Le rayon Rohmer, comme l'un de ses plus beaux films : le rayon vert. Quelque chose d'étrange, de doux, de singulier. Un surnaturel naturel. Un mystère et une grâce.
Dans l'excellente émission hebdomadaire de Serge Moati, "Cinémas" sur France 5, on a beaucoup et bien parlé d'Eric Rohmer. Il est vrai que Serge Moati n'a pas cessé, comme un artisan consciencieux et honnête, de tirer les leçons des forces ou des lacunes des émissions précédentes, ce qui fait qu'Eric Rohmer a bénéficié, notamment grâce aux interventions d'Arielle Dombasle et de Pascal Greggory, d'éloges pertinents et touchants et que ce cinéaste disparu à 90 ans s'est vu rendre un hommage qui avait presque autant de tenue et de pudeur que lui.
Les jeux de l'amour et du hasard, l'amertume des occasions manquées, la délicieuse attente, parfois, du bonheur, les incompréhensibles entraves que l'être se crée à lui-même, une sorte de retenue, de passion de l'analyse et du dialogue poussées si loin qu'elles semblent vouloir rejeter l'action et les gestes dans un autre monde. Une volonté forcenée, scrupuleuse et souvent cruelle de ne rien laisser dans l'ombre, de toucher la racine même de nos sentiments et de nos vies, une élucidation qui s'inscrit dans une quotidienneté banale. La philosophie et la psychologie installées comme chez elles dans la moindre des répliques. Un Proust au cinéma mais qui aurait eu le talent de la simplicité, au moins apparente.
Ce qui à mon sens n'est pas assez examiné dans les oeuvres d'Eric Rohmer, c'est ce sur quoi précisément elles se fondent, sont construites et menées à leur terme (Le Monde, Le Figaro, Le Parisien). Je fais allusion à l'extraordinaire usage du langage, au caractère unique de ces dialogues qui plongent le spectateur dans une matérialité à la fois présente mais dépouillée, dans une réalité en même temps affichée et abstraite. Il suffit, pour se convaincre de cette splendide anomalie, de voir le dernier film de Michel Blanc. S'il ne l'a pas réalisé, il y joue et en a écrit les dialogues. Michel Blanc est probablement aujourd'hui le dialoguiste français le plus doué et pourtant on perçoit, quand on compare son texte avec les mots de Rohmer, que ceux-ci ne relèvent pas du même registre. Ce n'est pas que Michel Blanc abuse des mots d'auteur alors que Rohmer n'en fait aucun. C'est que dans le dialogue de Michel Blanc, il y a une adhésion au réalisme sans qu'à aucun moment, le particulier de la situation ait envie de s'échapper vers un universel, mouvement qui, chez Rohmer au contraire, donne la sensation de la vie et un parfum d'éternité. Il y a du contingent et du nécessaire dans ce qu'il a écrit et qui est généralement dit par ses acteurs avec un ton lui aussi original, faussement apprêté et vraiment spontané.
Pour être franc, je ne sais pas comment il fait, comment il parvient, sans jamais déchoir, à accomplir ce tour de force. Son langage, pour être ordinaire, pourtant s'évade vers une préciosité qui pourrait sembler mièvre si, à chaque instant, la précision et la finesse des mots taillés au scalpel ne les faisaient pas se tenir, fragiles et intelligents, sur une crête les abritant du double risque de la platitude ou de l'affectation. L'art de ce dialogue représente une "première" dans le cinéma français. C'est du littéraire mais à la fois du familier. C'aurait pu être ennuyeux et c'est plus excitant qu'un film policier, comme si, au fond du langage, on allait trouver la clé, le vrai, le trésor. Rohmer nous impose une écoute qui constitue également une chasse. Son texte pourrait demeurer à la surface de nous-mêmes mais il ne nous laisse pas tranquilles et nous contraint à chercher sous l'écorce le noyau.
Eric Rohmer n'a pas besoin d'écrire son cinéma avec la caméra puisqu'il a des mots et qu'il a inventé son langage. Qu'on ne parvienne pas à comprendre dans leur plénitude la magie de ses oeuvres et la transparence équivoque des échanges qu'il met dans la bouche de ses personnages constitue le signe même de la puissance créatrice de Rohmer. Car, pour nous plonger dans l'humain tendre et amer, ce ne sont pas des oeuvrettes pour autant qu'il nous offre !
