J'aimerais ne pas tomber dans une indignation facile. Mais tout de même !
David Guebre-Johannes, déséquilibré mental, âgé de 25 ans, s'acharnait sur Marcel Rodriguez, gardien de la résidence Roc-Martin à Roquebrune. Il lui portait quinze coups de couteau mais, après une semaine de coma, au début du mois de juin 2005, la victime survivait après avoir été secourue par un voisin qui lui avait prodigué des premiers soins et deviendra un ami. L'auteur de ces violences avait été déclaré irresponsable. Placé d'office au centre hospitalier Sainte-Marie de Nice puis dans un appartement thérapeutique, il était, paraît-il, sous suivi médical constant.
Toujours est-il qu'au mois d'avril 2009 il revenait rôder autour de la résidence Roc-Martin sans doute pour s'en prendre à des voisins qui, quelques années auparavant, s'étaient plaint du bruit de sa musique. Marcel Rodriguez qui avait remarqué ses allées et venues en informait le procureur et le préfet. Guebre-Johannes était, semble-t-il, à nouveau interné pour être remis dans la vie libre au cours de l'été. Rodriguez écrira plus tard à des ministres qui, selon lui, souligneront seulement "que la loi était faite comme ça" et qu'on ne pouvait rien faire.
Le 2 janvier 2010, il sonnait, dans cette résidence, chez tout le monde avant de se signaler à la porte du studio où, croyait-il, habitaient encore les voisins qu'il recherchait, au 4ème étage. Le nouveau locataire, un retraité de 60 ans, lui ouvrait sans méfiance et il était immédiatement blessé à mort par l'agresseur armé d'un poignard. Ce dernier menaçait encore des voisins alertés par les cris puis s'enfuyait. Il était interpellé une heure plus tard à la gare de Menton, non sans avoir cherché encore à s'échapper (Le Monde, Le Parisien, Le Figaro).
Cette double tragédie met en lumière "la difficile surveillance des malades mentaux dangereux" qui n'est pas un problème nouveau mais qui, en l'occurrence, nous est proposé avec une pureté de scandale quasiment absolue. Le coup de massue a été tel, certes dans une période de moindre activité médiatique, qu'il a comme tétanisé les protestations légitimes et les dénonciations habituelles. Il est, si j'ose dire, porteur d'espoir dans la mesure où la cruauté absurde et évitable de ce double crime interdit toute argutie, toute volonté de compréhension lénifiante et place la société, et ceux qui l'administrent en notre nom, en face de leurs responsabilités. La mise en cause des mécanismes qui ont, à intervalles réguliers, relâché cette "bombe humaine" erratique et perdue dans un monde trop cohérent pour elle ne sera discutée par personne et sans vouloir exploiter les désastres humains, une opportunité se présente qui autoriserait un débat consensuel sur les limites de l'autonomie psychiatrique et les risques d'une dangerosité sociale quasiment avérée. C'est au nom d'une telle réflexion collective et réellement, pour une fois, non partisane que je voudrais me garder d'un populisme de mauvais aloi. Il n'est pas concevable que, le sang épandu mais oublié, on reparte avec la même inconscience vers des drames identiques.
Impossible à soi seul d'élaborer des solutions miraculeuses. Trop pris qu'on est par une vision sulpicienne de l'humain ou une conception pessimiste à l'excès. Ce qui est sûr en revanche, c'est qu'il convient de bannir à tout jamais cette expérience qui ose qualifier le parcours libre de Guebre-Johannes "de régime de sortie d'essai". Pour l'intégrité de la société, la sauvegarde de ses membres, on n'essaie pas. On réussit ou on s'abstient. On ne tente pas de projeter vers autrui une personne dont les capacités de nuisance et de violence sont loin d'être apaisées en opérant un "essai" dont les conséquences seront redoutables. On n'a pas le droit de jouer à pile ou face en induisant d'une apparente accalmie mentale une tranquillité sociale garantie. Dans le doute, on se retient et on retient. On ne parie pas sur le meilleur quand le pire demeure, seulement assoupi, dans l'ombre. L'espace public n'a pas à représenter un terrain de mort pour la folie. Avant d'ouvrir les portes, on songe à la multitude qui se trouve derrière.
Tout méritera d'être débattu par la suite mais cette précaution fondamentale pourra, devra constituer une certitude de base.
Malheureusement, le crime, lui, n'est jamais "à l'essai".
Suis-je responsable de mes actes ? Doit-on demander à un psychiatre de prendre la place d'un juge ou du jury ou de l'avocat général ? Que demande-t-on à un psy ? D'évaluer l'état mental d'un schizophrène et que doit-il répondre autrement que le constat que cet homme n'est - médicalement - pas responsable de ses actes, parce que victime d'altérations, de délires, etc. Or que dit la loi ? Pour être condamné pour de longues peines, on doit prouver la responsabilité de son auteur - n'allons pas plus loin, depuis toujours, on tourne en rond. Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on s'aperçoit des limites de la justice.
Rédigé par : tomi | 15 janvier 2010 à 22:52
Bonjour
Merci spiritstm pour votre commentaire. J'ajouterai que la bipolarité est une pathologie encore mal cernée par les médecins.
Depuis de nombreuses années force est de constater que la psychiatrie a été le champ d'expérimentations plus ou moins douteuses.
Les économies drastiques imposées par les gouvernements successifs aux établissements de soins ont eu pour conséquence de laisser à "l'abandon" un nombre de plus en plus important de personnes.
N'oublions pas que plus de la moitié des SDF sont atteints de troubles psychiatriques.
Les économies imposées ont pour conséquences des carences dramatiques dans la formation et le recrutement du personnel des établissements de soins.
L'encadrement des soignants est également insuffisant.
Alors bien sûr il y a des dérapages dans les diagnostics, les soins, l'accompagnement des malades...
Il est humainement inacceptable par principe de précaution de mettre en milieu fermé toute personne qui présente des troubles potentiellement "dangereux" pour elle-même ou autrui.
Il est tout aussi inacceptable de laisser aller et venir sans surveillance des personnes qui sont en milieu "ouvert" et qui peuvent devenir dangereuses en cas de rupture de leur traitement.
La voie est étroite entre le respect des malades et de leur dignité et la protection de la société.
