Vous allez devenir magistrats et c'est une formidable chance. N'écoutez pas les oiseaux de mauvais augure qui veulent vous décourager, prétendent que c'était mieux avant et que les jeunes gens que vous êtes seront forcément inférieurs à leurs aînés auto-proclamés remarquables. Vous avez choisi un grand métier et les pessimistes, comme mon collègue Kross (Le Journal du Dimanche) qui s'affirme "heureux de le quitter et triste pour votre avenir", n'auront jamais gain de cause auprès de vous. Vous ne quitterez pas non plus le service de la Justice pour venir vous abriter sous l'aile des puissants qui, ayant de l'argent, vous en donneront. Vous serez au-dessus de cela. Vous serez des magistrats, des êtres pour qui le seul capital estimable est l'humain.
Je devine que certains d'entre vous sont peut-être déjà syndiqués. Loin de moi l'idée de méconnaître l'importance de ces structures, de ces réflexions collectives mais puis-je vous inviter à vous défier des connivences, des réseaux, des coteries, des groupes et des agrégats. Comptez plutôt sur vous, sur l'élan de votre être et la singularité, plus riche que toutes les massifications, de votre personne. La solitude est une force. Vous avez sans doute déjà entendu et on vous répétera qu'une justice réussie est un Himalaya à gravir, que la cour d'assises exige des qualités exceptionnelles et que votre angoisse est normale puisque l'obsession des gens d'expérience est de laisser croire que ce qu'ils ont accompli, souvent médiocrement, sera bien au-delà de votre portée.
Fuyez les "recettes", d'abord parce que personne ne peut vous en offrir, ensuite parce que le bonheur du métier de magistrat réside au contraire dans une découverte passionnante et forcément imprévisible du réel. Vous ne disposerez d'aucune lampe de poche pour explorer l'inconnu dont vous aurez la charge, seulement de votre esprit et de votre coeur, du droit et de l'équité. Vous n'aurez heureusement à compter que sur vous et ne vous laissez pas égarer par ces poncifs modernes du genre "travail en équipe" comme si la pensée naissait, s'élaborait et s'écrivait "en équipe".
Vous rencontrerez, au fil du temps, des avocats de toutes sortes, des brillants, les plus modestes et les plus courtois, des moins bons, des franchement mauvais, en tout cas des hommes et des femmes passionnés par la défense et certains au fond d'eux-mêmes qu'ils ont choisi et qu'ils assument la part noble de la justice. Sans doute ne serez-vous pas d'accord avec eux sur ce plan mais il n'empêche que dans la quotidienneté judiciaire vous devrez les prendre au sérieux, pour des partenaires légitimes et nécessaires de l'acte de justice qui sans contradiction authentique n'est rien. Les avocats ne seront jamais pour vous des intrus irremplaçables mais des auxiliaires de vérité. Vous vous battrez pour la justice, pas contre eux.Vous prendrez garde à cette tendance lourde qui, même chez les plus lucides, est susceptible de dégrader le pouvoir en abus et la procédure pénale en sadisme soft.
Au fil de votre carrière, vous aurez des compagnons nécessaires et curieux, parfois ignorants, compétents souvent, assez satisfaits d'eux-mêmes, persuadés de détenir le vrai dans leurs questions et au fond peu soucieux de vos réponses. Les journalistes. Rien ne serait pire que de les battre froid systématiquement. Que vous le vouliez ou non, ils constitueront les intercesseurs privilégiés entre l'opinion publique et vous et si vous vous passez d'eux, vous manquerez l'une de vos missions qui est de tenter d'éclairer, de faire comprendre, de défendre ou de dénoncer - d'être vivants dans un monde qui n'aime rien tant que l'atonie sans risque et la parole sans danger. Une grisaille confortable. En même temps, je vous en conjure, ne surestimez pas les médias. Répondez à leurs interrogations mais n'oubliez jamais que la pensée, l'idée, l'analyse, c'est vous et qu'eux se contentent de transmettre ce que vous avez l'obligeance intellectuelle de leur communiquer. Ne prenez pas au sérieux leur classement des grands magistrats, des juges emblématiques. Ils continuent à nourrir l'illusion que l'épais dossier, l'affaire médiatique sont forcément réservés à un "grand" magistrat alors que le professionnel indiscutable est au contraire celui qui fait de n'importe quelle procédure l'occasion d'un approfondissement et d'une investigation exemplaires. Ne fuyez pas les journalistes mais vous avez plus à leur donner qu'ils n'ont à vous livrer.
Enfin vous devrez être obsédés par le citoyen. On vous en parlera mais on fera comme s'il n'était pas au-dessus de vos esprits en permanence pour vous juger. Pourtant, c'est lui que vous devrez servir et dont la satisfaction ou non constituera le critère décisif pour évaluer vos entreprises. Vous serez tentés, parfois, de vous retirer sur votre Aventin et de vous enivrer de la perfection formelle de vos démarches juridiques. Ces dernières n'auront guère de prix si elles ne sont pas inspirées par l'unique souci de répondre vite et bien aux attentes du justiciable. Ce citoyen ne supportera pas de vous voir, lui qui subira quelquefois la honte ou la détresse d'être jugé, avec une apparence et un comportement négligés et désinvoltes. L'honneur minimal qu'on doit à autrui, avec le pouvoir qui sera le vôtre, sera de lui présenter une image qui d'emblée ne le fasse pas douter de ses juges.
La justice véritable, au fond, n'est qu'une forme suprême du savoir-vivre et du savoir-être et si nous sommes discrédités ici ou là, c'est que nous avons trop souvent laissé l'allure et ses exigences au vestiaire. Elles ne sont pas non plus portées à leur pinacle quand pour protester et montrer que nous sommes comme les autres, nous portons nos robes et crions des slogans aussi peu efficients sur le plan politique que néfastes dans notre relation au peuple. Vous vous abstiendrez de ces manifestations qui paradoxalement révèlent plus de faiblesse que de force et risqueront de vous ancrer dans un défaitisme revendicatif, morose et pleurnichard.
Ce qui vous attend est l'exercice d'une charge capitale pour la République. L'avenir ne dépendra que de vous. Vous n'êtes tenu par rien ni personne si ce n'est votre conscience, votre intelligence, votre écoute et votre compassion. Vous obéirez à vos chefs si ceux-ci en valent la peine. Vous respecterez votre hiérarchie, basse ou haute, si cette dernière est respectable. Vous travaillerez comme si tout était difficile mais rien impossible. Les grands soirs espérés, les révolutions, les brutales métamorphoses, heureusement, sont passés à la trappe. Vous aurez l'énergie modeste. Personne ne vous fera peur et vous ne ridiculiserez personne.
Vous concéderez tout au professionnel et rien au personnage, tout à l'orgueil de la fonction et rien à la vanité de la position. Vous serez fiers et humbles à la fois. Vous inscrirez dans vos esprits les pensées fortes d'Elisabeth de Fontenay et d'Amartya Sen (Marianne 2, Le Point) démontrant que ce qui compte pour chacun, c'est de faire à sa place qu'il y ait le moins de mal possible, de ne pas ajouter une pierre négative à la misère du monde. Vous n'oublierez pas que la culture générale devra vous irriguer chaque jour, faute de quoi vous ne seriez que des gestionnaires infirmes du particulier.