Son art comme lui-même résistent à qui prétend les étiqueter. Le rayon Rohmer ne se laisse pas totalement regarder ni apprivoiser.
@Savonarole,
D'accord avec vous pour "un peu d'arbitraire..." Je pratique moi-même une certaine outrance sur mes deux blogs.
Par contre nos avis divergent en ce qui concerne le cinéma et donc les films. peut-être parce que c'est un art que vous aimez moins que la peinture ou autre forme artistique. Cela est normal, si tout le monde aimait tout de la même façon que tout le monde, le monde justement, serait bien triste.
J'aime la musique (pas toute, donc vous voyez), la littérature (pas toute non plus, de toute façon se serait impossible) et j'aime le cinéma. De plus, je fais, en quelque sorte des "doublés" lorsque cela est bien fait, à savoir un livre ---> un film (VHS ou DVD). Je peux donc relire un livre et revoir un film, toujours avec le même enthousiasme.
Ce même enthousiasme que vous avez vous, sans doute, devant un tableau qui vous plaît.
Bien cordialement.
Rédigé par : Michel PETROCCHI | 21 janvier 2010 à 19:35
Dommage qu'il ne se soit pas lancé dans l'écologie, car côté Vert, Rohmer en connaissait un rayon.
Des remords pour Rohmer ?
AO
Rédigé par : oursivi | 20 janvier 2010 à 12:18
@-Michel PETROCCHI | 19 janvier 2010 à 19:21
Mon post était excessif, je reconnais, mais "la vie n'aurait pas de sel sans un peu d'arbitraire"...
Convenez tout de même qu'un "chef d'oeuvre" suit l'évolution de nos artères.
Quand à 20 ans on garde un souvenir inoubliable de tel film, il est rare que cet enthousiasme reste intact.
Restent, peut-être, "Le Guépard", ou quelques films italiens, la génération des "Angry Young Men" des sixties anglaises,("Samedi soir, dimanche matin", ou "La solitude du coureur de fond", "Les chemins de la haute ville" (Room at the Top), Eva ?
"Pour l'Exemple", ou "The Servant" de Joseph Losey ?
Mais que de films ont sombré dans un fleuve d'oubli...
Cordialement
Rédigé par : Savonarole | 19 janvier 2010 à 20:29
@ Savonarole
Il est péremptoire et déplacé d'affirmer que le cinéma est un art mineur. On peut être de cet avis sans pour cela le dispenser comme une vérité établie.
Quant à la durée de vie d'une oeuvre cinématographique qui n'excèderait pas 60 ou 80 ans, la réalité vous donne entièrement tort. Si vous ne le voyez pas, c'est que votre culture cinématographique ne va pas en deçà d'Harry Potter, et c'est bien dommage.
Sous Louis XIV je vois bien des gens comme vous affirmer que les pièces de Molière, Racine ou Corneille n'iraient pas au-delà de la vie de leur auteur.
Cordialement quand même.
Rédigé par : Michel PETROCCHI | 19 janvier 2010 à 19:21
Que d'exquis films chez Rohmer, dont la Marquise d'O, très faiblement diffusé parce qu'en langue allemande, ou peut-être pour la méprise possible offerte par le titre.
En le regardant bien, on perçoit les dialogues pleins de finesse, la direction des acteurs produisant le jeu fascinant de Bruno Ganz.
JDR dit "Il s'agit d'une esthétique en creux : c'est beau par tout ce qu'on a enlevé de laid"
mais en l'occurrence, dans beaucoup de films auxquels on enlève le laid, il ne reste même pas le beau alors...
Rédigé par : Madame de F. | 18 janvier 2010 à 22:18
Chère Catherine JACOB
C'est "Rayon vert", pas "Soleil vert" (bon film aussi mais d'un autre genre) !
Vous n'êtes décidément pas l'actrice du même nom...
Faites une cure de restaurant japonais, le poisson c'est bon pour la mémoire. Je pense avec nostalgie au thon épicé ou aux deux bols de Comme des Poissons, si vous passez par Paris. Je n'ai pas trouvé l'équivalent à São Paulo.