Un débat citoyen qu'il faudra bien un jour ouvrir sans tabou ou arrière-pensées politiques.
Rédigé par : artemis velourine | 09 janvier 2010 à 15:17
Jean-Marie
Non, vous ne comprenez pas, comme pas mal d'autres, MrG, entre autres.
C'est pourtant lumineusement simple.
Essayer de discerner du déterministe dans des enchaînements, là est la raison, le chemin à suivre. Qui a tué ne tuera pas ou plus si on sait ce qui a justifié telle passage à l'acte et si les causes étaient identifiables et inscrites dans une évolution logique et prévisible dont on pourra prévenir la survenue dont on a hélas connu les conséquences.
Clarifions d'un exemple : un homme est socialement acculé par une situation où bien des éléments à la survenue conjointe haussent graduellement son niveau de stress (ce qui jusque là ne distingue en rien réaction pathologique et réaction compréhensible au sens d'anticipable donc censurable) et finit par "exorciser" cela de radicale façon en passant à l'acte de manière violente.
C'est le chemin de tous les actes violents non intéressés - visant à diminuer un stress de l'instant, actes à bénéfice immédiat, loin d'un vol ou d'une agression crapuleuse dont les fruits pourrait être consommés loin du passage à l'acte - tombant sous le coup de la loi.
Sauf que le distinguo se fait dans l'examen de ces causes, en la mesure du rapport des amplitudes de causes et d'effet et par la même par la probabilité de leur survenue, qui chez un psychopathe sera quasi certaine, en ce que "psychopathe" devient ici synonyme d'"amplificateur" d'effet.
Celui qui de l'anodin qu'il rencontrera tout le temps fait un drame.
Chez certains, qui ont agressé dans les circonstances concomitantes de soucis, familiaux, professionnels, financier, affectifs d'une certaine ampleur, décès, abandon, limogeage, situations heureusement rares dans leur survenue et d'autant plus dans leur occurrence coordonnée, on peut raisonnablement se convaincre que les chances de recroiser telle situation sont faibles, voire epsilonesques.
Dans le cas du psychopathe, ce sont des broutilles de survenue certaine qui suffisent à lui faire passer la ligne, toutes les lignes peut-être, ceux-là ne peuvent dès lors par pur calcul probabiliste (cela va glacer quelques effrois bien-pensants) être remis dans le libre champ social qui engendrera innocemment - sans ironie - les mêmes causes et bientôt les mêmes causes, pour certains, irréversibles.
AO
Rédigé par : oursivi@JM_MrG | 09 janvier 2010 à 01:10
@spiritstm
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre billet, la société se doit d'être la garante de la sécurité de tous et de chacun. Votre conscience personnelle nous renvoie à notre conscience individuelle. Qui peut se vanter de n'avoir jamais eu un comportement pouvant mettre en péril la vie des autres, au volant, on va arriver, on est fatigué, le coup de pompe, la catastrophe !
Tous les jours nous sommes confrontés à la violence. Si des gens qui ont autorité se trompent, c'est une faute,une faute qui doit être jugée.
Un chauffeur de car scolaire, qui par malheur a un taux d'alcool légèrement supérieur, se trouve impliqué dans un accident dans lequel il ne porte aucune responsabilité, sera, et c'est normal, sanctionné.
Alors que chacun souffle dans le ballon de sa responsabilité !
spiritstm merci, bon courage, vous êtes quelqu'un de rare.
Rédigé par : yves bouant | 08 janvier 2010 à 20:23
Bonjour M.Bilger, moi-même atteint d'une pathologie psychiatrique je suis atterré par certains commentaires faisant suite à votre post.
Dans mon cas, ma patho, je souffre de troubles bipolaires (troubles d'origine génétique), qui sans traitement adéquat, peuvent me mener du suicide jusqu'à la folie... qui peut donc se révéler potentiellement meurtrière.
Ma maladie est difficile à diagnostiquer, difficile à traiter, et les rechutes sont nombreuses.
D'après ce que je lis ici (selon quelques-uns en tout cas), pouvant être dangereux, je devrais être enfermé pour ne pas nuire. Dans une sorte de principe de précaution.
Dans mon cas, j'ai conscience de ma maladie et de ses capacités de nuisance vis-à-vis de mon entourage et, dans la mesure de ce qui m'est possible de faire, je prends un maximum de précaution :
- Je respecte la prise de mon traitement
- Je fais très attention à ne pas déstabiliser mon état
Tout cela fait partie d'une psycho-éducation pratiquée depuis longtemps.
Dans le cas que vous évoquez et dans quelques autres, c'est la première chose qui m'a frappé, ce manque de responsabilisation du patient vis-à-vis de sa maladie.
Selon moi, et j'espère que vous abonderez dans mon sens, on peut difficilement reprocher quelque chose à un patient dès lors qu'on ne lui donne pas conscience de la dangerosité de sa pathologie, si c'est possible (il y a des exceptions), vis-à-vis de la société et surtout qu'on ne lui donne pas les moyens de maîtriser cette dangerosité.
Le problème est là, si les équipes soignantes, psychiatres en tête (avec leur niveau de formation plus que famélique... c'est un connaisseur qui parle) ne font pas ce travail, alors elles sont responsables et font courir un risque à la société.
Dans tout cela, le premier responsable, en première ligne, est celui qui est chargé de donner les moyens à la médecine psychiatrique et, sans le régler pour autant, permettre non seulement d'avoir une formation correcte de nos psy mais en plus d'avoir les structures adéquates permettant de traiter les malades.
Ce responsable, M.Bilger, vous le connaissez bien, il tient les cordons de la justice, domaine ou là aussi des dysfonctionnements sévères existent. Sans pour autant avoir amené à des incidents tragiques (du moins je ne m'en rappelle pas)... jusqu'à maintenant.
Ce responsable c'est l'Etat.
Une dernière chose. La société (vous, moi, tous le monde) prône la tolérance et nous fait la leçon sur le sujet à longueur de temps, bizarrement cette tolérance passe au niveau zéro dès que quelque chose nous dérange, nous heurte, nous blesse. C'est bizarre non ?
Rédigé par : spiritstm | 08 janvier 2010 à 19:00
La lecture de ce billet navrant m'inspire cette réflexion : la plume de Bossuet au service de la philosophie de Robert, pilier de comptoir au Café du Commerce.