Qui ose vous dire de vous attrister parce que demain vous allez prendre en charge beaucoup de destinées humaines coupables, victimes ou en demande ? Certes vous pourrez être critiques mais sans enthousiasme vous perdriez tout ce qui fait le prix d'une vie, l'intensité d'une passion et l'honneur du service. La justice ne sera pas administrée par des jeunes gens amers. Elle mérite mieux que cela. Elle vous mérite.
Soyez vous-mêmes.
L’effort est louable et il doit être fait, comme pour tous les métiers de service. Sinon pour quelles raisons faire un tel métier plutôt qu’un autre qui paie mieux son homme ?
Comme il ne me serait pas possible d’être gendarme parce qu’emme*der le citoyen et être impuissant envers les malfaisants est déprimant, il me serait impossible d’être juge si j’en avais les capacités.
Pour être un bon juge, il faut au moins respecter le droit. Comment fait-on si on ne le respecte plus ? On ne fait pas ce métier ou on en change.
Je n’ai rien contre le juge tant qu’il ne fait que son métier d’appliquer à la lettre le droit. J’en veux énormément au Législateur. J’ai plus de pitié pour le Souverain - je parle du peuple puisqu’on le dit tel - qui ne sait pas ce qu’il fait. Quant au Prince, c’est un usurpateur, je souhaiterais beaucoup en changer.
Rédigé par : Jean sans terre | 23 novembre 2024 à 14:21
Les juges et procureurs sont des humains.
Ils commettent des fautes inexcusables, aussi.
Quel est votre conseil pour obtenir réparation ??
Rédigé par : Stephan KIELBASA | 22 avril 2015 à 14:12
Hommage à M. Jean-Claude Kross.
En 1992 il a souhaité nouer épistolairement
avec le Professeur de Grande Ecole (universitaire) Pierre S... (homonyme d'un juriste) qui était un ami délégué de SOS-EPOUVANTAILS, dans une très grande ville du sud-ouest : preuve de l'humanité humble d'un magistrat.
Plus tard il a été chargé de négocier avec
un héros-EPOUVANTAIL, le noble Hugues de T..., issu d'ailleurs lui-même de l'aristocratie
de la même métropole qui connut de vrais
glorieux "Robins"... Il fallait mettre au
point le retour en France de papa Hugues et
sa fille depuis les Philippines pour un
avenir digne, ce qui avait échappé auparavant
à la "magistralité" des collègues du bon
juge Kross.
Plus tard, lui-même frappé par une perte
proche très douloureuse, ce juge exemplaire
s'est rendu compte dans sa chair qu'il se
mettait en somme à "comprendre" les odieux
EPOUVANTAILS, et dignement il souhaita
échapper à une césure en "double-cerveau",
donc il renonça à exercer le magistère dit
"aux-affaires-familiales"...
En voilà un qui part, ce sont toujours les
meilleurs dit-on, et il va être remplacé par
des êtres formatés au terrorisme juridique,
dont le monde entier connaît l'idéal depuis
le grand Voltaire : "bêtes comme des boeufs,
féroces comme des tigres", et la grande
jouissance sociologique citée par Soulez-L.
dans sa fameuse Balance toujours d'actualité : "nous voulons exercer un métier de POUVOIR" !
Fermez le ban, nous sanctionnerons par des
bannissements quand le Peuple aura repris
SON pouvoir...
Rédigé par : PARITOLOG | 30 janvier 2010 à 02:24
Une très belle note d'encouragement pour les auditeurs, alors que nous passons les épreuves du concours de sortie et que notre fabuleux métier nous apparaît comme un chemin escarpé aux obstacles se développant à un rythme exponentiel !
Merci infiniment.
Rédigé par : Une auditrice de justice | 25 janvier 2010 à 22:18
Oui, ce billet a de sympathiques senteurs du IF de Kipling, peut-être encore plus beau traduit par Cendrars ou Maurois, je ne sais plus.
A quand le livre de la jungle judiciaire ?
Ou la mise au zoo d'un beau bestiaire.
Beaucoup ici pour nous en faire les avocats - généraux* ou pas - car qui dit dit cage dit barreau.
AO
* pas taper AdmiratEperd, pas taper !
Rédigé par : oursivIF | 24 janvier 2010 à 16:44
Après le serment d'Hippocrate, le sermon d'ePB ;o)
Non, un très joli texte, qui n'est pas sans m'évoquer ce superbe livre de Fabienne Verdier, "Passagère du silence", dans sa quête du savoir des vieux maîtres ; leurs préceptes en sont d'ailleurs fort proches sur les devoirs, d'autonomie, de droiture et de courage.
AO
Rédigé par : oursivi | 23 janvier 2010 à 16:00
Cher M. Bilger,
J'ai savouré votre billet plusieurs fois, mot par mot. C'est un petit bijou.
Je me suis posé la question, comme d'autres, sur la raison pour laquelle vous avez écrit ce billet : retraite qui s'approche, nostalgie, une envie depuis quelque temps...
Dans votre billet je retrouve la passion et l'idée de service *pour* le public - des qualités essentielles à tout fonctionnaire, quel que soit son échelon.
Ensuite vous déclinez une série d'attributs des magistrats. Et j'ai eu plaisir à les lire. Quelques phrases parmi d'autres :
"Ce citoyen ne supportera pas de vous voir, lui qui subira quelquefois la honte ou la détresse d'être jugé, avec une apparence et un comportement négligés et désinvoltes. L'honneur minimal qu'on doit à autrui, avec le pouvoir qui sera le vôtre, sera de lui présenter une image qui d'emblée ne le fasse pas douter de ses juges."
Vous présentez la relation avec le justiciable, un rapport de force sans mesure entre un tout-puissant et quelqu'un presque sans défense devant vous. Mais vous rappelez le respect que vous lui devez.
Et vous rappelez le danger de cette toute puissance :
"Vous prendrez garde à cette tendance lourde qui, même chez les plus lucides, est susceptible de dégrader le pouvoir en abus et la procédure pénale en sadisme soft."
Bien que je ne commente qu'un tout petit bout de votre billet, je suis très satisfait de lire comment un magistrat doit concevoir sa fonction. Et tout cela dit par un magistrat.
Mais vu que vous maintenez ce blog avec le but de faire connaître la justice, ce billet viendrait sûrement un jour.
Rédigé par : jmarcio | 22 janvier 2010 à 23:48
Rédigé par Monsieur Jean-Dominique Reffait le 22 janvier 2010 à 10:57
"Valérie,
En ce 21 janvier, il convient de vous couper la tête pour cela :
"Toutefois, j'ajoute que vos billets devraient faire l'objet d'une publication aupres d'un editeur serieux... sans oublier la selection de certains commentaires de qualite !"
Et ça, c'est du beurre en branche ?"
On n'a jamais guillotine sur mon ile...