Amicalement.
Rédigé par : Alex paulista | 18 janvier 2010 à 20:19
@oursivi
« Non ? Rohmer, c'est pas de la 3D ?!!
Ah bon ?!
La vache ! On nous cache tout, on nous dit rien !!!
Y a de ces clowns, parfois.
"Sortie de son lit", que j'écrivais. »
Je conçois parfaitement que vous ne partagiez pas mon point de vue concernant Eric Rohmer.
Ceci ne vous interdit pas toutefois de le faire savoir d’une façon un peu plus raffinée. Il est possible de se vouloir drôle tout en restant courtois.
C’est juste une question d’éducation que manifestement vous n’avez pas reçue. Dans ce cas évidemment on ne peut que le regretter.
Rédigé par : Achille57 | 18 janvier 2010 à 20:03
Tout ceci me remémore une blague sur "Perceval le Gallois". Les cinéphiles de Chaillot en plaisantaient entre eux et disaient "Perçoit mal le français"...
Lorsque la cérébralité envahit un art c'est le naufrage. Voyez Soulages.
Rédigé par : Savonarole | 18 janvier 2010 à 19:48
C'était un cinéma à part, un cinéma qui ne vieillit pas si "Dombasle" que cela.
Ma nuit chez Maud, merveilleux débat, un temps perdu qui ne retrouvera plus.
Qui, aujourd'hui, à Clermont-Ferrand ?
Trintignant, Fabian qui aurait fait damner tous les saints du Paradis, la petite provinciale chez qui tout de suite se devinent les vertus de l'Épouse, celle qui toujours l'emporte et l'emportera.
Les mots, inconsistants mais justes, une conversation plate, brillante, où à la fin du film, dans semblable situation on pourrait être amer et où en définitive Trintignant sort vainqueur et entraîne avec lui le spectateur.
Une invraisemblable magie et tant de nostalgie.
Rédigé par : yves bouant | 18 janvier 2010 à 18:22
"Il est vrai qu’Eric Rohmer c’est le cinéma à petit budget. Rien à voir avec les superproductions à l’américaine comme le dernier film de James Cameron, bourré d’effets spéciaux qui prennent toutes leur démesure avec les lunettes permettant de voir en trois dimensions."
Rédigé par: Achille57 | 18 janvier 2010 à 08:50
Non ? Rohmer, c'est pas de la 3D ?!!
Ah bon ?!
La vache ! On nous cache tout, on nous dit rien !!!
Y a de ces clowns, parfois.
"Sortie de son lit", que j'écrivais.
AO
Rédigé par : oursivi@JDR | 18 janvier 2010 à 14:16
"qu'Eric Rohmer a bénéficié, notamment grâce aux interventions d'Arielle Dombasle et de Pascal Greggory, d'éloges pertinents et touchants."
J'ai vu en effet l'éloge du cinéaste par une Arielle Dombasle somptueuse dans une robe rouge grenat, couleur en somme du rideau de scène.
Le soleil vert est un film qui m'avait à l'époque beaucoup marquée et qui est d'une vérité non seulement intemporelle, mais dont les conséquences du récent tremblement de terre en Haïti, nous permet de comprendre qu'il ne s'en faudrait pas de beaucoup pour que la solution de la phase terminale qui est comme l'écho d'une autre de sinistre mémoire, ne redevienne d'une sinistre actualité.
Rédigé par : Catherine JACOB | 18 janvier 2010 à 13:11
Cher JDR
Arrêtez les efforts, Rohmer n'est pas le champion de la spontanéité que vous aimeriez trouver, et le fait même d'être conscient de faire des efforts va vous éloigner du film.
Repensez à la chanson de Ferré
Pour tout bagage on a sa gueule
Qui cause des fois quand on est seul
C'est ce qu'on appelle la voix du dedans
Ça fait parfois un de ces boucans
Pas moyen de tourner le bouton
De cette radio on est marron
On passe à l'examen de minuit
Et quand on pleure on dit qu'on rit...