Rédigé par : Mussipont | 08 janvier 2010 à 19:00
Rédigé par Monsieur Alex paulista le 07 janvier 2010 à 16:02
"détruire la vie de pauvres gens... "
Desolee de relever... mais un doute me saisit : ceux que vous considerez comme de "pauvres gens" sont avant tout ceux qui se font "massacrer gratuitement" ?
"tout le monde est un criminel potentiel"
Certes, mais peut-etre qu'en France aujourd'hui, tout le monde ne sort pas encore arme d'un couteau pour vaquer a ses activites quotidiennes ?
Un ou deux autres commentaires m'irritent mais je passe au sujet suivant.
Rédigé par : Valerie | 08 janvier 2010 à 18:12
Cher Philippe,
L'homme qui répondra à votre question sur
la prévisibilité du passage à l'acte est un homme dangereux.
Un acte imprévisible est par définition imprévisible.
Le second point sur lequel il convient d'insister est que le malade qui présente des troubles émotionnels est beaucoup plus souvent victime et agressé dans notre société qu'agresseur.Une société qui ferait régresser les droits et obligations des personnes fragilisées serait en défaut.
Les personnes dites schizophrènes ne sont
que rarement et même très rarement violentes. Il est déjà difficile de faire accepter à l'entourage leur insertion...
N'en rajoutez pas.
Les sourds ont été enfermés pendant des siècles parce qu'ils criaient avant que l'on ne comprenne leur intelligence.
françoise et karell Semtob
Rédigé par : semtob | 07 janvier 2010 à 23:42
Le principe de précaution, certes, certes. Il faut protéger la société. Mais comment ???
J'ai lu "Abattage des troupeaux". Je ne pense pas que la comparaison soit pertinente : le danger vient quand même d'un être humain. Cette idée m'a fait penser au "Meilleur des mondes" de Aldous Huxley. Ca fait froid dans le dos.
Comme l'a souligné Jean-Marie, je ne pense pas non plus que l'on puisse généraliser ce cas précis. Je ne connais pas les chiffres et je ne connais même pas l'étendue du problème.
Les questions qui me sont venues à l'esprit concernent sa famille : que fait-elle ? Pourquoi était-il, depuis plusieurs années, encore à la recherche des anciens voisins ? L'appartement médicalisé était à la charge de la famille ou des services sociaux ? De ce que j'ai pu lire, il devait avoir quand même un peu de lucidité, pour comprendre qu'il avait fait quelque chose de mal et essayer de s'enfuir. Mais ce qui me semble évident est que cette personne était très mal dans sa peau et que le suivi psychiatrique a été défaillant.
Je n'essaye pas de l'excuser mais plutôt de comprendre. Comme tant d'autres problèmes, il me semble préférable de s'attaquer aux causes qu'aux conséquences.
Rédigé par : jmarcio | 07 janvier 2010 à 23:14
Votre billet est convaincant mais rendant compte factuellement d’un cas particulier je doute qu’on puisse en tirer un point de vue général.
Car la question est celle de la récidive : à quel niveau de probabilité ? Vous, par profession, vous avez des informations sur ce sujet, mais vous ne nous en dites rien dans ce billet, à vous lire elle serait de 100%. Le proverbe « qui a tué, tuera » , y croyez-vous ?
Cédez-vous à la facilité rassurante des positions simples, radicales, la vie dans un monde tranché, noir et blanc ? Mais c’est là, nous l’éprouvons tous et dans bien d’autre champ que celui de la justice, ignorance d’adolescents : l’âge et l’expérience ne nous apprennent-ils pas à choisir et décider malgré l’incertitude totale et la grisaille permanente.
"Pour l'intégrité de la société, la sauvegarde de ses membres, on n'essaie pas. On réussit ou on s'abstient"
Qu’il y ait eu des erreurs et peut-être de la légèreté dans cette affaire fera consensus, mais la question que vous posez me semble autre : jusqu’où le principe de précaution doit-il étendre son empire ? Des grands policiers qui étaient interrogés sur ce qu’ils pensaient de l’abolition de la peine de mort nous ont répondu que leur seul avis c’est qu’un mort était un dossier définitivement classé : on ne pouvait mieux décrire l’aspect potentiellement mortifère du principe de précaution.
Rédigé par : Jean-Marie | 07 janvier 2010 à 19:32
Rédigé par Monsieur Jean-Dominique Reffait le 07 janvier 2010 à 09:50
"...l'homme qui agresse légèrement une première fois..."
Monsieur Reffait, vous placez ou le curseur pour "une agression legere" ?
Dans le cas qui nous occupe ; il s'agit de 15 coups de couteau donnes au premier homme qui en a "rechappe"...sans doute grace a l'intervention de son voisin, des services de secours...et peut-etre d'un miracle ?
"Si cet homme avait été jugé responsable de sa première agression, il aurait été jugé avec une condamnation pour coups et blessures..."
Rassurez-nous, c'est le seul qualificatif retenu par la Justice en France aujourd'hui pour un type qui a plante son couteau autant de fois dans une personne innocente ?
Quid de la qualification de tentative d'homicide volontaire ? Peut-etre que cela a ete supprime du Code Penal grace aux sacro-saints Droits de L'Homme ! Je sais les temps changent ! Il faut evoluer...et surtout subir...
"Irresponsable, il serait maintenu indéfiniment enfermé en raison de sa dangerosité supposée."
Bon enfin, si vous voulez faire une bonne oeuvre, vous pouvez toujours l'adopter...mais gardez-le au chaud enferme chez vous !!!
Rédigé par : Valerie | 07 janvier 2010 à 18:36
"Car enfin, l'homme dont il est question n'avait pas tué le gardien qui a heureusement survécu. Le geste était meurtrier mais le résultat ne l'était pas. Quel moyen a-t-on de déterminer que l'homme qui agresse légèrement"
JDR
Sont des fois où vos billets m'épatent, d'autres où il m'atterrent...
Ce qui est hasardeux est qu'un voisin ait réussi à maintenir en vie - en comprimant ses plaies j'imagine - ce pauvre gardien, ce qui est déterministe est que le furieux ait (ou plutôt a) voulu tuer cet homme...