Je crois savoir que Justice se faisait par pendaison mais je ne me rappelle pas avec certitude parce que lorsque je suis arrivee, cela faisait longtemps que la pratique avait ete abandonnee.
Desolee pour le titre de l'ouvrage cite mais j'ignorais qu'il s'agissait de la publication des billets ecrits par Monsieur Bilger. Certains commentaires selectionnes y figurent-ils ?
Comment pourrais-je le savoir alors que je suis dans l'impossibilite physique (et materielle) d'acquerir de nouveaux livres en francais.
Les seuls que je peux me procurer sont empruntes a la bibliotheque de ma ville (en ce moment, je lis un certain Frederic B ; c'est la suite de "99 F"...ca commencait bien mais la suite est decevante !
Bon, j'arrete la car je vais "manger un indien"... ne craignez rien, je ne vais sacrifier personne, juste un peu d'agneau et de poulet !
Bonne soiree et bon week-end a tous.
Rédigé par : Valerie | 22 janvier 2010 à 20:22
« Les avocats ne seront jamais pour vous des intrus irremplaçables mais des auxiliaires de vérité. Vous vous battrez pour la justice, pas contre eux. Vous prendrez garde à cette tendance lourde qui, même chez les plus lucides, est susceptible de dégrader le pouvoir en abus et la procédure pénale en sadisme soft. »
Personnellement, je pense qu’il n’y a pas de sadisme soft. Le sadisme est ou n’est pas. Parfois, sans doute, il se cantonne dans des limites dont il pense qu’elles le préserveront de toute inquisition sérieuse quant à sa pratique d’où peut-être, l’apparence soft.
Selon le dictionnaire de l’Académie française, le sadisme définit la lubricité accompagnée de cruauté. Comme on ne voit guère a priori ce que la lubricité viendrait faire dans les relations qu’entretient la Justice avec les justiciables, sans doute vouliez-vous seulement parler de cruauté morale.
Pourtant, vous qui connaissez le poids des mots avez usé de celui-ci: « sadisme » dont les synonymes sont encore : « malfaisance, cruauté, dureté, malignité, malveillance, noirceur, perfidie, animosité, scélératesse, barbarie, sauvagerie, vandalisme, atrocité, brutalité, férocité, inhumanité, hostilité »
Je connais la cruauté morale pour l’avoir éprouvée. Je sais aussi que ceux qui s’en rendent coupables, ne sont pas seulement cruels mais, dans nos sociétés, généralement également pervers, ce qui rend la cruauté elle-même extrêmement difficile à prouver en tant qu’intentionnelle.
Une procédure sadique, reviendrait donc à une sorte de détournement (= per_version) de la procédure à des fins de sadisme, ce qui nous renvoie sans doute au type de comportement visé par votre collègue de la Cour de cassation comme susceptible en effet d’une saisine du Conseil supérieur de la magistrature, car, si la procédure en elle-même devait présenter des aspects cruels, sans bénéfice technique pour aucune des parties, il est clair qu’il faudrait IMMEDIATEMENT plancher sur un projet de loi destiné à la remettre sur les rails de la santé morale et mentale.
Rédigé par : Catherine JACOB | 22 janvier 2010 à 15:09
Merci Monsieur.
Rédigé par : Auditrice de justice | 22 janvier 2010 à 12:39
Valérie,
En ce 21 janvier, il convient de vous couper la tête pour cela :
"Toutefois, j'ajoute que vos billets devraient faire l'objet d'une publication aupres d'un editeur serieux... sans oublier la selection de certains commentaires de qualite !"
Et ça, c'est du beurre en branche ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 22 janvier 2010 à 10:57
@ Duval Uzan
Merci !!!
C'est à cette nouvelle que je faisais précisément allusion (relisez mon mot)...
C'est effectivement un très beau texte.
Rédigé par : Clafoutis | 22 janvier 2010 à 10:36
Bonjour monsieur Bilger
Beau message empreint d’une sagesse patinée par une longue expérience qui eut été bien utile à quelques juges qui ont défrayé la chronique et dont je ne citerai pas les noms par délicatesse mais aussi parce que tout le monde les connaît...
Espérons que les jeunes juges qui vont bientôt exercer leur difficile métier auront bien reçu le message.
Rédigé par : Achille57 | 22 janvier 2010 à 08:09
Alex, vous auriez raison si ce lyrisme, qui, dans le cas d'espèce de ce billet, n'est pas dénué d'ironie, était au service de l'esprit de corps. C'est tout l'inverse ici et surmontez votre aversion pour bien lire : lorsque P. Bilger évoque l'honneur du magistrat, il est possible de lui renvoyer à la figure le chapelet de casseroles de la magistrature, sauf que, à bien le lire, et il insiste fortement là-dessus, il considère cet exercice de magistrat comme un acte singulier, individuel, à toute force détaché de l'esprit de corps. Il me semble que pour Philippe, c'est le magistrat qui porte l'honneur de la magistrature, et non l'inverse, tel que le croient de pauvres petites gens médiocres croulant sous des hermines trop lourdes. Il n'invite pas à la solidarité satisfaite des petits cons avec les grands cons mais à l'exercice sentimental d'une justice faite par des citoyens au milieu des citoyens.
Si ce billet ne venait que conforter les arguments d'autorité, je vous suivrais, mais il est à l'opposé de cette autorité de position. Il renvoie tout à l'homme et à sa responsabilité face à d'autres hommes. Il ne s'agit pas, malgré le classicisme du style qui vous trompe, de magnifier la grandeur intrinsèque et inaltérable du statut de magistrat mais tout au contraire de proclamer que le statut n'est rien, que le titre sur la carte de visite ne vaut rien si celui qui le porte n'est pas habité de l'obsession républicaine.
Je crains justement que ce texte soit à l'opposé de ce qu'on enseigne au futurs magistrats et de ce qu'on s'apprête à exiger d'eux bientôt. Je lis ce texte comme le libelle d'un franc-tireur.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait@Alex | 21 janvier 2010 à 22:31
@ Aux jeunes magistrats !
Permettez-moi de rajouter avec énormément moins de talent que Monsieur l'Avocat Général ce qui suit :
Lorsque dans votre carrière, vous croiserez un collègue masturbateur ou photographe épris de jouvencelle ; que vous croiserez un autre collègue voleur de carte bancaire ; que vous aurez connaissance de celui qui expédie les jugements car il a son train journalier à prendre (il a des excuses, on lui a refusé une mutation là où sa nouvelle femme, non fonctionnaire travaille) ; que vous aurez connaissance d'un dossier mal instruit par influence à caractère sexiste de la part d'une magistrate envers un mari "présumé coupable" qui a eu l'outrecuidance de ne pas avouer l'inceste que lui reproche sa femme en instance de divorce et qu'un autre, lassé de toujours juger les mêmes affaires, fonctionnarise la justice, etc. etc.
Sortez de votre poche, le billet édité ce jour sur le blog "Justice au singulier" et offrez leur à lire !
Et surtout, face à ces collègues qui déshonorent votre charge, ne doutez pas que votre intégrité sera la plus cinglante réprobation que vous pourrez leur infliger.