Rohmer savait parfois mettre en scène cette voix du dedans. Revoyez quelques extraits comme ce dernier:
http://www.youtube.com/watch?v=Qtlu5_FdoKw
Prenez votre permis hauturier, allez faire le point, le soir, notez l'heure du coucher de soleil sur le journal de bord. Si votre ciel est dégagé, que vous naviguez suffisamment au large, vous percevrez le rayon vert.
Rédigé par : Alex paulista | 18 janvier 2010 à 12:53
Je n'ai jamais adhéré au cinéma d'Eric Rohmer. J'ai toujours pensé que ce cinéaste français parvenait à produire ses films avec la complaisance des critiques cinématographiques qui se regardent le nombril à Saint-Germain-des-Près.
Rédigé par : SR | 18 janvier 2010 à 12:49
"J'ai fait des efforts constants pour entrer dans le cinéma de Rohmer sans jamais y parvenir."
JDR,
Je comprends que l'on puisse s'user à suivre les nunucheries de quelques-uns de ses films, disons à partir du milieu des années quatre-vingt. Ces histoirounettes de gens banals habitant des villes nouvelles et promouvant les affinités électives si chères à la fascisante - dans son rôle de cerbère de ce qui est et qui n'est pas, le cinéma - Claude-Marie Trémois, ces fausses bluettes pourtant si vides, si molles au regard de tant de films pas spécialement estampillés "d'auteur" qui les surclassent cependant de quinze têtes ("Une étrange affaire", "Les mois d'avril sont meurtriers"...), avaient fini par faire de ses productions, l'ami de mon ennui.
Même ses suiveurs copieurs ont réussi à faire beaucoup mieux que le maître ("la Discrète" par exemple), et sur son propre terrain.
Mais, mais...
Restent toutefois ses premiers films.
"Le signe du lion" réussit à saisir quelque chose du Paris estival, du parfois désespérant Paris estival. Quand on y attend quelque chose de plus douloureux que le retour de Taddéï ;o), celui de l'aimé, la fin d'une pathologie, celle d'un marasme que la fixité solaire semble plaquer sans répit ni fin. Jess Hahn a trouvé là son meilleur rôle, l'antithèse de ce qu'il sera partout ailleurs. Quel dommage que Rohmer ne l'ait réutilisé bien plus tard.
Restera aussi "Ma nuit chez Maud", Trintignant, Vitez et la belle Françoise Fabian, ont réussi à faire d'un pari à 500 balles, une histoire qui traînera durablement dans les nuits et les rues de Clermont, adossant si finement cette intimité lumineuse à ce froid et cette vieille montagne obscure.
Restera, surtout, cette autre exploration des lieux, magnifique, "La Collectionneuse". Peut-être son seul chef-d'oeuvre, logeant encore à contre-courant un lieu, déjà bruyant et toc, pour aller y trouver la beauté qui dit qu'avant que le monde y attire le monde, les premiers, les initiateurs, ne l'avaient pas choisi au hasard. Cela fait 24 ans que l'ai découvert, je puis en convoquer le charme d'alors, même si l'ai revu dix fois depuis.
24 ans que je me demande ce qu'est devenue Haydée Politoff, me souvenant à l'identique de mon dépit d'alors, quand l'ayant vue la première fois à 20 ans, je réalisai que le film avait lui aussi ce même âge, et, elle, forcément, le double !
J'aime repasser à Gassin et m'arrêter dans le virage où Haydée lâche Adrien, ces deux extravagants snobs la détournant de ce qui semblait enfin acquis, et qui disparaît au tournant de la colline. Forcément, au tournant.
"Listen, if you know better than I do, why don't you just get there ?" dit Adrien, devant ce décors féérique devenu le cadre de son tourment, à un touriste faussement égaré.
Daniel Pomereulle semble avoir été, à ce que m'en ont confié deux personnes l'ayant bien connu alors, encore plus insupportable que ce Daniel-là, si c'est possible.
J'en viens à penser que, peut-être, ce qui fit l'insignifiance progressive des films de Rohmer tient à cette démocratisation sortie de son lit qu'il imposa dans le choix de ses personnages, de ses interprètes. Qui a fait que les propos de Marie Rivière sur la salade, dans "Le rayon vert", m'ont toujours semblé d'insipides salades, la magie avait filé avec la prétention, ou autre chose qu'un autre commentateur dira après moi.