Tel que vous le tournez, avec ce "légèrement", n'est même pas de la légèreté mais de l'ânerie lourde, on a l'impression qu'il faisait partie de ceux dont le premier acte n'est pas de ceux gravissimes qui doivent alerter à jamais.
C'était pourtant le cas.
A jamais.
AO
Rédigé par : oursivi@JDR | 07 janvier 2010 à 18:21
Excellent billet avec un titre adequat.
Que dire de plus ? Rien a ajouter, rien a discuter ; sinon prier pour que votre parole soit entendue et face ecole.
"...un débat consensuel sur les limites de l'autonomie psychiatrique et les risques d'une dangerosité sociale quasiment avérée...".
Le Ministere de la Sante devrait travailler sur le sujet de la recidive de ces malades psychiatriques, souvent schizophrenes, qui n'ont pas a repondre a la Justice.
"Il n'est pas concevable que, le sang épandu mais oublié, on reparte avec la même inconscience vers des drames identiques."
Et pourtant, rien n'avance dans ce domaine et les memes erreurs d'hier se reproduiront demain.
Jusqu'ou faudra-t-il tolerer l'intolerable ?
"Ce qui est sûr en revanche, c'est qu'il convient de bannir à tout jamais cette expérience qui ose qualifier le parcours libre de zzz "de régime de sortie d'essai". Pour l'intégrité de la société, la sauvegarde de ses membres, on n'essaie pas. On réussit ou on s'abstient. On ne tente pas de projeter vers autrui une personne dont les capacités de nuisance et de violence sont loin d'être apaisées en opérant un "essai" dont les conséquences seront redoutables. On n'a pas le droit de jouer à pile ou face en induisant d'une apparente accalmie mentale une tranquillité sociale garantie. Dans le doute, on se retient et on retient. On ne parie pas sur le meilleur quand le pire demeure, seulement assoupi, dans l'ombre. L'espace public n'a pas à représenter un terrain de mort pour la folie. Avant d'ouvrir les portes, on songe à la multitude qui se trouve derrière."
Tres juste.
Les responsables de cette gabegie devraient avoir a repondre. On n'a pas autant d'egards pour "la pietaille"... et quand elle n'est pas jugee capable de travailler convenablement, il n'y a pas autant de tergiversations.
Toutes ces incompetences reunies me mettent en colere parce qu'elles ont encore contribue a envoyer un homme vers une mort violente qui etait evitable si tout avait ete mis en oeuvre serieusement.
Une pensee pour la famille de la victime qui ne beneficiera pas de tant d'atermoiements que le coupable.
Rédigé par : Valerie | 07 janvier 2010 à 18:19
Bizarre, je dois simplifier à outrance, mais dans le grand débat mal formulé du vaut-il mieux dix ou cent dangers potentiels dehors à la raison qu'un seul tuera à nouveau plutôt que tous maintenus dedans, j'ai tendance au penser que la seule voie qui vaille est qu'il doit y avoir moyen de ramener le nombre de ceux à maintenir dedans par principe, fut-ce à jamais, à une valeur faible.
Ceux qui ont agi de la manière la plus manifeste hors de toute proportion entre les agressions ou tourments psychiques subis et celles qu'ils ont lâchées en retour, devraient, quand la réaction a dépassé un certain stade de violence, ne plus jamais sortir seuls.
Un type capable sur des broutilles de planter une quinzaine de fois son couteau dans un gardien d'immeuble est de ces systèmes chaotiques dont l'évolution est imprévisible, et dont l'absence de limite une fois avérée n'a aucune raison de se résorber ; mon premier paragraphe supputait que ne doivent pas en exister des centaines de ces meurtriers sans structuration compréhensible de la raison qui leur fait transgresser toute limite.
Alors ceux-là, oui, une fois convaincus qu'il n'y avait rien de compréhensible et donc de parable dans leur comportement pathologique et criminel passé et potentiellement futur, le système juridique doit nous faire l'économie d'avoir à les croiser et les gérer sur le tas. Cela représente-t-il tant de cas que cela, qu'il faille les laisser sortir tous par peur du gâchis ?
Je ne le pense pas.
AO
Rédigé par : oursivi | 07 janvier 2010 à 18:09
Quand un tel drame se produit, on se demande toujours ou presque comment de tels individus ont pu être relâchés dans la nature. Sans chercher à identifier ou vouloir désigner un coupable, on se tourne toujours vers la justice et la psychiatrie, lesquelles semblent toujours se renvoyer la balle dans le domaine des responsabilités.
Ces individus à l’instinct meurtrier ne semblent quand même pas légion d’où une idée peut-être un peu utopiste et sans fondement sur le fond, la Chancellerie ne pourrait-elle pas créer une cour collégiale spéciale composée de magistrats un peu psychiatres et de psychiatres un peu magistrats afin de déterminer une bonne foi pour toutes le sort de ces individus ?
Rédigé par : Bernard-27400 | 07 janvier 2010 à 17:54
« Malheureusement, le crime, lui, n'est jamais "à l'essai". »
Quand ce sera le cas, je suppose qu’on l’appellera « tentative de crime ».
« une opportunité se présente qui autoriserait un débat consensuel sur les limites de l'autonomie psychiatrique et les risques d'une dangerosité sociale quasiment avérée. »
Il ne peut pas y avoir de limites à la liberté du soignant ou du thérapeute en tant que tels, autres que celles tracées par son propre niveau d‘incompétence et qu’une exigence de formation professionnelle continue permet de reculer autant que faire se peut, les conséquences sur la santé publique en général en seraient trop graves.
Quant à la responsabilité personnelle du praticien qui fait une erreur d‘appréciation, en quoi devrait-elle être plus lourde et se distinguerait-elle dans ce type de contexte de la responsabilité imputable aux services secrets américains qui négligent d’analyser une information dont la conséquence ne porte pas sur une seule mais sur des milliers de morts? Et, pourtant on ne peut pas dire qu’ils manquent de moyens!
En quoi devrait-elle être plus lourde et se distinguerait-elle de la responsabilité du praticien dont l’erreur est fatale au patient lui-même?
En quoi devrait-elle être plus lourde, se distinguerait-elle et devrait-elle nous affecter davantage que l’erreur de plume dans la dactylographie d’un arrêt de Cour d’appel qui aboutit à remettre en liberté un criminel responsable qui n’a pas accompli sa peine?