Cordialement
Pierre-Antoine
Rédigé par : Pierre-Antoine | 21 janvier 2010 à 21:48
Rédigé par Monsieur johann le 20 janvier 2010 à 22:26
Je reprends le message du Monsieur ci-dessus qui correspond precisement a mon ressenti lors de la lecture de ce billet
"Bravo !
J'espère que ce billet passionnant ne marque pas la fin de votre carrière !
Si c'est le cas, une autre carrière est toute trouvée, celle d'écrivain à plein temps !
Bien à vous,
Johann"
Toutefois, j'ajoute que vos billets devraient faire l'objet d'une publication aupres d'un editeur serieux... sans oublier la selection de certains commentaires de qualite !
Une excellente soiree a tous.
Rédigé par : Valerie | 21 janvier 2010 à 20:45
Mon cher Philippe, je reconnais bien là votre sens de la transmission. Une des plus belles qualités humaines.
@ Catherine Jacob,
Le livre de votre consoeur Elisabeth de Fontenay est une référence incontournable. J'en recommande chaudement la lecture.
Rédigé par : Laurent Dingli | 21 janvier 2010 à 20:31
« Si vous pensez que n’avoir pas davantage de pouvoir que le commun des mortels est pénalisant eu égard à vos bonnes idées, meilleures que celles d’en face » écrit Catherine Jacob. C’est l’exemple typique du dérapage inutilement offensant, qui gêne le débat sans contrepartie positive. Considérer l’ « autre » comme un tyran en puissance ou un minus habens est malheureusement une attitude qu’on rencontre chaque jour et que ne fait que développer l’échange par l’Internet, attitude qui me fait fuir les forums (dont l’insulte est le carburant) et apprécier les rares blogs, comme celui-ci, où le respect mutuel est le plus souvent à l’honneur.
La question que je propose n’est pas à la mode, ne semble empêcher personne de dormir, et lorsque je lance le sujet avec des amis, on me répond généralement : « ah oui, tu as raison, je n’y avais pas réfléchi ». Le fait de ne pas y réfléchir et de ne pas en débattre doit arranger beaucoup de monde… ?
Trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire qui se doivent d’être indépendants les uns des autres et dont les points d’intersection font l’objet d’âpres débats. Un lien très clair en démocratie représentative, entre l’ensemble des citoyens et le pouvoir exécutif d’un côté, législatif de l’autre par le vote. Lien qu’on peut abondamment critiquer pour son caractère formel plus que réel, les pièges qu’il comporte et les déceptions qu’il apporte. Consensus sur tout cela.
Et puis entre l’ensemble des citoyens et le pouvoir judiciaire : RIEN (en France) ; le vide intersidéral. Le pouvoir judiciaire flotte en apesanteur sans rendre de comptes au peuple et semble avoir pour principal souci de rendre le moins de comptes possible aux deux autres (ceux sur lesquels le citoyen a une action). C’est un vice profond de notre démocratie que cette organisation dans laquelle aucun lien organique n’existe entre le peuple et ce pouvoir qui est censé le représenter. Donc le pouvoir judiciaire est une sorte de groupe autogéré. Qui admettrait qu’un organisme public (s’imposant donc au citoyen sans concurrence ou alternative possible) soit un groupe autogéré n’informant jamais le public sur son bilan (des statistiques !), ne demandant jamais de quitus sur sa façon de faire, ne souhaitant recevoir aucune orientation de la part des citoyens sur ce qu’on attend de lui ? Qui admettrait que le Conseil Municipal soit un groupe autogéré ? Que les habitants de cette ville n’aient pas leur mot à dire sur un organe qui gère leur cadre de vie en cooptant les nouveaux membres, en désignant leurs chefs ? Oh, comme à la justice et sans doute statistiquement dans la même proportion, ils feraient de leur mieux (et parfois pas), avec de bonnes intentions (mais pas forcément celles qu’attendraient leurs administrés !). La démocratie, ce n’est pas cela ; chaque citoyen a le droit et le devoir de souhaiter que sa justice aille dans telle direction, d’avoir des outils pour être informé de ce qui s’y passe et de faire connaitre, par une voie institutionnalisée et efficace, ce qu’il veut. Pas moins qu’il ne le fait pour l’exécutif et le législatif. Les juges, quels que soient leur talent et leur désir de bien faire n’ont pas le don de divination : ils ne peuvent savoir la ligne « politique » (au sens large) que souhaitent leur voir conduire les citoyens sans que ceux-ci l’expriment.
Je n’ignore pas le seul lien qui peut être mis en avant : celui des jurys d’assises, mais cette approche très ponctuelle et partielle ne peut pas, à elle seule représenter le lien organique qui me paraît manquer.
Elire les juges ? Sans doute trop éloigné de notre culture ? Faire contrôler la pratique judiciaire par les députés qui ont légiféré ? Cela faciliterait les actions de correction des lois désuètes ou devenues inadaptées mais Montesquieu se retournerait dans sa tombe ! L’évaluation a posteriori des politiques publiques dans laquelle Ph. Séguin a engagé la Cour des Comptes, avec un succès encore modeste, pourrait être une piste ; une instance ad hoc pourrait-elle déjà travailler à informer les citoyens sur la façon dont la justice juge, par rapport à ce qu’a fixé le législateur ? Reste à trouver ensuite une façon d’associer les citoyens à l’orientation existante (distincte de la loi !) de la politique judiciaire…
Les bouts de ficelle, les lobbies, les campagnes de signature, les associations militantes sont un substitut déplorable à cette absence de lien ; de même que les plateaux TV, les informations-déformations des médias, les grands spectacles type post-Outreau et les bourrages de crâne ne peuvent remplacer une information transparente et claire sur ce que fait la justice.
Ne soyons pas étonnés que la justice soit mal aimée, que les règlements de compte entre truands s’y substituent parfois (heureusement dans un nombre limité de cas), que beaucoup renoncent à s’adresser à elle, et que l’auto-défense soit « comprise » par trop de ceux qui se sentent mal protégés.
Rédigé par : Jiel | 21 janvier 2010 à 18:16
Cher JDR
Non, ce qui manque le plus à notre société, ce sont des gens qui travaillent sérieusement, au lieu de prendre des poses et croire que la pose fait l'homme.
Au lieu de cela les Français se rengorgent, se plaignent souvent aussi. Ils vivent de clichés. Les fonctionnaires sont persuadés de leur dévouement et de la noblesse supérieure de leur mission et du coup pensent mériter une retraite plus longue que leur vie active. Les salariés du privé, eux, croient que tous les fonctionnaires sont des planqués jusqu'au jour où ils ont besoin d'eux. Les chercheurs pensent que les financiers sont des psychopathes inutiles depuis leur labos où ils étudient des domaines qui sont économiquement morts en France. Les militaires prennent les étudiants pour des branleurs qui, eux, les prennent pour des fachos. Les prolos "de souche" pensent au fond d'eux-mêmes qu'il y a assez d'Arabes comme ça, mais pleurent Super Nanny...
