecine anti-cancer ... C'est le plus noble et pire travail qui soit ... Une plus grande reconnaissance professionnelle et sociale de ces personnels auraient également, je n'en doute pas, eu l'approbation de votre ami syndicaliste. J'ai travaillé un temps en médecine anti-cancer et puis ailleurs aussi et ce que j'ai commencé, avec étonnement puis crainte sourde, indéfinissable, de ressentir depuis ces années à la côtoyer de si près, à la toucher, est comme un sentiment d'indifférence face à la mort ...
Vous avez le sens du souvenir prégnant ... Que dire d'autre ... S'il nous reste aussi ça, nous n'aurons pas tout perdu.
Aïssa.
Rédigé par : Aïssa Lacheb-Boukachache | 03 novembre 2009 à 11:58
En tant que juge de proximité, j'ai participé en 2006 au groupe de travail sur les juridictions de proximité animé par D. Charvet et qui a abouti au rapport "Charvet" et à quelques réformes importantes (notamment allongement de la durée de la formation). Je voudrais témoigner de ses qualités d'écoute, de sa grande sagesse, de son charisme et de sa modestie.
Rédigé par : Sophie Claude Fendt | 03 novembre 2009 à 11:17
"Quand un Dominique Charvet disparaît, la moindre des délicatesses serait que le président de la République... lui rendît hommage"
Moi, Monsieur Bilger, je vais vous dire une chose : je n'ai pas été élu pour rendre hommage aux petits pois, surtout quand ils sortent de la boîte par la gauche, moi, Monsieur Bilger, je suis là pour agir, pas pour faire des notices nécrologiques, aussi brillantes soient-elles...
(dis-moi, Carla, t'avais un rapport avec le chemisier de BHL le pt'it pois en question ?...)
Rédigé par : Esse erre | 03 novembre 2009 à 11:16
@ Catherine Jacob
J'imagine pourtant très bien l'avocat général Philippe Bilger dans l'Antiquité au côté d'un Pline le jeune ou d'un Marc Aurèle. La puissance et l'humilité.
Rédigé par : Bernard-27400 | 03 novembre 2009 à 10:50
Le mot classe a depuis longtemps été détourné pour anoblir des ploucs qui vocifèrent avec des accessoires bling bling. Alors que fondamentalement le terme obéit à une rigueur gestuelle, verbale, intellectuelle et morale, collant à l'homme que vous décrivez.
Rédigé par : SR | 03 novembre 2009 à 10:29
Quel beau texte. Je ne dirais pas comme Bernard-27400, du Bossuet, ou encore du Sophocle mais un parfum plus contemporain et comme le souffle tragique d'un poème de Garcia Lorca.
"Lors d'un colloque sur la liberté d'expression organisé à Cargèse, j'ai pu longuement m'entretenir avec lui. [...] Je vais m'arranger avec les souvenirs qu'il m'a laissés."
Vous revendiquez donc l'héritage...
Rédigé par : Catherine JACOB | 03 novembre 2009 à 10:08
Je l'ai quitté le soir et ne l'ai plus revu.
Comme vous, j'ai ressenti la douleur de la disparition, la solitude avec son cortège de regrets, de temps perdu qui ne se rattrapera plus, un sentiment de faute qui lutte contre le fait qu'on croyait avoir le temps, qu'une telle séparation était impossible tant ces rencontres, ces souvenirs qui nous replongeaient dans des exaltations si fortes, ne pouvaient être dissociés de son auteur.
Les jours qui viennent seront amers. Puis, comme toujours le temps fera son travail avec, je vous le souhaite, la présence discrète, chaleureusement enveloppante de l'absent puis quand d'autres figures qui furent de votre vie apparaîtront, vous vous direz, avec bonheur, que tous ceux qui semblaient partis sont là dans le secret de votre cœur et la conversation, un instant interrompue, reprendra avec en plus l'amitié définitivement acquise que la vieillesse ne pourra altérer.
Rédigé par : yves | 03 novembre 2009 à 09:35
Philippe Bilger ? Non, Bossuet.
Rédigé par : Bernard-27400 | 03 novembre 2009 à 06:40
Vous nous rendez doublement jaloux.
Que de n'avoir connu cet homme et que de savoir déjà notre future, médiocre et personnelle sortie dite avec moins d'émotion, ni ce talent.
M'en retourne à mes équations, elles ont le bon goût de survivre à nos turpitudes, nos tristesses et nos vaines querelles.
AO
Rédigé par : oursivi | 03 novembre 2009 à 00:51