Un praticien est-il davantage comptable de l’impondérable que ne saurait l’être un magistrat dont personne ne songe à remettre en cause l’autonomie décisionnelle et l’indépendance, mais dont, au contraire, tout le monde la réclame?
Quoique… finalement, pourquoi pas un duo juge/psychiatre dont chacun serait personnellement coresponsable des conséquences néfastes à la société de la décision de l’autre et qui se garantiraient et veilleraient mutuellement l’un sur l’autre comme deux galériens enchaînés au même banc de cette nouvelle Nef des fous qu’est devenu notre monde contemporain?
Mais pourquoi ne pas rajouter aussi une option aux contrats d’assurance relatifs aux dégâts des eaux, incendie, catastrophes naturelles etc.. et en l’espèce décès, qui serait par ex. « Victime d’un fou criminel récidiviste dont l’état de dangerosité persistante aurait été l’objet d’une évaluation erronée par le personnel soignant en ayant eu la charge »? Il serait intéressant de voir les critères d’estimation du risque, à combien l’option serait évaluée, le montant du capital garanti aux ayants droits et surtout le nombre de personnes que la crainte effective d’un fou acharné à leur perte ainsi qu’à la sienne propre, conduiraient à la souscription d’une telle option et qui pourrait être un excellent indicateur de notre propre santé mentale collective.
Les japonais qui ont davantage à craindre des tremblements de terre et des éruptions volcaniques, que des fous à la dangerosité objet d’une estimation défectueuse, restent bien sur leurs îles et apprennent à vivre avec le risque. Ex. les enfants des écoles apprennent à s’abriter sous une table, les architectes apprennent à éviter de construire à trop grande proximité du littoral pacifique, les enfants qui jouent dehors savent qu’ils ne doivent pas jouer avec l’eau des seaux de plastique rouge de la chaîne de l’eau qui doivent être tenus prêts à servir devant chaque petite maisonnette en bois en attendant l’arrivée des pompiers!!
« On n'a pas le droit de jouer à pile ou face en induisant d'une apparente accalmie mentale une tranquillité sociale garantie. Dans le doute, on se retient et on retient. On ne parie pas sur le meilleur quand le pire demeure, seulement assoupi, dans l'ombre. L'espace public n'a pas à représenter un terrain de mort pour la folie. Avant d'ouvrir les portes, on songe à la multitude qui se trouve derrière. »
Vous pourriez dire cela en priorité à propos de l’Europe, mais bon, le problème, à mon sens, n’est pas de jouer à pile ou face, les jeux dont l’enjeu est la mort ne seraient-ce que d’un malheureux coq gaulois étant interdits.
Il est en revanche des conditions de possibilité de la prévision de la survenue d’une catastrophe individuelle ou collective.
Je conçois bien que la crainte de la folie de l’autre représente en elle-même un exutoire parfait à toutes sortes d’angoisses, en premier lieu celle du lendemain, mais nos politiques donnent dans suffisamment de panneaux pour s’économiser de donner dans celui-là à moins de chercher délibérément à nous éloigner des vrais problèmes quant à ce qui se passera demain, pour les vieux, pour les scolaires, pour les ours blancs, pour les PME, pour ceux qui n’auront pas eu la chance d’être sélectionnés sur dossier ou admis à conseiller les puissants!!
Le public a peur de la folie même quand elle n’est pas socialement dangereuse sans doute parce qu‘il y a tout au fond de lui cette crainte d‘une contagion , or quelle autre dépossession de nous-mêmes pouvons-nous craindre davantage que celle qui se produit lorsque nous cédons à la violence. En quoi céder à la panique qui veut qu’on enferme l’autre auquel on craint de ressembler, serait-il plus admissible que de céder nous-mêmes à la violence?!
Au Moyen Age on isole les lépreux, et la lèpre disparaissant ce sont les fous que l'on enferme. Depuis que par chez nous on ne croit plus à la dangerosité de ce « fourmage qui dans les livres d'hygiène alimentaire apparaissait comme nuisible au cerveau », on n’en fait plus l'attribut du fou par excellence, malgré tout, on a toujours autant de mal à l’exporter outre atlantique quand bien même là-bas comme ici, la conception et du cerveau et du fromage et du fou et de ses flatulences sacrées au sens où « le diable croyait sans faille que l'âme par le cul s'en aille. » (Rutebeuf), prétend avoir changé.
- Voir au besoin : http://www.citadelle.org/magazine-11-122-La-Folie-au-Moyen-Age.cfm -
Les lépreux et autres pestiférés du XXIème siècle, sont les deux millions de morts du SIDA qui restent des défunts à part, tels ceux qu’autrefois l’on brûlait en tas sur de grands bûchers. Pourtant, tandis que c’en sont les « responsables mais pas coupables » que nous avons exonérés en nous contentant d'en avoir traduits certains devant un tribunal correctionnel pour non conformité du produit, ces sont les êtres en souffrance que nous souhaitons désormais voir définitivement effacés et disparaitre au fin fond d’une consigne de la gare des trains en partance pour nulle part, en souffrance dès lors, éternellement!
J’ai été très intéressée par les explications du médecin gynécologue obstétricien du CHU de Strasbourg qui a été entendu en tant qu’expert au procès des bébés congelés et qui est venu dire sur le plateau de l’Objet du scandale du 06 janvier ( voir au besoin : http://programmes.france2.fr/objet-du-scandale/index.php?page=article&numsite=2225&id_article=5174&id_rubrique=2228 à partir de la 55ème minute) : « Je ne suis pas sûr que Véronique Courjault ait tué ses enfants ». Il s’agit du Dr Israël Nisand qui définit le déni de grossesse et explique qu’il en voit grosso modo un tous les quinze jours et que son service à été amené à organiser une formation spécifique à leur détection. Un tous les quinze jours, cela fait, rien que pour le CHU de Strasbourg entre 23 et 24 par an, à multiplier par le nombre de CHU. Tous ces cas, pris à temps, ne vont donc pas jusqu’au décès du mineur de moins de quinze ans, mais une fois qu’on aura retiré leur autonomie aux psychiatres, ne va-t-on pas exiger de retirer aussi leur autonomie aux gynécologues obstétriciens et les contraindre à fournir des listes puis les intimer en responsabilité à chaque cas passé au travers et ainsi de suite. Non, je crois qu’il faut être raisonnable et apprendre à parler au(x) fou(s), en particulier à ceux qui cèdent à la panique de la contagion au lieu de, au contraire, leur céder de façon démagogique et légiférer pour légiférer.