Ce sont ces clichés débiles qui alimentent un Burgaud. D'ailleurs, regardez comment il s'accroche pathétiquement à son pauvre métier, à son âge. C'est que, dans son imaginaire, être le dernier des juges est encore supérieur à être un quidam qui change de voie professionnelle. Pourtant il envoie les autres en préventive et brise leur vie comme il respire. Normal, ce sont des justiciables.
Ce type de discours n'est pas l'apanage des magistrats. Dans chaque grande école on a droit à la même emphase au discours d'entrée, puis à tout un réseau d'associations, un campus, des événements. Tout cela pour faire rester entre soi, créer un "esprit de corps". Et ensuite constituer naturellement un réseau préférentiel.
Je sais pourtant que ce n'est pas l'intention de notre hôte. Il le prouve par ce blog. Mais son talent est ici au service de la constitution d'une caste.
J'ai probablement développé une allergie à ces discours d'entrée, excusez-moi...
Rédigé par : Alex paulista | 21 janvier 2010 à 15:41
@Clafoutis
Pour solidaire ou solitaire il y a une très belle nouvelle de Camus dans "L'exil et le royaume."
Duval Uzan
Rédigé par : Duval Uzan | 21 janvier 2010 à 14:47
Cher Monsieur Philippe Bilger
Un bien bel encouragement pour ces jeunes auditeurs de justice.
Vous parlez également de l'environnement dans lequel ils vont baigner et ce faisant vous avez "oublié" les policiers et les gendarmes.
François vous le fait remarquer avec tact et je m'associe à lui.
Lorsque, pendant leur stage, ils iront visiter certains services de Police ou de Gendarmerie, comme l'Identité Judiciaire que le grand public connaît, enfin, un peu grâce à la série télévisée "Les experts", qu'ils ne perdent pas de vue que ces hommes et ces femmes seront toujours en première ligne, à leur détriment parfois, pour les aider à faire éclater la vérité ou rendre au moins cette justice auquel l'être humain aspire tant. Une vraie justice synonyme de Liberté.
Rédigé par : Michel PETROCCHI | 21 janvier 2010 à 12:43
C'est curieux mais je ne ressens pas votre billet lyrique et/ou emphatique.
Mais crépusculaire.
Magnifique leçon de vie, Philippe.
Rédigé par : Véronique Raffeneau | 21 janvier 2010 à 12:40
@Jiel | 20 janvier 2010 à 18:42
« Il paraît qu’on juge « au nom du peuple français », mais comment puis-je exercer mon pouvoir (mon 65 millionième de pouvoir) sur ce que fait la justice si cela ne me convient pas ????? »
En dehors du 1/65 millionième de pouvoir que représente votre bulletin de vote si vous comptez les nouveau-nés et autres mineurs de moins de 18 ans, la possibilité d’une saisine directe du Conseil constitutionnel vous est désormais ouverte pour le cas où, dans les lois en instance d’être promulguées - ces lois où s’originent les pouvoirs des juges, en tant que c‘est à eux que revient le pouvoir d‘apprécier les écarts à la norme légitimement définie -, quelque chose vous paraissait contraire aux intérêts de votre pays tels que formulés par la constitution qui le tient debout.
« C’est superbe, mais si le citoyen n’est pas d’accord avec ce que fait la justice, comment l’exprime-t-il ? Comment redresse-t-il le tir ? »
Un premier élément de réponse se trouve dans votre commentaire même, à cet endroit : « Cher Philippe, si j’écris sur ce blog, c’est que j’apprécie vos prises de position. »
Autrement dit, faire savoir ainsi que vous soutenez le combat de ceux qui, de l’intérieur, se battent pour la Justice, autrement dit encore, 'pour l'honneur de la justice', compte tenu du fait que l'honneur de la justice c'est aussi, de sa place,qui n'est pas nécessairement celle d'un premier violon, partie de l'honneur d'un pays.
Un deuxième élément se trouve ici : « Il paraît qu’il existe un Conseil Supérieur de la Magistrature, dont le rapport avec ce que peut désirer le peuple me paraît clair comme du jus de boudin et le fonctionnement encore plus opaque que celui du Grand Orient. »
Pour ce qui est de la Lorraine, le grand maître de la loge est connu, c’est un chirurgien de la main. A partir du moment où on sait qui tire les ficelles, c’est déjà plus facile d’intervenir dans le théâtre d‘ombres qu‘elles activent que lorsqu’on l’ignore. Ça permet également de moins fantasmer sur son réel pouvoir et ses réelles interventions.
D’autre part, le citoyen lambda qui l’estimerait utile à ses intérêts, peut également désormais saisir directement ledit Conseil et tant qu’on n’aura pas vu une telle saisine directe mise légitimement en œuvre, il me paraît difficile de critiquer sa façon d’aboutir.
« Mais alors le pouvoir judiciaire, en quoi et comment me représente-t-il et quelle influence même lointaine puis-je avoir sur lui ? »
Ce pouvoir vous représente tout comme n’importe laquelle des instances de la République vous représente, ni plus, ni moins.
Mais c’est énorme, dans la mesure où pour chacun de ces pouvoirs, le citoyen est la figuration de tous les citoyens. Vous pouvez en effet, et fonction des circonstances, représenter vous-même ce citoyen en lequel tous les citoyens seront soit bafoués, soit bien servis. La dialectique hégélienne du particulier et du général exprime et explique très bien cela.
Vouloir davantage reviendrait à vouloir personnaliser, tout comme certains qui customisent la fonction présidentielle, cherchant à s’y incarner au lieu de l’incarner.
Maintenant, si vous pensez que n’avoir pas davantage de pouvoir que le commun des mortels est pénalisant eu égard à vos bonnes idées, meilleures que celles d’en face, faites de la politique et convainquez en le maximum de gens, puis une fois en place, changez la démocratie en oligarchie, ou en aristocratie puis customisez le et transformez le en tyrannie( = monarchie d’opérette) et ainsi vous serez assuré ( ou du moins, vous en aurez l’illusion), que tout se passera à votre convenance.
Rédigé par : Catherine JACOB@Jiel | 21 janvier 2010 à 11:00
Alex :
"Je trouve ce billet très beau mais un peu emphatique."
Et c'est bien ce lyrisme qui manque à notre société ! Ce déficit d'emphase, de lyrisme, d'envolée fabrique des Burgaud, de petits techniciens bigleux en blouse grise qui ont oublié de rire et de pleurer, de s'enthousiasmer et de s'indigner.
Je trouve ce billet très beau parce qu'il est emphatique.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 21 janvier 2010 à 09:43
Bravo !
J'espère que ce billet passionnant ne marque pas la fin de votre carrière !
Si c'est le cas, une autre carrière est toute trouvée, celle d'écrivain à plein temps !
Bien à vous,
Johann
Rédigé par : johann | 20 janvier 2010 à 22:26
Je trouve ce billet très beau mais un peu emphatique.
"Ne pas ajouter une pierre négative à la misère du monde", c'est bien de cela qu'il s'agit pour les magistrats.