Quant à ce qu'il a filmé depuis 15 ans, je n'en ai rien vu. Aurai-je la curiosité de le faire cette année ?
AO
Rédigé par : oursivi@JDR | 18 janvier 2010 à 12:47
J'ai fait des efforts constants pour entrer dans le cinéma de Rohmer sans jamais y parvenir. Ca ne coince pas toujours au même endroit, mais ça coince toujours quelque part : un jeu faux, une afféterie, un ridicule, il y a toujours quelque chose qui m'éloigne du film. Je ressens comme un sentiment de ratage quand je perçois bien que l'intention était juste. Je vais décevoir dans la famille Bilger !
Le minimalisme de Rohmer m'apparaît davantage comme une réaction d'hostilité que comme une esthétique positive. Comme s'il avait traqué tout ce qu'il fustigeait ailleurs, les mots d'auteurs, le flamboyant, le rythme trop soutenu, sans remplacer cela par une création. Il s'agit d'une esthétique en creux : c'est beau par tout ce qu'on a enlevé de laid. A ce titre, Tati est allé plus loin dans ce radicalisme, et avec plus de création, en abolissant carrément le rythme du discours.
Vous citez Michel Blanc. J'ai beaucoup d'estime pour cet auteur. J'aurais cependant envie de lui substituer, dans la comparaison, Agnès Jaoui dont l'écriture évite le maniérisme desossé de Rohmer et la trivialité cocasse de Blanc.
Rédigé par : Jean-Dominique Reffait | 18 janvier 2010 à 09:30
La comparaison avec Proust me plaît bien !
Justesse, élégance, sans préciosité. Je n'ai pas vu tous les films d'Eric Rohmer, mais peu s'en faut. Aucun ne m'a déçu...
Tout de même, je place très haut dans l'ensemble de l'oeuvre "Ma nuit chez Maud", "Triple espion" et "L'Anglaise et le duc".
Mais tous les autres ? Délicieux !
Rédigé par : Bernardini | 18 janvier 2010 à 09:24
Le cinéma est un art mineur.
Jamais il n'égalera la peinture ou la sculpture.
La durée de vie d'un chef d'oeuvre cinématographique n'excèdera jamais 60 ou 80 ans, alors qu'on se presse à Lascaux et que rien n'est plus émouvant qu'une bonne flagellation du Christ.
Concernant Rohmer c'est peut être le plus japonais de nos cinéastes. On pense à Ozu.
Mais attendons l'oracle de notre Catherine Jacob...
Rédigé par : Savonarole | 18 janvier 2010 à 08:54
Bonjour monsieur Bilger,
Entièrement d’accord avec votre vision du cinéma d’Eric Rohmer.
Il est vrai qu’Eric Rohmer c’est le cinéma à petit budget. Rien à voir avec les superproductions à l’américaine comme le dernier film de James Cameron, bourré d’effets spéciaux qui prennent toutes leur démesure avec les lunettes permettant de voir en trois dimensions.
A noter que ses films ne passent pratiquement jamais à la télévision. Pour les voir il faut aller dans les salles de cinéma dites d’art et d’essai ou peut-être sur une chaîne thématique consacrée aux films des années 50-60.
Bref c’est un autre public que celui qui s’agglutine devant son écran de télévision en « livrant une part de son cerveau à la publicité » comme a dit un ancien directeur de chaîne.
Une autre culture, une autre vision de la nature humaine que celle qui nous est livrée par les séries crétinisantes américaines ou les films de John Ford, manichéens à souhait, où le héros parvient toujours à vaincre le méchant et à s’attirer la reconnaissance de la belle (mais il faut le dire aussi un peu nunuche) héroïne.
Espérons que ce cinéma qui se construit surtout sur les dialogues et non les images, soit en mesure de résister au cinéma anglo-saxons qui repose essentiellement sur les effets numériques et que le réel prévaudra encore quelque temps sur le virtuel.
Rédigé par : Achille57 | 18 janvier 2010 à 08:50
Je me plais à imaginer Rohmer devant sa télé, regardant Secret Story avec curiosité.
C'était un peu son anti-matière.
Rédigé par : Alex paulista | 18 janvier 2010 à 08:05