Le Dr Nisand a expliqué que l’un des bébés avait souffert d’un écrasement de la face dû au fait que les bébés humains sont devenus trop gros pour que leurs mères puissent en accoucher seule sans difficulté et que Mme Courjault avait extrait le bébé en manipulant la tête dans le mauvais sens en tirant vers l’avant, dans l’incapacité où se trouve une mère contemporaine qui accouche seule sans savoir exactement ce qu’elle fait, de tirer la tête vers l’arrière en disposant les épaules en biais ou de travers.
Dès lors qui est-ce qui est coupable, notre culture alimentaire, notre société aveugle et sourde à la souffrance qui se cache et ne se clame pas, notre éducation qui nous maintient dans la dépendance d’autrui pour ce qui concerne des actes autrefois accomplis correctement d’instinct?
Vous parlez d’ouvrir un débat de fond et je vous suis tout à fait sur ce point, mais rien ne doit être joué d’avance!
Manipuler la tête dans le mauvais sens ça peut aussi arriver lorsque des techniciennes radio s’y prennent à trois pour manipuler en tirant à hue et à dia la tête de patients amenés à subir un scanner en l’absence du médecin capable de les réanimer et les plongent dans le coma, puis se défilent ensuite devant leurs responsabilités en exerçant, ni vues, ni connues, une forme de pression psychologique. Et, j’en passe!
Bon, je crois qu’il faut donner du temps au temps et en particulier celui de progresser, or l’enfermement systématique et définitif des fous ne représente pas une avancée mais un recul!
Rédigé par : Catherine JACOB | 07 janvier 2010 à 17:54
Depuis la fin des années 1970, l'idée d'un enfermement à vie d'un individu a été rejetée tant par les concepteurs des lois (magistrats et législateur) que par la médecine. Priorité a en effet été donnée à la psychiatrie ouverte (modèle italien) comme à la limitation des durées d'enfermement pénitentiaire (la perpétuité étant conçue principalement comme une peine maximale de trente années incompressibles).
Sans doute faut-il voir là l'effet de l'évolution des conceptions de la société imprégnée d'une certaine forme de rousseauisme.
En cette matière les clivages idéologiques ont été très forts et ont sans doute empêché d'adopter des mesures mieux adaptées au danger représenté par certains individus. La chronique des crimes en série le démontre à l'envi, malgré le petit nombre statistique de ce type de d'homicides.
Quant à la responsabilité des décisions de remise sur la voie publique, tantôt elle s'est couverte par le refuge dans la collégialité (côté Justice) tantôt par le secret médical côté psychiatrie, voire administration préfectorale. Mais désigner magistrats de la liberté ou médecins psychiatres à la vindicte publique est une solution un peu trop facile, d'autant que beaucoup voudraient confondre responsabilité et culpabilité, telle ministre n'ayant-elle pas excipé d'un fameux "responsable mais pas coupable"...
La vérité se situe donc, non dans la désignation de boucs-émissaires, mais bien dans la prise en compte du danger pour la société que représentent certains individus et de la responsabilité de décider enfin leur retrait définitif de ladite société. Le gouvernement des seuls experts (voir l'actualité médicale en matière de pandémie grippale...) est une commodité à laquelle les responsables politiques (voire magistrats de l'ordre judiciaire) ne sauront plus se conformer, comme c'est trop souvent le cas actuellement sur un grand nombre de sujets de société. Peut-être faudra-t-il y appliquer là aussi le principe constitutionnel de "précaution" !
Rédigé par : Robert | 07 janvier 2010 à 16:53
Lecteur attentif de ce blog, je suis pour la première fois assez déçu par ce billet, mais surtout atterré par les commentaires.
- Un médecin, après soigné votre tumeur, pourra-t-il vous dire "c'est bon, vous n'aurez jamais plus de risque de cancer" ?
- Si jamais il se trompe, demanderez vous alors "des comptes" et qu'il soit "puni" ?
- Y a-t-il selon vous plus de criminels à l'hôpital psychiatrique que de malades mentaux en prison ?
- Faut-il enfermer à vie chaque français qui risquerait de faire du mal à autrui un jour ?
- Ne faudrait-il pas par principe de précaution enfermer à vie ou tuer (puisqu'on compare avec la vache folle) chaque malade ?
Vous rendez-vous compte de ce que vous insinuez ? Le point Godwin n'est pas loin.
Aujourd'hui la psychiatrie est sinistrée alors que 15% de la population française souffre de problèmes de santé mentale. On reproche à la psychiatrie d'enfermer arbitrairement les gens, puis le lendemain d'avoir relâché un homme. Et si tout simplement, elle essayait de rester au juste milieu et de faire de son mieux avec les moyens du bord ?
Un grand nombre de malades psychiques devrait et voudrait être pris en charge et ne l'est pas. Beaucoup de schizophrènes ne sont pas soignés, passent à l’acte et ensuite croupissent en prison, là est le véritable drame de nos jours…
Arrêtons de réclamer toujours plus de fermeté pour deux faits divers par an, ne vous inquiétez pas le gouvernement le fait pour vous (un cas - une loi).
Aidons les malades, soignons-les !
Rédigé par : Mr G | 07 janvier 2010 à 16:28
@J.D. Reffait,
Que de questions posées dans votre commentaire. Pour certaines d'entre elles, les poser c'est y répondre.
Ainsi, "Quel moyen a-t-on de déterminer que l'homme qui agresse légèrement une première fois sera meurtrier la fois suivante et qu'il convient donc de le soustraire définitivement de la société ?"
Eh bien on n'a aucun moyen de distinguer l'un de l'autre, la psychiatrie n'est pas une science exacte, est-elle une science d'ailleurs ? Tout de même dans ce cas précis, on ne peut pas parler d'une agression légère la première fois : 15 coups de couteau quand même et une semaine de coma pour la victime.