Mais leur grande capacité de nuisance est comparable à celle de ceux qui s'occupent de nos voitures, nos avions, notre alimentation, notre santé, nos retraites...
Dans ce sens le devoir des magistrats est de travailler honnêtement, comme tout le monde, sans en faire tout un plat.
Imagine-t-on les chirurgiens, les pilotes de ligne, les techniciens monteurs de bronchioscopes faire autant de jolis couplets ?
Pour ces derniers, une des multiples membranes oubliées dans le remontage et c'est la mort du patient. La différence, c'est que pour les magistrats l'erreur et la négligence sont impunis. On a vu Outreau.
La rigueur passe par l'humilité, et les si beaux discours peuvent faire se rengorger les futurs Burgaud.
Regardez, les OPJs sont jaloux.
Vite, des breloques estampillées RF, au moins ça ne coûte pas cher...
Rédigé par : Alex paulista | 20 janvier 2010 à 21:51
Cher Philippe,
Que je suis heureux de lire ce beau texte qui me paraît exemplaire en même temps qu’il me confirme dans le creux sans fond de la question que je me pose depuis des années et que je vais enfin pouvoir poser sans être « hors sujet ». Chic, je vais connaître la réponse !
Quand on me parle de la justice et des juges, une fois sur deux, le thème est la revendication véhémente de l’ « indépendance des juges ». La protestation indignée est même le plus souvent scandalisée : on fait offense à l’indispensable indépendance des juges ; le pouvoir exécutif va interférer et transformer en simples « fonctionnaires à la botte » des juges dont toute la vertu réclame, pour pouvoir grimper vers les sommets de la justice impartiale, la fameuse indépendance.
Suivent généralement quelques développements sur le parquet et le siège (niveau très élémentaire du jargon qui sert à éliminer du débat ceux qui n’ont pas fait un minimum d’études de droit, mais qui connaît bien d’autres apothéoses destinées à interdire au commun des mortels de comprendre ce que fricotent entre eux dans leurs alchimies codées les juges et les avocats- sondage proposé : combien de français sont capables de comprendre un jugement sans l’aide tarifée d’un avocat ? ou bien combien de français sont capables d’expliquer la différence entre parquet et siège ? 2% ?) plus une fine allusion à Montesquieu pour décourager les incultes.
Donc la séparation des trois pouvoirs est le B-A BA que personne ne remet en cause et cette tentation du pouvoir exécutif d’influencer (au minimum !) le pouvoir judiciaire une horreur évidente.
Jusque-là, mon cerveau suit et approuve la rationalité du propos.
Mais juste après revient la lancinante question : ce pouvoir judiciaire, qui défend son indépendance contre les tentatives du pouvoir exécutif, de qui dépend-il ? En dehors de ces attaques qu’il dénonce, ce n’est pas de l’indépendance qu’il a, c’est de l’autonomie la plus absolue !
Il paraît qu’on juge « au nom du peuple français », mais comment puis-je exercer mon pouvoir (mon 65 millionième de pouvoir) sur ce que fait la justice si cela ne me convient pas ?????
Philippe écrit, et c’est fort beau, faute de mieux : « vous n'êtes tenu par rien ni personne si ce n'est votre conscience, votre intelligence, votre écoute et votre compassion ». C’est tellement vrai que j’en ai froid dans le dos ! Et plus loin : « vous devrez être obsédés par le citoyen. On vous en parlera mais on fera comme s'il n'était pas au-dessus de vos esprits en permanence pour vous juger. Pourtant, c'est lui que vous devrez servir et dont la satisfaction ou non constituera le critère décisif pour évaluer vos entreprises. » C’est superbe, mais si le citoyen n’est pas d’accord avec ce que fait la justice, comment l’exprime-t-il ? Comment redresse-t-il le tir ?
« Tenu par rien ni personne » décrit si bien la justice que je vois à l’œuvre en France que je pense qu’il faut graver cette phrase dans le marbre et réfléchir avec son adéquation à ce que souhaite être une démocratie. Un OVNI sans attache flottant à son gré où un vent sans direction le porte et sans rendre de compte qu’à lui-même…
Résumons : le pouvoir exécutif est incarné par un président de la République élu au suffrage universel, le pouvoir législatif par deux chambres élues itou… Sur le plan des principes, tout est en ordre. On n’est pas naïf ; celui qui est Président fait le contraire de ce qu’il a promis et le député est soit un inconditionnel godillot soit un combinard ; mais on a au moins la satisfaction quelques années plus tard de voter contre, de s’abstenir ou de revoter pour le même à contre cœur, faute de mieux. En tant que jobard de la démocratie représentative, je ne peux contester que j’ai le pouvoir, avec mes concitoyens, de contrôler (en l’écrivant, je souris…) les pouvoirs exécutifs et législatifs. Au moins formellement. Et puis, m’a-t-on souvent répété, il y a tellement pire ailleurs qu’on ne va pas se plaindre !
Mais alors le pouvoir judiciaire, en quoi et comment me représente-t-il et quelle influence même lointaine puis-je avoir sur lui ?
Elire les juges ? Horreur absolue ! D’abord c’est ce que font les ricains, alors le débat est clos avant d’avoir commencé dans un monde civilisé ! Non mais ! Je n’ai jamais trop entendu en débattre, ce ne doit donc pas être si simple ! D’autres solutions ? Mes connaissances en organisation du pouvoir judiciaire des autres pays ne me permet pas d’en avancer…pourtant la question doit bien se poser partout, en démocratie ?
Aujourd’hui en France ? L’idée qu’on peut en avoir (vu de l’extérieur dans mon cas) ? Il parait qu’il existe un Conseil Supérieur de la Magistrature, dont le rapport avec ce que peut désirer le peuple me paraît clair comme du jus de boudin et le fonctionnement encore plus opaque que celui du Grand Orient. Comment se font les promotions et les nominations ? corporatisme ? appartenance syndicale ? opinions politiques ? copinage ? pourquoi pas un peu de mérite (mais sur quels critères ? les nôtres ou ceux de la confrérie ?) ? un petit coup en douce du pouvoir exécutif ?
Les juges n’ont pas de raisons d’être pires ou meilleures que les citoyens au nom desquels ils exercent leur fonction… mais il y a autant de chances que les premiers agissent en fonction de ce que souhaitent les seconds, que de gagner au Loto… puisque rien ne l’organise et rien ne le garantit.
Si j’écoute (et il faut zapper fort pour ne pas l’entendre une fois par semaine) M. Portelli ou le syndicat de la magistrature, si je prête l’oreille à ces JLD qui relâchent sans relâche, à toutes ces robes noires qui ne rêvent que de prisons vides, je ne me sens pas vraiment en accord avec ce que fait la justice… et la phrase sacro-sainte : « je fais confiance à la justice de mon pays » n’est pas la première qui me viendrait à l’esprit. Comment l’exprimer ? Si d’autres pensent comme moi, comment l’exprimons-nous ? Comment faire que cela change pour que la justice soit rendue conformément à ce que souhaitent les Français. Est-ce le cas aujourd’hui ? Ou pas ? Personne ne le sait ! Il y a peut-être des sondages et la justice y est mal aimée. Est-ce une façon rationnelle de gouverner la justice ?
Si seulement, avant de porter un jugement sur nos juges, on était informé… Nos législateurs élus ont décidé que pour un cambriolage avec effraction et à main armée on risquait entre x mois (oh horreur il existe peut-être un plancher qui limite le libre arbitre de nos juges !) et y années de prison. Où peut-on trouver simplement la statistique : cette année il y a eu K cas de ce genre, dont L ont été transmis à la justice (boulot de la police), parmi ces L, M ont été relâchés, N non poursuivis, O condamnés au quartile inférieur de la peine, P au deuxième quartile… etc. et on devrait continuer sur l’exécution des peines… pour que le peuple sache comment les vœux du législateur sont suivis ou pas… et puisse d’ailleurs les amender s’il le souhaite.
Mais le peuple ne doit pas savoir. Qu’il laisse les hommes de l’art faire leur fricot !
En fonction de quoi ? Des opinions du syndicat de la magistrature, de la formation (ou déformation ? ou conditionnement ?) donnée par l’école de la magistrature, de l’influence du droit de l’hommisme ?
Une partie des citoyens ronchonne, soutient l’Institut pour la Justice, vote (en se trompant d’élection) pour des extrêmes. Tout cela n’est pas sain.
Cher Philippe, si j’écris sur ce blog, c’est que j’apprécie vos prises de position. Ce que je viens d’exprimer ne devrait pas vous froisser. Est-ce que cela pourrait vous donner un jour l’idée de nous dire comment vous voyez l’organisation d’une justice « au nom du peuple français » qui, par son organisation et pas seulement par les excellents principes que vous donnez aux jeunes qui entrent dans la carrière optimiserait les chances de répondre aux aspirations des citoyens ?
Rédigé par : Jiel | 20 janvier 2010 à 18:42
Oh, douloureuse coïncidence !
Les belles nominations que voilà en conseil des ministres. Avec l'ineffable et très zélé Ingall-Montagnier, nommé à Versailles, qui se rapproche dangereusement de Paris. Une sorte de contre-exemple de tout le billet de Philippe, un cas d'école de servilité politique.
Auditeurs de justice, fuyez !
Philippe en oraison : "Mon Dieu, faites que la retraite arrive avant Ingall-Montagnier !"
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 20 janvier 2010 à 17:47
Bonjour, M. l'Avocat Général
C'est avec gourmandise que je lis chacun de vos billets ; d'accord ou pas avec vos analyses, qu'importe ! ils sont toujours enrichissants. Me permettez-vous, cette fois de vous adresser un petit reproche. Il m'apparaît que, dans la liste des personnes que rencontreront les futurs magistrats, vous en ayez oublié une catégorie, non négligeable à mes yeux. Il s'agit des officiers de police judiciaire - gendarmes ou policiers - qui travaillent quotidiennement à leurs côtés, ou plus exactement en exécution de leurs instructions. J'associe d'ailleurs aux OPJ, tous les fonctionnaires des administrations concourant à la bonne administration de la Justice. Mais peut-être que dans votre esprit, ces hommes et femmes sont partie intégrante du système judiciaire ? Cependant, un bon "chef" ne doit jamais négliger l'apport des personnes qui travaillent pour lui, à ses côtés. Vous aurez compris qu'il s'agit ici d'un billet d'humeur d'un des ces OPJ (maintenant retraité).
Très respectueusement
Rédigé par : François | 20 janvier 2010 à 17:43
@Clafoutis | 20 janvier 2010 à 12:22 "
"@atherine Jacob
Google me dit : "Résultats 1 à 10 sur un total d'environ 2 930 pour Élisabeth Bourdeau de Fontenay (0,33 secondes)"
Bizarre."
Une consultation ultérieure ayant été cependant possible et ayant donné 1 - 10 sur 17 911 résultats pour Elisabeth de Fontenay, je suppose qu'il devait s'agit d'un cafouillage, mais malgré tout ciblé, puisque l'adresse IP déclarée interdite était bien la mienne.
Etrange donc, en effet.
Rédigé par : Catherine JACOB | 20 janvier 2010 à 17:07
"Je devine que certains d'entre vous sont peut-être déjà syndiqués."
"La solitude est une force."
Et pourtant l'instituteur du bled avait écrit au tableau noir "soli.aire". On distinguait mal la lettre manquante.
Etait-ce un "d" ou un "t" ?
Peut-être que l'un n'empêche pas l'autre. Peut-être sont-ils également complémentaires et nécessaires.
Rédigé par : Clafoutis | 20 janvier 2010 à 15:04
Sur le "travail en équipe". L'administration a ses marottes, et souvent pour se donner une image d'efficacité elle recycle des concepts mal maîtrisés issus du monde entreprenarial, où parfois ils ont déjà fait pas mal de dégâts.
Je pense aux concepts de Qualité, d'Organisation Projet...
Le "travail en équipe" est dans cette veine. Pourtant, quelle est la clef de la réussite du travail en équipe ?
- chacun doit avoir un rôle bien défini avec une expertise ou un périmètre
- des réunions courtes et régulières ou chacun explique ce qu'il compte faire dans sa partie. Les marquer à 12h00 est une bonne manière d'éviter la réunionite
- un chef qui coordonne les activités, synthétise et recoupe les résultats
En somme, c´est tout organiser pour que chacun puisse travailler seul efficacement. Ce n'est jamais pour diluer les responsabilités.
On ressent cela quand on débute au poste d'Officier Chef de Quart d'un bâtiment. Au début on veut montrer au timonier qu'on calcule les marées de tête, qu'on est rapide au radar et à faire le point par trois relèvements sur amers. On court en passerelle d'un engin à l'autre, les timoniers sourient les bras croisés. On est extrêmement dangereux, la plupart du temps le nez dans le radar et les gyro, à la merci du petit voilier peu manoeuvrant qui se jette dans l'axe.
Quelques mois plus tard, on fait bien différemment: on met un gars au radar, un gars au point carte, un gars en veille au-dessus de la passerelle. On donne aux deux premiers l'ordre de donner le point toutes les deux minutes. Toutes les deux minutes, on vérifie distraitement que le point donné par chacun est cohérent avec le GPS. On passe son temps à la radio avec la passerelle supérieure à discuter des souffleurs, des plaisanciers autour, ou la nuit à raconter des mauvaises blagues pour vérifier que l'interlocuteur ne dort pas.
Et on n'hésite pas à glander la moitié du temps, il faut bien se garder disponible pour les quelques imprévus qui ne manquent pas d'arriver.
Un chef hyperactif qui ne sait pas déléguer est un danger : il n'a aucun recul, ne prend pas le temps de voir plus loin que ce que sa propre actualité lui montre.
La Marine est une bonne expérience de ce que doit être un chef, et l'organisation du travail en équipe.
Rédigé par : Alex paulista | 20 janvier 2010 à 14:34
Bonjour M. Bilger,
Magnifique, vibrant et poignant plaidoyer pour votre profession. On ne peut que louer la passion qui après tant d'années de carrière vous anime toujours avec la même ardeur, et davantage peut-être qu'à vos débuts.