Quant à "la mise en place d'une justice psychiatrique", il me semblait que le président de la République souhaitait au contraire que l'on juge les malades mentaux, même reconnus irresponsables.
Le vrai problème que vous soulevez est bien celui du manque de places et de moyens dans les structures psychiatriques adaptées.
Toujours est-il que l'on ne peut continuer à accepter de se trouver confronté à un fou furieux que des experts irresponsables auront laissé sortir pour faire un essai.
Puisque l'on veut des magistrats responsables de leurs décisions, pourquoi les psychiatres devraient-ils échapper aux conséquences de leurs erreurs ?
Rédigé par : Ludovic | 07 janvier 2010 à 16:19
"Et je ne suis pas d’accord, en tant que citoyenne lambda pour que ce qui apparaît a priori comme une certaine forme d’incurie administrative fasse l’objet d’une nouvelle loi liberticide et attentatoire aux droits de l’homme qui porterait préjudice à tous avant de faire l’objet d’une simple circulaire administrative de la part et en direction de personnels soucieux du bien-être de tous quand bien même cela aurait demandé de faire une heure supplémentaire non rémunérée."
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Lire Catherine Jacob avec un simple tuba c'est la noyade assurée.
Rédigé par : Savonarole | 07 janvier 2010 à 16:05
Cher PB
Comme vous le signalez, ce drame est assez terrible pour obliger à repenser la sortie de ces malades de manière consensuelle, sans extrémisme.
Mais plus loin vous écrivez "Dans le doute, on se retient et on retient."
Voilà une maxime extrême qui, professée en doctrine chez des psychiatres fonctionnaires dont le but est de ne pas prendre de risque d'abord pour leur carrière, promet de détruire la vie de pauvres gens... Car de près, personne n'est normal, et la même réaction qui serait anodine chez un quidam sera source d'interprétations chez un ancien malade mental.
Cet événement mérite un meilleur débat que votre analyse a posteriori, car il y a toujours un doute, et tout le monde est un criminel potentiel. Il faut bien mettre le curseur quelque part, et votre billet n'aide pas tant que ça à trouver des critères objectifs et des mesures efficaces de prévention autorisant ou non une liberté, ou comment rendre éventuellement cette liberté partielle. Auriez-vous une confiance aveugle en tous ces psys ?
Chère Catherine Jacob
Sur votre première question, autant un éloignement serait favorable car il obligerait l'agresseur à plus de préméditation et donnerait éventuellement le temps à sa raison de reprendre le dessus, autant il ne faut pas attendre de la police qu'elle soit capable de réagir en quelques heures au déplacement ou à la non émission de la position du bracelet électronique du malade.
Cela me semble difficile. Mais pourquoi ne pas essayer le concept ? Avec des gens moins dangereux, évidemment.
Rédigé par : Alex paulista | 07 janvier 2010 à 16:02
« Placé d'office au centre hospitalier Sainte-Marie de Nice puis dans un appartement thérapeutique, il était, paraît-il, sous suivi médical constant.
Toujours est-il qu'au mois d'avril 2009 il revenait rôder autour de la résidence Roc-Martin sans doute pour s'en prendre à des voisins qui, quelques années auparavant, s'étaient plaint du bruit de sa musique. »
1ère question :
« Comment se fait-il que sa folie s’étant alimentée et ayant pris pour exutoire en somme, des conflits de voisinage, on ne l’ait pas tenu éloigné d’un premier environnement s’étant révélé néfaste à lui-même et aux autres et réintégré dans le tissu urbain à un tout autre endroit, ce qui eut permis de s’inquiéter de tout déplacement vengeur éventuel avant qu’il n’aboutisse à un possible drame, vu la circonstance? »
Je trouve qu’il y aurait eu là l’application d’un principe de précaution bien pensé dans le cadre d’une mesure de bon sens, mais qu’il n’appartenait bien évidemment pas au thérapeute de prendre, s’il lui appartenait en revanche de la conseiller au besoin, par ex. au procureur et au préfet tenus informés des inquiétudes de la victime par ses soins, et auxquels il aurait également pu venir à l’esprit de solliciter un avis médical sur ce point. Et je ne suis pas d’accord, en tant que citoyenne lambda pour que ce qui apparaît a priori comme une certaine forme d’incurie administrative fasse l’objet d’une nouvelle loi liberticide et attentatoire aux droits de l’homme qui porterait préjudice à tous avant de faire l’objet d’une simple circulaire administrative de la part et en direction de personnels soucieux du bien-être de tous quand bien même cela aurait demandé de faire une heure supplémentaire non rémunérée.
Rédigé par : Catherine JACOB | 07 janvier 2010 à 14:00
Cher Philippe,
On respire mieux quand on lit vos notes, celle-ci en particulier. On se sent moins seul.
Ainsi la magistrature n'est pas peuplée que de Portelli, de membres du syndicat de la Magistrature et de militants de la libération de tous les individus dangereux.
Le cas que vous mentionnez et qui a été évoqué rapidement mais peu développé, est si exemplaire qu'il simplifie l'analyse.
Trois réactions que partagerait, je pense, une bonne partie de la population de notre pays, ce qui ne la rend pas populiste pour autant :
1- la ou les personnes qui ont pris la décision de remettre en liberté ce jeune homme doivent des comptes. Pourquoi ne pas les punir ? Un simple changement de fonction serait un premier pas... mais qu'ils ne puissent pas sévir à nouveau.
2- pourquoi ne pas instaurer une règle simple : la décision de retenir une irresponsabilité pénale implique automatiquement l'enfermement à vie de celui qui est irresponsable (oh pas en prison bien sûr, mais dans un endroit bien fermé). Tout ce qui est irréversible est mal ressenti par les bonnes âmes, mais il faut bien se protéger et toute précaution a un prix. Celui-ci est moins lourd qu'une mort, une invalidité, un traumatisme, tout aussi irréversibles. Et il y aurait peut-être moins d'avocats pour plaider l'irresponsabilité !
3- Dans les affaires d'autodéfense, pourrait-on systématiquement ré-exposer devant le jury, pour fixer la toile de fond, les trois dernières affaires du type de celle que vous venez de raconter, en précisant bien qu'elles n'ont pas de rapport direct avec ce qui est jugé mais dépeignent simplement le monde perçu par celui qui est dans le box.