Vous n'êtes en rien désabusé, et sous cette forme de "basilikon doron" que vous adressez aux auditeurs de justice, on sent poindre un auto-portrait professionnel d'une grande justesse.
Votre billet devrait être lu à chaque nouvelle promotion de l'ENM et être médité par tous les magistrats en exercice.
Je terminerai par une note d'humour, n'y voyez pas malice, lorsque vous écrivez "qu'une justice réussie est un Himalaya à gravir" je souris en songeant à Laurent Davenas.
Rédigé par : Ludovic | 20 janvier 2010 à 14:15
@Catherine Jacob
Google me dit : "Résultats 1 à 10 sur un total d'environ 2 930 pour Élisabeth Bourdeau de Fontenay (0,33 secondes)"
Bizarre.
Rédigé par : Clafoutis | 20 janvier 2010 à 12:22
Vos exhortations ressemblent à celles que l'on entend dans nombre de discours ministériels de "sorties de promotions" qui sont souvent reçues comme des propos formels de circonstance.
Et pourtant, celles-ci sont empreintes de la philosophie acquise après une longue pratique et une réflexion très approfondie.
Sous votre plume, et contrairement aux paroles prononcées par nombre de ministres, elles sonnent vrai et méritent à ce titre d'être adoptées et intériorisées par ceux qui seront les futurs praticiens du Droit.
Puissent les auditeurs de justice vous entendre, au sens plein de ce verbe !
Rédigé par : Robert | 20 janvier 2010 à 11:59
« inscrirez dans vos esprits les pensées fortes d'Elisabeth de Fontenay et d'Amartya Sen (Marianne 2, Le Point) »
L’autre moitié :
Le prix Nobel indien en économie et l’invention de l’Indicateur de développement humain ou IDH (voir au besoin définition et explication sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Indicateur_de_d%C3%A9veloppement_humain )
« Les gouvernements et les organisations internationales s’occupant des crises alimentaires ont été influencés par les travaux de Sen. Il encourage ceux qui mettent en place ces politiques à faire attention non seulement à alléger la souffrance immédiate mais aussi à trouver des moyens pour que les pauvres puissent combler le manque d’argent comme par exemple avec des projets ( par ex. de travaux publics) ou le maintien de la stabilité des prix (ce qui n'est pas le cas par ex. du prix du ticket de bus pour s'éloigner de Port au Prince, multiplié par dix en cinq jours).
En tant que vigoureux défenseur de la liberté politique, Sen pense que les famines n’ont pas lieu dans les démocraties qui fonctionnent car leur leader est plus sensible aux demandes des citoyens. Pour arriver à une croissance économique, il pense que des réformes sociales de même que des améliorations dans l’éducation et la santé publique doivent être menées avant des réformes économiques. » - Source Wiki -
Que voici donc une raison supplémentaire de s’inquiéter de la façon dont J.-P. Raffarin décrit les innovation de NS en matière de régime présidentiel notamment…!
Faire confiance à l’homme relativement à sa capacité de mettre en œuvre ce qui est bien pour sa survie pour autant qu’on ne lui mette pas de bâtons dans les roues par des mesures incontournables inspirées par des personnages qui n’ont jamais eu l’humble décence du président de la Japan Airlines dans ses excuses à l’entreprise et aux citoyens au moment de son récent dépôt de bilan, et pour autant que son voisin soit occupé d’autre chose que de s’auto investir de la surveillance du quartier à la jumelle pour défaire la nuit ce que d’autres construisent le jour. Voilà en effet ce qui est important.
Rédigé par : Catherine JACOB | 20 janvier 2010 à 11:22
Magnifique plaidoyer pour ceux qui pourraient douter mais aussi à lire et à relire pour ceux plus anciens qui auraient perdu certains fondamentaux de cette noble mission au service du justiciable.
Rédigé par : Jabiru | 20 janvier 2010 à 09:51
Standing ovation!! comme disent ceux qui négligent la langue française et gagneraient à vous lire.
J'avoue ne pas avoir toujours complètement suivi vos recommandations ; je les admire d'autant plus.
Rédigé par : mike | 20 janvier 2010 à 09:47
A lire dans toutes les écoles ?
Rédigé par : Mulet | 20 janvier 2010 à 09:32
Quel testament ! Mais n'est-ce pas encore un peu tôt ?
"Vous concéderez tout au professionnel et rien au personnage, tout à l'orgueil de la fonction et rien à la vanité de la position."
Magnifique !
"Vous inscrirez dans vos esprits les pensées fortes d'Elisabeth de Fontenay et d'Amartya Sen (Marianne 2, Le Point) démontrant que ce qui compte pour chacun, c'est de faire à sa place qu'il y ait le moins de mal possible, de ne pas ajouter une pierre négative à la misère du monde."
Vous auriez dû être philosophe...
Au fait, recherchant des informations quant à cette Mme de Fontenay qui n'a rien à voir avec nos miss et qui porte ce nom en vertu d'une légitimité patrilinéaire et plus précisément dans la forme Élisabeth Bourdeau de Fontenay, Google France s'est opposé à la recherche et j'ai dû passer par un moteur japonais en japonais...
Google - Error - Forbidden - Your client does not have permission to get URL from this server. (Client IP address: etc.) Pourtant, je n'ai jamais consulté aucun site bizarre, ni opéré aucun téléchargement illégal, ni par Google, ni autrement !! Enfin !
Grâce à MSN Japan, j'ai donc eu connaissance d'un ouvrage que je vais probablement commander et qui est : "Le Silence des bêtes paru chez Fayard en 1998, un ouvrage qui repose la question de ce qu'est le « propre de l'homme » et remet en cause l'idée d'une différence arrêtée entre l'homme et l'animal." Cet animal auquel le père du doute cartésien n'accorde nulle conscience, réputé n'agir qu'en vertu du principe de causalité et qui n'est cependant pas doué de la personnalité juridique de 'justiciable', mais qui aurait néanmoins beaucoup à dire à un auditeur de justice qui entendrait son langage, d'animal à animal, cet animal qui a un sens/sentiment inné de la justice et de la trahison.
Rédigé par : Catherine JACOB | 20 janvier 2010 à 08:32
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir,
Si tu peux être amant sans être fou d’amour ;
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les Rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront ;
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un Homme, mon fils.
Rudyard KIPLING
Je ne puis qu'ajouter : tel père, tel fils.
Bravo, merci Philippe.
Rédigé par : yves bouant | 20 janvier 2010 à 08:05
Voilà une pertinente philosophie professionnelle et une belle description du métier et son milieu, dans laquelle je me retrouve, bien que petit pois d'en face.
Rédigé par : magistrat administratif | 20 janvier 2010 à 06:37
Wouahh ! Ca, c'est écrit !
Qui saura le lire ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 20 janvier 2010 à 00:26
Quelle que soit la profession qu'il choisira, c'est le discours que j'aimerais tenir á mon fils.
Super ! Merci.
Rédigé par : jpledun | 20 janvier 2010 à 00:21