A force d'affaires de ce type, on alimente la défiance envers la justice et envers la société. Qu'y gagne-t-on ?
Rédigé par : Jiel | 07 janvier 2010 à 11:41
"Dans le doute, on se retient et on retient".
On ne saurait mieux dire : le doute doit profiter à la société plutôt qu'à celui qui a déjà fait la preuve de sa dangerosité.
Le problème est que pour un certain nombre de psychiatres, l'intérêt du patient représente tout, et celui de la société peu de chose. Et comme ils sont convaincus que la guérison passe par la sortie de l'hôpital, ils organisent des autorisations de sortie, puis des sorties définitives dès que possible.
Le même raisonnement est d'ailleurs parfois tenu dans le cas des libérations conditionnelles.
Je cite le professeur Lamothe (psychiatre), juste après le drame de Marie-Christine Hodeau, victime de la récidive :
"Le Parisien : Que faire pour éviter la récidive ?
Pr Lamothe : Côté justice, il faut multiplier les permissions de sortie et les libérations conditionnelles. Or, les juges se méfient. (...) Il est pourtant essentiel de prendre des risques."
Rédigé par : cap-justice | 07 janvier 2010 à 11:33
Avant toute forme de réflexion, la première image qui m'est venue à la fin de la lecture de votre billet, est celle d'une île aux fous. Recherchant d'où me venait cette image, j'ai accidentellement rencontré ce roman que toutefois je n'avais pas lu: http://www.centrenationaldulivre.fr/?L-ile-aux-fous
mais où les fous sont et les fous de Bassan (oiseaux) et une sorte de tribu de colons exaltés.
Mais peut-être s'agissait-il dans cette image qui m'est venue sous la forme d'une île = isolement, de la Nef des fous (das Narren schiff - 1494) du strasbourgeois Sébastien Brand.
"L'esprit de l'œuvre en est pessimiste, l'auteur ne croit pas que les hommes peuvent s'amender, il sait que le bateau va, simplement, vers son naufrage, mais il ne peut s'empêcher de s'indigner, de protester."
Rédigé par : Catherine JACOB | 07 janvier 2010 à 10:57
Très bel article, mon cher Philippe. Comment ne pas s'interroger face à ce fait divers que j'ai rapidement évoqué dans un autre post et qui souligne une nouvelle fois de manière bien cruelle les défaillances de notre système face aux troubles psychiques. Des réformes ont été menées, mais la psychiatrie, notamment dans son volet pénal, aurait dû faire l'objet de véritables états généraux au plan national. C'est bien plus urgent et important, me semble-t-il, que de disserter indéfiniment sur l'identité nationale.
Rédigé par : Laurent Dingli | 07 janvier 2010 à 10:39
Torride...
Vous qui êtes au coeur de notre système judiciaire, vous devez avoir les chiffres de la "récidive étendue"...
En incluant le chiffre "noir" de tous ces tordus qui sortent de prison et persistent à menacer de rétorsion témoins et primo-victime, directement et indirectement.
Qui est d'ailleurs une des causes de mutisme dans ma belle île de beauté où tout le monde se connaît et où il y a toujours "un cousin" prêts à faire valoir le "tort au code d'honneur"...
Les choses changeront le jour où médecins, magistrats seront rendus responsables, d'une façon ou d'un autre, de leurs décisions de libération, même à l'essai !
Mais les poules auront des dents, naturellement !
Poules OGM, bien sûr...
Rédigé par : L'ignoble Infreequentable | 07 janvier 2010 à 10:04
Les faits parlent d'eux-mêmes, cet homme était dangereux. Dès lors de multiples questions se posent. Quels sont les moyens de détecter la dangerosité avérée de quelqu'un ? Quels sont les moyens accordés aux structures psychiatriques spécialisées (actuellement un peu plus de 400 places disponibles, obligation de faire tourner les pensionnaires) ? Où placer le curseur du principe de précaution ?
Car enfin, l'homme dont il est question n'avait pas tué le gardien qui a heureusement survécu. Le geste était meurtrier mais le résultat ne l'était pas. Quel moyen a-t-on de déterminer que l'homme qui agresse légèrement une première fois sera meurtrier la fois suivante et qu'il convient donc de le soustraire définitivement de la société ?
Le paradoxe de cette réflexion réside dans la différence d'appréciation entre les criminels responsables et irresponsables. Si cet homme avait été jugé responsable de sa première agression, il aurait été jugé avec une condamnation pour coups et blessures, il serait sorti de prison. Irresponsable, il serait maintenu indéfiniment enfermé en raison de sa dangerosité supposée.
Dans la mesure où le crime de sang est bien souvent en relation avec une pathologie mentale, je crois que la réflexion doit s'orienter vers une plus forte implication publique dans la psychiatrie criminelle. Les médecins ne peuvent se substituer aux juges, ils ne peuvent être garants de l'ordre public. Mise en place d'une justice psychiatrique ?
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 07 janvier 2010 à 09:50
Bonjour Monsieur Bilger,
Ce fait divers n’est malheureusement pas un cas isolé. Chaque année des cas de ce genre se reproduisent et manifestement il semble qu’aucun enseignement ne soit tiré de ces drames.
L’irresponsabilité de ces malades, généralement des schizophrènes, est systématiquement invoquée et donc la Justice n’est pas autorisée à statuer sur leurs crimes. Le problème se situe donc au niveau médical et plus particulièrement psychiatrique.
Existe-t-il à notre époque des traitements permettant de guérir définitivement ces grands malades ou bien y a-t-il un risque même minime de récidive ? Dans ce dernier cas peut-on prendre le risque de mettre en danger la vie des citoyens simplement pour des raisons humanitaires qui consistent à ne pas enfermer à vie un grand malade ?
On nous parle de principe de précaution pour garantir notre santé (abattage de troupeaux en masse à l’époque de la « vache folle », vaccination massive contre la grippe A aujourd’hui).
Ne peut-on pas appliquer ce même principe de précaution pour garantir tout simplement la vie des citoyens ?
Vaste question qui devrait quand même être posée et débattue afin que ce genre de drame ne se renouvelle plus.
Rédigé par : Achille57 | 07 janvier 2010 à 09:46